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Lun 7 Aoû - 14:43


La rage qui écume à nos coeursl'embrun des folies
***

Les rétines sont furtives sous la capuche d'obsidienne, elles guettent, affilées de méfiance, le moindre quidam se trouvant depuis un peu trop longtemps dans son sillon. Mais rien, lui semble t-il, ou rien d'apparent. Pourtant, les cuistres doivent être dans les environs, car la Harpie ne hissera aucun drapeau blanc. La Divine et sa furieuse couronne de ronces, maquillée de l'ichor de tous les infortunés qu'elle a condamnés, et ceux qui ont péri pour les défendre. Telle est l'apsara et le miroitement du Créateur en Thédas, selon ses maudits dévoués, Faustine cinquième du nom et succube qui ramène avec elle des dogmes archaïques. Aliéner les mages et faire courbette devant elle comme si elle était leur nouveau démiurge. Nonobstant l'effervescence de ses neurones, il ne peut comprendre. Et c'est justement car il refuse de courber l'échine sans user de réflexion qu'il en est là aujourd'hui, à tenter de se camoufler des sbires de sa détractrice cardinale. Car s'il s'est cru au bord de la vésanie à incessamment croire être surveillé, son récent conciliabule avec le Seigneur-Chercheur lui-même venu le débusquer a épousseté ses incertitudes. Bel et bien traqué, sous l'oeil maupiteux de la Chantrie, l'on veille à ce que l'ancien Inquisiteur demeure pochard abêti par son faro, ou qu'il ne soit plus que cadavre dans son ossuaire dans le pire des cas. La sorgue suivante s'était faite jonchée d'interrogations, et à la lueur matutinale, la décision ficelée.

Partir. S'éloigner. Pour le bien commun, se lancer à corps perdu dans les méandres de l'oubli, pour peu que les Grands de cet échiquier soient disposés à le lui octroyer. Au moins le temps d'une introspection méritée, car le voilà à vaciller sur le fil tendu de l'incertitude. Il a juré à Talys qu'il reviendrait, mais le Créateur seul sait de quel méchef le destin le ficherait encore.

« Ashil ? » Son phonème guttural s'enquiert-il auprès d'un olibrius arc-bouté à une masure tangente au populeux marché. Celui-ci le lorgne avec le dédain intrinsèque aux bélîtres de son acabit, il se racle le goitre et mollarde sur le sol, avant de s'intéresser derechef à la pléiade de bateaux amarrés au port. « Z'êtes qui ? » Gwenaël le toise à son tour et élude sciemment la question. « Un vieil ami m'a dit que vous preniez des passagers ? » Dessein posé, l'énergumène le regarde de nouveau, semble l'étudier de ses prunelles vitreuses et étrangement érubescentes. Sa paluche se lève et la pulpe crasseuse de son pouce se frotte avec un intérêt manifeste contre celle de l'index et du majeur. La singerie fait tout de go réagir l'adonis qui décroche l'aumônière à son ceinturon et la jette dans la paume de son interlocuteur. Ce dernier en examine le contenu, puis fait risette. « C'est où que vous voulez aller comme ça ? Les Marches Libres. C'bien vaste comme endroit. Je déciderai dans quel port poser pied lorsque nous y serons. »


*****


Accoudé au bastingage, le héraut déchu contemple la houle crachoter son écume. Plus aucun relief de territoire à l'horizon, seulement des ressacs saumâtres qui les mènent lentement à destination. Ses calots diaphanes se plantent un instant sur le pavillon que les bourrasques lapident, bourlinguer dans les cales d'un marchand n'est d'aucun confort, mais cela lui permet de le faire en toute discrétion. Les landes orlésiennes désormais loin, il sent la pesanteur sur son poitrail se lénifier, et ose se penser en plus concrète sûreté. Il fait même fi de l'opaque brouillard dans lequel ils pénètrent, bientôt nimbés d'une buée opalescente qu'ils sont. De longues minutes s'écoulent, l'ancien Inquisiteur étire son épine dorsale qui piaule, puis il se masse évasivement l'aval du râble avant de se diriger vers la sentine qui lui fait office de chambre de fortune. Toutefois, le beuglement inopiné d'un mousse le fait soubresauter et faire volte-face – à lui, et au reste de l'équipage qui se hâte. Interloqué, le bretteur rallie à son tour le pont supérieur et se mêle aux marins, qui épient en choeur à travers la brume. Plus une once de son, les tympans sont également tendus et les seules oeillades échangées apparaissent fébriles. La tension se tempère graduellement, certains échappent même un soupir de soulagement, avant que des glapissements dignes de jouvencelles ne détonnent. A proximité – très étonnamment près – s'érige de nulle part l'orgueilleuse proue d'un auguste navire prenant des allures d'embarcation spectrale.
« PIRATES !! PIRATES !! » S'époumone un jeune homme, sonnant l'ultime alarme dont le séisme heurte chaque âme présente. Tous les membres se précipitent à leur poste, et au capitaine à la barre de virer violemment de bord pour tenter une fuite. Gwenaël s'accroche à ce qu'il peut pour ne pas choir dû à la manœuvre, ankylosé face à l'antagoniste qui menace. « … ne manquait plus que ça... »

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Ven 11 Aoû - 18:28



Gwenaël et Bastian

How quickly the tide turns!


Trônant comme un roi non loin de la vigie, le démon ricane entre ses dents acérés. Si le navire était sa moitié, il avait tôt fait de faire de la brume sa maîtresse. Traîtresse et insaisissable, mais qui offrait ses soins et son amour à qui savait lui murmurait ce qu'elle voulait entendre. Des gestes efficaces et l’œil acéré pour la dompter et en faire une docile alliée là où moult avaient perdus espoir de l'apprivoiser. Où n'avait jamais eu le courage de s'y essayer, préférant courber l'échine que de tenter le diable. Le demon, lui, valsait avec depuis bien longtemps.

Il aimait sentir ce moment de triomphe où il sentait sa proie se rabougrir et pleurer entre ses griffes démoniaques. Nul besoin de magie de sang pour faire courber plus faible, si on sait jouer de ses atouts. Le navire en face était en pleine agitation à peine le brouillard s'est levé pour offrir le délectable spectacle de la Valse. Délectable pour lui tout du moins – Bastian n'appréciait guère que sa dame ne reçoit pas le respect qui lui est dû. Les eaux s'agitent et le vent les pousse sans aucun mal vers la future dépouille. Les nuages se couvrent pour le saluer, comme un tapi rouge, la pluie s'invite aux réjouissances, rien ne pouvait l'empêchait de se saisir du butin tant convoité. Une chasse qui aura rendu ses hommes fiers comme des paons, et d'après ses informations, le ventre bombé d'or et de provisions. Ses rivaux dans la course encore perdus dans les méandres des eaux, loin derrière son dos, Bastian s'offrait le luxe d'être ravi et détendu, même avant l'assaut.

C'est même avec un rutilant rictus, toutes dents dehors, qu'il se saisit de sa longue-vue pour admirer le spectacle de pauvres matelots d'eaux douces, en cavale comme des petits rats pour chercher armes ébréchés et protéger a qui mieux-mieux leur cargo. Van Markham prenait son temps, alors que ses hommes, déjà armés jusqu'aux dents, s'impatientait sur le pont. Descendant des voiles, l'organisation branlante sur le marchant avait convaincu le capitaine, qu'ils était courageusement près à se battre bec et ongle pour leur butin. Un effort louable, il devait le reconnaître, mais peu digne d'intérêt pour Bastian : sa pitié n'avait aucun intérêt à flirter avec la stupidité d'autrui.

Les premiers boulets partirent aux premiers ordres hurlés par le mauvais noble. Arrosant mats, coque et infortunés, sous une pluie de boulet baptisés par la pluie diluvienne. Le moment est bref cependant : la résistance est faible, et c'est quand il n'y a plus aucune chance que le gibier s'enfuit, que le rouquin s'égosille devant ses hommes. « Messieurs! » Aboit-il hissé non loin de la barre, accoudé au garde-corps, lustrant du pouce une de ses dagues. Son manteau claque au vent, lourd d'eau de pluie, et il lui faut s'arracher la glotte pour être comprit à travers l'averse « Vous savez ce qui vous reste à faire. » La proue approchait dangereusement alors de la cible, prête à aborder en franc-étable.

