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Ven 5 Jan - 22:23


la traversée du styxet que les mânes aient pitié
***

« C'est une très mauvaise idée ! » Le phonème est grave et guttural, résonne dans l'office clos tandis que le quidam fait les cent pas. Traînant dans son rachis une cape de velours anthracite, l'homme fait mouvoir sa longue barbe cendrée à la même rythmique que la négation de sa tête. Sa gueule est ravinée par l'incertitude et le tourment, il maugrée quelques tirades inintelligibles pour qui l'écoute. Et justement, à deux coudées de sa valse itérative, l'observe un second énergumène. Coupe d'un breuvage vineux à la main, il le suit d'un regard placide quoi que concentré, lui aussi en proie à une réflexion autrement plus flegmatique. Sa longue crinière opalescente redressée en une attache qui lui offre une trêve capillaire, son index barre la lisière de ses lèvres et il patiente que son interlocuteur achève sa complainte. Celui-ci se stoppe soudainement et se tourne en sa direction, singeant d'amples gestes pour aviver le débat. « Le Divin Noir m'en soit témoin, ah ! Mauvaise idée, vous dis-je ! » Le sylphe se redresse sensiblement et courbe un sourcil. « Pour quelle obscure raison Nero Pavus vous effarouche t-il à ce point ? Mais ! Il ne m'effarouche point ! Seulement, comme tout à chacun, je le connais. Je le connais, et vous, grand bien vous ferait de ne pas le connaître. » Iselad fait rouler ses yeux dans ses cavités oculaires. « Dame Jezabel m'a expressément et personnellement enjoint à rencontrer son époux, décliner me ferait la perdre en tant que cliente, elle, et ses quelques amies. Je ne vous apprends rien en vous disant qu'il est particulièrement ardu d'établir des liens au sein de l'Empire Tévintide lorsque l'on est issu d'ailleurs – pis encore en étant dans ma position. » Orlésien de son état et surtout, esgourdes acuminées en guise d'ornementations congénitales. Couplet gagnant dans un pays tel que celui-là, l'erreur, il ne peut se l'octroyer. « Certes. Mais cher Baron, je m'inquiéterais davantage pour ma tête que pour mon entourage professionnel, si j'étais vous. Que croyez-vous qu'il puisse me faire ? Je n'ose l'imaginer. Il ne peut se le permettre. Il se le permettra si bon lui semble, qui pensez-vous que sont les magisters ? Nous ne sommes pas à Val-Royeaux ici, nous ne nous cachons pas au revers de masques tout empanachés ! » Il râle, puis se lustre le front tout en consentant à se calmer. L'Anfauglith ne dit mot et porte la sapide boisson à ses lèvres pour en immerger ses papilles. Les prunelles dans le néant, il réfléchit. Un long silence se brode, la situation semble inextricable. « J'ai conscience que je mets votre affaire et notre collaboration en péril si j'échoue, toutefois... puisque les choses doivent être ainsi, considérons cela comme une chance plutôt qu'un danger. Soit... Mais je vous en conjure, soyez prudent. Et surtout, ne vous mettez pas le seigneur Pavus à dos. »

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Dans les corridors de l'illustre famille dont il rencontre aujourd'hui le ténébreux héraut, Iselad ressasse ses choix. S'il avait par plusieurs fois émis l'obséquieux bonheur de faire la connaissance avec le mari de Jezabel, il ne s'était point attendu à ce que cette dernière exauce ce souhait qui n'en avait jamais été un. Il se remémore les bilieux ouï-dires étant parvenus jusqu'à ses oreilles quant à ce fameux Nero, ses bas-faits quant à la servitude et au meurtre impuni de son personnel de maison. Pléiade de narrations dont il espère ne point devenir un protagoniste, mais plutôt un simple personnage de passage. Pour l'occasion, le voici harnaché d'une tenue aussi finement travaillée qu'à l'accoutumée, mais aux nuances dominantes de cobalt diaprées d'or blanc. Une couleur sciemment pacifique, inconsciemment lénifiante pour l'oeil et l'esprit de celui qui contemple. Guère de masque sur son délicat faciès, une façon de lui faire entendre qu'il ne se présentait pas à lui tel un beau sire d'Orlais, mais comme un homme d'affaires sans crainte de se dévoiler. Si son texte est pensé, il sait qu'il lui faudrait faire preuve de galante improvisation, tout autant que d'une hardiesse savamment dosée.
Ainsi escorté à travers couloirs, de distinctes résonances de rosserie lui parviennent alors. Croissantes, même, et finalement présentes lorsqu'ils pénètrent dans une nouvelle pièce. Devant lui, une pitoyable saynète usuellement tévintide, ose t-il se dire. Un mâle au crin d'ébène s'acharne, frappe et crache une ondée de coups sur le presque cadavre d'un apparent domestique. Celui-ci s'étrangle de sa propre ichor plus qu'il ne parvient à meugler sa douleur, car voilà un moment qu'il se fait barioler de plaies et contusions. Le châtiment est violent, gicle le sang sur le mobilier et le galbe du tortionnaire, qui se fait interrompre par la voix de son factotum. Il lui annonce l'arrivée de son convive, un blond sylphe qui observe en ravalant son escarbille d'appréhension. Il croise, un instant, le regard érubescent et boursouflé du serviteur battu qui tremble, apparaît si misérable. Si Iselad s'y attarde, il finit par détourner les calots en relevant le menton, altier seigneur parmi les grands. Il se courbe ensuite en révérence avant même d'échanger, cette fois, une oeillade avec le maître de maison.
« Monseigneur, je vous remercie de l'honneur de cette invitation. »

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Dim 7 Jan - 12:03


la traversée du Styx

Les murmures de son épouse sonnent encore à son oreille, les renseignements lourdement évalués, la curiosité piquée. Le responsable n'est autre qu'un Baron Orlésien, esclavagiste et elfe, à son grand étonnement. Autant dire qu'incarne presque tout ce que Nero exècre de par sa race ainsi que ses origines, son absence de magie, il signifie qu'il est plus inférieur à lui. Alors comment cela se fait-il qu'il parade fièrement au lieu de ramper aux pieds des autres comme la vermine qu'il est, à ses pieds, en tant qu'esclave ? C'est avec un mépris et une nécessité de le voir de ses propres yeux qu'il a soufflé à sa Jezabel son intérêt pour la chose, pour le rencontrer le plus tôt possible en leur demeure. Le Pavus trépigne presque d'impatience, non sans certaines idées pour mettre cet elfe à l'épreuve une fois face à lui, en plus de soupçons sûrement fondés ; persuadé que sa femme ne lui dit pas tout de son entrevue avec le Baron.

