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Lun 3 Juil - 6:09




AERON & NYGHANN.

Un jour, elle finira par penser aux conséquences de ses actes avant de faire une bêtise... Un jour.
Aeron avait les mains moites. Elle ressentait le besoin d'attirer sur elle les bonnes volontés de ses dieux. Et peut-être avait-elle un peu plus envie de sangloter qu'elle n'aurait voulu l'admettre. Cette fois-ci, la jeune femme avait merdé dans les grandes largeurs. Les Gardes des Ombres n'étaient pas les pires Basses Terres au monde. Elle se devait même de le reconnaître, dans l'ensemble, son séjour parmi eux se passait très bien. Seulement voilà. Ce recrutement n'était pas de son fait et ça, la guerrière chasind avait tenu à ce que tout le monde le sache. Elle avait fait preuve de mauvaise volonté, de mauvaise foi et lorsqu'elle se décidait à faire ce qu'on lui demandait, elle s'assurait de protester tout du long afin que tout le monde sache qu'elle n'était pas contente. Et puis il y avait eu l'incident du toit.

Elle était montée faire une sieste. Elle avait oublié l'heure de l'entraînement. Ils avaient envoyé Wilhelm la chercher et comme d'habitude quand ils étaient ensemble ils avaient cru que le monde ne pourrait pas venir à bout de leur duo. Ils n'étaient redescendus que bien plus tard poussés par la faim, persuadés que les Gardes des Ombres laisseraient couler ce qui n'était en définitive qu'une bravade de plus. Grave erreur. Leurs supérieurs avaient juste trouvé une manière créative de lui faire payer son insolence. Puisque la Chasind semblait éprouver une certaine déférence à l'égard de ceux qui maîtrisaient la maige, ils en avaient trouvé une. Une elfe de surcroît. Une dalatienne qui connaissait la vie loin des cités. Quelqu'un qui était capable de comprendre ce qu'Aeron pouvait trouver à redire à Fort Bastel et qui pourtant semblait s'aligner avec le reste de la hiérarchie pour lui passer le savon de sa vie. Elle essuya sa paume sur ses cuisses dans l'espoir de faire disparaître sa nervosité. Peine perdue. Au lieu de retrouver un peu de contenance, Aeron se sentait plus comme une gamine qui venait de faire une grosse bêtise. Et pour cause. Dans la tribu quand la shaman elle-même vous recevait pour vous remonter les bretelles c'était qu'on venait d'en faire une sévère. Et rien, pas même l'inébranlable certitude d'être dans son bon droit quand il s'agissait d'emmerder ceux qui l'avaient enrôlée de force ne parvenait à dissiper les années de conditionnement.

L'heure approchait. Pour une fois, peut-être pour la première fois, la jeune femme n'avait pas envie de faire attendre son interlocutrice. Elle avait bien essayé d'obtenir des renseignements sur la personne qu'elle allait voir. La garde senior faisait la navette entre l'Inébranlable et Fort Bastel. Et elle ne faisait pas partie des petits groupes de cavaliers qui franchissaient les portes du château, Aeron l'aurait remarqué. Le trajet depuis la forteresse orlésienne laissait autre chose que de la poussière et un hâle marqué sur les voyageurs. Leurs visages portaient aussi une fatigue particulière qu'elle avait eu tôt fait de remarquer. Non, quand la shaman - quel était son nom déjà ? Elle n'avait pas réussi à le retenir - était en visite, elle utilisait ses pouvoirs pour faire le trajet. Ce n'était pas bon signe pour la Chasind, elle le savait. Elle devrait désormais la jouer suffisamment fine pour ne pas se mettre à dos une personne qui communiquait avec les dieux. Et peu important que les Basses Terres les appellent des mages.

Elle s'approcha de la porte. Frappa trois coups décidés et entra dans la pièce.

"Vous vouliez me voir ?"