« Je veux pas de saints sur ce navire, jetez moi à la flotte tout ce que vous n'avez pas les couilles de tuer, et ramenez moi la totalité de leur possession sur ce pont. » Le message est clair, mais il se permet de le souligner un peu plus pour bramer en conclusion : « Qu'est-ce que vous branlez encore ici devant moi, comme deux ronds de flan?! »

C'est dans un rire hilare de leur capitaine que les pirates se ruent vers le pont de leur infortunée capture. Encore loin de l'agitation, Bastian sort à nouveau sa lunette pour admirer ses hommes investir le champ de bataille. La drache n'épargne pas sa vision, et il lui faut plisser des yeux quand il entraperçoit une figure qui lui dit quelque chose. Essuyant la lunette avec son manteau, il réprime un hoquet de surprise quand il reconnaît finalement la face blonde de Gwenaël.

Il avait réprimé ses pensées vers lui depuis quelques bonnes semaines. Les dernières nouvelles l'annonçait comme désormais grand absent des tavernes, ce qui était un soulagement autant qu'une mine d'inquiétude qui lui avait retiré le sommeil pendant nombres de nuit. Un Gwenaël introuvable, pouvait être un Gwenaël au crâne écrasé face contre terre  par un énième assoiffé, ou victime insidieuse de la Divine.

Mais voilà que son dit-frère, si il pouvait encore se considérer comme tel, était sur le marchand en face de lui. Le soudain soulagement duré probablement un centième de seconde avant qu'il se souvienne que les hommes qui l’encerclaient actuellement d'un air menaçant, le faisait sous les ordres.

« Capitaine! » Lança d'un ton badin son intendant, épée à la main, un elfe plus vraiment jeune mais qui gardait cette insupportable fraîcheur propre aux autres de sa race. « J'vous attends pour en scalper deux ou... » « C'est ta mère que je vais scalper! » Hurla Bastian sans prendre plus de temps avant de traverser les eaux, cordage en main pour atterrir comme une pierre au milieu de la cohorte.

« Arrière, bande d'abruti! » Bastian a beau jouer des coudes au milieu de la bataille, il lui faut tout de même enfoncer dagues et carreaux pour se frayer un passage dans la rixe. Ses hommes, eux, sont trop occupés à éviscérer tout ce qui est trop propre pour faire attention à lui. « Gweeeeeeeeeen! » qu'il vocifère quand il est vaguement certain d'être à porté de voix, mais toujours et bien trop loin. « Démerdes toi pour survivre, le temps que j'arrive ici! »
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Ven 18 Aoû - 20:59


La rage qui écume à nos coeursl'embrun des folies
***

La saveur saumâtre du cauchemar bourlinguant lui fait mousser les babines, l'embrun sauvage s'en vient lui lapider sa gueule hirsute et sa crinière est rossée par une pluie qui se fait diluvienne. C'est un Kraken qui lui apparaît, il sait, comme tout à chacun sur ce navire, que les chances d'en réchapper sont minimes. Les forbans sont à la hauteur de leur notoriété galvaudée, tuant pour le butin si ce n'est pour le plaisir, raflant ce que l'océan consent à ne pas déglutir lui-même.Est-ce donc ainsi que ses jours sont voués à finir ? Le point d'orgue d'une existence versicolore mais pas moins infortunée ? Dans la gueule et le rumen ronflant de l'Armada, ou à sustenter celui des requins, s'ils se trouvent d'humeur à jouer de la planche. Agriché au bastingage tel un naufragé à son étoc, il se sent ankylosé de toutes parts, la conscience immergée dans un brasier de réminiscences. Emprunter la voie maritime dans l'espérance d'échapper à ses sycophantes terrestres, pour ça ? Trouver pire tombeau encore ? Les yeux se lèvent et contemplent les augustes voiles de l'antagoniste désormais trop proche pour espérer fuir, les aboiements impatients des clébards résonnent dans l'intempérie, la mort à sabre et à dents pourries. Puis il zieute les matelots de son camp se préparer au pire, Ashil beugler ses ordres à en devenir écarlate, trempé jusqu'à la moelle. Il voit les martyrs s'enfoncer dans la sentine et remonter avec la marchandise... qu'ils lancent dans les eaux irascibles. La certitude est diaphane, à présent, ils se préparent à mourir. Le dernier effort dédié à incommoder les écumeurs en les privant de la plus grosse part de trésor possible, puisque rien ne peut être sauvé, autant de leurs mains tout saboter. A l'écho des canons qui tirent et tentent de couler, les premiers liens de chanvre s'accrochent d'un bâtiment à l'autre, les premières descentes, les premiers frissons ardents.

Gwenaël réagit enfin, bondit et roule sur un fût pour éviter l'arrivée brutale d'un pirate qui le prend aussitôt en chasse. La lame danse et larde par plusieurs fois les barils dont l'adonis se sert pour bloquer le passage, et c'est d'ailleurs une montagne de cela qu'il fait s'écrouler sur son adversaire pour s'en débarrasser. Le chaos et une cacophonie mortifère règnent dorénavant. Il se hâte sur le pont supérieur en esquivant tant qu'il peut, spectateur diligent et impuissant de ceux qui se font massacrer et ceux qui s'échinent à retarder l'inéluctable. Il aperçoit le capitaine de bord lutter comme un beau diable, sans plus y songer, se précipite en sa direction en tirant sa fidèle de son fourreau. Dans un râle rauque, il transperce le mataf sur le point de prendre Ashil en traître, les bras, puis le corps entier, parcourus d'un millénium de fourmillements étranges. L'épinéphrine sous sa forme la plus pure, celle qui transcende et transforme. Celle, qu'il n'avait pas ressenti depuis des lustres. La sensation de vivre la plus primale qui soit.

Puis, au cœur de la tempête, son nom vociféré. Un susurre dans ce tumulte, qu'il entend à peine, mais qui suffit à attirer son attention. Il fait volte-face et quête, jusqu'à échouer sur un beau diable qu'il semble connaître. Les paupières se plissent, et les traits du Clabaud lui sautent en plein faciès.
« Bastian.... ? » L'ancien Inquisiteur choit des nues, la mâchoire manque de se décrocher et il blêmit même, tant la surprise est incommensurable. L'âme fraternelle, celui dont le départ a arraché une bribe de son myocarde au passage. Pas une journée sans égarer même une seconde de pensée à son égard, tout en feignant que cela n'a jamais été le cas. La vision l'épeure en même temps qu'elle le ravit, ce sont ses tripes qui se retournent en son intérieur. L'émerveillement est toutefois tronqué net par un cimeterre qui se plante dans le bois à proximité de sa paluche et manque de lui trancher un doigt. Il s'éloigne avec promptitude et choisit de sauter jusqu'au pont inférieur avant de se faire faucher, sa chute amortie par les râbles des corsaires n'ayant pas prêté garde et dont les tête et les dentures claquent sur le plancher. Gwenaël roule puis se relève, n'ayant en mémoire que la présence de son frère. « Bast' !! Hé ! Par ici ! » Il ose le diminutif prohibé, s'élance et se faufile pour rejoindre ce qui lui semble être la grâce du Créateur. Sur son chemin de croix, cependant, une masse musculeuse et manifestement furibonde le heurte de plein fouet et l'écrase contre la paroi. L'impact fait grogner le bretteur dont la hanche grince de douleur, une patte claque et attrape son visage tandis que la seconde brandit un surin prêt à porter l'estocade. Arme qu'il réussit à bloquer de ses propres mains tout en s'inclinant vers l'arrière, ballant presque dans le vide, littéralement allongé sur le rebord du bateau. La lutte est farouche, les muscles se gondolent et se crispent, puis s'éreintent, s'essoufflent jusqu'à faire trembler les protagonistes. Il n'a d'autre choix, ne trouve qu'à ouvrir les mandibules et à croquer puissamment dans une phalange dont il sent l'ichor fluer dans son gosier. La distraction est telle qu'il parvient à hisser le plat de sa botte jusqu'à l'abdomen du bélître, et sa longue jambe de se tendre violemment pour le projeter au loin. Mais l'impulsion le projette également, et le voici qui passe par-dessus bord. « BASTIAAAAN !! »

Plouf.
L'orchestre du monde devient sourd, il a la sensation de flotter. Un moment d'une accalmie hors de cette dimension, lui semble t-il, avant qu'il ne réapparaisse à la surface d'une eau houleuse. A peine ses poumons soulagés d'oxygène qu'une vague essaie de le noyer depuis son échine, le replongeant de force là d'où il vient de sortir. Il remonte derechef, ballotté, excédé.
« Putain de merde ! » Qu'il jure de tout son souffle en frappant le liquide qui veut l'avaler, geste grotesque qui traduit toute sa colère. L'océan est néanmoins vindicatif, car un furieux ressac le cogne en pleine figure à l'instar d'un admirable uppercut qui l'étourdit, et le fait disparaître sous l'écume.