▲ ▲ ▲

La demeure Pavus est animée en sanglots, en plaintes difficilement étouffées qui résonnent depuis le grand salon où le maître des lieux s'adonne à son passe temps favori : la correction d'esclaves. Si ce n'est plutôt la maltraitance, l'humiliation, parfois sans raison, parfois à la suite d'une œillade de travers. Il rappelle leur place à ceux qui lui sont inférieurs et qui s'échinent à la tâche rarement exempts de bleus ; en priorité les elfes sur lesquels il s'acharne plus que les autres. Comme le domestique sur lequel de violents coups de pieds entrent en collision avec son estomac secoué, entre autres, le sang finissant indéniablement par gicler à proximité ; sur le mobilier et sa tunique sombre. Si pris dans son élan, à l'image de son paternel, le tortionnaire ne délaisse pas ses outils à disposition : il attrape le tisonnier encore brûlant. C'est à cet instant qu'on lui annonce l'arrivée de l'elfe qu'il attendait. Pour l'heure Nero, après avoir brièvement tourné la tête en direction de son invité, repose le bout de métal. Il s'amène ensuite à une hauteur raisonnable, restant l'hôte, il le salue à son tour malgré ses prunelles qui trahissent une lueur hautaine. « Baron. Mon épouse n'a pas tari d'éloges à votre sujet, ce qui à vrai dire, m'intrigue énormément. Venez, installez-vous. » Ses paroles mielleuses, hypocrisie maquillée, accueillent l'elfe Orlésien accompagnées d'un rictus.

Il l'invite à s'asseoir comme lui sur l'un des fauteuils non sans lorgner intensément en sa direction, le dévisageant de la tête aux pieds. « Pour un elfe, vous voilà bien déguisé. Je me demande si vous auriez autant de prestance dans les accoutrements propres à vos semblables. » La réflexion lui brûlait les lèvres alors elle sort, d'entrée de jeu, pour que le Baron sache à qui il a à faire... Ce qui est probablement déjà le cas, la réputation du Pavus est assez grande ici. « Mais pardonnez mes manières, je ne vous ai même pas demandé si vous désiriez une tasse de thé. » Automatiquement un signe de la main s'en suit et l'esclave annonciateur de l'arrivée de l'esclavagiste étranger s'empresse de leur servir une tasse à chacun accompagnée de quelques délices servis dans une coupelle de qualité. Plus loin séjourne encore l'elfe battu, amoché, qui se relève mais reste à proximité tant qui'l n'a pas été autorisé à sortir de la pièce ; Nero garde un œil sur lui en coin. Il n'en a pas terminé. Ni avec le Baron, à vrai dire, ces politesses artificielles débordant de sous-entendus l'amusent suffisamment pour le moment.


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Jeu 11 Jan - 22:32


la traversée du styxet que les mânes aient pitié
***

Un émissaire maupiteux. Voilà ce qu'est Nero Pavus, un suppôt de barbarie dont on lui a maintes fois conté les bas-faits. Depuis qu'il pérégrine au sein de l'Empire Tévintide, Iselad n'ose guère plus faire doléance de l'irrévérence des dignitaires orlésiens, eux dont les profanations ne sont que sapides toxines en comparaison aux coups de fléau des nobles tévintards. A bien y songer, le divin sieur s'estime chançard d'avoir eu sa genèse dans le cloaque de Kirkwall plutôt que dans un pandémonium telles que ces landes, car cet elfe rossé jusqu'au sang, cela aurait pu être lui. Et pour quel fichtre motif ? Une lorgnade mal interprétée ou un vase mal lustré. Peut-être, le simple fait d'exister, en combustible pour tant d'acharnement. Tout comme il abhorre les âpres défenseurs de la cause elfique, il exècre tout autant les suprématistes humains – les disparités de race, très peu pour lui, qui se penche davantage sur la préciosité de chacun. Des convictions à déglutir face à un tel quidam qui le convie, sans prendre la peine de nettoyer les macules d'hémoglobine le chamarrant, à prendre place à ses abords. Le baron s'exécute et se meut jusqu'au fauteuil sur lequel il prend place, avant d'accuser le premier pieu planté dans sa carne. Sclérosé dans sa superbe, il ancre ses calots diaphanes dans les prunelles de son hôte, harpant un instant son âme à la sienne, confrontant leurs nimbes en une collision immatérielle. Puis, il ébauche un sourire ténu mais courtois.

« Pour avoir déjà fait partie d'un cheptel domestique et avoir eu à me nipper de ses oripeaux, je puis vous assurer qu'ils ne me siéent guère. » Il expire un léger ricanement. « Mes goûts sont un peu plus rupins que la majorité de mes prétendus semblables. »

Se disant, il guigne le serviteur meurtri avec un dédain manifeste, le jaugeant comme si aucune similitude génétique ne les liait. Le fait qu'ils partagent quelques similarités physiques ne suffit guère à faire naître une seule flammèche de commisération, pas une once de chaleur en l'être de ce fabuleux sire s'étant construit à la force de sa persévérance. Le blondin jure avec l'ensemble de sa peuplade de laquelle il ne porte aucun héraldique, mais bien au contraire, de laquelle il est un félon notoire. Position dans laquelle il se complaît nonobstant la pléthore d'antagonistes qui s'élève face à lui. S'il n'est pas couard, il espère toutefois que son interlocuteur ne fera pas partie de ceux-là, et qu'il comptera ce dernier dans les rangs de ses alliés.
« Je serais ravi de partager un thé avec vous. » Précise t-il enfin, avant de poursuivre. « Vous me voyez enchanté que votre dame encense mon travail, elle m'a octroyé, en parlant ainsi de ma personne, de forger de nouveaux contacts au sein de Minrathie. Peut-être avez-vous eu l'occasion de contempler les quelques tenues que j'ai confectionné pour votre épouse, auquel cas et si elles plaisent à votre œil, je vous offre de vous en créer une en gage de ma déférence pour la maison Pavus. »