Sa voix tremblait un peu mais c'était mieux que rien
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Lun 3 Juil - 17:50

Il y avait des jours avec, des jours sans. Aujourd'hui était un croisement des deux. À peine Nyghann avait-elle posé les pieds à fort Bastel qu'on lui avait explicitement demandé de s'occuper d'une recrue aussi coriace que borné. Qui donc pouvait bien avoir un tel culot ? Alors quand les mots « barbare », « chasind » et « recrue » avaient glissé à son oreille comme du miel, Nyghann ne s'était pas fait prier. Ses passages à fort Bastel étaient plus nombreux qu'on ne le croit, là était tout le plaisir de la métamorphose et de pouvoir faire le voyage rapidement par le biais des cieux. La dalatienne oeuvrait à deux endroits à la fois et avait rapidement su se montrer utile, surtout dans les situations d'urgence. Mais là, sévir contre une recrue ? En voilà une idée farfelue. Sans doute était-ce là le prix à payer pour avoir un caractère aussi sévère qu'austère.

◈ ◈ ◈

La porte s'ouvre, grince et libère un son sinistre. Elle l'attendait, ladite barbare. Elle l'attendait même fermement. Car si la plupart de ses confrères se montraient plus généreux envers les recrues, l'elfe en revanche était connu pour être intransigeante. Elle se fichait bien que l'humaine puisse avoir la force d'écraser sa petite carcasse d'elfe. La voix résonne, incertaine, le tremblement dans le timbre qui trahit une nervosité évidente.

Vous vouliez me voir ?

Pas de réponse. La pièce est plongée dans la pénombre et le seul bruit qui s'en échappe, c'est un crissement discret, menaçant. Alors même que la recrue entre, la masse se laisse tomber du plafond. L'arachnide est d'une taille tellement imposante qu'elle aurait brisé un cheval sans le moindre effort. Elle est à l'étroit dans la petite pièce et pourtant la voilà qui charge la chasind en poussant un crissement aigu. La puissante créature fonce droit sur la barbare et l'accule contre un mur, la bloquant de ses lourdes pattes alors que ses mandibules s'écartent, effleure son visage. Le monstre atroce semble se calmer, l'ardeur diminue et déjà, le calme revient si ce n'est des deux crochets venimeux qui menacent la chasind sans le moindre remords. Et le craquement survient . Les pattes se replient, le gros abdomen de l’animal frémit, elle couine de douleur, se tortille alors que son imposante carrure diminue. En moins de temps qu'il n'en faut, l'araignée à laisser place à une silhouette sylphide et élancée. Là où les pattes empêchaient tout retrait, les bras de Nyghann sont tendu, paumes plaquées contre le mur. Elle halète, essoufflé par la magie, par son corps gracile mit à rude épreuve alors que l'azure de ses yeux à la froideur du métal.

« Recrue, nous avons à parler toi et moi. »

Siffle Nyghann à voix basse mais avec un ton aussi glacial que mauvais. Son souffle ardent effleure la mâchoire de la chasind et déjà, ses doigts se crispent contre la pierre du mur et lentement, l'elfe recule. Elle ignore totalement sa nudité alors que sa peau pâle est moite de sueur. Ce n'était pas sans effort que de se changer en une bête aussi effroyable qu'imposante et Nyghann donnait l'impression d'avoir fait une course en plein milieu du désert. Même sa sombre chevelure était humide, retombant jusqu'à ses reins alors qu'elle tourne le dos à la recrue, se glissant vers le bureau où ses effets personnels étaient posés en vrac.

« On m'a explicitement demandé de m'occuper de ton cas... Alors dis-moi, Aeron, c'est bien cela ? Qu'est-ce qui te donne le droit de passer outre ton entraînement ? »

L'elfe pivote doucement, toisant sa comparse d'un regard noir alors qu'elle enfile rapidement une chemise rapiécée puis se hisse sur le bureau avec une nonchalance sans égale. Alors qu'elle observe la barbare attentivement, elle voit l'épuisement évident sur son faciès.

