(lance) finding a way

La vue était imprenable. D'un côté s'étendait Orlaïs, sa terre natale qu'elle n'avait retrouvé qu'un trop court moment à son goût, de l'autre Ferelden... Et au centre, elle et son hésitation, elle et ce sentiment pressant de rejoindre Kirkwall, elle et la peur de cette idée suicidaire... et surtout d'y entraîner ces compagnons. Son regard se détourna un moment, le nain qui démontrait une certaine obstination à la protéger et une de ses apprentie, une des plus talentueuse. Un groupe terriblement petit dans cette terre rongée par l'engeance et l'enclin. « - On aurait put essayer les tréfonds... Il y a tellement d'engeance ici qu'ils doivent être vide à l'heure qu'il est. » Un léger sourire ce dessina sur les lèvres de l'orlésienne. Au moins son ami avait toujours un mot pour rire... ou pour grommeler, mais n'était-ce pas la même chose chez le nain ? « - Nous verrons... nous avons encore le temps de rebrousser chemin, non? » Elle se retourna, la petite dormait encore et le jour n'avait pas commencé à se lever. Le monde était actuellement baigné d'une délicate lumière grise. « - Veille sur elle,  je pars en avant. Si je ne suis pas rentrée d'ici une heure, faites demi-tour et ramène-la à Orlaïs. Chez mon père. ». Le nain acquiesça en silence, lui adressant une grimace signifiant toute sa répugnance à laisser la jeune mage seule.

S'emmitouflant dans une épaisse cape de cuir et de fourrure, Madeline commença une descente prudente de la montagne. Sur ses pas, un énorme molosse sûrement à moitié loup, la suivait à une distance raisonnable. Félix, comme elle l'appelait, refusait toujours obstinément de se laisser approcher. Il y avait en lui le potentiel de faire un bel animal de compagnie et son allure, qui s'était remplumé à force de manger les restes de la troupe, confirmait ce potentiel... mais l'animal était toujours aussi bête et méchant et l'impossibilité de le frôler rendait inenvisageable le bain nécessaire à sa métamorphose.  Néanmoins le canidé avait développé une sorte de fidélité pour la mage en fuite et plus d'une fois il s'était interposé pour protéger celle qui se rapprochait le plus d'une maîtresse, il avait même commencer à retenir son nom ce qui rendait plus pratique la cohabitation avec l'animal à moitié sauvage. Du coin de l’œil Madeline l'observait, guettant l'attitude de l'animal. Ce dernier était un parfait détecteur à engeance, généralement se mettant à grogner avant de rebrousser chemin. C'était un quotidien risqué et éreintant... cependant Ferelden lui semblait encore le chemin le plus sûr pour atteindre Kirkwall. La Chantrie était juste trop influente à Orlaïs. Et si tu n'y arrives pas? Si tu ne trouves pas ce que tu cherches parmi les mages rebelles? lui avait demandé son père inquiet de la voir partir à nouveau... alors, avait elle songé, alors peut être qu'elle se tournerait vers Tevinter. Peut être.

Un bref instant elle s'arrêta, les yeux dans le vague... Au fond que cherchait-elle vraiment ? Retrouver sa position dans le Noble Jeu ? Retrouver sa vie d'avant ? Les choses reviendrait-elle seulement comme avant ? Au fond, elle le savait, jamais elle ne pourrait faire à nouveau confiance à la Chantrie... elle qui n'avait jamais cru en aucun dieu finissait même par douter de l'intérêt de voir sa vie dépendre à ce point d'une entité qu'elle jugeait imaginaire. Ses pensées s'arrêtèrent là. Le grognement familier du corniaud qui l'accompagnait l'arrachant au flux de son esprit. « - Qu'est-ce qu'il y a Felix? » chuchota-t-elle. Sa main s'était refermée sur son bâton et des crépitement de foudre y apparaissaient. Une part d'elle se demandait si elle devait fuir immédiatement ou essayer d'en savoir plus ? Cédant à la curiosité, la mage se faufila le plus silencieusement possible entre la végétation. La discrétion n'avait jamais été sa grande force, mais elle espérait fortement que les bruits produit par ses pas évoquerait un animal. Le chien continua de grogner un bref instant puis, voyant que l'humaine avait disparut, ne tarda pas à se tapir dans un buisson voisin.