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Dim 14 Jan - 13:36


la traversée du Styx

C'est une puérile comédie qui se déroule sous le toit Pavus, un jeu, ni plus ni moins, auquel son invité se laisse finalement prendre après une intense œillade dont laquelle Nero ne se détourne. L'elfe semble avoir bien plus de cartes en main qu'il ne soupçonnait et attise plus en avant sa curiosité, un sourire distinct éclairant son faciès, tout autant avec dédain ; il ne manque pas les prunelles qui lorgnent l'esclave à terre sans un soupçon de pitié. Une attitude semblable à la sienne qui l'amuse. Les elfes de cité sont d’habitude si prompts à compatir à la misère des leurs... Il note soigneusement, observe encore, préparant son prochain coup. Pour l'heure le thé est servi ; ses lèvres trempent dans le liquide avec une grande satisfaction qui n'est pas réellement due à celui-ci. Plutôt à cette entrevue et ses intentions.

Le nécromancien laisse son interlocuteur s'exprimer jusqu'au bout, constatant en effet que l'elfe Orlésien plante déjà le bout de ses oreilles pointues en pleine Minrathie, ce qui lui arrache une grimace intérieure. Qu'il ne se considère pas comme son égal, car Nero en est persuadé, les siens Tévintides jouent tout autant avec lui, ce n'est que pure alliance tant que les intérêts communs ne divergent pas ; mais de ceci les deux camps en sont conscients n'est-ce pas ? Ce qui l'agace est l’éventualité que sa femme et ce Baron n'aient pas adopté une conversation purement professionnelle. Si son épouse s'abaisse à ceci avec un elfe, c'est dérangeant, autrement il s'en moque, lui ne se prive pas. C'est accompagné de sous-entendus certains qu'il entame sa réponse ; « En effet, de magnifiques tenues, très bien taillées... J'imagine que vous avez pris votre temps au moment de prendre les mesures. Oh, le résultat n'en est que meilleur, évidemment. » Une autre gorgée est réceptionnée avant qu'il n'enchaîne.

« Votre proposition me plaît, j'aimerais que nous en rediscutions. Mais pour tout vous dire, je m'intéressais également à votre seconde activité moins populaire au sein de votre contrée d'adoption. » Les dernières syllabes sont appuyées, comme une évidence, les recherches du Magister lui ayant permis de découvrir qu'Orlaïs n'est guère la terre natale du Baron. Il se demande, d'où est-il réellement originaire pour s'adonner à de telles pratiques, désormais ? Ou bien n'est-ce en aucun cas lié. « Je me pose énormément de questions à votre sujet, Baron. Allons droit au but : si nous collaborons, je dois savoir à qui j'ai à faire, votre vraie nature derrière vos colifichets. Je crois avoir déjà deviné votre mépris à l'égard de vos semblables, mais n'est-ce que façade ? » Soigneusement Nero dépose sa tasse sur la table puis se lève, s'éloignant légèrement pour attraper l'elfe précédemment torturée qu'il traîne sans honte en vue ; dans ses yeux humides elle réclame encore, même si ce n'est que peine perdue, la pitié du Baron.

« Ne craignez rien mais observez, pour le moment, voyez ceci comme une réjouissance offerte par la maison Pavus. » Un couteau est récupéré sur la grande commode de la pièce, sa lame chatouillant dangereusement l'une des oreilles pointues de la jeune esclave qui tressaille de toutes part. L'attente est longue, cruelle, le sourire de Nero immense ; tandis qu'il observe les réactions du Baron. La dague entaille bientôt la chair avant qu'il n’accomplisse entièrement son oeuvre : l'extrémité est coupée.


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Lun 22 Jan - 14:28


la traversée du styxet que les mânes aient pitié
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Faire offrande de ce qu'il crée avec maestria pour mieux lénifier les irascibles humeurs du sombre sieur, un stratagème comme un autre, une simple formalité entre deux entités qui tentent de composer une même symphonie. Diapason laborieux, mais plausible si l'un évince les incertitudes de l'autre – et qu'il n'y perd pas la tête en chemin. Les affaires se brodent à l'instar des textiles qu'il fait harmonieusement se conjuguer ; avec imagination, intelligence et dextérité, parfait amalgame de survie dans des hauts lieux telle que la cité de Minrathie ou la nation orlésienne. Rien d'improbable pour un quidam de son acabit, fort de ses morceaux de bravoure comme d'aucuns diraient. La hardiesse intrinsèque qui lui permet de se tenir face à l'un des magisters les plus matois du vénéneux Empire. Et il l'entend, il l'écoute sans s'effaroucher, conscient que le bougre le bousculerait jusqu'aux ultimes lisières avant de consentir à un iota d'alliance. Une nouvelle bravade sourd d'ailleurs quant à une hypothétique promiscuité avec Jezabel, la dame qui ne manque certes point de charme. La remarque est relevée mais laissée au mutisme – si Nero change de sujet, c'est qu'ils ont plus substantielle matière de laquelle ergoter et qu'ils y reviendraient plus tard. Le mal mue en patience, et déjà, l'opalescent se penche sur la tirade suivante.

