NEW BEGINNING (TYRRA)

L’évocation de leurs passetemps et de leurs chamailleries d’enfants semblent tourmenter sinon titiller l’Aeducan. Elle a visé juste en jouant la carte du souvenir, et aux vues de la palette contrasté d'émotion se profilant sur le trait du Prince, elle devine sans mal que son esprit vagabonde dans tous les sens à la recherche d'une alternative. Rien d'étonnant, Tyrra le sort volontairement de sa zone de confort pour le mener sur une pente bien plus glissante. Même s'il est vrai qu'en temps normal et en l'absence de ses douleurs résiduelles - vestige des récent événements - la jeune naine n'aurait sans doute pas fait le poids face à un combattant aguerrie comme lui. Elle sait pertinemment qu'il n'est pas du genre de se dégonfler et bien que le marché proposé semble le rebuter il abandonne tout de même son arme en la laissant s'écraser sur le sol de pierre. Un sourire vient barrer le visage de Tyrra, satisfaite de le voir ainsi capituler pour ce genre d'affrontement où elle a peut-être une carte à jouer. Mais quelque chose semble agacer son ami d’antan. Elle n’attend cependant pas très longtemps avant que sa langue se délie. Et cela sans ménagement aucun de sa part.

Si la première partie de la phrase, sur le fait qu'il voudrait la revoir malgré une potentielle défaite où qu'il ne pourrait jamais l'oublier, la touche en plein cœur (et aurait pu largement la convaincre de ses bonnes intentions). La seconde partie vint disons… tout gâcher. Elle manque de lui envoyer sa main dans la figure, juste pour ne pas ressentir la vague de colère qui la percute de plein fouet. Les jointures de ses mains viennent même craquer, tant ses poings se serrent avec une force qui la dépasse. C'est la deuxième fois aujourd'hui que le souvenir de son père germe dans son esprit, mais là c'est un coup-bas. Aravar, étant pourtant bien l'une des seules personnes dans cette citée à connaitre la douleur que ce sujet provoque chez elle et qui par le passé les rassemblés dans la même douleur. Quant aux secrets entourant le bannissement de Kreln Yadrisnev, il est évident qu'elle cherche toujours des réponses mais qu'il utilise cela pour l'inciter à rester était purement un affront. Même en la giflant il ne lui aurait pas fait autant de mal.

Se mordillant les lèvres pour ne pas lui hurler des obscénités à la figure. Elle se contint malgré tout, ramené à la réalité par le bruit du métal raclant le sol. Il venait de donner un coup de pied dans l'épée abandonnée plus tôt. L'Aeducan semble aussi énervé qu'elle, c'est certain. Il finit par accepter ses conditions, sans gaieté de cœur, ce qui n'a rien de bien étonnant aux yeux de la naine. Elle s'en serait douté. Tyrra réalise subitement que ce dernier semble beaucoup plus déterminé désormais, c'est simple elle a l'impression de se retrouver devant une bête en furie. Ses sourcils froncés ainsi que son poing serré ne présagent rien de bon et quant à la lueur brillante dans ses prunelles glacées. Si elles ne lui glacent pas le sang, elles sont une bonne indication du niveau de sa détermination. Rien de mieux pour motiver Tyrra, elle ne désire pas qu'on la laisse gagner et le deal était un bon moyen de s'en assurer. Il est prêt et ses sans étonnement qu'il bondit sur elle.

En dépit des années qui les séparent de leur dernier combat, Aravar a toujours la même manière de débuter un affrontement. Il se contente de foncer. Tyrra le sait bien et s’est sans mal qu’elle l’esquive en se détournant à la dernière seconde. Glissant un pied devant les siens pour le faire trébucher. Le Prince chancèle, mais ne tombe pas pour autant. Elle en profite donc pour lui sauter dessus se retrouvant sur son dos et accroché à son cou. Le but de la manœuvre étant de jouer de son poids pour essayer de le faire tomber. Elle vint par la même occasion murmurer à son oreille. « Tu ne mérites pas de gagner et tu ne mérites pas mon amitié… Tu m’as trahi Aravar, moi je t’aimais, mais tu ne sais même pas ce que ça veut dire… »

