¬ won't you calm down? ✵ briseis [f]

non, ils ne m'auront pas. criais-je à l'intérieur de moi alors que je venais d'apprendre que des templiers se trouvaient actuellement à ma recherche, plus que déterminé à rapporter un apostat au sein de leur tour de la même manière que l'on enferme un oiseau au sein d'une cage. mon cœur aurait tant voulu débattre avec eux afin de leur prouver que je n'avais rien d'un sorcier maléfique, désireux de répandre la discorde. mais avec le temps, j'avais compris que la pitié ne suffirait pas à les arrêter. ce qu'ils veulent, c'est la guerre. ils ne sont que des soldats. et les soldats suivent aveuglement les ordres qu'on leur donne. me voilà alors au sein d'une ville, peinant à me confondre dans la masse alors que le peu de vêtements abîmés par le voyage rappelle aisément orlaïs. sans parler de mon bâton que je cherche à cacher dans mes tissus. et puis, au final, il y a mes oreilles. méprisables par les simples mortels qui préféreraient me voir traîner dans un bascloître plutôt que dans leur quartier à eux. peu importe, j'ai des choses plus importantes à régler. il fallait que je sorte de ce piège ou sinon, je pourrais dire adieu à ma liberté. alors je prends la décision de m'enfoncer au sein de la première auberge que je vois, tout en cherchant à cacher mon visage à l'aide d'un bout de tissus que je pose comme une capuche. je baisse la tête, avance à petit pas jusqu'à une table et ne bouge plus, fixant la table de mes prunelles anxieuses. parce que même si je faisais tout mon possible pour avoir l'air d'une simple créature errante, il était impossible de faire taire cette peur qui s'instillait en moi tel un poison. les clients les plus proches devaient probablement percevoir cette lueur que l'on peut lire dans le regard d'un petit animal effrayé. pour les moins habiles, peut-être avais-je l'air d'un fou. pourvu seulement que personne n'ait l'idée de faire l'assimilation entre les templiers et mon attitude. aussi, quand un individu s'approche vers moi, je ne cherche guère à lever le regard dans sa direction. bien au contraire, je cherche encore plus à dissimuler mon visage avant d'annoncer une quelconque commande, pensant et espérant à ce que ce même anonyme ne soit un serveur venu jusqu'à ma portée. ≪ - Je désirerais un peu d'eau, s'il vous plait. la route a été longue. ≫. et au moins, ça c'était la vérité. j'avais parcouru tellement de chemin pour en arriver jusque-là. j'ai même dû me battre aussi. je peinais même à croire que j'étais ce même elfe, s'amusant durant le grand jeu orlésien.

Fort heureusement, c'est bien une serveuse qui vient jusqu'à moi, me souhaitant la bienvenue au sein de l'auberge du nom de "la Main Écarlate" avant de repartir chercher ma commande comme je l'avais demandé pour la poser sur la table. Si ma gorge est sèche, je n'ose pourtant pas me servir tout de suite. Pas alors que la jeune femme se trouve encore à ma portée et qu'elle pourrait percevoir plus clairement mon visage si je le relève. Hélas, elle n'est pas déterminée à partir pour une raison que j'ignore. Je me tends d'avantage. Si ça se trouve, elle comprends certainement que je suis poursuivis. Qui sait, peut-être même a-t-elle compris que je suis un apostat. Pourtant, ce n'est pas ce qu'elle demande à première vue. J'oserais pousser un soupir de soulagement si cela ne paraîtrait pas suspect. Mais au lieu de ça, je me contente de lui répondre, en essayant d'être le plus calme possible. ≪ - N...Non, je... J'ai pas besoin d'autre chose... Rien... ≫. En réalité, j'aurais réellement voulu profiter d'un véritable repas avant de reprendre la route. Mais je n'avais ni les moyens ni le temps nécessaire pour cela. Je devais faire vite ou trouver rapidement un endroit pour me cacher le temps de voir les Templiers abandonner leurs recherches et repartir. D'ailleurs, en entendant un bruit d'armure passer devant l'auberge me pousse à détourner rapidement le regard dans la direction du bruit afin de m'assurer à ce que la-dite personne ne rentre pas au sein du bâtiment. Mais lorsque je comprends que le passant n'entre pas, je me concentre à nouveau sur l'aubergiste, osant lever légèrement mes prunelles pour détailler sa potentielle réaction en me voyant agir ainsi. Et c'est seulement à ce moment-là que je remarque sa nature elfique, semblable à la mienne. Cela me fait légèrement sourire et me pousse à montrer quelques instants mes oreilles avant de chercher une nouvelle fois à masquer mon visage. Certes, elle est comme moi, mais cela ne voulait pas dire qu'elle ne pourrait pas être une ennemie malgré tout. N'importe qui serait prêt à faire n'importe quoi pour recevoir un peu plus d'argent. Et aujourd'hui, il est courant de dévoiler la position des apostats avant d'être gracieusement remercié par une belle somme d'argent et d'être considéré comme un héros pour la communauté. Je me devais de faire attention désormais. Une âme charitable pouvait parfaitement cacher un monstre antipathique avide d'un peu plus de pouvoir.