Il remarque le point d'orgue de cette dernière, soulignée avec subtilité pour transvaser un message subreptice. La pulpe de l'index caresse le philtrum du faciès qui se fait flegmatique ; il a mandé renseignements à son sujet bien avant de le convier. Il sait qu'Orlaïs n'est qu'une marâtre de laquelle il a grandement tiré partie.
« Bien entendu, c'est là le cœur même de notre rencontre. » Commente t-il simplement pour corroborer aux propos. Puis, le voici, comme trop souvent, mis en face de son aversion de sa propre race – curiosité inénarrable pour le commun de la noblesse. Combien de fois a t-on taxé sa conviction de mystification ? Lui-même ne le sait, mais elle reste son oriflamme. Pourtant, il s'interroge lorsque son interlocuteur se dresse et fond sur l'apsara précédemment rossée qui se remet à japper. Portée à la vue d'Iselad tel un sacrifice. Les paupières se plissent lorsque le coutelas est brandi, néanmoins, les trais physionomiques restent de marbre quand la lame larde l'esgourde. L'unique émotion qui le fend concerne la chagrine banalité du geste, et cette véracité toujours plus ardente que les apparences sont des legs assassins. Il aurait pu être à la place de cette pauvresse... Mais il ne l'est point.

« Je conçois que les questions vous taraudent. » Les doigts graciles récupèrent la tasse de thé dont des arabesques s'échappent. « Ce n'est guère tous les jours que l'on voie un être tel que moi. » La vanité est, chez le sire Anfauglith aussi, une précieuse couronne de ronces. Ses lippes s'approchent du breuvage et flirtent avec le divin fumet. « Dans ce cas, permettez-moi d'être concis pour vous épargner davantage de besogne. Là d'où je viens, les mœurs ne diffèrent pas de celles orlésiennes dans leur ensemble, je n'ai connu l'esclavagisme qu'en en entendant des murmures inspirés du Nord, rien ne me prédestinait à y prendre part un jour. Les choses étant simplement bien faites, une opportunité s'est présentée et j'ai accepté par intérêt pécuniaire. » Il prend une petite gorgée de la boisson, en savoure la sapidité. Ses iris diaphanes se posent ensuite sur la carcasse de la domestique ensanglantée, qu'il contemple avec une sordide indifférence. « Ces gens et moi ne sommes liés que par un sang suranné, qui n'a de préciosité que pour ceux qui s'embourbent dans les mythes que les gérontes content. Le passé est le passé, je ne m'intéresse ni à la perte de la Dalatie ni à aucune autre terre d'éden, tout ce qui m'importe, c'est l'avenir. Et l'avenir ne se compose pas avec les faibles. » Il repose la joliette vaisselle sur la table, élitiste lui-même, et rompu à avoir sa part du butin. Le temps qu'il ne perd pas à larmoyer les conflits d'antan, il le gagne à ériger sa fortune et sa notoriété. « Aucun d'eux, sous prétexte que nous avions les mêmes oreilles, ne m'a jamais aidé. » Bien au contraire. L'amertume des expériences parle, et l'elfe blondin de se lever à son tour. De toute sa hauteur, il jauge la malheureuse. Accusateur. Juge carnassier. « Pourquoi devrais-je les aider. »

Les scintillants pans de sa tenue chaloupent, l'or lilial jure diablement avec les nippes de la servante qui en est presque aveuglée. Le râble se courbe sensiblement en une légère révérence, tandis que la main se tend en suggestion. « Dois-je trancher la seconde pour vous plaire, seigneur Nero ? »

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Jeu 25 Jan - 12:04


la traversée du Styx

La vanité de l'elfe ne laisse pas le Magister indifférent, curieux de connaître jusqu'où celle-ci s'étend et surtout si elle s'éteint, une fois au pied du mur ; quelques idées le chatouillent mais leur mise en oeuvre dépendra de son observation. Attentif, les prunelles hautaines encrées dans celles de son interlocuteur, il note ainsi chaque détail, chaque explication s'échappant d'entre ses lèvres, chaque mimique. Pour l'heure rien ne le dérange mais ce ne sont que des mots, et Nero souhaite bien plus que ceci. Des actions, des preuves tangibles... Il commence par souligner la fin de ses propos, l'avenir qui ne se compose pas avec les faibles, un grand sourire imprimé. « Un point sur lequel nous sommes d'accord. » L'esclave elfe rampe à ses pieds après avoir été traînée, faiblarde, exprimant si bien la chose ; et ses souffrances ne sont pas terminées. Si elle implore la pitié, son pair de race semble insensible à ses supplications, l'exprime d'ailleurs. Automatiquement Nero, qui ne peut plus agrandir son rictus tant celui-ci est déjà immense, émet un doux rire ; plus amusé que moqueur, sauf peut-être envers la servante qu'il considère si pitoyable.

La réponse du nécromancien est toute trouvée, non en paroles, mais en tranchant la chair de la malheureuse, le bout d'oreille s'écrasant au sol non sans le tâcher de sang ; aucune importance. La satisfaction est immense, plus encore quand le noble elfe se propose d'y prendre part, un second rire peu rassurant pour la concernée résonnant dans toute la pièce. « J'allais justement vous le proposer. Je vous en prie, montrez moi de quelle manière vous vous y prenez. » La lame ensanglantée change de main, tendue à la paume préparée à la recevoir et à en faire bon usage, tandis que le maître de la maison ne rate pas une miette du nouveau spectacle.

Mais ce n'est là que facilité, nullement un défi suffisant, maintenant qu'ils sont lancés. A mi-chemin entre provocation sérieuse et plaisanterie de mauvais goût, Nero s'adresse à son invité. « Et vous, Baron, seriez-vous capable de laisser derrière ce qui vous relie à cette race inférieure ? Seriez-vous en mesure de découper l’extrémité pointue de vos oreilles sans sourciller ? » Une ambiance lourde et incertaine se crée alors qu'il le fixe intensément, se rapprochant jusqu'à briser une barrière, pour venir lui marmonner à l'oreille. « Je pourrais même vous y aider. » Le souffle chaud cogne un instant. Quand Nero se relève, son regard n'a pas changé, il ne se détourne pas, comme une bête affamée. « Je suis certain qu'après ça, ma femme vous appréciera encore plus. Mais peut-être étiez-vous déjà à son goût avant... Non ? » Les soupçons reviennent comme un cheveu sur la soupe, toujours sous-entendus. Il jubile intérieurement, craignant si peu, contrairement à l'Orlésien en terre étrangère, et il s'en amuse de la pire manière.


