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Mar 4 Juil - 21:17


L'avenir sera meilleur demainapporte-moi un susurre d'espérance
***

Les bottines forent leur sillage sur le tapis nival que forme la neige sur les landes. Virginal paysage aux allures enchanteresses, les faisceaux de l'astre diurne l'immerge d'une luminescence presque aveuglante, comme si la vénusté de leur Mère Nature n'était que trop pure pour les prunelles d'un simple mortel. Pusillanime qu'il s'est toujours senti en contemplant ces augustes montagnes, accoutumé à les coudoyer et pourtant toujours humble face à elles. Car le Créateur sait qu'il les connaît, ces belles liliales, qui forment la couronne protectrice d'une citadelle qu'il portera toujours au myocarde. Combien de fois l'a t-il arpenté, ce sentier, pour rejoindre ce qui s'apparente le plus à un logis ? Ou ce qui s'y apparentait, naguère. Chaque foulée le transporte à travers les réminiscences, et s'il tend l'oreille, le bougre croit quasiment ouïr les voix hétéroclites de ses troupes d'autrefois. Une liesse spectrale qui lance un frémissement le long de son épine dorsale et lui fait observer les alentours d'une mine songeuse. Bien seul est l'ancien héraut des âmes en peine ou en mal de dessein, n'avoir que les rauquements impatients de sa monture en guise de conversation lui remémore qu'être bohémien n'est pas un quotidien pour lui. Alors à quoi bon, il se le demande, s'imposer une énième fois ce chemin de croix, pour ne glaner à l'arrivée qu'une vétuste fresque d'une vie passée ? Diable que ces supputations, ces doutes, ces absurdes songes, qui le font toujours revenir à son nid tel un aiglon nostalgique du bon vieux temps. A croire qu'inconsciemment, il s'agriche aux vestiges de l'Inquisition.

Une fois à la cime du versant pentu dont il fait varappe, ses orbes diaphanes épousent enfin l'architecture de Fort Céleste – et leur démiurge lui en soit témoin, quelle divine apparition. Le souffle vient un instant à lui manquer, et il ravale l'ondée de souvenirs qui l'assaille. Lorsque soudain, une bourrasque différente des autres... ou peut-être, une obscure sensation qui l'empale. Il tord le râble pour regarder derrière lui non sans suspicion, persuadé, sans en avoir de preuve formelle, que quelque chose ou quelqu'un le suit depuis un moment. Depuis sa retraite forcée, même, qu'il a l'impression d'être sempiternellement surveillé. Mais pour qui pourrait-il bien être une menace, maintenant mis au ban ? Il opine négativement du chef, gouaille même de lui-même, puis reprend route vers sa destination.



*****



Au pied de la pléthore d'escaliers menant au cœur du bastion, l'adonis retire les brides du versatile dracolisk et lui tapote affectueusement le flanc. Ashrak feule d'aise, les mandibules à présent libres de pression, et se fait badaud dans la demeure qu'il connaît au moins aussi bien que l'ancien Inquisiteur. Celui-ci le talonne de calots circonspects, avant de les ficher en direction de l'entrée, vers laquelle il gravit les marches. Au faîte de celles-là, il pénètre le hall principal, dont les murs sont ornementés d'oriflammes poussiéreux et dilacérés. Lentement, il progresse, dans le mutisme mortifère de ce qui fut jadis un lieu de rassemblement, de visites, et d'échanges. Il entrevoit les chimères de ses camarades, des nobles issus du tout Thédas, et même, celle du garçonnet qu'il a un jour été, galoper d'un bout à l'autre de l'endroit. Il n'ose tout de go aller voir l'état de la bibliothèque, son refuge durant des années, et préfère se concentrer sur le trône chamarré d'arantèles qui se tient à l'antipode. Il le rejoint et se poste à quelques coudées, sans oser plus avancer. Combien d'assemblées tenues, de jugements rendus, sur ce siège aux airs régaliens ?
Derechef, son élan est rompu. L'écho de bottes sur le sol attire son attention, et cette fois, c'est un galbe qu'il distingue aux huis qu'il a précédemment passé. Une silhouette dont il ne voit rien de précis, et la question se pose quant à savoir lequel d'eux était là avant l'autre. La paluche non pas sur le manche de son estoc mais néanmoins proche, Gwenaël sourcille.
« Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? » Le phonème est péremptoire, indiciblement agacé. Si ce bélître ne se trouve en pratique plus sur son territoire, le sentiment s'avère intact. « Vous n'avez rien à faire ici, disparaissez... » L'hypothèse seule que des cuistres puissent investir son ancien chez lui, même pour une sorgue, l'horripile et lui met le cœur au bord des lippes. « Vous n'avez rien à faire ici... » Qu'il se convainc, qu'il se sérine. Car que ce sanctuaire soit sien et uniquement sien, qu'il désire.

