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Jeu 20 Juil - 17:14



Iselad & Ferahel

En touchant le vermillon, on se salit de rouge.


Comme à chaque labeur savamment exécuté, Ferahel prit un  soin méticuleux à la toilette de ses mains. En témoigne l'hémoglobine stagnante dans le large récipient d'eau sur son bureau. Elle jeta un regard négligé vers l'elfe en piteux état sur la chaise en face d'elle. Spectacle qui perdait lentement du détail au fur et à mesure que la bougie s'éteignait, au son des pénibles respirations hachées. Elle prit cependant la peine de plier soigneusement le torchon en six à côté de la bassine, avec une lenteur assassine. Prolongeant une douloureuse et insupportable attente. C'est en tendant la main pour saisir le bougeoir et raviver l'ambiance intime du moment qu'elle soupira.

« Je comprendrais jamais ce qui vous prend à chaque fois. C'est comme si t'avais pensé que ça valait encore la peine. »


Son interlocuteur avait le regard lassé et éteint, au milieu d'un visage difficilement reconnaissable. Les prunelles marrons la dévisageait. La lumière maintenant ravivée, les globes oculaires absorbaient toute la lumière d'une silhouette maigrichonne vêtue de haillon. Cawr n'avait pas prit la peine de lui demander son prénom : mise à part son désintérêt avoisinant la taille du palais impérial, le bâillon rendait tout dialogue impossible. Et tant mieux : Ferahel avait déjà entendu des centaines de fois ce qu'il avait à dire.

Elle s'assit sur le bureau, l'ordre de sa mission impeccablement signés de la main du maître de maison, soigneusement disposés derrière elle et cachetés par les esclavagistes de Tevinter. Une soirée normale, de prime abord, si on oublie que l'un des futurs esclaves acheminés discrètement dans la cale d'un navire marchand, s'était imaginé être en mesure de prendre la poudre d'escampette. Au nez et à la barbe de Fer'. D'humeur relativement moyenne, la perquisition dans l'entrepôt aurait pu être un passe-temps convenable. Cependant elle s'était éternisée, et le peu de patience que l'elfe gardait s'était volatilisé, comme un cochard à l'appel du bain.

« J'aurai pu te laisser partir. » Fit-elle en fixant ses ongles, alors qu'elle essayait d'en retirer le sang séché. « Mais tu vois, j'peux pas te laisser raconter tout ce que tu sais à qui le voudra bien, comprends moi. Et comprends-le aussi. » Il s'agita soudainement sur sa chaise, et elle leva une main pour le réduire au silence. « Commence pas avec ça. On sait tout les deux que tu aurais fini par parler. De toi à moi : on peut pas dire que ta résistance à la torture m'a spécialement impressionné. » Haussement d'épaule alors qu'elle retourne à son récurage de griffe. « C'est pas grave, t'en veux pas pour ça. On a tous nos défauts. »

Le temps passa paisiblement. L'elfe tuméfié commençait à en tourner de l'oeil, quand son bourreau descendit du bureau et épousseta son uniforme, un saillant costume sombre, pratique et discret, qu'elle n'avait pas prit le temps de changer à son arrivée.

« A vu d'nez, on est à peine au milieu de la nuit. » qu'elle marmonna pour elle-même en écartant discrètement un des pans du rideau qui recouvrait la fenêtre de son espace de travail : Un charmant cabinet où s'entassait religieusement manuscrits et livres, non loin d'une archive inutile, et de sa modeste, mais confortable chambre. Tout pour faire croire à une sédentarisation. Elle-même avait du mal à s'y faire.

Sa réflexion, elle, était centrée sur la suite des événements : maintenant qu'elle s'était bien amusée avec lui, que faire de l'infortuné? Certainement pas le garder vivant, mais il serait compliqué de le faire marcher jusqu'à l'extérieur ou le garder vivant encore une soirée. Non pas qu'il y avait beaucoup d'activité dans les environs, mais les sanglots seraient une gêne non négligeable pour le travail.

Elle quitta la fenêtre pour s'avancer vers son chaperon de la soirée. Mal nourri et maigrelet, même pour un elfe. Le transport serait ennuyant, mais pas si difficile, et ainsi elle éviterait de le voir tenter une dernière fois quelque chose de stupide.
Et ce n'était pas la première fois qu'elle laisserait la forêt faire son office. Une grande dame magnanime et serviable.

Derrière ce qui restait de ce qui fut à peine un traine-misère des bascloitres, elle sorti un épais fil de tissu de ses mitaines.
« Le Géant t'envoie son bon souvenir... » Fut les dernières paroles –  prononcées avec une piété toute particulière – qu'il entendit avant que le cordon ne rencontre sa gorge. Posant ainsi une conclusion définitive a une existence morne et un avenir encore pire.

Il aurait pu avoir la décence de dire merci, mais Fer' mit cet oubli sur la difficulté de parler, avec un pan de tissu enfoncé dans le gueulard.

C'est quelques minutes plus tard, pendant qu'elle était minutieusement en train de détacher le cadavre à coups de gestes experts et habitués, qu'elle entendit des bruits de pas. Elle reconnaîtrait leur propriétaire entre milles. Loin de s'affoler ou de se dépêcher, elle se releva cependant. Pour accueillir le Seigneur Anfauglith comme il se devait. Après une révérence de convenance – et probablement pour l'apaiser un minimum en attendant le rappel à l'ordre qui allait suivre – elle lui désigna le corps encore chaud. Lequel avait désormais la tête entourée d'un épais drap taché de rouge: personne ne peut reprocher à Ferahel un manque de professionnalisme quelconque.