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Ven 25 Aoû - 17:57



Gwenaël et Bastian

How quickly the tide turns!


Des hurlements sortis depuis ses entrailles en espérant que celui qui fut Inquisiteur lui réponde. Nul le temps de réfléchir à l'hypothétique situation ou Gwen refuse de lui adresser la parole – leur dernière altercation ne fut pas sans escarmouche et plaies ouvertes. Et non pas que des plaies visibles. Le pirate est cependant soulagé de voir que le faciès, qu'il a autrefois connu sans rides, finisse par lui faire face. Le clabaud joue des coudes et se débat comme un beau diable au milieu de ses hommes et autres marins qui continuent de se battre avec l'énergie du désespoir. Mais la bataille n'est plus la sienne. Elle prend des airs de lointaines mélodies dont il ignore être le compositeur. Quand Gwenaël lui fait face, le forban aussi semble s'arrêter un moment, le temps de ramasser sa mâchoire au sol. La surprise est de taille, et glisser ses mirettes dans celles de son frère la rend plus palpable. Tiraillé entre l'envie de le serrer dans ses bras jusqu'à l'étouffer, et celle de genre danser son poing sur son râtelier dentaire.

Le moment ne dure qu'un semblant de seconde, le temps de se souvenir la rixe sans merci qui les menace tout deux. Bastian ne prend pas le temps de s'émouvoir sur son sobriquet détesté, cherchant plus tôt à le rejoindre le plus rapidement possible a travers le chemin indiqué. Si il doit pousser sans ménagement un de ses hommes, deux marins d'eaux douce apparaissent devant lui pour lui faire front. Bouffi d’orgueil, le Capitaine s'avança confiant, dague en main, et insulte aux lèvres. Grave erreur de sous estimer le pécore moyen qui tente de sauver son gagne-pain : ce duo là était bien plus coriace que le reste de l'équipage du marchant, animés par l'instinct de survit le plus primaire. Celui qui fait faire des miracles. Bien des tentatives de percées plus tard, et un méchant coup d'épée mal aiguisée qui lui entailla la cuisse sans autre forme de procés, les esgourdes du pirate tressaillent.

Son nom raisonne au milieu de la bataille, mais quand il tourne finalement la tête, pour voir l'inquisiteur déchu tomber dans les eaux déchaînées. « GWEEEEEN!! » Le cri de rage sort sans retenu des limbes de ses entrailles, quand il se saisit d'un carreau d'arbalètes pour le planter avec ire dans la main de celui qui s'avance à nouveau vers lui. Esquivant un nouvel assaut, il se rue vers le lieu de la déchéance, poussant avec hargne les hommes autour de lui, s'entaillant la main sur des coutelas. Dans une vengeance puéril, son poing s'abat avec hargne sur l'épaule de celui qui vient de provoquer la perte de son ami. Ce dernier en sursaute. Pas vraiment de douleur : si Bastian savait cogner fort, la carrure de chaland est assez épaisse pour ne pas sentir grand chose. Plus heurté par la violence du geste et par l'incompréhension qui en découlait.

« Sombre abruti, tu sais ce que tu as fait?!! » L’intéressé ouvrit la bouche pour se défendre, Bastian le força à se taire d'un signe de la main pressé avant de récupérer des cordages avachis sur le sol. « Ferme ta gueule, j'ai pas le temps pour ça! Et tu vas m'aider!»

Ses mains usées et séchées par le sel et le travail manuel s'empressent à enrouler les cordes autour de lui, à l'aide d’alambiqués nœuds de marin qu'il se force à bien exécuter malgré la silhouette de son frère qui vient de s'enfoncer dans l'eau : si par mégarde son ouvrage  ne tient pas, c'est la mort qui les attends tout les deux.

Il colle, en parfait tyran, la corde dans les énormes paluches de son larbin, lui promet que si il échoue à les remonter, il lui ferra avaler toutes ses quenottes par voix anal, et exécute le plus beau plongeon de sa carrière pour rejoindre son frère disparu.

Si la silhouette a commencé sa longue descende dans les limbes, Bastian plonge assez profondément pour l'atteindre en quelques brasses, et l'agripper pour l'agglutiner à lui. Les quelques bulles qui s'échappent des lèvres de Gwenaël le rassure légèrement sur le souffle de vie que l'inquisiteur porte encore, mais le force a être bien plus rapide à retourner à la surface. Chose peu aisée avec un poids mort en tenue de voyage.

Bastian chéri la mer, mais c'est une maîtresse changeante. Il le ressent quand il lève la tête hors de l'eau,  inspirant comme il peut l'air vital, et maintient de son mieux le museau de l'être inconscient à ses côtés. La mer est enragée, provoquée par la météo, et le frappe sans relâche avec une cruauté qu'il lui connaît bien. Elle insiste, roule sur eux, a coup de poings cruels, et il n'a nullement le loisir de supporter cette dispute bien longtemps. Sous l'eau, il tente du mieux qu'il peut d'entraver la taille de son ami avec les cordages. L'effort est colossal, éreintant, et il ne tient bon que par miracle. Les nœuds sont solides, mais laids et ne tiendront sûrement pas longtemps, mais poussé par le temps, Bastian se retrouve condamné à tenter le tout pour le tout. Il tire le plus fort possible sur la corde, signe usuel pour indiquer qu'on souhaite un prompte secourisme. Ses hommes ne sont pas tous des flèches, mais Bastian, malgré ses coups de sang, sait qu'ils sont dignes de sa confiance, et le voilà bientôt soulagé de les sentir quitter les eaux sans merci. Rapidement de surcroît : ils doivent être plusieurs à tirer comme des beaux diables. Le rouquin sert comme il peut le corps inerte qui menace de glisser: voilà une plaisanterie de la part de Gwen qu'il n'est pas sûr d'apprécier,

Quand ils atteigne le pont, ce dernier est vierge de combat, et il reste une petite poignée de marins dont l'équipage ne sait plus quoi faire : visiblement tuer tout le monde n'est plus à l'ordre du jour. Ils ont la décence de ne pas poser des question, Bastian est déjà en train de poser à qui mieux-mieux l'inconnu sur le dos, aidé par ses hommes, et à lui administrer les secours d'urgence.

« Une vrai princesse!! » Râle le capitaine alors qu'il s'acharne sur sa cage thoracique. « Regardez-moi ce merdier, il viendra pas me faire croire qu'il a survécu tout ce temps sans moi. » Les mains tremblent cependant : la panique est proche, et Gwenaël n'a pas l'air pressé de revenir parmi eux. Il grogne à s'acharnant de nouveau après le bouche-à-bouche de fonction : « DE.BOUT. PAUVRE. CRÉTIN. ILLUMINÉ.»
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Sam 2 Sep - 22:26


La rage qui écume à nos coeursl'embrun des folies
***

Les neurones bullent en même temps que les alvéoles d'air s'évadent d'entre les lippes du naufragé. Ballotté dans un sens puis dans l'autre, il ne saurait plus distinguer l'éden de la géhenne, mais le méphistophélique orchestre de l'univers ne résonne plus à ses oreilles. Plus que le chant sourd de l'océan, son ire éphémère tôt ou tard remplacée par sa poétique ataraxie habituelle. Un charnier somme toute plus lyrique que les geôles d'une capitale ou le plancher souillé d'une taverne après une sorgue de pochardise, un point d'orgue à son existence plus prompt à lui seoir. Et qui pour verser un bouquet de larmes, qui pour lancer un bouquet de chrysanthèmes ? Rejoindre feu son père, peut-être est-ce là l'unique panacée à sa portée.

