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Ruben & Virgilio

« Correspondance »

Très cher Ruben,

J'ignore si tu t'en rappelles ou non, mais il se trouve que j'ai en horreur d'être espionné ou même suivi. Ce n'est pas une sensation que je trouve particulièrement agréable, même si dans d'autres circonstances je ne vais pas nier apprécier sentir le regard des autres sur moi. Il me semble que tu le sais parfaitement toi-même, par ailleurs.
Or donc, tu comprendras que je n'ai pas sauté de joie en réalisant qu'un Barde me talonnait pratiquement partout où j'allais. Oh, je ne doute pas que tu l'aies payé une fortune, ce pauvre bougre... Mais j'ai une patience fort limitée, qu'il a outrepassée à de nombreuses reprises. La dague couverte de sang séché que tu as trouvé en ouvrant cette missive n'est autre que l'arme que j'ai utilisée pour le supprimer. Vois-tu, je n'ai pas estimé nécessaire de déranger un Corbeau pour quelque chose de si insignifiant que cela.

Est-ce que je te manque à ce point pour que tu jettes ton argent par les fenêtres ? Oh mon poussin, tu ne m'as donc pas encore remplacé par un autre amant ? Pour un Duc, les candidats doivent se bousculer au portillon, pourtant. A moins qu'ils ne soient repoussés par ton irascible caractère ? Me diras-tu, les possibilités ne sont pas moins élevées de mon côté. La fortune attire les vautours et les hyènes, mais je sais à quoi m'attendre. Et ils ne peuvent pas mordre aussi fort que tu le faisais, n'est-ce pas ?

Reçois toute mon affection,
Virgilio

P.S : Le prochain Barde que tu envoies, c'est sa tête que je te retourne. Coeur bis

(c) DΛNDELION

Orlaïs, 10:41

Virgilio Llorente

C

her Virgilio,

Je ne te remercie pas pour cette odeur nauséabonde qui se dégageait de ta missive, si bien que j'ai d'abord hésité à la jeter plutôt que de l'ouvrir ; surtout en voyant le destinataire.

Ne te méprends pas sur les raisons pour lesquelles j'ai payé ce pauvre bougre, j'ai des centaines d'amants à mes pieds pour ne plus penser à toi. Tu es le cadet de mes soucis et le monde ne tourne pas autour de toi. Plutôt autour de moi.

Je tiens néanmoins à connaître tes déplacements afin que tu continues à me fournir, tes tissus et autres produits étant d'une rare essence que j'apprécie. Même si tu as abandonné mes draps au profit d'autres de piètre qualité, j'imagine que mon argent t'intéresse toujours ? Cela dit ce serait peut-être le jeter encore par les fenêtres, comme tu le dis si bien... Tes goûts semblent avoir baissé d'un cran, désormais, c'est fort regrettable.

Par ailleurs, abstiens-toi de ces surnoms que tu ne mérites plus.

Avec le peu d'affection qu'il me reste à ton égard,

P.S : Aucun de ces roturiers ne peut mordre aussi fort que moi.

Duc Ruben de Firmin

sobade.

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Ruben & Virgilio

« Correspondance »

Mon poussin,

J'avais oublié à quel point tu peux avoir le nez délicat. Allons, ce n'était qu'un peu de sang séché, rien qui sente si mauvais que cela ! Quelle petite nature tu peux être, parfois. Au moins tu n'as pas tourné de l'oeil en ouvrant l'enveloppe ? Du moins j'ose l'espérer. Un orlésien qui se formalise d'un peu de sang, ce serait une telle ironie !

Ainsi tu aurais des centaines d'amants à tes pieds ? Je ne me permettrais pas de mettre en doute ta parole, car vois-tu, moi je ne te fais pas surveiller comme une épouse maladivement jalouse. Peut-être racontes-tu la vérité. Ou peut-être pas. Essaierais-tu de me rendre jaloux ? Nous savons tout deux que tu n'as pas besoin de savoir où je suis ni ce que je fais et avec qui pour que je continue à te vendre mes marchandises. Ce pourrait simplement être une forme de curiosité malsaine, ceci dit. Une nouvelle fois, je ne me permettrais pas de juger du vrai ou du faux dans tes propos.