« Et moi qui pensait les barbares robustes... Tu as une tête à faire peur. Quel est le problème ? »
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Lun 17 Juil - 2:21




AERON & NYGHANN.

Un jour, elle finira par penser aux conséquences de ses actes avant de faire une bêtise... Un jour.
Aeron s’était attendue à beaucoup de choses. Des hurlements, une bonne trempe maison, le son et lumière classique d’une shaman mécontente. Une araignée géante tombée du plafond c’était en revanche une nouveauté. La Chasind perdit quelques précieuses secondes de surprise et se vit repoussée contre le mur par la charge de la créature. Les crochets à venin à quelques centimètres de son visage. Si elle ne réagissait pas très vite, elle allait… Sa main trouva le manche d’un couteau de chasse à l’arrière de sa ceinture, elle agrippa le manche de corne et. Stoppa net son geste. L’araignée se métamorphosait. Les yeux à facettes laissèrent place à un regard humain. Les Basses Terres étaient-ils donc tous cinglés ? Voilà que leurs shamans menaçaient les normaux en utilisant leurs dons maintenant ? Elle décrispa ses doigts du manche du couteau, essayant de calmer les battements de son cœur, la terreur et la paranoïa qui l’avaient envahie quelques secondes plus tôt. Non, les Gardes des Ombres ne l’avaient pas livrée à un monstre sanguinaire pour se débarrasser d’elle. Ils avaient juste décidé de sévir en la confiant à quelqu’un de plus… fou ?

Les premiers mots de la Gardes des Ombres achevèrent de dissiper toute notion de familiarité. Non vraiment cette mage et la shaman de son clan n’avaient rien en commun. Une shaman aurait essayé de la comprendre. L’elfe en face d’elle l’appelait… recrue. Et Aeron ne pouvait s’empêcher de se demander si le fait de se balader les fesses à l’air n’était pas une façon de la choquer. Les Chasinds n’avaient pas les réserves de certains Basses Terres. Particulièrement elle. D’un autre côté, la jeune femme ne pouvait ignorer les tatouages qui s’étalaient sur le visage de son interlocutrice. Les Gardes des Ombres avaient-ils choisi la personne qu’ils jugeaient la mieux placée pour lui parler ?

Elle ne prit pas la peine de répondre à cette première phrase. C’était bien pour ça qu’elle était venue pourquoi le repréciser. Surtout après une entrée en matière pareille. Et maintenant la sorcière feignait d’avoir oublié son nom. Elle se contenta de hocher la tête, une mimique inspirée des meilleures mines de Wilhelm, un petit mouvement de menton poli mais tout juste. La plupart des instructeurs semblaient s’en contenter. À la deuxième question, elle haussa les épaules un instant avant de répondre. "Vous, les Basses Terres, vous appelez ça un entraînement. Moi, j’appelle ça passer des heures à attendre que les autres recrues arrivent à attraper les épées et les arcs par le bon côté. J’ai fait la sieste sur le toit parce que je n’avais pas l’intention de les regarder encore se taper dessus avec des bouts de bois et des armes émoussées." La politesse et la révérence qu’elle avait ressenties avant d’entrer dans la pièce s’étaient évaporées. La femme en face d’elle n’était qu’un avatar de plus de l’ordre qui l’avait arrachée à ses Terres Sauvages bien aimées. Et évoquer les « entraînements » quotidiens n’aidaient pas. Aeron n’avait peut-être pas le niveau des gardes seniors mais elle était capable de se défendre. Elle passait l’essentiel des séances à attendre pendant que le maître d’armes faisait répéter inlassablement les mêmes mouvements de base aux mêmes recrues.

