"An unexpected encounter" - Nesiris Gallo

An unexpected encounter

Nesiris Gallo & Keira
♪ - Dénérim, 10 : 40 des Misères

Dénérim. Joyau de la couronne féréldienne, capitale de la contrée qui, selon les orlésiens, sent le chien mouillé. Ouais, je sais, c’est pas très glorieux quand on y pense. Mais les orlésiens ne sont que des pètesecs après tout. Et puis ça ne sent pas si mauvais le chien mouillé… si ?

Je n’ai pas très souvent l’occasion de m’y rendre, je suis la plupart du temps sur les routes ou bien simplement postée à Fort Bastel. Alors, quand j’en ai l’opportunité, j’en profite pour faire un détour et m’attarder quelques jours avant de rallier le bastion de la Garde des Ombres. C’est précisément le cas aujourd’hui.

Je rentre tout juste d’une mission de repérage au sud – qui n’a absolument rien donné, soit dit en passant – et j’ai choisi de m’écarter un peu de ma route pour venir flâner dans les rues de la cité qui fut jadis un simple avant-poste des tévintides. Les autres ne m’en tiendront pas rigueur. D’autant que la Garde a actuellement d’autres problèmes que le retard d’un de ses membres. L’annonce de l’Enclin a semé la pagaille dans nos rangs et mis tout Fort Bastel en effervescence. Les nouvelles recrues ne cessent d’affluer, dans l’objectif de grossir nos effectifs avant l’arrivée des engeances. Mais inutile de penser à ça maintenant, j’aurais tout le temps de ruminer à propos de l’Enclin quand j’aurais retrouvé mes compagnons d’armes.

D’ordinaire, lors de mes rares visites à Dénérim, je m’attarde sur le marché pour observer les étals. Je n’achète jamais rien mais je repars toujours les poches pleines d’objets en tous genres. Des tas de bricoles inutiles que par la suite, ne leur trouvant pas d’utilité, je redistribue ou sème un peu partout. La faute à ma tendance au vol à la tir. Je ne me suis d’ailleurs encore jamais fait prendre sur le fait, malgré certaines tentatives fort peu discrètes.

Sauf que présentement, j’ai une toute autre idée en tête. Une idée bien différente, il faut l’avouer. Mes pas me guident à travers la cité jusqu’à une grande bâtisse en pierre à l’allure imposante. La Chantrie de Dénérim. Pendant un instant, je me demande ce que je fous là et j’hésite à tourner les talons. Je ne suis pas une fervente croyante, je ne suis pas du genre à réciter le Cantique ou à écouter les boniments que la Chantrie a à dispenser. Et pourtant, je suis là. Si une Sœur pouvait m’entendre penser, elle me dirait très certainement que "c’est le Créateur qui m’a amenée jusqu’ici".

Après plusieurs minutes restée plantée devant la porte, je pénètre finalement dans la bâtisse sacrée. A l’intérieur, il y règne une atmosphère apaisante, renforcée par la lumière chaude provenant de tout un tas de bougies disposées dans toute la pièce. Je pousse un profond soupir. Je ne sais même pas vraiment ce que je suis venue y faire. Peut-être y trouver un peu de paix ? Remercier le Créateur de m’avoir sauvée il y a toutes ces années ? Je n’en sais rien.

Puis, soudain, mon regard croise celui d’une Sœur qui passe par là. Elle ne fait guère attention à moi et se contente de me saluer poliment avant de continuer sa route. Quant à moi, je reste plantée là, les sourcils froncés et une étrange impression me titillant l’esprit. Mais qui est cette jeune femme ? Ses traits me sont familiers, mais je ne saurais dire pourquoi. Je n’ai quasiment jamais mis le pied dans une Chantrie avant ce jour, alors il est fort peu probable que ce soit là que je l’ai vue…

Poussée par ma curiosité, je m’élance à sa poursuite et la rattrape rapidement. Je pose une main sur son épaule pour attirer son attention, ce qui la fait sursauter.

« Excusez-moi mais… j’ai l’impression de vous connaître. » Je l’informe alors qu’elle se retourne dans ma direction.

Et c’est alors que je réalise qu’effectivement, je la connais. C’était il y a presque six ans maintenant, je n’étais pas encore Garde des Ombres à l’époque mais une jeune esclave en fuite, désireuse d’échapper aux bourreaux de son enfance.

« Nesiris ? » Je l’interroge à voix basse, en fixant mon regard dans le sien.

acidbrain

An unexpected encounter

Nesiris & Keira

We all take different paths in life, but no matter where we go, we take a little of each other everywhere. ▬ TIM MCGRAW

La Chantrie de Denerim, décor que Nesiris en était venue à connaître par cœur, était très calme ce jour-là. La grande salle principale, où avaient lieu la plupart des offices et où étaient accueillis les croyants n quête de guidance, était plongée dans le silence : on pouvait entendre, à l'extérieur, une voix de femme en train de réciter un cantique, et les rumeurs d'un marché qui se tenait un peu plus loin... mais c'était tout. Quelques chandelles brûlaient dans les coins, et les vitraux laissaient filtrer une jolie lumière chaleureuse qui faisait des taches multicolores sur le sol.

Nesiris, cependant, n'était pas d'humeur contemplative. Bien qu'elle aime cet endroit avec une grande sincérité, elle pensait de plus en plus à la nécessité d'en partir. Trop de gens le lui avaient dit : elle devait trouver quelque chose d'autre à faire, ailleurs... Elle ne pouvait vivre un mensonge éternellement. C'est pourquoi, de plus en plus régulièrement, elle sortait pour se promener en ville, en quête peut-être d'inspiration ou d'une aide inespérée... Comme elle en avait déjà rencontré maintes fois dans sa vie.

Elle aurait voulu sortir plus tôt, en cette journée, mais elle n'en avait pas eu le loisir. Elle avait accepté, la veille, d'assister l'une des Sœurs, une amie, pour vérifier les comptes du mois... Sauf que la tâche s'était éternisée, ennuyeuse au possible, et qu'au final elle ne pouvait s'éclipser que maintenant, plutôt contente que ce soit derrière elle.

Pressée, elle ne fit pas vraiment attention à la personne qu'elle croisa en sortant du bâtiment. Une autre fidèle, prise d'une envie de prier ou autre - n'importe quelle autre sœur pouvait très bien s'en occuper, elle, elle voulait sortir ! Elle se contenta donc de la saluer poliment - mais distraitement - sans vraiment faire attention à son visage... et de poursuivre son chemin.

Et puis une voix la héla, et elle s'interrompit.

L'espace d'un instant, une inquiétude s'empara d'elle. Quelqu'un qui pensait la reconnaître, ça ne signifiait pas forcément du bon. Ses retrouvailles avec Marianis, elle n'était pas prête de les oublier.

-"Oui ?" Elle se retourna pour faire face à la visiteuse qu'elle venait de croiser. "Je suis désolée, je n'ai pas le temps..." Mais elle s'interrompit en voyant la jeune femme.

Elle ne la reconnut pas tout de suite... Les vieux souvenirs prenant un certain temps à venir se recoller à ce visage dont les traits, c'est vrai, semblaient vraiment familiers. Elle connaissait son nom, elle, le prononçant à voix basse en la fixant dans les yeux... Oui, elle était Nesiris, et cette fille était... "Keira ?"