Sur le qui-vive, elle essaye de dresser l'oreille. Maudissant sa curiosité, peut être aurait-elle dut faire demi-tour et dire à ses deux acolytes qu'il était préférable de prendre un autre chemin ? Peu à peu le pas régulier d'un cheval se fait entendre, lui arrachant un léger soupir. Les engeances ne chevauchent aucune montures. Du coin de l’œil elle observer Félix, l'animal à le poil hérissé et continue de grogner légèrement. Un bref instant la mage songe que la magie du sang pourrait finir par l'aider à contrôler cet animal qui lui semble indressable... L'idée lui sort vite de la tête néanmoins, elle n'a jamais voulu verser dans des arts aussi sombre et s'y plonger pour dresser un chien stupide lui paraissait encore plus idiots. Finalement une silhouette finit par émergée, seule, de la brume matinale. Celle qui commençait à se réjouir de ne pas avoir affaire à un contingent grimace vite en reconnaissant une silhouette trop familière à son goût... Encore plus quand elle remarque le mabari. Le chien grogne à son tour, elle ignore si c'est pour elle ou pour Félix... dans tout les cas elle sait que le bâtard qui l'accompagne ne tardera pas à répondre à la provocation, de même que le templier ne semblait guère enclin à la patience : « -  Hm... Qui que vous soyez, je vous conseille de vous montrer immédiatement. Je n'apprécie pas d'être épié. » Une légère grimace lui tord le visage. Il ne doit pas passer près de la petite, elle ne pourrait pas lutter face à un templier aguerrit.

Prudemment Madeline sort de son couvert, son bâton de mage légèrement en avant. Elle est prête à se défendre, mais pas à attaquer. Jamais encore elle n'avait été aussi proche du templier et jamais encore elle n'avait eut le sentiment que sa liberté était aussi menacée. Les traits de la conseillère sont dures et méfiant. Une créature aux abois prête à se protéger. La suivant avec la même défiance, le molosse sort de son buisson, babine retrousser et grondant vers le mabari. « - Paix, Félix. » L'animal dresse une oreille à son nom, mais elle ignore si il a comprit l'ordre. Comprend-t-il seulement quelque chose ? Peut importe, le regard de la mage descend le long du templier, s'arrêtant sur la main de ce dernier, prête à dégainer. Un bref instant elle hésite à prendre l'initiative. La magie crépite toujours au bout de son bâton et elle a ses proches du campement pour que, peut être, ses compagnons entendent le combat et viennent lui prêter main forte. Ceci dit, le templier lui avait laisser l'impression de ne pas être aussi stupide que les autres. Prudemment, elle abaisse son arme. « - Vous êtes bien seul pour voyager en une contrée aussi dangereuse. » Une observation à double tranchant. Elle veut vérifier. Est-il partit en éclaireur comme elle ? Doit-elle s'attendre à échapper à une troupe de templier ? Doivent-ils rebrousser chemin ?  « - Chevalier-capitaine ? Commandant ? Je ne sais plus exactement. »

Félix grogne une fois de plus, la mage le sang prêt à attaquer... Ou en tout cas à se défendre contre le mabari face à lui. « - Je n'ai aucun contrôle sur cet animal, si il se sent menacer il attaquera. Je suggère que vous rappeliez votre mabari. » Sa voix n'est pas des plus aimable, elle en a conscience. Néanmoins elle n'a jamais vraiment sut à quoi s'en tenir avec celui qui l'avait poursuivit pendant de long mois avant d'étrangement lui facilité la tâche. « - Nul doute que deux chiens qui se battent attirerait des engeance et je n'ai guère envie d'en affronter. » Madeline n'avait jamais eut à en affronter et n'était guère presser de commencer. Incapable, donc, de jauger la réelle menace que représentait une troupe de ces créatures, elle préférait considérer que c'était hors de sa portée et que la prudence suggérait donc la fuite.  