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Perchée sur le dos de son ami d'antan, Tyrra pressent la riposte venir. Elle n'a pas tort, car il ne faut qu'une fraction de seconde pour que le nain se laisse tomber au sol dans le but de la bloquer en faisant poids de son corps. Un laps de temps suffisant pour la jeune femme qui abandonne aussitôt son piédestal de chair au profit du sol, peu désireuse de se retrouver écraser de la sorte. Aravar chute lourdement sur les dalles de pierres sombres et froides, sous l'œil espiègle quoique médusé de la naine. Le bruit du contact et sourd, mais sonne aux oreilles de Tyrra comme une douce mélodie. Il aurait dû viser le mur le plus proche, il aurait certainement réussi à la bloquer de cette manière. C'est du moins ce qu'elle pense tout en repoussant du pied les mains de l'Aeducan tentant d'attraper ses chevilles. Il manque de la faire trébucher, mais elle arrive tout de même à se défaire de son emprise. Elle recule de plusieurs pas, toujours en posture défensive, pendant que son adversaire se relève aussi vite qu'il est tombé.

Tyrra est plutôt étonnée de la manière dont le combat débute. Dans les souvenirs qu'elle tente infructueusement d'oublier, Aravar est de loin, l'un des meilleurs combattants, même s'il est évident que par moment, il lui arrivait de tomber sur plus fort que lui. Mais là, c'est Tyrra qu'il affronte, pas un combattant expérimenté, simplement une gamine issue des taudis. Si elle gagne en confiance sur l'instant, elle n'en demeure pas moins prudente. Elle s'interdit purement et simplement de sous-estimer le Prince. Après tout, il a déjà prouvé sa valeur en tant que combattant en remportant à lui seul la lice ou même au cours des derniers événement survenue en Orzammar. Elle ne le quitte pas des yeux, prête à bondir sur lui. Mais elle ne s'exécute pas, une idée soudaine venant la détourner de son but premier. « T'as l'intention de commencer le combat ? Non parce que là... » Elle s'interrompt volontairement en plein milieu de sa phrase, le regard hargneux, elle se mit à fixer un point invisible derrière Aravar. Ou plutôt en fixant la porte située dans le dos de l'Aeducan. Le moment de se montrer plus maligne que lui était arrivé, autant dire que sa nouvelle petite rivalité avec son molosse de garde du corps serait un bon moyen de diversion. « Qui a laissé entrer le cabot ? » Elle désigne un Gilard invisible espérant détourner momentanément l'attention du nain.

Cela sembla fonctionner, le Prince tourne sensiblement la tête en direction du Gilard fantôme. Et c'est là que Tyrra en profite pour se jeter sur lui, s'élançant de tout son poids dans sa direction. Le but de la manœuvre étant de le faire flancher en venant loger son coude au creux de son estomac. Trop confiante, elle ne voit pas que ce dernier et déjà prêt à l'accueillir. La diversion a complètement capoté. Il contre l'assaut sans que cela lui paraisse difficile, le stratagème de la naine tombant totalement à l'eau. Il arrive de même à saisir le bras de cette dernière pour venir le bloquer dans son dos. La mettant dans une position peu enviable et empêchant tout mouvement. Elle peste et tente de se défaire de son emprise, elle tente même d'écraser son pied, mais rien à faire, il maintient Tyrra de sorte qu'elle demeure incapable de bouger.

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La jeune naine se trouva fort stupide d’avoir pensé que son élan de fourberie avait pu fonctionner. Coincer de la sorte contre son ami d’antan, Tyrra n’a qu’une seule envie, lui échapper à tout prix. Sans y parvenir cependant. La réplique cinglante qu'il lui rétorque ne fait que la courroucer de plus belle. Intérieurement elle est prête à exploser, malheureusement ses assauts répétés sur le pied de l'Aeducan et ses gesticulations pour se défaire de son emprise ne changent rien. Dans cette position, il garde l'avantage. Elle ferme les yeux un instant, il faut qu'elle se concentre, qu'elle cherche une solution. Elle risque de se fatiguer à force de se remuer ainsi et le nain a beau avoir autant de mal qu'elle, ce n'est pas une raison suffisante pour lui faciliter la tâche. Quand il tente de la faire basculer en arrière, Tyrra se surprend à lui résister. Ses pieds fermement ancrés sur le sol, elle fait en sorte que tout son poids réside dans le bas de son corps pour ne pas basculer. Il ne faut pas plus de temps à Aravar pour tenter autre chose, un croche-patte. Parfaitement prévisible pour la jeune femme qui profite de la manœuvre de ce dernier pour lui envoyer un coup dans ses ecchymoses encore douloureuse. Rien qui ne soit utile cependant, ce dernier ne poussant qu’un faible gémissement.