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Ven 26 Jan - 12:39


la traversée du styxet que les mânes aient pitié
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La bribe de carne auriculaire achève sa pitoyable course sur le sol, flasque résonance qui soulève les cœurs à l'atterrissage. Peut-être, l'humiliation ultime et sans retour pour les naufragés d'Arlathan, pour peu que la pauvresse survive aux sévices de son maître, elle portera cette opprobre toute son existence durant. Non mécontent d'y prendre part pour faire montre de sa loyauté envers la mouvance esclavagiste et les intérêts des dignitaires les plus dévoyés, Iselad précède son interlocuteur de ses intentions, sachant parfaitement qu'il lui suggérerait d'être le second bourreau de la séance. Avant de ce faire, il prend toutefois le soin de retrousser sa manche pour épargner l'onéreux textile de macules – l'hémoglobine, parmi toutes les tâches, est particulièrement ardue à faire partir. Puis, il saisit l'arme du délit, se souillant les phalanges de l'ichor chaud sans tiquer ni sourciller. Accoutumé, à dire vrai, à ce genre de joyeusetés qui mettent la ténacité psychique et physique d'un quidam à rude épreuve. Adepte des immondes tortures, plus subtiles, néanmoins, que les rossées sauvages du Pavus. Ce dernier, d'ailleurs, le prend de court après s'être lové en tant que spectateur. La conjecture est à ce paroxysme inopinée qu'elle laisse le baron perclus, râble tourné vers le magister puisqu'il s'en allait accomplir son office. La position lui octroie de ne pas faire ostentation de sa stupeur, moirée d'une touche d'appréhension à en visualiser la scène. Durant un instant, il inverse les rôles et aperçoit son reflet ensanglanté à la place de la domestique, le seigneur tévintide armé de ce même surin face à lui. Il déglutit discrètement, prend une profonde mais silencieuse inspiration pour chasser le malaise qui point. Il le concède, les bourgeois orlésiens ne sont pas tant émérites en terme de décontenance. Pis encore lorsqu'il réitère ses suspicions quant à un adultère avec rien de moins qu'un elfe anobli.

Avant de répondre, le blondin se redresse, il exécute une volte-face en riant, prenant ainsi la sous-jacente menace avec distance.
« Je vous sais gré de votre aide monseigneur, il est vrai que les esgourdes rondes me siéraient bien davantage. » Il le regarde, ne pouvant compter que sur son quant-à-soi, puisqu'à Minrathie, l'on ne s'embarrasse pas de masques sous lesquels réfugier ses humeurs. « Cependant, cela ferait-il de moi un humain pour autant ? Mon apparence est malheureusement estampillée par mes origines, et mes pairs orlésiens me connaissant ainsi, me moqueraient volontiers si je m'en revenais sans les pointes. Quel dommage. » La physionomie recèle de traits irréfutablement elfiques, tout comme le galbe, si gracieusement évasé, plus fin que ne pourrait l'être le tronc d'un humain. Se disant, l'Anfauglith recouvre son sérieux, l'extrémité tranchante du couteau posée dans la cavité de sa seconde paume. « Quant à votre Dame, c'est une femme délicieuse avec laquelle j'ai pris beaucoup de plaisir à échanger. Mais ne vous fourvoyez pas, bien qu'esclavagiste et attentiste, je n'en reste pas moins un gentilhomme en société. Aussi, quel bénéfice tirerais-je à courtiser l'épouse d'un puissant magister ? » Jezabel a été la proie de ses marivaudages, il est vrai, intéressés car destinés à parachever les accords convoités, mais ils n'ont pas croqué le fruit. Fort heureusement pour sa flavescente crinière.

Se disant, il approche de la servante éplorée, dont il caresse suavement le crin tout en se logeant dans son épine dorsale. Elle lève ses prunelles mordorées vers lui, implorante, susurrant des suppliques comme s'il était devenu son démiurge. Nonchalamment, il lui saisit la tignasse et lui incline lentement le chef sur le côté épargné. Il se penche à son tour, semblable à un chirurgien examinant son sujet avant intervention car désireux de soigner sa besogne. Puis il tranche, il découpe et morcelle avec application sans tenir compte des glapissements stridulants de la naïade. Contrairement à Nero, il larde l'entièreté de l'oreille, de la cime au lobe, ne laissant plus qu'une alvéole sanguinolente à la fin. La meurtrie se racornit en boule tremblante à ses pieds, tandis que le beau sire tend son trophée dans les airs.
« J'ai tenté de m'appliquer. »

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Mer 31 Jan - 11:40


la traversée du Styx

Malgré le rire, Nero en est persuadé, ses paroles ont fait mouche, mais l'elfe se montre bon joueur et marche soigneusement en son sens. Son rictus ne s'envole guère quand bien même il est dommage que sa proposition n'aille pas plus loin ; à vrai dire il s'en doutait. Ce n'était là qu'une cruelle épreuve, ni plus ni moins. Si son invité n'avait pas eu un tel contrôle, le Pavus en aurait certes profité, mais ce n'est pas le cas. Il lui reste d'autres cartes en main qu'il dévoilera peut-être plus tard. Pour l'heure, son rire se joint également à la conversation. « Certes, vous ne seriez pas humain, vous ne le serez jamais, même si vous épousiez une apparence qui s'en rapproche. » Si cet Anfauglith était né humain, nul doute qu'ils auraient pu mieux s'entendre, nul doute que Tévinter l'aurait mieux accueilli - malgré l'absence de magie qui reste un point négatif à ses yeux. Reste le sous-entendu évident à propos de sa femme, qu'il soulève, offrant une réponse satisfaisante pour ses oreilles ; mais est-elle entièrement vraie ? Nero accorde difficilement sa confiance à ses pairs, alors un étranger n'aura jamais ce privilège, le laissant sur la réserve. Au moins est-il disposé à croire qu'ils n'ont pas dépassé un certain cap. « Je l'espère pour vous, Baron. » Qu'ils ne le feront jamais.