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Mar 18 Juil - 23:47

Les cimes acérées aux reflets de bleu poli se détachaient dans l’immensité de la voute ; murailles pentues aux pièges immaculés que le Seigneur-Chercheur observa un instant, dans le silence glacé, austère et malgré tout céleste, de sa traversée. Le pas sûr de l’équidé, qui suivait sans renâcler les méandres déjà traversés par le passé du chemin serpentant au sein de ces montagnes perdues, nichées dans le cœur du monde, laissait l’occasion au cavalier de prêter davantage attention à la vie discrète qui s’épanouissait là. Et à mesure que l’air se raréfiait et devenait plus froid, le choc des sabots heurtant la roche en un rythme posé devenait l’unique distraction sonore dont pouvait profiter le noble orlésien. Bientôt toutefois, se révélèrent enfin les crêtes taillées d’une vieille bâtisse posée dans son écrin neigeux. Fort-Céleste se dressait là, devant lui, l’accueillant de ses austères tours tournées vers le ciel, protégé dans ses murailles qui n’avaient plus rien à garder. La lumière qui se déposait sur l’indicible forteresse faisait ressortir ces ombres lovées là comme preuve de son abandon. Une image à la fois grandiose et solennelle, d’où découlait cependant la triste amertume d’un temps révolu et regretté.

Le Seigneur-Chercheur inspira longuement à la vue du dernier bastion de l’Inquisition et fit reprendre sa marche à sa monture opaline. Bientôt, il se retrouva à arpenter dans l’écho dissonant du petit trot les arches gigantesques maintenues au-dessus du vide. La pensée de marcher sur une plateforme suspendue ainsi avait toujours été quelque peu désagréable, et sans doutes, songea-t-il en profitant de cette solitude jamais connue dans ce lieu, cela avait-il toujours contribué à forcer l’humilité des visiteurs et invités de grande marque. Et rendre mal à l’aise ceux convoqués pour le jugement inquisitorial. Dans la cour pavée, Marius sentit le poids des fantômes oppresser les lieux, l’écho étrangement tu comme si un voile cotonneux étouffait les sons. C’était d’un silence particulier que Marius n’avait encore jamais connu ailleurs. Etait-ce ainsi que le temps rendait justice à ceux qui avaient permis au monde de ne point disparaître ? Par l’oubli dans la mémoire des pierres qui s’érodaient, par la noyade des traces civilisées au sein d’une nature sauvage qui reprenait ses droits ? Un peu plus loin, le regard du noble orlésien fut attiré par la silhouette élancée d’un dracolisk. Le même qui accompagnait ce qui fut l’Inquisiteur il y a encore une année.

Attachant son destrier à un anneau d’écurie, Marius traversa d’un pas lent l’enceinte furieusement vide de la forteresse, ses bottes mordant les marches avec ténacité alors qu’il caressait l’espoir de retrouver celui qu’il avait suivi jusqu’ici. Un endroit propice pour l’importance d’une entrevue qu’il valait mieux garder à l’abri des oreilles indiscrètes. Pénétrant dans la grande salle de Fort-Céleste, le Seigneur-Chercheur put distinguer, à l’opposé, la silhouette humaine qui se découpait dans la lumière diffusée par les vitraux. Triste image de la déchéance de l’Inquisition… L’œil froid du cavalier en armure se promena sur le décor en lambeaux tout en avançant doucement vers le centre du hall, ses pas résonnant vers les hauteurs boisées de la charpente dans le cliquètement singulier des éperons et des mailles reluisantes. Au bout de la pièce, la voix de Gwenaël retentit, brillant par la méfiance et la colère sourde qui en suintait. Loin de se sentir intimidé, le Seigneur-Chercheur continua sa traversée, commençant à entrevoir quelques traits de l’Inquisiteur. Ou ce qu’il en restait. « J’en conviens. Mais techniquement, vous non plus. », répliqua-t-il alors qu’il sortait de l’ombre, soudainement nimbé par l’éclat flou qui éclairait l’estrade et son trône vacant. Un fin sourire vint étirer les lippes de Marius tandis qu’il franchissait les derniers pas menant à l’Inquisiteur. « Vous n’êtes pas toujours facile à débusquer, mon vieil ami. Je suis navré de ne pas vous avoir rendu visite plus tôt. »
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Mer 26 Juil - 21:11