L'enveloppe charnelle est néanmoins soulevée, arrachée à la furia des eaux saumâtres, sans que les bronches n'aient le réflexe de se gondoler pour oxygéner l'organisme. Poupée de chiffons entre les paluches salvatrices du phénix fraternel, il ne consent à aucun effort, à aucun espoir, à aucune pulsation même une fois alité sur le pont. La caboche choit vers sa dextre sans qu'un muscle ne la retienne, la carnation est blême et luisante. Puis, le thorax est littéralement pris d'assaut, carne inerte sous les coups de paumes, lèvres sans vie au zéphyr qu'expirent leurs jumelles grognonnes. Les côtes râlent et se fragilisent à mesure que l'ardeur du massage croît, le temps passe, s'évanouit dans une incertitude cacochyme qui fait régner une atmosphère confuse, singulièrement silencieuse et attentive.
Jusqu'à ce qu'une quinte de toux d'outre-tombe fasse écho sur tout le navire et que la patte du noyé s'accroche aux nippes du Clabaud à l'en lui lacérer. Avec l'aide immédiate du névarran, Gwenaël roule sur sa gauche de façon à pouvoir gerber toute l'eau jusqu'à présent concentrée dans ses poumons. Pantelant, il quête pour rétablir son eurythmie et rassembler ses esprits, pour enfin crachoter quelques mots.
« Raclure... des bas-fonds.... tu m'as brisé les côtes... ! » Il biaise ses quartz rétiniens sur la gueule hirsute de son sauveur, goguenard – foutrement heureux. Un sourire radieux entre deux expirations, un éclat de joie dans ce quotidien sordide. Bastian le connaît mieux que le Créateur lui-même, et il sait. Il sait qu'en cet instant précis, il ne désire que se lover contre lui à l'instar d'un chiot effrayé par l'orage. Les affects de l'ancien Inquisiteur sont son étendard, plus encore en présence d'un être aimé, et il se fait diablement violence pour ne pas les laisser fleurir au grand jour. Reniant l'étreinte qui lui ferait tant de bien, par égard pour le capitaine d'ores et déjà interrogé par les oeillades de ses matafs, il ne fait que poser une main amicale mais masculine dans la nuque de ce dernier. Dans la continuité de cette mouvance, il se fait aider à se redresser, dérobant un iota de seconde pour susurrer d'un phonème fatigué. « Merci mon frère. » Rancoeur et doléances en nimbes d'épines, ils s'en ceindront les crânes en plus calmes circonstances. Transparence et affres obligent, ils ne sauront taire ce qui n'a pas pu être explicité lors de leur ultime dissonance.

Encore pataud, le héraut ne soulève le crâne qu'à la clameur qui fait revivre le pont. Les objections sont tonitruantes parmi l'hilarité grasse, les forbans amassent les survivants dans une même encoignure, certains frémissent et entament quelques patenôtres, tandis que les plus hardis bravent encore. Parmi eux l'adonis reconnaît celui l'ayant accueilli à bord de son navire et s'exclame aussitôt.
« Ashil ! » Il se tourne vers son acolyte. « Au nom d'Andrasté épargne-les, ils m'ont aidé de bon cœur. Non ! » La voix gutturale est péremptoire et tonitrue tel un éclair dans les cieux moins agités, attirant à elle tous les regards. « Mon bateau c'tout c'que j'avais, elle est m'femme et l'mère de mes sales mioches. » Il désigne son équipage. « Quand on accepte d'passer sa vie sur les flots, entre deux tempêtes, on accepte que des chiens des mers puissent venir pisser sur vos planches. J'ravale pas m'fierté moi, j'en aurais zigouillé le plus possible si z'étiez pas tombé à l'eau comme une jouvencelle. » Les calots se font béants, le prophète déchu se fait coi un moment, arc-bouté au rubigineux l'ayant repêché. « C'est les viscères à l'air et avec la poiscaille que vous voulez barboter ? Songez à vos hommes, à leurs familles, vous êtes responsables d'eux ! Vous les feriez tuer par souci d'orgueil ? » Ashil renâcle et mollarde sur le sol, vraisemblablement provocateur, l'arcade sanguinolente et la bedaine sortie. « Ils savaient dans quoi ils s'embarquaient, non ? Qu'ils assument ou s'mettent à genoux devant les chausses d'ces gredins les gueules grandes ouvertes. » Il ose avancer d'un pas, les yeux rivés sur Bastian. « Eh toi, la rombière aux poils roux ! De capitaine à capitaine, montre-moi c'que tu vaux au sabre ! » La tête de Gwenaël tombe vers l'avant et il la hoche négativement, presque honteux d'avoir, une fois de plus, vainement tenté de préserver des vies.

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Mer 6 Sep - 21:00



Gwenaël et Bastian

How quickly the tide turns!


Le forban réessaye, s'acharne, force et insiste encore. Tant et bien que le Demon de La Valse donne une piteuse image de lui-même à ses hommes. Pourtant, il est certain : aucune chance pour que son ami soit trépassé : c'est juste un indécrottable paresseux avec un humour lamentable. Une très mauvaise blague qu'il allait sentir passer si il continuer à jouer aux demoiselles en détresse de cette façon. Bastian continue, s'en persuade. Jamais Gwen n'aura l'idée ridicule de pousser la gaudriole à ce point. Et il a raison : le héraut déchu se lève d'outre tombe, crachote et geint en cherchant à qui mieux-mieux l'air nécessaire pour survivre.

Le soulagement réduit à néant l'adrénaline cultivée jusque là pendant le sauvetage impromptu. Bastian soupire fortement, soudainement accusant le contrecoup de ses actions. L'affrontement, le plongeon, et soulever un homme de la même corpulence que lui, plein d'eau qui plus est, l'a considérablement fatigué. Ses paroles lui arrache un franc rire ceci dit, de fort aboiements de la part du clabaud. « Parce que tu es devenu bien trop mou! Plein de lard et de flotte! Ça m'étonne pas que tu casses à peine on t’effleure! »

Il roule difficilement ses épaules courbaturées par l'effort, et aide son frère à tenir tant bien que mal sur deux guibolles qui ont bien trop vécues pour la journée. Les brefs mots que lui susurrent celui pour qui il s'est longuement battu est un baume au cœur, lui qui s'était tellement remémoré leurs derniers instants ensembles, où ils ne furent ni frères ni amis. La culpabilité et la rancœurs s'en retrouvent évaporées un bref instant, pour qu'il se surprenne à redouter le pire pour plus tard. Les vies perdues par sa faute ne peuvent pas être récupérées, quoiqu'il puisse en penser, quoique son égo puisse encore lui murmurer. Il aide son clopin-clopan à faire quelques pas avant que ce dernier ne prenne la parole pour s'outrer contre le traitement offert à celui qui lui avait offert une traversé.

Et voilà, Gwenaël était donc bien de retour. Toujours à jeter son palpitant à la face du monde comme vérité inébranlable. Il pouvait s'estimer heureux d'avoir reçu l'appel de l'Inquisition, car si Gwen avait choisit d'embrasser une vie de piraterie à ses côtés, voilà longtemps qu'ils serraient ruinés, ou au mieux converti en salon de thé flottant pour miséreux édentés. Bastian retient ses globes oculaires qui menacent de rouler tant qu'ils finiront par faire un tour complet dans leurs cavités. Voilà en plus que l'honnête matelot, rajoute un peu plus de charbon dans l'âtre de la discorde en braillant sa fierté. Bastian ne retient pas un regard en biais à Gwenaël quand ce dernier baisse la tête d'un air affligé. Il devrait le savoir, depuis le temps, que la compassion déplacée n'apportait rien.

Bastian grogne et est bien obligé de laisser son frère tenir seul et s'avance sur le peau, le port fier et le menton haut, devant le capitaine qui ne se débine en rien devant le Démon lui même, quand bien même il est court sur pattes devant le valseur. Ses naseaux se gonflent quand il se souvient qu'il avait pourtant spécifiquement demandé à ce que toute personne passe par dessus l'eau si il ne finissait pas par le fil de l'épée.