Le mot barbare la fit sursauter. Les autres Gardes des Ombres l’évitaient avec soin. Comme si le prononcer rendrait leur présence plus tangible. La mage était aussi la première à lui faire remarquer qu’elle n’avait pas l’air au mieux. "Le problème ?" Aeron laissa échapper un ricanement. "Quel problème ? Tu veux parler de la fois où j’ai été enrôlée de force par un ordre de Basses Terres ? Du fait que je suis loin de chez moi ? Que j’ai peur que le plafond me tombe sur la tête à tout moment ? Que je ne comprends pas pourquoi vous les Basses Terres vous acharnez à vivre dans des foutues cavernes ?" La digue avait rompu et Aeron semblait sur le point de déverser les semaines d’aigreur en une seule complainte. "De ces fichus baraquements où les ‘recrues’ sont entassées par groupe de trente ? Ah et puisqu’on en parle peut-être il vous faudra leur signaler à vos nobliaux que péter à tout va, ça ne vous gagne pas des amis…"
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Mer 19 Juil - 13:55

Juchée sur son bureau, Nyghann observe la Chasind en silence. Elle ne dit mot mais elle jauge, juge et attend que celle-ci se prononce. Cela ne tarde pas à venir et la femme qui lui fait face exprime rapidement son ressentiment vis-à-vis des entraînements. Foutue tête brûlée, le genre de recrue à qui Nyghann fracasserait volontiers le crâne contre un mur, si elle en avait eu la force. Le regard froid et sévère, l'elfe ne quitte pas sa comparse du regard mais fini néanmoins par répondre à sa suite.

« Et toi, dans ta grande mansuétude, tu ne t'es pas dit que tu pouvais te rendre utile autrement quand faisant la sieste sur les toits? »
Nyghann joint doucement les mains sur ses cuisses nues, soutenant le regard de la jolie blonde. « Tu es forte, tu as à l'expérience... mais ce n'est pas le cas de tout le monde ici, comme tu l'as si bien mentionné. Tout le monde ne naît pas avec une épée entre les mains Aeron, certains pour ne pas avoir à dire beaucoup, rejoignent la garde pour se défaire de leurs péchés, pour se racheter de crime commis. Nous avons tous besoin d'apprendre et le faisons tout au long de notre vie. Alors pourquoi ne pas te prêter au jeu? Pourquoi ne pas user de tes talents pour aider ses frères et sœurs de la garde à s'améliorer? Crois le ou non mais cela peut-être gratifiant. »

Elle en savait quelque chose, la dalatienne. Certes le travail n'était pas facile et beaucoup de recrue avait l'art et la manière de taper sur les nerfs de leurs supérieurs. Mais une fois l’entraînement passé, l'Union réussit, la fierté de voir ces hommes et femmes grandirent, devenir des gens bien. Des gens prêts à sacrifier leur vie pour en sauver des milliers d'autres. Et cela n'avait pas de prix. Et bien que Nyghann pût se montrer très sévère, elle n'en avait pas moins beaucoup d'affection pour ses frères et sœurs et même pour ces recrues souvent plus tête de nœuds qu'autre chose. Alors qu'elle retombe dans le silence, l'elfe écoute attentivement Aeron qui parle de la façon – sans donner plus de détails – dont elle avait été arraché à son pays, à sa famille. Nyghann se lève doucement de son assise pour s'approcher d'une petite table dans un coin de la pièce où se trouvait un bac d'eau fraîche et y plonge les mains avant de courber l'échine et de venir asperger son visage, le frottant pour le débarrasser de la crasse et de la sueur.

« Tu dis que tu as été enrôlée de force par la garde? »

Perplexe, Nyghann se redresse, jetant un regard par-dessus son épaule pour fixer Aeron avant de s'emparer du linge propre près de la bassine et d'essuyer son visage. En voilà une histoire curieuse, ce n'était pas dans les habitudes de la garde... Ah moins qu'elle ne mentionne quelqu'un d'autre et qu'elle aurait atterri ensuite dans la garde? Quel pêle-mêle cette histoire. La dalatienne soupir longuement, enfilant rapidement une chemise de lin qui lui tombe jusqu'au milieu des cuisses. Le tissu à la coupe masculine ne lui appartient visiblement pas. Nyghann vient s’asseoir derrière le bureau qui lui a été prêter tout comme le vêtement et observe Aeron de plus belle, lèvres pincées alors que la blonde continue de cracher sa bile librement.

