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Mer 28 Fév - 21:22


la larme s'en va mourir, épuisée,
sur le sol de la destinée
peau de chagrin
***

Le firmament lactescent larmoie une pléiade de flocons sur la place forte devenue lieu de morosité. Quelques rares bannières ondoient encore aux lubies du vent, les vestiges d'une existence active, d'une cause commune que scandaient les voix intrépides, sont épars dans tout l'endroit. Mais au lieu des phonèmes qui somment et rient, du chant des estocs qui s'entrechoquent pour passer le temps, n'y a que le silence.Glacial, nimbant Fort Céleste dans une atmosphère lugubre, dans un oubli sinistre dont seuls témoignent les monts environnants. Les spectres semblent flâner et se gausser, eux aussi, de ce sort chagrin, leur goguenardise se répercutant en écho lointain contre les parois, dans les abysses des couloirs vides. A moins que ce ne soit le hurlement des bourrasques, ou les simples réminiscences des rares âmes encore présentes ? Cette litanie, quelle que soit son origine, n'est rien de plus que le vil triomphe de la Chantrie. Des lunes, à être aux prises avec l'agonie d'une liberté – le viol, même, d'une intégrité, commandité par une succube égotiste et bénisseuse. Une épée de Damoclès qui a finalement chu, lardant le derme et les muscles, disloquant et brisant l'épine dorsale pour faire gerber l'espérance. L'Inquisition n'est plus – plus qu'un macchabée ballant sur le gibet, pointé du doigt et moqué par les bien-pensants. Deux semaines déjà. Seulement. Mais les chantres et rhapsodes doivent déjà avoir enfanté poèmes et harangues relatant l'ineptie et le trépas de cette songe-creuse Organisation. Car tous les Inquisiteurs et les Inquisitrices sont des utopistes, paraît-il.

La toux résonne tel un cor de malheur dans la chambre, le thorax est chahuté, les bronches et le larynx ne peuvent mettre fin au mal qui arrache même des larmes aux yeux érubescentes. La quinte rudoie le vieil homme assis sur sa couche, qui tremble et se tient à Fëanor d'une main, tandis que l'autre couvre sa bouche d'une bribe de tissu opalescente. Lorsqu'il se lénifie et la retire, le mouchoir est jaspé d'écarlate. Falathar est cacochyme, blême tel un cadavre et diminué en tous points. Souffreteux depuis de longues semaines, son état se détériore, bien qu'il fasse encore l'effort de sourire. Il saisit le verre d'eau que lui tend le jeune homme et en prend plusieurs gorgées, avant de le remercier d'une voix éraillée.
« Ma serannas... » Il se rallonge dans un soupir. Même ses vallaslin semblent éplorées. « Va da'len, tu as mieux à faire que de veiller un vieillard malade. » Il ricane, faisceau de soleil dans la plus fuligineuse des tempêtes, homme de bien et d'espoir, qui aura été un parangon de valeurs pour plusieurs génération. « Retrouve-le, je m'inquiète pour lui. » Il tapote affectueusement l'avant-bras de son cadet dalatien, le gratifiant d'une oeillade profondément marquée de gratitude. Puis, il tire les persiennes de chair qui entourent ses calots, à la mélodie des pas du mage qui s'éloigne. Ce n'est qu'au piaulement de l'huis qu'il l'interpelle une dernière fois. « Fëanor. » Il biaise sa physionomie en sa direction. « Quoi qu'il puisse advenir, je te le demande. Ne lui en veut pas. » Car le réprouvé est en naufrage, perdu dans un vortex de décadence dans lequel il s'embourbe inexorablement.

Lui, c'est un Gwenaël à l'orée de la vésanie. Damné dans d'insondables géhennes où il ne respire que le soufre de la foute et de l'abdication, il se meurt, et s'y complaît tant. Il est un fantôme qui hante sa propre demeure, laissant sa plus belle œuvre à l'abandon, à la merci des intempéries et galvaudée par la salissure, le désordre occasionné par le départ hâtif de tous les habitants. Pendant des jours, il a dormi dans les écuries, parmi la merdaille des montures dont il ne reste plus qu'Ashrak et une jument, puis il s'est reposé dans les geôles, dans le garde-manger, dans les plus improbables endroits ou simplement là où il tombait d'épuisement après avoir pochardé tel un éperdu. Voilà qui le satisfait au moins : les anciens acolytes ont eu suffisamment de compassion pour lui laisser la réserve d'alcool comme cataplasmes à ses tribulations. A leur santé, il boit donc sans cesse ! Et sa cachette, il en change fréquemment, pour amoindrir les chances de son ami de le dénicher. Cette fois, c'est dans la salle du Conseil qu'il planque sa misère, où les documents et pions de plateau jonchent le par terre. Assis sur la table de réunion, il fixe le néant, blafard et cerné, collant de sueur et de tâches de nectar. Le visage émacié et le galbe déjà étonnamment décharné par la peine, le manque de pitance et d'entraînement, il fait peur à voir, le sire mis au ban. Il porte le sacro-saint goulot  à ses lèvres craquelées et lampe le fond de bouteille, qui ne le fait plus grimacer depuis longtemps. Ses bottes retrouvent ensuite la stabilité toute relative du sol, il chancelle et se tient le crâne avec la sensation que ses méninges vont bientôt tirer leur révérence. Soudain, une ébullition irascible carbonise ses viscères et fait frémir sa charpente. Un éclat de fureur qui le prend, et lui fait lancer la bouteille contre le mur le plus proche. Elle éclate en fracas et couvre les dalles de brisures.
« Bordel... » Il renâcle, lorsque sa truffe se lève enfin sur la présence inopinée du sylphe qu'il n'a pas entendu entrer. Il le regarde un moment, incertain de son identité, avant de bomber le torse dans une vaine tentative d'intimider.

« Tu veux quoi, toi ? Et comment tu m'as trouvé Fae... Fero... Faon..or... » Voici que le bougre ne peut même plus articuler le prénom de son adepte, s'envasant plus encore dans le ridicule ou la source de pitié. Il se désopile ensuite sans raison et entame un mouvement de recule, qui se heurte à des opuscules renversés. Gwenaël perd l'équilibre et choit, s'étalant de tout son long sur la pierre contre laquelle sa tête cogne. Il explose d'un hurlement endolori et continue de râler, de pester, tout en se recroquevillant sur lui-même, paluches tenant sa caboche meurtrie.

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Mer 28 Fév - 23:24



Peau de chagrin
Gwenaël & Fëanor

« Come hell, come high water, you push on me, I’m gonna push back harder. Got a whole lot more than little bit me left, so don’t put dirt on my grave just yet. »
Jusqu'au bout il y aura cru. L'Inquisition ne pouvait pas rendre son dernier souffle. Pas maintenant, pas ainsi. Dans l'esprit du dalatien, c'était tout bonnement impossible. Naïvement, il se disait qu'il y avait toujours un moyen de résister, qu'ils trouveraient une parade pour empêcher cette injustice, qu'ils ne laisseraient pas une harpie couronnée par la grâce d'un dieu qui n'existe probablement pas avoir le dernier mot. En pratiquement six années passées au sein de cette organisation, Fëanor avait appris qu'il ne faut jamais dire jamais, et que peu importe la situation une porte de sortie finit par se présenter. Même si parfois, elle est loin d'être comme on se l'imaginait. Et pourtant... Aujourd'hui, c'est un Fort Céleste désolé qu'il parcourt, le cœur serré. Tous sont partis ; ou presque. Ne restent que quelques pauvres âmes esseulées qui ne savent pas quoi faire de leur existence, et ceux qui refusent de se détacher des lieux – de leur demeure. Le mage fait partie des deux catégories à la fois. L'inquisition, c'est à la fois son foyer et sa vocation, il le ressentait jusqu'au plus profond de ses entrailles. Il se sent dépossédé d'une partie intégrante de ce qu'il est. Cette forteresse qui fourmillait de vie n'est plus que l'ombre d'elle-même. Un lieu presque lugubre, qui dégage une aura de vieille citadelle hantée. Ce qui, dans le fond, n'est pas si faux que cela. Même Huan ne semble pas comprendre ce qu'il se trame, tout en comprenant à sa façon que quelque chose ne tourne pas rond. L'animal passe son temps à déambuler, furette à droite et à gauche en geignant doucement parfois, ou aboie sur ceux qu'il croise, dans une tentative d'engager le jeu et d'égayer un peu les humeurs. Son maître le laisse faire. Pas le cœur à le retenir ni à lui courir après.

La plupart de son temps, Fëanor le passe à naviguer entre ceux qui furent Inquisiteur chacun leur tour. Là où il aurait pu prendre ses jambes à son cou et tenter de se faire un trou ailleurs, il est resté. Par loyauté autant qu'au nom de l'affection qu'il porte à ces deux hommes. Une fois déjà il a tourné aux siens. Pas une seconde. Peu importe ce qu'il adviendrait, il resterait. Et ce quand bien même les chiens en armure de cette démone de Faustine viendraient les chasser eux-mêmes des lieux.
Sa mine se fait un peu plus soucieuse encore en apercevant le sang qui macule le tissu entre les doigts de Falathar. La santé du vieil elfe ne s'améliore pas, ce serait même tout l'inverse, et le jeune mage craint désormais le pire, sans avoir osé le formuler clairement. Comme si cela allait précipiter les choses. Au rire de son aîné, il répond d'un sourire, malgré le cœur qui n'y est pas. Lui d'ordinaire si loquace s'est quelque peu muré dans le silence, depuis que la nouvelle de la dissolution de leur ordre est tombée. Aussi, Fëanor se contente d'opiner du chef ou de secouer vaguement la tête, la plupart du temps. Certains auraient pu trouver cela reposant, dans d'autres circonstances. C'est donc un signe silencieux qui tient lieu de réponse à la demande du dalatien. Ne lui en veut pas.  Il tâcherait de s'en souvenir.

Alors qu'il quitte la chambre de son pair dalatien, l'elfe tombe nez à nez avec son chien qui l'attendait patiemment là, assis face à la porte. Un semblant de sourire aux lèvres, il s'accroupit pour le flatter et lui ébouriffer son poil immaculé. Même si ce limier n'a clairement pas inventé l'eau chaude, il reste un compagnon fidèle qu'on est toujours ravi de voir.

