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Jeu 22 Juin - 21:33


 

 
Laissés pour compte

 
Il vaut mieux être seule et malheureuse que malheureuse avec quelqu'un.

 
Une journée comme toutes les autres aux Cercles. Une journée de travail, de simplicité, de concentration. Tout est immuable et sans heurts depuis mon Apaisement. Cela me convient tellement qu’il m’arrive de me demander pourquoi, autrefois, j’aspirais tant à la rébellion.
J’étais un sujet difficile. Je m’en rends compte, maintenant que mon esprit est parfaitement clair. J’étais un élément perturbateur, prompt à la querelle et aux ennuis. Maintenant que mes pensées sont débarrassées de leurs parasites, je réalise combien j’ai été aveuglé par cette soif inextinguible de liberté et, surtout, de singularité. Je voulais être unique. Indépendant. Particulier. Ce faisant, j’étais égoïste et dangereux. Les Templiers ont peut-être eu tort de me conduire ici – car avant, je n’étais pas problématique – mais ils ont eu raison de m’apaiser. J’aurais fini par tuer quelqu’un, et de cela, je m’en serais voulu jusqu’à la fin de mes jours.
J’ai passé la journée entière à la bibliothèque, à parfaire mes connaissances sur l’enchantement. Je ne suis plus bon à rien pour la magie mais je m’y entends en matière de runes, à présent. Mes ouvrages sont de plus en plus précis, au point qu’on me recommande auprès des Chercheurs de la Vérité. Si mes travaux peuvent aider, c’est une bonne chose. De plus, je gagnerai de l’argent à travailler ainsi. L’appât du gain ne m’intéresse pas, mais jouir d’une confortable situation me permettrait peut-être de quitter le Cercle et de m’installer ailleurs... à Jader, peut-être ?
Je chasse cette idée de mes pensées. Cela n’arrivera jamais. Je sais que je ne pourrais vivre ailleurs qu’au Cercle, à présent. Ma vie est ici. En dehors de ces murs, les gens m’observeraient comme une bête de foire. Je les effraierai, je le sais parfaitement. Leur réaction m’indiffère, mais je n’ai pas envie qu’on brûle ma maison pour le seul plaisir de se débarrasser d’un Apaisé. Je vais sans doute gagner de l’argent, mais je ne saurais quoi en faire.
Ignorant ces idées, je replace les livres dans leurs rayonnages, me concentrant sur cette tâche simple et sans conséquence. Ma vie a pris une tournure des plus répétitives depuis que je suis Apaisé, mais cela ne m’importune pas. Je m’y plie parce que je le veux, parce que je n’ai rien de mieux à faire. Parfois, un mage sollicite mon aide pour un travail – ils sont peu nombreux, cependant, à vouloir de moi pour agrémenter leur quotidien. Je ne suis pas un compagnon des plus loquaces, ni des plus enjoués. Pourtant, ils devraient le reconnaître, je suis probablement le plus efficace. Aucun de ces mages inquiets et tourmentés n’a la même capacité de concentration que moi. Je ne suis peut-être qu’un rebut, je n’en reste pas moins le plus utile.
Sans un mot, peu ému par ma solitude et par la défiance de ceux qui, autrefois, me considéraient comme l’un des leurs, je range mes affaires et m’apprête à quitter la bibliothèque. Chaque outil, chaque crayon, chaque instrument a sa place dans ma sacoche ; je les y range avec un soin absolu, conscient que de cette manie dépendra mon aisance future à les retrouver. Rien ne me presse. Rien ne m’agace.

« Regarde-le... » murmure une voix derrière moi.

Je ne me retourne pas, bien que je sache que ce « le » me désigne à coup sûr. Un mage est sans doute en train de me pointer du doigt et de me désigner à son camarade, à moins que ce ne soit un Templier – mais tout ceci est du pareil au même. Je ne prête pas attention aux quolibets. C’est probablement l’un des avantages d’être Apaisé : ce que l’on pense de nous nous indiffère.
Ceux qui m’observent ainsi discourent un moment sur ma condition, avant de finalement décider que je ne mérite pas plus de leur attention, sans doute parce que je ne leur accorde pas le moindre crédit. Ils finissent par s’éloigner. Leurs pas claquent un moment sur les dalles froides de la bibliothèque, avant de s’arrêter de nouveau. Cette fois, ce n’est pas moi qui ferai l’objet de leurs remarques acerbes. Je ne m’intéresse pas à leurs querelles. Ayant terminé de ranger mes livres, je passe la lanière de mon sac autour de mes épaules et me prépare à quitter la bibliothèque, mais les trois mages me bloquent le passage. La cible de leurs moqueries les ignore presque autant qu’un Apaisé. La « porte de prison », comme beaucoup l’appellent, pourrait cependant très bien leur voler dans les plumes.
Sentant ma présence derrière eux, les trois mages se retournent brièvement, m’adressent un regard chargé de mépris, puis passent leur chemin. Je les regarde s’éloigner, avant de tourner mon attention vers leur seconde victime. Hélène et moi n’avons jamais été proches, lorsque j’étais encore normal, même si cela ne m’empêchait pas de la saluer lorsque je la croisais.

« Bonsoir, Hélène », lui lancé-je sobrement.

Elle n’est pas du genre à se moquer des Apaisés, peut-être est-ce la raison pour laquelle je suis plus enclin à lui manifester du respect.

« Ne fais pas attention à eux. Ils finiront par se lasser si tu les ignores. »

Sage conseil, que je tente d’appliquer à ma propre situation. Pourtant, ça n’a pas l’air de les décourager. Cela dit, moi non plus...

« Qu’étais-tu venue étudier ? »


 by tris
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Ven 23 Juin - 23:08

 
Hélène & Tristan

"Laissés pour compte..."

