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Sam 14 Oct - 21:35


SONATE EN COEUR MINEUR


Les notes tombent sur le piano, les touches heurtées produisent leur mélodie ; doucement, elle se construit. Interrompue régulièrement, c’est le bruit de l’encre venant gratter le papier ; près du piano, un secrétaire où étaient installées feuilles et plumes. Gabriel composait et écrivait. Il avait déjà toute la mélodie en tête, il voulait juste s’assurer que les sonorités lui plaisaient réellement avant de coucher sur une feuille ce que le monde finirait par entendre. Les doigts retournent à la musique, qui s’envole à nouveau, emportant les pensées qui s’installaient dès que le silence se faisait. Il marqua une pause, encore, quand son regarde se porta accidentellement sur un coin de la pièce. Il avait fait changer le parquet, refait faire les peintures, les dorures, et pourtant c’était comme si le corps était toujours en place, comme si le sang tachait encore les murs, comme si le regard vide le fixait, le crâne démoli, les os, les fluides divers, coulant sur le visage qui ne ressemblait plus à rien, dans une question sempiternelle. « Pourquoi ? »

Dissonance sur l’instrument, fausse note née d’un coup du cœur, brutal, il a sursauté de lui-même, trop troublé par la vision qui ne veut pas partir, alors que pourtant, il le sait, il n’y a plus rien. Il fera poser un grand vase de porcelaine Nevaranne dès qu’il le pourra. Combler le vide pour ne plus le voir, comme il le faisait avec le silence criant de vérité qui hurlait dans son esprit dès que la musique y venait. Gabriel rassembla les feuilles et les rangea dans le cabinet ; ce Quatuor pour Aurore, commande l’Impératrice pour l’anniversaire de la Princesse attendrait. Il été déjà entier en sa tête, le mettre sur papier ne serait qu’une formalité, il avait besoin de jouer quelque chose qui lui tenait plus à cœur. Se replaçant, il se lança dans une mélodie qu’il connaissait du bout des doigts ; elle était nouvelle également, mais il l’avait composée en une nuit, en pensant à une personne en particulier, à la beauté de ses gestes, de sa tenue, la finesse de son intellect. Il n’aurait pu parler de beauté d’âme, il ne la connaissait pas assez pour ça, et lui-même avait l’âme enlaidie par ses crimes. Il n’était ni le Créateur, ni Andrasté, il ne jugerait âme d’autrui, il se contentait du plaisir de la beauté visible et palpable.

Il fut interrompu par un clac que le sol, plusieurs en fait, les bruits de pas qu’il savait être ceux de son valet, suivit de talons. Il connaissait la visite qui venait de franchir la porte de son salon de composition. Il l’attendait. Il n’avait au final, pas choisit ce morceau pour rien ; il avait voulu qu’elle l’entende. Après tout, en temps normal, il ne composait pas avec un masque.  Celui du jour était accordé à sa tenue d’un bleu sombre, de satin, la texture s’opposant au verre du masque qui couvrait la moitié de son visage ; son invitée annoncée, il se leva de l’instrument pour aller l’accueillir, posant un délicat baise main sur une main offerte, à la peau douce.
« Lady de Lydes, un plaisir comme toujours de vous voir chez moi, excusez-moi de n’avoir pu venir vous saluer dès l’entrée, j’étais emporté par la musique. » Vérité cachée dans un mensonge ou le contraire, peu importe. Ils jouaient après tout, même si ils voguaient probablement vers un but commun. « J’ai entendu de bien angoissantes choses sur vos frères, avec l’Enclin entre autre, vous devez être morte d’inquiétude, puis-je faire quoique ce soit pour divertir votre esprit ? » Ils avaient en commun cet amour de la famille, si ce n’est que celle de d’Aveline semblait tenir par un amour profond ; la sienne avait explosé en plein vol et il ne savait de ses frères que leur absence qui lui labourait le cœur. Quant à sa sœur, il ne préférait pas, plus, y penser.


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Lun 16 Oct - 15:26

Sonate en cœur mineur
Aveline & Gabriel
It is a truth universally acknowledged, that a single man in possession of a good fortune, must be in want of a wife. ▬ JANE AUSTEN

Quand elle pénétra dans le salon, un air de piano résonnait déjà dans la pièce.

Voilà quelques mois que Gabriel de Serault, compositeur officiel de la cour d'Orlais, faisait une cour assidue à la Duchesse de Lydes... et jusqu'à présent, il fallait admettre que les choses se passaient très bien.