- Eh, tu m'aides ? Je dois trouver Gwenaël. Cherche, mon chien, cherche ! A l'évidence très enthousiaste à l'idée de faire quelque chose pour son maître, Huan claironne de son timbre étonnamment fort quelques coups, le plumeau de sa queue battant la mesure, avant de sauter sur ses pattes pour détaler comme un lièvre. Fëanor le suit finalement jusqu'à la salle du Conseil. Avant d'y pénétrer, il félicite l'animal de quelques caresses.
Le triste spectacle qui l'attend à l'intérieur... Le mage aimerait pouvoir dire qu'il ne s'y est pas déjà habitué. Malheureusement, c'est le cas. Deux semaines à peine, et pourtant celui qui fut le seigneur de Fort Céleste n'est plus que l'ombre de lui-même. Méconnaissable. A chaque fois que ses prunelles se posent sur lui, une profonde tristesse le saisit. Oh comme il aimerait pouvoir faire plus... L'air confus de Gwenaël quand il remarque enfin sa présence ne le vexe pas. En revanche, quand il l'entend batailler avec son prénom sans pour autant parvenir à le restituer correctement, Fëanor a l'impression que sa douleur aurait été la même si on venait de lui planter une dague entre les côtes. Voilà donc où il en est aujourd'hui, alors. Incapable de se souvenir de choses aussi simples. La fierté froissée du dalatien voudrait le voir se venger, répondre d'une pique acide. Néanmoins, c'est tout le reste qui l'emporte, et il se contente d'un soupir, ravalant sa peine.

- Fëanor. C'est Fëanor, lethallin. Par l'utilisation de ce surnom affectueux, il espère apaiser quelque peu la situation. Car à en juger par l'état de la pièce, l'homme n'est pas dans les meilleures dispositions. Une nouvelle fois, un soupir passe le seuil de ses lèvres, plus lourd celui-ci, tandis qu'il lève les yeux au ciel quand son ami chute. Durant quelques instants il le laisse maugréer et jurer contre le monde entier si cela peut lui faire plaisir. Puis, le mage vient près de lui, posant un genou à terre dans son dos et lui saisit délicatement le bras pour essayer de le tourner dans sa direction. Ce serait bien que tu arrêtes tes conneries, maintenant. Je sais, ça fait mal. Et je ne parle pas de ta gueule de bois ou de ta tête qui vient de dire bonjour au sol. Mais tu ne peux pas passer le reste de ta vie à te lamenter. Ton père ne va pas bien. Pas du tout. Alors ce serait bien que tu rassembles un peu tes idées et que tu ailles le voir. Dans une tentative de joindre le geste à la parole, Fëanor tente de relever Gwenaël, en vain. Le bougre pèse son poids, et n'est pas très coopératif. Voilà que le dalatien se met lui aussi à bougonner. Faudrait que tu prennes un bain, bon sang... Je ne peux pas te traîner comme ça à travers toute la forteresse, fais un effort !

(c) DΛNDELION
Fëanor Halveri

Fëanor Halveri

I think I'd rather die
▲ MESSAGES : 115
▲ OCCUPATION : Apprenti diplomate
▲ COMPÉTENCES ET ARMES : Magie Entropique & Enchantement (expert) - Magie Spirituelle (novice) - Combat au bâton et auto-défense (moyen)
▲ LOCALISATION : Therinfal le plus souvent

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Ven 2 Mar - 13:11


la larme s'en va mourir, épuisée,
sur le sol de la destinée
peau de chagrin
***

Les syllabes elfiques ont un écho, à peine perceptible, mais un écho qui le rappelle un faible instant à la raison. Fëanor ne peut s'effacer de sa mémoire de la sorte, bien évidemment, bien que son égoïsme du moment souhaiterait qu'aucune des personnes qu'il aime aujourd'hui n'ait existé. Ainsi, il n'aurait eu personne à désenchanter, aucun témoin à son indicible médiocrité. Il ne veut plus de lethallin, plus de « fils », plus rien qui lui remémore qu'il a un jour été un quelconque symbole aux prunelles d'autrui. Mal, qu'il dit ? Il n'a point idée. Point assez d'imagination pour entrevoir, pour concevoir la souffrance qui lui torsade les boyaux et lui rend les sens gourds. Il n'a qu'envie de s'empaler le palpitant, à dire vrai, il est à l'orée d'implorer le dalatien de lui porter l'estocade comme point d'orgue à ses tribulations. Mais celui-là préfère rappeler à son bon souvenir que Falathar est en voie de trépas, effleuré par les bienfaisantes phalanges des Faiseurs qui désirent ardemment le rappeler à eux. L'illustration fait grogner le quidam alors qu'on s'esquinte à le redresser, et lui, paluche toujours vissée sur l'arrière de la caboche, fait le poids mort. Il n'a pas l'intention d'aider. Bien au contraire, il chasse gentiment mais énergiquement les mains qui s'agitent sur lui avec contrariété. « Je sais, bougre d'âne, je sais ! » Il roule sur le côté, présente son échine à l'elfe et choit dans de longues secondes de silence. Puis, il se met à maugréer dans sa barbe hirsute et sale, un cantique intelligible à lui seul, avant de se mettre à quatre pattes.

« Je l'ai veillé toute la nuit. J'n'ai pas fermé l'oeil. » Ses sorgues, lorsqu'il ne pocharde pas, il les passe aux abords de son pater adoptif, incapable de le réconforter, tout juste bon à contempler son état péricliter au gré des jours. A se demander comment ils en étaient arrivés là. L'Inquisiteur déchu se met à avancer, à l'image d'un clébard chétif, vision pitoyable du héraut de toute une peuplade. Il cherche un mur, un meuble, n'importe quoi apte à supporter son poids et avec lequel se relever. Une fois son dévolu jeté sur l'auguste cheminée, il grimpe prudemment sur ses pieds. « Ca te plaît de me le rappeler ? Qu'est ce que tu peux bien savoir des maux, toi, petit elfe des sylves. Ah oui, Arlathan, la Dalatie, ruines du passé, tout ça. Conneries d'Archivistes et de va-nu-pieds des Bascloîtres. » Le lion meurtri distille son venin, odieux mépris de celui qui se défend contre le mauvais antagoniste. Il fait du mage son bouc émissaire d'infortune, feignant de ne rien savoir de ses bonnes intentions. Et il n'est pas l'unique cible de sa causticité. « C'comme ce chien de Bastian, à croire qu'il sait tout mieux que tout le monde. Qui m'abandonne dans ma mouise par souci d'orgueil. Pfah ! » Le Van Markham est parti depuis de très longs mois, mais guère de son plein gré. Il y a eu cette erreur de commandement, la perte de maints soldats et cette altercation de trop. Ce jour maudit où les mots ont largement outrepassé les pensées, où les poings se sont accrochés. C'est Gwenaël qui, enragé, l'a ostracisé. « Il est le Créateur sait où en mer, à s'prendre pour un forban, pour un grand capitaine. Et moi ? Moi... »

Un nouveau mutisme, il se retourne et fait quelques foulées gauches. Il se frotte ensuite la tête en grimaçant, perdu dans son malaise et dans ses pensées les plus funestes. Il soupire lourdement, semble un instant recouvrir ses esprits.
« Fëanor... » Il renâcle tel un morveux malheureux. « Je ne veux pas que mon père me voie comme ça... » Il lève des yeux au voile scintillant sur l'enchanteur, le suppliant de le comprendre, de faire quelque chose – quoi que ce soit, pour estomper l'acuité de ses affects rudoyés.

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Sam 3 Mar - 22:41



Peau de chagrin
Gwenaël & Fëanor

« Come hell, come high water, you push on me, I’m gonna push back harder. Got a whole lot more than little bit me left, so don’t put dirt on my grave just yet. »
Sans surprise, Gwenaël est d'une humeur de chien. Non seulement il n'a aucune envie de faire le moindre effort, mais en plus voilà qu'il se met à vouloir chasser le dalatien comme s'il n'était guère plus qu'un insecte incommodant. Sachant qu'il ne fait pas le poids, Fëanor se laisse tomber sur les fesses avec un lourd soupir, agacé. Essayer de prendre soin de quelqu'un qui a décidé qu'il finirait au trente-sixième dessous quoiqu'il puisse se passer, ce n'est pas une sinécure. Ceci dit, le mage se convainc que ce n'est qu'une mauvaise passe. Son ami finira par remonter la pente, c'est certain. Le coup porté par la Divine est terrible, à tout les niveaux, mais il s'en relèvera. Tout comme l'Inquisition, qui elle aussi renaîtra de ses cendres, plus forte encore, un jour ou l'autre. Ces certitudes, il se les repasse en boucle dans son esprit pour continuer à se persuader qu'elles sont une réalité. Il en a besoin pour ne pas laisser la morosité et douleur éprouvées par l'homme en pleine perdition le gangrener à son tour. En ces temps troublés, il fallait qu'une personne tâche de rester solide. Falathar affaibli, son rejeton noyé dans le chagrin et la boisson, Fëanor estime qu'il n'a pas le droit de baisser les bras. Dût-il soutenir Gwenaël à bouts de bras pour le tirer de là.
Pour l'instant, on est loin d'une quelconque amélioration. Le dalatien se passe les mains sur le visage en grognant devant la scène qui se joue devant lui. L'Inquisiteur réduit à marcher à quatre pattes comme une vulgaire bête. Cela lui fait plus mal qu'il ne l'aurait cru. Ce n'est pas là l'homme qu'il a connu et appris à aimer. Ce n'est qu'une ombre de ce qu'il a pu être. Pour un peu, il en pleurerait de frustration de se trouver si démuni. Toujours posé sur le sol, le mage fronce les sourcils quand on l'attaque ; lui, mais aussi le Van Markham. Les absents ont toujours tort, n'est-ce pas ? Ah non il ne le laisserait pas cracher son venin sans rétablir quelques vérités.

