ROAD TO NOWHERE (EZEQUIEL)

road to nowhere

Itzal & Ezequiel

« The key to life is accepting challenges. Once someone stops doing this, he's dead. »

C'est terminé. Les deux Corbeaux sont parvenus à s'enfuir de Tévinter de justesse, leurs blessures pansées dans la précipitation pour ne pas qu'elles s'infectent. Itzal n'arrive toujours pas à croire qu'il est actuellement aux côtés de Ezequiel et pas déjà décédé après avoir emporté leur cible - toujours en vie. Maintenant, à l'heure qu'il est, nul doute que les Talons sont déjà informés de leur échec. Ils vont être traqués de jour comme de nuit jusqu'à ce qu'ils périssent de la main de leurs anciens frères d'armes. Traîtres.

Autant dire que depuis qu'ils errent non loin de la voie impériale, fraîchement en fuite, l'ancien maître assassin n'a pas prononcé un seul mot. Ni avalé quoi que ce soit, l'appétit lui faisant défaut. Il s'hydrate tout de même mais pas sans grimace ni régulièrement, sa bouche étant pâteuse. Sa carcasse est par ailleurs clairement affaiblie, ses réactions moins vives qu'en temps normal, et il s’essouffle plus vite. Le mental influe énormément sur le physique. Si l'un se considère déjà comme une cause perdue, l'autre est entraîné dans cette déchéance.

C'est malheureux à dire mais Itzal n'espère plus rien, ne cherche même plus à réfléchir à une porte de sortie pour leur avenir. Il se contente plus qu'autre chose de survivre pour le brun, qui il l'espère le laissera derrière quand il se sera rendu compte qu'il ne lui sert plus à rien. Encore une fois à la traîne, il se stoppe quelques instants avec sa paluche collée à l'écorce d'un arbre histoire de reprendre son souffle. De soupirer. De tousser, aussi, ce qui alertera sans doute le brun devant qu'il est en pause. Car il ne compte pas ouvrir ses lèvres pour l'en avertir. Ah, qu'est-il devenu ? Que devient-il ? Le Arainai se sent dépouillé de son essence vitale, de tout ce qui faisait de lui ce qu'il est. Il voulait mourir en tant que Corbeau, mais désormais, il ne lui reste plus qu'à mourir en tant que traître. Un triste sort pour quelqu'un de sa trempe, qui toutes ces années s'est échiné à servir loyalement les siens... Pour rien ?

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Death is a challenge. It tells us not to waste time…It tells us to tell each other right now that we love each other. Itzal & Ezequiel

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Ils sont enfin plus ou moins en sécurité…Enfin temporairement, les deux corbeaux ont réussi à fuir la cité, mais bientôt cette fragile sécurité ne sera plus. Les Talons lanceront des corbeaux à leur poursuite pour les tuer, à cause de leur échec. Par le passé Ezequiel y avait échappé grâce à son engagement dans la Garde des ombres, mais il était désormais impossible pour lui d’y retourner…A moins qu’Itzal l’intègre et que lui se débrouille pour la suite. Enfin dans l’immédiat, quitter Tévinter et trouver un véritable plan étaient plus urgent.

Le plus jeune marchait devant le maître assassin, totalement perdu dans ses pensées il ne faisait pas attention à ce qu’il se passait autour de lui. Une légère toux le stoppa, puis il se retourna, c’était Itzal. Ezequiel s’approcha de lui, inquiet de le voir ainsi, il n’était plus totalement le même depuis cet échec…Sa faute, il avait tellement foiré sur ce coup, son erreur, maintenant le maitre corbeau n’était plus lui-même.

-Itzal ? Ca va ? Il ne savait pas totalement comment agir avec lui, dans les égouts il lui avait demandé de vivre pour lui, mais du coup ça voulait dire quelque chose ou pas ? Aucune idée.On peut faire une pause ici si tu veux. Dans l’immédiat on risque rien.

Le brun montra l’exemple en s’asseyant contre l’arbre, il ne laissait pas vraiment le choix à l’autre en réalité. Il resta sans rien dire un long moment, trop occupé à réfléchir à quoi faire pour la suite. Ils pouvaient échapper aux corbeaux un certain temps, mais un jour ou l’autre ils finiraient par les retrouver. Est-ce qu’il avait le droit au final de demander à Itzal de survivre pour lui ? C’était purement égoïste de sa part, il ne voulait pas être seul et voilà le résultat, la personne qui devait être la plus importante pour lui était brisé.