Aveline avait déjà été mariée deux fois, deux mariages de raison qui l'avaient laissée veuve - et riche. Le premier avait été le fruit d'un arrangement établis par son père ; le second, d'une cour sans passion qu'elle avait mené par froide réflexion... Cette fois-ci, cependant,  les choses étaient différentes. Déjà, parce que pour une fois, les deux intéressés prenaient une part égale dans la chose... Ensuite, parce qu'il fallait admettre qu'il ne la laissait pas indifférente. L'homme jouissait d'une place enviable à la Cour, il provenait d'une famille noble très proche de la sienne, et il ne manquait pas d'argent ; il n'y avait pourtant pas que ça...

C'est dans cet état d'esprit qu'elle venait rendre visite au compositeur. Elle s'était faite particulièrement belle pour l'occasion : elle portait une robe pourpre et argentée, agrémentée de dentelle, et, bien sûr, un masque assorti, finement ouvragé, qui couvrait le haut de son visage en laissant sa bouche à découvert.

Aveline ne connaissait pas le morceau que jouait son prétendant - une nouveauté, sans doute, et une nouvelle réussite, à ce qu'elle pouvait en entendre. Il s'interrompit cependant en la voyant entrer, entamant la conversation par un gracieux baisemain.

-"Oh, je n'ai rien à vous reprocher, mon cher. Vous entendre jouer est toujours un véritable plaisir." Il le savait probablement. Tout cela n'était qu'un agréable jeu entre eux, une danse dont tous deux connaissaient les pas. Il fallait l'admettre : Aveline appréciait réellement les moments qu'ils passaient ensemble. Gabriel de Serault avait un véritable charme. Sa musique était splendide, ses compliments délicieux, et sa position, plus que respectable... En vérité, l'idée d'un mariage la séduisait de plus en plus.

-"C'est bon de votre part de vous inquiéter... Les temps sont durs pour tout le monde, je le crains. Je prie pour la sécurité de votre famille comme pour celle de la mienne."

Prier, elle ne le faisait pas vraiment, ayant une vie trop trépidante pour l'encombrer de plus de bondieuseries que nécessaire. Mais il avait raison sur un point : elle s'inquiétait réellement pour ses frères, pour Alaric qui devait faire face à l'enclin, pour Armand blessé dans l'exercice de ses fonctions, et pour tous les autres, aussi. Le retour des Engeances l'avait prise de court, bien qu'elle en ai été avertie à l'avance par son frère aîné. Une telle chose semblait sortie d'un mauvais conte, et elle ne pouvait qu'espérer que les combattants d'Orlais réussiraient à protéger leur patrie comme il se devait.

Au moins n'était-elle pas seule dans sa situation. Gabriel aussi avait des frères : lui aussi les aimait tendrement, et lui aussi avait des raisons pour s'inquiéter pour eux. Castiel, comme Armand, avait rejoint les rangs des Chercheurs de Vérité. Aveline était bien placée pour savoir qu'il s'agissait d'une situation dangereuse. Quant au troisième, Zachariel, il était un mage et avait disparu de la circulation quelques temps auparavant. C'était un sujet un peu gênant, qu'elle préférait éviter d'aborder. Aveline avait beau s'attrister sur le sort de sa sœur, enfermée dans une tour isolée du monde, elle ne pouvait s’empêcher d'être soulagée qu'elle ne soit pas à la place de Zachariel.

-"Mais vous voir ôte déjà un poids de mon cœur", reprit-elle sur un ton plus léger, un sourire aux lèvres. "Je n'avais jamais entendu ce morceau, si je ne m'abuse... S'agit-il d'une de vos nouvelles créations ?" Probablement était-ce le cas ; et elle ne doutait pas qu'il lui ferait le plaisir de lui faire entendre en entier.