- D'accord, ma vie n'a pas été une longue série de catastrophes jusqu'à présent, mais on ne peut pas dire qu'elle ait été un fleuve tranquille non plus. Je n'ai passé que quelques mois sur les routes entre l'instant où j'ai quitté mon clan et celui où j'ai passé les portes de Fort Céleste, mais est-ce que tu as seulement une idée de ce que mes oreilles ou mon don pour la magie m'ont attiré comme ennuis ? Non. Ce genre de détails, Fëanor les garde pour lui depuis des années, peu désireux de les partager. Non seulement parce qu'il n'est pas fier de ce qu'il a parfois dû s'abaisser à faire pour simplement pouvoir reprendre sa route sans ennuis, mais aussi parce que ce sont des pans de son existence qu'il préférerait oublier. L'agacement se faisant plus présent, il se relève pour faire face à son interlocuteur. Quant à Bastian, c'est toi qui l'as chassé, idiot ! Tu as la mémoire courte quand ça t'arrange, décidément... Sinon, je te parie ce que tu veux qu'il serait resté. Et que contrairement à moi, il n'aurait pas eu une telle patience et t'aurait botté l'arrière-train jusqu'à l'autre bout de Thedas pour te réveiller si nécessaire. Ah ça, ce n'est pas la délicatesse qui étouffe le bonhomme. Dans une situation pareille, cela aurait été utile, ceci dit. Bastian et ses aboiements lui manquent, il n'aurait jamais cru penser cela.

Voilà que le soûlard s'apaise, comme si soudainement, le bon sens se rappelait à lui. Un silence que le dalatien ne sait pas comment interpréter s'installe. La réponse lui vient quand l'homme s'avance, le regard larmoyant, avec l'air de porter toute la misère du monde sur les épaules, lui demandant implicitement de l'aide. Ou du moins le comprend-il de cette façon. Un peu comme si on venait de lui jeter un seau d'eau glacée sur la tête, Fëanor se calme immédiatement. S'énerver contre lui maintenant serait contre-productif. Après tout, il n'est pas lui-même. Doucement, le jeune mage pose une main dans le dos de Gwenaël et le guide vers l'extérieur de la pièce.

- Viens, on va tâcher de t'arranger ça. Déjà, tu as besoin de te laver un peu et d'enfiler quelque chose de propre. De manger, aussi. Si ça continue comme ça, on va bientôt sentir tes côtes. La pensée d'avoir cette flopée de marches à monter jusqu'aux appartements de l'Inquisiteur donne le vertige à l'elfe. Non, il allait falloir trouver autre chose. Rapidement, il trouve une solution de secours. En une poignée de minutes les voici arrivés dans la chambre que Fëanor occupe. Deux semaines auparavant, deux autres personnes y vivaient avec lui. A présent, l'un des lits reste inoccupé tandis que l'autre sert de panier à Huan. Le chien s'y trouve d'ailleurs, levant les yeux vers son maître en agitant gaiement la queue. Assieds-toi là, souffle-t-il en le poussant vers son plumard si désordonné qu'il ressemblerait davantage à un nid, je vais rapidement chercher de quoi te changer et faire un crochet par les cuisines voir ce que je peux y attraper. En attendant, commences à te décrasser avec cette bassine d'eau et le linge, juste là. C'est froid, mais je pense que ça ne te fera pas de mal. Je fais vite. Ni une ni deux, le dalatien plaque ses lèvres sur la tempe de Gwenaël, et quitte la pièce pour filer à la hâte à travers la forteresse.
En l'espace d'une vingtaine de minutes tout est rassemblé, et Fëanor retourne donc à sa chambre, tout en espérant que le bougre n'en aura pas profité pour au final s'éclipser vers une autre partie de Fort Céleste.

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Fëanor Halveri

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Lun 5 Mar - 15:00


la larme s'en va mourir, épuisée,
sur le sol de la destinée
peau de chagrin
***

Le Clabaud ? Oh, il aurait su faire, sans nul doute permis. Il aurait labouré toutes les landes de toutes les nations de Thédas pour en excaver la moindre pépite d'or si cela avait pu rendre son sourire à son frère de cœur. Il y aurait aussi été de son pire pugilat, de son plus âpre fiel pour fureter dans les tréfonds de son âme et de sa peine dans le but d'en essoucher le moindre iota de confiance. Il aurait même affronté les légions chantristes à mains nues s'il l'avait fallu. Il aurait simplement su quoi faire, peut-être, aurait été l'épice sur ce caractère trop suave qu'est Gwenaël. Rien que d'y songer, c'est ineffable à quel point le bélître lui manque, bien qu'il préférerait pour l'heure s'en étrangler plutôt que de le confesser. Fëanor n'a de toute façon guère besoin de verbes pour savoir, lui qui est témoin – et parfois victime – de cette singulière amitié depuis plusieurs années. Alors certes, il est celui qui a sommé son exil, mais il sait aussi la raison qui l'y a contraint. Un sujet sans confins qu'il abandonne, peine perdue dans l'état dans lequel il se complaît. Docile il se montre, lorsque le jeune mage l'approche et retente sa chance. Les calots sur le sol, il se laisse guider sans réelle volonté. De l'hygiène il n'a cure, des apports alimentaires, encore moins. Voilà très longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi léger – preuve en est même à présent, alors qu'il flotte dans ses habits qu'il faudrait ravauder. Plus grand chose n'est à sa taille, et ce n'est que l'aurore de sa dégringolade.

Il s'appuie sur son camarade, qui a de fait moins de labeur à le transporter qu'auparavant, bien que sa haute charpente ait tout de même un poids naturelle. Il se laisse promener jusqu'aux anciens dortoirs, désespérément vides aujourd'hui, et choit lourdement sur le simulacre de couche. Ses réactions demeurent engourdies et évasives, jusqu'à ce baiser qui bénit son crâne et l'extirpe de sa torpeur. Il observe le dalatien quitter les lieux en jurant d'y revenir promptement, puis envisage la bassine à proximité, vers laquelle il se déplace. Ses paluches rêches et diaprées de coupures plongent dans l'eau hyaline mais glacée dont il asperge son faciès. La sensation algide le fait frémir, le réveille davantage bien qu'il prenne pleinement conscience des litrons de liqueur ingurgités. Les heures auront loisir de défiler avant qu'il ne soit à nouveau sobre – pis encore, quand l'unique désir qui le tiraille est de pocharder de plus belle. Il aimerait être en mesure de ne pas désappointer celui qui s'échine tant à prendre soin de lui, mais la tentation est trop forte.

Lorsque Fëanor revient, le spectacle est somme toute inopiné. Les vêtements de l'Inquisiteur déchu recouvrent le pauvre Huan, qui n'a manifestement point eu le cœur à mouvoir de sa place. L'intéressé, lui,  semble avoir pris la poudre d'escampette le Créateur sait où. Les caches étant multiples et variées à travers toute la forteresse, plausible que nul ne revoie son crin rubigineux sous les faisceaux avant la sorgue. Toutefois, des bruits émanent subitement de la pièce contiguë. L'on y fouille vraisemblablement, l'on quête pour quelque chose en maugréant des propos inintelligibles. Un éclat de voix satisfait résonne lorsque l'objet de la recherche semble avoir été dégoté, puis à l'ancien héraut de réapparaître. Nu tel le premier des hommes, avec uniquement le linge de toilette en guise de perruque – réinventant ainsi un style pour le moins insolite. Toute sa virilité exposée aux prunelles du sylphe, il flâne sans honte ni pudicité. Une frasque, derechef, à l'antipode de ses habitudes.
« Oh, tu es là ! Regarde ce que j'ai retrouvé ! » Dans sa main dextre, trône une bouteille au contenu suspect, tant par sa teinte ocrée que par les corpuscules qui y baignent. « Zarok m'a laissé tout son stock, en disant que j'en aurais plus besoin que lui...un vrai génie. » Il débouchonne et la fragrance de la Pisse de Dragon envahit aussitôt les lieux, des effluves auxquelles l'adonis s'est visiblement accoutumé, puisqu'il les hume à pleines bronches. Le goulot se joint rapidement à ses lippes et il avale un gorgeon conséquent avant de s'aliter de tout son long à côté du canidé dont il tapote gentiment la truffe. « Bois avec moi Fea. » Il le lorgne. « Bois avec moi et je mangerai... un peu. Une gorgée, une bouchée ? »

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Lun 5 Mar - 18:19



Peau de chagrin
Gwenaël & Fëanor

« Come hell, come high water, you push on me, I’m gonna push back harder. Got a whole lot more than little bit me left, so don’t put dirt on my grave just yet. »
De toutes les scènes que le dalatien se serait attendu à trouver en passant la porte... Jamais il n'aurait parié sur celle-ci. La plus simple, la plus évidente, aurait été que Gwenaël se soit esquivé pendant son absence. En un sens, c'est un peu ce qu'il a fait... A ceci près qu'il a laissé ses vêtements derrière lui. La main encore sur la poignée de la porte, Fëanor fixe les fripes manifestement jetées à la hâte sur son malheureux chien, ce dernier le toisant par en dessous d'un air presque blasé. Un peu comme s'il voulait lui dire : Non mais sérieusement, tu le laisses seul dans son état et tu t'attendais à le retrouver sagement là où tu l'as laissé ? T'es un grand rêveur ! Un soupir passe le seuil de ses lèvres tandis qu'il referme la porte, pose son barda dans un coin, et va dégager Huan du linge qui n'en a guère plus que le nom. Il a décidément bien fait d'en apporter du frais, ce ne sera pas du luxe. Rien que de songer à l'ampleur de la tâche qui l'attend, à savoir fouiller chaque recoin de Fort Céleste pour retrouver son seigneur en berne, l'elfe en est déjà las. Lui-même est très bien placé pour savoir que les potentielles cachettes ne manquent pas. Sans doute n'ont-ils pas les mêmes, ce qui rendra la chose plus ardue encore.

Néanmoins il n'aura pas à s'en soucier, puisque du bruit lui parvient depuis la pièce voisine. A l'instant où il se lève pour aller voir ce qu'il en est, c'est un Gwenaël dans le plus simple appareil qui fait son entrée. Une bouteille à la main, le linge qui aurait normalement dû servir à le laver sur la tête, et très enthousiaste. Désespéré par le ridicule de la situation le dalatien laisse son visage tomber dans le creux de sa main avec un profond, très profond soupir. Pas le temps de s'apitoyer sur son sort ceci dit. Quand il passe près de lui, il se dresse sur la pointe des pieds pour saisir le morceau de tissu et le lance dans la bassine d'eau.