« Où est la cargaison? » Qu'il jette à son équipage, sans relever le regard des yeux trop vieux de son assaillants. « On amène ce qu'il reste à la cave, mais ces badauds ont été assez abrutis pour tout commencer à j'ter par dessus bord » Le capitaine du marchand affiche un sourire fier qui nargue ouvertement le Clabaud. « Un bon quart est perdu. »

Bastian s'éloigne légèrement pour jeter un regard sur ses hommes qui remontent les caisses chargées, encore dans l'euphorie de la bataille, quand d'autre pataugent dans l'atmosphère lourde de l'instant présent. Van Markham se tourne légèrement, pour croiser très brièvement le regard de Gwenaël. Sa jambe se lève pour percuter brutalement le poitrail de l'homme en face de lui alors qu'il dégaine une dague. « Tu remercieras ta bonne étoile que je sois d'une humeur massacrante, sinon des poissons copuleraient déjà dans tes nasaux. » Il siffle ses hommes « Donnez lui un sabre. Si monsieur veut pavaner avec de l'honneur, je peux lui faire avaler du fer!  »

Les matelots de la Valse se rassemblent en rond au milieu de l'arène improvisée : outre le fait qu'on ne renie pas une demande de duels entre capitaines, il était connu que Van Markham était trop fier pour refusait de faire une démonstration de force. Encore plus quand on avait eu l'idée saugrenue de l'insulter jute avant.
Les passe d'armes commencent, tirent sur les articulations endolories du Clabaud, mais ses dagues rencontrent le fer du sabre sans verser de la sueur superflue. Le marin en face est hargneux, mais ne lutte pas sur sa vie, qu'il sait bien avancée. Ses ouvertures, pourtant expérimentées, sont rendues grossières par la vieillesse, et sont facilement exploitable. Bastian n'était en vérité de très peu d'humeur à jouer très longtemps avec son adversaire, et peu désireux de tourner cela au ridicule humiliant pour son assaillant. C'est au bout de cinq longues minutes, qu'un coup de dague vient emputer définitivement le marin de son oreille gauche. Un geste propre, efficace, et brutal. Le forban profite de la surprise de l'homme qui réalise à peine le membre manquant, pour poser sa main sur sa face, le faire basculer en arrière, et le force à rester au sol. Après les acclamations de son équipage, Bastian siffle entre ses dents « Tu diras à qui voudra l'entendre, que le Démon de la Valse Éploré t'auras prit ton esgourde! Tu le hurleras bien fort! Et si le Créateur est assez farceur pour te refoutre sur mon chemin, je t'arracherai on œil au fer chauffé à blanc! Et ainsi de suite jusqu'à ce que tu ressembles à un gros ver sans plus aucun membre à agiter! »

Il lâche le vaincu d'un air dédaigneux et ordonne à ses hommes de l'attacher avec le reste, pour les refourguer sur leur coque de noix une fois qu'elle sera vidée de tout ce qui est à prendre. Il marmonne en se détournant de son adversaire et s'avance vers Gwen. Il ne rajoute rien, lui fait signe de le suivre.

La capitaine du capitaine est à peu près aussi impersonnelle qu'il est possible de l'être. On retrouve pourtant quelques objets d'influence elfiques. Un goût qu'il a hérité à force de passer son enfance à traîné dans les pattes de son binôme et de son elfe de paternel. Rien n'est d'origine Nevarrane cependant. Sa défunte mère n'a jamais souhaité lui donner la moindre éducation de sa patrie natale, et elle est morte sans avoir voulu aucun des rituels mortuaires pompeux.

C'est à peine arrivé, enfin seul avec Gwen, que Bastian s'autorise un soupir lessivé, en craquant douloureusement sa nuque. « Bordel, si j'avais su que je me réveillerai pour te sauver le train, crois bien que j'aurais bu quatre fois plus. » Il tourne le chef vers son frère. « Les marches libres donc? Tu vas trafiquer quoi là bas? Retourner courir cul nu avec les dalatiens? »

Les retrouvailles avec un grand frère qui connaît absolument tout vos secrets honteux était toujours un peu douloureux. Une chance qu'il soit seul
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Dim 10 Sep - 19:01


La rage qui écume à nos coeursl'embrun des folies
***

Pourquoi diantre faut-il toujours une tête sur le billot, une ondée d'hémoglobine giclant du goitre tout juste tranché pour satisfaire cette foutue fatalité . Presque quatre décennies à se faire bohème dans ce microcosme galvaudé, où tout simulacre de concorde se fait aussitôt rattraper par l'égocentrisme des uns, l'inclémence des autres. Ou la profonde ineptie, peut-être, à en constater que d'aucuns préfèrent l'ostentation de leur gloriole au bien-être de leurs homologues. Il ne sait contre qui bouillonne le plus son ire, celui qui convoite de se donner en spectacle quitte à y laisser la vie ou ceux qui clament pour qu'il fasse ainsi. Ses prunelles jusqu'à présent à licher le pont maculé guigne Ashil, puis la foule de matafs en trique à la potentialité d'une escrime. Le bellicisme est inhérent à l'humanité, constatation chagrine mais obligée, qu'il ne semble toujours pas prêt à digérer nonobstant les expériences et les années. Faiblesse avouée et arborée, sans doute est-ce cela qui a fait de lui un bon Inquisiteur... ou un mauvais.
La pesanteur de la lorgnade du Clabaud, il la sent, la subit, mais l'ignore pour ne la connaître que trop bien. Il se soustrait ensuite pour qu'il puisse dignement répondre à la bravade – ardu pour lui de se museler en temps normal, mais galvanisé par l'entier équipage dont il est la figure de proue, rester de marbre s'avère impossible. Spectateur désenchanté, la sirène sauvée des eaux se maintient au mât et ne bronche plus mot. Dommage pour la partie du butin jetée aux flots, peut-être est-elle mieux à ornementer les fonds océaniques qu'à enrichir des forbans ne vivant qu'au chevet des efforts et des sacrifices d'autrui. Un affront en supplément qui ne fait qu'échauffer un peu plus ces démons naviguants. Puis, la commissure de ses lippes se tord sensiblement lorsque le plat de bottes du capitaine heurte le poitrail de son antagoniste, surin dardé, combat sur le point de commencer. Valse adroite et psalmodie de l'acier qui s'entrechoque, l'on se gouaille plus qu'autre chose dans les rangs, tous ou presque connaissent l'issue d'un duel joué d'avance. Même Gwenaël ne se fait pas d'illusion – surtout lui, sculpté à la guerre aux abords du rubigineux dont il pourrait conter les tours. Distraire ou déséquilibrer ce dernier est affaire épineuse, vicieux stratagèmes qui vous plante une lame dans l'abdomen avant même que vous ne vous en rendiez compte. Peu de place à l'imagination, de fait, le délassement revêt fugacement des allures de pédagogie sanglante tandis que l'on applaudit le vainqueur, qui fait étonnamment montre d'indulgence. Vie sauve mais honneur profané – et une oreille en moins pour se le remémorer. La question flotte pour le songe-creux en herbe, est-ce à cause de sa présence que Bastian a ravalé sa rudesse ?

L'adonis se redresse lorsque le frère s'approche et le convie à le talonner, ce qu'il fait. Après trois pas, toutefois, il aperçoit un corsaire en train de fouiner dans une besace ramassée dans la cale. La sienne, en l'occurrence, qu'il lui arrache sans ménagement des bras.
« C'est à moi. » Si le cuistre a la paupière qui saute, il s'étrangle avec son râle, sachant que le tympan de son chef traîne dans les environs et qu'il semble tenir l'étranger en grande estime. Sans plus d'intérêt à son égard, le héraut déchu rattrape son ami et s'engouffre avec lui dans ses quartiers, qu'il prend le temps d'observer. La décoration est somme toute rustique, à l'instar de son propriétaire, simple et efficace. Il est pantois des quelques objets manifestement elfiques qui traînent leur touche d'originalité et d'énigme, quand bien même ne peut-il s'empêcher de penser qu'ils seraient entre de meilleure utilité rendus au peuple les ayant façonné. En les couvant toutefois d'une oeillade plus subjective, il devine que c'est une manière de préserver son lien avec l'Inquisition, ou les gens qui lui ont été importants.

