Drink up, there's more ! | ft. Sigrun

Sigrun était observatrice : le souci que l'état de l'Inquisiteur causait à Eshalineva ne passa pas inaperçue. Elle lui demanda si tout allait bien - et l'elfe se dépêcha d'éloigner ses inquiétudes. "Ca va, c'est rien..." Elle sourit comme pour la rassurer. Elle n'avait vraiment pas envie de parler de tout ça maintenant, elle devait déjà y réfléchir bien trop souvent au jour le jour... Heureusement, le moment passa vite, et quelques instants plus tard, elles étaient de retour dans la légèreté de leur compétition.

Elle écouta attentivement les explications de la naine. C'était amusant, de s'intéresser à une langue totalement inédite... Eshalineva avait tellement l'habitude d'apprendre la langue elfique, continuant année après année de grappiller tout fragment de cette langue perdue, pour les disséminer dans sa conversation, qu'elle en oubliait presque qu'il y avait d'autres langages entiers à découvrir dans le monde. "Chez nous, les Dalatiens, on dit Lethallin. Ou lethallan, si on parle d'une femme," mentionna-t-elle sans trop se préoccuper des règles du jeu ou d'offrir des réponses gratuitement. Elle appréciait décidément la conversation avec Sigrun : non seulement elle se détendait, mais elle apprenait aussi des choses.

Sans surprise, la naine écrasa son score précédent, et comme puisqu'elle l'avait promis, Eshalineva se devait de vider tout son verre. Elle le fit de bon cœur : elle l'avait mérité. L'alcool ne lui monta pas à la tête tout de suite, mais elle se doutait qu'elle était moins résistante que Sigrun... Elle commençait à le sentir. Elle aimait s'amuser, et plus elle était imbibée, plus elle était douée pour ça.

-"Ahhhh..." Elle reposa son verre et secoua la tête. Bon ! Elle serait plus raisonnable au prochain tour. Avant toute chose, elle réfléchit à la question de Sigrun. "Eh bien, ça dépend un peu des clans. Le mien est très lié à l'inquisition, historiquement. La première Inquisitrice, au siècle dernier, c'était une Lavellan." L'Inquisitrice Lavellan, héroïne de l'enfance d'Eshalineva, et de tant d'autres jeunes de son clan, avait fait d'elle une admiratrice de l'Inquisition depuis des années... Mais elle n'avait pas vraiment répondu à la question, pas encore en tout cas. "J'ai voyagé sans eux pendant quelques années, avec juste un type de mon clan, pour apprendre la médecine. Sans rentrer dans les détails, je me suis un peu embrouillée avec l'elfe qui voyageait avec moi. Même quand on est rentrés au clan tous les deux, j'en avais assez de voir sa tête tous les jours, alors j'ai cherché autre chose... Et puis j'ai entendu dire que l'inquisition avait été reformée, donc, me voilà." C'était plutôt sincère, il était rare qu'elle mentionne Tamariel, préférant habituellement expliquer qu'elle avait eu envie de se rendre utile. Ce qui n'était pas vraiment un mensonge... Mais clairement son ex avait eu son rôle à jouer aussi dans sa décision.

Elle regarda les dès rouler à nouveau - un huit pour Sigrun, pas mal du tout. Allait-elle battre cela ? Manifestement, non : son lancer à elle s'arrêta sur un 4. Sa chance la quittait, elle avait du se montrer trop confiante.

-"Vas-y, pose ta question, je t'écoute..."

Elle en profita pour demander qu'on lui remplisse son verre - cette fois-ci, elle n'allait plus le vider d'un coup, une gorgée suffirait.

