Hey Brother ~ Alaric

J'ai encore du mal à réaliser que je suis de retour à Lydes, même si ce n'est que temporaire, avant que mes responsabilités ne m’appellent à nouveau sur d'autres fronts, pour d'autres batailles à mener... Mais peu importe que je sois là ou non, finalement, je ne le montre pas vraiment. Je reste dans l'ombre par crainte de devoir affronter les regards lourds de reproches - si ce n'est de peine de ma famille et surtout Anthelme qui lui n'hésite pas à me les balancer en pleine figure. Comme quand je me suis rendu au chevet de Armand à mon arrivée ici ; ses propos ne m'ont pas laissé indifférent. Ils m'ont blessés, parce qu'ils sont vrais. Je sais que c'est dans la nature de mon cadet mais j'ai toujours eu des rapports conflictuels avec lui plus que les autres et ce depuis notre enfance. Si je porte le rôle d'aîné... Entre nous deux, cela ne saute pas aux yeux. Encore maintenant je suis celui qui m'arrange pour le fuir, pour éviter de l'affronter face à face. Je crois qu'il l'a remarqué, à vrai dire, et je crains ce moment où je serais piégé en tête à tête sans réelle sortie de secours. Je regrette terriblement mais mes excuses ne servent à rien, il m'en veut encore, je le vois dans ses yeux, même de loin. Je n'ose pas venir lui dire directement. Entre lui à affronter, Ariel, je réalise que je me suis montré plus qu'égoïste dernièrement. Aveuglé par mon chagrin, mon deuil, les idées noires ; et je n'ai pas encore cicatrisé.

J'aurais bien besoin d'un remontant. C'est sur cette pensée que j'emprunte un couloir de la demeure, vérifiant que personne n'est dans le coin excepté les serviteurs, jusqu'aux cuisines où je me prends une bouteille de vin. Depuis que je suis dans la Garde, j'ai repris une certaine autonomie en l'absence de domestiques, ce qui n'est pas plus mal surtout quand il s'agit de me prendre de l'alcool. J'essaye de rester discret, inutile que cela remonte aux oreilles des autres. Encore sur la pointe de pieds ou presque, je me rend au sein de l'un des salons qui se trouve heureusement vide d'un membre de ma famille. Sans plus attendre, après avoir bu au goulot lors du cours trajet, je pose la bouteille sur une table présente où des verres sont présents. Je n'ai pas le temps d'initier un autre geste, même pour m'asseoir sur le fauteuil à côté que la porte s'ouvre... Anthelme. Autant dire que je ne me sens plus aussi serein qu'il y a quelques minutes. En plus, nous nous retrouvons bientôt seuls, moi face à sa franchise et lui face à ma tête déconfite. Je baisse légèrement le regard, ne sachant trop que répondre car il a vu juste ; lui mentir lui donnerait une raison de plus de me faire des reproches. « Je... Oui. Je ne pensais pas que tu voudrais me parler. Je me suis dis qu'il serait préférable pour moi de garder mes distances. » Bon, je ne me félicite pas quant à ma réponse, mais j'ai l'irrésistible envie de me noyer dans un nouveau verre de vin. Là. Toute suite. Peu importe que Anthelme soit présent et à côté justement, je me sers à mon tour avec la bouteille qui était déjà pas mal entamée. Je bois la moitié de mon verre d'une traite, lorgnant la porte refermée après le passage du dernier serviteur qui sortait.

La porte me fait de l’œil, malheureusement je sais que je ne pourrais pas fuir comme ça ; et Anthelme ne manque pas de me le rappeler après avoir vu où mes yeux se portaient. Je ne peux étouffer un soupire résigné puis avec mon verre à moitié rempli, je m'installe dans un fauteuil. Peu à peu je sens les effets du vin que j'ai déjà ingurgité et qui va m'aider à affronter mon frère, je l'espère. Car je n'ai pas besoin d'initier la conversation que de nouveaux reproches fusent encore, m'encourageant à boire encore une gorgée... Puis cul sec en même temps que Anthelme termine sur une vérité blessante : j'ai été lâche. « Je sais, je suis désolé. J'ai été lâche. J'ai... » Mon cœur se serre aux regrets qui m'envahissent. Je termine mon verre et avant d'en dire plus long, je me précipite presque sur la bouteille de vin après m'être relevé. Je me resserre un verre entier en me fichant bien de ce que pense mon cadet, surtout avec mes yeux qui commencent à être humides. Me voilà étrangement partagé avec une certaine colère, désormais, à force de n'entendre que des reproches secs sans prendre en compte mon deuil gravé en moi. Je ne peux m'empêcher de ressentir une amertume à mon tour.