Rien de mieux qu'un tel spectacle pour qu'une horrible passion s'éveille en lui, un cruel intérêt : la souffrance de son esclave. Le nécromancien ne rate pour rien au monde une miette et constate le savoir faire de l'esclavagiste. Plus qu'un simple morceau mal découpé d'esgourde il se retrouve avec l'entièreté de celle-ci présentée juste sous son nez. La victime est dévastée au sol mais il n'en est nullement touché ; c'est le trophée qui accapare son attention. « Je le vois bien. Je soupçonne que vous êtes un habitué... Je vous en prie, faites vous encore un peu plaisir. Surprenez-moi. Tenez. » Dans son élan, Nero retourne chercher le tisonnier qu'il tend du bon côté à l'elfe sans plus d'instructions que cela. Comme si la servante n'avait pas suffisamment encaissé de chocs physiques et émotionnels. Bien évidemment à ce stade là, il se doute qu'elle ne sera plus d'une grande utilité à ses yeux mais il s'en moque, son agonie est un délice et un esclave se remplace aisément. Par ailleurs, si celle-ci devrait savoir qu'il est peine perdue de quémander encore de la pitié, elle s'y risque une énième fois : ses mains s'accrochent aux guêtres de Iselad. Elle puisse dans les dernières forces qu'il lui reste quitte à être gênante, outrageante, et le nécromancien n'intervient pas.


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Jeu 15 Fév - 17:47


la traversée du styxet que les mânes aient pitié
***

Le baron flagorne, c'est encore sa prime arme dans ce conflit sans lame. Un idiome qui tend vers l'erreur peut être aussi fatal qu'une estoc dans le poitrail – pis encore lorsque l'adversaire en question est un mage vicié et émérite. Ces nébuleuses arcanes que certains disciplinent le laisse sur ses gardes, lui qui abhorrent ce privilège de genèse qui n'en demeure pas moins une tare aux prunelles de la majorité de Thédas. De quelle ignoble malédiction serait-il capable de l'affubler en un clignement de cils ? La magie, dit-on, s'était jadis fait créatrice des Engeances. Poussée à son paroxysme, elle pourrait être la Fin du monde. Raison pour laquelle, bien au-delà de ses accointances professionnelles dans l'Empire Tévintides, il n'est fichtrement pas disposé à octroyer pleine liberté à ces enchanteurs. Une conviction qu'il inhume profondément en présence de l'intéressé, au risque d'aboutir au statut de prochain martyr. Au contraire, même, il renie et ravale ses dogmes les plus mesquins pour plaire à son hôte. Si l'érotisme n'a aucunement rythmé ses apartés avec Jezabel, il ne peut dédire que l'idée lui a traversé l'esprit. Ses tentatives un peu plus soulignées, et il est certain que l'apsara aurai cédé à la tentation de s'abandonner dans l'étreinte gourmande d'un elfe.

Ceci étant enfoui dans l'abîme de son être, l'orlésien brandit son trophée à la bonne appréciation du Pavus, dont la curiosité se creuse un peu plus. A la fois encouragement et mise à l'épreuve, il fait mander son savoir-faire en matière de jeu des chairs tranchées, situation qui laisse le blondin pantois, alors que leur conciliabule devait soulever le sujet de l'esclavage. Toutefois, il consent à suivre les règles imposées, plus particulièrement après le brusque élan de la domestique qui lui harpe les vêtements. Les phalanges maculées souillent aussitôt le précieux tissu, et la réponse, fulgurante, se présente sous la forme d'une botte en pleine mandibule. Le coup est violent, fait glavioter une gerbe de sang à la donzelle qui en perd même l'une de ses dents. Cette fois, le sieur a furtivement perdu patience, l'épinéphrine torsadant les gracieux traits de son faciès régalien en une mimique courroucée. Les babines sont retroussées, il siffle pour maudire le geste de l'impudente qui a osé porter atteinte à sa superbe tangible.
« Vile puterelle, sais-tu seulement combien vaut ce textile ?! » Ses calots se penchent pour évaluer les dommages, là où l'écarlate se mêle au cobalt. Puis, il inspire. Expire. Iselad reprend sa contenance. Créateur, qu'il exècre lorsqu'un quidam détériore ses biens.

« J'ai pour habitude d'oeuvrer sur des sujets dépourvus de vêtements, je gage que la nudité ne vous embarrasse pas ? » Interroge t-il, d'apparence tranquille. Après le consentement du maître des lieux cueilli, il déshabille entièrement la nymphette moribonde dans son propre fluide qu'il tourne ensuite gueule contre terre. Son pied se pose sur son râble, pour la maintenir dans le dessein du prochain sévice, comme pour davantage marquer sa prédominance. « Il m'arrive de déchaîner ma rage sur les pauvres hères qui échouent entre mes mains, mais lorsque j'ai une information à soutirer, j'apprécie prendre mon temps. Je louvoie sur les incisions, cela m'a grandement enseigné sur l'anatomie. » Enfin, il empoigne le tisonnier encore rougeoyant et s'approche du bas du corps. Il place et appuie l'objet échauffé sous la plante de l'un des pieds, zone sensible qui fait derechef s'époumoner la victime. « Je suis curieux, vous arrive t-il de torturer par le biais de votre magie ? » Tandis qu'il élève la voix pour se faire entendre entre les glapissements, comme s'il ne s'agissait que d'une trivialité, la servante cesse soudain de gémir. Et de mouvoir. L'Anfauglith la bouscule, en vain. « Ah. Il me semble qu'elle a perdu connaissance. »

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Lun 19 Fév - 19:49


la traversée du Styx

La mise à l'épreuve de l'Orlésien est masquée sous une épaisse couche de miel, tandis qu'il l'invite à dévoiler ses divers talents en matière de torture. Cela n'a rien à voir avec le sujet de leur entrevue, néanmoins pour Nero, c'est essentiel. Et jouissif, certes. Encore plus lorsque l'elfe si piteuse mande une dernière fois de la pitié en s'accrochant à la tunique de son bourreau de même race qui évidemment, n'apprécie en rien. Un rire meurt juste à temps dans la gorge du Pavus quand bien même son regard ne laisse aucun doute : la scène l'amuse. Il n'est pas mécontent de l'attitude de son esclave qui ainsi, provoque en quelque sorte son invité de lui infliger une sentence bien méritée. Que pour celle-ci, la pauvresse en demeure dénuée ou non, c'est le cadet de ses soucis. « Non, bien entendu, allez-y. » La nudité ne l'a jamais embarrassé bien au contraire. Son âme engluée dans la perversité - parfois malsaine ne peut que s'en réjouir.