« Avant toute chose... » Elle leva les deux mains, l'une encore ornée d'un couteau servant à défaire les liens et lui offrit volontairement son sourire le plus charmant. « .. comme toujours, j'ai laissé aucune tâche sur les tapis ! » Détail important, si ce n'est crucial, à Orlaïs.
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Sam 22 Juil - 11:55


Ose ta salvatrice indisciplineet sa sapide érubescence
***

La première luminescence matutinale avait été incommodante, déjà. Une journée à placer sous un las auspice, l'un de ces jours où le fatum s'acharne, où rien ne consent à dulcifier les humeurs âcres – et par toutes les déités de tous les panthéons, les siennes, aujourd'hui, sont assassines. Même les caresses de ses soieries, encore moins les panaches ornant ses masques, ne trouvent grâce à ses algides prunelles. Les babines retroussées jusqu'aux gencives, qu'il s'est levé, dans l'appartement rupin limitrophe à son atelier de centre ville. Promptement si ce n'est instantanément sur son lieu de travail, il sent bien qu'il ne pourra rien parachever des besognes entamées la veille, que ni le textile ni les fioritures à enchâsser ne coopéreront – ou peut-être, n'est ce que le miasme de sa mauvaise volonté. De cet esprit qui cabote ailleurs, ancré à d'autres préoccupations qui ne le quitteront qu'une fois vérifiées. L'arrivage est important, ce matin, une nouvelle cohorte d'asservis transitant par son fief avant d'être damnée vers les terres septentrionales, vers cet Empire autrement moins amène et sémillant que celui dans lequel il vit. L'esclavage, une activité récente et naissante dans ses affaires, une opportunité trop alléchante pour la décliner – et qui a par ailleurs d'ores et déjà fait ses preuves. Les patronymes tévintides foisonnent dans son carnet d'accointances, intrigués qu'ils sont, leur curiosité ironique les menant à rencontrer l'elfe qui assujettis des elfes. A se procurer des asservis, et ses produits d'Orlaïs, aussi. Un souci de conscience – ou pas – lucratif et en plein essor. Cependant, toute acquisition illicite nécessite sont lot de prudence, et lorsque l'on se joue des lois, mieux vaut qu'elles ne nous rattrapent pas. Discrétion de mise, mais ses séides employés pour l'occasion le seront-ils, discrets ? Une déconvenue un peu trop criarde, et sa prospérité serait anéantie.

Le quant-à-soi est fallacieux et camoufle la lave en fusion, il prend son mal en patience. En fin de soirée, il ferait route en direction de sa demeure principale et pourrait reprendre les brides de l'opération, au moins jusqu'à ce que les crasseux laquais à en devenir soient dûment expédiés. En attendant, il compose avec sa correspondance, prend connaissance et entame les réponses aux épîtres du tout Thédas, ponctuellement dérangé par les arrivées de clients venus contempler, acheter ou passer commande. Certains plus importuns que d'autres, altiers à ce point que les questions ne sont que d'apparence, de fausses incertitudes pour mieux se faire tresser quelques couronnes avant de se décider – ou non. Rien qui ne gauchit la placidité de l'artisan – ses nerfs, en revanche, rouillent et ne se tendent que plus pour la sorgue qui s'annonce.

C'est au galop et sous bonne garde, à l'instar d'un empereur bien ceint de sa gloriole, qu'il se met ensuite en chemin. Un long moment avant que les premières lisières de sa propriété ne soient visibles, et qu'il foule enfin un sol n'appartenant qu'à lui. Il lance une lorgnade torve à l'astre sélénite qui le guette depuis la voûte céleste, presque rancunier qu'il y soit déjà en train d'y trôner. Nuit sombre et à peine rentré, crispé par la fraîcheur nocturne, qui plus est. Il se hâte, donc, dans le vestibule, où il se fait immédiatement cueillir par le plus loyal de ses factotums. Une révérence, et le voilà à narrer tous les événements qui se sont passés, le rassurant sur la bonne réception des aliénés. Jusqu'à ce détail, offrant à ce géant de Cawr, un rôle pour le moins inopiné. Les yeux roulent dans leurs orbites et le faciès se fissure dans un grognement digne d'un canidé. Sans plus de cérémonie, il gravit les escaliers et s'en va à la rencontre de la sylphide qu'il sait embusquée là-haut. Le pas noble, il entre sans prendre la peine de s'annoncer, se fichant là devant la donzelle tel un démiurge rentré de guerre. La fragrance du sang lui chatouille aussitôt les naseaux, il se détourne de sa courbette pour apercevoir le macchabée encore chaud, une vision qui le fait d'autant plus sourciller. Derechef tourné vers elle, il la larde d'un regard péremptoire et d'une aura ô combien faraude.

« C'est toi, la tâche sur ces tapis. » Le phonème est profond - guttural et manifestement ulcéré. Iselad n'est pas à importuner, assurément pas maintenant. D'ailleurs, avant qu'elle n'y aille de sa grotesque faconde, il lève une paume impérieuse pour l'en prémunir. « Ne dis mot ! Je ne suis pas d'humeur à t'écouter miauler tes irritantes allégations. »

Dans une mouvance régalienne, il pivote vers le cadavre et en approche. Ses phalanges glissent délicatement sur les mandibules, dont il saisit les jointures pour lui redresser le crâne et mieux voir sa figure. Il l'observe un instant, jugeant et constatant que le quidam n'a pas dû apprécier les dernières heures de son existence. L'infime espoir qu'il soit encore vivant, aussi, s'écroule avec la caboche qu'il laisse lâche. Un travail un peu trop minutieux, pour un simple esclave – et il s'interroge alors, de quoi le pauvre diable a t-il bien pu se rendre coupable pour périr en martyr ? Non point que l'Empire Tévintide lui aurait réservé un sort davantage enviable, mais il en aurait été de la décision d'un maître l'ayant préalablement acheté. Et non pas d'une scélérate un peu trop douillette de la lame.
Un soupir, puis il s'adresse à la naïade sans faire volte-face.
« M'était d'avis que ma missive à ton attention était limpide... que t'y demandais-je déjà ? » Il se tourne lentement, emportant et faisant gracieusement chalouper les somptueux pans de tissu avec lui. Les calots lustrant le sol, puis la chandelle à proximité, il y va de sa sempiternelle grandiloquence. « Accueillir nos hôtes et veiller à leur aise jusqu'à leur départ à l'aube du lendemain. » Enrober la hideur de la véracité, et ne permettre aucune preuve surtout écrite, même à une personne de confiance. « Quel vocable dans l'ensemble de ma requête n'as-tu point compris ? » Il la regarde de nouveau, dédaigneux car exécrant la transgression de son autorité. Il se place face à elle, employeur pour l'occasion, bien plus qu'amant. « Pas même le temps de me délasser dans un bain que l'on s'en vient me conter les râles d'agonie émanant de l'étage ! As-tu perdu la raison, Suledin ? Non seulement tu abîmes et exécutes un esclave valant son pesant d'argent – et dont il me faudra justifier de la disparition auprès de mes associés – mais en plus, tu te penses dans ton charnier personnel, prenant sciemment le risque que mes enfants découvrent que leur bienveillant géniteur use de sa propriété comme d'un passavant pour de la marchandise tévintide ! Estime-toi chançarde que mon fils et ma fille se soient absentés. » Fait qu'elle a certainement pris en compte bien avant qu'il ne la sérine, mais il n'est jamais de trop de remémorer les priorités. « Puis-je savoir ce qui t'est passé par la tête ? »

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Dim 23 Juil - 11:19



Iselad & Ferahel

En touchant le vermillon, on se salit de rouge.