« Je ne t'ai pas répondu, Anthelme, quand nous étions rassemblés au chevet de Armand. Je vais le faire maintenant : oui, j'ai failli mourir. J'étais en mission dans les Tréfonds, je me suis éloigné des autres, je voulais en finir, je voulais les rejoindre après avoir combattu, pas après avoir bêtement erré pendant des semaines. J'ai été lâche, égoïste, peut-être que je le suis encore, mais je ne peux pas enterrer mon chagrin comme elles l'ont été. » L'alcool ne m'aide pas à retenir mes paroles qui sortent toutes seules ; au moins je parle à cœur ouvert. Peut-être un peu trop... « Je les vois... Tu comprends ? Lise, Blanche, je n'arrive pas à lâcher prise, elles me suivent partout ! Ces visions sont de plus en plus fréquentes... intenses. » Et voilà, le fait d'en parler, sur le fauteuil où j'étais installé un peu plus tôt je la vois : ma tendre Lise qui m'observe silencieusement. Je la regarde également, même si pour Anthelme je lorgne très probablement dans le vide, et ma main où repose mon verre encore plein tremble. Je l'amène à ma bouche une fois encore, pour boire d'un coup, car j'ai l'impression de perdre pieds ; je craque totalement. A force de garder tout pour moi, cela devait bien arriver, même si je n'imaginais pas que ce serait devant Anthy.

Je suis en proie à des ressentis contradictoires... Partagé entre les regrets, je me sens redevable, mais aussi une certaine colère qui ne me ressemble pas envers Anthelme et son caractère envers moi, pire encore quand il me retire ma seule source de plaisir du moment ; mon verre de vin. Même après m'être lâché ainsi, avoir parlé à cœur ouvert, je sens un rejet de sa part. Encore des reproches. Dans son regard, ses paroles, son... poing. Sur le coup de la surprise je me le prends de plein fouet et recule d'un pas. La douleur physique n'est rien à côté de ce qui suit, les paroles sont bien plus destructrices. Je sens le regard de Lise, illusion ou non il me perturbe, mais je l'ignore, je m'emporte. « Tais-toi !! » Ma voix est déchirée, mes nerfs craquent, je renvoie à Anthelme son coup de poing. Je ne sais pas ce qu'il me prend mais je m'enfonce encore plus. « Même si j'étais mort, t'aurais encore craché des reproches sur ma tombe, tu ne sais rien me dire d'autre que ça ! Tout ce que je fais, j'entreprends, tu le critiques, et tu ne peux pas comprendre ce que je traverse. Tu ne sais rien Anthelme ! Tu n'as jamais rien su ! » Les mots sortent tout seul, sous l'effet de tout ce qui se bouscule en moi, l'alcool aussi, et j'en ai déjà des remords car je ne pense pas tout ce que je dis. C'est ma peine qui se transforme en amertume, comme si je voulais heurter mon frère comme il me blesse quotidiennement à l'intérieur, même s'il ne s'en rend pas compte. J'ai commis des erreurs, certes, c'est encore le cas, mais avec lui j'ai l'impression qu'elles sont amplifiées. J'ai l'impression que nous n'arriverons jamais à nous comprendre. Je...