Keira ? Mais comment était-il possible que Keira se trouve là ? Quand elles s'étaient séparées, elles étaient toutes deux dans la même triste situation, deux esclaves en fuite tentant de fuir le territoire tevintide. Elles s'étaient quittées dans l'urgence, et ne s'étaient plus revues, et... A présent, 6 ans plus tard, se pouvait-il qu'elles se retrouvent ? Nesiris avait du mal à y croire. Mais pourtant, il semblait bien que ce soit elle.

-"Keira, c'est vraiment toi ?" Elle réalisa qu'elle parlait trop fort, dans le silence de l'église, et baissa le ton. "Mais comment ?" Et puis, sans y penser, elle traversa les quelques pas qui les séparaient, et serra dans ses bras cette amie qu'elle ne pensait plus revoir. Je te croyais morte, songea-t-elle sans le dire.

▬ Gasmask

An unexpected encounter

Nesiris Gallo & Keira
♪ - Dénérim, 10 : 40 des Misères

Oui, c’est bien elle. Mais que fait-elle ici ? Parmi toutes les personnes que j’aurais pensé croiser à Dénérim, Nesiris n’en faisait certainement pas partie. C’est néanmoins une très agréable surprise. Je dois bien avouer que ne pensais jamais la revoir…

Nous étions toutes les deux des esclaves en fuite lorsque nous nous sommes rencontrées, il y a six années de cela, sur le territoire tévintide. Je venais tout juste d’assassiner mon ancien maître dans son sommeil et j’avais pris mes jambes à mon coup, dans l’espoir d’atteindre la frontière avant d’être rattrapée. J’ai croisé Nesiris sur mon chemin et, comprenant que nous étions dans la même galère, nous avons décidé de poursuivre ensemble notre route. Compagnes d’infortune poussées par nos seuls désirs de survie et de liberté, nous avons progressé au cœur du territoire ennemi. De façon inévitable, nous avons fini par nous lier d’amitié.

Nous étions sur la bonne voie, en route vers notre salut. Sauf que le destin en a décidé autrement. Traquées nuit et jour, nous avons fini par être coincées par les esclavagistes sur nos talons. J’étais capable de me battre, mais Nesiris était sans défenses. Alors j’ai choisi de rester en arrière pour lui permettre de fuir. Si je suis parvenue, avec bien des difficultés, à me défaire des tévintides, il m’a été impossible de retrouver les traces de ma camarade elfe par la suite. Jusqu’à ce jour, j’ignorais ce qu’il était advenu d’elle.

Nesiris, stupéfaite, me reconnaît à son tour. Un peu abasourdie, elle me dévisage avant de se jeter sur moi pour me serrer contre elle. D’abord un peu surprise par une telle démonstration de joie, je me laisse finalement aller et lui rends son étreinte.

« Mais qu’est-ce que tu fais ici ? » Je lui demande dans un chuchotement, en me détachant de ses bras.

Mon regard s’attarde sur ses habits de Sœur. A-t-elle rejoint la Chantrie ? Si oui, depuis combien de temps ? Etait-elle donc à Dénérim depuis toutes ces années ? Etait-elle si proche de moi ? Une myriade de questions se bouscule dans ma tête. Six ans c’est long, très long et beaucoup de choses ont pu se produire en un tel laps de temps. Moi-même, je suis bien loin de l’esclave terrifiée aux mains tâchées de sang de mon ancien bourreau que j’étais à l’époque.

« Je suis heureuse de te revoir. » Je souffle à voix basse en lui adressant un sourire chaleureux. « Hum, peut-être devrions-nous aller autre part ? Pour discuter, je veux dire. Ce n’est pas que je n’aime pas la Chantrie mais… »

Je laisse ma phrase en suspens. Je dois avouer que je ne suis pas très à l’aise, entre ces murs. J’ai l’impression de ne pas être à ma place, comme une indésirable. Et ce ne sont pas les regards braqués sur nous qui me feront dire le contraire. Tous ces religieux me dévisagent comme si j’allais faire exploser quelque chose. Il faut dire qu’avec mon armure de cuir et mes armes, je dénote légèrement avec le paysage. Et puis, ce n’est pas vraiment le meilleur endroit pour entamer une discussion. Si Nesiris vit à Dénérim, elle doit certainement connaître un endroit où nous pourrons nous entretenir tranquillement, sans crainte d’être dérangées… ou de déranger qui que ce soit.

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Nesiris & Keira

We all take different paths in life, but no matter where we go, we take a little of each other everywhere. ▬ TIM MCGRAW

Les questions se pressaient dans la tête de Nesiris. Où Keira avait-elle vécu ces dernières années ? Que faisait-elle à Denerim aujourd'hui ? Vivait-elle dans la capitale, si près d'elle, et depuis combien de temps ? Que lui était-il arrivé depuis qu'elles s'étaient séparées ? Quand elles s'étaient vues pour la dernière fois, elles étaient deux esclaves en fuite, poursuivies, et Keira était restée en arrière pour tenter d'éloigner le danger. Nesiris avait bien essayé de l'attendre, mais sans la voir revenir... elle avait supposé le pire, et était partie de son côté. Avait-elle donc abandonné son amie sans le savoir ? Elle laissa Keira se détacher de l'étreinte, un peu honteuse de cet élan de tendresse, pendant qu'elle lui demandait ce qu'elle faisait ici. Bien sûr, elle devait en avoir, elle aussi, des questions...

L'elfe indiqua sa robe de chantriste en répondant à voix basse. "Je vis ici. Enfin, je veux dire, je suis Soeur." Une réponse un peu évasive, mais l'endroit n'était pas le meilleur pour en parler. Après tout, Nesiris n'avait été acceptée dans la Chantrie que grâce à une tromperie. Elle ne tenait pas à ce que ça se sache. Et d'ailleurs, Keira devait avoir la même impression, car elle lui proposa rapidement d'aller ailleurs. Nesiris hocha la tête avec reconnaissance.

-"Oui, sortons, ça vaux mieux ! Et, souriant en regardant encore les traits de l'autre, comme si elle avait toujours du mal à y croire, elle ajouta : "Je suis très heureuse de te revoir, moi aussi."

Jetant un dernier coup d’œil aux occupants du bâtiment, elle sortit de la Chantrie avec son amie. Elle espérait que personne n'avait remarqué toute cette histoire. Bien sûr, les Sœurs avaient bien le droit, elles aussi, d'avoir des amis qui leur rendaient visite, mais tout de même... Elle ne tenait pas à ce qu'on lui pose trop de questions sur l'identité de cette personne et le lien qu'elles avaient ensemble.

L’atmosphère à l'extérieur était déjà beaucoup plus vivante et active. Marchant sans vraiment savoir dans quelle direction se diriger, Nesiris continua : "Je n'habite là-bas que depuis quelques mois, mais ce n'est pas mal du tout." Elle ne savait pas trop ce que l'autre en penserait, si elle approuverait ou pas. De toute façon, à ce stade, il était plutôt difficile de le cacher.