« Oh pit... » Et la voilà coupée comme une vulgaire gamine qu'on gourmande. L'elfe lève les yeux au plafond en faisant bruyamment tomber ses mains sur ses cuisses. Si elle s'était bien évidemment attendu à une légère escarmouche, la voilà maintenant aux prises avec un employeur visiblement d'une humeur de hyène. Suledin ignorait la raison d'une telle ire, si tant est qu'il y est une raison bien précise, mais savait bien qu'il était impossible de discuter avec un noble courroucé, encore plus avec celui là. Prenant appui sur l'écritoire derrière elle, une main sur le bois poli, l'autre jouant à faire tourner son couteau d'une main de maître, elle l'écouta la noyer sous les réprimandes et vitupérations, avec un irrespect frôlant les astres.

Sur toutes les accusations, celle qui lui crispa particulièrement la mâchoire, fut celle de chançarde. Pour celle qui épongeait le sang derrière les traînes en soie du noblelfe, c'était une belle ironie. Il lui fallut un certain contrôle pour ne pas lui arguer que si elle avait dût s'en résoudre à la chance ne serait-ce qu'une seule fois dans son existence, elle n'en serait pas réduire à étrangler des misérables de sa race dans une étroite chambre de bonne. Mais elle n'avait ni l'envie ni la patience d'un argument interminable. Dans sa grande mansuétude, il finit -enfin- par lui demander des éclaircissements sur ses actions. Elle fit une dernière figure avec son couteau, croisant les pieds et les mains, attendit quelques secondes par pur esprit revanchard, et d'un signe de tête, s'assura d'être bien autorisée à parler.

« Vois-tu, nous devrions justement reparler de tes associés, quand l'un a eu l'idée merveilleuse de laisser échapper ton nom pendant la transaction. » Elle fit un bref signe de tête vers l'achevé non loin. « C'est à ce moment là que mon ami a bougé, sagement planqué derrière un meuble. Pauvre garçonnet, il devait pas l'avoir vu venir. » Elle eut une mine désolée chuintante d'ironie avant de reprendre l'exercice qu'elle détestait le plus au monde : se justifier.

« Quand je l'ai chopé, j'avais plusieurs choix : celui de le remettre avec les autres, quitte à ce qu'il parle et la rumeur fasse le reste. J'aurai aussi pu l'achever sur le champ, mais fallait s'occuper du cadavre : le jeter dans la cale avec le reste des esclaves? Pratique, mais ça les aurait rendu malades, tes clients auraient largement moins apprécié. Le laisser pourrir dans un coin aurait pas tenu jusqu'au matin, et dans le port, il aurait fini par remonter à la surface. Un elfe mort, c'est de la main d’œuvre foutue, et c'est quitte ou double : Soit on s'en moque, soit ça va énerver quelqu'un. Et je suis quasi certaine que tu m'avais parlé de discrétion. Que je maquille ou pas la scène, on est jamais à l’abri d'un fouineur. »

Le ton était quasi mécanique, d'une petite fille qui récitait sa leçon dans un automatisme lassant. Ferahel connaissait les règles du jeu par cœur, et ne se privait pas pour dodeliner de la tête d'un argument à l'autre. Elle reprit un semblant son sérieux face à ce qui allait suivre.

«Ça c'était pour le détail. Passons aux vrais problèmes et vrais risques : ce qui m'inquiétait c'était de savoir si c'était le seul a avoir réussit à nous filer entre les doigts. Si quelqu'un l'attendait, et si il avait eu le temps de fuiter l'information. »
Elle ouvrit les mains comme si c'était une évidence. « Et tu sais comme moi que c'est un travail bruyant. Je l'ai ramené au seul endroit où je peux faire ça sans être dérangée - En m'assurant de ne pas être suivie, bien sûr -, parce que je savais que tes enfants n'étaient pas là ce soir. »

Elle désigna son œuvre digne d'un orfèvre, d'un large et dansant mouvement de main. « Je précise qu'il était bel et bien tout seul, et qu'il ne présentait aucune menace. J'ai fini par achever le bonhomme, parce que c'est beaucoup plus facile à gérer qu'un elfe agonisant pendant la journée.» Mouvement de tête en avant, les yeux plantés dans les siens, appuyant une suffisante insolence. «Si le reste c'est une histoire d'argent, je dépannerai tes clients tévintides.» Elle éluda presque la question d'un mouvement de main comme on chasse une poussière. Avec sa réputation, elle avait assez de finances pour qu'un simple esclave soit à peine un battement de sourcils. Et pourtant l'amour du travail ramenait toujours le Géant sur le devant de la scène. Ou dans les ombres de celle-ci.

Le silence retomba. Bien que lourd et étouffant, il semblait presque paisible après les effusions de paroles assassines et lassées par une journée écrasée sous le poids de la pénibilité. Les secondes s'écoulèrent, avant que dans un geste téméraire, elle lève ses yeux bleutés vers lui, et pose avec une douceur particulière et contrôlée, son menton sur la soie onéreuse qui couvrait le buste du Seigneur elfe. Le regard mi-clos orné d'un bref sourire sur son faciès tiré par la fatigue de son labeur nocturne. Elle le fixait dans les mirettes sans hargne, provocation ou malice. Avec résolution cependant. Une œillade appuyée sûre d'elle et de son expertise. Et de bien d'autres talents.

« Je t'invite à me faire confiance, comme d'habitude, et de retourner te détendre. » Elle leva une main vers la simple mèche d'un blond parfait qui lui caressait la joue, et y glissa avec délicatesse ses doigts plus habitués par le sang et les coutelas. Un geste très furtif. « Il me semble que tu as un bain qui t'attend. »
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Mer 26 Juil - 20:59


Ose ta salvatrice indisciplineet sa sapide érubescence
***

Tant de vicissitudes pour obtenir tout ce qui lui appartient aujourd'hui, que le sylphe exècre que l'on érafle ce qui est à lui – plus encore lorsqu'il en partage la propriété avec autrui. Plus qu'une simple expansion matérialiste, l'affaire est de notoriété, et de primes conspirations pécuniaires pouvant lui coûter bien plus que la ruine. Zélé dans sa prudence, elle lui devient obsédante, une épée de Damoclès lui chatouillant le crâne d'un peu trop près. A t-elle seulement une once d'idée quant à la sempiternelle tension qui lui vrille les viscères ? Qui l'empêche parfois de trouver le repos dans une sorgue bien méritée, que ce soit par appréhension ou excessif souci du détail ? A trop coudoyer les dignitaires et leur piété du perfectionnisme, le voilà inoculé de la maladie, bien plus à présent qu'il a une couronne – d'or ou de ronces – à défendre. Si l'efficacité de la naïade le comble lorsque besogne est bien faite, sa truculence l'effraie aussi – ceci, même s'il sait pertinemment qu'il n'est dans l'intérêt d'aucun deux que les déconvenues viennent frapper à l'huis. Elle n'a nulle pareille pour le fâcher et l'émerveiller tout à la fois, et il s'interroge encore aujourd'hui sur la raison ayant amené leurs fatums à se rencontrer.