Je me sentais comme pris au piège. Je ne savais si je pouvais réellement faire confiance à cette jeune elfe et rester ici un peu plus de temps ou alors fuir sur le champs avant que les templiers n'aient la mauvaise idée de venir ici pour me capturer. S'ils me trouvaient, ça serait la fin. Je devrais passer le restant de mes jours au sein de cette maudite tour. Non, je ne voulais pas me le permettre. Aussi, la demoiselle insiste, allant jusqu'à poser la paume de sa main sur la mienne. Je me tends à son contact, désireux de l'arrêter de suite même si je n'ose pas. Bien au contraire, je me fige. Elle tente alors de me rassurer par la parole également, me disant que je me trouvais dans un lieu sûr. Que si je me trouvais poursuivis, ces-dites personnes ne viendraient pas jusqu'ici ; qu'importe la raison qui les poussaient à vouloir me faire du mal. Sur le coup, j'ai envie de tout lui avouer, comme lors d'une confession libératrice. Je pensais qu'en partageant le secret, cela me ferait du bien. Pourtant, une parcelle de mon âme me crie que cela est bien trop dangereux. Que je sais très bien comment cela va se terminer si je me relève. Je me retiens donc. De toutes mes forces. Et puis je craque. Stupidement. ≪ - Vous voyez bien que les rues grouillent de templiers... Je ne suis pas en sécurité ici, comme nul part ailleurs... ≫. Voilà, c'est révélé. D'ailleurs, je ne manque pas, de la même manière, de lui affirmer que je désire également un abris où je pourrais me sceller, juste le temps de voir la menace passer. Pourtant, je ne m'attends pas pour autant à recevoir une aide venant de sa part, bien au contraire. Je pensais même qu'elle irait me balancer aux molosses de la Divine. Que je devrais donc verser le sang si je voulais être tiré d'affaire. Me battre tout seul, comme un grand.

je m'attends à ce qu'elle ne se relève et qu'elle parte pour annoncer la nouvelle aux templiers qui rôdent dans le coin. je m'attends à me saisir de mon bâton de mage afin de riposter, qu'importe les conséquences de mes actes et les rumeurs que cela pourraient engendrer par la suite. qu'après tout, il y a bien longtemps que les mages se sont forgés une mauvaise réputation et que ce n'est certainement pas moi qui allait dégrader encore plus l'image que l'on se faisait de nous. qu'après tout, j'avais déjà connu des gens méfiants, qui préféraient nous éviter, surtout lorsque nous errions librement. pourtant, l'elfe qui se trouve face à moi ne cherche en rien à divulguer mon identité, bien au contraire. elle cherche à me tirer d'affaire. elle m'explique alors que je suis au sein de l'endroit idéal pour me cacher de ces vils traqueurs magiques, me questionnant quant à mes connaissances sur l'établissement. je fronce donc les sourcils. ≪ - non, je... on ne m'en a jamais parlé. ≫. car oui, le seul milieu que l'on m'avait cité, c'était Tévinter. plus qu'une auberge, c'était un pays tout entier qui accueillait chaleureusement les mages ; d'où, d'ailleurs, la raison de mon déplacement. La demoiselle vient alors à mon oreille pour m'intimer de la suivre, ce que je fais discrètement, à pas de chats, espérant ne pas attirer l'attention de quelques clients qui pourraient se montrer curieux face à un soudain déplacement. et même si cela ne les intéresse pas, cela ne m'empêche pas d'être pourtant continuellement en alerte. car on ne sait jamais ce qui peut nous tomber dessus. c'est alors qu'elle me mène à l'arrière de l'auberge pour m'indiquer une cachette au niveau du sous-sol. je m'arrête vivement, ne désirant pas plus m'aventurer. cela ressemblait bien à une cachette, mais cela pouvait tout aussi bien être un piège où il suffirait de refermer la trappe pour me coincer. ≪ - pourquoi aider un mage alors qu'il peut être dangereux ? ≫ questionnais-je sans prévenir, à l'encontre de l'aubergiste. la réalité, c'est que cette main tendue semblait bien trop belle pour être vraie. même pour tévinter, cette terre prospère, je devais traverser tout un monde pour y accéder. ici, ça semblait bien trop facile et inespérée pour y croire pleinement.