Elle observa la jeune femme. Elle, clairement, était loin d'être devenue une religieuse. Ses vêtements laissaient plutôt présager une femme d'action ce qui n'étonna pas l'elfe à outre mesure. Elle était déjà une combattante, quand elles s'étaient rencontrées, chose qui avait fait une forte impression sur Nesiris, à l'époque. "Et toi ? Que deviens-tu ?" Et puis, pleine d'espoir : "Tu habites à Denerim ?" Ca lui aurait fait plaisir, qu'elles vivent dans la même ville. Elles pourraient se rencontrer de temps en temps, et peut-être même que Keira l'aiderait à trouver quelque chose à faire en dehors de la Chantrie.

▬ Gasmask

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Nesiris Gallo & Keira
♪ - Dénérim, 10 : 40 des Misères

Nesiris me confirme qu’elle est devenue une Sœur de la Chantrie. Cela ne m’étonne pas vraiment. Bien que nous nous soyons côtoyé que durant peu de temps – à peine quelques semaines lors de notre fuite de Tévinter – notre situation délicate et la promiscuité de nos cachettes nous a beaucoup rapprochées. Aussi, ayant appris à connaître la nature altruiste de mon amie, je ne suis guère surprise de voir qu’elle a choisi d’évoluer dans une telle voie. Et, même si je ne la pensais pas de nature croyante, je comprends qu’elle ait choisi de vouer sa vie à aider les autres.

Elle partage ma joie quant à nos retrouvailles et approuve ma suggestion de sortir d’entre les murs du bâtiment religieux. Elle semble un peu nerveuse, lorsqu’elle jette un regard en arrière. Peut-être est-ce dû à ma présence et à ces regards posés sur nous ? Mais peu importe, je ne suis pas du genre à me formaliser de ce genre de choses.

Je l’accompagne donc dans les rues de Dénérim, où règne une entrainante agitation. Nous ne tardons pas à revenir près du marché, là où se pressent toutes sortes de gens. C’est alors qu’elle m’informe qu’elle ne vit ici que depuis quelques mois. Elle me demande ensuite si, moi aussi, j’habite dans la capitale féréldienne.

« Non, je n’habite pas à Dénérim. » Je lui réponds avec une petite moue, navrée de gâcher ainsi son enthousiasme. « Je suis postée un plus au Nord, en réalité. A Fort Bastel, non loin d’Amaranthine. » J’ajoute avec un sourire bienveillant. « Oui hum… je suis rentrée dans le Garde des Ombres, il y a six ans maintenant, en arrivant à Férélden. »

Nous avons le même passé : toutes deux d’anciennes esclaves elfes parvenues à s’arracher aux griffes de leurs cruels maîtres. Et pourtant, nos présents sont aujourd’hui bien différents. Si, avec les années, j’ai gagné en force et en assurance, Nesiris n'apparaît pas s’être départie de sa douceur et de son optimisme. Et, si mon destin de Garde est tragique, le sien, celui d’une Sœur, semble paisible. Dans un sens, nous œuvrons toutes deux dans le but d’aider les autres. Nous le faisons simplement d’une façon bien différente l’une de l’autre.

« Je pourrais essayer de venir un peu plus souvent à Dénérim, pour te voir ! » Je lui propose. « Si cela te tente, bien entendu. » Je repère soudain un étal où marchand expose tout un tas de pâtisseries à l’air fort appétissantes. « Mes responsabilités me ramènent souvent au siège de la Garde, mais je pourrais trouver le temps de faire un petit détour par ici. »

Je n’ai pas beaucoup d’amis, en dehors de la Garde, et retrouver Nesiris me fait extrêmement plaisir. Il m’est arrivé de penser à elle, à de rares occasions, et de me demander ce qu’elle avait bien pu devenir. Qu’il est étrange de la retrouver maintenant, après tout ce temps !

Attirée par les alléchantes odeurs de gâteaux au miel, je m’approche de l’étal du pâtissier. Tout un tas de friandises colorées y sont entreposées, et la simple vue de ces douceurs fait gargouiller mon ventre creux. Je n’ai pas mangé depuis ce matin, économisant mes rations pour le reste du voyage jusqu’à Fort Bastel. Discrètement, une fois que le marchand a détourné le regard, je chipe deux gâteaux et m’éclipse en vitesse pour retourner vers mon amie. Ni vu, ni connu.

« Tiens. » Je lui offre la pâtisserie dans ma main gauche, tandis que j’engloutis celle tenue dans ma main droite. « Hum, c’est délicieux ! »

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Nesiris & Keira

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La Garde des Ombres... Que Keira en fasse désormais partie impressionnait énormément Nesiris, même si dans le fond, ça ne la surprenait pas tant que ça. Son amie était une combattante, elle le savait très bien. Quand toutes deux fuyaient Tevinter, Nesiris n'avait pas la moins notion de combat ou même de défense... mais Keira, elle ! Keira se battait avec une dague ouvragée, une dague avec laquelle elle avait tué son propre maître, lui avait-elle dit. De tels exploits, pour la petite elfe fugitive qu'elle était à l'époque, étaient proprement hallucinants.

Et ça faisait six ans qu'elle en était membre, ce qui signifiait qu'elle avait du la rejoindre directement après avoir quitté l'empire - six années passées à Ferelden, donc. En un sens, ça la rassurait étrangement. Si elles ne s'étaient jamais croisées pendant ces longues années, c'était pour la simple et bonne raison qu'elles n'étaient pas au même endroit. Keira ici, Nesiris dans les Marches Libres... Normal qu'elles ne se retrouvent que maintenant.

Elle était tout de même un peu déçue qu'elle n'habitaient pas dans la même ville actuellement... ce dont Keira devait se douter, car elle lui proposa immédiatement de venir la voir à Denerim. Cela lui fit plaisir.

-"Ce serait génial, Keira. Je veux dire, si ça ne te pose pas trop de problème. Denerim est une belle ville, je suis sûre qu'il te serait utile d'y passer de temps en temps, de toute façon !" Il y avait plein de choses à acheter, ici, des armes et d'autres trucs qui seraient sans doute utile à un membre de la Garde des Ombres... du moins aux yeux un peu naïfs de Nesiris. "Membre de la Garde... J'aurais du me douter que tu ferais de grandes choses dans ta vie. T'as toujours été la plu courageuse des deux ! Ce n'est pas trop dur ?"

Compliment très sincère. Pour elle, être Garde était absolument admirable. Elle savait aussi que c'était une profession dangereuse, et espérait que Keira était prudente. Elle venait de la retrouver... ce n'était pas pour craindre de la perdre immédiatement.

Leurs pas les avaient menées sur un marché rempli d'échoppes bien garnies. L'activité l'étourdissait un peu. Un peu fascinée, elle observa un marchand vanter ses gâteaux et ses tartes. Peut-être pourrait-elle en acheter pour elle et Keira... Elle essayait d'économiser son argent, au cas où, mais c'était tout de même une occasion particulière...

Elle allait chercher sa petite bourse cachée dans ses vêtements quand la voix de son amie l'interrompit. Souriante, elle tenait deux pâtisseries et lui en tendait une... Nesiris en sursauta presque, surprise. Elle ne l'avait même pas vue s'éloigner.