- Evidemment que je suis là, felasil... maugréé-t-il en croisant les bras sur son torse. La nudité de l'Inquisiteur ? Oh, il n'en fait pas grand cas. Certes c'est un peu gênant car il ne peut pas dire que ce soit dans ses habitudes de se promener ainsi d'ordinaire, mais de la façon dont Fëanor a été élevé, ce n'est pas ce genre de choses qui risquent de le choquer. Même s'il avoue qu'il préférerait le voir enfiler un pantalon, au minimum. D'ailleurs, il a tôt fait d'attraper l'une de ses couvertures pour couvrir Gwenaël après qu'il se soit échoué près de Huan avec la grâce d'un phoque sur la plage. Un vrai génie ou un parfait abruti, ça dépend des opinions. Rien qu'à voir le contenu de la bouteille, l'elfe se sent nauséeux. Est-ce vraiment fait pour être bu, ce liquide douteux ? Il semblerait, vu la vitesse à laquelle l'autre homme l'ingurgite. Ceci dit, au vu de son état, que refuserait-il de boire, à partir du moment où ça s'approche de près ou de loin de l'alcool ? Frustré, le dalatien lève les yeux au ciel pour la énième fois de la journée. Lui qui voulait le dessoûler, voilà qu'il s'enfonce encore davantage dans la boisson. Et comme si ça ne suffisait pas, maintenant il veut négocier pour manger. Comme un gosse qui rechignerait devant le dîner que ses parents lui mettent sous le nez. Le souci... C'est qu'il a beau réfléchir, Fëanor ne parvient pas à trouver d'alternative raisonnable à ce marchandage. Le gaver de force comme une volaille ? Tentant. Mais contre-productif. Non, il n'a pas vraiment d'autre choix.

- Bien, tu as gagné. Il attrape le pain et la viande séchée avant de venir s'asseoir à côté de lui avec un soupir. Mais tu as intérêt à tenir parole, sinon je te jure que je te le ferai regretter. D'un geste leste le mage lui ravit la bouteille et avant de changer d'avis, en prend une lampée. Ce qu'il regrette sur le champ. Non seulement le goût est atroce, mais en plus sa langue et sa gorge le brûlent comme il n'aurait pu l'imaginer, faute d'avoir jamais goûté à un quelconque alcool. C'est bien simple, il en a les larmes aux yeux et tousse comme s'il avait un fauve coincé dans la gorge. Mythal me vienne en aide, c'est atroce... ! Quelques toussotements supplémentaires lui secouent les épaules, ce qui ne l'empêche pas de tendre la nourriture à un Gwenaël qui doit certainement trouver la situation désopilante. Tu manges. Pour ce qui est de la toilette et des vêtements propres, eh bien ça attendrait. Une chose à la fois, rien ne sert de courir. S'il parvient déjà à lui faire avaler autre chose que du liquide, ce sera bien.

Une bonne demi-douzaine de gorgées plus tard, l'elfe regrette amèrement sa décision. Il se sent comme enveloppé dans du coton, les sens engourdis, la tête lui tourne et il a la dérangeante impression que rien n'est vraiment fixe. Pas même le lit sur lequel ses fesses sont posées. Sans compter qu'il commence à avoir chaud, et que pour une raison quelconque, une profonde mélancolie se fait de plus en plus présente, s'insinuant sournoisement. Fëanor a l'alcool triste, mais cela il ne le comprendra qu'une fois de nouveau sobre.

- J'sais pas pourquoi j'me fatigue... De toute façon t'en fais toujours qu'à ta tête ! Plus buté qu'un cochard en rut... Voilà qu'il se met à renifler pitoyablement, passant l'une de ses manches sur ses yeux. Je laisse tomber tout et le monde de toute façon, j'sais même pas par quel miracle je suis encore là. Réalisant qu'il commence à trop en dire, le dalatien préfère clore fermement ses lèvres. Le silence sera toujours préférable que dévoiler des détails qu'il ne veut pas voir révélés.

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Fëanor Halveri

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Jeu 8 Mar - 14:38


la larme s'en va mourir, épuisée,
sur le sol de la destinée
peau de chagrin
***

Le mis au ban ne peut croire que sa suggestion triomphe, lui qui n'est jamais parvenu à faire goutter la moindre liqueur sur les papilles de ce chaste Fëanor. A croire que les vicissitudes lui sont préférables à une atmosphère de liesse dans le cœur d'une taverne. Une attitude biscornue dont il a toujours mis la faute sur le manque de goût pour la boisson, somme toute désagréable dans les premières lampées de son existence – mais y a t-il une quelconque raison sous-jacente ? Ils se coudoient, ils s'aiment aux prunelles du monde et des déités, mais nul ne se livre dans son exhaustivité et chacun couve encore quelques viscéraux secrets. Disparates mais désespérément liés, il se demande encore aujourd'hui quelle est cette arcane sous laquelle leur relation fleurit, luminescence divine qui a fait germé ce lien si singulier. Même s'il en fait le bouc émissaire de ses humeurs acariâtres, dans quelle marre de pluie et de pisse pataugerait-il sans lui. Une gratitude muselée depuis le départ des féaux qui faisaient de cette place forte un havre de vie, c'est qu'il n'a plus le cœur à exprimer autre chose qu'une profonde mélancolie depuis. Il salue pourtant ce que l'elfe s'apprête à faire, cette lisière qu'il va sauter dans l'unique but d'alimenter cette pauvre hère à ses côtés. En guise de serment, ce dernier lève la paluche et emprunte un air solennel, scellant ainsi le pacte du breuvage contre le gueuleton. Il guette avec un indicible amusement la réaction du bougre qui s'y risque, goulot aux lippes, et glaviote ses tripes une fois défloré de cette foutue eau-de-vie naine. Il s'esclaffe et lui tapote le rachis pour l'aider à se remettre de tant d'émotion. « On s'y habitue plus vite qu'on ne l'pense ! » Car une fois les organes liquéfiés sous la première gorgée, il n'y a plus rien à faire souffrir. Il saisit ensuite les denrées et, faisant preuve de bonne foi, arrache un conséquent morceau de pain puis de viande directement avec les crocs. Un sourire s'évase tandis qu'il mastique, fier de lui montrer qu'il tient parole à son tour.

Le temps passe, les gorgeons et les bouchées également. Gwenaël a la panse déjà pleine, pour peu dont il s'est nourri ces dernières semaines, aussi peine t-il à déglutir ce qu'il mâche péniblement depuis quelques minutes. A demi alité sur la couche, il s'amuse d'une vieille couture marquant la face antérieure de son avant-bras, un peu plus de teinte aux pommettes mais toujours sous une emprise relative de sa pochardise. Par manque de vigilance, il ne remarque pas l'ivresse qui s'installe également chez le mage, bien moins robuste qu'il ne l'est en la matière. Une négligence qui les précipite inexorablement vers un brûlant conflit. Les propos tenus essouchent violemment l'adonis à sa rêverie, qui prit de cours, dresse une mine déconfite. Il avale ce qui obstrue sa cavité buccale, bascule en position assise et se perd dans la confusion d'une véracité qu'il ne soupçonnait pas. Ou refusait de soupçonner. Le chagrin de la véracité si aisément énoncée se mue en contrariété, en une ire qui flamboie dans les calots endurcis. Il sourcille et se lève, prenant la couverture précédemment lancée pour camoufler ses attributs en guise de pagne de fortune, puis s'éloigne.

« C'est donc ça... c'est tout ce que tu penses en réalité. » Les babines torsadées en une mimique de dégoût, il se met à faire les cent pas. La vésanie le prend à l'encéphale, l'ivraie de l'alcool lui faisant exacerber le différend là où il se devrait de le dulcifier. « C'est la pitié qui t'a fait rester jusque-là ? Hein ? C'est tout ce que je t'inspire maintenant ? C'est ça ?! » Brasier aux boyaux, il tente de contenir la rage qui se bâfre de sa retenue, mais explose et revient brutalement vers le dalatien sur lequel il se penche, l'obligeant à s'allonger presque entièrement sur le lit pour éviter la collision. « DIS MOI ! » Qu'il s'époumone, prêt à lui percer les tympans et même à le croquer à la gorge. Les yeux dans les siens, il scrute, figé dans sa position de prédateur encoléré, canines sorties et souffle haletant. Après de longues secondes, il semble se calmer, au moins suffisamment pour cesser son agression physique. Aussi se relève t-il, non sans arracher la bouteille des mains de son ami avec lequel il creuse derechef la distance. « Tu vaux pas mieux que Bastian. Pas mieux que les autres. Toi aussi tu finiras par dire que j'ai trahi l'Inquisition en signant cette dissolution ? C'est facile de juger quand on a toujours fait que suivre les ordres et jamais les donner ! Merdeux d'hypocrites. Tu sais quoi Fëanor ? » Il lui lance une oeillade assassine et articule outrageusement sa prochaine tirade. « Nuva Ghi'lan'na'in then asa shud ove arsyl o'tarasyl, i dirash na in masa dur su an'banal ! »

Il lance grossièrement sa paluche pour accompagner l'idée de son insulte, claque du lingual sur son palais en guise de réprobation. Puis il fait volte-face et se laisse choir sur la couche la plus éloignée de l'enchanteur, assis dos à lui, épine dorsale voûtée et tête penchée vers le sol.