-Je suis désolé Itz.

Désolé pour tout ce qu’il avait fait depuis son retour, il avait entrainé le maitre corbeau dans une descente aux enfers. Le jeune allait devoir assumer, il ne savait pas encore comment, mais il finirait par trouver.

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De quoi a-t-il l'air, désormais ? Itzal est bien content de ne pas avoir de miroir sous la main, car il serait incapable de jeter un coup d’œil à ce qu'il est devenu. Lui si bienheureux parmi les ombres n'est maintenant rien de plus que l'ombre de lui-même. Quelle ironie du sort. Si il n'était pas tant désillusionné, peut-être cela lui arracherait-il un rire jaune, mais pour l'heure rien ne s'échappe de sa bouche. Pas même une réponse à Ezequiel qui une fois de plus ne le laisse pas en arrière. Le maître assassin déchu opine vaguement du chef et sans faire sa tête de bourrique, se laisse à son tour aller contre l'arbre en un long soupire.

Il repense aux propos de son cadet : vivre pour lui. A bien y réfléchir, il aurait préféré mourir pour lui, même si cela peut toujours s'arranger. Cela l'amène en tout cas à songer à ses origines, à son quotidien qui était censé être son essence de vie. L'était-ce réellement ? Une situation stable, des contrats d'assassinats à remplir entre deux verres à la taverne du coin mais derrière, une privation qu'il s'est imposé de lui-même. La crainte de succomber, de s'amouracher de quelque chose de plus grand. De sentir le besoin de changer d'air ou de faiblir, tout simplement. Enfin, au final, il l'est actuellement : faible. Et il n'a plus rien à perdre... Sauf Ezequiel.

Itzal lève enfin son regard sur lui, les lèvres brûlantes d'une question. Seulement celle-ci peine à sortir convenablement et il avale sa salive avant tout ; « Qu'est-ce que je suis, à tes yeux ? » Il n'est pas sûr que la réponse change grand chose mais il a envie de savoir. Après tout, que risque-il ? Sa barrière de protection s'est étiolée, se dissipe progressivement en lambeaux, pour marquer à quel point il n'en a plus beaucoup à faire. Il vacille sur le côté et plus exactement sur le Valisti, son crâne se servant de son épaule comme d'un appui. Un geste qu'il n'aurait jamais initié si tout n'avait pas basculé pour lui dernièrement. Lui qui est certain d'être dépossédé de toute lueur d'espoir, de toute sortie de secours, cherche pourtant une affection trop longtemps repoussée, rejetée et taboue ; qu'il ne s'avoue pas.

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Au final Itzal accepte de faire une pause et sans rien dire, la preuve qu’il n’allait pas si bien que ça. Avant, le maitre corbeau aurait envoyé balader Ezequiel lui disant qu’il n’avait absolument pas besoin de repos. Le plus jeune s’excusa comme il avait l’habitude de le faire…Le plus vieux, lui, posa une question qui fit louper un battement de cœur au plus jeune. Ezequiel n’osa même plus bouger ni même respirer en sentant la tête de son mentor sur son épaule…Enfin, mentor, est-ce qu’il l’était encore ? Justement qu’est-ce qu’il était pour lui ?

Le plus jeune se permit enfin de respirer à nouveau avant de mourir bêtement de suffocation. Le regard droit devant lui, il cherchait quoi et comment répondre à Itzal, c’était une question difficile étant donné qu’Eze n’était pas certain de la réponse.

-Je peux te dire que tu ne représentes plus un mentor ni un frère…Tu es…plus ? J’sais même pas quoi te répondre exactement.

Ezequiel tourna légèrement la tête puis vint déposer un baiser sur le front de l’homme se trouvant à côté. En réalité, il aurait voulu l’embrasser ailleurs, oui il en avait envie, mais c’était normal ou pas ? Il n’en savait rien du tout, ils étaient quoi au final ? C’était bien ça le gros problème, qu’est-ce qu’ils avaient réellement comme relation ? Le plus jeune corbeau se déplaça doucement, de façon à ce qu’il puisse rapprocher son visage de celui du maitre assassin, il était proche…Il aurait été tellement simple pour lui de l’embrasser à nouveau, mais pas cette fois, pas encore.

-Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Qu’est-ce que tu veux entendre ? Que je tiens trop à toi pour te laisser crever ? Voilà c’est dit…Mais c’est tout ?