L'ennui. C'est une chose à laquelle on finit forcément à être confronté lorsque, comme moi, on vit entre les murs de la Tour des Mages. Chaque journée est semblable à la précédente et seuls les incidents ou les rares événements - tels que l'arrivée d'un nouveau mage, fait captif par les templiers - viennent troubler cette insupportable quiétude.
Quoi que les arrivées ont tendance à se faire de plus en plus souvent ces temps-ci… Cela fait plusieurs mois que je suis prisonnière à présent, et si au début nous n'étions qu'un petit groupe de mages, notre communauté ne fait que s'agrandir de semaine en semaine. Je me demande même quand cela cessera.
Qu'avons-nous fait ? Nous avons eu le malheur de naître doués de magie. Certains disent que c'est le Créateur qui nous a bénis et nous a accordé son don, d'autres clament que c'est une dangereuse malédiction et que nous devons être éradiqués. De toute façon, ce sont tous des idiots.
Le commun des mortels nous craint, effrayés par ce qu'ils sont incapables de comprendre et surtout, incapables de combattre. Ils préfèrent nous parquer au sein des Cercles, tels des animaux, plutôt que d'essayer de vivre avec nous.
J'aime à considérer la magie comme une alliée, un outil capable de sauver des vies et de rendre notre existence en ce monde bien plus agréable. Et oui, je suis bien consciente que c’est également une arme. Mais une arme qui peut être utilisée à bon escient.
Les mages doivent nécessairement apprendre à se contrôler, c’est un fait. Mais est-il vraiment nécessaire d’utiliser des méthodes aussi radicales ? D’employer des traitements aussi barbares ? Bien sûr que non.
Mes journées, depuis mon arrivée dans cet enfer qui m’a privé de tous mes souvenirs, sont entièrement consacrées à l’étude de la magie. Je m’engouffre dans la bibliothèque, endroit de la Tour que j’affectionne particulièrement. Le calme et l’odeur des vieux livres qui y règnent me ravissent.  J’y passe très souvent mes soirées, le nez fourré dans un ouvrage, parfois à la lumière d’une bougie.
Aujourd’hui ne fait pas exception à la règle. J’ai passé une bonne partie de la journée au laboratoire, à expérimenter certains travaux alchimiques, et à présent je parcours les rayonnages dans la grande bibliothèque du Cercle. Je sélectionne quelques tomes qui me paraissent pertinents pour mes recherches et part m’installer à une table.
Une heure passe pendant laquelle je prends des notes sur le carnet que j’utilise pour mes recherches. Quelques mages sont présents mais je ne leur prête guère attention. Je sais qu’eux, en revanche, aiment médire dans mon dos quand ils pensent que je ne peux pas les entendre. Je sais qu’ils aiment m’affubler de surnoms moqueurs, comme la « Porte de Prison ». Il y en a d’autres certes, mais c’est celui-là qui revient le plus souvent.
Et, comme d’habitude, je me contente de les ignorer royalement. Si, il y a quelques temps leurs critiques me blessaient, elles ne m’atteignent maintenant plus. Certains ne sont que peu discrets cependant. Comme ces trois imbéciles qui pensent très certainement que je suis trop occupée pour les entendre chuchoter à mon sujet.
Ils finissent toutefois par s’éloigner et je pousse un soupir de soulagement. Si je n’ai cure de leurs propos, j’ai en revanche horreur qu’on vienne perturber mes travaux de cette façon. Si vous voulez murmurer dans mon dos, faites-le plus loin !
Je suis de nouveau plongée dans un écrit traitant des propriétés alchimiques lorsque j’entends une voie m’interpeller. Je relève la tête en direction de mon interlocuteur.

« Oh, bonjour Tristan. » Je réponds poliment à l’apaisé.

Tristan fait partie, au sein du Cercle des mages, des quelques personnes avec qui j’entretiens un semblant de relation. Une relation avec un apaisé, quelle ironie me direz-vous. Mais enfin ça je m’en fiche. Tristan est un assistant parfait pour mes recherches : appliqué, méthodique, capable de voir ce qui m’échappe… Et au moins, sa présence n’est pas un poids. Je n’ai pas à supporter d’interrogations désobligeantes de sa part et il ne m’impose pas sa présence quand je ne la souhaite pas.

L’apaisé m’intime alors ne pas faire attention aux murmures désobligeants de mes collègues mages et qu’ils finiront très certainement par se lasser. Par expérience, je doute que cela soit vrai, mais je n’en fais cependant pas la remarque.

« Je te remercie mais ne t’en fais pas, ces idiots m’indifférent. » Je me contente de lui indiquer.

Son regard se porte sur le livre sur lequel j’étais penchée quelques instants plus tôt et il m’interroge alors sur le sujet de mon étude.

« Je fais des recherches alchimiques. » Je lui révèle avec un petit sourire. « Mes travaux actuels portent sur une potion visant à faciliter le sommeil. »

Disons plutôt une potion pour éloigner mes cauchemars. Mais inutile d’en faire mention si Tristan ne me pose pas la question. Je sais que des oreilles indiscrètes traînent toujours dans le coin et je n’ai aucune envie que certains découvrent mes faiblesses.

« Un de ces jours tu pourrais peut-être m’aider à mettre mes recherches en pratique. » Je lui propose. « J’aurais bien besoin de tes conseils avisés. »

Je n’éprouvais aucune haine à l’égard des apaisés, contrairement à d’autres mages, seulement de la tristesse et je ne comprenais donc pas ce besoin de les rejeter avec autant de véhémence. Enfin si, je comprenais bien qu’il s’agissait de peur, j’étais en revanche incapable de l’accepter.

« Et toi ? » Je lui demande ensuite.
code by Silver Lungs
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