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Jeu 8 Mar - 20:51



Peau de chagrin
Gwenaël & Fëanor

« Come hell, come high water, you push on me, I’m gonna push back harder. Got a whole lot more than little bit me left, so don’t put dirt on my grave just yet. »
Ce déchaînement de mauvaise humeur, de colère, Fëanor ne s'y attendait pas le moins du monde. Comment aurait-il pu le deviner ? De mémoire, jamais l'Inquisiteur ne s'était à ce point emporté contre lui. Bien sûr, il est arrivé plus d'une fois que l'elfe, par son comportement, ait atteint les limites de la patience de son ami. Mais ce genre de réactions... Quelque chose d'aussi impressionnant, il s'en serait souvenu. Surtout à son encontre. Choqué par ces éclats de voix presque autant que par l'attitude très agressive de Gwenaël, le dalatien en reste interdit, ayant tout juste eu le réflexe de s'aplatir sur le matelas pour éviter qu'on le percute. Le fil de ses pensées s'interrompt instantanément, ses prunelles perdues dans celles de son vis-à-vis. Car perdu, il l'est. Il ne sait plus quoi faire, quoi dire. Il a l'impression que peu importe ce qui passera le seuil de ses lèvres, cela ne fera qu'aggraver la situation.
Finalement, l'homme s'éloigne, laissant un Fëanor égaré. Sur les coudes, le souffle court, il essaie de rassembler ses esprits. Comment ? Pourquoi ? Il réalise à peine ce qu'il vient de se passer. Et quand ses neurones parviennent à rassembler le tout en quelque chose de cohérent... Etrangement, ce n'est pas la tristesse qui l'accable, mais plutôt la colère qui l'emporte. La mine contrariée, il se redresse pour mieux se relever, et ce quand bien même l'alcool le fait tanguer sur ses appuis ; puis se lance dans une diatribe acide.

- Arrête de croire que le moindre pelé du continent t'en veut ! Tu me demandais ce que je sais, moi petit elfe, des douleurs de ce monde ; et bien maintenant je te demande ce que toi, shemlen, tu sais de ce qu'est la vie d'un dalatien. T'as beau avoir été élevé par l'un d'entre nous et brûler d'en être un, tu ne le seras jamais ! Tout comme tu ne comprendras jamais la souffrance qui est la mienne d'être loin de mon clan. Ses mots vont blesser, mais dans sa confusion le mage ne s'en rend pas compte, il ne réalise pas la portée de ce qu'il balance avec une certaine hargne à l'encontre de celui qui fut l'Inquisiteur. Non, c'est pas par pitié que je suis resté. Si je suis encore là, c'est parce que j'ai aimé l'Inquisition pour ce qu'elle m'a offert, et que je l'aime aujourd'hui encore. Je suis resté, parce que j'ai pas pu supporter de te voir sombrer comme ça. Je suis resté, parce que Falathar en a besoin, pas forcément de moi en particulier, mais au moins quelqu'un qui sache tenir debout sans se casser la gueule toutes les deux minutes. Je suis resté, parce que je voudrais pouvoir cracher au visage de la Divine et lui dire d'aller se faire foutre chez Fen'Harel. Et je suis resté parce que je t'aime, espèce d'abruti fini ! Sa voix, qui montait crescendo, se brise sur la fin de cette phrase. La fatigue, l'alcool, ce qu'il a pu enfouir dans un coin de son esprit en se jurant de ne plus y toucher ; tout cela refait surface avec la violence d'une lame de fond sous laquelle il cède finalement. Ses larmes il tente pourtant de les retenir, même éméché Fëanor considère toujours que pleurnicher est une preuve de faiblesse, et qu'on ne l'y prendrait pas. Echec critique. S'il est démonstratif par ses gestes, le dalatien l'est beaucoup moins dans ses mots. Et ceux-là, jamais il ne les avait adressés à qui que ce soit auparavant. Un regret qui le prend soudainement à la gorge et le ronge d'une culpabilité brûlante. Il aurait dû le dire à ses parents. A Fensas, qu'il a aimé comme un frère. A Fenara, sa plus chère amie pour laquelle aujourd'hui encore il traverserait l'entièreté de Thedas et se jetterait dans les gueules béantes du dragon à deux encéphales de Tevinter sans une once d'hésitation, si nécessaire. Par sa propre faute, il les a perdus. Ce qui le terrorise à présent, c'est de perdre le peu qui lui reste.

Avec un reniflement, l'elfe s'approche du seigneur déchu, légèrement penché vers l'avant, bras croisés sur la poitrine. Il sait ce qu'il voudrait exprimer, mais la boisson rend ses pensées brouillonnes et pataudes, ses mots s'entrechoquent et se cognent dans sa boîte crânienne, le laissant silencieux et hésitant durant de longues minutes de silence. Jusqu'à ce que finalement, il se décide sur quelque chose.

- Gwenaël... Lethallin. Commence-t-il d'un ton encore incertain, le timbre quelque peu tremblant. Ir abelas, je ne pensais pas ce que j'ai dit... Enfin, tu vois ce que je veux dire. J'espère... Lentement, il ose s'avancer un peu plus, levant une main pour la poser sur l'épaule juste devant lui. J'ai tout perdu parce que je rêvais bêtement de liberté. J'ai plus de famille, plus de clan, l'Inquisition n'existe plus, t'es tout ce qu'il me reste. Et ça me tue de te voir dans cet état. Malgré le risque que Fëanor prend sciemment de se faire sèchement repousser, il s'assoit sur le bord du lit et vient simplement se pelotonner contre le bras de Gwenaël, plaquant sa joue contre la peau de l'homme. Je veux pas te perdre parce que je suis un idiot, c'est tout...

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Fëanor Halveri

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Dim 11 Mar - 12:18


la larme s'en va mourir, épuisée,
sur le sol de la destinée
peau de chagrin
***

Un fielleux remugle de rancoeur faire varappe le long de sa trachée, ça lui remue tripes et boyeaux et lui donne envie de gerber son hostilité à la gueule d'un Thédas qui n'est guère plus dans son palpitant. Ne rien attendre en retour de sa philanthropie, son pater l'avait prévenu, mais même aguerri de cette décennie de règne au sein de l'Ordre réprouvé, il souffre indiciblement de l'inertie du monde face à ce météore ayant chu au coin de sa caboche. Un paroxysme d'iniquité qui en incommode bien peu – ainsi va l'existence et ce fichu fatum. Plus que ne pas pouvoir s'en remettre, Gwenaël se refuse à aller mieux, saigné à blanc qu'il se sent, plus seul qu'il ne l'a jamais été même à travers ses pérégrinations en solitaire. La présence du dalatien lui apparaît subitement illusoire, un onguent fallacieux qui n'a hypothétiquement rien d'autre à faire que d'observer la vésanie de près. Son réquisitoire vénéneux ayant inoculé suffisamment de toxines en l'être du sylphe, c'est au tour de ce dernier de fulminer et de s'épancher de son acrimonie. Bien que surpris par le retour de flammes, le martyr ne se meut point et accuse la satire avec une éloquente faiblesse. Avec tout l'égotisme de l'instant, il n'arrive à considérer les tribulations qui accablent son camarade autrement que par un mutisme. Une veulerie qui a au moins le mérite de ne pas davantage enténébrer le différend, déjà bien assez corrosif à son goût. Plus l'intonation se corse et se brise, plus il rentre la tête dans les épaules et se racornit, posant ses paluches sur son crâne comme si sa précaire volonté aurait pu construire un exosquelette autour de lui. Il lutte si farouchement pour ne pas galoper jusqu'à la cime des remparts et y prendre son essor vers un sort plus envieux que la putrescence psychique, qu'il ne remarque pas tout de suite Fëanor approcher. Avec une once d'effort et de lucidité, il se met à concevoir les vicissitudes qui l'ont cahoté au même titre que lui, et ces motifs qui l'engluent dans cette fantomale citadelle. Il craint qu'à force de perdition, il ne fasse de cet ultime appui un énième ennemi.

Si les syllabes de son prénom le tétanisent, celles plus suaves et significatives de l'elfique le réconfortent. Un léger soubresaut anime son enveloppe meurtrie aux phalanges qui épousent son trapèze, il redresse sensiblement le chef, l'oreille tendue à défaut d'un regard concentré. La note lénifiée le séduit à l'instar d'un cobra prêt à danser, inexorablement envoûté, derechef docile bien qu'inapte à s'exprimer. Après un long moment à laisser le doute s'instiller, son bras enlace précautionneusement la taille de son ami, qu'il unit un peu plus à lui. Sa tête se soude à la sienne, geste plus hyalin que tous les pardons, une frêle quête de rédemption qu'il n'est pas certain être en mesure de mener à bien.


***

Les effluves ondoient en arabesques, bâtons d'encens plantés dans la terre meuble dont la fragrance valse jusqu'au naseau, et se perd en direction du firmament. La voûte céleste est d'un opale pesant, la neige pressant sur les nues pour choir dans les jours à venir. Fort Céleste n'est que ruine. D'ores et déjà sclérosée dans le temps, les miséreux ne se comptant plus qu'au nombre de trois. Deux, depuis cette nuit, où un cor de deuil et de trépas a retenti. Falathar le bienveillant, l'astre de bien des bergers et ouailles, a exhalé sa quintessence et n'est plus que carne. Fauché par la morbidité, occis par le désespoir de n'avoir aucune panacée à présenter à son enfant. Aux premiers faisceaux matutinales, ils s'en étaient venus l'inhumer dans la déférence des rites dalatiens, au cœur même du plus bel endroit des jardins qu'il s'était échiné à conserver de son vivant. Au seuil d'un auguste arbre dont les feuilles pluvinent de l'épaisse frondaison, le prédécesseur, le père, repose dorénavant. Devant la sépulture tout juste confectionnée, Gwenaël est agenouillé, paumes et ongles maculés de terre sur les cuisses.. La faciès est creux, cerné et humecté de toute la peine du macrocosme. Mutique, recueilli dans l'opacité de ses réminiscences et de ses doléances silencieuses, voici qu'il se sent toucher le fond. Dans son râble se tient l'obligé prêtre de cérémonie, qui libéré de son malheureux office, ne peut être que le témoin impuissant de cette nouvelle tragédie. Huan et Ashrak sont également présents – la monture inquisitrice musardant dans la forteresse comme bon lui semble depuis une semaine – le quatuor formant un bien piètre arroi mortuaire pour un si grand homme.