Pourquoi il n’y aurait qu’Itzal a posé des questions ? Ezequiel aussi avait le cerveau complètement retourné, lui aussi venait de trahir à nouveaux les Corbeaux, il avait trahi tellement de fois au final…C’était lui le pire dans l’histoire, un traitre et un égoïste, ouais en fait il aurait peut-être dû finir pendu, ça aurait évité pas mal d’ennuis.

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Ni un mentor, ni un frère. Plus. Itzal ne rétorque rien, ne bouge même pas d'un poil, mais écoute simplement. Ce plus résonne encore dans sa tête comme une litanie sans fin et l'intrigue d'une certaine manière. Si il est inexpérimenté en la matière, le quarantenaire n'est pas ignare pour autant. Il sait très bien ce qui peut se passer entre deux personnes à l'abri des regards indiscrets, parfois en public. Il est né dans un bordel, après tout... Même si il n'en garde que très peu de souvenirs en raison de son jeune âge. Ce qui reste moins compréhensible pour lui sont les sensations qu'on en retire, faute de n'avoir jamais goûté à plus que quelques faibles caresses dernièrement et tout aussi récemment, ces baisers égarés. Reste les sentiments sous la carcasse, que personne ne devine mieux que son propriétaire. Quoi que ce n'est pas tout à fait exact... Le déni s'immisce parfois dans l'affaire et n'en déloge pas avant un bon moment, une révélation, un bouleversement.

Et le bouleversement, il s'est déjà installé. La garde de l'ancien maître assassin est si baissée qu'à part un frisson, aucun geste de rejet n'est initié quand Ezequiel rapproche son faciès du sien après un bref baiser sur son front. De la tendresse si méprisée qu'il accueille maintenant comme son seul baume au cœur pour supporter sa survie. Néanmoins, faute à la proximité, il évite toujours son regard. « C'est flou pour moi aussi... » Encore une fois il avale sa salive, seule fraîcheur pour son gosier encore bien sec. Boire de l'eau ne lui ferait pas de mal mais il est bien installé, contre toute attente ; et encore trop las pour prendre soin de lui dans l'immédiat.

En revanche, il reprend la parole de plus belle même si cela assèche d'autant plus sa bouche. Il a des choses à exprimer à son cadet. Des chose qu'il aurait dû lui dire il y a quelques temps déjà. « Je veux être clair avec toi, Ezequiel : je n'ai plus rien à perdre... sauf toi. Il semblerait que tu comptes bien plus que je l'imaginais pour qu'au lieu d'avoir été me rendre aux Corbeaux, je me retrouve ici en ta compagnie. » Il s'interrompt un instant, osant enfin lever son regard vers Ezequiel, bien plus proche qu'il ne le soupçonnait. « J'ai longtemps pensé que c'était parce que tu me rappelais mon frère. Mais non, ce n'est plus le cas. Est-ce que c'est lié à... » Ses prunelles dans les siennes, ses lèvres effleurent bientôt celles du Valisti, sans oser franchir le pas. Il est dérouté, ce n'est clairement pas sa zone de confort.

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Bon ils n’étaient pas plus avancé avec la réponse de Itzal, pour lui aussi la situation était floue…Comment deux hommes adultes pouvaient-ils être aussi peu au courant au sujet des relations humaines ? Tout simplement parce qu’on ne leur avait pas appris…Ezequiel savait faire semblant, il avait fait semblant de nombreuses fois pour apprendre des choses sur ses cibles, voir pour carrément finir dans le même lit que certains contrats. Il n’avait jamais réellement éprouvé quoi que ce soit dans ce genre de moment, juste une sorte de satisfaction de bien faire son travail.

Sauf que voilà, avec Itzal c’était totalement différent, il avait envie d’être proche de lui, ce genre de sentiment était trop étranger pour lui, il ne pouvait donc pas répondre correctement à l’autre homme. Puis ce fut son tour de poser une question et d’écouter la réponse, profitant de son propre silence pour se rapprocher du maitre corbeau. Ce qu’il entendit le surpris un peu, il était la raison pour laquelle il était encore là, il tenait à lui. C’était le genre de paroles qu’il voulait tellement entendre sans l’avouer, puis le maitre assassin releva enfin le regard. Eze n’écoutait plus totalement l’autre corbeau, bien trop concentré sur ce regard et ce qu’il suivit lui envoya un frisson…Il ne s’y attendait pas du tout, depuis le début Itzal évitait ce genre de comportement, il repoussait toujours le plus jeune, mais là, quelque chose avait changé, il semblait accepter enfin ce genre de choses.