Réalise. Je viens de me comporter comme Anthelme, à l'instant, non ? Alors que je suis censé être l'aîné. Je ne suis pas digne de ce rôle, pas comme Ariel qui préserve la famille, en comparaison je me suis renfermé sur moi-même depuis le décès de mes aimées. Je regarde le sol puis vers le fauteuil encore occupé par l'apparition de Lise, qui me fait un sourire maintenant, comme pour confirmer mes pensées. Je garde les yeux grands ouverts et je me perds à côté de la réalité, elle paraît si réelle. J'aimerais qu'elle le soit, qu'elle revienne. Mon cœur me fait si mal dans ma poitrine que j'ai l'impression que quelqu'un l’enserre avec sa paume et resserre peu à peu. Je cligne des yeux, elle n'est plus là, mais Anthelme oui. « Je suis... désolé. Je n'aurais pas dû dire ça. » Je ravale ma salive, je ne suis pas sobre néanmoins j'essaie de ne pas perdre encore le contrôle. « J'ai fui parce que je ne supportais plus d'être ici. Arthur me rappelle toujours la perte de Blanche, ici je me souviens de tout, je n'avais plus goût à rien... Cette vie que je menais, de Chevalier, je n'aurais pas pu continuer Anthelme. Je ne voulais pas vous infliger ce spectacle plus longtemps, je me suis protégé, parce que j'avais peur de vous perdre dans le même genre de circonstances. Et... J'étais à côté de la plaque. Je ne te demande pas de me pardonner mais peut-être une seconde chance ? Il faut encore que je remonte la pente mais j'ai réalisé que vous en souffrez aussi. Et c'est moi l'aîné après. » Tout le long, je ne l'ai pas vraiment regardé dans les yeux, j'ai trop honte de mon comportement. Je me masse la joue que je sens humide ; apparemment j'ai laissé échappé une larme.

Étrangement, je me sens... plus léger. Je me suis confié au lieu de tout garder pour moi, une fois encore, et pourtant je m'inquiète encore de la réaction que pourrait avoir Anthelme qui ne m'a pas coupé jusqu'à maintenant. Lui qui est de nature si impulsive, je crains de ne pas l'avoir calmé, comme je me suis moi-même emporté un peu plus tôt. Et finalement j'ai la réponse assez rapidement quand je suis entraîné au sol, pas incapable de me défendre mais l'envie n'est pas au rendez-vous. Elle ne l'est plus. Je confronte à nouveau son regard, encaisse le coup au visage, puis arrive un goût de fer dans ma bouche. Vais-je réellement me faire tabasser par mon propre frère cadet ? Heureusement que personne n'est là pour voir ce spectacle, surtout pas Ariel, les temps sont déjà assez difficiles pour tout le monde. Mais être frappé ainsi me sort plus ou moins de mon état d'ébriété.

Je suis face à Anthelme qui se confie lui aussi, il n'a pas tord et... En un sens je ne m'attendais pas à entendre tout ceci de sa part. Je suis laissé au sol, libre de mes mouvements, amoché aussi, mais je ne me relève pas immédiatement. « Je ne savais pas non plus... Nous ne nous sommes jamais confiés... Tu ne m'avais jamais frappé comme ça. » Je me redresse enfin doucement, péniblement, le faciès sûrement marqué. Nous ne parvenons peut-être pas encore à nous comprendre comme il faut mais c'est un début, non ? Après tant d'années... Cependant un détail le surprend réellement. « Même enfant j'étais ton modèle ? Je ne pensais pas l'avoir été un jour, tu ne me l'avais jamais raconté. » Anthelme m'a toujours fait tourner en bourrique et je cherchais désespérément de l'aide auprès de Ariel, ça, je m'en souviens bien. Adultes, ce sont les situations qui ont changées mais je crois que c'est encore le cas.

Mes doigts glissent sur mes lèvres, récoltant un peu de sang, je l'ai mérité. Mes nerfs se sont calmés, j'en serais presque nostalgique mais encore en peine, Anthy et moi sommes passés à côté de beaucoup de choses. Je lance un nouveau regard en direction du verre de vin, ce serait trop simple, alors j'évite, je plonge mes prunelles sur mon frère. Je m'installe dans le fauteuil puis j'attrape ma tête entre mes mains après un long soupire ; finalement cette conversation que je fuyais tant était un passage nécessaire. Nous n'en avons même pas aussi tôt terminés d'ailleurs, non ? Je me demande si la langue salée de Anthelme est encore d'attaque pour un nouveau round ou si nous pouvons arrêter de nous faire du mal comme ça. Si nous pouvions nous ouvrir l'un à l'autre plus facilement...