Parole octroyée à la partie adverse, il tend l'oreille en feignant tout ignorer. Il sait, depuis même l'aurore de ce conciliabule, qu'elle lancerait une ondée de bonnes justifications sur sa carcasse et son ire mal placée. La dame n'a que stratagèmes dans l'encéphale, et si le cuistre désormais sans pulsations a échoué jusque dans ses appartements, ce n'est assurément pas par délassement.Il pioche de fait dans les motifs exhibés et les sauvegarde pour plus tard, notamment celui faisant ostentation de son identité dans une transaction se voulant subreptice. Il comprend promptement – nonobstant la cataracte d'explications qu'elle lui pépie – qu'elle a une fois encore surveillé et sauvé ses arrières, puisqu'il ne peut pas être sur tous les fronts. Son regard rogne le macchabée avec mépris, jurant par toutes les déités – pour peu qu'elles aient un jour existé – qu'il est plus chanceux qui ne semble l'être pour ne pas avoir été à sa merci, à lui. Onguent discursif passé sur l'agacement du beau sire, celui-ci consent à se détendre même si une manifeste nonchalance demeure.
« Un ramas d'idiots, voilà ce qu'ils sont. » ou de pauvres hères risquant jusqu'à la mort pour échapper à leur sort. Lui qui a longtemps été le semblable d'un esclave sans jamais en porter le nom, refuse de compatir, et de comprendre.

Il soupire et balaie l'atmosphère d'un geste de la main lorsque la question d'argent émerge alors.
« Tu sais bien que le tout demeure lucratif, allons. Un misérable de plus, un misérable de moins... » Même s'il lui faudrait arborer une excuse, il sait d'expérience que ses associés ne lui en tiendraient pas rigueur. Puis, un moment d'un mutisme réciproque. Le blondin songe d'une mine aggravée, jusqu'à reprendre conscience lorsque la donzelle s'en vient se jucher sur son poitrail avec la joliesse d'une innocente. Il plonge dans ses mirettes et constate qu'aucune escarbille rétive n'en bondit, elle ne veut ni le provoquer, ni entretenir le feu de leur chicane. La mouvance empreinte d'une rare tendresse pour une scélérate de son acabit l'embaume d'un fugace réconfort, peut-être ce qu'il lui faut après pareille journée. Un bain, aussi, bordé d'écume parfumée, pour échapper à la fraîcheur qui subsiste encore sur son corps. « Faire confiance à une arachnide juste parce que je me sens à l'aise dans son arantèle ? Ne te reste plus qu'à croquer et sucer jusqu'à la dernière perle de mon ichor... » Il hausse un sourcil et la toise avec suspicion. « … et tu aimerais cela, saleté. » Sa paluche glisse jusqu'aux creux des reins féminins, s'y pose et la maintient contre lui. Il essuie du pouce une fine macule écarlate qui accuse son minois de cette exquise cruauté, gardant ensuite l'angle de sa mâchoire dans la cavité chaude de sa paume. « De ta loyauté envers moi je ne doute pas, Ferahel. N'es-tu pas l'une de mes ouailles ?... Ou est-ce le contraire ? » Il incline le chef sur son côté dextre. « Disons que tu as empêché mon nom de faire écho dans de mauvaises oreilles et que je t'en sois reconnaissant... vivre sous mon toit et ronronner dans mes draps ne te dispensent pas pour autant de suivre mes conditions. Amuse-toi avec ceux qui tu soupçonnes aptes à nous causer du tort, écaille leur peau et arrache leur les ratiches s'il le faut, fais-toi un pendentif de leurs orteils et de leurs oreilles... mais pas d'estocade. Je suis seul juge de ceux qui meurent en mon foyer, alors la prochaine fois, informes-en ton maître. » S'auto-désigne t-il, suave dans la forme, sérieux dans le fond. Collaborateurs plus que seigneur et son larbin, pourtant, ils sauvent les apparences aux calots du monde pour qu'on les croie plus second que premier choix. Il n'oublie pas la véracité qui se planque sous le faux-semblant, mais aime en jouer. « Et si, pour battre ta coulpe, tu allais me le faire couler, ce bain ? D'autant plus que tu en aurais aussi bien besoin. » Derechef, le voilà à lustrer la pommette de la brune ondine et à lui montrer ensuite la pulpe de son doigt, encrassée d'un peu de noir.

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Ven 28 Juil - 15:18



Iselad & Ferahel

En touchant le vermillon, on se salit de rouge.


L'expression d'innocence feinte, l’intéressée lève deux mains vierges de fourberies. Antithèse de son sourire remplit de ruse qu'elle arbore quant à l'accusation qu'il vient de proférer. « Je ne suis pas celle qui vient d'affirmer que tu t'y sentais bien. » ronronne-t-elle à la malignité de la situation. À la main qui glisse dans son dos, elle y réponds en posant les paumes sur les hanches étroites de son amphitryon. Le laisse passer ses nobles doigts sur sa moue ingrate, penche la tête avec lui, laisse l'interrogation voler dans la pièce sans y répondre. Et enfin, écoute l'ultime réprimande pour avoir souillé sa demeure d'un énième corps elfique.

La suavité de sa voix ne cache pas la véracité de son opinion, Suledin en est bien consciente. Elle se complaît pourtant, dans le discours intransigeant du Seigneur elfe. Là où les autres représentants de leur race maudite sont des êtres couards et soumis, l'assassin vénère la main de fer dans un gant de velours, et y laisse volontiers sa mâchoire y nicher comme dans l'instant présent. Même leurs altercations et prises de becs ont la même importance que le charnel et les douceurs. Tout ceci à lieu au même moment : dans l'ombre de leurs soirées en solitaire, où aucune âme ne les voyait et ne pouvait les déranger. Un tandem improbable, même en levant le voile d'horreur sur leurs vies respectives. Pour cela, elle le laisse s’octroyer le titre de maître, si cela lui plaît. Elle n'en a pas bien cure. Sauf pour un détail.