Un léger sourire se dessine sur les lèvres de la demoiselle, presque amusée quand elle entend le commentaire sur le nom choisit pour son compagnon. Parfois elle venait même à trouver que c'était insultant pour ce pauvre corniaud. Du coin de l’œil elle observe le mabari s'asseoir alors que son molosse continuait de montrer les crocs. Un léger soupir lui échappe, las du comportement de l'animal, résignée à l'idée de n'avoir jamais la moindre emprise sur lui. « - Chevalier Commandant Rutherford. Je ne fais que voyager, je n'ai pas besoin de nourrice pour ça. D'autant plus que ça me permet d'aller plus vite ; je n'ai pas la moindre envie de m'attarder en Orlaïs.» Malgré elle, un soupir de soulagement lui échappe. Il est seul... seul et le chemin qu'il emprunte était celui qu'ils envisageait de prendre à leur tour. Avec un peu de chance aucune engeance ne devait plus y traîner. Madeline ferma un bref instant les yeux, ne relevant même pas le rire du templier. « - Bien... on peut descendre par là. » soupira-t-elle plus pour elle même que l'homme. « - Chevalier Commandant Rutherford... bien, je suis contente de pouvoir enfin coller un nom à votre visage. Le templier blanc était un peu trop cérémonieux à mon goût. » Doucement elle laissa tomber la capuche, doutant que le templier la reconnaisse. Il n'y avait guère que les proie pour prendre le temps d'observer ce qui les chassaient. « - Et on ne rappelle pas un mabari, pas besoin. Pas quand il a été bien élevé. Mais bon, je ne m'attends pas à ce qu'une orlésienne comprenne, ceci dit. » Un léger sourcil se arqua sur le visage de la demoiselle. « - Je n'ai jamais désiré posséder un chien et n'ai jamais vu l'intérêt d'apprendre à les élever, par là-même. »  Son regard fit un rapide va et viens entre les deux animaux. D'un côté le mabari qui toisait Félix et de l'autre... de l'autre le bâtard qui continuait de grogner. « - Quoique celui-là ne semble guère se soucier de mes désirs... » En un sens, il portait bien son nom.

« - Qu'est-ce que vous faites ici ? Vous trouver si près d'Orlaïs n'est pas la meilleure des idées pour un mage, vous devriez partir vers l'est. Kirkwall est sûre, mais évitez Osterburg. Simple conseil. » Décidément... « - Vous ne cessez de me surprendre. » finit-elle par lâcher doucement. Son regard dévie sur le cheval, que n'aurait-elle donné pour voyager autrement qu'à pied. Enfin, la fuite ne pouvait s'offrir le luxe du confort, elle avait finit par le comprendre. Ses bras se croise délicatement, presque hautaine malgré elle... La noble d'Orlais dans toute sa splendeur. « - Enfin, quand à ce que je fais ici... A votre avis ? J'ai décidé de m'offrir une promenade en montagne pour profiter du paysage. La vue n'est-elle pas imprenable d'ici? » Elle se veut moqueuse, sûr d'elle... toujours aussi peu assurée par la présence du templier, craignant qu'il ne se retourne contre elle. Son cœur frappe dans sa poitrine, une adrénaline qu'elle essaye de contenir tant bien que mal. Enfin... le mensonge à quoi bon... « - Comme vous le devinez, oui je me dirige vers Kirkwall... J'espérais voir ce qu'il en était de la cité, si nous allions bientôt sortir de cette crise et pouvoir nous concentrer sur de véritables problèmes... Comme les rumeurs de l'invasion ou l'enclin. » Au fond n'était-ce pas là le vrais danger ? Ou en tout cas un danger autrement plus inquiétant et menaçant que les mages... et maintenant que la divine était morte, n'était-il pas logique que les mages retrouvent leur liberté de mouvement ? « - Et vous ? Qu'est-ce qui vous conduit en Orlaïs ? La mort de la … divine ? Ou une marche exalté contre les immondes mages ? A dire vrais je serais étonnée qu'il y ait encore nombre des miens en vie de l'autre côté des dorsales, vos camarades orlésiens sont particulièrement efficace et semblent même se réjouir des derniers ordres de sa sainteté. » Malgré elle Madeline avait prononcer ce mot avec un quasi dégoût. La religion n'avait jamais occupé une forte place dans son cœur, mais Faustine avait achevé de lui faire haïr la Chantrie et tout ce qui s'y rapportait.