Le héraut, désenchanté, se mord la lippe. Sapidité ferreuse qui imprègne ses papilles, il se contracture dans son entier, cervicales endolories à soutenir cette tête alourdie et transie dans la patenôtre. Un seime prend possession du rachis, le carcan autour du gosier se serre et l'émotion se fracasse à l'instar d'un ressac sur les récifs. Etouffée, déniée, ravalant la sempiternelle et éprouvante catharsis des pleurs qui joute pour conquérir. En dépit des efforts, les bronches finissent par siffler et les râles s'amplifient, envoyant la vaine restriction voler en mille brisures. L'orphelin ne peut se contenir, éploré, il chante la psaume de son chagrin avec intensité. Hymne au décès et aux funérailles.

Le dracolisk, béni d'un bien suffisant intellect pour comprendre les circonstances, s'approche de l'adonis. Un étonnant et saisissant ronflement plaintif s'évade du museau qui vient mangeotter les cheveux de la tempe, et durant un déchirant moment, la bête larmoie au diapason avec son maître.

« Fëanor... » Appelle le phonème écharpé, tandis qu'une main tremblante se réfugie dans l'encolure de le créature reptilienne. Entre reniflements et soupirs, la sentence tombe. « C'est terminé. » La déclaration est équivoque, mais il ne parle pas de son parent disparu. Il fait subrepticement mention de tout ce qui demeure encore, de cette flammèche de subsister qui vient de s'éteindre dans un crépitement.

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Jeu 15 Mar - 11:26



Peau de chagrin
Gwenaël & Fëanor

« Come hell, come high water, you push on me, I’m gonna push back harder. Got a whole lot more than little bit me left, so don’t put dirt on my grave just yet. »
Le jour est funeste. Bien plus qu'aucun de ceux que l'elfe a pu vivre au cours de sa courte existence. Ce n'est certes pas la première fois qu'il doit faire ses adieux à un camarade ayant partagé ses convictions au sein de l'Inquisition, mais la situation est ici différente. Aucun de ceux qui ont péri n'étaient réellement proche de lui. Aucun d'entre eux n'était un enfant perdu de la lointaine Dalatie. Aucun n'avait été un tel symbole aux yeux de tant de personnes. Subitement, la citadelle se trouve comme dépossédée d'une part de son âme. Le ciel lourd de nuages d'un blanc cotonneux au dessus de sa tête n'enchante pas Fëanor comme c'est d'ordinaire le cas. A vrai dire, il n'a même pas porté la moindre attention aux nuées depuis que la nouvelle est tombée. Au cœur de la nuit, Falathar s'est éteint. Le mage s'en veut de ne pas avoir été présent à cet instant. La fatigue l'avait poussé à somnoler dans une pièce voisine, habitué à  grappiller autant de repos qu'il peut se le permettre dès qu'une occasion se présente. C'est le long hurlement plaintif que Huan adressait à la voûte céleste qui l'a tiré de son sommeil. En l'espace d'un instant, il a compris quel drame se jouait. Trop tard. Pour tenter d'apaiser sa culpabilité, l'elfe se répète depuis que quand bien même il aurait été là, cela n'aurait rien changé. S'il était doué de dons de guérisseur, il le saurait depuis longtemps. Non, lui n'est bon qu'à détruire ou faire miroiter des mirages aux yeux des autres. Parfois même aux siens. Son inutilité au cœur de cette tourmente le frappe avec la violence d'un coup en plein estomac. Néanmoins ce n'est pas seulement la maladie qui a emporté son aîné, il le sait. Impuissant qu'il a été à redonner espoir à l'ancien Inquisiteur, Fëanor redoute qu'il soit à présent tout aussi impuissant face à son fils. Les jours défilent, et malgré l'acharnement qu'il montre à tenter de lui tenir la tête hors de l'eau, il le sent sombrer de plus en plus. Les choses seraient-elles différentes s'il n'était pas ici ? Le doute l'étreint parfois.

Malgré tout, il y a une dernière faveur qu'il peut offrir à Falathar. Les souvenirs des us et coutumes de son peuple dans ces circonstances funèbres sont encore frais. L'elfe a été un modèle pour son cadet, quand bien même celui-ci n'en ait jamais soufflé mot à quiconque ; il s'en serait voulu de le laisser ainsi. Une nouvelle fois, le jeune mage prend conscience que son incapacité à exprimer clairement ses ressentis revient le tourmenter. A présent que Falathar n'est plus, il prend toute la mesure de ce qu'il aurait aimé lui dire. Trop tard pour cela, n'est-ce pas ? Rongé par la frustration, il ne peut que serrer les mâchoires, ses prunelles sombres fixant un point imaginaire, quelque part devant lui. Contre sa jambe, Huan geigne si faiblement que son maître est le seul à pouvoir l'entendre. L'empathie propre à son espèce le pousse à extérioriser toute la peine qu'il perçoit sans même réellement comprendre son origine. Par réflexe plus qu'autre chose, le dalatien caresse la nuque de l'animal du bout des doigts.
Lorsque les pleurs de Gwenaël s'élèvent au milieu des jardins, les paupières du dalatien se closent fermement. Comme s'il refusait l'évidence, comme s'il cherchait à fuir une réalité qui lui déplaît davantage à chaque minute qui passe. Ce sont également ses propres larmes qu'il cherche à refouler, persuadé qu'il n'a pas le droit de se laisser aller dans un moment pareil. Son chagrin, il le laisserait s'exprimer plus tard. Pas maintenant. Même si l'émotion le prend à la gorge et lui laboure les entrailles, même s'il meurt d'envie d'imiter le dracolisk et d'aller lui aussi tenter de réconforter ce seigneur déchu qui n'est sur l'instant rien de plus qu'un enfant en deuil. Une voix lui murmure qu'il a besoin d'espace. Il serait malvenu de s'imposer.

Il faut que son prénom résonne à ses oreilles pour que l'elfe rouvre les yeux. Incapable de produire le moindre son, il se contente de porter le regard sur son compagnon, attendant le reste de la phrase. Et quand celle-ci vient, il ne sait pas quoi en penser. Que veut-il dire par là ? Sourcils légèrement froncés sous le coup de l'incompréhension, Fëanor tente de mettre bout à bout les maigres informations dont il dispose. Sa voix finit par lui revenir au bout d'une petite dizaine de minutes.

- Non. Tu peux encore t'en relever. L'Inquisition le peut, elle aussi. Je ne sais pas pour toi, mais personnellement je refuse de laisser Faustine gagner. Cette femme va causer plus de dégâts que ce n'est déjà le cas, et si l'Inquisition ne se lève pas pour tenir tête à la Divine, qui d'autre le fera ? Je sais que pour le moment la situation semble désespérée, mais... Un soupir lui échappe, l'émotion transparaît un peu trop à son goût dans son timbre, le forçant à marquer une pause avant de poursuivre. L'avantage quand on touche le fond, c'est qu'on ne peut que remonter.

Sûrement est-il trop naïf, mais à cet instant le mage a besoin de croire que cette descente aux enfers ne durera pas. Il a besoin de croire qu'ils se relèveront, même si cela paraît irréaliste.

(c) DΛNDELION
Fëanor Halveri

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Lun 19 Mar - 16:15


la larme s'en va mourir, épuisée,
sur le sol de la destinée
peau de chagrin
***

Terminé, le point d'orgue de tout, le crépuscule d'un Gwenaël qui n'est plus qu'un spectre à lui-même. Si une espérance cacochyme avait pu jadis survivre dans cet océan de breuvage qu'est devenue sa personne, tout est désormais aride, infécond à jamais, il se le dit. A quoi bon porter l'optimisme aux nues et s'en faire un héraldique, lorsque tout n'est plus que ténèbres, qu'aucune luminescence ne vient plus transpercer l'opacité complète de son monde. Et il se persuade que nul dans ce microcosme ne peut comprendre – pis encore, qu'il n'est aujourd'hui plus que le réceptacle de la pitié d'autrui, non plus d'un quelconque autre affect. Car c'est tout ce qu'il s'inspire lui-même, incapable de se regarder en face, même désireux d'omettre qui il a été et qui il ne sera pas. Ses doigts frémissent en caressant le cuir rugueux du dracolisk, le silence n'étant itérativement violé que par les plaintes des deux animaux trop emphatiques. Fëanor ne répond pas immédiatement, son ami le pochard se persuade que c'est mieux ainsi, qu'il n'y a rien à y redire. L'innommable réalité s'exprime d'elle-même, n'y a plus de terme pour décrire l'horreur incarnée. La manche se frotte au faciès pleurnichard pour y estomper les macules de perdition, c'est à se demander d'où apparaît le liquide saumâtre de ses calots, tant il lui semble avoir versé et déversé des litres entiers. Orphelin une seconde fois, dans les pires circonstances qui puissent être, son fatum est ainsi, l'abandonné sur le bord du sentier avec uniquement ses yeux pour chialer. Il fait finalement l'effort de se hisser sur ses pieds, non sans s'aider d'Ashrak qui lui permet une meilleure stabilité. A peine redressé, toutefois, l'écho d'une voix vient danser dans le charnier de ses espoirs pour tenter de les ranimer. Une tentative éperdue qui soulève les derniers corpuscules d'un rêve bleu, geste attentionné altéré par les ressentis miasmatiques qui se mettent en branle et causent une éruption prévisible.

« TAIS-TOI ! FERME-LA !! »
Gwenaël fait brutalement face au sylphe, aboyant comme un beau diable à s'en déchirer les cordes vocales et engendrant même la fuite du dracolisk qui bondit un peu plus loin. Ses prunelles dégueulent un brasier de rage, et cette fois, il n'est pas question d'ébriété. « Je n'en PEUX PLUS de ton optimisme à la con ! Ouvre les yeux Fea, regarde autour de toi et affronte la réalité au moins une fois dans ta vie ! » Le rugissement résonne dans la cour, dans toute la forteresse, l'hymne à l'ire est prêt à dilacérer le firmament. Le démon s'agite, désigne les ruines qu'ils habitent depuis trop longtemps. « L'Inquisition est morte ! Mon père est mort ! Faustine a eu ce qu'elle voulait, elle a gagné... Je n'ai jamais eu la force pour la combattre. » Le constat est douloureux, mais il refuse de porter des orbières. Plus maintenant qu'il a absolument tout perdu dans une bataille au triomphe inenvisageable.