Je ne sais pas si je dois me réjouir d'avoir fait rire Anthelme avec un tel sujet, même si sur le moment, j'affiche un rictus à moitié amusé, grimaçant. Il est vrai que sans Ariel j'en aurais beaucoup plus pris dans la figure ; et je ne parle pas que des reproches. Je ne cherchais que la tranquillité, surtout enfant, puis adolescent, en comparaison de mon frère très - trop énergique. Une différence de caractère qui explique en partie notre manque de compréhension, notre éloignement, les tensions entre nous, si on enlève nos erreurs communes. Je n'ai jamais réellement discuté avec lui, enfin pas ainsi. Si j'ai l'impression d'être à découvert et d'en avoir trop dévoilé c'est aussi le cas pour lui visiblement. Mais pour la première fois, j'ai le sentiment de le comprendre, de connaître ce qu'il évoque ; à ma manière certes. D'un autre côté je ne pensais pas que tout ceci tracassait autant Anthelme... Comment aurais-je pu ? Je n'ai jamais demandé, il ne m'a jamais rien avoué, je n'ai jamais rien remarqué dans mon rôle de victime de ses pitreries.

J'inspire doucement, ne bougeant pas du fauteuil où je suis maintenant installé. Pour une fois ce n'est pas moi qui évite le regard de mon cadet mais l'inverse. « Je comprends... Je vois ce que tu veux dire, je l'ai vécu à ma manière avant ta naissance. Ariel était mon modèle et l'est toujours. Quand tu es arrivé, je ne te cache pas que je me suis retrouvé complètement désemparé, tu avais un sacré caractère. C'est toujours le cas. » Et Ariel était mon aîné, le premier héritier, forcément j'étais dans l'ombre. Je ne m'en suis pas réellement plaint cela dit. Je ne faisais pas d'histoires, je n'avais pas une personnalité très marquée, marchant plutôt dans les pas de mon grand frère. J'adorais le rôle de cadet, je ne voulais pas que cela change aussi tôt et avec Anthy, j'ai eu du mal à encaisser les changements ainsi que mes nouvelles responsabilités. J'étais trop jeune néanmoins je crois que j'arrive mieux à comprendre, avec du recul, mon blocage fréquent envers lui.

Je me penche en sa direction, espérant qu'un échange visuel s’enclenche à mes paroles qui risquent de le surprendre. « Anthelme. Merci de t'être confié. » Je me suis souvent réfugié dans les jupons à la moindre étincelle avec lui ; là je le remercie alors que j'ai encore le faciès amoché. « Maintenant je crois que c'est toi qui fait plus la fierté de Père que moi. Je n'ai même plus de descendance, je n'en aurais plus, et je ne risque pas de prendre une autre épouse. Toi en revanche, tu as encore Arthur. » J'ai du mal avec la fin de ma phrase, plus douloureuse pour moi, empreinte de nostalgie et de tristesse. J'essaie de ne pas me laisser envahir à nouveau en me demandant intérieurement où en est également Anthy, à ce niveau là.

C'est à l'aide des remerciements que je parviens à accrocher le regard de mon frère et j'en profite pour lui faire un faible sourire, très probablement l'un des rares sincère ces derniers mois. Il ne dure cependant pas, en raison du chagrin qui me ronge constamment, et je dois dire que cette discussion me rend encore plus nostalgique... Je suis comme plongé dans un état second, rien à voir avec le vin qui circule toujours dans mon corps ; c'est presque une scène irréaliste entre nous deux. Je vois d'ailleurs Anthelme qui n'hésite pas à reprendre un verre alors que je me retiens, mais je lorgne beaucoup en direction de ce qu'il reste. Peut-être après, quand même, j'en ai encore besoin. En attendant j'écoute encore mon cadet qui s'ouvre une fois de plus en ma compagnie. Je le connaissais si peu que ça ? Comment n'ai-je pu ne rien remarquer ? Pourtant je suis déjà au fait de la réponse.