J'observe la trappe comme cherchant un moyen afin de m'échapper si la situation viendrait tourner à mon désavantage. Car si l'elfe affirme que je suis en sécurité désormais, je n'ai guère le sentiment que cela soit le cas. En réalité, nous sommes jamais à l'abris d'un danger. C'était vrai lorsque je n'étais qu'un jeune elfe ou un maître barde au sein du grand jeu. Désormais, ce sont les templiers dont je devais me méfier plus que tout au monde. La vie représentait une lutte perpétuelle où il fallait affirmer sa place pour pouvoir exister pleinement. Hélas, certains s'en sortent mieux que d'autres, avantagés par leur filiation, leur espèce, leur nature. Et ce n'était aucunement mon cas. Aussi étais-je préparé à l'attaque. Plus ou moins, à cause de ma faible constitution mortifiée par le périlleux voyage dans lequel je m'étais engagé pour ma liberté. Ainsi, je n'hésite pas à questionner la jeune femme pour connaître sa réaction, espérant être assuré de la véracité de sa générosité. Ce qu'elle fait sans même se faire prier, expliquant son point de vue ; pourquoi elle agissait ainsi. Je souris. ≪ - Vous avez connu l'injustice, vous aussi ? ≫ Plus qu'une interrogation, je me doute que si on décide de prendre autant de risques pour un but aussi fou que celui de protéger les mages, c'est que l'on doit se sentir un minimum concerné. Et part-là, je supposais qu'elle avait dû également être rabaissée à cause de sa nature d'elfe. Une situation que j'avais bien évidemment connu aussi. Jugé pour des oreilles en forme de poignard. Cela paraissait si futile et pourtant cela pouvait suffire pour provoquer de terribles événements et des tensions avec les autres créatures. À croire que l'on préférait bien plus s'entre-déchirer et se craindre les uns des autres plutôt que de s'épauler.

Mais ce n'est pas le cas de l'aubergiste qui continue sur sa lancée, m'expliquant que cette trappe mène à un endroit où je pourrais être en sécurité, le temps que les templiers ne mettent le désordre au-dessus de nos têtes désirant trouver le moindre mage à ferrer. C'est alors que cette dernière finit par ouvrir le passage, laissant échapper un brouhaha que je ne saurais réellement reconnaître. ≪ - ...Qu'est-ce que c'est ? ≫ demandais-je alors en fronçant les sourcils, encore un peu inquiet bien que légèrement rassuré par ses paroles précédemment exprimées. Mais mon expression change soudainement pour laisser place à un grand sourire, l'imitant, lorsqu'elle vient à se présenter. Briseis. ≪ - Enchanté également ! Je suis Kaida Maidh. ≫ fis-je aussi, sur un ton plus décomplexé et amical.