Quelques secondes fluent, algides et pesantes.Tout à coup, le sieur déchu se rapproche, se parant de l'impression d'être sur le point d'entamer un pugilat avec le mage. Arrivé à sa hauteur, il le cogne effectivement, mais de tout son corps tremblotant. Son tendre confident, il l'emprisonne dans une étreinte violente de passion, communiquant à jamais tout son éréthisme à travers les moindres pores de sa carnation. Les soubresauts sont électriques, les paluches du naufragé pétrissent vigoureusement l'échine de l'elfe dont il désire nieller le souvenir du moindre muscle dans son esprit. Les naseaux fondent contre le cou dont ils inspirent le parfum à pleins poumons, les lippes même, dans leur fol élan, goûtent la peau satiné quitte à se montrer trop conquérantes. Lorsqu'il se détache, ce n'est que pour saisir son visage et conglomérer leur front l'un à l'autre, forçant une proximité dont il s'enivre pleinement. La pointe de son nez effleure celle de Fëanor, les paupières tirées, il profite de cette indicible communion qui constitue son ultime douceur. Il harpe ensuite les organes oculaires gémeaux, plonge dans leur abysse, sans parvenir à retenir les larmes qui perlent derechef de ses propres gemmes tourmentées. C'est là, que dans un souffle moribond, il poignarde.
« Va t-en. » Lentement, comme si le simple fait de se mouvoir lui demandait tous les efforts du monde, il rompt le contact et recule. Juge inexorable qui se sclérose dans sa décision, il tranche. « Je ne veux plus te voir ici. » Il lui tourne le dos. Le passé est passé.

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Lun 26 Mar - 13:18



Peau de chagrin
Gwenaël & Fëanor

« Come hell, come high water, you push on me, I’m gonna push back harder. Got a whole lot more than little bit me left, so don’t put dirt on my grave just yet. »
A cet instant, il y a peu de choses que Fëanor ne donnerait pas pour se sortir de ce cauchemar. Pour enfin respirer librement, pouvoir réellement dormir, manger autre chose que quelques miettes sans avoir la nausée. Chaque geste, même le plus infime, lui semble être devenu pénible. Ne serait-ce que parler lui apparaît comme une véritable épreuve, parfois. Pourtant l'elfe est persuadé que cette douleur qui est la sienne ne peut en rien se comparer à celle ressentie par l'ancien Inquisiteur. En l'espace de quelques semaines, celui-ci a tout perdu -ou peu s'en faut. Fort Céleste est devenu si vide et silencieux qu'on se croirait dans une nécropole. Ce qu'il vient plus ou moins de devenir par ailleurs, quand ils ont inhumé la dépouille de Falathar au sein des jardins.
Au delà de la dureté de la réalité des choses, Fëanor n'a malgré tout pas l'intention de fuir. Il est prêt à demeurer ici, là où il pense qu'est sa place. Où irait-il, de toute manière ? Le constat est simple, hors de cette forteresse il redevient le pauvre hère qu'il était avant qu'il ne rejoigne l'Inquisition. Plus de clan, plus de famille, plus d'amis... Tout ce qui lui reste se trouve ici. Alors même s'il est parfois tentant de prendre la clef des champs, il s'y refuse. Prendre la solution de facilité, ce n'est pas ce qu'on lui a enseigné durant ces dernières années. A vrai dire, ce qui mine le Dalatien est sa propre incapacité à alléger la peine de Gwenaël. Ses mots se heurtent à de l'indifférence, le plus souvent. Cela ne l'empêche pas d'essayer, encore et encore. Certes il a la sensation qu'il ferait tout aussi bien de faire la conversation à un mur, mais il essaie de se convaincre qu'il faut continuer à tenter de le faire relever la tête. Le pousser à reprendre du poil de la bête, tôt ou tard. Si, pour le moment, cela n'a aucun effet, au moins sait-il qu'il n'est pas seul. Peut-être sa seule présence à ses côtés avait-elle une raison d'être, au moins.

Alors quand en réponse à ses paroles Fëanor reçoit un déferlement de colère, il en reste complètement médusé. Impossible pour lui de comprendre ce qu'il se passe. Tout cela lui semble irréaliste. Comment des mots qu'il avait voulus rassurants pouvaient mener à une telle réaction ? Fauché par la surprise, il n'appréhende pas encore toute la frustration qui peut se dégager du seigneur en berne, cette frustration qui le pousse à réagir comme une bête blessée. Ce qu'il entend blesse le jeune mage, car cela le force à mettre de côté son optimisme pour voir les choses sous leur véritable jour. Une vérité aussi dure à endurer que s'il recevait une lame dans la poitrine. Tout s'effrite autour de lui. Tout tombe en morceaux. Et personne ne prendra la peine de se baisser pour en ramasser et recoller les fragments.

Bien qu'engourdi par cette situation qui dépasse son entendement, le Dalatien cherche tant bien que mal quoi répondre ; mais n'en a guère le temps. Par réflexe il fait un pas en arrière alors que l'autre homme fond sur lui. Ses intentions sont floues, Fëanor ne se défilera pas pour autant. C'est malgré tout avec une certaine surprise qu'il se retrouve soudainement étreint, avec ce qu'il pense être l'énergie du désespoir. Alors il l'enlace à son tour de toutes ses forces, rassuré par cette proximité et cette chaleur qui ont toujours su le rasséréner. Un peu surpris par le contact des lèvres contre la peau de son cou, un frisson lui échappe mais il n'en fait cependant pas grand cas. Malgré l'écart de stature, l'elfe détache l'une de ses mains du dos de Gwenaël pour venir caresser sa nuque, tandis qu'il colle l'oreille contre le torse de son compagnon d'infortune. Les battements de son cœur ont beau être quelque peu hiératiques -ce qui se comprend au vu de la situation- ils restent un son rassurant. Sans protester, il laisse celui qui à ses yeux sera toujours l'Inquisiteur prendre son visage et déposer son front contre le sien, profitant lui aussi de ce rapprochement qui lui met un peu de baume au cœur, qui lui donne l'impression d'être revenu en arrière, comme si rien de tout ceci ne s'était passé. Quand leur nez se touchent, Fëanor rouvre les yeux... Et tombe de haut. Soudainement c'est comme si le sol se dérobait sous ses pieds. Ce qu'il vient d'entendre, il ne veut pas y croire. Non, il a sûrement mal entendu... N'est pas ?
Gwenaël s'éloigne, laissant un mage choqué et perdu. Ses pensées s'embrouillent et se heurtent dans une panique sourde, qui prend de plus en plus d'ampleur au fur et à mesure que les secondes passent. Lentement, il tend une main vers ce dos qu'on vient de lui tourner. Sa voix s'élève faiblement, des tremolos qu'il ne parvient pas à contrôler la faisant tressauter.

- Tu... Tu ne peux pas me demander ça... Dehors j'ai rien ni personne, qu'est-ce que je vais faire ? Au delà de l'aspect purement égoïste du Dalatien qui a une peur bleue de se retrouver seul, il y a aussi cet abandon qu'il se refuse à perpétrer. Il aurait l'impression de se faire l'assassin de cette amitié, cette affection si particulière qui les lie. Perdre cela serait sans retour, lui semble-t-il. Plus rien ne serait jamais pareil. Je ne peux pas te laisser là, je ne peux pas te laisser tout seul. Tu ne peux pas me demander ça. Parmi les paroles que Falathar a pu lui adresser ces dernières semaines, il se souvient de ce qu'il lui avait fait promettre. Il ne faut pas lui en vouloir, il n'est pas lui-même. Gwenaël devait dire cela sur un coup de tête, l'impulsion du moment. Plus tard, à tête reposée, il le regretterait. Alors non, il ne partirait pas. Avec d'infinies précautions, Fëanor s'approche pour poser sa paume sur l'échine de son ami, et pousse jusqu'à venir caler son front contre le dos, luttant tant bien que mal avec les larmes depuis trop longtemps accumulées qui essaient de se frayer un chemin. Je t'en prie, ne me fais pas ça... Je veux rester avec toi, peu importe ce que ça devra coûter.

(c) DΛNDELION
Fëanor Halveri

Fëanor Halveri

I think I'd rather die
▲ MESSAGES : 115
▲ OCCUPATION : Apprenti diplomate
▲ COMPÉTENCES ET ARMES : Magie Entropique & Enchantement (expert) - Magie Spirituelle (novice) - Combat au bâton et auto-défense (moyen)
▲ LOCALISATION : Therinfal le plus souvent

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Mer 28 Mar - 21:11


la larme s'en va mourir, épuisée,
sur le sol de la destinée
peau de chagrin
***

Les toxines qui hantent le myocarde sont désormais dans le goitre, enveniment les paroles et s'enracinent dans l'encéphale. Il le sait pourtant, que le sylphe est pour l'heure son unique socle, le survivant de ses êtres aimés et probablement l'un des seuls sur la surface de ce globe enclin à panser ses vicissitudes. Si la raison parvenait à percer hors de cet âpre et fuligineux orage, il prendrait conscience de son inconséquence et de cette amitié aurifère qu'il met en péril par souci de perdition.  Mais le discernement n'est plus que braises sous les cendres, vivant mais cacochyme, et à mille lieues de vouloir fleurir à nouveau. Si les apparences suggèrent qu'il porte là l'estocade à son tendre ami, il préfère penser qu'il le déleste de ses faix et chaînes. Qu'il lui rend cette liberté que la coercition morale et relationnelle l'empêche de reconquérir. Au gré des nuits sans rêve, le malheureux bougre s'est persuadé que la pesanteur de leur amitié n'était jamais rien que le fardeau d'un Feänor trop généreux. A présent que Falathar n'est plus à veiller tandis que son chiard adoptif pocharde, quel juste motif aurait-il de demeurer dans ces géhennes silencieuses ? Non, il ne peut le harponner et l'entraîner dans son naufrage, il refuse de lui faire connaître le miasme de son tourment et de cette mort certaine qu'il sent et sait poindre à petit feu. Convictions desquelles il se cuirasse tandis que l'autre accuse l'horreur et l'ironie du sort. Le phonème trémule sur l'émotion, inintelligible cruauté qui lui choit dessus tel un couperet. Gwenaël sourcille et ignore tant qu'il peut, ce chagrin d'une insondable amplitude dont il est l'auteur. Le contact dans son râble est brûlure, lui écorche tant le derme et l'âme, il soubresaute et contracture sa faiblarde carcasse. Ses phalanges pâlissent alors qu'il serre les poings à s'en foutre les ongles dans la carne, il endigue ses pleurs avec toute la volonté de la galaxie, bien que son opiniâtreté soit ébranlée. Si une seconde d'incertitude le harasse, une incommensurable envie de se réfugier dans la chaleur de son gémeau de tribulation avec elle, il s'arrache finalement à ce dernier.