-Peut-être que c’est lié…ouais, peut-être.Ezequiel posa doucement l’une de ses mains sur la nuque du plus vieux. Regardant toujours dans les yeux de son ex-mentor.On peut vérifier.

Sans aucune hésitation, il embrassa l’autre homme, conservant son emprise sur la nuque pour l’empêcher de reculer et fuir. Cette fois il n’avait pas le choix. Lorsqu’il finit par mettre fin à l’échange, il ne s’écarta pas beaucoup mais son regard fut légèrement fuyant.

-Je…Tiens à toi. Tu comptes beaucoup pour moi aussi…Bien plus qu’avant. De nouveau il l’embrassa, un baiser plus court et plus léger.
Désolé, mais tu peux pas savoir à quel point j’ai envie de t’embrasser.

Le visage légèrement rouge par la gêne, il se recula puis retira sa main de là où elle se trouvait. Eze détourna le visage, le moment était terriblement gênant pour lui et surtout il ne s’attendait pas à grand-chose de la part d’Itzal à cet instant.

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Son initiative débloque des choses, vraisemblablement. Peut-être accepte-il enfin, même au plus bas, que l'affection qu'il porte à Ezequiel n'est pas à affronter de la même manière que pour ses contrats ; en tuant puis s'échappant. Non, ça n'a décidément rien à voir. C'est aux portes de la mort - tout du moins mentalement qu'il le réalise. Qu'il tente une approche maladroite, ses lèvres effleurant celles de son compagnon. Vérifier, dit-il ? Un nouveau frisson traverse son échine de haut en bas quand il se retrouve définitivement pris dans un baiser, cette fois-ci volontaire et plus long que les précédents "accidentels". D'ailleurs cela, au grand étonnement de Itzal, affole son cœur mais le rend également plus léger. L'espace d'un instant c'est comme si son cadet venait de lui redonner un souffle de vie. Et il en réclame encore après quelques aveux supplémentaires.

Pris dans une euphorie inhabituelle, surtout maintenant, le maître assassin déchu cherche à son tour un troisième rapprochement. Il l'embrasse, sa paume encore incertaine nichée sur sa joue après avoir ramené son visage face à lui. Il se sent... mieux. Bien ? Une barrière tombe, ses convictions s'effritent et tout son monde s'écroule mais le choc est moins lourd avec cette nouvelle chaleur affective. « Ne t'excuse pas. C'est... une chose sur laquelle je suis totalement... inexpérimenté. Mais à deux, j'imagine que nous pouvons apprendre. » Ce ne sont même pas les baisers qu'il évoque, plutôt les révélations qu'ils viennent de se faire. Cela ne l'empêche malgré tout pas d'être ramené à la réalité par sa gorge toujours aussi sèche ; contrairement à sa bouche...

« Je crois que nous devrions nous remettre en route, j'aimerais bien que nous tombions sur une rivière. » Le mental pour l'heure apaisé, la carcasse s'éveille et pointe du doigt ses besoins urgents beaucoup trop refoulés depuis leur départ de Tévinter. Et comme Itzal n'a toujours aucune envie de penser à leur avenir lointain, autant voir ce qu'il en est pour le proche.

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Ezequiel se laissa faire lorsqu’il sentit la paume de l’autre corbeau sur sa joue, puis ce fut de nouveau ses lèvres qu’il sentit, le jeune corbeau rendit avec plaisir ce baiser. Malheureusement le maître assassin y mit fin, Eze’ fut réellement déçu, il en voulait encore...Il se mit une claque mentale, il agissait comme un ado en manque, certes il était encore jeune mais ce n’était pas une raison.

Le plus jeune écouta ce que l’autre avait à dire, il lui avoua de ne pas être particulièrement expérimenté, ce qui surpris un peu le brun, mais savoir qu’il n’était pas le seul à ne pas être doué le rassura. Itzal ramena la conversation sur un sujet plus banal mais tout aussi important…L’eau.

Les deux Corbeaux avaient fuit en catastrophe et le manque d’eau commençait sérieusement à se faire sentir. Le brun se releva puis regardait la direction dans laquelle ils se déplaçaient avant la pause.

-T’inquiète, on va finir par trouver une rivière…Juste que sans carte ça risque d’être long.