Ton argent n'a jamais été ce qui m'intéressait chez toi. Allons, poussin, ma fortune est plus importante que la tienne ! Il est vrai néanmoins que tu es l'un de mes plus fidèles clients en Orlaïs, cela je ne peux le nier. D'ailleurs j'ai récemment reçu une cargaison de soies venues du Riveïn qui devraient te ravir, devrais-je t'en envoyer quelques échantillons ? Les affaires restent les affaires, ne m'en veux pas d'essayer de faire quelques profits.

Tout comme aucun de ces « roturiers », comme tu le dis si bien, ne pourront mordre aussi fort que toi, je doute que tu trouves un autre amant qui sache précisément où et quand appuyer pour te faire grimper au rideau. Sans vouloir me vanter, je pense avoir un talent inégalé en la matière.

Sois sage en mon absence,
Virgilio

(c) DΛNDELION

Orlaïs, 10:41

Virgilio Llorente

C

her Virgilio,

Comme d'habitude, je vois que tu t'échines à faire le sourd - ou dans ce cas présent plutôt l'aveugle à certaines de mes remarques. "Ton poussin" n'est pas ta propriété. D'ailleurs, ne serait-ce pas plutôt toi le jaloux dans l'histoire ? Peut-être est-ce le fait de t'avoir évoqué mon nombre conséquent d'amants qui me comblent sans difficultés et qui contrairement à toi, peuvent se permettre d'employer de tels surnoms affectifs. Je n'ai pas à te rappeler que ce n'est plus ton cas depuis ton départ définitif, j'imagine ? Je pensais avoir été clair.

Je ne m’étendrais pas non plus sur ta surveillance que je juge nécessaire. Quelles qu'en soient les raisons, tu n'as pas besoin de savoir. Ou peut-être ferais-je un effort si tu m'apportes toi-même ces échantillons que tu m'évoques dans ta missive... Je serais très intéressé pour attester de la qualité, j'ai besoin de fraîcheur et de nouveauté en ce moment, surtout dans ma garde-robe. Qu'en dis-tu ? J'ajouterais un supplément pour ton déplacement ainsi que cette remise en main propre. Purement professionnelle.

Une dernière chose, méfie-toi... Certains de mes amants sont plutôt doués en la matière. Mais bien évidemment, tu n'auras plus l'occasion de rehausser le niveau.

Réfléchis à ma proposition et tiens moi informé,

Duc Ruben de Firmin

sobade.

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Ruben & Virgilio

« Correspondance »

Ruben adoré,

Aurais-je finalement appuyé sur un point sensible ? Il est vrai cependant que tu n'es pas ma priorité, j'ai plusieurs affaires en souffrance qui réclament toute mon attention depuis quelques temps. Ces mêmes affaires m'empêchent de badiner autant que je le voudrais, mais je gage que ce ne serait pas pour te déplaire. Je pense ne rien t'apprendre, la compétition est rude entre les plus grosses fortunes d'Antiva, et particulièrement ces dernières semaines. L'un de mes concurrents semble s'être mis en tête de me doubler sur une transaction bien particulière... Ce que je ne laisserais pas arriver, évidemment. Après tout, tu sais mieux que personne qu'une fois que j'ai planté mes griffes quelque part il devient impossible de me faire lâcher prise. N'est-ce pas ?

Oh, serait-ce là une invitation que je décèle. J'avoue hésiter, mais la perspective de récolter un peu plus d'or que prévu est des plus alléchantes. Peut-être pourrais-je envisager de me déplacer en personne. Si tu promets de ne pas m'accueillir en me lançant à la figure tout ce qui te passera sous la main. Vois-tu, je tiens à ce que mon visage reste tel qu'il est, de vilaines cicatrices pourraient compliquer certaines négociations. Ce joli minois est un outil comme un autre.

Je dois descendre vers le sud prochainement, je pourrais faire un détour par Val Royeaux. Eventuellement. Ce pourrait être une bonne occasion pour moi de constater l'étendue de la médiocrité de ces amants dont tu te vantes.

Sois aimable et passe le bonjour à ton frère de ma part, j'ose d'ailleurs espérer que tu ne le malmènes pas trop.

Virgilio

(c) DΛNDELION