By the riverside | ft Elanor [FB]

Le pas était tranquille, dansant presque. Elanor adorait la forêt de Bréciliane. Elle s’y sentait bien, à l’aise, protégée. Après avoir arpenté les rues de Gwaren en compagnie de sa congénère et amie, elle quittait la ville pour la nature sans regret. Certes, son séjour dans la cité n’avait pas été désagréable, mais malgré tout, Elanor ne parvenait pas à trouver sa place, à se sentir à l’aise. Longuement, elle inspira l’air humide et herbeux de l’endroit. Personne à l’horizon. La jeune femme laissa alors tomber les barrières qu’elle maintenait de façon automatique à présent, sans y penser. A chaque pas, l’herbe poussait davantage, les fleurs se grandissaient quelque peu, déployaient gracieusement leurs pétales. Tenar l’avait bien aider à contrôler son don, cette femme qui avait passé sa vie à étudier dans les cercles. Enfermée. Alors qu’Elanor était libre et s’était même ‘échappée’ du clan, partant à l’aventure contre l’avis de ses parents et de l’Archiviste.

Néanmoins, au dehors de ce point de discorde, la Dalatienne appréciait la compagnie de cette femme qui lui avait appris le contrôle, la maîtrise. Elle faisait partie des rares personnes à connaitre sa capacité à rêver. Grâce à elle, Elanor commencé à contrôler ses escapades dans l’immatériel. Elle avait même pu discuter pendant un court instant avec un esprit. Néanmoins, ce don continuait à l’effrayer.

Pendant des mois, la jeune femme avait arpenté le royaume de Férelden sans avoir reçu une seule missive de Tenar. Cela commençait à l’inquiéter d’ailleurs. Une fois, elle avait voulu lui envoyer un moineau avec un point de rendez-vous en Dalatie. Jamais elle n’avait autant béni son don pour la nature. Les arbres, les plantes avaient ‘averti’ la jeune elfe du danger tout comme les traces trop nombreuses dans l’herbe fraiche. Des templiers. Elle ne s’était même pas approchée, elle avait juste tourné les talons pour partir le plus loin possible de cette menace.

Alors quand elle avait reçu le moineau de Tenar, ce fut comme un soulagement. Son pas se ralentit légèrement puis elle s’approcha d’un vieux chêne, l’ancêtre de la foret, le gardien. Avec révérence, sa tête s’inclina, salutation respectueuse que l’on pourrait adresser à un prince, un roi. Puis, elle posa la main sur son écorce en fermant les yeux, laissant sa magie affluer. Puis, un sourire se dessina sur ses lèvres. C’était bien elle. Ce n’était pas un piège.

Le pas reprit son entrain, sautillant à travers la forêt, slalomant entre les arbres. Ca y est, elle entendait le doux bruit de la rivière en bordure de Bréciliane. Bientôt, elle vit ce rocher étrange, dont les gravures anciennes avaient marqué leurs esprits. Et sur le tronc mort d’un arbre, elle était là, assise, immobile, calme. L’elfe inclina légèrement la tête sur le coté, comme à chaque fois que quelque chose l’intriguait ou que sa curiosité était piquée à vif.

Silencieusement, elle s’approcha de la mage et s’accroupit en face d’elle, les coudes sur les genoux, le menton posé dans le creux de ses mains. Elle observa le visage endormi de Tenar avant de souffler légèrement, soulevant ses mèches de cheveux. Une manière malicieuse de la réveiller mais aussi plus douce qu’une main posée sur l’épaule. « Andaran atish’an, lethallan. » dit-elle en un murmure pour laisser la mage reprendre ses esprits. « Cela fait bien longtemps. Que vous est-il arrivé ? » Elanor se redressa. « Je vous ai envoyé un message pour vous rencontrer il y a deux mois de cela mais ce sont des templiers qui étaient là à votre place. » Non pas de méfiance dans le ton de sa voix, bien au contraire. Elanor était inquiète. Leur statut de mage n’était guère confortable ces derniers temps et c’était d’ailleurs pour cela qu’elle se baladait avec une épée accroché à sa ceinture, pour donner l’illusion.

« Ne vous excusez pas », déclara l’elfe en inclinant légèrement la tête sur le coté. Tenar avait dû faire longue route afin de la rejoindre à l’orée de la forêt. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’elle déplorait le temps qui avait défilé sans qu’elle ne se rencontre. Elanor vit le regard de son amie déviée sur son épée accrochée à sa ceinture. « Cette épée m’apporte une apparence de guerrière, une sécurité, même si je ne sais pas m’en servir », dit-elle avec un rire dans la voix.

L’elfe observa la jeune femme arpenter les alentours en chassant le sommeil de son esprit. Tenar dégageait une assurance et une force qu’Elanor admirait. Tandis que son regard était posée sur elle, sa main caressait le tronc de l’arbre, couché dans l’herbe, effleurement rassurant accompagné de murmures elfiques. Le tronc resta tel quel, il n’était pas question de le ramener à la vie, Elanor n’était pas nécromancienne, mais à la place de petite pousse émergèrent entre les écorces. De la mort à la vie. Elle écouta le récit de son amie pendant ses incantations. Comme elle s’en doutait, la mage n’avait pas reçu sa missive. « Ils ne m’ont pas vu, je suis partie avant même de les rencontrer. » répondit-elle à l’inquiétude de la jeune femme.

Puis ses mains quittèrent l’écorce et elle se rapprocha de la petite rivière pour pour son eau et laisser ses pieds nus en apprécier la fraicheur. Est-ce qu’elle allait bien ? Les pensées de l’elfe s’égarèrent sur les évènements de ces derniers mois. « Les rêves sont… moins effrayants » dit-elle en cherchant ses mots. Tenar l’avait bien aidée à contrôler ce don qui l’avait fait vivre dans la peur lorsqu’elle avait fait sa première nuit dans l’immatériel. S’en était suivi de nombreuses insomnies. A présent, elle avait appris à ne plus craindre le sommeil et encore moins l’immatériel. Elle avait même pu échanger quelques mots avec un esprit, mais elle restait encore très tendue et guère rassurée. Mais elle évita le sujet et se concentra sur ses péripéties, retrouvant ce sourire candide et doux. « J’ai arpenté les marches solitaires, découvert de petits villages dont les anciens membres contaient des histoires des temps anciens autour d’un feu de camp. » Elanor était encore émerveillée par ces histoires du passé qui la captivait.

Elanor partit dans un récit, le regard pétillant, résumant à son amie son périple des derniers mois. « Je ne me suis pas attardée dans les cités du royaume. Je ne suis pas à l’aise dans la civilisation loin des arbres, de la nature… Je n’ai pas de pouvoir là bas. » C’est ce qui la rendait mal à l’aise dans la cité, cette idée qu’elle ne pourrait pas se défendre si on venait à l’attaquer. « Et toi ? Que s’est-il passé ? Pourquoi ce silence des mois durant ? » Elanor était à la fois curieuse et inquiète. Il y avait quelque chose qui se tramait dans l’ombre. Etant un pleine découverte de la forêt de Bréciliane, Elanor n’avait eu guère de nouvelle de la politique du moment.