-"Oh ! Je m'apprêtais justement à..." Elle laissa sa phrase en suspens, se demandant soudain si Keira les avait bel et bien "achetées". Bon, ce n'est pas que Nesiris n'avait jamais rien volé de sa vie : il avait bien fallu le faire, quelquefois, et elle ne le regrettait pas, c'était ça ou rien ; mais à l'heure actuelle, elle évitait. Être soeur lui permettait de manger à sa faim, et elle se devait être morale ! Mais bon... Une petite pâtisserie... Ca ne tuerait personne...

Imitant la jeune femme, elle mordit à belle dents dans le gâteau et hocha la tête, approbatrice. C'était, en effet, délicieux. "Merci", ajouta-elle, la bouche pleine. "Viens, allons nous installer quelque part." L'agitation du marché était fascinante, mais elle se sentirait plus à l'aise un peu plus au calme. Heureusement, avec son costume de Sœur andrastienne, la plupart des gens se montraient assez respectueux envers elle, lui cédant le passage et la saluant alors qu'ils ne l'auraient probablement pas fait devant l'elfe qu'elle était vraiment... Elle marcha jusqu'à un muret un peu à l'écart, avec vue sur la place du marché, et s'y jucha.

-"Donc tu as passé tout ce temps à Ferelden..." Savoir que leurs chemins s'étaient à ce point éloignés, tout ça pour qu'elles finissent par se recroiser après six ans, était assez incroyable. Cela devait signifier quelque chose... Mais quoi ? "J'ai vécu dans les Marches Libres, moi. Un bateau entre Qarinus et Ostwick, et puis Starkhaven, Tantervale... Surtout Tantervale. Je ne suis arrivée à Ferelden que récemment." Elle reprit un morceau de gateau et baissa le ton. "Hey, Keira, d'ailleurs... Les gens de la Chantrie ne savent vraiment pas que je suis une elfe, alors... je veux dire... si tu pouvais ne pas trop ébruiter le sujet..." Elle n'imaginait pas que la jeune femme pourrait chercher à lui nuire, mais si elle en parlait accidentellement à la mauvaise personne, ça ne l’empocherait pas d'avoir des ennuis. Mieux valait en parler tout de suite, même si l'aveu lui faisait un peu honte.

▬ Gasmask

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Nesiris Gallo & Keira
♪ - Dénérim, 10 : 40 des Misères

Nesiris se montre immédiatement ravie à l’idée que je vienne lui rendre visite lors de mon temps libre. Cette perspective m’arrache également un sourire. Je songe néanmoins qu’avec l’Enclin qui se profile, chaque Garde des Ombres ne tardera pas à être mobilisé pour le combat contre l’engeance. Par conséquent, je risque de manquer drastiquement de temps libre. Mais je m’abstiens de lui en faire part. Inutile de la faire paniquer au sujet de l’arrivée des monstres.

Je vois un air admiratif fleurir sur le visage de mon amie alors que je lui fais part de mon appartenance à l’ordre de combattants. La plupart des gens – malgré de nombreux détracteurs – ont cette réaction à l’égard des Gardes. Nous sommes le rempart contre cette menace inconnue et terrifiante que sont les engeances et l’Enclin.

« Non c’est… gratifiant. » Je lui réponds lorsqu’elle me demande si cette vie est difficile. « J’ai l’impression d’être utile, de faire partie de quelque chose de plus grand. » Si beaucoup de Gardes sont arrivés là par hasard, et si certains sont d’anciens criminels enrôlés sans qu’on leur laisse le choix, nous œuvrons tous aujourd’hui dans le même but. « Et, je ne sais pas si je suis plus courageuse que toi. Il faut beaucoup de cran pour s’enfuir de Tévinter quand on est esclave. Et encore plus quand on ne sait pas se battre. »

Si j’étais en mesure de me défendre lorsque j’ai choisi de fausser compagnie aux esclavagistes, ce n’était pas le cas de Nesiris. Elle avait cependant bien d’autres qualités. Elle a toujours gardé le sourire, même dans les moments les plus difficiles de notre fuite. Elle n’a jamais baissé les bras. Oui, indéniablement, c’est une personne très courageuse.

Lorsque je reviens avec les pâtisseries "empruntées" – oui bon, certes, je ne risque pas de les rendre – Nesiris semble surprise mais accepte avec gratitude la douceur au miel. Elle croque dedans à pleine dents et m’invite à nous éloigner du marché pour trouver un cadre moins bruyant pour notre conversation. J’approuve d’un hochement de la tête et lui emboîte le pas. Sur le chemin, je remarque le respect dont font preuve les passants à l’égard de mon amie. Ils la saluent poliment, s’inclinent et s’écartent pour laisser la voie libre. En revanche, si certains font preuve d’autant de courtoisie à mon attention, la plupart se contentent de s’écarter et d’éviter de croiser mon regard.

Ma camarade elfe nous guide vers un endroit, un peu à l’écart du marché, là où s’agitation ambiante se fait nettement moins ressentir. Cette dernière prend place sur un petit muret, les jambes se balançant au-dessus du sol. Je pose mon paquetage au sol, ne gardant sur moi que mes dagues, et l’imite. Je prends quelques secondes pour profiter du calme avant de reporter mon attention sur mon amie.

« Oui, quelques semaines après notre séparation, je suis arrivée ici. » Je lui explique. « Je suis tombée sur une troupe de Gardes juste après avoir passé la frontière. Je n’avais nulle part où aller. Alors, quand ils m’ont proposé de les rejoindre, je ne les ai suivis. » Une décision qui a radicalement changé ma vie. J’ignore ce que je serais devenue aujourd’hui si j’avais choisi de décliner leur proposition. Peut-être une mendiante dans les rues de Dénérim ? « Je suis passée par les Marches Libres pour rejoindre Férélden, mais je ne m’y suis pas attardée. » Je reprends lorsque Nesiris m’informe de ce qu’elle a fait après sa fuite du territoire tévintide. « Qu’est-ce qui t’as décidée à venir ici ? »

Mon amie me confie alors, dans un murmure, qu’elle cache sa nature d’elfe aux autres membres de la Chantrie. Je fronce les sourcils et remarque, qu’effectivement, elle a soigneusement pris le soin de dissimuler ses oreilles pointues derrière ses cheveux.

« Pourquoi ne pas leur dire ce que tu es ? » Je lui demande, en prenant garde à garder un ton aussi bas que possible. « Tu avais peur de ne pas être acceptée ? Et ne t’en fais pas, je ne dirais rien. »

Il est vrai que les elfes ne sont pas toujours pas bien vus, en particulier par les humains. Néanmoins, je ne pense pas que la Chantrie soit du genre à s’encombrer de ce genre de préjugés. Mais peut-être est-ce une vision naïve du monde. Tout ne se passe pas comme dans la Garde des Ombres, où peu importe notre race ou origine, nous sommes tous égaux.

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Nesiris & Keira

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La sensation d'être utile, de faire le bien autour de soi... Cela semblait familier à Nesiris. Cette sensation, elle l'avait trouvée en devenant Sœur. Certes, elle ne combattait pas de monstres, elle serait bien inutile si Ferelden se faisait soudainement attaquer par des engeances... Mais elle aidait quand même le monde autour d'elle, à son échelle. En accompagnant les fidèles, en les rassurant, elle avait l'impression de faire le bien à sa façon. Et elle comprenait à quel point cela pouvait sembler, comme le disait Keira, gratifiant. Ces choses-là, elle les faisait de son propre gré, par envie de se rendre utile, par sens du devoir et de la générosité. Pas par obligation. Peut-être était-ce cela qui faisait toute la différence entre sa vie actuelle et celle qu'elle avait à Tevinter... En tout cas, elle hocha la tête en écoutant les explications de son amie.