« Assez ! Le temps des bienfaisances est révolu. » Il se retourne, la gueule de nouveau humectée de larmes, les yeux diaprés de veinures purpurines. « Il est l'heure de grandir Fea, nous n'sommes pas dans un conte de fée – bien au contraire, Fen'harel doit bien se gausser en arpentant Fort Céleste, n'entends-tu pas ses hurlements une fois la lune au firmament ? » Ou peut-être est-ce lui qui s'empêtre entre chimères et réalité, il n'en est plus sûr et peu lui chaut, au final. L'allégorie fera son effet sur le concerné, tant par son essence théologique que par la phobie qu'il lui connaît. Un remugle de bienveillance le prend toutefois, il s'embourbe dans d'absconses allégations. « Tu es jeune et doué, tu as encore tant de choses à voir. Mon destin, à moi, cesse ici. Plus rien ne m'attend si ce n'est la misère, peut-être la lame d'un assassin si je demeure une gêne même moribonde. Mon propre père n'a pas su survivre à ma décadence, tu finiras par toi aussi en crever. Je n'ai plus rien à te donner, tu comprends ? » Il sait son discours gauche, tout comme il sait qu'il ne parviendrait à le persuader de la sorte. « Si tu restes... »

Il ferme les paupières. Le désespoir et la mort patientent au crépuscule, plus que de quitter un ami, être le témoin impuissant de sa lente déliquescence est une perspective qu'il ne souhaite à quiconque. Il craint les vains efforts, pire que tout, il est terrorisé par l'auto-destruction même inconsciente. Et le mage dépérira sans même le remarquer s'il ne fracture pas leur binôme. Pour ce faire et s'assurer d'un résultat, n'est envisageable qu'une seule solution. Que la suavité de ses mots s'évanouisse au profit du fiel, qu'il se fasse son démon pour mieux le sauver.

« Tu commences sérieusement à m'exaspérer... » La noirceur de sourdre dans le regard dévoilé du quidam qui se nippe d'un âpre rôle. « Pourquoi faut-il sans arrêt que je t'explique tout dans le détail, que je me répète encore et encore, combien de temps vais-je devoir tolérer ta connerie ?! Des années que j'te pouponne, que j'endure tes humeurs farouches et inconstantes, ta damnée jalousie alors qu'on ne couche même pas ensemble ! » La voix est rauque, fauve qui revendique les ruines de son territoire et chasse l'importun, tout en sachant appuyer là où sait la douleur se trouver. Mais ce n'est point assez. S'il désire que Fëanor croit à sa mystification, lui qui le connaît si bien, il se doit d'outrepasser les limites. Alors, ses paluches empoignent le col du jeune homme, violemment, le rapprochent et le soulèvent presque du sol sans guère d'égard. « Je me fous que tu sois seul, tu piges ?! On est tous seuls ! Assume-toi et respecte mes dernières volontés ! » L'une de ses mains saisit le visage du sylphe sans ménage. « Je ne veux plus voir ta gueule traîner chez moi ! »

De l'encoignure de l'oeil, il aperçoit Huan, dressé et alerte, encore irrésolu sur sa réaction. Si le canidé agit comme il ne l'a jamais fait envers lui, il subodore qu'il s'agira de la cerise sur le gâteau. Son cœur se fait sanguinolent, il sait que cette mascarade le tourmentera pour son existence à venir – mais c'est pour le bien du dalatien, qu'il projette soudainement en arrière dans la terre et la poussière. Veines aux tempes, il hurle avec furia.
« Fort Céleste est mon foyer !! Je t'ordonne de partir si tu ne veux pas que je t'y force moi-même !! » Il avance, l'oeillade et l'aura menaçantes, suffisamment pour que l'opalescent compagnon intervienne, faisant claquer ses mâchoires à proximité de l'Inquisiteur déchu qui est contraint de reculer. Les aboiements défenseurs précèdent les rugissements d'un Ashrak qui intercède à son tour, les deux créatures promptes à s'entre-dévorer dans un indicible chaos. Gwenaël se hâte d'attraper la bride et le robuste cou de sa monture qu'il empêche de lancer l'assaut – tout ceci n'étant, après tout, qu'une indélicate fumisterie.

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Mer 28 Mar - 23:01



Peau de chagrin
Gwenaël & Fëanor

« Come hell, come high water, you push on me, I’m gonna push back harder. Got a whole lot more than little bit me left, so don’t put dirt on my grave just yet. »
La peur étreint Fëanor comme rarement auparavant. Juste sous son nez, l'un de ses pires cauchemars est en train de prendre vie. Un mauvais rêve qui se fait de plus en plus précis, de plus en plus réel à chaque minute qui passe. Au fond de lui, l'elfe le sait déjà, rien de tout ceci ne pourra bien se finir. Peu importe l'issue, peu importe les ramifications empruntées, l'histoire connaîtra un point d'orgue tragique. Malgré tout, il voudrait être capable d'espérer encore. Il aimerait pouvoir se persuader que les choses vont s'arranger, que rien de tout cela n'est fait pour durer... Mais la détresse de Gwenaël semble finalement commencer à déteindre sur son jeune compagnon, qui se sent las. Epuisé, même. Après des semaines passées à tenter de redresser la barre en pleine tourmente, Fëanor paraît sur le point de rendre les armes. A présent, il souhaiterait juste s'installer dans un coin et ne plus en bouger. Même quelque chose de si simple que cela, on le lui refuse pourtant.

Car voilà que Gwenaël s'écarte pour mieux lui aboyer dessus. Du moins est-ce l'effet qu'en a le dalatien, qui une nouvelle fois se retrouve interdit devant une telle agressivité. A sa décharge, il n'y est pas habitué, et rien n'aurait pu le préparer à ces mots-là. Jamais il n'aurait pu imaginer qu'une personne soit si proche de lui, et que cette même personne userait sans vergogne de ses faiblesses pour mieux le poignarder. Fëanor frémit à l'évocation de Fen'Harel, réveillant en lui un vieux traumatisme qui ne le quittera probablement jamais. Depuis qu'il a fuit son clan, il craint Loup Implacable plus que n'importe quelle autre divinité, et même davantage encore que certains êtres faits de chair et de sang qu'il peut pourtant croiser à tout moment. Alors l'imaginer arpenter Fort Céleste, y apposer son empreinte... Cela aussi relève du domaine du cauchemar.
Les paroles plus douces qui suivent, l'elfe ne les prend pas mieux que les précédentes. A ses yeux l'ancien Inquisiteur cherche juste à le brosser dans le sens du poil pour le passer à prendre le large. A quoi bon tenter de le rassurer si c'est pour ensuite mieux le jeter en pâture au vaste monde ? A vrai dire, cela lui semble plus cruel qu'autre chose. Et si c'était son choix, de mourir ici, auprès de lui ? Au nom de quoi voulait-il le priver de son libre arbitre ? Une fois de plus, il a la sensation qu'on le considère comme un enfant, et cela l'exaspère.

Avant qu'il n'ait le temps de rétorquer quoique ce soit, le ton change soudainement, se fait plus menaçant. Les paroles elles aussi deviennent plus agressives. Tolérer, endurer ? Est-il vraiment si insupportable que cela ? Un doute affreux le prend à la gorge alors qu'il vient à remettre en cause toutes ces années d'amitié. Et si... S'il n'avait été qu'une distraction ? Si son existence n'avait pas eu plus d'importance aux yeux de Gwenaël que celle d'un vulgaire animal de compagnie ? Quelque chose qu'on prend avec soi lorsqu'on se sent seul, mais qu'on préfère écarter le reste du temps. Un moyen de tromper l'ennui, la solitude, de combler un manque affectif. Fëanor se sent si naïf qu'il en pleurerait.
Mais l'homme n'en a pas encore fini avec lui, et un sursaut lui échappe quand on le saisit sans ménagement par le col pour presque le soulever. Alors, pour la première fois depuis qu'ils se connaissent, le dalatien a peur de son compagnon. Une peur sourde, instinctive, qui lui hurle de prendre les jambes à son cou s'il ne veut pas finir en triste état. Et malgré son esprit embrumé par la peine et l'incompréhension, il s'en veut terriblement de ressentir cela. A présent bien trop occupé à tenter de rassembler les fragments éparpillés de ce qui lui reste de raison, plus rien ne retient ses larmes qui se mettent à glisser le long de ses joues. Cette fois-ci, on ne peut pas faire pire, n'est-ce pas ?
A l'évidence, si. Sans qu'il puisse faire quoique ce soit, l'elfe se retrouve brutalement au sol, à un bon mètre de là. Quelque peu sonné il ne remarque pas que Gwenaël s'approche une nouvelle fois, et ne le réalise que lorsqu'il entend son chien se mettre à vociférer comme un beau diable, rapidement imité par le dracolisk. Une décharge d'adrénaline parcourt les veines du mage qui malgré les sanglots secouant son corps se tend pour attraper l'animal par la peau du cou, l'attirant contre lui comme pour mieux le protéger. Après tout, n'est-ce pas tout ce qui lui reste, maintenant ? Une minute qui paraît être une éternité s'écoule, avant que Fëanor ne se relève brusquement, comme si on venait de l'aiguiller avec un tison ardent. Sans demander son reste, l'elfe détale, en larmes, à grandes enjambées vers les portes de la forteresse qui n'a plus rien à lui offrir. Trop perturbé pour comprendre ce qu'il fait, il en oublie son bâton de mage et le reste de ses maigres possessions matérielles. Tant pis, dira-t-il plus tard. Tout ce qu'il veut là c'est mettre le plus de distance entre lui et cet inconnu qu'est devenu Gwenaël. Peu importe comment.

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Fëanor Halveri

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