Eshalineva venait de vider sa choppe : à présent qu’elle risquait de ressentir les effets de l’alcool, le vrai jeu pouvait commencer. Elle afficha un sourire taquin en réponse à la moquerie de sa compagne. "Te réjouis pas trop vite, je suis loin de rouler où que ce soit !" Mais elle prit quand même la décision de revoir ses ambitions  la baisse, et de ne plus continuer que gorgée par gorgée. Oh, qu’on ne s’inquiète pas : elle pouvait encore jouer longtemps…

Sigrun était curieuse des endroits qu’elle avait vus au cours de son voyage. Il y avait de quoi parler, c’était certain. Mais la naine ne devait pas être en reste, depuis qu’elle avait quitté Orzammar, elle avait bien du voyager également…

Les dès roulèrent encore une fois, sur une victoire pour la naine. La chance tournait… C’était peut-être un juste retour des choses. La question qui suivit fit rire Esha, elle ne put pas s’en empêcher. Elle, une redoutable guerrière ? Quand on se souvenait de sa réputation en la matière chez les Lavellan, c’était quand même assez drôle. Esha, l’elfe qui aurait été capable de se blesser avec sa propre flèche… Clairement, la naine n’avait jamais entendu toutes ces rumeurs.

-"Tu devrais dire ça aux chasseurs de mon clan, je suis sûre que ça les ferait beaucoup rire…" Elle gloussa encore, sans doute rendue plus rigolarde par la bière, puis ssecoua la tête et précisa, car cela méritait sans doute quelques précisions : "J’étais la pire archère de mon clan. Je désespérais mes mentors. C’était ridicule." Si tout cela était quelque chose qui l’avait affectée dans sa jeunesse – après tout, un vrai Dalatien se devait de savoir tirer à l’arc – elle s’était clairement faite à l’idée aujourd’hui, et en parlait à présent avec beaucoup d’auto-dérision. Elle avait décidé qu’elle n’était pas faite pour se battre, que ce soit avec un arc ou toute autre arme… Elle soignait – et en cas de danger, elle comptait sur les autres pour la défendre. Des gens comme Sigrun, Tamariel, les membres de son clan, ceux de l’Inquisition… Des gens qu’elle se ferait une joie de remettre sur pieds par la suite. Ainsi tout le monde était gagnant.

La question méritait de plus amples explications, cependant : elle n’y avait répondu qu’à moitié. Elle continua donc : "J’imagine que ça a vraiment été une question de vocation. Je voulais juste sauver des vies ! Et, tu sais… innover. Ajouter des choses aux connaissances dalatiennes en médecine. Apprendre de nouveaux trucs." Eshalineva n’était pas quelqu’un de très religieux, mais elle considérait que « la vie » avait quelque chose de sacré. Sauver une vie ne pouvait être qu’une bonne chose : c’est pourquoi elle aurait même pu soigner son pire ennemi si on lui en avait donné l’occasion. Et pour le reste… Même si elle aimait sa culture, elle trouvait la plupart des dalatiens trop focalisés sur le passé. Esha, elle, désirait garder les yeux tournés vers l’avenir. Etendre ses connaissances médicales, même si elle les éloignait ainsi de la « vraie » culture elfique, lui semblait très important. Et partager ce qu’elle savait avec les autres races aussi. Un peu idéaliste peut-être, elle espérait qu’un jour, le savoir puisse être entièrement partagé entre toutes les races et tous les peuples, indépendamment de leur histoire… Elle doutait que ça arrive de son vivant, mais si elle pouvait commencer à paver le chemin vers cela, elle en serait déjà heureuse.

Au moment de relancer les dés, Sigrun lui demanda si elle pouvait réellement continuer. Elle éloigna sa sollicitude d’un geste de la main. "Je viens à peine de commencer", affirma-t-elle. C’est vrai qu’elle avait l’habitude de boire plus que ça – même s’il n’était pas dit qu’elle le supporte aussi bien que son amie.

Elle prit les dés et le lança, espérant obtenir un meilleur score, cette fois. Elle les lança d'une main un peu moins assurée que les fois précédentes... Mais sa chance n'était pas trop mauvaise, puisque le résultat final fut un neuf plutôt respectable.