Le Prince ne relâche pas l'emprise et Tyrra désespère, elle est clairement en position de faiblesse. Elle le sait. Une chose qu'elle ne supporte pas et qu'elle n'accepte pas non plus. L'approche inexorable du mur ne la rassure pas davantage et quand son dos vient le heurter de plein fouet elle ne peut retenir un râle de contrariété. Ce qui lui rétorque une fois encore, exacerbe ce sentiment d'impuissance. Coincé de la sorte Tyrra suffoque, de mauvais souvenirs, remontant malgré son bon vouloir devant ses yeux.

Elle se souvient s'être retrouvé dans cette même position, pas avec Aravar bien évidemment, mais avec un de ses larbins. La fripouille en question l'ayant un jour coincé dans une ruelle des bas quartiers, voulant lui faire les poches à la recherche de quelques pièces ou de quelconques biens à lui dérober. Le genre d'action arrivant souvent, mais ce qui avait le plus marqué Tyrra, c'était sans doute l'absence de réaction d'Aravar à l'époque. Ce dernier n'ayant jamais levé le petit doigt pour empêcher ses laquais de s'en prendre à elle. Du moins de la détrousser, car heureusement elle n'avait jamais été violentée. Le flot de ses pensées brouilla sa vision, à moins que ce ne soit les larmes trempant ses yeux. Rien qui ne puisse l'empêcher de lui lancer une énième vacherie au visage. « Je suis certaine que ça doit te rappeler pas mal de souvenir, à croire que t'a toujours aimé me voir en position de faiblesse. » Qu'il fasse ou non le rapprochement avec se souvenir lui importe peu, il lui fallait agir.

La hargne la pousse à cogner contre la poitrine du nain, là où elle sait que certaines douleurs sont encore légion, mais rien à faire, il ne bouge pas. Malgré des grimaces qu'elle devine de douleur, cette dernière s'acharnant encore et encore contre ses ecchymoses. La sensation d'être prise au piège n'en est que plus étouffante, instaurant un réel malaise dans l'esprit de la naine. Elle tente à nouveau un assaut, à l'aide de ses jambes ou plutôt de son genou, mais elle est une nouvelle fois contrée. Ayant prévu son geste il l'évite, celui-ci cherchant à frapper une partie stratégique de l'anatomie de l'Aeducan. Un coup-bas s'il avait réussi, mais qui aurait été libérateur pour Tyrra. Elle se contente de regarder son ami avec une certaine détresse dans le regard, était-il en train de prendre le dessus dans ce combat.

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La respiration de la jeune naine est saccadée, bruyante et hachée. À tel point que des soubresauts incontrôlés l'anime succinctement. Il faut à tout prix qu'elle arrive à chasser les démons du passé, à faire face à son adversaire, sinon, bonjour les dégâts. Elle se force donc à prendre de grande inspiration, à redevenir maitre de son corps et de ses esprits, mais encore une fois, rien à faire. Même si elle sent que les propos énoncés plus tôt déclenche une réaction chez le prince qui défait légèrement son emprise sur elle, mais pas suffisamment pour que les coups portés fassent grand dégât. Ce dernier évite de même son coup mal placé qui aurait pu être libérateur. Les larmes montent aux yeux de la naine, bien qu'elle tente en vain de les chasser. De la tristesse ? De la colère ? Elle ne saurait le dire, les deux à la fois sans doute, comment savoir. Ce combat n'a pas de logique, elle le sait, ils le savent tous les deux. Alors, pourquoi ni l'un, ni l'autre n'arrive à prendre le dessus ? Est-ce qu'une force invisible essaye de les prévenir ? Comme pour leur indiquer qu'il n'est guère temps pour les querelles de ce genre. Qu'elles doivent être reléguées au passé.