Nero passe spectateur dans cette comédie qui traîne en longueur, les prunelles dévorant chaque geste, chaque goutte de sang qui glisse rejoindre le sol déjà tâché. Les cris eux, résonnent comme une mélodie à ses oreilles. Il doit bien admettre que cet elfe, peu importe sa naissance, se montre à la hauteur de ses attentes - même si il n'en attendait pas tant à la base. Une volonté que ses pairs ne possèdent pas, un cœur suffisamment solide, des habitudes qui rappellent celles d'un humain. Non, le Magister ne le considérera jamais ainsi ni comme son égal, mais au moins le hausse-il plus haut que ses esclaves ou tout autre être avec des oreilles pointues. C'est un début, non ? Son sourire en témoigne, peu importe que son air dédaigneux ne le quitte pas. C'est par ailleurs sa seule vraie réponse avant que le Baron ne le questionne sur sa propre façon de faire. Une curiosité justifiée, pour un non mage. « Régulièrement, et de diverses manières. Il est autant jouissif de soumettre à ma volonté ces créatures insignifiantes, tel des pantins obéissant à chaque ordre, que de briser leur mental. Seul moi détermine les limites. » Des limites qui généralement, sont absentes ou jamais atteintes, le mental des malheureux se brisant aussi aisément que du verre. C'est à la fois réconfortant et... ennuyeux, en vérité. Sans résistance, le jeu perd de sa saveur. Nero le garde pour lui mais il se lasse, parfois, plus qu'auparavant.

Et justement, le corps de l'elfe ne donne plus aucun signe de vie. Déjà. « Dois-je croire que vous lui infligé tant de peine qu'elle n'a pas tenu le choc ? Mes félicitations. J'ai beaucoup apprécié ce spectacle... Divertissant, quand bien même il fut trop court à mon goût. » Sans attendre, Nero appelle deux de ses esclaves qui se chargent de la partie ménage, transportant le corps à l'extérieur, non sans être effarés de la scène sanglante : mais habitués. Face au Pavus, ils ravalent leurs sanglots, leur pitié, exécutant simplement leur tâche tandis que celui-ci reprend place sur l'un des fauteuils. « Où en étions-nous, déjà ? » Oh il le sait parfaitement. Un sourire particulièrement carnassier se fige sur ses lèvres, les doigts encore un peu tâchés de sang - comme sa tunique mais ne s'en souciant pas pour l'heure, il attrape sa tasse de thé à finir.


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Ven 23 Fév - 18:03


la traversée du styxet que les mânes aient pitié
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Point le temps de faire l'exhibition de ses talents, mais les prémices ont, il le pense, suffisamment prouvé à son hôte. Iselad n'est pas quidam à laisser les autres se souiller les mains pour lui, à condition que ses précieux tissus soient épargnés de macules difficiles à effacer. Dommage qu'il n'ait pas apporté une tenue plus adéquate, auquel cas il n'aurait point hésité à faire davantage de démonstrations. Ceci étant, il remet le tisonnier finalement peu utilisé à sa place et contemple l'étendue des dégâts sur son vêtement, peu chagriné par l'innommable trépas de la domestique. Quelques-uns de ses semblables s'en viennent d'ailleurs récupérer son macchabée encore chaud, silencieux et impénétrables, mais s'accoutume t-on réellement à ce genre d'horreur ? Il subodore que sous le flegme du faciès, le dégoût, la peur et l'ire s'amalgament en une seule et même entité. S'ils l'avaient pu, il n'ose imaginer de quelle manière ceux-là auraient vengé leurs camarades. Mais si les elfes jouissent d'un semblant de droits dans les landes australes, il n'en est rien et n'en sera sans doute jamais rien au sein de ce ténébreux empire. Lui, ne les pleure nullement. Puisqu'ils ne peuvent se satisfaire de leurs conditions ici bas et s'ils aspirent si ardemment à une meilleure existence, ils peuvent encore courir. Prendre la poudre d'escampette vers des bascloitres qui seront toujours plus accueillants que les geôles dorées de cet endroit. Qui sait ce qu'il serait advenu de lui s'il n'avait pas quitté Kirkwall, sans doute aurait-il connu un triste sort aux mains vengeresses de la Coterie.

Il rejoint la compagnie du magister en face duquel il prend place, retrouvant lui aussi sa tasse de thé désormais froide qu'il gobelote tout de même.
« Si un jour nous échangeons à nouveau sur l'art de la torture, je me languirai de vous voir à l'oeuvre avec votre magie. Je vous montrerai ce que je sais faire avec un couteau. » Il lève sa tasse en direction de Nero, pantomimant la signature d'un accord verbal. « Ceci étant, nous n'avons toujours pas conversé de la véritable raison de ma venue, quand bien même suis-je avant tout un sujet de curiosité pour vous, j'imagine. Je suis bel et bien ici à but professionnel, comme vous avez pu le constater je ne ressens que mépris ou indifférence au meilleur pour ces gens que j'enchaîne et vend. » L'interrogation quant à savoir si le baron est un esclavagiste vraisemblable ne se pose donc plus. « Pour être tout à fait honnête, mes collaborateurs craignent de faire affaire avec vous ; vous êtes un homme craint, sans aucun doute. Aussi si je suis au fait de la réputation qui vous précède et ne peu que la corroborer suite à notre entretien de ce jour, je prends le risque de vous plaire ou non. » Il repose le récipient, jambes croisée avec une noble contenance, il plonge son regard dans celui de son interlocuteur. « Je vous offre de vous fournir en esclaves, avec les conditions physiques qui seront les vôtres. Pour vous prouver ma bonne foi, je vous fais le premier achat groupé à moitié prix et m'attèlerai à vous confectionner une tenue qui, si elle vous plaît, scelleraa notre collaboration. »

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Sam 24 Fév - 21:11


la traversée du Styx

Le Pavus et le Baron semblent avoir, si ce n'est une passion, au moins un centre d'intérêt commun : l'art de la torture. La brève démonstration le laisse suggérer que son invité est plus expérimenté qu'on ose soupçonner, et sa curiosité est clairement piquée. Alors oui, ce serait avec plaisir que Nero assisterait au spectacle - non sans y participer. Sa propre tasse se lève étonnement en harmonie avec celle de son vis-à-vis, comme pour sceller une promesse. « Avec joie. » Cet elfe s'avère au final plus étonnant qu'à première vue et le Magister se demande jusqu'où se rendra leur collaboration qui à ce propos, ne demande qu'à débuter. C'est ce sujet précédemment avorté qui revient sur le tapis. Plutôt attentif à la tirade de l'Orlésien, le thé refroidi passe presque dans son gosier sans trop le faire grimacer.