Elle sourit un peu en entendant Keira parler de son courage, mais la vérité, c'est qu'elle n'y croyait pas trop. Pendant toute sa fuite, et encore les années qui avaient suivi, elle avait été absolument terrifiée par tout, et avait du compter sur d'autres personnes pour assurer sa sécurité. Pas vraiment le comportement d'une personne courageuse. Elle n'avait même pas fuit par elle-même, en vérité, les circonstances l'y avaient forcées. Il lui arrivait souvent de se dire que si Caesula n'avait pas trouvé les notes de sa mère, ou si cette dernière n'avait jamais couché ses aventures sur papier, ou si elle n'était pas morte aussi soudainement... jamais Nesiris n'aurait même songé à fuir Tevinter. Elle y vivrait toujours, là, maintenant, et y resterait jusqu'à sa mort. Une vie de servitude... Mais d'un autre côté, ses parents seraient toujours en vie. Y songer était dérangeant, presque affolant. Tout tenait à si peu de choses...

Il en allait de même pour Keira. Son entrée dans la Garde des Ombres n'était due qu'à une rencontre impromptue avec une troupe de combattants... Elle les avait suivi, bien sûr - dans sa situation, Nesiris aurait fait pareil. Quand on est seul, sans nul part où aller, sans avenir auquel se raccrocher, il est facile de suivre des inconnus vers une nouvelle vie.

-"J'avais envie de recommencer ma vie quelque part ailleurs... et de m'éloigner un peu plus de Tevinter, aussi." Les cités des Marches Libres avaient apparteu à l'empire dans le passé, et ça se voyait encore, par endroits, à travers l'architecture, les statues. Un peu dérangeant... Mais ce n'était pas la véritable raison qui avait poussé Nesiris à s'en éloigner, ou en tout cas pas la seule. L'ombre de sa demi-sœur la suivait toujours, la peur qu'elle la retrouve, malgré la distance qui les séparait... Cette peur l'avait poussée à ne jamais rester trop longtemps dans la même ville, et à finalement explorer un tout nouveau royaume pour s'en éloigner encore plus. Le plus loin de Caesula elle vivait, le mieux. Elle n'avait pas spécialement envie d'aborder tut ça maintenant, cependant. Trop de choses désagréables à expliquer.

Elle regarda dans le vague en répondant à sa question, toujours un peu honteuse de devoir cacher son identité aux yeux de la Chantrie. "C'est juste que la nouvelle Divine, Faustine V... Elle n'aime pas beaucoup les elfes. Je n'aime pas mentir, mais c'est plus facile comme ça." La plupart du temps, elle portait une de ces capuches traditionnelles de Sœur, cachant ses cheveux... Cela suffisait à dissimuler ses oreilles, et personne ne posait de questions. "Il y a quelques personnes qui sont au courant, mais pour la plupart, je suis juste une humaine des Marches Libres. Je... C'est temporaire. Je trouverai quelque chose d'autre à faire ailleurs, un jour." Si elle savait se battre, elle aurait pu rejoindre la garde. Elle avait entendu qu'on y acceptait tout le monde, humains, elfes, nains, sans faire de différence. Mais voilà, elle n'avait aucune compétence utile pour ça, et elle se voyait mal apprendre maintenant. Nesiris n'avait jamais été une combattante.

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Nesiris Gallo & Keira
♪ - Dénérim, 10 : 40 des Misères

Mon amie m’explique que sa décision de quitter les Marches Libres pour venir à Dénérim a été motivée par l’envie de changer de lieu. Je la comprends. Depuis six années que j’ai trouvé refuge à Férélden, je suis établie à Fort Bastel, siège de la Garde. Je n’ai depuis eu que très peu l’occasion de quitter le pays, et jamais sur de très longues durées, la plupart de mes missions étant en général cantonnées sur le territoire féréldien. Il m’est arrivé d’avoir envie de voir autre chose, de voyager ailleurs pour découvrir d’autres contrées de Thédas. Par curiosité. J’ai en effet toujours été très curieuse du monde et des merveilles qu’il abrite. Nesiris évoque aussi que son arrivée à Dénérim résulte d’un besoin de s’éloigner le plus possible de notre contrée d’origine : Tévinter.

Je pousse un petit grognement : « Rien de plus normal. Je crois que jamais je pourrais y remettre les pieds. »

En fait, si. Mais uniquement pour y tuer tous les foutus tévintides que j’y croiserais. J’ai beau en avoir fini avec ma vie d’esclave depuis un certain temps maintenant, certaines blessures ne disparaissent jamais. Elles restent là, ancrées dans la chair et dans la mémoire, comme la réminiscence douloureuse d’un passé impossible à oublier. Certains jours, les souvenirs sont plus vivaces que d’autres, plus… envahissants. Je n’aime pas beaucoup parler de ça, je n’aime pas que l’on me voit comme une ancienne esclave.

Lorsque je l’interroge sur la raison pour laquelle elle cache sa nature d’elfe au sein de la Chantrie, Nesiris avoue, un peu honteusement, que c’est à cause de la mentalité de la nouvelle Divine. Eh bien, au vu du peu que j’en ai entendu, cette Faustine V ne semble guère agréable. Moi qui pensait que la Divine était censée représenter les valeurs de la Chantrie… avec cette grognasse-là, c’est plutôt raté. Son aversion pour les mages est connue de tous, et elle ne s’en cache pas. Alors si en plus elle n’aime pas les elfes ! Enfin remarque, ce ne serait pas la seule. Nombreux sont les humains à nous regarder de haut, à nous voir comme une race "inférieure" à la leur. Et, même si ces préjugés sont moins tenaces ici qu’à Tévinter, il n’est pas rare de voir du mépris dans les yeux d’un humain lorsqu’il pose les yeux sur quelqu’un de mon espèce. Si mon statut de Garde des Ombres m’évite en général ce type de comportements, il m’est arrivé de tomber sur quelques imbéciles téméraires. Mon poing dans leur gueule aura suffi à leur remettre les idées en place. Je ne suis pas très grande, et je n’ai pas non plus la force d’un bœuf, mais je sais où frapper pour faire mal. En plein milieu du visage, sur le gros nez – ou devrais-je dire le groin ? – de ces porcs.

« Tu as raison de te protéger. » Je souffle à mon amie. « Je n’ai jamais eu à mentir sur ma race, mais je n’aurais pas hésité à le faire si ça avait pu garantir ma sécurité ou me mettre à l’abri de certains crétins malintentionnés. »

Personnellement, je n’ai guère de préjugés sur les races des uns et des autres. Que je sois née humaine, elfe ou naine, qu’est-ce que ça peut bien changer ? Rien ? Ouais, c’est bien ce que je me disais.