Son attention est happée par la voix gutturale de l'écumeur qui le fait ricaner.
« J'imagine. » Se contente t-il de répondre, avant de faussement s'offusquer du souvenir archaïque qu'il ose évoquer comme s'il s'agissait d'une habitude. « Hééé. Je n'ai gambadé qu'une seule fois nu dans les bois... et c'était à la suite d'un pari perdu, parce qu'il n'y a que toi pour avoir de telles idées. » Un sourire en coin, puis il opine négativement du chef en y repensant. Une magnifique époque que celle de leur quatre cent coups, durant laquelle leur unique tourment était de s'approvisionner en gueuze et en quantité suffisante. Loin de toutes ces tribulations d'hommes grands. Une véracité qui le rattrape tout de go et lui passe la corde au cou, carnation blême qu'il masse de phalanges fébriles. Il soupire à son tour et n'est visiblement plus d'humeur si sémillante. « Las ! Mon frère, si tu savais... » L'intonation présage un laïus lourd de révélations, Gwenaël est marqué par l'inquiétude et perceptiblement amaigri pour un Bastian qui le connaît sur le bout des ongles, les dernières semaines ont fait office de convalescence. « Je cours me réfugier là où je le peux, pas que les Marches Libres me manquent particulièrement, mais c'est un bon endroit pour se faire oublier. » Il flâne un peu dans la pièce avant de ficher ses calots hyalins sur le boutefeu. « Les choses ont bien changé depuis la disparition de l'Inquisition... tout a été tellement vite... Si tu voyais l'état de notre foyer, ô, je te promet... Fort Céleste n'est plus que ruines, c'est horriblement étrange et inconfortable de la voir vide... plus rien, plus un bruit, alors qu'elle était tellement vivante. Tu te souviens ? Les recrues qui s'entraînent, les marchands de passage qui font des pieds et des mains pour nous attirer à leurs arnaques ou leurs merveilles, les petits rats d'Arda avec leurs regards en biais... la taverne lorsque nous rentrions de mission... ces humains, ces elfes, ces nains... ces hommes et ces femmes... Nous étions encore les seuls à ne pas nous poser la question... » Les sourcils font fâcheuse mine, l'amertume lui porte le cœur au bord des lèvres, il se sent tant trahi par la vie.

Il est de mauvais ton de labourer les réminiscences, surtout face à un frère avec lequel il a tout partagé, et auquel il a coupé les ailes. Par coercition ou rancoeur, le fait est qu'ils ne se sont réciproquement laissé aucune chance.
« Je pensais, à tort, que ma déchéance et mes plongeons dans l'alcool seraient une victoire suffisante pour cette catin au pouvoir... mais la Divine me surveille, elle me fait suivre, le Seigneur-Chercheur en personne est venu me trouver pour me mettre en garde. » Marius de Ghislain avait été un sympathisant à la cause de l'Inquisition, un ami, même, d'un Gwenaël qui a au moins le don de bien s'entourer. « Je ne sais pas si elle se délecte seulement de ma situation ou si elle attend le bon moment pour me porter le coup fatal, et j'étais peu enclin à le découvrir. J'ai donc décidé de fuir, sans réellement savoir à quoi m'attendre... honnêtement, peut-être aurait-il mieux fallu que tu ne me repêches pas. » Honteux de confesser sa noirceur, il garde les yeux au sol et parachève dans un soupir moribond. « A quoi bon, Bast'... »

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Sam 16 Sep - 0:00



Gwenaël et Bastian

How quickly the tide turns!


C'est le sourire triste et les yeux abattus que son frère se souvient d'une époque révolue. Bastian, lui, aurait préféré partir sur des bases plus subtiles, pour plusieurs raisons. Outre le fait qu'après autant de temps sans voir la face d'ange de Gwenaël, il aurait préféré le voir s'offrir un tantinet à la gaudriolle, mais surtout, le forban sait que l'inquisiteur déchu à détesté le spectacle de sang dont il vient d'être témoin. Veut-il préserver l'état dont il sait son ami souffrant, ou souhaite-t-il juste éviter d'être gourmander comme à son habitude? La question restera sans réponse. Désormais avachi dans son fauteuil de capitaine, dans sa cabine qui dodeline gentiment au rythme de sa maîtresse agitée, Bastian est tout de même ravi que le jeune homme ne s'étend pas en réprimande après ce qu'il vient de se passer. Peut-être sait-il que refuser un combat à cet homme aurait été l'affront le plus terrible qu'il fut possible, peut-être n'en a-t-il tout simplement plus la force.

Mon frère. Le mot est trempé de cette tristesse dégoulinante. Tant et bien que le pectoral de Bastian n'a pas le temps de se gonfler de joie -que le frère lui avait manqué, malgré le temps et les non dits- que son palpitant se serre devant les effluves de douleur qui émane de l'homme à ses côtés. L'inquisition, pour les deux, fut bien plus qu'un étendard à porter et une parole à rependre. La responsabilité de leur fardeau allait de pair avec un esprit d'unité et la présence d'une famille où les membres s'épaulaient envers et contre tout. Le quasi-semi-elfe décrivait des sentiments que Van Markham n'ignoraient en rien. À vrai dire, la sensation faisait terriblement echo avec celle qu'il avait eu le déplaisir d’expérimenter quand lui même vu congédier de l'Inquisition. Sous les coups et injures de celui qu'il avait considéré comme son propre sang, montré du doigt par ses confrères, maudit par la Chantrie, le cœur en deuil d'un foyer. Trop fier pour baisser le menton, il avait refusé de s'en réduire à la fatalité, de s'abaisser à supplier et de se faire oublier. Gwenaël pouvait bien rechigner sur sa carrière de forban, mais ainsi traîné dans la boue par tout ce qu'il s'était battu des années durant, quel autre choix le Névarrien avait eu? Gagner son pain honnêtement après un aussi lourd tribu a payer était un rêve aussi idéaliste que l'homme en face de lui.

Partagé entre la peine déchirante de son compagnon, et l'agacement grandissant à le voir s'acharner à oublier sans autre forme de procès l'indigne traitement qu'il lui a offert, Bastian se mord l'intérieur des joues et ne pipe mot. Pourtant, quand Gwenaël la lippe tremblante, fixe le sol en osant proférer l'impensable, il ne tient plus.

« Ah! Par le Créateur, il suffit de raconter des conneries! » Marmonne-t-il en jetant sa main derrière lui avec humeur. Il pointe ensuite un index accusateur.

« Au nom de quoi je t'offrirai le repos, pour que lors de ma mort je me prennes des coups de pieds au cul par nos parents jusqu'à la fin des temps! Tu aurais prit ma défense dans ce cas là? Des clous Gwenaël, tu te serais marré devant la scène! Pendant au moins deux siècles! »

Peu probable que Falathar lui pardonne le décès de son fiston adoré, et encore moins sa mère. Si cette dernière n'a pas donné naissance à la tête blonde que Bastian eut adopté comme petit frère, elle eut très rapidement considéré Gwen comme un fils à part entière, autant dans ses jupes que la chair de sa chair.

Il se redresse sur son siège, sait très bien que sa voix à porté comme un tonnerre au sein de sa cabine, La grande gueule du Clabaud est capable de miracle, reste à savoir si sortir l'ancien héraut de sa létargie en est un. Le capitaine lui accorde un regard en biais, le visage ravagé par une barbe qu'il prenait soin de raser, voire de tailler devant lui. Le blond aussi est méconnaissable. Les yeux cernés, le corps affaiblis, il fait tristement peine. Quelque chose que Bastian a du mal à supporter. Cet homme, restait son petit frère, un contrat qu'il n'avait pas signé avec le sang, mais avec l'âme.

« Je sais ce que tu ressens. » Réponds Bastian d'un ton dont il est incapable de retirer l'amertume, malgré la sincère empathie qu'il éprouve. Il ne veut nullement blessé l'homme à terre, encore plus quand c'est un homme sincèrement aimé. Mais les regrets sont là, et la peine est encore plus présente. « Pas une nuit ne passe sans que les songes de ma maison ne me hante, moi aussi.» Il insiste malgré lui sur les deux derniers mots. Plus par tristesse que par accusation, mais la nier serait néanmoins un honteux mensonge. Plus avare en émotion habituellement, il est difficilement de cacher ce qu'il ressent devant celui qui le connaît si bien. Il pourrait le faire bien sûr. Juste par fierté, pour conserver l'ire qu'il avait ressenti pendant leur ultime échange. Mais il n'en avait pas la moindre envie. Du moins, plus aucune depuis qu'il l'avait appelé Mon Frère.