▬ Gasmask
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Ven 20 Oct - 12:36


SONATE EN COEUR MINEUR


Le sujet de la famille fut abordée bien rapidement, mais il avait une profondeur certaine. C'était un thème facile à aborder mais qui portait son poids; que ce soit les de Lydes ou des Seraults, ils avaient une culture de la famille puissante, un amour débordant pour cette dernière; la différence était que les de Lydes tenaient, les Seraults s'étaient écroulés comme un château de carte ou comme, pour oser la métaphore, un vitrail brisé; l'histoire de leur fratrie, de leurs familles, bienheureuse, bercées par la lumière passant par le verre coloré n'était plus que brisures sur un sol que peut-être déjà plus personne n'osait fouler. Néanmoins, quant aux autres maux de ce monde, des guerres ouvertes, aux rebellions en passant par l’Enclin, jamais rien de tout cela ne semblait avoir réellement troublé Orlaïs. L’Empire était unique, et résolvait la majorité de ses conflits d’une manière qui l’était tout autant. Etrangeté d’un point de vue extérieur ; quelque chose de naturel pour ceux qui foulaient ces terres depuis leur naissance ; tous n’avaient pas de talent inné pour le Noble Jeu ; cela s’apprenait après tout, parfois dans le sang. Certains n’y arrivaient jamais, d’autres finissaient par le maîtriser du bout des doigts. Gabriel n’était pas mauvais, loin de là, mais il avait parfaitement conscience d’être en face de l’une des meilleurs joueuses de tout Orlaïs, et cela faisait partie des beautés qu’il lui trouvait.  Son apparence d’ailleurs, était loin de s’y opposer ; la grace de ses gestes, la finesse de ses traits, et l’esprit s’y liant, le tout accordé à un très bon goût vestimentaire. Aveline de Lydes était une belle personne, de ces beautés qui inspiraient Gabriel, de celles sous lesquelles il tombait sous le charme.

Pourtant, malgré le jeu, il savait que les quelques phrases lancées sur leurs familles, les souhaits de chance et les inquiétudes, étaient sincères. Le Jeu était là, mais le profond amour filial qu’ils partageaient également. Soulager son cœur, comme elle disait, était un plaisir qu’il ne cacha pas, les yeux brillants d’une fierté secrète à travers son masque et un sourire léger traversant sa bouche.
« Vous m’en voyez ravi, ma Dame, je ne saurais tolérer de vous savoir le cœur trop lourd. » Et puis elle avait évoqué la musique, le morceau qu’il jouait quand elle était arrivée, pas la composition en cours, non, celle terminée ; celle qu’il avait débutée en sachant très bien qu’Aveline arriverait. Calcul certes, mais sincère ; le Noble Jeu ne s’opposait pas forcément à sincérité et à sentiments ; car ces derniers, Gabriel les déversait dans la musique. « En effet, douce amie, c’est un morceau que j’ai achevé il y a peu, pour une personne toute particulière ; je vais vous le jouer, si vous me le permettez. » Il lui indiqua un siège près du piano, offrant un endroit d’écoute idéal tout en permettant d’observer Gabriel jouer ainsi que l’agencement de la pièce ; quand on voulait survivre chez les Grands, il fallait penser à tout. Mais son esprit était déjà concentré sur autre chose.

Une fois sa courtisée installée, le de Serault prit place au piano, reprenant depuis le début le peu qu’elle avait pu entendre ; il joua sans fausse note, avec le talent qui lui était propre, ignorant le monde presque, concentré uniquement sur les sons, sur l’harmonie parfaite qui venait s’échapper de l’instrument alors que ses doigts dansaient sur les touches. Le morceau pouvait provoquer plusieurs sentiments, plusieurs émotions ; il avait été fait pour ; chaque écoute pouvait ainsi être différente, dépendamment de qui on était, d’avec qui on était, de notre état d’être. Mais il l’avait écrit seul, sans son mensonge, sans sa culpabilité, avec une unique personne en tête. Posant la dernière note, il se tourna vers la Duchesse avec un sourire
« J’ai appelé cette composition « Sonate pour une Plume » ; je l’ai écrite pour vous, Aveline. »  Gabriel prenait des commandes, il écrivait des morceaux pour d’autres, mais c’était des commissions ; le reste du temps, ses créations étaient personnelles et signifiaient toujours quelque chose. Oui, c’était une part de sa cour, qu’il venait de faire, mais elle était sincère et avait un sens clair à son cœur. Il se leva pour aller ouvrir la porte du petit cabinet et en sortir un parchemin noué d’un ruban d’un rouge pale, évoquant presque le soleil se couchant, et le tendit en offrande à Aveline « en voici la partition, je vous l’offre, j’en connais chaque note en mon cœur » mots choisis avec soin mais vérité tout de même ; voilà là l’étrange complexité Orlésienne, mêlant Noble Jeu, volontés personnelles, mais aussi sentiments, quels qu’ils soient.