« C'est pour ça que c'est aussi douloureux, je n'arrive pas à faire mon deuil. Ne sois pas tant jaloux mon frère, j'aurais préféré que l'on m'arrache le cœur plutôt qu'elles me soient enlevées de cette manière. Tout ça à cause du Grand Jeu... à cause d'une vie noble. Mais regarde moi maintenant, même dans la Garde certains s'amusent encore à me surnommer le Chevalier avec un air moqueur. » J'essaye de lui faire comprendre qu'il n'a pas à m'envier, pas maintenant en tout cas ; c'était peut-être trop beau pour être vrai en effet, pour que cela dure, mais c'est le cas de ma peine désormais. « Si tu trouves ta véritable âme sœur, garde-la éloignée de ces manigances. Et Arthur... Quel piètre oncle je fais en m'en éloignant. Quel piète frère je fais en t'évitant. » Je me lève doucement, je récupère mon verre plus tôt enlevé en espérant que ce ne soit pas à nouveau le cas.

« Anthelme, pour ce qu'il vient de se passer, il vaudrait mieux qu'on trouve une excuse. Si Ariel ou les autres l'apprennent, c'est toi qui risque de tout prendre, alors que je suis aussi responsable. » Pour tout dire je m'étonne de ma réaction et de mes propos avec Anthy, à croire que je commence à prendre quelques responsabilités ainsi que mon rôle d'aîné avec lui. Ce qui ne fait pas de moi un frère responsable cela dit ; je bois une gorgée après avoir inspiré un bon coup.

C'est ce que je me disais, Anthelme et Alessia ne partageaient pas une idylle comme moi avec Lise. En revanche ce qui est certain, même si il ne peut pas savoir ce que je ressens en tant qu'époux en deuil, c'est sûrement le cas en tant que père ; il suffit qu'il s'imagine perdre Arthur pour comprendre. Oh Créateur je ne lui souhaiterais jamais tel malheur, ni lui ni à quiconque, pas même mon pire ennemi. J'aurais presque envie de lui sourire à nouveau, quoi que tristement. Bientôt il prend la défense de cette noble vie qu'il mène encore, que je menais ; chevalier. Là je ne suis pas d'accord avec lui car je n'en veux plus. C'est à cause de cette noblesse que j'ai tout perdu et j'étais aveuglé par bon nombre de choses que je redécouvre dans ma Garde. Alors certes, parfois moqué, préservant mes distances, ce n'est sûrement pas l'idéal, pourtant je vois bien que les origines importent peu. « Ne dis pas ça, Anthelme. » Rien de plus, je ne préfère pas que nous nous engueulions à nouveau pour si peu ; heureusement la conversation évolue sur autre chose.

Je bois encore un peu, synchronisé avec mon frère qui ne me fait aucune réflexion, et je l'en remercie silencieusement. Tout comme le fait qu'il me rassure, j'ai presque l'impression que je suis en plein rêve... Jusqu'à ce qu'il n'évoque ses disputes avec Ariel, sans les détails que j'imagine. J'espère que je n'étais pas au centre de celles-ci ni que les tensions entre eux ont empirées ; et je n'ai pas envie d'être le responsable d'une nouvelle dispute. « Tu n'as pas à gérer ça seul, je pourrais lui en parler. Je dois aussi avoir une conversation en tête à tête avec lui... J'ai peur qu'il ne me pardonne pas. » Je me confie encore un peu, je vide mon sac, reprenant une gorgée après un long soupire qui exprime mon état d'esprit actuel. Puis arrive la question piège ; je remarque que le ton n'est pas sec comme au début et ne sonne pas à la manière d'un reproche.

« Au moins quelques jours, peut-être plus d'une semaine, j'espère, le temps que Armand reprenne du poil de la bête. Je risque d'être appelé pour des affaires urgentes, comme tu t'en doutes, la menace est là. Mais promis, je ne partirais pas sans rien dire cette fois-ci... » Promesse que je devrais tenir même si je dois partir dans l'urgence. Rapidement je lui souffle : « Merci encore. » Je termine finalement mon verre, affalé dans le fauteuil, je m'égare dans quelques songes, la pièce est redevenue calme. C'est le début d'un nouveau départ entre moi et Anthelme, il semblerait.