Elle est cependant vite ramenée à la réalité quand Aravar tente une nouvelle fois de la mettre au sol. Un énième croche patte qu'elle parvient à contrer, elle ne sait comment soyons clairs. Il tenterait éventuellement de l'assommer s'il le pouvait, mais là encore elle serait prête à esquiver, ce qui se révèle du miracle dans le si petit espace où elle est recluse. Acculée contre la pierre glacée qui devient de plus en plus inconfortable, lui lacérant presque le dos sous la pression de son ami d'antan qui l'écrase pour l'empêcher de gesticuler. Autant dire qu'elle n'en peut plus et bien qu'elle n'ait nulle envie d'abandonner le combat, la fatigue mentale commence à se faire ressentir. L'invective bruyante qui franchit les lèvres de l'Aeducan à de quoi la désarçonner, est-ce que ça lui est réservé ? Ou se maudit-il de ne pas parvenir à ses fins ? Il la surprend néanmoins en lâchant prise, la libérant de cette étouffante étreinte qui la faisait suffoquer depuis plusieurs minutes. T'es presque plus têtue que moi. Tyrra plaque sa main contre sa bouche, pour étouffer un sanglot qu'elle ne désire pas exprimer face à lui. Les nerfs lâches, ce ne sont pas des larmes de tristesse… Ou peut-être que si en fin de compte. Quand bien même ses paroles sont vraies, ils ont tous les deux la tête dure. Et la même force de caractère. Les larmes de la naine refluent de force et sa main quitte sa bouche laissant ses dents morde sa lèvre inférieure pour dissimuler son éventuelle grimace. Elle allait répondre quand une présence se fit ressentir dans la pièce.

Sûrement alerter par le vacarme engendré par leur échange musclé, Tyrra n'est pas surprise de voir la nounou chérie de ce cher Aravar franchir la porte pour s'assurer que tout allait bien pour ce dernier. Malheureusement pour lui, son pied se coince bien malheureusement dans ce qui semblait retenir un étalage entier de bouclier. Tyrra n'as même pas le temps de prévenir Aravar que ce dernier se retrouve percuté de plein fouet par une ribambelle de bouclier de différentes formes. Devant la vision la naine en grince des dents, cela doit être hautement douloureux elle n'en doute pas. Devant sa bourde le garde du corps se précipite pour l'aider et le sortir de là sans oublier de jurer. Mais malgré les ressentiments contre son ami, Tyrra ne peut s'empêcher d'être en rogne contre le garde du corps. Si quelqu'un devait blesser Aravar aujourd'hui c'était bien elle et pas cet idiot sans cervelle. De plus, il venait les interrompre alors qu'ils avaient tous deux tant de choses à régler. Tyrra se rapproche des deux nains, au moins pour constater les belles ecchymoses nouvellement installer sur l'Aeducan. Rien de bien méchant, mais aux vues de son état général…

Tournant la tête vers Gilard elle ne mâchât pas non plus ses mots, de plus ce n’était pas sa faute donc à quoi bon prétendre le contraire.  « Espèce d’abruti sans cervelle ! Vous voulez le tuer ou quoi ? Maintenant j’ai encore plus de travail sur les bras par votre faute ! Déjà que vos médecins royaux sont des incompétents…   » Elle doutait qu'il comprenne le mot incompétent, mais poursuivi quand même. « Ramenez-le donc à ses quartiers, que je m'occupe de lui ! Et par pitié, fermé là une bonne fois pour toute, ça nous fera un problème de moins à gérer ! »

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Devant la mauvaise foi de cet idiot de garde du corps, le sang de Tyrra ne fait qu’un tour. Vient-il de la traiter de souillon ? Elle n’en croit pas ses oreilles et si Aravar n’avait pas n’était pas dans les vapes à cet instant, elle lui aurait certainement sauté à la gorge pour lui montrer de quel bois est fait un Yadrisnev. Le point serré, la mâchoire raidit par la contrariété, elle se contente d'abord de le toiser d'un air noir. Et puis merde à la fin !
« Je pensais tu devais le protéger, pas l'achever comme un cochard malade ! Je me demande bien ce que son paternel en penserait d'ailleurs ! T'es pas curieux toi aussi espèce d'abruti ? »
Prend ça dans les dents, pauvre crétin ! Elle suit pourtant son ordre et ouvre la porte afin qu'il puisse acheminer le prince dans ses quartiers. C'est peut-être une erreur de le déplacer, mais elle ne se voit pas prendre soin de lui sur la pierre froide recouvrant le sol de cette salle d'entrainement.