Après avoir attendu que le maitre corbeau se relève, Ezequiel se remit à marcher, à vrai dire lui aussi serait bien content de tomber sur une rivière ou un lac, peut importe. La soif était là, mais surtout de l’eau froide pour lui remettre les idées en place serait bien, là son cerveau était complètement retourné. Entre l’échec, la fuite et les derniers aveux, il ne savait plus trop où il en était.

ȣ

Après ce qu’il sembla des heures de marche, ils arrivèrent enfin près d’une petite rivière. Le jeune corbeau lâcha un soupire puis regarda Itzal.

-Tu vois…On n’a pas mis si longtemps que ça au final.

Il recula de quelques pas tout en continuant de regarder le rouquin, un sourire sur le visage, puis se retourna pour aller enfin boire. Il ne pensait pas que boire de l’eau lui ferait autant de bien un jour, bon il aurait préféré une bière mais il allait éviter de faire le difficile. Après avoir bu il plongea la tête dans l’eau froide, en ressortant la tête il se sentait légèrement mieux…Un peu gelé mais mieux.

Il devait réfléchir à ce qu’ils allaient faire par la suite, échapper aux Corbeaux étaient quelque chose de relativement difficile, mais pas impossible…Après tout, il leur a bien échappé pendant trois ans.

-On va aller à Férelden, on sollicite moins les services des Corbeaux là-bas…On risque moins de se faire repérer qu’en Orlaïs.

Il n’était absolument pas certain de lui, Itzal avait surement un autre plan en tête…Mais au final, ce que voulait Ezequiel était que le maître corbeau se fasse embarquer par la Garde de Férelden ou l’Inquisition, il serait hors de porter de leurs anciens employeurs. Mais d’abord, il fallait aller à Férelden.

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Ah, si Ezequiel savait à quel point son mentor est inexpérimenté malgré son âge plus avancé. Ce qui, après tout, ne fait parfois pas tout. Itzal est complètement certain que son compagnon a déjà connu, si ce n'est une amourette, au moins les délices de la chair ; qui le laissent pour sa part encore perplexe. Pourquoi y songe-il, d'ailleurs ? C'est l'heure de reprendre la route et de subvenir à un besoin plus vital. Il se relève doucement afin qu'ils continuent, ses muscles le tiraillant toujours. Cela lui arrache une grimace mais il décide de prendre sur lui. « Allons-y. »

▲ ▲ ▲
Le temps passe lentement. Heureusement ils parviennent au bout de quelques heures à une rivière et pour toute réponse, l'ancien maître assassin se contente d'opiner du chef : il a la gorge beaucoup trop sèche pour s'exprimer. Il file à hauteur de l'étendue d'eau afin de se rafraîchir, de se réhydrater non sans un micro sourire qui apparaît juste après sur son faciès. Un instant, même, le voilà qui clos ses paupières puis amène ses mains trempées sur sa peau. Il aimerait bien se baigner, tant il se sent crasseux et courbaturé. Seulement ce n'est peut-être pas le meilleur endroit - vu la profondeur ni le moment.

Itzal est coupé dans ses réflexions internes à la proposition de Ezequiel. Ferelden... Cela le ramène à l'un de ses derniers contrats dans le Royaume, il l'avait déjà évoqué mais sans entrer dans les détails et son pas de travers. Les Corbeaux risquent de l'apprendre, celui-ci aussi, ce qui l'importe peu désormais. Il est déjà condamné. « Tu te souviens quand je t'ai parlé de mon contrat sur le fils du Roi de Ferelden ? J'ai un peu merdé, il a eu le temps de voir mon visage et récemment quand je l'ai croisé, je crois qu'il m'a reconnu. » Il juge bon de l'en informer même si cela ne les aide pas... au contraire. Le quarantenaire abandonne la rive pour se redresser et regarder son acolyte dans les yeux.

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Les deux hommes profitèrent du moment pour se désaltérer et surtout penser en silence, au final Ezequiel voulait juste qu’Itzal se fasse embaucher par quelqu’un d’autre pour éviter les Corbeaux…Ce qui n’était pas un excellent plan en y réfléchissant. D’ailleurs la réponse du maitre corbeau confirma que c’était un mauvais plan.

-Ok…Mauvais plan donc.