L'avenir sera meilleur demainapporte-moi un susurre d'espérance
***

L'hémoglobine est en fusion dans les marbrures, le bougre se contient – se retient, de glavioter des mollards de lave à l'instar d'un écailleux gardant farouchement son butin. A la différence que les dragons ont des trésors chatoyants de mille feux, et que lui, n'a guère qu'une terne citadelle abandonnée de laquelle jouir. Piètre cerbère que voici, davantage à clabauder qu'à véritablement mordre, ces derniers temps. Peut-être est-ce justement tout cela, la raison qui ravive une flammèche de pugnacité en son for intérieur. : le fait qu'il n'ait plus que ce bastion sans âme comme possession. S'il n'a cure des honnêtes pérégrins qui ne font que trouver refuge le temps d'une sorgue, il ne peut même imaginer tolérer la présence d'un quelconque scélérat, d'un quelconque cartel de malintentionnés venus galvauder ce lieu saint en son cœur. Alors qui est-ce, cet olibrius qui piétine ses dalles et ose interrompre son recueillement ? Est-ce seulement un hasard qu'ils se soient trouvés là simultanément ? La méfiance lui fait dresser l'épine dorsale, et ses paupières se plissent pour tâcher de distinguer les traits physionomiques de celui qui vient à sa rencontre. Puis, ce phonème, si familier qu'il laboure les réminiscences, qu'il étouffe tout de go le brasier à naître et transit l'éphèbe. Cette fois il n'a cure du vocable douloureusement véridique qui est prononcé, et se laisse harper par l'apparition presque chimérique d'un vieil acolyte dont il ne pensait plus revoir la risette.

« Seigneur-Chercheur... ! » Que lui échappe le soupir stupéfait. Puis il ne lui faut point une seconde supplémentaire pour s'avancer à son tour, vraisemblablement lancé dans un élan enthousiaste qu'il stoppe net, hésitant, une fois très proche de son interlocuteur, qu'il contemple tel un bambin timoré. Gwenaël a la notoriété bien faite d'un homme sentimental, à l'âme ô combien songe-creuse. Un propre romanesque qui le laisse épancher ses affects, parfois comme une donzelle un peu trop fleur bleue – et il sait, parfaitement, qu'entre mâles, ces effusions font rarement légion. Pis encore, souvent mal perçues, apparentées à la faiblesse du cœur trop tendre. Alors il ne sait que faire, suivre son intuition et la nécessité d'un contact physique, d'une once de chaleur humaine même fugace, ou se fier à ce décorum que trop respecté auparavant. Il racle le sol de prunelles incertaines, puis il sourcille, et heurte un peu brutalement le sieur de Ghislain qu'il emprisonne dans une étreinte qu'il souhaite fraternelle, mais qui apparaît quasiment infantile. « … Ca me fait plaisir de te voir, mon ami ! » Tout protocole abattu, il ne se morfond pas même en vouvoiement, arborant sa simplicité, prouvant derechef qu'il a longuement coudoyé la noblesse sans jamais en faire partie. Un bélître issu de la plèbe, d'aucuns diraient, une image seyante à son goût. Après avoir puisé un iota de force en cette accolade, il se recule, affichant un sourire enjoué en lui tapotant amicalement l'épaule. « Par Andrasté, toujours aussi beau, l'apollon de ces Chercheurs de la Vérité. N'a t-on pas encore dédié un livre de belles rimes à ta superbe ? » Qu'il le taquine non sans ronronner un ricanement, son propre rire dont il avait presque occulté la symphonie. Une pléthore d'idées et de questions se bousculent alors dans sa caboche, il omet un moment toute la misère qui fait lanciner son être depuis un certain temps et ne sait par quel bout commencer.

« Ton visage emplit mon vieux cœur de gaieté Marius. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas aperçu un faciès familier – ou du moins, un ne m'ayant jamais été hostile. » Le Créateur seul sait où rôdent tous les anciens membres de l'Inquisition, ou peut-être est-ce lui qui réussit à se faire trop discret dans la masse populaire. « Dis-moi, quel bon vent t'amène ? »

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