Tyrra se maudit intérieurement, elle aurait surement mieux fait de choisir la visite de la salle du trône après tout. Ils n'en seraient pas là ! Sur le chemin elle s'arrête dans la réserve précédemment visité pour récupérer le nécessaire dont elle a besoin pour soigner Aravar. Les blessures causées par la maladresse de son mufle de garde du corps comme les blessures résiduelles de ses dernières semaines. Elle se doute allégrement que les médecins royaux sont de pauvres ignorants, incapable de raccommoder une blessure comme elle sait le faire. De plus, elle a déjà fait ses preuves maintes fois auprès de l'Aeducan. On pourrait pourtant se demander pourquoi elle prend la peine de le faire sur l'instant, ne lui en veux-t-elle pas pour toutes ses actions passées ? Si énormément pourtant, mais le voir inconscient réveille en elle un sentiment contre lequel elle ne peut luter. Et le simple souvenir d'un Aravar blessé, cognant à la porte de son domicile et là encore un souvenir au combien douloureux pour la jeune femme.

Quand elle pousse enfin la porte de ses appartements elle n’est pas surprise de voir un Gilard en train d’essayer de le réveiller.  «  Bon sang, mais tu vas le laisser respirer à la fin ! Dégage moi le plancher avant que je donne l'alerte ! Et si je t'entends encore grogner, je te jure que je te fais bouffer mon poing ! »

Elle l'aurait bien giflé sur l'instant, mais ce dernier suit son conseil avant de sortir, non sans grommeler comme un cochard. Bon débarra ! Déposant les affaires sur une table, non loin du lit du Prince, cette dernière vient inspecter l'état de son ami d'antan. Il a reçu un bon coup sur la tête et une large entaille barre sa joue, nul doute que quelques ecchymoses supplémentaires viendront s'ajouter à celles qui peuplent déjà sa pauvre carcasse. Mais rien de grave, enfin même si le pincement au cœur que récent Tyrra n'est pas là pour la rassurer. Elle s'active à la tâche en profitant pour constater l'étendue des dégâts, très vite l'Aeducan se retrouve débarrasser des vêtements superflus et se retrouve correctement aliter. Rien de bien sorcier pour la naine, elle a l'habitude avec lui.


Il faut tout de même à Aravar plusieurs heures avant de faire surface. À tel point que Tyrra s'est endormi sur la chaise située à proximité, la tête calée entre ses bras, reposant sur un coin du lit. Elle aurait sans doute dû partir, mais la seule pensée de savoir Gilard veiller sur Aravar l'avait décidé à rester. De plus, il restait encore à faire pour qu'il aille mieux. L'Aeducan s'agite, tentant vainement de retrouver ses esprits, la réveillant subitement. «  Doucement ne gesticule pas autant, t’as pris un mauvais coup sur la tête ! » Elle plaqua sa main sur le torse son ami pour le maintenir en position couchée, pas besoin qu'il se lève pour des explications. Et de toute manière avec un tel coup sur le crâne, il faudrait sans doute plusieurs minutes avant qu'il reprenne complètement ses esprits.

Quand il appelle Gilard, la mâchoire de Tyrra se crispe de nouveau, ce que le concernait répond ne l’amuse pas plus. « Silence sale clébard ! » Siffle-t-elle a son intention à travers la porte. S'il devait rentrer elle se ferait une joie de l'accueillir à coup de pied dans le cul. Pas forcément un comportement décent pour une jeune femme, mais Tyrra n'en a absolument rien à faire sur l'instant. «  Ton idiot de garde du corps a bien failli te tuer, quant au troupeau de Brontos, c'était un étalage entier des boucliers… Gilard est vraiment un empoté ! » Elle se dirige vers la table la plus proche et récupère un bol contenant une mixture à la fois sombre et à la consistance pâteuse. Un remède de sa confection, une sorte de cataplasme curatif maison, à appliquer sur les zones douloureuses ou nécessitant une cicatrisation rapide. « J'ai dû recoudre ta joue, mais avec ça tu n'auras pas de cicatrice… Je peux ? » demande-elle en lui désignant le bol.