« Soit, j'irai t'offrir cela... » Fit elle sobrement en laissant ses mains remonter le long du torse de son amant, s'attardant avec langueur, avant de passer gentiment ses avant bras autour de son cou, et d'approcher dangereusement leurs lèvres, dans une funeste et cruelle lenteur. Sa course s'arrête pourtant, alors qu'un simple iota ne les sépare, et les condamne ainsi à se repaître juste de leurs souffle brûlants respectifs. « … car je sais que tu aimes t'offrir de nouvelles occasions de te jeter dans ma toile. »

Elle recule sur cette dernière parole. C'est la pénitence qu'elle inflige au Baron dans un dernier sourire et regard en coin avant de quitter les lieux. Elle le laissera se repaître de ses charmes plus tard. Pour l'heure, elle le laissera sous entendre sa prépondérance sur elle tant qu'il le souhaite, mais elle ne le laissera pas oublier la réalité des faits. Et certainement pas manquer ainsi de respect à son labeur parfaitement exécuté, cette nuit comme les autres. Quant au corps sans vie, il pouvait bien attendre quelques heures : il n'avait plus de quoi protester.

***

La présence du géant était bien connue des appartements du Maître de maison. Pour autant, Ferahel aimait faire danser ses mirettes sur les masques et costumes qui y trônaient. Sa nature d'habitude sans gêne et outrecuidante restait ici observante et respectueuse. Si ce n'est pour des missions le nécessitant, l'elfe s'était toujours retrouvée sans apparats quelconque, malgré l'or qui tombait à foison. À une exception : ses cicatrices qui valsaient sur sa peau, au rythme des mouvements contrôlés qui la débarrassait de son uniforme de travail. Son dos blafard et balafré par une vie chargée était la première chose à voir, quand elle entendit la porte s'ouvrir.

Le mutisme entourant l'état de sa carcasse était insidieux. La jeune elfe n'en faisait jamais mention, et semblait s'en moquer éperdument. Il y avait cependant toujours un certain malaise dés qu'il s'agissait de se dépouiller de son accoutrement. Toute vie est aisément dissimulable derrière les vêtements, tout aussi modestes soit-ils. Son anatomie racontait des histoires sombres qui lui semblaient atrocement visibles pour quiconque avait l'occasion de l'observer. Comme toujours, ce soir elle n'en montrerait rien.

Elle posa un pied dans l'eau chaude, avec un grondement satisfait de la gorge, et s’engloutit avec douceur dans le bain parfumé. Son œillade se fit langoureuse en scrutant le Baron qui se préparait à la rejoindre. Les coude sur le laiton de la baignoire, le menton sur ses avant bras, et le faciès cisaillé de son habituel rictus de persifleur.

«Mon arantèle est prête. »  La main humide qu'elle vient de lui tendre n'a pourtant ni venin ni piège. Elle possède, au contraire, un soin infini et cette tendresse particulière. Une invitation à la confiance.
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Mar 1 Aoû - 15:07


Ose ta salvatrice indisciplineet sa sapide érubescence
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Les bribes de textile sont alignées sur la commode aux subtiles dorures, certaines irisées, d'autres versicolores, de teintes criardes ou plus discrètes, aux suggestions d'ornements divers. Quelques idées pour de futures créations, puisque les orlésiens se bâfrent de nouveautés tels des clabauds de leur pitance, ordonnant d'être à la cime de cette mode qui varie d'une semaine à l'autre. S'adapter et surprendre, ne jamais être tari d'innovation, au risque de ne plus être qu'une référence de seconde zone. Il se remémore ces sorgues sans repos de feu son maître, à imaginer et concevoir, à blêmir à la possibilité qu'une œuvre puisse ne pas trouver grâce. S'engouer avec les plus altiers dignitaires signifie renommée, mais aussi exigence poussée à son paroxysme. Une tension infrangible qui ravine la gueule et délave la chevelure, rappelle que l'on obtient rien sans donner en retour. Vaniteux, Iselad a le bien-fondée de l'être, qu'importe ce que d'aucuns médisent ou ce que peut bien en penser son fils, inconfortable dans ce rôle. S'élever d'un cloaque pour désormais se vautrer dans l'opulence, à la seule force de sa volonté, à l'accomplissement d'efforts indicibles et pullulants. Mais ils ne distinguent que le résultat et les oreilles en poignard, sans s'intéresser, pour la plupart, au chemin de croix qu'il a fallu gravir pour en arriver là. Etre porté aux nues, toutefois, ne suffit pas, et s'il désire demeurer sur son piédestal, lui faut suer davantage. Toujours plus. Il soupire, en songeant au client d'importance qu'il se doit de rencontrer demain, et fantasme secrètement à une poignée de jours sans besogne. Sans doute est-ce de ceci dont il a cruellement besoin ces derniers temps, d'omettre qu'il est lui et de se laisser aller à l'alanguissement.

Ce sont par ailleurs les effluves immergées dans l'eau du bain qui appelle, qui le ramène à la véracité. Il entrevoit la gourmande silhouette de l'apsara, qu'il finit par talonner. Une fois dans la pièce adjacente à l'atmosphère d'ores et déjà chaude et humide des émanations de l'eau chauffée, il s'attaque à défaire les différentes attaches de sa tenue. Le premier vêtement d'apparat choit bientôt, promptement suivi des strates plus intimes pour révéler la carne de gypse, en apparence si parfaite, mais elle aussi diaprée de coutures néanmoins plus discrètes que celles de Ferahel. Ses années dilacérées entre les cartels et les vicissitudes d'un elfe né dans les bas-fonds ne l'ont pas épargné non plus, preuve tangible que le sibyllin Iselad n'est point uniquement ce sire de mauvais aloi aux manières obséquieuses. Héraut d'une histoire, d'un passif autrement plus ténébreux.