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Lun 6 Nov - 11:05

Sonate en cœur mineur
Aveline & Gabriel
It is a truth universally acknowledged, that a single man in possession of a good fortune, must be in want of a wife. ▬ JANE AUSTEN

L'amour n'avait jamais été une priorité pour Aveline de Lydes - imiter son père en s'engageant dans deux mariages sans passion ne l'avait jamais dérangée. Elle avait déjà été charmée par certains hommes, bien sûr, avait même déjà eu des relations avec certains d'entre eux... Mais même dans ses cas-là, pourtant, elle avait toujours gardé un pied sur terre, faisant passer intérêts avant sentiments : Aveline n'était pas femme à se laisser emporter par ses passions. Elle n'avait d'ailleurs pas hésité à trahir certains anciens amants. Sans regrets.

Gabriel était l'un de ces rares cas où l'intérêt purement réfléchi d'une alliance se conjuguait à une attirance véritable. En tant que futur époux, le compositeur semblait irréprochable. Issu d'une noble famille, une famille qui avait fréquenté celle d'Aveline depuis longtemps, il était un joueur connu à la Cour et un artiste à l'excellente réputation. Un mariage de ce genre, son père ne pouvait que l'approuver. Et au delà de ça, Aveline et Gabriel avaient des choses en commun. L'amour de la famille. L'importance de frères et de sœurs aux destins divers. Certes, les de Lydes avaient eu plus de chance que les de Serault ces derniers temps,mais cela n'empêchait pas tous les deux de s'inquiéter de la même manière en songeant à leurs proches... En cela, ils se comprenaient.

Et puis, elle avait toujours aimé la musique.

Comme la duchesse l'avait espéré, il lui offrit très vite de lui rejouer sa composition dans son entierté, ce qu'elle accepta avec joie. C'était bel un bien un nouvel air : il affirma l'avoir écrit en l'honneur d'une personne bien particulière. Aveline se garda de demander qui, un sourire en coin, prête à jouer le jeu : elle s'installa là où il le lui avait indiqué et le regarda s'installer devant son piano.

Et l'air commença. C'était un air doux et délicat, presque mélancolique et emplis de sentiments... Elle écouta en silence, en regardant le visage plongé dans la musique de son prétendant. Le moment semblait parfait : elle songea que c'était le genre de chose que l'on voyait des les romans romantiques dont raffolaient certaines dames d'Orlais... Aveline elle-même s'était toujours trouvée trop préoccupée par les véritables intrigues de la Cour pour trop prêter d'attention à ces histoires-là, mais pour le coup, comment pouvait-elle rester indifférente ? A ce stade de sa vie, Aveline avait atteint une position dont elle était fière et qu'elle était prête à tout pour conserver. Elle était la Joueuse parfaite, la noble dame d'Orlais dans toute sa splendeur, entre beauté et perversion, manipulation et faux semblants. Cela lui avait toujours convenu, et elle était heureuse comme ça.

A ce stade de sa vie, elle pouvait bien se permettre un peu de romantisme.

La musique finit par prendre fin. Le silence plana quelques instants dans la salle de musique, comme s'il conservait encore en lui un peu de l'air qui venait de s'arrêter... puis Gabriel prit la parole. Sa composition, lui annonça-t-il, avait été écrite pour elle : il l'avait appelée Sonate pour une Plume. Une Plume... C'était elle. La Plume Noire d'Orlaïs. Aveline se sentit rougir et sourit, d'un sourire touché et sincère : "C'était merveilleux." Elle avait espéré, bien sûr, que l'air serait pour elle, dès le moment où Gabriel avait expliqué l'avoir composé avec quelqu'un à l'esprit - mais la chose lui était un peu sortie de la tête en écoutant la musique. A présent, elle se sentait parfaitement flattée et charmée. Les yeux se croisèrent derrière les masques... Elle prit délicatement le parchemin que lui offrait son prétendant, ses doigts frôlant ceux du compositeur. "Quelle délicate attention... Merci beaucoup. Je le garderai précieusement." Elle avait appris à lire la musique quand elle était assez jeune, et jouait elle même de la harpe : c'était un passe-temps plus qu'autre chose pour elle, mais cela lui permettrait de se remémorer mentalement les notes de cette douce sonate.


