Don't fear your sadness | ft. Anthelme

♔ Anthelme & Amaranthe

Don't fear your sadness

Un semblant de paix était retombé sur Lydes. Momentanément. Pas pour tout le monde, en réalité. Le retour de l’ancien Templier Martell avait réjouit une bonne partie du château, et en particulier le futur Duc. Il fallait dire que, ces derniers temps, voir quelqu’un quitter Lydes et y revenir en vie était devenue quelque chose d’extrêmement rare. Peut-être Ariel avait-il levé le sort en survivant à son empoisonnement : toujours est-il que la bonne nouvelle n’égayait pas tout le monde. Ou, du moins, n’aidait pas tout le monde à retrouver le sourire. Les pertes s’accumulaient pour la famille de Lydes, comme frappé d’un mauvais sort : mais les derniers s’accrochaient désespérément à la vie.

Amaranthe se faisait vieille. Elle le sentait dans ses os et ses articulations, en particulier les jours de pluies. Si, quelques jours (semaines ?) plus tôt, c’était son petit-fils aîné qu’elle tentait de réconforter, il n’avait à ce moment précis plus besoin d’elle. Qu’il profite donc de ses retrouvailles, elle avait de toutes manières d’autres choses à faire. Un autre petit-fils à qui elle devait remonter le moral (en même temps, pourquoi est-ce qu’ils s’éprenaient tous de gueux qui pouvaient disparaître d’un claquement de doigt ? Où était passée la prestance de sa famille ?). C’est sur ces pensées qu’elle se dirigeait donc vers la chambre d’Anthelme. Le château avait toujours été immense, mais il semblait l’être encore plus depuis qu’il était presque ide. Les rires et les disputes de toute la fratrie à présent explosée lui manquait douloureusement.

Elle toqua doucement à la porte, avant d’ouvrir pour entrer. Tant pis, s’il n’était pas présentable, elle avait déjà vu son derrière lorsqu’il n’était encore qu’un nourrisson et un chenapan. Et puis, elle était sa grand-mère, mince ! « Anthelme ? C’est moi. » Elle entra doucement dans la chambre en laissant son regard glisser autour d’elle. « Je me suis dit qu’un peu de thé et de gâteaux pourraient te faire plaisir. » Elle esquissa un sourire pendant l’ombre d’une seconde, avant de laisser les domestiques portant ledit thés et les biscuits à l’intérieur.

HRP.

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Amaranthe & Anthelme

Don’t fear your sadness.

Franchement c’était bien la première fois que le chevalier ne savait pas quoi faire…Anthelme se trouvait dans sa chambre et n’en sortait pas énormément dernièrement, il ne quittait le confort de cette pièce uniquement pour voir son fils, enfant qu’il avait un peu tendant à délaisser dernièrement. Arthur n’était pas seul, il avait ses nourrices ou le reste de la famille, Anthelme ne voyait pas donc pas de réel problème à moins être sur le dos de son fils. Le troisième fils de Lydes était assit sur le sol face à l’une des fenêtres de sa chambre, un verre et une bouteille de vin à côté de lui…L’alcool était devenu sa meilleure amie depuis peu…Un truc qu’il avait en commun avec l’un de ses frères. Pourquoi il préférait rester à boire dans sa chambre au lieu d’aller voir son frère ainé et d’aller enquiquiner son cher Aloïs qui était de retour parmi eux ? Pour une raison très simple, c’était son tour d’avoir perdu la personne à qui il tenait énormément, Horace, le palefrenier…Le sien. Il avait déjà perdu plusieurs membres de sa famille puis Cosette et maintenant Horace…Il portait malheur ou le Créateur avait un sens de l’humour bizarre.

Il avait appris la disparition d’Horace lors de son retour de Val-Royeaux, bien évidemment il n’avait rien dit, ce n’était qu’un palefrenier, un serviteur parmi tant d’autres dans le château de Lydes puis il avait craqué le soir, à l’abri des regards dans sa chambre…Comme un enfant, il aurait pu aller voir son frère ou sa grand-mère, mais sa fierté, son ego lui interdisait ce genre de comportement. Il était un chevalier orlésien, pas un gamin, il était hors de question qu’on le voit faible. Puis le templier d’Ariel revint, sincèrement Anthelme était content pour son frère, vraiment, le voir triste était quelque chose de difficile pour lui…Mais d’un autre côté, pourquoi lui avait-il le droit de revoir l’homme qu’il aimait alors que lui il venait de le perdre ? Oui Anthelme ressentait un peu de jalousie et de colère envers son ainé, ce n’était pas normal et il le savait parfaitement.