« Si l’idée te vient d’intégrer la Garde, saches que tu y seras toujours la bienvenue ! » Je souris lorsque Nesiris me confie que sa situation de sœur est temporaire et qu’elle a bien l’intention de trouver autre chose. « Ou simplement si tu souhaites venir à Fort Bastel, d’ailleurs. Ce ne pas le grand luxe, ça c’est sûr ! Mais c’est mon foyer. »

J’imagine mal ma camarade s’engager pour aller combattre les engeances, mais je lui en fais néanmoins la proposition. Sait-on jamais.

« Mais… si tu aimes être une Sœur, je pense que tu devrais continuer. Peut-être pas ici, si tu ne le souhaites pas, mais il y a d’autres Chantries. » Je lui glisse ensuite. « Je te connais. Tu es généreuse, altruiste… tu aimes aider les gens ! Et c’est un peu le rôle d’une Sœur non ? Enfin, j'avoue que je connais pas grand-chose à la religion. Et sinon, j’espère que tu trouveras ta place. »

J’ai trouvé la mienne dans la Garde. Et, même si cette vie n’est pas toujours facile, je crois que je ne changerais pour rien au monde. J’ai une famille, un objectif et surtout, une raison de vivre.

acidbrain

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Nesiris & Keira

We all take different paths in life, but no matter where we go, we take a little of each other everywhere. ▬ TIM MCGRAW

Keira pensait ne jamais pouvoir retourner à Tevinter de sa vie, et Nesiris acquiesca : elle était du même avis. Que lui restait-il, là-bas ? Ses parents n'étaient plus... et les seules personnes qui s'y souvenaient encore d'elle seraient plutôt du genre à lui vouloir du mal. Il lui arrivait souvent de regretter de ne rien pouvoir faire pour ceux qu'elle aimait et qui y étaient restés, bien sûr, les autres esclaves qui avaient été ses amis, par exemple... Mais que pourrait-elle faire pour eux, de toute façon ?

Le fait que son amie approuve de sa tactique - de ses mensonges - lui ôta un poids du cœur. A chaque fois qu'elle devait l'avouer à quelqu'un, ce sentiment de culpabilité refaisait surface... Mais Keira comprenait. Elle la remercia en un souffle. "J'espère que tu as raison." Abuser de la confiance que lui faisaient ses collègues de la Chantrie, et surtout la Révérende Mère, la dérangeait toujours, mais, en général, elle se consolait en se disant que c'était un mal nécessaire. L'important était qu'elle fasse un bon travail, ici, et, pour ça, elle faisait de son mieux.

Elle rit un peu en entendant la suggestion de Keira. Intégrer la Garde lui semblait tout à fait irréalisable. Ils acceptaient peut être toutes les races sans faire de discrimination, mais il fallait tout de même avoir un minimum de compétences. "Je ne sais pas me battre comme toi ! Je ne sais pas si je servirais à grand chose dans la Garde..." Enfin... A moins qu'elle n'y trouve un autre poste. Maintenant qu'elle y songeait, il devait bien y avoir autre chose que des combattants, à Fort Bastiel, non ? Des cuisiniers, du personnel, peut-être aussi des soigneurs ? Quelques nuits plus tôt, un ami, un chercheur du nom d'Armand, était venu lui demander son aide pour soigner en urgence une blessure au couteau. L'événement avait réveillé en elle des souvenirs d'un vieux rêve qu'elle avait eu, bien plus jeune, quand elle vivait encore à Tevinter... Elle se disait, à l'époque, que si elle était libre, elle aurait aimé soigner les gens...

Peut-être était-il bon de garder l'idée en tête. Au cas où.

En tout cas, Keira était perspicace. Elle avait mis le doigt sur ce qui importait le plus à Nesiris dans son métier de Sœur, la raison pour laquelle une part d'elle-même avait envie de le rester. Ici, elle aidait les gens, et elle en était fière.

Généreuse, altruiste... Les compliments la firent rougir. "T'es gentille, Keira." Et elle l'avait vraiment percée à jour. "Et c'est vrai, j'aime vraiment ce que je fais, en tant que Sœur. C'est comme toi : j'ai l'impression d'être utile... Ca ne semble jamais assez... mais c'est déjà ça, j'imagine !" Elle sourit, un sentiment d'espoir l'envahissant soudain. "On ne peut jamais savoir ce que le futur nous réserve... mais on peut faire de son mieux pour faire le bien autour de soi !" Elle se devait de rester positive et de garder le sourire - pour elle et pour ses parents.

"C'est fou, hein ? De se retrouver après toutes ces années ?" Six ans, maintenant. Ce n'était pas tant que ça, dans le fond, mais tant de choses avaient changé depuis leur dernière rencontre que ça semblait une éternité... Que le hasard les aient ainsi rassemblé était merveilleux : c'était ce genre d'événements qui renforçaient sa foi.

▬ Gasmask

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Nesiris Gallo & Keira
♪ - Dénérim, 10 : 40 des Misères

Le sourire et les paroles de mon amie me font chaud au cœur. Je suis heureuse de la voir épanouie. Après réflexion, il est vrai que le rôle de Sœur lui va comme un gant. Et ce, même si je n’aurais jamais deviné au premier abord qu’elle soit une fervente croyante chantriste. La retrouver après tant de temps, comme elle le dit si bien, fait ressurgir en moi tout un flot de souvenirs. Certains agréables. D’autres, beaucoup moins.

La peur, l’angoisse. Tout un tas d’émotions m’envahissent au souvenir du jour où nos routes se sont croisées pour la première fois. Je songe que si nous n’avions pas été esclaves, nous ne serions peut être jamais rencontrées.

« Dis-moi Nessie… » Je souffle, les yeux dans le vague du marché qui s’agite en contrebas. « Est-ce qu’il t’arrive de repenser à ce qu’il s’est passé… là-bas ? »

Par là-bas, je fais bien entendu référence à Tévinter. Terre cruelle à l’égard de laquelle j’éprouve, encore à l’heure actuelle, de forts ressentiments. Malgré toutes ces années, ma haine pour les tévintides n’a jamais faiblie. Au contraire, elle s’est exacerbée. Elle est comme un désir de vengeance qui brûle au creux de mon être, violente conséquence de mes souffrances passées.

Mais de qui pourrais-je bien me venger ? J’ai égorgé le maître qui m’avait tant fait de mal à mon départ de Tévinter, ne laissant derrière moi que son cadavre et mon ancienne vie d’esclave. Et pourtant, la colère est toujours là. Les autres tévintides ne m’ont rien fait, c’est vrai. Néanmoins, je souhaite leur mort à tous. Je brûle de les voir tous périr dans de terribles souffrances, telles que celles que j’ai endurées durant toute mon enfance.

Existe-il pire vie que celle d’un esclave ? Pire existence que celle d’être considéré comme une chose dispensable ? Même pas comme un animal non, mais comme moins que ça. C’est comme ça que j’ai été traitée, comme une moins que rien.

« Moi oui. Assez peu mais...il m’arrive d’en faire des cauchemars. » Je lui confie, en chuchotant presque à présent.

En parler est difficile. Je n’évoque que très rarement mon passé honteux, mais je sais que Nesiris est la personne la plus à même de comprendre. Nous avons vécu les mêmes choses et, malgré les années qui ont passé, je devine qu’elle non plus n’a pas oublié. C’est fascinant de voir que ce ne sont parfois que des détails qui surgissent dans mes songes. Des détails morbides qui me glacent jusqu’aux os.

