The thieves' social club | ft. Elias

The thieves' social club

Elias & Nina

A force de dire "moi aussi j'en veux", on va tous finir dans le cambriolage. ▬ Olivia Ruiz

Les outils s'affairaient dans le verrou avec un cliquetis presque imperceptible, manipulés par deux petites mains habiles et expérimentées. C'était la nuit, et il faisait sombre, mais Nina avait l'habitude de travailler dans ces conditions... Elle était installée en équilibre sur la bordure d'une fenêtre, accroupie sur la pointe de ses pieds au dessus du vide, au deuxième étage de ce qui ressemblait à une luxueuse maison de riche, mais la perspective d'une chute de son perchoir ne semblait pas l’inquiéter. En fait, elle semblait particulièrement à l'aise, pour quelqu'un dans sa position ; la seule chose qui l'ennuyait un peu était sa visibilité, installée ici en haut... La rue était déserte, et elle était discrète et silencieuse comme à son habitude, mais si un passant venait par hasard à lever les yeux dans sa direction... Enfin ! Dès qu'elle serait rentrée, le problème ne se poserait plus.

Il y eu un satisfaisant déclic : le verrou n'avait pas résisté à son expertise. La fenêtre s'ouvrit doucement, bien huilée, et elle s'y glissa avec un sourire en coin. C'était maintenant que commençait la partie amusante.

Elle avança dans la maison sur la pointe des pieds. Simple précaution : si les informations étaient bonnes, le propriétaire des lieux était de sortie... Le moment parfait pour Red Jenny de lui rendre une petite visite de courtoisie. Nina ne savait pas exactement qui il était - un riche marchand, un petit noble local ? - et comme toujours, elle ne s'en souciait guère : elle avait simplement en tête une liste d'objets de valeur à dérober, et cela lui suffisait.

Elle fit quelques pas, sortit de la petite chambre par laquelle elle était rentrée, et scanna le couloir des yeux. Elle cherchait à se faire une bonne idée du plan de la maison, au cas où.

Le tour du deuxième étage fut terminé rapidement, dans un silence efficace. Elle avait déjà trouvé quelques petites choses à présent bien en sécurité dans le sac qu'elle portait sur son dos - à part le petit collier qu'elle s'était appropriée sur un coup de tête, et qui brillait d'ors et déjà à son cou.

Elle descendait les escaliers quand un bruit attira soudainement son attention.

Elle se figea.

Quelqu'un était en train de marcher un peu plus loin dans le couloir.

Plusieurs pensées fusèrent dans sa tête. La maison devait être vide. Le propriétaire était-il rentré en avance ? Avait-il annulé ses plans pour ce soir ? Elle n'avait pas le temps de trop s'interroger : l'intrus n'allait pas tarder à entrer dans son champ de vision, et elle préférait éviter ce genre d'ennuis, merci bien. Il n'y avait pas un grand nombre de cachettes à proximité, cependant. Incapable de trouver mieux, elle fila silencieusement se réfugier derrière une armoire... et tendit l'oreille, espérant qu'il s'éloigne assez vite pour qu'elle se trouve un meilleur endroit où réfléchir à la marche à suivre maintenant.

▬ Gasmask

the thieves' social club

Le terrain lui manque. Voilà quelques semaines que Elias n'a pas participé à un seul larcin, toujours orchestré par son fidèle Malachi accompagné de bambins orphelins quand il ne s'agit pas d'adultes paumés mais peu gênants si besoin est de s'en débarrasser. Après tout, ces roturiers là ne servent-ils pas à couvrir les intérêts de personnalités plus importantes telles que lui ? Ce dont il est intimement convaincu, s'épargnant ainsi bien des corvées, même si actuellement ce n'en est pas une ; pas s'il la considère plutôt comme une distraction pour la soirée. Et puis, aussi, la maison à dépouiller est la propriété d'un noble qui se montre bien plus hautain que lui... avec lui. Ah, Elias et son égo, une grande histoire d'amour. Ce dernier est comme sa muse qu'il lui faut préserver mais surtout venger à chaque fois qu'un affront lui est fait. Alors le voilà ici, sans liste en main, plutôt un maigre sac qui finira obèse avant qu'il ne sorte de la demeure. D'ailleurs il n'est pas seul : Malachi s'est occupé de déverrouiller la porte arrière et reste en alerte pendant qu'il vérifie les alentours. Un gamin surveille l'extérieur, disposé à jouer la comédie le temps qu'ils fuient si jamais les choses se compliquaient. Après tout, il est censé n'avoir personne à l'intérieur... Le temps d'en être certain, le prince et son garde du corps s'échangent des signes ainsi que des regards ; il y a comme du mouvement à l'étage le prévint-il, l'oreille fine. Mais Elias pense que c'est plus l'imagination de Malachi qu'autre chose.

En tout cas, ils se concentrent d'abord là où ils sont, chargeant leurs sacs avec des objets de valeur facilement revendables et donc peu personnels sans quoi leur commerce ne serait jamais allé bien loin. Des chandeliers en or, des bijoux, des coupelles et tasses ornées, le choix est vaste. Même dans l'obscurité les yeux de Elias s'illuminent face à ce luxe. Il laisse néanmoins le reste de cet étage à Malachi et se dirige vers les escaliers pour monter au deuxième, son sac à moitié rempli salement posé comme un sac à patate ; autrement il n'est pas bien chargé avec ses dagues ou couteaux. Son espadon est resté en lieu sûr, il n'aurait fait que l'encombrer ici. Même sa tenue d'ordinaire si clinquante est restée avec, une nécessité dans ce genre de situations ; à la place une cape doublée d'une capuche préservent une bonne partie de son identité.