« Dis-moi Aeron... Est-ce que tu as compris quel était le rôle de la garde des ombres? Je t’entends râler sur les entraînements, sur combien le fort te déplaît sur le manque d'intimité et de confort mais... t'es-tu seulement demandé pourquoi nous menons ce genre de vie? » L'elfe s'enfonce dans son siège. « Nous vivons dans ces foutues cavernes, comme tu as la décence de le dire, parce que  lorsqu'un enclin arrive, nous sommes les seuls à pouvoir y mettre fin. Je sais que ce n'est pas facile Aeron,  il y a huit ans j'étais à ta place. Moi aussi il m'a fallu du temps pour m'habituer, mais le fait que cela soit difficile ne veut pas dire que c'est impossible. » Elle offre enfin un sourire, doux et sincère. « Aeron, tu n'es pas seule. Que ce soit les autres recrues ou bien lle reste de la garde... Nous sommes là pour toi et ce, tant que nous vivrons. Apprends à faire confiance à tes frères et sœurs de la garde, aide les plus faible à devenir aussi fort que toi, garde en tête que ton rôle dans la garde sauvera des milliers de vies. Il ne tient qu'à toi de rendre ta vie ici plus agréable. Ta force et ta fierté peuvent en inspiré d'autre ici et pas seulement chez les recrues. Rends-toi indispensable Aeron, si un entraînement te lasse, alors rend toi utile dans une autre tâche, le travail ne manque pas à fort Bastel. »
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Mer 2 Aoû - 4:04




AERON & NYGHANN.

Un jour, elle finira par penser aux conséquences de ses actes avant de faire une bêtise... Un jour.

Pourquoi ne se prêtait-elle pas au jeu ? Pourquoi ne voulait-elle pas aider ses frères et sœurs ? Elle en avait de bonnes la garde en face d'elle. Toute sa vie, Aeron avait soutenu ses frères et sœurs. Elle aurait pu continuer de le faire si la Garde des Ombres se sentant dans son bon droit ne l'avait pas arrachée à sa vie. Certes, elle avait toujours joué les filles de l'air quand il s'agissait de s'occuper de ses cadets. L'habitude de disparaître soudain ne datait pas d'hier. Mais elle les avait soutenu. Elle avait chassé pour les nourrir, était partie en plein hiver pour trouver des plantes pour assécher des petits nez morveux et s'était assurée comme ses parents que les "petits" avaient des vêtements sur le dos. Maintenant, elle se trouvait à des kilomètres d'eux et une parfaite étrangère se permettait de lui demander pourquoi elle mettait de la mauvaise volonté à travailler avec des gens qui la méprisaient parfois ouvertement.

"Quand mes 'frères et sœurs' de la Garde auront fini de ricaner sous cape à chaque fois que je prie ou cesseront d'articuler lentement à chaque fois qu'ils me parlent j'aurais peut-être envie de faire quelque chose pour eux. Je ne les connais pas. Je ne TE connais pas."

C'était là le fond du problème. La jeune femme avait grandi dans un univers particulier. Tout le monde s'y connaissait. Ils pouvaient compter les uns sur les autres. Elle avait beau feindre la sociabilité, le problème principal demeurait. Elle se retrouvait entourée d'étrangers. Elle ne pouvait pas leur faire confiance parce qu'elle ne les connaissait pas.Oh bien sûr elle était curieuse à leur égard. Mais la curiosité ne voulait pas dire qu'elle remettrait sa vie entre leurs mains. Et certainement pas qu'elle avait l'intention de les aider à s'entraîner. Elle ne se sentait aucune responsabilité vis à vis de qui que ce soit à Fort Bastel. À l'exception de Wilhelm. Il était bien le seul pour qui Aeron aurait été prête à donner sa vie. Que les engeances emportent les autres...