D’autant que mes nuits sont déjà suffisamment hantées par les cauchemars amenés par la corruption. Je n’ai pas en plus besoin que mes peurs passées viennent me tourmenter pendant mon sommeil. Les engeances oui - de toute façon impossible d'y couper - les esclavagistes tévintides NON.

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Nesiris & Keira

We all take different paths in life, but no matter where we go, we take a little of each other everywhere. ▬ TIM MCGRAW

Un petit moment de silence s'installa, Neisirs se plongeant dans ses pensées en observant vaguement le marché en contrebas. C'était bien doux et agréable de pouvoir rester ainsi avec Kaira sans avoir la peur au ventre. Difficile, assises là sous le soleil à manger des gateaux dans une ville où l'esclavage était prohibé, de ne pas repenser aux circonstances si différentes de leur première rencontre. L'inquiétude permanente de leurs jours de fuite, l'incertitude et la peur... Les choses n'étaient peut-être pas parfaites aujourd'hui, mais tout de même, tant de chemin parcouru...

Nesiris n'était d'ailleurs pas la seule à y songer. Les yeux perdus dans le vague, Keira souffla une question. Lui arrivait-il de repenser à ce qu'elles avaient vécu là bas ?

Elle n'avait pas besoin de préciser ce qu'elle entendait pas là-bas.

Y repenser... Ca lui arrivait, bien sûr, même si c'était de moins en moins fréquent avec le temps. Parfois, elle longeait avec fierté à sa position actuelle et à tout ce qui avait changé par rapport aux conditions de sa naissance. Elle était heureuse, et fière, et se sentait privilégiée d'en être arrivée là. Parfois, plus tristement, elle se remémorait tous les gens qu'elle avait laissé derrière. Les esclaves avec qui elle avait travaillé... Les gens qu'elle avait appréciés... Toutes ses personnes perdues, disparues, parfois morte, dont elle ne pourrait plus jamais avoir de nouvelles. Jusqu'à récemment, Keira faisait encore partie de ces gens-là... En un sens, la revoir lui redonnait un peu d'espoir pour les autres.

La jeune femme disait encore en faire des cauchemars, parfois. Cela arrivait à Nesiris aussi : souvent, ils impliquaient ses anciens maîtres qui la retrouvaient jusqu'à Denerim, qui la tuaient ou la ramenaient à Tevinter : de tels rêves découlaient directement de ses peurs toujours présentes six ans après sa fuite. Ils s'étaient empirés depuis qu'elle avait revu Marianis. Le fait que la mage soit une rêveuse n'y arrangeait bien. Certes, Nesiris savait que ses cauchemars n'étaient le fruit que de son subconscient et pas l'oeuvre de la tevintide. Et pourtant, la peur de la voir s’immiscer dans ses rêves persistait. Prier avant de dormir aidait un peu.

Elle hocha la tête en signe de compréhension, et répondit doucement. "Ca m'arrive." C'était sans doute naturel, et pas toujours facile... Mais en même temps, Nesiris ne voulait pas oublier. Ses parents méritaient une place dans sa mémoire. Ils lui manquaient toujours autant, malgré tout le reste... Et le pire était peut-être de savoir que sans leur mort, sans doute n'aurait-elle jamais fuit. Elle préférait éviter d'y réfléchir, car cela donnait toujours à sa liberté un goût amer. "Mes parents me manquent. Et tous ceux qui sont toujours là-bas..." Elle s'interrompit, chercha ses mots. "Je suis heureuse ici, bien sûr, mais c'est difficile de penser à tous les autres. Et ne rien pouvoir y faire... Je veux dire, ils mériteraient tout ça, aussi." Elle avait désigné les alentours en étendant les bras. Tous les esclaves de l'empire Tevintide méritaient la même liberté qu'elles...

-"Et j'ai toujours peur. Malgré le temps, la distance..." Elle serra les mains sur les rebords du muret et continua, un peu tremblante à présent. Elle n'avait encore parlé de cela à personne. "Tu sais... J'ai recroisé quelqu'un, tu sais. De Tevinter. Ici même. Une amie de la famille où je travaillais."

▬ Gasmask

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Nesiris Gallo & Keira
♪ - Dénérim, 10 : 40 des Misères

Nesiris confirme mes pensées en me révélant qu’elle aussi, continue d’en faire régulièrement des cauchemars. Il est effrayant de constater que, même maintenant que nous sommes libres depuis six années, le poids de notre ancienne vie continue de nous hanter ainsi. C’est comme si nous étions condamnées à ne rester que d’anciennes esclaves.

Mon amie évoque alors la perte de ses parents. Je lui adresse un regard compatissant. Ma mère me manque également. Voilà bien des années qu’elle est morte, battue à mort sous mes yeux, pour me faire payer mon insubordination. Je serre le poing au souvenir de son agonie et ferme les yeux pour empêcher des larmes de venir y perler. Elle était innocente, sans défenses, et mon bourreau de maître s’est servi d’elle pour me faire souffrir de la plus abjecte des façons.

« Je comprends ce que tu veux dire. » Je soupire lorsqu’elle me dit qu’il lui arrive de penser aux autres esclaves de l’Empire, ceux qui n’ont pas eu notre chance. « Si je pouvais, je les libérerais tous. » Je secoue la tête, dépitée. « Malheureusement, il n’est rien que nous puissions faire pour eux, hormis peut-être… prier ? »

Dans ma bouche, ça a l’air complétement idiot. Les prières et la religion, ce n’est pas vraiment mon truc. Je crois au Créateur, mais je ne suis pas l’une de ses ferventes servantes, comme l’est devenue Nesiris. Disons que je suis juste l’une de ses enfants, paumée dans son vaste monde.

Nessie poursuit en me soufflant que la peur ne la quitte jamais vraiment. Je fronce les sourcils lorsqu’elle m’avoue qu’elle a croisé une Tévintide ici. « Vraiment ? Elle ne t’a pas fait de mal au moins ? » Je l’interroge, soucieuse, en remarquant qu’elle tremble à l’évocation de cette rencontre. « Qu’est-ce qu’elle voulait ? »

Si j’ai été traquée après ma fuite de l’Empire, ce problème a pris fin le jour où j’ai franchi la frontière féréldienne et me suis engagée dans la Garde des Ombres. Aujourd’hui, même si je doute que ce soit encore le cas, j’ai une famille pour me défendre dans l'éventualité où l’une de ces ordures d’esclavagistes tenterait de venir me capturer.

Mais ce n’est pas le cas de Nesiris. Même si elle a trouvé sa place au sein de la Chantrie, elle vit seule ici, à Dénérim. Et ce ne sont certainement pas les sœurs qui vont la défendre si elle venait à être attaquée. D’autant qu’elle-même ne sait guère se battre… Cette révélation me rend inquiète au plus haut point.

« Penses-tu que ce soit encore sûr pour toi de rester à Dénérim ? » Je lui demande. « Je n’aimerais pas qu’il t’arrive malheur. »

Je viens tout juste de la retrouver, alors je ne tiens à perdre mon amie de sitôt. Mes obligations de Garde me poussent malheureusement à quitter Dénérim dans les meilleurs délais, aussi, je ne serais pas à même de veiller à sa sécurité.