Il désigne d'un geste de la main sa modeste cabine, le trône d'un roi trempé, où même son passé ne le laissait pas en paix. Il y lustrait son égo à défaut de soigner son âme meurtri. Un bref sourire en coin qui orne sa belle gueule aux dents singuilérement blanche pour un pirate.

« On peut toujours se faire oublier Gwen. » Ose-t-il comme sobriquet comme à l'ancienne époque. « Comme tu peux en juger, j'ai plutôt réussit ici. » Il serre le poing soudainement. « Mais si cette sombre Garce et sa cervelle chauffée derrière par diadèmes à la con veut ta peau, ce n'est pas un océan qui te protégera. » Le ton est sans appel : il était hors de question que cette funeste destiné s'accomplit. Le hasard qui a plongé son frère dans les jupons de la Valse, c'est donc par le hasard que Bastian se pliera pour garder son protégé loin de la Divine et de ses ongles polis tels des griffes.
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Jeu 28 Sep - 12:20


La rage qui écume à nos coeursl'embrun des folies
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La sensation du chanvre bien tressé autour de son gosier le fait suffoquer, les ongles rongés grattent même l'épiderme et le font rougir sous l'assaut. Une corde bien tendue pour briser sa nuque, la toilette du mécréant, puisque ses rêves ballent mollement à la pointe de sa volition de toute façon. Criblé d'idées aussi noires que les ailes d'un freux, il peine à derechef affronter cette nitescence qui faisait de lui un porteur d'espérance, oriflamme tenu haut dans les cieux de la forteresse qui les gardait du monde. A sa manière, le voilà à porter une Souillure, lui aussi, frère de cœur des Gardes qui font leur veille dans les sempiternels Tréfonds. Toute tentative d'en épurer son être lui semble n'être que cautère, cette éclipse sur son ataraxie est opiniâtre, foutrement corrosive. Et parce qu'il n'a jamais chu dans un tel gouffre il ne sait comment se dépêtrer de sa mélasse, le palpitant pesant sur le poitrail comme un agglomérat de plomb. Les doux mots de la part de partisans ont beau le lustrer dans le sens du poil, ils sont pâles trésors face au dire d'un Clabaud. En cet instant précis, ce dernier aurait pu le sommer d'imiter un mabari qu'il l'aurait fait. Quelque part inhumé en lui, le désir timoré mais vrai qu'il l'achève. Une estocade fraternelle pour son crépuscule.

Mais le clébard hirsute abboie, excédé par l'épanchement gourd du naufragé qui a inconsciemment pris goût à l'eau de mer. L'enfant chéri de sylphe redresse l'épine dorsale, pantois, les yeux confus et béants. Il louche sur la phalange qui l'incrimine avant de confronter les saphirs véhéments qui le foudroient, butant sur la métaphore qui prend vie dans son esprit. Il ébauche les bottes de leurs gardiens pilonner le séant d'un Van Markham burlesque et celui-là prendre ses jambes à son cou à travers tout le domaine du Créateur. Un vaudeville rocambolesque qui mettrait les mémoires de l'Inquisition à mal, mais qui aurait le mérite de faire se gondoler jusqu'à la prophétesse en personne.

Le rubigineux reprend, l'humeur âcre, et énonce une compassion aux relents de némésis. La gorge de Gwenaël se serre perceptiblement, son regard s'enténèbre en même temps qu'il échoue au sol. Il ose deviner que Bastian est pris entre deux brasiers, celui de lui jurer son appui et celui de lui remémorer que le sien a été en contre partie défaillant. L'aigreur est tangible au revers de la sympathie, elle la rend émétique, bien moins sapide que si leurs derniers adieux en date avaient été autre chose qu'un crève-coeur. Si rien en ce macrocosme, il en est sûr, ne peut briser l'irréfragable lien qui les unie, cette ladre rancune le fragilise. Jamais ils n'ont saisi l'opportunité d'en converser, désolidarisés par l'orgueil et la distance, des animaux léchant leurs plaies en attendant d'un jour retourner dans l'arène. Un jour dont il sent aujourd'hui la fragrance.
Les calots se redressent à la nouvelle prise de parole, l'augure que la quiétude est au moins aussi lointaine que la lune. Une flammèche de perspicacité ; l'on a beau s'échapper de son destin, il nous rattrape toujours.

« C'est vrai... » Qu'il concède d'une voix chamarrée de mélancolie et d'exaspération. « Tu as plutôt bien réussi. » Il observe une fois encore la triste cabine comme s'il la découvrait seulement, et c'est la gueule tournée vers le côté senestre, les bras en croix sur le poitrail, qu'il bave un premier jet de venin. « Tu as toujours été bien plus doué que moi pour t'asseoir sur tes sentiments... » L'hiver s'entame ainsi, une bourrasque boréale qui fauche toute source de chaleur dans la pièce. L'aurore de la fin, une prophétie qu'il est prêt à affronter pour le bien commun. Aussi placide qu'il puisse être, l'ancien héraut sait néanmoins de quel cerbère il s'apprête à faire bravade, une joute qui se promet éreintante. Il guigne le capitaine non sans une once d'appréhension qui le fait hésiter quant à brutalement charger ou à faire demi-tour tant qu'il en est encore temps – surtout après qu'il lui ait une énième fois sauvé la vie dans les flots tumultueux. Le mal est cependant nécessaire, il le sait, mieux vaut de lui-même réveiller et courroucer le volcan plutôt que celui-là lui gerbe sa lave inopinément. Pour ce faire, néanmoins, il lui faut une potion de bravoure. Son récent philtre d'amour dont il aperçoit un fût de l'encoignure de l'oeil, et vers lequel il se hâte sans plus de cérémonie. Il retire le couvercle et constate que les effluves sont celles de l'hydromel – parfait, et puisqu'il en arrive au stade de ne plus s'embarrasser de rien, il ne se met pas en quête d'une pinte pour boire comme tout à chacun l'aurait fait. Saut du désespoir, il plonge le crâne entier dans le baril et se noie sciemment dans le breuvage, l'avidité du pochard en manque brandie telles de piteuses armoiries. Il ne refait surface que pour reprendre sa respiration – tout de même bon élève du précédent exercice dans l'océan – mais ne peut museler son impulsion pour autant. Les paumes se font réceptacles de fortune qu'il ramène à ses babines pour immerger ses papilles, et il boit ainsi une dizaine de gorgeons. Là encore, il ne cesse qu'à cause d'une quinte de toux qui le fait râler et manque de lui faire rendre ce qu'il a ingurgité. Il s'en remet toutefois rapidement, vraisemblablement accoutumé, et apparaît soulagé. Les paluches sur chaque bord du contenant, le nectar goutte du crin et du faciès tandis qu'il rassemble ses esprits. Le spectacle qu'il offre est misérable.

« Pardon... » Le bel homme renâcle et essuie grossièrement son visage d'une manche. Ses paupières sont étrangement pesantes, l'opale des yeux érubescent – le Créateur seul sait si la faute en revient au liquide ambré ou si le songe-creux a discrètement versé ses larmes dans la mascarade. « Bastian, il faut qu'on parle. » Davantage sommation que requête, le quidam en proie aux tourments se fait volontairement exécuteur de souffrance. Le beau diable va l'abhorrer pour cela, peut-être même voudra t-il jouer de pugilat, un uppercut bien placé remettra éventuellement les idées en place à cet Inquisiteur déshonorant sa gloire d'antan. « Tu m'en veux, je le sais. C'la fait un an que la perspective me ronge les boyaux, qu'elle me liquéfie les os comme une nécrose incurable. Guérissable à la seule panacée de ta miséricorde, que j'ai bassement méprisée, il est vrai. Je te connais, peut-être plus que nos propres parents, tu n'es pas de ceux qui lient leur langue par égard pour l'émotivité d'autrui – surtout pas la mienne. Alors ce que tu fais là, c'est... c'est indigne de toi. » Il sait viser juste, il sait être injuste, mais heurter bien et fort est le seul moyen d'engendrer l'ire qui les libérera tous deux de leurs chaînes. « Les choses ont toujours été comme ça ; moi je chiale et toi tu gueules, tu me mets une taloche que je te rends plus tard si je suis d'humeur – au mieux je t'insulte en elfique et te laisse croire que depuis le temps tu en as compris le sens. Parfois tu me laisses te prendre dans mes bras, sur un malentendu, que tu feins détester. Tu mollardes sur mon humanité exacerbée qui te fait tant sortir de tes gonds, mais que tu redores et défends dès qu'un autre ose la critiquer. C'est ainsi, on se bouffe, on se supporte parce que... parce qu'on s'aime, putain. » Une déclaration rayonnant de son âme, la mille et unième depuis qu'ils se connaissent, mais aujourd'hui plus que jamais l'un a besoin de l'exprimer, l'autre, peut-être, de l'entendre. Un silence s'installe durant quelques secondes, Gwenaël rallie sa témérité, car ses prochains propos vont assurément être la goutte – intentionnelle – de trop. « Ce n'était pas ma faute ! »

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Dim 29 Oct - 0:40



Gwenaël et Bastian

How quickly the tide turns!


