Secrets are like scars | ft. Airanwyn

C’était une belle journée, malgré le mois de Janvier et l’hiver qui était tombé sur Kirkwall. Lennart s’était bien emmitouflé pour sortir, mais le jeune noble n’était pas réchauffé pour autant, restant particulièrement frileux. Airanwyn était rentré tard la veille, son nouveau boulot de garde l’ayant occupé une bonne partie de la nuit. Peut-être même quasiment toute la nuit ; le mage ne l’avait pas entendu rentré, il l’avait juste trouvé endormi lorsque lui-même s’était réveillé. Ne désirant pas le déranger dans un sommeil dont son compagnon avait besoin, il s’était doucement extirpé de la chambre pour s’habiller et petit-déjeuner avec Mairon, avant de prendre son propre rôle de « mage au foyer » : il allait partir au marché, faire le plein de... Ce qu’il pourrait trouver, étant donné la saison.

Tout s’était plutôt bien déroulé ; et depuis quelques jours, Lennart se sentait même apaisé. Il commençait à se faire à cette nouvelle vie et à cette nouvelle ville, qu’il n’avait accepté que pour faire plaisir à son cher Airanwyn. Il se trouvait très bien dans leur montagne, perdu au milieu de la forêt, et avec de la neige à cette époque de l’année. Cabane avec, certes, le minimum de confort, mais qui était pour lui chargé de souvenirs. Un faible sourire avait étiré ses lèvres avec nostalgie, jusqu’à ce que l’éclat du soleil se reflétant sur une lame ne fasse soudainement bondir son cœur. L’homme était encapuchonné de noir et, l’espace d’un instant, Lennart aurait juré que l’inconnu le fixait. Cela n’était pas sans lui rappeler sa mésaventure avec Sarren, quelques jours plus tôt, aussi reprit-il rapidement le chemin de la maison une fois ses achats terminés.

Lennart avait beau adorer « leur » vieille cabane, il devait bien avouer qu’il aimait tout autant cette maison qui, cette fois, leur appartenait bien à tous les deux. Ils l’avaient choisi ensemble, emménagé ensembles, même si les réserves d’Airanwyn avait quelque peu étonné son amant. Et puis, surtout, c’était une maison cosy et chaleureuse. Confortable et accessible... Si loin de la magnificence glaciale du château de son enfance. Lorsqu’il ouvrit la porte, il fut ravi de remarquer que son compagnon était debout – bien qu’il nota également que le fils de ce dernier était sorti. « Bonjour, mon loup. Tu as bien dormi ? » le salua-t-il en venant l’enlacer brièvement et coller un baiser glacé sur ses lèvres. Rapidement, il déballa les clémentines, oranges, avocats, carottes et potiron qu’il avait acheté, avant de revenir chercher de la chaleur auprès de son compagnon.

Le fait qu’il soit frileux était parfois une véritable malédiction pour lui, mais cela signifiait également plus de câlins en hiver... Ce qui n’était certainement pour déplaire à personne. Lennart en profita pour se laisser envahir par l’odeur d’Airanwyn et apaiser les battements de son cœur. Il avait mis du temps avant d’assumer la catastrophe qu’avait été sa sortie avec Sarren, quelques jours plus tôt, et puis il était passé à autre chose. L’anxiété qui était revenu au marché lui faisait prendre conscience qu’il devait en parler avec son homme ; doucement, il se détacha de lui en prenant un air pincé, avant de soupirer un peu : « Il faut que je te dise quelque chose, mon cœur... »  Lennart apparaissait clairement gêné, voir même honteux, mais il finit par lâcher un gros soupire pour reprendre : « Avant que tu en entendes parler par quelqu’un d’autre... On est rentré dans la maison close, avec Sarren, parce qu’on était persuadé d’être suivi... » Le blondin mordillait sa lèvre et tordait ses doigts, conscient que cela pouvait sembler ridicule ; « C’est totalement idiot mais, tu sais, je... Je ne me sens pas vraiment en sécurité, j’ai peur que mon père me retrouve et... Tu imagines bien la suite... »

Il agita vaguement la main, perdant un instant son regard dans le vide. Lui qui s’était si bien sentie dans leur montagne, grisé par un sentiment de sécurité et de liberté, il ne pouvait pas s’empêcher d’être anxieux lorsqu’il parcourait les rues de Kirkwall. Il ne voulait pas discuter à nouveau de cette décision : il avait accepté de venir ici pour Airan, et ne comptait pas revenir sur cette décision, peu importe s’il ne se sentait pas à l’aise. Il était persuadé que cela finirait par lui passer, le jeune homme ayant juste besoin d’être rassuré. « On était en panique, et... J’ai honte, mais on a vraiment paniqué. » Pas besoin de faire un dessin. Il passa une main dans ses cheveux en soupirant, l’air las et désespéré par son propre comportement.