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Nesiris & Keira

We all take different paths in life, but no matter where we go, we take a little of each other everywhere. ▬ TIM MCGRAW

Prier... Nesiris ne trouvait pas la chose ridicule. Prier était insuffisant, mais c'était tout ce qu'elles pouvaient faire. Garder les esclaves de Tevinter dans leur pensées, le pas oublier leurs troubles et prier pour un temps meilleur... à défaut de pouvoir les aider plus concrètement.

Dès qu'elle mentionna sa mésaventure avec Marianis, son amie prit aussitôt un air concerné. Elle était inquiète, l'interrogeant aussitôt sur ce qui s'était passé, si la tevintide lui avait fait du mal, et ce genre de choses. L'elfe en ressentit aussitôt une vague de reconnaissance. Elle ne pensait pas que Keira pouvait spécialement l'aider, déjà parce que le problème était compliqué, et ensuite parce qu'en tant que Garde des Ombres, elle devait avoir d'autres choses à faire... Mais parler de ses soucis, savoir que quelqu'un d'autre était au courant et compatissant, était déjà un soulagement en soi.

Elle tenta tout de suite de rassurer son amie en quelques mots, de la même façon qu'elle s'était rassurée elle-même ces derniers temps. "Non, non. Je veux dire, elle m'a fait peur, mais c'est tout... Nous étions dans la Chantrie..." Nesiris grimaça. En y repensant, elle se disait qu'elle aurait du réagir différemment à son arrivée... Aurait-elle du attirer l'attention de quelqu'un sur Marianis, à ce moment-là, plutôt que de rester passive et d'accepter ses demandes ? La mage était sans doute venue à Ferelden incognito. Qui sait ce qui ce serait passé si elle avait tenté de la dénoncer ? Sur le moment, ça ne lui était même pas venu à l'esprit... et il était trop tard pour le regretter. "Elle est partie, maintenant, et je ne pense pas qu'elle m'attaquerait ouvertement, ce n'est pas son genre. Elle n'est pas venue pour moi... C'était juste la malchance..." L'elfe était toujours totalement incapable de comprendre la raison de sa présence sur place. Ca semblait tellement improbable ! Elle était venue pour obtenir un médaillon de la Chantrie du sud sans valeur à ses yeux - le Créateur savait pourquoi - et l'avait reconnue par hasard. "Elle m'a demandé de rester, au cas où elle aurait besoin de moi."

L'idée de quitter Denerim était la première chose qui lui était venue à l'esprit, à elle aussi, face aux demandes de la mage. Elle ne tenait pas à l'aider, quels que soient ses projets. Celle-ci n'avait cependant pas tardé à lui rappeler un détail qui rendait cela plus difficile que prévu. "Mais le problème, c'est qu'elle est une de ces mages qui peuvent... entrer dans les rêves des gens. Tu vois ? C'est la fille de l'archonte, si tu la connais." Nesiris n'était pas une spécialiste de la magie, elle ne savait pas grand chose à propos des Somniaris - mais elle en savait assez pour les craindre. Marianis, tout particulièrement. "Si ça ce trouve" - probablement pas - "elle m'a déjà complètement oubliée. Elle ne s'est pas manifestée depuis que je l'ai vue, et à quoi je pourrais bien lui servir de toute façon ?"

Elle soupira. "Je veux dire, je n'ai pas envie de partir. Ou plutôt je ne voudrais pas partir à cause d'elle ? Peut-être que j'irai ailleurs un jour, mais par moi-même, tu sais..."

▬ Gasmask

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Nesiris Gallo & Keira
♪ - Dénérim, 10 : 40 des Misères

Nesiris s’empresse de m’assurer que cette tévintide ne lui a fait aucun mal, et qu’elle lui a simplement fait peur. Je ne cache pas mon soulagement.

« Tant mieux. » Je souffle, rassurée.

Et, si c’était le cas, qu’aurais-je bien pu y faire ? Mes obligations me rappellent à Fort Bastel, auprès de mes frères et sœurs de la Garde, alors je n’aurais guère pu me permettre de rester à Dénérim pour veiller sur la sécurité de Nesiris. La meilleure solution aurait probablement été de la convaincre de m’accompagner. Mais aurait-elle seulement voulu me suivre ? Sa vie est à Dénérim maintenant, et j’ai l’impression qu’elle s’est attachée à cet endroit.

Je frisonne en songeant, que même ici, à des lieux de Tévinter et de ses ordures d’esclavagistes, nous sommes encore possiblement en danger. Cette vérité est terrifiante, et nous prouve à quel point leur influence, et leur pouvoir, sont grands.

« Sois quand même prudente. » Je conseille à Nesiris, les sourcils froncés par l’inquiétude, lorsque celle-ci m’affirme que la tévintide est partie. « Et oui, je ne pense pas non plus qu’elle prendrait pas le risque de t’attaquer ouvertement ici. Mais prends garde, car leurs méthodes sont fourbes. »

Mieux vaut être trop prudent que pas assez quand il s’agit de tévintides. Je me méfie d’eux comme de la peste et jamais plus ne pourrait faire confiance à un habitant de l’Empire. Hormis les esclaves, bien entendu. Je crois que je ne laisserais même pas le temps de s’exprimer à un tévintide, je lui trancherais la gorge avec ma dague avant qu’il ne puisse cracher le moindre mot. Comme je le disais, on n’est jamais assez prudents avec ces fils de chiens.

« Au cas où elle aurait besoin de toi ? » Je répète, déconcertée, quand Nesiris me confie les paroles de cette femme. « Que voulait-elle dire par là ? »

De plus en plus étrange. Comment une ancienne esclave elfe, devenue sœur de la Chantrie de Dénérim, pouvait être utile à une tévintide ? Comme espionne, peut-être ? Mais quel intérêt aurait une tévintide à espionner quelqu’un ici, au cœur du royaume féréldien ? Nous sommes bien loin de toutes les intrigues qui ont lieu au sein de l’Empire…

Je redresse la tête au moment où Nesiris évoque le fait que la tévintide est "une de ces mages qui peuvent entrer dans les rêves des gens". « Une rêveuse… » Je souffle. Je ne connais pas vraiment ce genre de mages, je n’ai pas eu l’occasion d’en croiser beaucoup dans ma vie. Mais je dois avouer que ce genre de capacités me fascine et me terrifie à la fois.

« Tu as raison. » Je souris à Nesiris. « Si tu te sens bien ici, alors tu n’as pas de raison de t’en aller. » Je reprends la parole après un court silence, le ton plus grave : « Néanmoins… ce que cette femme t’as demandé est inquiétant. Je ne pense pas qu’elle ait l’intention de te nuire, pas dans l’immédiat du moins. Mais il se peut qu’elle cherche à se servir de toi. »

J’hésites à ajouter le fait que mon amie n’aura peut-être pas d’autre choix que celui de fuir Dénérim si la menace devient trop grande, mais je préfère ne pas la démoraliser. « N’hésites pas à venir à Fort Bastel si un jour tu as besoin d’un refuge. » J’ajoute cependant, pour lui assurer mon soutien.

acidbrain