Au final ils devraient surement éviter Férelden, après rien en garantissait que le roi reconnaitrait véritablement Itzal, mais il fallait mieux ne pas prendre le risque. Le plus jeune détourna le regard pour regarder l’eau coulant devant lui. Une grande partie des idées ou décisions qu’il avait eu jusqu'à maintenant l’avait foutu dans la merde…Comment pouvait-il sérieusement penser qu’il arriverait à s’en sortir cette fois ?

-Franchement tu n’aurais pas une idée ? Je ne vois pas quoi faire…Enfin il reste toujours les Anderfels et Orzammar, mais pour avoir déjà visité le dernier je n’ai pas vraiment envie d’y retourner.

Ezequiel avait réussi à convaincre le maitre corbeau de ne pas mourir bêtement, mais maintenant il ne savait plus quoi faire…En théorie c’est lui qui avait l’habitude de trahir et fuir, pas l’autre, mais bon sa première trahison il l’avait faite pour éviter de finir pendu. Pour la deuxième, c’était pour éviter de mourir à Jader face aux engeances…Ce n’était pas exactement la même situation. Le jeune traitre soupira, puis regarda l’autre avec un petit sourire.

-Au final j’aurais p’tet dû y rester dans cette cellule et pas suivre le garde.

Je serais mort peu-être ou peut-être pas.S’il avait accepté dès le début les conséquences de son incompétence, la situation serait bien plus simple, surtout pour le maître corbeaux.

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Mauvais plan, oui... et non. Peut-être est-ce au tour du plus jeune d'être pessimiste, même si Itzal ne semble pas l'être moins, mais une idée lui traverse malgré tout la tête. Rien en lien avec les Anderfels, Orzammar ou autre contrée éloignée en Thédas, d'autant plus qu'ils seraient deux cibles facilement repérables au sein du Royaume nain. Sa pensée reste attachée à Ferelden, car après tout, le Roi est pour l'heure occupé avec l'Enclin et ne visite pas tous ses bannerets. Si ils évitent certaines citées, ça devrait être bon.

Avant de reprendre la parole, la réflexion de Ezequiel sonne jusqu'à ses oreilles. Sans comprendre pourquoi, son cœur se serre, surtout en imaginant le destin qu'il aurait pu connaître sans son... instinct de survie, disons. L'ex Corbeau grince ainsi des dents. « C'est du passé. » A hauteur de son compagnon, il le fixe droit dans les yeux puis expose son plan, la meilleure opportunité qu'ils ont pour le moment. « Ecoute, de toute manière nous ne pourrons pas nous cacher éternellement. Je connais peut-être un endroit dans un coin reculé de Ferelden... Si la Bann de ces terres est restée à son poste. Elle nous offrira l'hospitalité au moins le temps de reprendre des forces et des provisions à défaut d'un refuge à long terme. Tout dépend d'elle. » De nouveau le voilà qui arrive à prendre sur lui, même en évoquant un avenir incertain qui jusque là le plongeait dans un profond mutisme. L'abcès crevé aide probablement et l'idée qu'ils ne vivent pas vieux également. Enfin, surtout le concernant. Quand il s'apprête à prendre les paumes de Ezequiel dans les siennes, quoi qu'un peu maladroitement, c'est une flèche qui siffle en leur direction et se fiche dans l'une de ses mains. « Ils sont là ! Venez ! » Gueule un éclaireur en alertant ses camarades visiblement Tévintides. Ce ne sont pas des Corbeaux, pas déjà.

Itzal réprime le plus possible la douleur qui englobe sa paluche touchée, se servant de l'autre pour entreprendre d'ôter la flèche et... ne s’exécutant pas. Pour l'heure, ils doivent fuir, pas faire un garrot. Il est lui-même étonné de recouvrer son instinct de survie qu'il songeait envolé depuis plusieurs heures ; il incite Ezequiel à le suivre pour perdre leurs assaillants non pas grâce à la vitesse mais la dissimulation. Car sinon, le plus âgé n'aurait clairement aucune chance de s'en sortir. Pas dans son état toujours précaire, malgré son mental moins assombri. Le slalom entre les arbres à proximité de la rivière pour être perdu de vue se termine sur une énorme crevasse où il se glisse volontairement en l'entraînant avec lui pour se cacher. Plus un mot, mais le Arainai serre les dents en observant sa main atteinte... La même où il lui manque un doigt. Décidément, elle est maudite.

