The Black Cat and The Red Fox

Ces derniers jours s'étaient plus ou moins révélé sans histoire et, dans le cadre du soulèvement vite écrasé lors des jeux organisés dans l'arène, Aurelius Argento estimait qu'il ne s'en tirait pas trop mal. Déjà, il était toujours vivant, ce qui était plutôt une prérogative en la matière. Non pas qu'il ait quoi que ce soit à faire avec la brève insurrection, mais ce genre de choses amenait toujours un certain chaos, du genre qui soufflait à l'oreille des petits malins que ce serait peut-être bien l'occasion de régler ses comptes en profitant du tumulte environnant. Des fois qu'un meurtre -oh, juste un petit, ou peut-être deux mais on ne va pas abuser- passe pour un débordement de ces histoires de troubles. Plus d'un magister avait dû dormir les deux yeux ouverts et avec une arbalète dans chaque main, les nuits passées. Rien de tel qu'un bon vent de paranoïa pour occuper les esprits, dans le coin.

Pour sa part, il était à peu près sûr qu'il avait son lot de détracteurs, des détracteurs qui ne seraient pas au-dessus du petit assassinat dans les règles, du genre qui poussait à engager un brave gars ou une brave fille des Corbeaux ou de la Maison de Repos. Il devait encore avoir sur sa tête des contrats chez les uns et chez les autres qui dataient des frasques de sa jeunesse un peu partout dans Thédas. Non, cela devenait vraiment dangereux quand les commanditaires décidaient de se passer d'intermédiaire : on savait que quelqu'un vous en voulait plus que de raison quand il était près à aller au-delà des règles pour le faire lui-même. Personnellement, comme qui dirait. Il n'en était pas encore là, si ? Il n'était pas revenu depuis assez longtemps pour un tel honneur...

Mais il se demandait ce que tout cela voulait dire pour Faustus. Il avait beau ne pas avoir été attaqué directement, c'était ses jeux qui avaient servi à la révolte manquée. D'une manière ou d'une autre, il y avait là quelque chose de rudement personnel : c'était son pouvoir qui était bafoué. Fort heureusement, il n'avait pas attendu à sa place d'honneur qu'on vienne l'y massacrer comme une brave victime de livre d'histoires. On ne saurait sans doute jamais si les insurgents auraient voulu lui faire sa fête directement, mais quelque chose disait à Argento que le contraire aurait été étonnant.

« Calus! » lança-t-il joyeusement à l'un des templiers qui gardaient l'entrée des quartiers du divin. « J'espère que les potions ont aidé, et que le petit va mieux. Alarian, l'armure toujours luisante, je vois ! Personne ne polit comme vous ! Le divin m'attend. »

Les deux gardes sourirent à leur tour -Aurelius était du genre à s'entendre avec la plupart du personnel- et se concertèrent d'un bref regard avant de le faire entrer. Il était effectivement attendu, et autant ne pas faire attendre le divin, qui attendait déjà après tout. La logique au sein des gardes de tous les pays était finalement assez simple. On lui indiqua le chemin du bureau, là où Faustus devisait, ratifiait, recevait et -quand il en avait le temps- complotait sûrement un peu pour le sport.

« Faustus ! » Il sourit, s'avançant dans un grand mouvement de sa cape rouge. Dessous, il portait pourpoint et gilet, et il tenait son bâton(1) d'une main ferme. « Je suis content de te voir. J'espère pouvoir venir plus vite après ce qui s'est passé, mais... Comment vas-tu ? Ta famille ? Des nouvelles sur ce qui a bien pu se passer ? »

La leçon de métamorphose était prévue de longue date, mais avec les jeux, Aurelius était curieux. Et puis il allait attendre un peu avant de lui demander si on pouvait se transformer en dragon, c'était quand même plus poli.


(1) De mage.