Le chevalier attrapa son verre et avala quelque gorgée lorsqu’il entendit ensuite toquer à sa porte, avant même de pouvoir répondre, la porte s’ouvrit et il fut légèrement surprit de voir qui lui rendait visite.

-Mamie ? Je…euuuh…

Il ne savait absolument pas quoi dire, ne s’attendant pas à avoir de la visite, il regarda les serviteurs déposaient le thé et les biscuits. Il cligna des yeux plusieurs fois avant de réagir en se levant et en ramassant sa bouteille au passage.

-Merci…Je suppose.

Le visage baissé il n’osait regarder sa grand-mère dans les yeux, il avait peur de voir la déception sur son visage, après tout il était très loin de l’image du noble orlésien tout fier qu’il était d’habitude. Il attrapa un biscuit et commença à grignoter, ainsi il ne pouvait pas parler…Oui clairement il se sentait idiot face à sa grand-mère et il savait qu’en ouvrant la bouche il risquait de dire d’énorme connerie.

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Spoiler:

♔ Anthelme & Amaranthe

Don't fear your sadness

Quand l’un se laissait empoisonner, l’autre se laisser attirer par l’alcool. Pouvait-elle réellement leur en vouloir ? Pas après toutes les pertes que leur famille avait essuyées. Doucement, l’un après l’autre, ils étaient tous partis. Et aucun n’était revenu. Le Grand Jeu, la Chantrie, l’attrait du pouvoir et de la puissance : tout ça leur avait arraché tous ceux qui étaient chers à leurs yeux. Même son propre fils avait fini par s’éteindre, poussant son dernier soupire, alors qu’elle était encore là. Amaranthe, l’invincible, l’invaincue. Même la mort semblait vouloir repousser leur rencontre ; la douairière l’aurait pourtant rencontré en amie, après toutes ses années passées auprès de la vie. Peut-être les cieux, cléments, avaient-ils enfin décidé de stopper cette hécatombe. Ariel avait survécu, son Templier était finalement rentré, et Anthelme était revenu de Lydes en un seul morceau.

Ou presque.

Comme le prouvait cette bouteille d’alcool et cet air maussade.

« Ne me remercie pas tout de suite. » répondit-elle en laissant s’étirer un sourire sur ses lèvres. La vielle dame alla s’installer dans un fauteuil, observant son petit fils de bas en haut. Il y avait un laisser-aller certain, mais elle n’était pas venue ici pour lui remonter les bretelles. Après tout, Ariel s’était présentée à elle en robe de chambre, quand il n’allait pas bien. Anthelme avait au moins la décence d’être un peu mieux vêtu. « Parce que je vais commencer par te voler un verre d’alcool, s’il te plaît. Est-ce que c’est de l’hydromel ? J’en ai assez bu ces derniers mois, j’avais demandé à ramener toutes les bouteilles dans ma chambre pour que ton frère ne voit pas le nom de son Templier dessus, et je n’en peux plus de boire de l’hydromel ! » Quoi ? Ce n’était pas exactement vrai. Elle n’avait heureusement pas terminé toutes les bouteilles, et était restée relativement raisonnable, mais elle espérait qu’Anthelme comprendrait qu’elle ne lui reprocherait rien. Ou du moins, pas tout de suite.

Le reste était plus délicat. Avec Ariel, ce n’était pas difficile de pouvoir lui parler de ce qu’il avait perdu et cru perdre : il ne vivait pas dans le secret. Au contraire. Mais pour Anthelme... Amaranthe avait des yeux et des oreilles partout. Surtout des yeux, en fait. Comment amener le sujet sur le tapis, doucement ? « Je suppose que ce n’est pas le retour d’Aloïs qui te met dans cet état. Plutôt la disparition du palefrenier, hum ? » En mettant les pieds dans le plat, sans doute. Eh, personne n’a dit qu’à soixante-quinze ans, on aimait encore perdre son temps à prendre des pincettes à chaque fois qu’on ouvrait la bouche ! Et elle ne voulait pas passer trois heures à tourner autour du pot, ça ne ferait aucun bien à son cher petit-fils.

HRP.