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Il le regarde droit dans les yeux, enfin fini cette période où les deux hommes faisaient tout pour éviter le regard de l’autre, cependant même ce léger souci est réglé, il en reste un deuxième. Un énorme souci, la suite des événements, où aller et comment survivre ? Itzal lui parla d’une solution, une bann de Férelden, alors que quelques instants avant il venait de lui parler de son assassinat sur le prince du pays. Ezequiel voulait lui dire que même si c’était mauvais d’aller là-bas, la bann semblait effectivement être leur meilleure solution, mais il n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit…Une flèche se planta dans la main du maitre corbeau, en même temps une voix se fit entendre, visiblement on les avait retrouvés et ce n’était pas d’autres Corbeaux.

Rapidement Ezequiel se mit à suivre Itzal et se mirent à courir à travers les arbres pour tenter de semer leurs poursuivants. Concentré sur sa fuite, il ne remarqua pas la crevasse où le maitre corbeau glissa et se fit entrainer à l’intérieur…Se cognant le crâne au passage. Ezequiel se frotta l’arrière de la tête puis regarda la main du rouquin, celle où il manquait un doigt…Cette main avait vraiment la poisse.

Ils devaient s’occuper de la flèche avant de tenter de s’enfuir, il déchira le bas de sa chemise puis regarda le projectile. Le brun brisa la flèche, du côté où se trouvait l’empennage puis il releva son regard vers le visage du rouquin. Sans prévenir il retira la flèche d’un coup sec, c’était quelque chose de douloureux pour une personne normale, mais Itzal avait déjà subi bien pire. Le jeune enroula ensuite son morceau de tissu autour de la main, ce n’était pas parfait, mais ce serait suffisant pour le moment.

-Ca devient une habitude faut croire. Il avait du mal à retenir le petit sourire qui apparut sur son visage.Je n’entends plus rien, je suppose qu’on peut sortir.

Il n’attendit pas d’entendre l’avis d’Itzal et sortie la tête de la crevasse. La voie semblait libre, il sortie et attendit que l’autre homme fasse de même.

-Je n’ai aucune foutue idée par où il faut aller par contre.

La nature ce n’était vraiment pas trop son truc, il n’avait pas trop fait attention dans quelle direction ils avaient fuis.

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Spoiler:

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Cette fois-ci, Itzal ne rechigne pas une fois qu'ils se retrouvent à l'abri et que son compagnon s'occupe de la flèche insérée dans sa paume. Il serre les dents, grimace légèrement, mais ce n'est pas pire que certaines blessures passées : depuis le temps, il a supporté bien pire. Sa mémoire est d'ailleurs chatouillée... Le Corbeau déchu songe à la dernière fois où Ezequiel avait soigné sa main. Si quelques jours plus tôt, il n'aurait probablement pas réagi autrement qu'en détournant ses yeux, un sourire timide se glisse à son tour sur ses lèvres. « Pour être honnête, ça ne me dérange pas... » Une mauvaise habitude qu'il ne désapprouve pas, en son for intérieur, tant cela lui fait de l'effet. Dire qu'il lui aura fallu tout ce temps pour l'admettre, à ce point englué dans sa marre de déni.

Enfin la voie semble libre et le plus âgé fait confiance à son cadet plutôt que de tendre son oreille plus usée par les années. De toute manière, ce dernier est déjà la tête à l'extérieur alors il sort à son tour de la crevasse sans que son rictus n'en décolle. Une attitude étrange mais le sentiment qui germe intérieurement en observant Ezequiel l'y pousse. Toujours le même bougre qui n'a aucun sens de l'orientation. Qu'il est bon de voir qu'il reste fidèle à lui-même. Un instant, le maître assassin se perd pour de bon en le fixant simplement, conservant son expression. Et ce n'est que trop tard qu'il lui est possible de réagir à cette nouvelle flèche qui siffle. Ils sont toujours là. Ils étaient tapis dans l'ombre. Itzal commence à entrouvrir la bouche pour avertir mais c'est une perte de temps. La seule chose à faire est de bousculer son comparse qui se retrouve au sol.