Je me dis que cela devait paraître bien plus comme une affirmation que comme une véritable interrogation à ses yeux. Moi-même étant citadin, j'avais connu l'injustice en tant qu'elfe avant de la connaître en tant que mage. Cela était finalement devenu une habitude et c'est pour cela que je n'avais guère pris la décision de me révolter coûte que coûte devant l'oppression, préférant encore fuir que de succomber à une attaque templière, si ce n'est même pire : l'apaisement. Ainsi, Briséis m'explique qu'elle avait connu la misère, tout comme moi, même si je me disais que je m'en étais plutôt bien sorti en tant que Barde, durant les réceptions Orlésiennes. D'ailleurs, mes vêtements, bien que dépenaillés, en témoignaient légèrement. Aussi, en tant que petit garçon, je n'avais point conscience des inégalités dû à ma nature, et ce, jusqu'à ce que des mortels ne m'attaquent ouvertement, ne craignant aucunement la condamnation, bien trop souvent évitée lorsque la victime n'est qu'un elfe ; une ombre de la société. Sans plus attendre encore, la discussion continue et c'est en entendant des bruits au cœur de la cave que je la questionne sur l'origine de ce bruit. L'aubergiste me répond donc que je ne suis pas le premier à être invité pour loger ici. Qu'il y a d'autres mages qui attendent également d'être en sécurité pour reprendre la route, mais qu'en attendant, c'est ici qu'ils se reposent. Je la regarde abasourdi, mais décide finalement de la suivre jusqu'à ce que l'un des-dits mages arrivent jusqu'à nous pour saluer Briséis et ma personne à mon tour, se présentant également. Je regarde alors les deux personnalités, l'une après l'autre, ne sachant réellement où me mettre et comment réagir. ≪ - Je... Et bien... Je peine à y croire... Mais c'est pourtant bien réel... ≫ m'exprimais-je plus sur le coup de la surprise, laissant mes pensées se délier peu à peu. Savoir que plusieurs mages vivent ici sans que rien ni personne ne doute de leur existence me laisse également supposer que je serais également libre d'errer sans autant m'inquiéter, comme j'ai pu le faire avant. Enfin, je pouvais respirer à nouveau. ≪ - Veuillez accepter ces cadeaux, en gage de remerciement. ≫ fis-je alors, ému, en lui tendant quelques bracelets dorés que j'avais retiré de mes poignets pour les tendre en direction de l'elfe. Car peut-être était-ce normal pour elle, mais rare sont les âmes charitables qui veuillent bien héberger quelques mages sous leur toit.

Je ne réalise pas vraiment de la chance que j'avais en découvrant ce milieu et, surtout, en faisant la connaissance de Briseis. Elle était de ces personnes qui étaient prêtes à tendre la main aux plus démunies, ceux qui en avaient le plus besoin. Un comportement sur lequel, la Chantrie devrait se calquer selon moi. Mais en même temps, je me disais que cela devait être dû à cause de sa vie au sein des bascloîtres. Car les elfes citadins faisaient tout leur possible pour s'entasser dans leur coin et trouver une place pour leurs confrères. Ils avaient tendance à se lier, fêter les événements ensemble et se soutenir contre la misère qui est quotidienne. Moi-même, grâce à ma position, je faisais en sorte de partager mes richesses tout en gardant le minimum pour paraître beau lors des réceptions. Loin de moi dans l'idée de tourner le dos à mes origines et mes confrères. Je me disais que ce n'était pas un chemin à suivre si l'on ne voulait pas voir notre espèce s'écraser d'avantage pour finalement s'éteindre. C'est d'ailleurs pour cela que je lui donne ces bracelets. Parce que si elle ne voudrait les porter à son tour, au moins, elle pouvait sans doute les revendre pour obtenir un peu plus d'argent et faire ce qu'elle voudrait faire avec. C'était la moindre des choses à faire envers une personne qui vous sauve la vie. Pourtant, modeste, elle prend la décision de refuser ce bien que je lui tends. Néanmoins, il était hors de question pour moi de partir sans lui donner rien en retour, considérant que ces quelques bijoux n'étaient rien comparé à sa protection. ≪ - Vous prenez des risques pour moi. Vous aidez des mages alors que d'autres nous tourneraient le dos. Que le Créateur vous bénisse. Ce n'est pas un payement, seulement un maigre présent. ≫ insistais-je à mon tour en lui tendant d'avantage ces cercles dorés. ≪ - J'ai d'autres bijoux sur moi qui me suffiront pour le reste du voyage. ≫ rajoutais-je en souriant, supposant que j'étais moins démunis que j'en avais vraiment l'air.