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Amaranthe & Anthelme

Don’t fear your sadness.

Le sourire sur le visage de sa grand-mère le rassure un peu, elle ne semble pas être venu ici avec l’idée de le tirer par l’oreille hors de sa chambre…Ca ne serait pas la première fois en tout cas. Lorsqu’Amaranthe se soit installé sur un fauteuil, Anthelme lui servi un verre de vin comme elle le demandait, il laissa échapper un petit rire à la remarque sur l’hydromel Martell et son frère…Oui c’était parfaitement son genre d’être aussi sentimental à l’énonciation du nom de son amant. A son tour le chevalier s’installer près de sa grand-mère et garda son regard fixé sur son propre verre, il ignorait la véritable raison de la présence de sa grand-mère. Etait-ce juste parce qu’il avait manqué un repas de famille ? Ou avait-il manqué autre chose de bien plus important ? Lorsqu’elle parla de nouveau, Anthelme releva le regard et la fixa, il savait qu’il n’était pas le plus doué pour mentir et faire des cachotteries, mais il avait pensé être assez discret avec Horace…Apparemment absolument pas.

De nouveau il tourna le visage pour regarder ailleurs, il n’avait pas réellement honte de la relation qu’il avait eue avec son palefrenier, il avait surtout honte de son état actuel. D’être aussi mal, d’avoir surement l’air misérable.

-Je…Tu le sais depuis longtemps ?

Il faisait allusion à lui et Horace, le savait-elle depuis le début ? Si oui, pourquoi n’avait-elle rien dit ? Elle ne s’était pas réellement gênée pour faire des remarques à Ariel parfois. Elle ne l’avait surement appris que récemment sinon lui aussi aurait droit à des remarques, voir des reproches, car Horace n’était qu’un simple palefrenier sans réel éducation, il n’était qu’un simple serviteur sans intérêt pour elle.

-Avec Horace c’était…Je ne pensais pas sérieusement m’attacher à lui. Je ne pensais pas qu’il disparaitrait à son tour…

La tête basse, son emprise sur son verre se resserra, il s’en voulait de s’être autant rapproche du palefrenier…Il ne regrettait pas le temps passer avec lui, au contraire, mais il regrettait d’être aussi sentimental, il aurait préféré ne rien ressentir du tout. Le chevalier inspira calmement avant de boire de nouveau.

-Comment va Ariel ? Heureux du retour d’Aloïs je suppose.

Oui il voulait changer de sujet, il ne voulait plus parler de lui, est-ce que sa grand-mère allait lâcher le morceau ? Aucune idée mais il l’espérait beaucoup…Au pire il pouvait toujours quitter la pièce pour aller voir son fils, oui face à Amaranthe de Lydes il n’avait aucune honte de fuir.

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♔ Anthelme & Amaranthe

Don't fear your sadness

Amaranthe ne savait pas si elle devait être fière d’elle mais elle l’était, indéniablement. Anthelme semble surpris. Il faut dire qu’ils avaient été discret, tous les deux, mais rien n’échappé au regard acéré de la douairière de Lydes. Surtout quand on n’avait plus que ça à faire de son temps ; surveiller la progéniture de sa progéniture, écouter les ragots, tendre l’oreille au moindre murmure des serviteurs... Si Ariel le savait ? Rien n’était moins certain. Il fallait avouer que le fraichement nommé Duc avait eu fort à faire ces derniers temps, que ce soit entre recouvrer du poison, surmonter la disparition de son amant, s’occuper du domaine en général et finalement en hérité... Peut-être avait-il des doutes, mais si c’était le cas, la grand-mère et l’aîné de la fratrie n’en avait pas parlé.

Pour ainsi dire, Amaranthe n’en avait jamais parlé jusqu’à aujourd’hui, et au principal intéressé. « Je ne sais plus... J’avais des soupçons. Tu sais, rien n’échappe à une vieille chouette qui n’a rien d’autre à faire qu’espionner ses petits-fils ! » déclara-t-elle avec un grand sourire, avant d’engloutir son verre d’alcool. Voilà qui allait nettoyer un peu son estomac avant qu’elle n’attaque son thé et les biscuits qu’elle avait ramené ! « Quand on s’attache à quelqu’un, on ne s’y attend jamais. Et quand on perd quelqu’un, eh bien... On s’y attend encore moins. » Elle hocha légèrement la tête, l’air grave. Elle en avait connu, des pertes, à commencer par son plus jeune fils, mort bien avant d’être un homme.