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Tyrra trouve étonnant que son ami d'antan ne fasse aucun commentaire sur la mixture peu appétissante contenue dans son bol. Il est vrai que cette dernière ne donne guère envie par sa couleur vert kaki et son odeur forte. En règle générale, Aravar ne se privait jamais de faire quelques commentaires à ce sujet. Ce qui la plupart du temps la contrariait, mais là rien, même si son regard se pose dessus en exprimant un faible rictus confirmant sa pensée. Tyrra s'abstient pourtant de lui faire remarquer et ne peut que constater ses efforts de comportement depuis qu'elle a mis les pieds au palais. Cela elle ne peut le nier et même si elle ne fera aucun commentaire là-dessus, apprécie un tel effort.

« Que tu me fasses confiance est une chose, mais ton nouveau statut social m’oblige à demander la permission non ? » A bien y réfléchir, elle n'aurait même pas dû prendre le risque de l'aider. Une simple servante comme elle se devait de prévenir les médecins et soigneurs, même pour des blessures si superficielles. Une simple erreur de sa part et c'est sur elle que tous les blâmes seraient retombés. Néanmoins, elle n'avait pu s'y résoudre. Aravar bien que l'ayant lourdement déçue par le passé, demeurait une personne trop importante pour qu'elle laisse quelqu'un d'autre prendre soin de sa santé. D'ailleurs elle n'avait pu que constater la médiocrité des soins apportés par les soigneurs du palais. Ses blessures cicatrisées bien, mais pas assez rapidement. À croire que ceux qui avaient pris soin de lui ne connaissait pas les vertus de certaines plantes capables d'accélérer la guérissons. S'asseyant sur le rebord du lit pour être plus confortable elle se plonge deux doigts dans ladite mixture pour venir en déposer sur le visage de l'Aeducan, là même ou plus tôt elle s'était appliquée à la refermer avec toute l'application nécessaire. « Il faut l'appliquer jusqu'à ce que cette vilaine cicatrise soit complètement refermé, pas plus de quelques jours. Si j'ai bien fait mon travail, tu n'auras aucune marque et personne ne verra rien. » Cette idiote de Gilard pouvait bien la remercier, d’une elle n’avait prévenu personne et de deux, elle effaçait les preuves du pauvre corps d’Aravar. « D’ailleurs pendant que tu étais dans les vapes je t’ai préparé quelques baumes. Sa soulagera les vieilles ecchymoses des dernières semaines. »

Elle s'éloigne de lui pour venir reposer le bol sur la table, tandis qu'il reprend la parole. Sa question la vexe un tantinet. Son but premier n'était-il pas de la voir rester ? Voilà que maintenant il lui demandait pourquoi elle était encore là et pourquoi elle l'avait soigné, car bien évidemment, aucun d'eux n'avaient remporté le combat. Elle était donc libre de faire comme bon lui semblait, de rentrer chez elle et pourtant, elle était encore là. S'appuyant à la table, elle l'observe d'un air grave, mais nullement malveillant. Que devait-elle répondre ? Par la vérité ? À savoir que le voir mal en point, réveille en elle des souvenirs douloureux, des souvenirs qu'elle aimerait exorciser pour de bon. Car oui, elle tient à lui, mais de là à lui pardonner et à effacer le passé… Non surement pas, pas sur l'instant en tout cas. Tournant cinq fois la langue dans sa bouche elle cherche une parade, quelque chose d'assez convainquant. « Je… Si j'étais parti, peut-être que ce Gilard m'aurait tout mis sur le dos. Alors, je suis restée… Je ne voudrais pas finir comme mon père... » Sa voix et tellement hésitante, qu'il est évident qu'elle n'est pas convaincante. Elle espère néanmoins que de parler de son paternel suffira à créer l'illusion. « Mais je devrais sans doute partir maintenant, tu vas mieux non ? Et tu n'as surement plus besoin de mes services. » Dit-elle en se dirigeant vers la porte. Tyrra est fatigué, c’est beaucoup trop d’événement pour une seule journée. Néanmoins, une petite voix dans son crane lui intime de rester, mais sur le moment elle préfère l’ignorer.  

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