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Jeu 10 Mai - 14:07



King and Jack
Iselad & Lazare

« In order to win you must be prepared to lose sometime. And leave one or two cards showing. »
Ne jamais faire confiance à un noble, surtout s’il est tévintide.

Une règle simple et concise, facile à mettre en application. Impossible de l’oublier pour peu que l’on soit pourvu d’un minimum de bon sens. Il ne fait jamais bon de faire aveuglément conscience à cette minorité de la population qui compose les hautes sphères. Mais le baron Cadestro ne savait pas sur quel terrain il s’engageait en marchant avec lui. Il ignorait – et ignore encore – que face à lui se dressait l’un de ses semblables. Il l’avait sous-estimé, lui : le digne héritier de l’Empire d’Orlaïs, un Empereur en devenir. Le baron avait-il réellement été aussi sot et naïf de croire qu’il faisait une bonne affaire lorsque Lazare lui avait annoncé qu’il ne lui réclamait pas une seule pièce contre ses services ? Sans doute l’odeur de l’or a aveuglé le baron, et maintenant il est bien possible qu’il s’en morde les doigts, contraint qu’il est d’obéir au caprice de l’Orlésien s’il ne désire pas que ses petites affaires parviennent aux oreilles de l’Archonte, des hauts dignitaires tévintides et des esclavagistes. Embaucher Lazare et sa petite troupe pour faire circuler secrètement un lot d’esclaves en provenance du sud sans en avoir l’autorisation, ni payer les taxes, c’est là une concurrence que les esclavagistes les plus reconnus de Tévinter sauraient faire payer au baron. Si cela se savait un jour, mais pour l’instant le secret était en bonne voie pour être enterré.

Lazare était seul – du moins en apparence – dans la grande salle de réception du baron Cadestro. Une salle au sol et aux piliers de marbre, avec une longue table en son centre, où s’étendaient telles des offrandes de multiples douceurs et raffinements de l’Empire. L’éclairage tamisé de la pièce ne permettait pas d’en distinguer les recoins, ni le contour exact du décor derrière les deux rangées de colonnes alignées de chaque côté de la pièce. Malgré le luxe des lieux, l’endroit n’en paraissait pas moins fade face à d’autres grandeurs que Lazare avait pu apercevoir à Minrathie, ou dans ses souvenirs d’Orlaïs.

Il patientait là, assis dans une chaise qui semblait si confortable qu’elle avait plutôt des allures de fauteuils, les pieds posés engoncés dans des chaussures d’un cuir de qualité, négligemment posés sur la table. Son épée reposait juste en face de lui, sa garde appuyée contre le bord de la table. Son coutelas venait parfois se planter dans un morceau de fruit prédécoupés en face de lui, qu’il amenait ensuite à sa bouche. Le deal avec le baron était bien simple : celui-ci devait prétendre vouloir rencontrer un certain Iselad Anfauglith, lors d’une audience en sa propre demeure. Mais au lieu d’avoir affaire au baron, ce serait Lazare qui se présenterait face à lui. Un moyen efficace pour rencontrer officieusement l’elfe sans éveiller les soupçons, mais aussi à le forcer à se montrer sans son escorte oppressive, quasiment sur le pied de guerre depuis qu’il avait manqué de se faire tuer quelques jours plus tôt. Evénement qui avait justement attiré l’attention du Prince sur lui, bien que celui-ci le gardait dans un coin de sa tête depuis un moment. Un elfe orlésien, anobli et jouant double-jeu en tant qu’esclavagiste pour l’Empire Tévintide. Un personnage intéressant, dont Lazare pensait avoir percé les intérêts. Un elfe dont il ferait son pion, ou qui chutera rapidement de sa main une fois qu’il sera de retour en Orlaïs. Un choix simple à faire : marche ou crève.

Finalement, le battant des portes se fit entendre et il porta son attention sur le nouveau venu. La porte se referma aussitôt son entrée dans les lieux, suivi d’un cliquetis, verrouillée de l’extérieur par le serviteur qui venait de la lui ouvrir. Une situation qui ne devait pas mettre l’elfe très à l’aise, pensa-t-il. Et c’était pour le mieux, car il n’avait aucune envie qu’il le soit. Il voulait qu’il mesure rapidement qui en ces lieux faisait et défaisait les règles à sa guise : et cela ne pouvait être que lui-même. « En mon nom et en celui du baron Cadestro, je vous souhaite la bienvenue en ces lieux. C’est fort aimable de votre part que d’avoir répondu présent à mon invitation. » Un large sourire de requin fendit son visage, et il ne daigna même pas se lever pour recevoir son hôte afin d’établir d’entrée de jeu une hiérarchie entre eux. « J’ose espérer que vous n’êtes pas trop désappointé de me voir en ces lieux. Sachez que le baron ne viendra pas, et que je souhaite simplement m’entretenir avec vous. » Inutile de préciser qu’il n’offrait pas d’autres alternatives à l’elfe.

