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Mar 23 Jan - 19:11


Le sourire des belladones




Nous ne sommes jamais seuls.

Peu importe qui sont nos maîtres, tant qu'ils croient pouvoir nous dominer. Tant qu'ils pensent tenir la chaîne qui nous étrangle.
Laissons les croire.
A cette vanité.
Ce mensonge.

Les yeux ouverts comme deux lucarnes éveillées sur le monde. L'astre entonne sa lente décadence, dévoré par les ténèbres. La dominante s'élève et déjà les échos cessent, la force des voix criardes s'amenuise. Quand un battement surgit, c'est seulement celui d'un pas, à la danse lente ou vigoureuse. Pourtant l’errance ne presse jamais la cadence. Elle prend soin de mesurer tout en douceur le rythme de maigres foulées. Une botte posée comme le velours d'une patte animal au sol. Pas une note ne doit fuser sur la dalle morcellee pas un son dissonant.

C'est l'éducation. Le dictât des ombres.

Au gré d'un mouvement chaloupé, du pavé qu’on esquinte, la main fugace qui cache son méfait ; la lame dort tranquille. Enveloppé dans ses habits, le visage d'une silencieuse silhouette se fend d'un sourire. Une envie insoutenable, une rébellion sauvage et imprévisible. La bête se nourrit d'illusions. Ils savent ce tempérament audacieux et pour eux, il sonne comme un blasphème, quand la brebis se fait loup et songe à ces territoires jamais explorés. Des prairies interdites. La jungle des villes, la reine des cités.

C'est peut-être ce qui donne à cette entité cette audace. La ville phocéenne ne déroge pas à trop de règles. Dans un commun accord, une mélodie qui retrace la ligne d'une réminiscence. De ces dédales infectes, à la teinte sombre des ruelles, où la marée humaine s'engouffre. Les créatures abyssales renient leurs semblables diurnes. Pour de nouveaux décors étrangers, des fragrances captivantes, des sensations inconnues,  un dégoût sournois au coeur, l’œil s'empiffre des dernières lueurs pourpres du jour.

Il suffit d'un léger cabrement pour que le collet qui les maintient dociles ne tombe à terre.

Ses yeux qui épient, mordent l’obscurité, dédaignent mais ne nient l’horreur peinte d’un trait sale et négligé ; derrière l’estrade éclatante de Val-Royaux. Les quais somnolents à moitié vide, les cordes possédées qui s’animent et les mâts hurleurs siégeant au-dessus de sa tête. Parmi les destriers des eaux, son regard s’attarde sur sa possession, le Deimos métamorphosé en navire anodin marchand. L’écho de sa vanité, l’ostentatoire fierté des maraudeurs impunis.

Soldat de glace soudainement immolé. Le bruit tout autour se fait happer : le son d’une autre voix, la présence qui brise finalement sa solitude.

― Si vous me l’aviez demandé, j’aurais pu me déplacer jusqu’à vous plutôt que de vous laissez attendre ici…à moins que vous n'aviez envie de monter à bord.

L’échine s’ébroue, la masse humaine s’écrase tout prêt de l’arrivante. Dans un mouvement inaudible, une distance respectable. Une œillade qui inspecte pour mieux reconnaître. Un visage, une allure. Un nom à déposer sur son minois poupin. Ironie et mensonge pendus à la bouche. Il moque la bienséance comme il crache sur la noblesse. Il sait le patronyme mais il veut l’entendre dire de vive-voix, qu’il éclate contre sa mémoire vacillante et surgisse comme un faisceau lumineux plongé dans le noir.

― Je suis désolé, j’ai oublié de quelle manière, je dois vous appelez…

...Que la belladone sache le faire sourire.



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Lun 29 Jan - 3:28

CANTARELLA
&
EZRA

and the vultures all start circling

Val Royeaux ténébreuse, capitale silencieuse.

Toujours aussi glorieuse, elle retenait son souffle, observant avec intérêt la forme furtive faisant son chemin entre ses dédales, visage voilé, démarche assurée, maîtresse des ombres dans lesquelles elle se fondait, évitant le faisceau lumineux des torches. Pas de repos pour les crapules : la ville avait beau être endormie, le Jeu ne s'arrêtait vraiment jamais. Elle ne s'arrêta que lorsqu'elle put distinguer son visage encapuchonné dans les eaux scintillants du port. La lune projetant une douce lumière amplifiant les ombres des voiliers qui engloutirent sa fine silhouette. Si l'endroit n'avait rien de rassurant, Cantarella ne saurait être intimidée. Familière avec les dangers de la capitale nocturne, elle avançait sans crainte, épiant avec intérêt les machines flottantes qui la soustrayaient aux regards indiscrets. L'oiseau de nuit n'aurait sû l'attirer dans son nid si elle n'y avait pas vu un moyen de satisfaire son égoïste ambition, et quand ses propres pupilles percèrent le noir, et distinguèrent son mystérieux contact, elle accueillit le frisson du Jeu. L'obscurité en mouvement. Les ombres s'agitèrent, se découpèrent, s’avancèrent pour l'accueillir en la forme d'un homme dont elle ne pouvait alors que distinguer la figure ténébreuse. Derrière son caché de soie, un sourire pimenta ses lèvres. Ses mains gantées s'empressèrent de l'en délivrer, dévoilant son visage à la nuit.