« Et me voilà fou d'y poser volontairement le pied. » Il opine négativement du chef, un rictus amusé. Sa paluche saisit ensuite, délicatement, la menotte qui lui est tendue, et il franchit les parois de la baignoire pour en pénétrer le cœur. Sa musculature frémit et accuse le soudain confort, se détend dans la houle causée par son entrée et leurs mouvances. Une fois quelques secondes écoulées, il contemple de ses iris hyalins, la beauté brute de la nymphe à ses côtés. Ses phalages de musarder depuis son front jusqu'à son menton, de choir plus encore le long de sa clavicule jusqu'à effleurer le plexus. Elles refont ensuite varappe puis se faufiler dans la nuque, dont il masse adroitement les cervicales qu'il devine endolories, l'espace d'un moment. Il approche, alors, squale affamé d'une chair goûteuse et insidieusement sybarite. Ses lippes caressent leurs gémeaux charnus et rosés, ses calots toujours arrimés aux siens, exposant leur bravade avec une flamboyance provocante. Cette fois, elle ne peut prendre la poudre d'escampette, la ribaude, comme précédemment lors de leur discussion. Ses pattes fermement posées sur elle, il l'attire, l'emprisonne dans sa folie, et la dévore d'un baiser langoureux. Pis encore, toutes minauderies abattues par l'impulsion voluptueuse, il franchit les limites de la bienséance et fond tel un rapace dans le creux de son cou. Sa paume, cependant, claque contre les babines de la sylphide et la bâillonne, lui fait ravaler ses râles, et surtout, la prévient de glapir lorsque ses canines se plaisent à mordre. Il croque – un peu fort – ce derme d'albâtre et lui impose le sceau de ses mâchoires, avant de chatouiller le lobe de son oreille du bout du lingual. « Tu ne m'as jamais dit quel âge avait ce corps, ni d'où il provenait. Délierai-je un jour cette langue volubile pour autre chose que des trivialités ? »

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Ven 4 Aoû - 11:54



Iselad & Ferahel

En touchant le vermillon, on se salit de rouge.


Les mains sont les bienvenues, à danser ainsi sur la carcasse exténuée d'une faucheuse de vie. L'elfe ne conteste pas, remue paisiblement aux rythmes des doigts agiles d’artisans qui se perdent sur la peau laiteuse et couturée. Ronronne avec plénitude quand ils s'attardent sur les clavicules. Le silence est de courte durée, avant qu'elle le sent fondre sur elle, prêt à lui faire payer l'affront qu'elle a volontairement commit dans leur conversation au sein de son lieu de travail. Loin de s'en dérober, l'assassin laisse ses propres mains vagabonder sur les épaules du nobliaud, et ses ongles racler langoureusement la peau lactée de son dos.
C'est quand elle est acculée et sans défense qu'il attaque, sans nulle pitié. Malgré le bâillon de fortune, la morsure lui arrache un grognement qui ne ressemble en rien à un râle de douleur. Sa main serre moins qu'elle ne caresse celle qui s'acharne à la museler, avant qu'elle ne s'acharne à reprendre l’ascendant sur la situation.

L'eau roule et remue, quand elle lui prend les lèvres à son tour, serrant les longues lianes trempée de cheveux opalins dans ses griffes, et les tirent sans merci en arrière, le pliant à sa volonté. « J'ignorais que ça t’intéressait. » Si le ton est badin et amusé, le fond l'est beaucoup moins. Ses pensées ne s'étaient pas attardées de potentielles interrogations. Ses serres commencent à se perdre sur le visage parfait de son galant, dessinant la commissure des lèvres et les rides naissances pour la centième fois. Le regard mi-clos, laissant le silence salvateur reposer au milieu des vapeurs de l'ablution. C'est une fois juchée sur ses genoux, dangereusement proche de lui, qu'elle se penche à nouveau, prédatrice, front contre le sien.

« Tu ne m'as jamais parlé du tien non plus. Maître. » Susurre-t-elle, concluant cette dernière appelation dans une ironie assassine. L’œillade se fait inquisitrice. « Ça, par exemple » Elle fixe une vieille balafre qui louvoie sur la clavicule de l'elfe, avant de fondre sur elle pour la vénérer de ses lèvres. Ses mains s'aventurent sur la carnation, dans une célébration quasi religieuse. «Qu'est-ce qui est arrivé au Baron Anfauglith, pour qu'on le marque ainsi? Peut-être que si il me le dit, je pourrai lui parler de sa dévouée servante. »

Dire qu'elle ne s'y était jamais intéressé par ses propres moyens serait parfaitement hypocrite. C'était par ailleurs la raison pour laquelle elle lui avait offert ses services. Jusqu'à ce que poussée par sa propre impétuosité, elle franchisse des barrières qu'elle n'avait jamais prit la peine de considérer. Elle l'avait désiré immédiatement. Le grand Baron elfique, son ire sur son propre sang, et son histoire à faire pâlir de jalousie n'importe quel arriviste aux dents longues dans un coupe-gorge tel qu'Orlaïs. Ses ornements opulents qu'il affichait sans pudeur au nez et à la barbe des miséreux aux oreilles de couteaux. Les mains rouges qu'il dissimulait habilement sous les draps savamment brodés. Il aurait été inconcevable pour l'assassin d'imaginer que dans une demeure pareille, antithèse parfaite de sa propre existence, se dissimulait un être qui lui ressemblait autant.

Mais même esseulé comme une montagne, inapprochable et méconnaissable, Cawr est un géant bien plus bavard que l'humble Ferahel et sa peau percluse de stigmates. Ses ongles se font serres, se plantent dans la peau marbrée de ses omoplates, tracent de cruels sillons et labourent la chair. Prêts à marquer, eux aussi, de façon indélébile, la tapisserie d'une vie. Son regard se fait brûlant, son souffle plus rare. L'air se poisse de tentation et de plaisirs défendus à porté de main.

« Antiva... » La voix chantante s'est murée dans chuchotement placé sous le sceau du secret. « J'ai autre chose à faire que de compter les lunes... Peut-être 27? 28? » Elle soupire brièvement avant de laisser échapper un léger ricanement. « Est-ce bien là où s'arrête ta curiosité ? »

Elle avait tellement plus intéressant à dire. Et à donner.
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Jeu 10 Aoû - 20:51


Ose ta salvatrice indisciplineet sa sapide érubescence
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La curiosité, si hideux défaut qu'il en est délectable. Une pléiade d'interrogations qui l'a étourdit lorsque son sentier s'est enchevêtré à celui du Géant, comment aurait-il pu en être autrement ? Si l'opalescent dignitaire soulève tout de go les questions dû à cette prestance que le tout Orlaïs lui connaît, elle, les suggère davantage une fois la prime impression passée. Mystères et saugrenues affaires dans les paumes délictueuses d'une si frêle elfe, le rictus peut-être un peu trop matois pour faire montre d'une intègre innocence. Pour autant et si elle ne lui avait point fait confession de ses activités, en aurait-il seulement eu soupçon ? Elle mystifie vraisemblablement avec autant de maestria que lui, et c'est parce qu'ils couvent des vilenies jumelles que leur alliance semble infrangible. Une attraction de mauvaise aloi qui les a poussé à se sustenter à la mamelle de la luxure,  et non pas parce que leurs oreilles sont sculptées de la même manière. Alors, ils furètent avec facétie pour tenter d'apercevoir un traître détail, sans s'en cacher, et même, en y allant d'incontinence. L'important n'est pas tant de savoir, mais de faire preuve d'une taquine indiscrétion. Un jeu, comme sur tout échiquier de ce monde.