Les lumières des bougies dansent au rythme d'une mer en furie, dessinent des ombres coupés aux couteaux sur le visage amaigri de son vieil ami. Si le pirate est heureux de voir l'inquisiteur déchu sur un rafiot, loin d'un bar miséreux et d'une pinte sans saveur, tout ce qu'on a put lui dire sur la déchéance du prétendu semi elfe avait un amer goût de vérité. Le retour de leur dernière conversation n'avait que trop tarder, pour qu'en plus Bastian retourne dans le giron de l'armada et des pillages. Peut-être fut-ce pour le mieux que les ponts soit coupés et que plus rien ne subsiste entre les faux frères. Leurs différences avaient toujours été irréconciliables, bien que sincèrement teintés d'affection sans borne et d'amour fraternel. Bastian, dans ses rares moments de réflexion non occis par l’amertume et l’orgueil, s'était parfois laissé allé à la pensée que Gwenaël aurait du écouté les conseils et se détacher de lui bien plus tôt. Son esprit du malin n'avait peut-être été qu'un pauvre frein pour l'Inquisition, et peut-être que sur son navire, là où toute sa laideur d'âme n'avait plus de garde fou, il ne pouvait plus l'atteindre et lui causer du tord.

Il prends les accusation d'insensibilité avec une brève grimace, mais la tête droite : son invité a raison. Il est facile pour Bastian de jeter ses émotions par dessus l'épaule. Il ignore d'où cela venait. Peut-être que sa terrible réputation le touchait plus qu'il ne voulait bien l'admettre : lui-même serait bien incapable de dire si c'était bel et bien le cas. Il s'installe celui dit : ses yeux s'étrécissent. Gwenaël a une confession a lui faire : il le sait. Tout aussi éloigné de sa pensée qu'il puisse l'être, aucune de ses battement de cil n'est une équation pour lui. Son frère est un livre ouvert, aisé à lire, et à comprendre.

Du moins c'était ce qu'il pensait. Voilà que son acolyte se lève de sa chaise, et se dirige vers un fût de boisson, encore plein d'une escale récemment faite. La scène n'est pas spécialement rapide, Gwen se montre goure et peu assuré, mais elle lui semble tellement lunaire que Bastian est incapable de quitter son siège à son tour.

Le diable a les yeux exorbités. Il a eu vent des rumeurs, mais le spectacle qui se montre à ses yeux a des proportions tellement lunaires qu'il refuse même d'y croire. Son propre frère, toujours si digne, se pavanant avec son auréole sur le crâne comme un paon avec ses couleurs, le faciès littéralement dans la bière, près a ravaler sa bile si elle recracherait un simple iota du précieux liquide. Bastian n'est pas plus beau à contempler, tellement il semble tomber des nus. Sa mâchoire semble être à une phalange de se disloquer et de toucher le sol.

Le spectacle est misérable, infiniment triste. Tant et bien qu'une fois la consternation passée, il ne reste qu'une profonde colère dans l’œil de Bastian, qui se relève doucement de sa chaise pour approcher son invité et son discours aux airs de vérité inébranlable. Car c'est le cas. Gwenaël n'a jamais énoncé tant de vérité en un seul et bref instant. Y compris sur cette humanité qui a le mérite de le plongé dans des fureur spectaculaire. Comme à cet instant précis.

«  Je sais. » Répond à peine Bastian, désormais bien en face de son frère. D'une voix plate, sèche, et brûlante de colère. Il sait, et c'est peut-être pour cela qu'il est si furibond. Sans plus de cérémonie, ses doigts cramponne l'arrière du crâne du poivrot. Les doigts se faufilent dans ce qui reste de cheveux, les ongles sales et coupants se lovent dans la peau irritée et penche violemment en arrière la tête la tête de ce qui fut l'Inquisiteur. Un geste qui date de leur enfance, une petite cruauté d'un gamin plus grand que son frère, pour gentiment rappeler lequel des deux commande, parfois une humiliation sans grande conséquence, juste des jeux de gosses qui jouent des poings avant de se serrer entre les épaisses couettes pour une longue nuit de sommeil.

Le faciès des deux hommes, bien trop grand pour jouer, sont trop près, les yeux dans les yeux.

« C'est là tout ce que tu m'offres après un an, Gwen? Des pleurs en clamant ton innocence? Ce n'est pas ta faute si tu m'as chassé sans un regard? Si la Divine t'as jeté hors de ton trône? Si tu t'humilies dans mon propre domaine? Bien sûr que non : Tu as toujours été l'être parfait de nous deux, qui ne fait jamais rien de mal. Moi je suis assez trapu pour porter les fautes. Tu aurais dû me garder Gwen : je me serai rendu à la Divine pour qu'elle te laisse en paix! J'aurai sauvé des centaines de mage pour être sa cible désignée! Peut-être même que je vais le faire! Tu sais que j'en suis capable! Je suis prêt à ça pour que tu vives en paix dans tes arbres loin de ses griffes !»

Il serre la poigne, les ongles s'enfoncent un peu plus. Alors que sa voix va crescendo.

« Alors soit : je vais te garder, et te couver! Je vais te faire gerber jusqu'à ce que tu redevienne sobre et blanc comme neige Lavé de tes péché comme tu devrai l'être. Je vais jeter tout les tonneaux de bière dans l'océan quitte à rendre mes hommes fous de rage ! J'irai jusqu'à te torcher si tu ne sais plus rien faire tout seul ! Je t'offrirai mon lit, mes vêtements, et même mon bateau si tu le souhaite, parce que c'est tout ce que j'ai jamais fait pour toi! Parce que je t'aime Gwenaël, probablement autant que tu m'aimes! »

Il jette le visage en arrière, bouscule l'interlocuteur, et se cogne contre le fût d'alcool et pousse avec rage. Difficile de savoir si c'est pour contenir ses goûts ou pour souligner ses propos. Le tonneau bascule, tombe et répand son contenu sur le sol de la cabine, qui dégorge rapidement entre les latrines de bois. Il lance un index accusateur sur Gwen, et conclue, dans une voix hurlante qui fait écho aux pluies torrentielles.

« Je prendrai même le blâme, pour oublier que tu as craché sur nous quand tu m'as jeté hors de l'Inquisition! Alors écoutes moi bien Gwen : C'était pas ta faute » L'index se baisse et la voix aussi, ce qui suit tremble un peu. « C'est la mienne. »

Il désigne l'alcool au sol d'un geste maintenant pataud, presque las, puis désigne la silhouette maigrelette de son unique ami. « J'aurai dû être là. » La tête rouquine se secoue misérablement les yeux rivés sur le sol, et les poings serrés. « J'aurai dû venir dés que j'ai senti le vent tourner. J'aurai dû venir te chercher à la seconde où j'ai apprit ce qu'il est arrivé. »

Son faciès se tord dans une expression indéchiffrable, entre le dégoût et le regret. L’abcès percé ne rend pas la réalité plus douce. Pas après un an de travail acharné pour se plier à devenir ce que les rumeurs disent de lui. Le Démon de La Valse, le déchu Général, l'immonde incompétent qui jette des pieux chantristes entre les mains des barbares.

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