Ploc. Les prunelles grandes ouvertes, même pour lui tout est allé trop vite. S'est-il à ce point ramolli pour qu'un vulgaire archer parvienne à lui transpercer le crâne ? Fichée entre les deux yeux, la flèche est embourbée dans le sang qui coule d'abord sur les joues puis à terre. Sa vue est peu à peu obstruée mais le quarantenaire ne pense pas halluciner en découvrant le responsable quelques mètres plus loin. Ce n'est pas n'importe qui, c'est l'un de ses anciens comparses, à lui autant qu'à Ezequiel. Evidemment... Si tout s'éclaire, tout s'assombri également dans son esprit. Les dernières zones de lumière laissent place aux ténèbres, au néant. Itzal bascule son regard sur son compagnon avec des regrets plein la tête : prioritairement le manque de temps. « J'aurais... aimé... » Lors des dernières secondes qu'il lui reste, très probablement, il puise dans ses ressources. Seulement le Corbeau allié aux chasseurs Tévintides lui décoche une seconde flèche en pleine gorge. Le sang s'écoule abondamment, la voix autant que la respiration est coupée. N'avait-il pas le droit à une mort plus digne après tant d'années de service ? Il faut croire que non. Un traître reste un traite, pire encore parmi les Corbeaux qui se fichent bien des conditions. Mais plutôt que de l'amertume restée en travers de la gorge, c'est cette maudite flèche qui accapare tout l'espace.

(c) DΛNDELION

Death is a challenge. It tells us not to waste time…It tells us to tell each other right now that we love each other. Itzal & Ezequiel

Road to nowhere.

Ezequiel ne faisait pas attention à son environnement, avoir Itzal auprès de lui, lui faisait baisser sa garde. Pourtant en étant un ex corbeau il savait qu’il devait être sur le qui-vive en permanence, ne rien laisser le surprendre et être prêt à tout. Cependant le jeune traitre se laissa surprendre et ce fut une énorme erreur, il se sentit être poussé puis se retrouva au sol se demandant pourquoi ?

Il reconnu facilement le bruit d’une flèche qu’on décoche, paniqué il se retourne rapidement et vit a cet instant le projectile fiché entre les deux yeux du maitre corbeau. Il n’y croit pas sur le moment, ce qu’il se passe sous ses yeux est impossible, ce n’est qu’un cauchemar, il refuse de croire ce qu’il voit. Doucement il se lève, son regard planté dans celui de l’autre homme, les mots le tirèrent de sa léthargie et Ezequiel se rapprocha le plus possible de l’ancien maitre assassin. Malheureusement il ne fut pas assez rapide et lorsqu’il pensait être enfin assez près pour attraper Itzal, l’ennemi décocha une flèche dans la gorge du roux. Le brun stoppa net et regarda le corps de l’homme auquel il tenait le plus tomber sur le sol, ils savaient qu’ils devaient mourir un jour, mais Eze’ avait espéré que ça serait bien plus tard…La réalité venait de les rattraper d’une manière plutôt cruelle. Il tomba à genoux à côté du corps sans vie de son ancien mentor, de l’unique personne qu’il avait vraiment aimé, il n’arrivait pas à croire que tout était terminé.
Doucement il tendit une main tremblante vers le visage d’Itzal et lui ferma les paupières, c’était l’unique chose qu’il pouvait faire.

-Je suis tellement désolé Itzal…

Il avait envie de hurler, mais des bruits de pas lui rappelèrent qu’il n’était pas tout seul, évidemment c’était son tour, à lui de bientôt de rendre son dernier souffle…D’une certaine manière c’était rassurant de savoir qu’il allait mourir ici et maintenant, il avait toujours eu peur de sa fin de vie en tant que Garde des ombres, les cauchemars et le reste. Au moins il allait mourir en tant qu’humain parfaitement conscient de ses actes et de ce qui l’entoure, il n’allait pas finir à moitié fou dans les Tréfonds, lâchant un soupir il ramena sa main vers lui et ne bougea plus. Le bruit des pas se stoppa juste derrière lui, il savait que c’était fini.

Il sentit une main se poser sous son menton pour ensuite lever son visage, il aperçut enfin la face de la personne qui mettrait fin à sa vie et Ezequiel ne fut pas vraiment surprit de reconnaitre cette personne. Ensuite il sentit le contact du métal froid qui glissa doucement le long de sa gorge, puis ce fut la sensation d’un liquide qu’il ressentit…Son propre sang s’échappa de la plaie.

Le Corbeau le relâcha et son propre corps chuta, il n’avait aucune force, ni aucune volonté pour essayer de tenir, de survivre, il voulait que ça se termine vite. Sur le sol il regarda le liquide carmin s’étendre de plus en plus et sa vision se troubla, il ne voyait plus grand-chose…Puis ce fut tout noir, il n’y avait plus rien, il n’était plus là, c’était enfin terminé.

(c) crackle bones