La caboche choit sensiblement vers l'arrière, sans résistance ou à peine, lorsque la bougresse s'agriche à sa virginale cataracte. Puis, il s'offre avec docilité aux serres qui ébauchent les entours de son faciès, qu'elle se plaît à redécouvrir pour une énième fois. Bordé par un mutisme duveteux et brodé d'une sueur qu'invoque les vapeurs de leur eau, il omet, un fugace instant, l'ensemble de ses coercitions. Prompt à se détendre, il ferme même les paupières lorsqu'elle appose son front au sien, ne révélant le cobalt de ses iris qu'à l'écho de sa surprise. Il guigne la couture qui pare sa clavicule puis échappe un ricanement.
« Je suis l'homme d'affaires ici, je te rappelle... » A lui donc d'évoquer les conditions de leur plausible reddition, selon la charte – dont il fait ici usage avec frivolité. Il lui ploie ce rôle, si tel est son désir, pour peu qu'il obtienne de quoi se satisfaire aussi. Et plutôt que d'initier la première bribe de leurs confidences, il s'embourbe dans un silence conquérant, et des flatteries corporelles tout autant envahissantes. L'agglutinant à lui, il esquisse ses voluptueuses cambrures de ses doigts de fée, creuse un peu plus les cavités de ses reins comme s'il brûlait de les exhumer. Mais le voilà pris de court, le beau sire, quand les crochets digitaux excavent la carnation de son échine. Sa carcasse se contracte et il étouffe un râle fallacieusement incommodé, l'ondine avive pernicieusement l'âtre de son sybaritisme. La fièvre est toutefois dulcifiée aux paroles de cette dernière, au clairon desquelles Iselad incline légèrement le chef sur le côté. Tout renseignement sur dame Suledin est la gemme d'un butin entier, et il est rare qu'elle les cède ainsi. Une lisière semble, quelque part, désormais franchie.

« Ma curiosité est incommensurable, petit être... » Du dos de sa paluche il effleure sa pommette érubescente, avant que son index ne se fasse taquin au contact de ces lippes qu'il connaît espiègles. Il tâte la carne d'incarnat, insère sa phalange pour s'amuser de la texture du lingual et imposer la danse suggestive d'un va-et-vient. Jeune fleur qu'il est, pas même un décade de différence avec l'âge de ses lionceaux. « Je me disais aussi qu'une telle concupiscence devait prendre ses racines dans des landes impudiques. Antiva, la belle... » Les pièces se conglomèrent et commencent à former les prémices d'un puzzle, à mille lieues d'être achevé. « Maintenant que j'y pense, tu pourrais être l'un de ces délétères Corbeaux dont on parle tant, j'ai ouï-dire qu'ils appréciaient tout particulièrement acquérir des elfes. Comment as-tu bien pu échouer en Orlaïs ? » La question est cette fois-ci superficielle, car il est persuadé qu'elle n'y donnerait pas suite. Egide somme toute légitime, lui-même lustre fréquemment le sien.
Cependant, il vacille. Le seigneur pourrait taire son passif, égotiste au point de vouloir vampiriser celui de son prochain sans arborer le sien. Equitable pour l'opportunité, il jette un fugace coup d'oeil à la cicatrice antérieurement mentionnée, puis entonne.
« Une époque où j'étais enhardi par les vicissitudes de la vie... téméraire et inconsidérée jeunesse, elle nous marque au fer rougeoyant de nos bévues. » Il pépie un rire inconsistant, la scène qu'il s'apprête à narrer se projette sur le voile de ses calots. « Nous avions tendu un guet-apens à un gentilhomme de petit acabit et sa diligence, convaincus que femme et enfants se trouveraient à bord et que nous n'aurions de fait aucune forme de résistance. Un hobereau plus futé que nous ne l'avions imaginé, ses coffres trop pleins pour qu'il ne se fiche pas d'un arroi plus féroce. Ce sont des mercenaires que nous avons trouvé à l'intérieur du véhicule, et l'on sait que ces gens ont l'estoc facile. Sous une pluie diluvienne et dans la fange, nous avons combattu, la rixe était telle que nous en avions même oublié ce pour quoi nous nous battions. Quoi qu'il en soit, une lame est passée proche de m'étêter, c'est un réflexe inespéré qui lui a fait seulement lécher ma clavicule. » Il pose un regard emprunt d'une monotonie exagérée. « La Coterie a beau être l'un des plus influents castels des Marches Libres, elle montrait quelques lacunes en terme d'organisation, il y a presque trente ans... » Le Baron Anfauglith, naguère scélérat de la Coterie. L'aveu est sans commune valeur pour qui le coudoie de près.

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Jeu 17 Aoû - 17:07



Iselad & Ferahel

En touchant le vermillon, on se salit de rouge.


La morsure des doigts brûlants et indécents. Tout un ballet de stupre dans lequel ils se vautraient sans demi mesure. Elle le laissait prétendre à une ascendance sur elle, car ils savaient tout deux la véracité et  la finalité sur cette affaire. Il y avait tout une gymnastique dans leurs échanges -et pas uniquement physique, bien que tout autant vicieuse. L'assassin n'avait guère de protection que le silence épais qui entourait ses actes et son histoire. Elle appréciait, cependant, leurs tentatives pernicieuses d'envahissements. Leur partenariat en restait étrangement solide comme un roc. Le foyer ardent s'en retrouvait même alimenté régulièrement. Au tel point que Ferahel, peu habituée au confort d'un lit qui l'attendait - préférant la solidité de la route et la certitude qu'elle ne tentera pas de lui enfoncer une lame entre les omoplates - s'était prise au jeu. Vivre dans l'ombre des soieries d'un seigneur n'était pas si terrible, et sa liberté de prendre contrats et doléances d'autres clients la gardait occupée. Nulle crainte d’exister aux yeux du monde : même parée d'un nom et d'une face montrée en plein jour, une servante elfe comme une autre n'a nulle importance, même dans une maison dirigée par d'autres 'oreilles plates' -quoique Valandir puisse arguer quand il semble compatir.