▬ Gasmask


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Ven 10 Nov - 12:36


SONATE EN COEUR MINEUR


Elle avait aimé, à cette déclaration, même l’utilisation du mot merveilleux, et ses remercîments, un sourire sincère traversa le visage de Gabriel ainsi qu’une vague de ravissement à travers son âme ; cela faisait des mois, des semaines qu’il ne s’était pas senti ainsi ; il aurait presque usé le mot heureux si ça avait réellement été le cas, mais voilà, il ne pouvait pas se cacher sa propre vérité. Il se saisit un instant de la main d’Aveline, quelques secondes, comme elle l’avait fait en frôlant ses doigts quand il lui avait offert sa composition. Son regard se plongea dans les pupilles d’un bleu presque glacial, sauf que c’était la couleur, la glace ne lui était pas destiné, il y lisait tout autre chose. S’éloignant d’un pas, regardant par la fenêtre un instant avant de se retourner vers la Duchesse, il eut un petit instant de silence avant de reprendre la parole. « Je vais faire venir de quoi nous installer, du thé et des pâtisseries » il était un peu tôt pour l’alcool, et il ne faisait que suivre des règles connues et apprises depuis un moment.

Une fois qu’ils furent installés et les servants disparus, assuré qu’elle avait tout ce dont elle avait besoin, Gabriel osa reprendre la parole, mais d’une voix posée ; il n’était pas devant son piano, il n’était pas libre, il jouait, comme il se devait, et oubliait ses fantômes en présence de la belle de Lydes.
« Aveline, nous nous connaissons depuis toujours ; les liens entre notre famille, ils ne sont pas à refaire, ils existeront tant qu’Ariel et Alaric, Andrasté les protège, seront mes cousins. Et pourtant… » Il n’hésita pas, il faisait une pause, volontaire. « Nous nous emportons dans le jeu, qu’il soit le Grand le Noble ou celui de la cour. Vous êtes déjà veuve par deux fois, à quel point tout ceci, nous, est une pièce pour vous ? Il y a partis bien plus intéressants, qui certes ne composent Sonates, mais assureraient un avenir encore plus radieux que celui que vous maitrisez déjà. » Il n’émettait pas des doutes, enfin si, mais correctement à la Orlésienne. Il étalait des vérités ; mais son cœur lui parlait, lui rappelait la beauté de celle assise en face de lui.

Il se redressa de son fauteuil, autant pour lui laisser le temps de réfléchir à l’interrogation si elle en avait besoin que pour aller pianoter, d’une main, un extrait de la sonate tout juste offerte. Et ses yeux se portèrent sur la roseraie devant la fenêtre de la pièce ; ouvrant cette dernière, il décrocha une rose rouge qu’il garda entre ses mains avant de revenir face à la de Lydes, et de lui tendre, en potentielle offrande.
« Aveline, cela fait plus d’un an que nous dansons ainsi, avec plaisir certes mais peut-être est-il temps de prendre une décision. Je sais que plus Grands que moi vous courtisent, et je dois aussi penser à mon avenir. » Un instant d’hésitation, un vrai, qu’elle senti probablement ; il s’en voudra peut-être, mais c’est la sincérité qui va à ses lèvres, au diable le jeu, parfois, même si le contrôle de ce dernier reste roi « j’aimerais qu’il soit à vos côtés ; vous pourrez garder votre nom, il vous sierra mieux que la mien, mais je comprendrais également qu’un autre Duc vous sied mieux qu’un simple Marquis. » Sans oublier qu’il ne savait même pas si il l’était vraiment, tout ces histoires avec ses frères et son père compliquant le tout, mais il avait vu la beauté d’Aveline, son charme, et oui, malgré les formes, très Orlésiennes, très ancrée dans le noble jeu, c’était bel et bien une proposition, officielle, d’union, une rose tendue en guise de bague, pour le moment. Et même si il craignait une réponse, qu’il n’imaginait que négative, Gabriel gardait composition ; il avait apprit à le faire, et pas qu’avec les instruments.


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Mar 21 Nov - 16:13

Sonate en cœur mineur
Aveline & Gabriel
It is a truth universally acknowledged, that a single man in possession of a good fortune, must be in want of a wife. ▬ JANE AUSTEN

Peu de temps plus tard, tous deux étaient installés autour de thé et de pâtisseries, un parfait en-cas pour l'occasion. Mais la conversation n'était pas terminée, au contraire. Voilà plusieurs mois que ce charmant jeu de cour durait, et c'était bien agréable, mais une cour ne pouvait durer éternellement... Et le ton que le compositeur employa soudainement lui indiqua qu'il prenait enfin l'initiative de faire avancer les choses. Elle reposa sa tasse de thé sur la table, observant le Marquis pendant qu'il exprimait ses pensées sans doutes mûrement réfléchies.

