WALK THIS WAY (ERIS)

Rien n’enchantait plus Eris que la perspective de cette journée ; oh, si, peut-être que deux ou trois bricoles pourraient littéralement la faire sauter au plafond – mais rien que ne lui soit accessible dans l’immédiat. Et si la toute fraîche Marquise de Serault est une femme pleine d’ambition, elle ne se perd pas en vains rêves et fantasmes. Aujourd’hui, elle est accompagné de ce cher Duc de Firmin, avec lequel elle a l’habitude de dominer les soirées. La femme avait toujours su bien s’entourer ; et quand leur opinion était, la plupart du temps, largement partagé, cela n’en était que plus agréable... Même si elle avait depuis longtemps abandonné l’idée d’un mariage avec Ruben. Elle trouverait bien un autre moyen de devenir Duchesse.

Mais aujourd’hui, ils allaient pouvoir se détendre un peu, d’une manière dont seule la noblesse dorée d’Orlaïs pouvait le faire : en allant chez un nouveau tailleur. Pas de robes en prévision pour la noble femme, cela dit : pas encore. C’est Ruben qui a pris rendez-vous pour la première fois chez cet homme, et qui l’a convié à assister à cela avec lui. Au moins, si la réputation de ce tailleur était à la hauteur de son talent, elle saurait qu’elle peut s’y rendre sans risque. Mais si son travail tendait plutôt à prouver le contraire... Eh bien, au moins, ils pourraient descendre le pauvre homme à leur guise et passer un très bon moment à lui cracher dessus !

Quoi qu’ils en soient, elle avait hâte d’y être, sans chercher à se presser, ni le presser. Les gens de leur rang savaient se faire attendre, désirer ; c’était même tout un art, et ils n’allaient certainement pas déroger à la règle. C’est pourquoi ils flânaient le long du marché, observant ce qu’il s’y vendait avec un œil aguerri tout en ragotant. C’est donc sans grande surprise que Ruben découvrit un marchand qui n’avait décidément rien à faire ici. « Bientôt, ce sera au tour des oreilles pointues, si ça continue comme ça... » siffle-t-elle avec dégoût pour approuver ses paroles, tandis que le Duc les entraîne plus près, certainement pour affuter sa langue.

Bingo. Eris accompagne son air outré lorsqu’ils s’approchent. La qualité est tellement déplorable qu’elle n’offrirait même pas l’un de ces articles aux elfes des bascloîtres. Déjà parce qu’elle ne leur offrirait rien du tout, mais également parce cela n’était même pas assez bien pour eux – pour vous dire à quel point cela pouvait être rebutant. « Mon cher ami, » commence-t-elle en dépliant son éventail pour se faire un peu d’air, « je me demande si cet homme n’a pas simplement trouvé ces objets dans les ordures des elfes, cela expliquerait cette odeur répugnante et cette qualité des plus désastreuse... » Elle voit Ruben regarder autour de lui, certainement à la recherche de quelqu’un pouvant les débarrasser de cet affront au bon goût. Un véritable crime de lèse-majesté, selon elle...