D'un frère à son oiseau de soeur

Antiva, 10:39

Petit oiseau

S

ais-tu qu'aujourd'hui, je devrai être avec toi en train de me rouler dans la boue lors d'une joute, à t'entendre éructer quand je te mets à terre. Malheureusement, je crois bien que notre rendez-vous doive être reporté, au vu des récents événements politiques. La nouvelle Divine est élue. Je t'épargne donc les détails, car les femmes orlésiennes typiques ont dû te rabâcher de cette nouvelle on ne peut plus vitale pour notre avenir.

Je parjure sur les bords, oui. Tu aimes ça, petite coquine mais je tairai les mots qui me viennent, pour ta plus grande frustration. À dire vrai, cette nouvelle a eu le don de contrarier mes plans et me voilà pour le moment bloqué en cité antivane, à attendre que le navire de notre famille puisse prendre les flots jusqu'à Qarinus. Les tévènes ne sont pas vraiment ravis et l'on me mande pour régler duel en ces terres, entre l'un de ces fervents protecteurs de la magie et un orlésien acoquiné à la Chantrie et à dame, sa soeur, dont je me suis attiré les faveurs. Qui vont nous rapporter d'autant plus d'argent et de contacts.

Garde le secret pour toi, petit oiseau. Ton frère va en effet encore commettre un meurtre. Dans les règles du duel certes, mais nous savons tous deux que père défaillirait en apprenant que son fils s'adonne à ces joutes de gredin. Je voudrai tant que tu puisses voir à quel point je vais défroquer ce bon à rien qui dit manier la rapière mieux que moi. Mon égo a été blessé à cette annonce comme tu peux t'en douter. Aloïs rougirait-il à la vue des ces nobles fesses magiques ?

D'ailleurs. Comment va notre belle famille. Rohesia a-t-elle trouvé parti ? Père râle toujours ? Je vous embrasse, et toi d'autant plus, sur la main car je sais que tu détestes cela.

Ton grand frère adoré, Anibal

sobade.

Mon très cher frère,

J'ai eu grand plaisir à trouver ta lettre ce matin, voilà un bout de temps que nous n'avons pas correspondu et je commençait à me demander ce que tu pouvais encore être en train de manigancer. Je me demande si tu ne t'es pas plutôt dégonflé à l'idée que ta sœur (ta préférée) puisse te surpasser dans ce domaine que tu excelle, mais loin de moi l'envie de briser ta fierté.
Je me moque, mais je cache probablement ma grande déception en me disant que ce n'est pas encore aujourd'hui que j'affronterais à la joute un adversaire digne de ce nom... Mais reportons cela à une prochaine fois, j'ai pleinement conscience que la situation actuelle ne te facilite pas la tâche, aussi j’attendrais avec impatience que tu puisse te libérer. Dans le même temps, je te souhaite bien du courage, bien que je sois consciente que tu est loin d'en être dénué.

Il ne m'a évidemment pas échappé la nouvelle de l'élection de la Divine. Tu me connaît suffisamment pour savoir que les frasques de la Chantrie sont loin d'être ma priorité, même si je connaît l'importance que cela peut avoir sur la politique. De mon côté, je me tiens loin de ces histoires et je dois avouer que cela n'est pas plus mal. Du moment que ça n'apporte pas plus de problèmes qu'il n'en existe déjà... et je ne me convainc pas moi-même en écrivant ces lignes.

Comme tu le sais, je ne suis jamais allée à Antiva, ni à Tévinter d'ailleurs, aussi j'espère que les deux endroits ont au moins le mérite d'être agréable. J'ai entendu de nombreuses fois parlé de la beauté des cités antivanes, quant à Tévinter, si tristement célèbre pour son esclavage, prend garde à ne pas te mettre à dos trop de mages, il me déplairait de te retrouver transformé en crapaud (bien que tu aurais sûrement plus de charme que ton actuelle forme) ou transpercé de toutes parts par des flèches de glace. Quoique, cela me ferait bien rire.

Mais je divague. Comme d'habitude, tu n'as pas pu t'en empêcher, n'est-ce pas ? Ton secret est en sécurité, avec moi, comme toujours. Ton travail est d'être à la hauteur de ce que tu sais faire, et comme d'habitude tu as plutôt intérêt à revenir en vie. Si tu mourrais lors d'un combat, par le Créateur je jure que je te réveillerais d'entre les morts pour te le faire payer. Ne me déçois pas, mon cher frère, mais j'ai confiance en toi sur ce point.

Je dois t'avouer que mon travail ne me donne pas souvent l'occasion de retourner à l'hydromellerie, mais j'ai souvent des nouvelles. Rohesia est seule, mais je préfère ça à ce qu'elle s’amourache d'un imbécile qui la bercerait d'espoir et de rêves. J'ai toujours peur qu'on se serve d'elle, tu vas me dire que je m'inquiète pour rien, mais je veux m'assurer que notre sœur rencontre quelqu'un qui la mérite, et qu'elle mérite. Pour les autres crétins qui s'approcherait d'elle sous de fausses intentions, ma dague sera la solution et je crois que nous sommes plutôt d'accord sur ce sujet.
Père est... comme à son habitude, tu le connaît. Il insiste pour que je revienne lui rendre visite plus souvent, cela te concerne aussi d'ailleurs.

Je t'embrasse à mon tour, ne t'avise pas de mourir et je tâcherais d'en faire de même.

Ta sœur préférée, Shana

Codage par Libella sur Graphiorum, parchemin de ftourini