En effet, il s'avère que l'elfe n'est pas comparable à ses semblables, comme si son esprit tenait plus de l'humain qu'autre chose. Mais aux yeux du nécromancien il reste comme étant originaire d'une race inférieure, quand bien même il s'en détache, jamais il ne sera comparable à l'un des siens. Pour autant, ce dernier parvient à se hisser suffisamment haut dans son estime pour qu'il n'en vienne pas plus à le tourmenter. Peut-être plus tard, à l'occasion, qui sait ? Quand le Baron lui évoque que ses propres collaborateurs le craignent, lui, un rire non retenu lui échappe. Oui, cela l'amuse particulièrement et il ne le nie pas. Il ne le quitte pas non plus des yeux, fixes.

« Une réputation justifiée, ne pensez-vous pas ? Vous en êtes après tout témoin, et encore, vous n'avez pas tout vu, mais je suis plus intéressé en notre collaboration qu'à vous faire chuter de votre piédestal. Pour le moment. » Menace sous-entendue ou mise en garde ? Même le Pavus n'en sait rien, seul le temps le dira, et pour l'heure il est intéressé par la proposition qui lui est faite. Autant en ce qui concerne les esclaves - à moitié prix que la tenue. Si il est accoutumé à obtenir ses larbins chez son ami Caïus, maître en la matière, il n'est pas contre en avoir plus à se mettre sous la dent. Curieux de la qualité "Orlésienne", également. « J'ose espérer que vous avez des esclaves suffisamment résistants à me proposer. Quoi qu'il en soit, un premier achat s'impose, je suis curieux de faire l'expérience de vos services, notamment en ce qui concerne cette tenue. Si je suis satisfait des deux, et je l'espère pour vous, ce sera en effet le début d'une collaboration entre nous. » Ton similaire à ses dernières paroles, le Tévintide repose calmement sa tasse puis se lève en époussetant légèrement sa tunique - encore tâchée. Il s'approche à distance raisonnable du Baron afin de le mettre en garde, peut-être un peu trop. « Notez que je suis plutôt difficile à satisfaire. » Le fait est qu'il ne l'est pas avec tout le monde, ni avec n'importe quel service, mais faire grimper la tension chez son invité ne le dérange pas bien au contraire ; il faut bien, sinon ce ne serait pas drôle.


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Lun 26 Fév - 13:55


la traversée du styxet que les mânes aient pitié
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Si la guerre n'est pas encore remportée, le baron se satisfait toutefois d'une victoire. Car si le magister est décidé à ne pas oeuvrer contre lui pour le moment, cela signifie qu'il lui offre le bénéfice du doute avant de poser une opinion définitive à son sujet. Une miraculeuse ouverture dans les affaires de Tévinter, car si Nero trouve son contentement tant dans ses esclaves que dans ses confections, nul doute que d'autres viendraient frapper à son huis pour obtenir les mêmes faveurs. Avec du temps, du talent et de la bonne fortune, il finirait même par se faire une discrète mais vraisemblable réputation au sein de cet inaccessible empire. Il s'octroie déjà de rêver quant aux richesses et à la reconnaissance que de telles alliances lui apporteraient, mais il n'en omet pas que la lutte contre l'archétype apporté par ses esgourdes n'en sera que plus ardue. S'il est néanmoins parvenu à convaincre son interlocuteur, il a bon espoir d'en faire autant avec ses congénères. Celui-là corrobore par ailleurs un premier achat et un premier examen de cette fameuse marchandise, qu'Iselad sait d'ores et déjà devoir être quasiment infrangible pour endurer ces violentes frasques. « Bien entendu, concédez-moi le temps nécessaire pour réunir mes meilleurs candidats et je vous amènerai votre lot en personne avant mon départ pour Orlais. » Rassure t-il tout en songeant en même temps. Il contemple ensuite le Pavus s'approcher et siffler son avertissement, un poison prêt à s'instiller dans les veinures du flavescent seigneur qui en prend bonne note. Le droit à la bévue ne lui est ici point permis, s'il doit exister une opportunité à saisir et surtout à honorer dans toute sa carrière, il s'agit de celle-ci. Car en cas de désappointement, il ignore et préfère ignorer les conséquences. Ici, il n'est guère protégé que par ses séides et sa dextre faconde. « J'entends bien monseigneur, et si vous ne l'étiez pas, je ne serais pas autant honoré de m'échiner à vous satisfaire. Il m'arrive de créer des tenues pour l'Impératrice et sa famille, vous savez, en guise de gratitude pour mon anoblissement. Je ne connais que trop bien le poids du perfectionnisme et de l'obligation de ravir. » Il se redresse à son tour, l'heure de quitter les lieux – sur ses deux jambes se surprendront quelques-uns – se rapproche. « Je vous remercie de votre hospitalité magister Pavus, si vous êtes disposé à m'accorder encore quelques instants, je souhaiterais prendre vos mesures pour mon futur travail. N'ayant pas mes outils à disposition ici, sachez que je taillerai votre vêtement une fois rentré à Val-Royeaux et que je vous le ferai parvenir par la suite. Vous aurez alors eu tout loisir d'expérimenter mes esclaves et serez en mesure de me donner une première impression, pour laquelle je me languis. » Il sourit, confiant, puis exécute une légère courbette de déférence. « C'est un plaisir de collaborer avec votre Grandeur. »

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