Plus Elias s'avance et plus il a cette sensation que quelqu'un l'observe, caché. Son intuition de prince qui parle très probablement. Il s'arrête alors net à proximité d'une armoire en vérifiant les alentours. Derrière, rien, devant non plus, pareil sur les côtés ; il reste tout de même en alerte bien qu'il possède une grande confiance en ses capacités - trop grande. Avant de reprendre sa route vers des salles plus remplies, son intérêt se porte sur cette armoire qu'il ouvre sans sentir la minuscule présence derrière celle-ci. En son sein il trouve un calice qui lui tape dans l’œil et qui exceptionnellement, filera dans sa collection personnelle. Il prend le temps de le regarder sous toutes les coutures, ce qui lui permet également de se concentrer sur les bruits non loin, si jamais. Rien, encore, qui l'alerte. « Magnifique, magnifique. Digne d'un prince. » Lance-il d'une voix basse avec un sourire imposant et surtout satisfait. Il est sûr que c'est l'un des objets auquel le propriétaire doit tenir, comme il était caché derrière d'autres récipients insignifiants ; heureusement qu'il l'a flairé.

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Elias & Nina

A force de dire "moi aussi j'en veux", on va tous finir dans le cambriolage. ▬ Olivia Ruiz

Depuis sa planque, Nina ne pouvait rien voir de la scène, mais elle entendait cet autre intrus se déplacer dans la salle à la recherche de quelque chose. Car oui, à l'entendre, Nina devinait clairement que cette personne, qui qu'elle soit, n'avait pas plus à faire là qu'elle même... Un autre voleur ? La jeune femme se demanda,presque amusée, s'il fallait être très riche, très malchanceux, ou un mélange des deux, pour se faire cambrioler deux fois dans la même soirée.

Ce qu'elle percevait depuis sa cachette ne la rassurait pas. Non que l'autre faisait mine de la retrouver - pour l'instant, il n'avait même pas l'air de chercher - mais surtout qu'il était en train d’allègrement se servir dans les possessions que Nina était sensée ramener avec elle... Elle avait peut-être eu le temps de faire le tour de l'étage, mais il lui manquait encore bien des choses sur sa liste... Elle allait finir par y perdre beaucoup, dans cette histoire !

Elle retint son souffle un l'entendant fouiller dans l'armoire dans laquelle elle se trouvait, se retenant de pester quand il en sortit quelque chose qui devait avoir beaucoup de valeur, vu son commentaire. Mais sa voix, son ton, et surtout son choix de vocabulaire, attirèrent son attention d'une autre façon. C'était...

Nina avait déjà beaucoup voyagé, dans sa vie. Elle avait eu l'occasion de rencontrer un beau petit monde de malfrats, de voleurs et d'arnaqueurs en tout genre. Elle avait parfois travaillé pour eux, parfois contre, et d'autres fois, elle les avait juste croisé au passage... Et si sa mémoire avait aujourd'hui tendance à mélanger un peu tout ce beau monde dans sa tête, il y avait certains personnages qui sortaient du lot.

"Le Prince" en faisait partie.

Elle ne se souvenait même plus de son prénom exact, mais le reste, de son attitude à son aspect physique, restait frais dans sa mémoire. Cet homme, elle avait travaillé pour lui, menant un cambriolage à bien en sa compagnie... Elle avait, quoi, 16 as, à l'époque ? Le voleur était l'homme le plus grandiloquent et vantard que Nina ai jamais rencontré. Elle se souvenait qu'il se faisait passer pour un prince - d'où le surnom dont elle l'avait doté - et qu'il parlait avec l'assurance d'un vrai "royal" en se comportant comme un vulgaire malfrat. Nina ne connaissait pas grand chose à la royauté, mais à ses yeux, on ne pouvait pas vraiment prétendre être un prince quand on cambriolait des maisons pour obtenir des richesses. Les vrais princes se faisaient cambrioler, c'était différent. Mais globalement, la gamine qu'elle était à l'époque avait bien aimé le spectacle du Prince... C'était amusant, et puis, ses histoires, elle ne savait pas s'il fallait y croire, mais elles étaient plutôt cool.

Elle l'avait quitté après ce job qu'ils avaient fait ensemble, et ne l'avait plus revu après ça. Mais la voix du voleur d'aujourd'hui lui rappelait clairement ce fameux Prince qu'elle n'avait pas oublié.

Elle risqua un coup d’œil quand il se fut retourné. Même taille, même aspect... et une coupe dans les mains dont Nova lui avait parlé et qu'elle était sensée dérober. Eh bien ! Le hasard était quand même quelque chose d'étrange. C'était presque trop amusant pour juste l'ignorer et s'éloigner sans rien faire.

Elle s'éclaircit la gorge sans plus y réfléchir.

-"Hey, ta Majesté ?" Elle sortit de sa cachette. A ce stade, elle n'avait pas de raison de croire qu'il était accompagné. "Toujours en train de cambrioler des maisons, je vois ?

▬ Gasmask