La confidence n'était que le premier pavé d'une longue route, mais même pour elle, le poser fut un effort colossal. Le mutisme épais autour d'elle était la seule protection qu'elle avait, et elle l'avait construite dans un acier qu'elle pensait impénétrable. Elle ricane quand l'index pénètre ses lèvres dans un geste impudique, et n'hésite pas à le taquiner de ses dents quand il épilogue et interroge avec rhétorique. Malgré son expression espiègle, et la main qui caresse désormais celle qui transgresse, l'avertissement est clair.

Elle s'approche encore de lui, en admettant que ce soit encore possible. Elle écoute, avec toute la docilité dont elle soit encore capable, même si ses mains volages s'aventurent sous l'eau, pour épouser à son tour une chute de rein qu'elle appréciait particulièrement faire sienne. Les iris ancrées aux siennes, l’anecdote est considérée avec tout l'intérêt dont elle est digne. Si ses vagues recherches et son instinct lui avait soufflé une éventualité pareille, en avoir la confirmation de sa part était pour le moins inespéré. Le bref silence qui ponctue sa révélation souligne un voile levé entre eux. Peut-être par peur de comprendre, la prétendue domestique pose menue poitrine sur le torse de son amant, et ses poignets autour de son cou, au milieu des cheveux humides qui s’emmêlent quand leurs faciès se touchent presque.

« De toi à moi? Ce sont toujours de désespérants traîne-savates. »

Ses doigts s'aventurent dans la tignasse opaline, si son sourire orne son visage, ses yeux n'accusent aucune malignité. Ou peut-être une très légère.

« Peut-être que d'ici dix ans, moi aussi j'aurais une demeure et des servants qui se plient à mes caprices. » Elle laisse un ricanement flotter. « Mais tu es bien trop unique pour que je te fasse de l'ombre, n'est-ce pas? » Et comment le pourrait-elle? La lumière ne lui sied en rien. Au tel point qu'elle trouvait plus rassurant que leurs rencontres se fassent dans le giron de la nuit. Persuadée que si d'aventure, beauté il y avait, elle fondait sans peine aux premières lueurs du soleil.

« Les Marches Libres. » Fit-elle en raffermissant sa prise sur lui, s'amusant de leurs multiples assauts joueurs. « Entre toutes ces parures, ces grands mots, et ces odeurs de parfum, difficile d'imaginer que tu sois né sans un masque orlésien sur le nez. »  Elle réquisitionne ses lèvres pour une nouvelle escarmouche, qu'elle prends plaisir à faire durer. Suledin taquine, mordille et serre, les pensées retournées par les vapeurs brûlantes. La frénésie à bras le corps, elle laisse sa main se diriger avec une lenteur criminelle vers son bas ventre, traçant l'insupportable course avec le bout de ses phalanges sur la carnation d'albatre.

« Mais honnêtement? » Sa voix se change en murmure alors que ses dents laissent leur sillons sur le menton de l'adonis. « Je te préfère sans. » Et pourtant, elle, plus que personne, comprend qu'il est impossible de le laisser tomber entièrement.
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Mar 5 Sep - 18:36


Ose ta salvatrice indisciplineet sa sapide érubescence
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Aucunement pantois que la féroce sylphide ait connaissance de l'actuelle stature de la Coterie, croît comme l'envie de satisfaire une curiosité biscornue, celle des vies encore palpitantes ou fauchées de ses anciens acolytes et limiers. Mais sans doute les ouï-dires de sa récente éminence ont eu loisir de faire écho à leurs tympans, réminiscence antédiluvienne d'un elfe malingre, lambda et éhontement vaniteux qu'ils pensaient voir gésir dans un charnier. Ironie du sort qu'il puisse aujourd'hui se prélasser dans des monticules de richesses et les toiser depuis son piédestal, alors qu'ils avaient lancé la chasse pour quelques pécules dérobés. Peut-être serait-ce l'occasion de renouer des amitiés intéressées.
L'opalescent sylphe ricane en choeur avec son amante lorsque celle-ci suppute un futur familier au sien – charmante utopie.
« Qu'ombre tu me fasses et que de nitescence tu trépasses. » Versifie t-il guise de prophétie chimérique si germait l'idée de le détrôner, mais inutile de lui conter les risques, la dame enténébrée les connaît mieux que quiconque. Jamais, qui plus est, n'oserait-elle s'embourber dans ce microcosme de bel-esprit au même paroxysme que lui – patiente et apparence gagnées non sans difficulté, à travers les années. Trop unique certes, mais trop entraîné aussi, opportuniste à souhait et prompt à se brûler les ailes à cette rutilance qui l'enivre.
De phalanges souples il rabat les mèches rétives qui strient le minois de Ferahel, tandis qu'elle songe au secret ployé de son berceau originel. Ardu d'y prêter foi, il est vrai, lui-même ne replonge dans ces vicissitudes passées qu'en cas de nécessité. Altier d'avoir quitté la fange à la seule force de sa volition, toujours meurtri, dans le fond, de tous ces échecs et de tous ces abandons. Histoires qu'il ne veut narrer à ses enfants à moins de ne plus avoir le choix, car les effluves émétiques de son Bascloître de genèse lui semblent encore fraîches dans ses naseaux.
« Le Baron Anfauglith est un masque, tout comme l'était l'homme dont il est né. Des masques, nous en portons tous et en changeons selon les circonstances. Ceux d'Orlaïs, finalement, ne sont que des apparats. » Il susurre presque, conscient de ce monde de trivialité dans lequel il s'est fait maître. Il redresse le chef pour mieux laisser libre cours à la truculence de la naïade, qui érafle son menton de ses crocs avant de lui faire sa révélation. N'est-ce donc pas du Noblelfe dont sa concupiscence est amourachée ? Préfère t-elle réellement le quidam qui se trouve en-deçà de la parure ? Il s'égare dans la contemplation de la créature qui le tente, un instant, et s'interroge sur ce qu'elle camoufle sous son masque, à elle. Puis, il réajuste la droiture de son épine dorsale tout en serrant les hanches de la belle contre sa charpente. Ses lippes approchent et séduisent, mutines mais suaves, pour capturer les jumelles charnues et les embraser d'une valse luxurieuse. Ses mains se hasardent sur les convexités mammaires avec une convoitise graduelle, avant qu'elles n'aillent s'approprier le fruit intime et gourmand pour le reste d'une sorgue tout en sybaritisme.

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