Il lui parla en des termes étudiés de son point de vue sur leur situation. Quelle futur voyait-elle pour leur relation ? A quel point tout ceci était-il un jeu, une pièce, un autre rôle à tenir ? Prenait-elle les choses sérieusement, pensait-elle réellement à un mariage ? Il mentionna à juste titre qu'elle avait déjà été veuve deux fois... et qu'il ne lui serait pas très compliqué de se trouver un autre troisième mari parmi les nobles d'Orlaïs. Son avenir, disait-il, serait peut-être plus radieux au bras d'un autre homme - un de ces prétendants qui n'avaient pas peur de se frotter à la "Veuve Noire".

Elle se leva et fit quelques pas dans sa direction, s'approchant de la fenêtre qui donnait sur le jardin. "Continuez..." Elle l'écoutait attentivement. Son propre avenir lui semblait prometteur dans tous les cas... Si certains membres de sa famille avaient des ennuis, si le monde lui-même semblait se diriger vers une sombre période, Aveline elle-même n'avait pas peur de son futur. Elle demeurait une femme privilégiée, active et influente - encore plus, même, depuis que l'elfe Talys Shiral avait quitté la Cour. Un bon débarras.

Elle prit la rose qu'il lui offrait, une belle rose rouge. Le savait-il ? Les roses avaient toujours été ses fleurs favorites. Elle s'y reconnaissait, en quelque sorte, entre la douceur de leurs pétales et le piquant de leurs épines. Elle en huma le parfum délicat, laissant le de Serault terminer de parler sans l'interrompre... Et la demande se fit officielle. Il désirait qu'ils vivent leurs avenirs côte à côte, officiellement. Il ajouta même, détail charmant, qu'elle pourrait garder son nom de jeune fille sans risquer de le froisser : cela lui fit tout spécialement plaisir - et la surprit, aussi. C'était une gentille attention. Elle tenait à son nom de famille : même durant ses deux derniers mariages, elle était toujours restée "Lady de Lydes" dans son cœur... Son prétendant semblait l'avoir compris.

Et c'était à son tour de prendre la parole. Elle tenait à profiter de ce moment. Sa réponse, elle l'avait en tête depuis le début de la conversation : elle comptait accepter, bien sûr... Mais le fait de le dire, de confirmer enfin les choses après ce long jeu savant entre eux, avait quelque chose d'émouvant, de solennel. A la satisfaction qui l'envahissait chaque fois que quelque chose se passait comme elle l'espérait, se mêlait cette fois-ci un plaisir plus humain.

-"Mon cher Gabriel...", répondit-elle après un moment de silence, choisissant ses mots avec soin... "Soyez-en assuré : je ne serais pas là si je n'étais pas intéressée." D'autres l'avaient courtisée, c'est vrai. Aveline, malgré la malchance que semblaient attirer ses époux, était un excellent parti. Mais Gabriel l'était aussi - noble, respectable, hériter de sa famille, et indéniablement charmant et talentueux. Sans doute n'aurait-il pas non plus de mal à se trouver d'autres prétendantes - ah, Aveline aurait été capable d'en citer plusieurs elle-même au moment-même. "Comme vous l'avez dit, nos familles sont proches depuis plusieurs générations maintenant - une tradition que je serait très heureuse de continuer. Cette dance, cette cour que nous nous sommes livrée ces derniers mois, je l'ai énormément appréciée, je ne peux le nier... Mais vous avez raison, il est temps d'y mettre un terme - mais uniquement pour passer à la suite, à l'officialisation, aux fiançailles. Car, oui, je souhaite bien vivre les années qui viennent à vos côtés."

C'était un moment sérieux et charmant à la fois, un mélange de solennité et de sentiments. Aveline se sentait bien, à sa place - une sorte de triomphe différente de ce qu'elle ressentait en général quand le Jeu lui souriait. Elle avait tout simplement l'impression de prendre une bonne décision de vie, pas uniquement pratiquement, mais aussi personnellement... Ce mariage serait une réussite, elle le savait.

Elle sourit, un sourire sincère que son masque ne cachait pas. "J'accepte, bien sûr..." Et elle lui prit la main, sans rien ajouter, en sachant que quoi qu'il arrive dans le futur, elle aurait un nouveau mari à ses côtés pour l'affronter.


▬ Gasmask
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