Après un instant d’hésitation, elle finit par tendre la main pour donner une légère caresse dans les cheveux de son petit-fils. Oh, comme elle aimerait être capable de remonter le temps et de prévenir toutes les catastrophes s’étant produite cette année... Elle sait que ce n’est malheureusement pas possible. Inutile de s’appesantir là-dessus. « Ariel va bien mieux, comme tu dois t’en douter. Entre toi et moi, je suis contente que le château soit si grand et que nous n’ayons pas à avoir nos chambres à côté de la leur. » Un nouveau sourire en coin étire ses lèvres, tandis qu’elle récupère sagement sa main pour attraper sa tasse de thé. Après un liquide, un autre liquide. « Tu sais, Anthelme, je serai bien injuste de te juger sur quoi que ce soit lorsqu’on est bien forcé d’accepter que ton frère, le Duc, ne jure que par un gueux. Encore heureux que celui-là ne traînait pas dans la boue. » Elle prit une gorgée de thé puis, soudainement incertaine de savoir si ses paroles avaient été justes ou comprises, elle préféra se rattraper : « Ce que je veux dire, c’est que j’ai appris que quand on veut le bonheur de ses petits-enfants, il faut accepter que les temps changent et que les esprits s’ouvrent, tout comme les cœurs. » Surtout quand des petits-enfants, il n’en restait que deux. Mais, ça, elle se garda bien de le faire remarquer à Anthelme.

HRP.

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Amaranthe & Anthelme

Don’t fear your sadness.

La réponse de sa grand-mère ne l’étonna même pas, ce n’était pas une surprise qu’elle soit au courant depuis un moment pour lui et Horace. Après tout elle était une pro dans le Noble Jeu, lui n’était pas doué et ça se vérifiait une fois de plus. Il rigola légèrement avant de rétorquer quelque chose.

-Tu n’es pas si vieille que ça.

Le chevalier attrapa quelques biscuits, un gros changement par rapport au liquide qu’il buvait un peu plus tôt. Il soupira, Amaranthe avait parfaitement raison lorsqu’elle disait qu’on ne s’attendait jamais à s’attacher à quelqu’un ni à le perdre. La famille de Lydes avait beaucoup trop perdu ses derniers temps et personne ne s’y attendait, ils étaient une famille puissante, ils se pensaient à l’abri de ce genre de problème…Tout faux, de la fratrie de six, il n’en restait que deux, il allait finir par croire que sa famille était maudite. Etonnement il sentit la main de sa grand-mère sur le sommet de son crâne, il avait l’impression d’être de nouveau un gamin, ça semblait être une éternité qu’il n’avait pas reçue ce genre de signe d’affection de la femme.

-Je veux bien te croire…Heureusement qu’Ariel va mieux, le voir déprimé c’est…bah, c’est déprimant.

Il n’appréciait pas réellement Aloïs, mais il ne souhaitait ni sa mort ni sa disparition totale du paysage…Bon il n’était pas non hyper heureux de le revoir face à lui, mais ça n’empêchait pas qu’Anthelme soit heureux pour son frère, c’était ça le plus important. Enfin le plus important était qu’Arthur aille bien, le bonheur de son frère arrivait en seconde position. Les nouvelles paroles d’Amaranthe surprirent un peu le chevalier, il pensait que sa grand-mère n’était pas tellement tolérante sur les relations un peu particulière de ses petits enfants, encore une erreur pour lui. Anthelme délaissa le thé et reprit un verre de son alcool, il en avait plus besoin.

-En vrai, je crois que j’aurais préféré que tu me dises que tu étais déçue et que tu m’interdises de recommencer…Enfin ce n’est pas comme si j’avais prévu de recommencer quoi que ce soit, bien au contraire, reprendre les vieilles habitudes sera bien mieux à mon avis.

Dire qu’il était devenu déprimé ou désespéré pour les histoires de cœur ne serait pas totalement faux, il n’avait plus envie de rien de ce côté-là, il passera la plupart de son temps à s’occuper de son fils comme avant.

-Au fait tu as découvert qui a voulu s’en prendre à Ariel avec le poison ?

Il était curieux de savoir quel imbécile avait osé s’en prendre à son frère, le nom de celui qu’ils devraient faire disparaitre d’une façon ou d’une autre.

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