    ''Si vous me l’aviez demandé, j’aurais pu me déplacer jusqu’à vous plutôt que de vous laissez attendre ici… à moins que vous n'aviez envie de monter à bord.'' Un regard furtif vers la créature marine, objet de son désir. Le frottement de ses souliers sur le pavé accompagnant les flots discrets, épiant leur conversation, elle s'avança et s'avança encore, jusqu'à finalement dépasser la masse bavarde. ''Me l'autoriseriez-vous seulement ?'' Son sourire malin déchirant l'obscurité. ''On dit les marins très regardant sur les personnes qu'ils accueillent sur leur navire, et je ne suis qu'une inconnue.'' Pour l'instant, tout du moins.
La belle tourna le dos à la mer, embrassant la réalité qu'elle venait de révéler. Deux inconnus dans la nuit, une rencontre aux airs de scandale dont elle savourerait chaque secondes. Un arôme indécent, grisant, embaumait l'air salé. L'odeur de l'opportunité. Une vision née d'un coup d’œil, d'une parole, d'un nom.

    ''Je suis désolé, j’ai oublié de quelle manière, je dois vous appelez…'' Si faible impression qu'elle avait dû lui faire, mais cet oubli ne sut l'ébranler. Et elle se ferait un plaisir de le lui rappeler, et de faire en sorte qu'il ne l'oublie jamais. ''Vous pouvez m'appeler Cantarella.'' Son nom résonna comme un ricochet dans l'eau. ''Au moins l'un de nous deux savait qui il rencontrerait ce soir, monsieur Pyre.'' La demoiselle n'oubliait jamais un visage. ''Et puisque je vous autorise, encourage même, à utiliser mon prénom, me permettrez-vous ce même privilège ? Aussi intéressant soit-il, tant de formalité ne correspond pas vraiment au cadre.''
De son regard taquin, elle désigna la nuit.

CODAGE PAR AMIANTE
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Ven 9 Mar - 15:49


Le sourire des belladones

L’anonyme embrasse les foules. L’anonyme lit dans le coeur des gens. Aux premières loges d’une trépidation. A bout portant il décerne le silence. Il ne parle pas.
Elle cause la Peafowl. Elle esquinte les limites, fétus de paille à ses chevilles. Sur sa bouche l’audace, dans ses yeux la traîtrise d’une envie qui veut y succomber.

En retour, le rictus bourreau.

― Capitaine.

Encerclée, enchaînée au mystère qu’il dépose à ses pieds. Un seul mot recouvert de douceur ; couplé à l’accent tranchant et si familier d’une lame contre un flanc. Une blessure dans le creux d’un orgueilleux qu’on voudrait voir esquinté.

― C’est un bien joli nom. Venez.

Homme aimant flatter une encolure pour apaiser l’animal rétif. L’ombre l’aspire, du lugubre il se pare, seule la flamme en main décerne les premières lueurs et les segments d’une expression. Elle veut sans exiger, elle suggère comme un enfant avide face au néant. Pourquoi la regarde t-il de si haut, au lieu d’en faire une égale ? Pourtant la belladone effleure les pourtours de son univers. Elle le palpe aussitôt du bout des doigts pour s’en saisir. La crainte s’annihile, la curiosité s’obstine ; des marins, elle narre le caractère jaloux des biens aux cachotteries préservées uniquement par eux comme gardiens d’un sanctuaire sacré.

Devant le visage de la véracité, le Pyre sourit ;
Nulle crainte quand on est roi de ses possessions.

Il est écumeur et transgresser les lois séculaires ne l’effraye pas. Son monde il l’a fait sien à sa manière. Dans l’excès et la violence ; torturé, violé, incendié, âmes assassines postées sur les rivages, aux cadavres rugissant leur colère, devenus tas de fumiers gibbeux perdus dans le sel et la crasse.  Mélodie inaudible : de la mort qui chante et scande les cris perdus des malheureux. Amant de ces nuits sombres, la porte de son royaume grince laissant apparaître le premier échange des pas paradant sur le pont.

De ces conversations faussement anodines, il connaît les tenants et aboutissants. Des limites dessinées, au concret des territoires accaparés par les hommes. Sur son fief il pourrait se pavaner fièrement, comme toutes ces volailles aristo’, des biens ostentatoires jusqu’au ports altiers qu’ils exhibent, qu’on devine… il lorgne d’une œillade, la richesse d’une demoiselle venue flâner aux étages les plus bas. Peut-être trouverait-elle une distraction sur ce navire…

― De quoi avez-vous besoin dam...Cantarella ? De services en particulier ?

Leur escale s’achève, au nouveau trésor qu’il crochète, en l’absence des marins et autres maraudeurs. L’antre du maître des lieux, cette sorte de cabinet que les mythes aiment grossir de détails inutiles quand un pauvre et misérable mobilier comble l’exigu espace livré aux curieux. Le capitaine s’avance, tourne le dos à son vis-à-vis, le temps de trouver bougies et chandeliers -dérobés- permettant de chasser les ombres et découvrir les visages qu’elles avaient tantôt masqués.


― Est-ce que le vous est aussi de trop Cantarella ?



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