(c) DΛNDELION
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Dim 13 Mai - 15:50



king and jack
minrathie

« Sur des carrés égaux, différents de couleur, combattant sans danger, mais non pas sans chaleur. Par cent détours savants conduit à la victoire, ses bataillons d'ébène et ses soldats d'ivoire. »
Le succès timoré est devenue improbable réussite. A un tel paroxysme que le Baron ne cesse de se faire conter sa gloriole en versifications par la doucereuse phonation d'un barde aux services loués depuis son départ d'Orlais. Secrète prosodie qui gondole sa morgue, tandis qu'il se prélasse sur les monceaux d'opulence que sa tardive passion pour l'esclavagisme érige depuis l'aube de sa besogne. Eldorado indiciblement risqué pour un quidam issu de landes étrangères, mais surtout, pour celui dont les esgourdes exhibent une extrémité acuminée. Un plausible chemin jusqu'à un terrible gibet s'il n'avait pas été en mesure de se hisser avec maestria sur un promontoire bien gardé. Armé de ses accointances et de sa dialectique, ainsi est-il devenu un personnage à part entière, plus réclamé encore après la sédition des aliénés dans le vain espoir de remporter leur liberté. Dissidence pacifiée dans l'hémoglobine et voie régalienne pour l'orlésien qui a ainsi fourni une pléthore de maisons seigneuriales en déficit de domestiques et autres martyrs à offrir à leur ténébreuse thaumaturgie. Même la vulgaire saynète en compagnie de Kaida n'a pas entaché son activité – bien au contraire pour certains témoins y ayant vu un délassement et une information significative quant au positionnement de l'Anfauglith vis-à-vis de ses « pareils ».

Un écueil parvenu aux oreilles d'un certain sire de mauvais aloi – à l'instar de tous les tévintives, selon l'opinion du principal concerné. Quand bien même, se faire approcher avec tant de dithyrambes et d'intérêt pour sa superbe a suffit à fissurer l'égide de sa méfiance. Assez pour qu'il se laisse attendrir et magnétisé par le mielleux verbe, puis l'invitation à la négoce d'une future alliance. Une opportunité supplémentaire d'élargir ses horizons et de toujours plus remplir la panse de ses coffres. Ainsi escorté par un bel arroi de nervis, l'orgueil bouffi les enjoint à attendre son retour dans le hall principal tandis qu'il se rend à son entretien. Guidé par un serviteur, il en profite discrètement pour expertiser le style d'intérieur, révélateur en de nombreux points quant à l'hôte de ces lieux. L'esprit se fait bohème au gré des corridors, jusqu'à une humble pièce de réception dans laquelle il pénètre en pensant y rencontrer le bourgeois. Si un olibrius l'accueille bel et bien, l'huis qui piaule et se verrouille dans son râble le fait soubresauter de stupeur. « Par tous les dieux... » Il y coule une oeillade incertaine, charpente musculeuse abruptement plus tendue, puis se retourne au phonème qui résonne.

Il déprécie tout autant l'inflexion vocale que la contenance outrageusement frivole – à la lisière de l'insulte, qui lui fait redresser un menton altier et défiant. Il ne comprend pour l'heure que la surface d'une situation qui prend soudain l'âcre miasme d'un mauvais augure. « Je vous demande pardon ? » Nimbé d'une vanité intrinsèque à sa nation adoptive et à sa noble sphère, Iselad fait fi de la bienséance au même titre que son interlocuteur. Ses prunelles cobalt ne miroitent rien de moins qu'un dédain diapré d'offense, légitime sentiment d'un être auquel l'on coupe les ailes sans le consentement. La sensation d'être pris au piège lui est laborieusement acceptable, lui qui s'avère être plus souvent le geôlier que l'emprisonné. « Pour user de si vilains stratagèmes dans le dessein de m'attirer à vous, c'est que je dois avoir en ma possession quelque chose qui vous est cher. » Les mailles du quant-à-soi d'Orlais ravaudent une expression plus placide sur le faciès du joueur, tromperie habile de celui qui préfère maintenant farder ses émotions à défaut de porter un masque. Il fait gracieusement mouvance de sa cape, causant à l'émeraude de son cossu vêtement de luire alors qu'il entame de lentes foulées sur le côté. « Ou que vous êtes un bélître qui a tout intérêt à se faire discret. »

Vocabulaire dûment choisi, il jauge et conjecture, tente de dénicher un motif et une vague identité à celui qu'il prend pour un faquin. Le Noblelfe examine diligemment l'endroit sans remarquer une quelconque sortie providentielle, absolument rien qui lui permettrait de prendre la poudre d'escampette ou de s'époumoner pour ses séides en cas de nécessité. Il avance et ne s'arrête que derrière un candélabre dont les flammes pusillanimes dansent à hauteur de sa physionomie. Entre elles, il distingue et lorgne le mystérieux énergumènes duquel il se tient à raisonnable distance. « Sachez que je suis d'ordinaire plus enclin à m'entretenir lorsque je ne suis pas retenu dans une pièce close contre mon gré... » Une suggestion, qui lui permettrait de tester la souplesse – ou non – de cet étrange diable.
(c) DΛNDELION
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