Son interlocutrice n'était même pas au courant des circonstances de leur recrutement. Elle le voyait venir d'ici. On avait proposé à la garde de remettre une recrue rebelle à sa place et elle avait sauté sur l'occasion. Elle ne s'était même pas demandée à qui elle avait affaire. La plupart de ceux qui vivait à Fort Bastel était de ce genre-là. Sûrs de leur propre importance. Ils étaient après tout la Garde des Ombres. Des héros de légende. Qui était-elle, une Chasind, une barbare pour oser remettre en question leur entraînement, leurs décisions. D'amère, son expression se fit venimeuse.

"Tu ne sais pas hein ? On a grandi dans les Terres Sauvages avec Wilhelm. On était chasseurs. Guerriers. On faisait un peu tout parce que chez nous on est obligés. Tu dois connaître tout ça." Elle gesticula en direction des tatouages sur le visage de l'elfe. "Un jour on est tombés sur un campement de Basse Terres. Des armures excellentes. Le genre d'équipements qu'on ne trouve pas chez le maraudeur moyen. On s'est dit que c'était encore un de ces aristos en maraude qui cherchait des sensations fortes sur nos terres. Et que ça n'allait pas se passer comme ça. On les a suivis. On a attendu le bon moment. Et on leur est tombés dessus." Elle marqua une pause, ménageant ses effets. "J'imagine que tu peux deviner la suite. Ce n'était pas des aristocrates. Mais un petit groupe de gardes. Ils courraient après des engeances qui leur avaient échappés. Ils nous ont collés une belle branlée. Et puis quand ils ont eu pris le temps de bien nous expliquer ils nous ont demandés de les guider jusqu'à notre village. On l'a fait parce qu'on vous connait dans le Sud. Ils ont discuté avec la shaman. Et ils ont décidé que la meilleure façon d'éviter l'incident diplomatique c'était de nous recruter..."

Quant au rôle de la Garde des Ombres, Aeron le connaissait. Blablabla vaincre les engeances, blablabla sauver le monde, blablaba être des héros. Elle se rappelait aussi que lors du dernier Enclin les Gardes des Ombres avaient laissé les Terres Sauvages de Korcari aux griffes de l'engeance. Visiblement on réservait les sauvetages à ceux qui portaient des couronnes. Et les Chasinds ? Des païens qui n'intéressaient personne. On les avait laissés mourir dans leurs confins gelés et la nouvelle de leur survie n'avait pas perturbé grand monde. Elle ne tenait pas tellement à se rendre indispensable aux yeux des gens qui avaient laissé les siens mourir un siècle plus tôt. Le sourire de la femme en face lui rappela cette douloureuse réalité. Si demain l'Enclin recommençait dans le Sud, les Gardes feraient comme la dernière fois. Ils laisseraient les engeances ravager les Terres Sauvages en rassemblant tranquillement leurs forces. Ils attendraient que l'archidémon fasse son apparition et ils passeraient de nouveau pour des légendes. Un sourire mauvais éclaira le visage de la Chasind. "Et si demain l'Enclin recommençait chez moi ? Est-ce que nous pourrions espérer voir les Gardes des Ombres débarquer sur leurs montures pour affronter les monstres ?" L'elfe parlait comme si elle connaissait le sujet mais les elfes n'avaient pas été ignorés lors du dernier Enclin. Ils avaient été invités à la grande armée. Ils avaient eux aussi eu leur moment de gloire. Wyl et elle étaient un objet de curiosité. Elle ne savait même pas pourquoi on avait tenu à les enrôler.

"Pas la peine de me la jouer grande fraternité des Gardes des Ombres. Pour une bonne partie d'entre eux je suis une hérétique et pour les autres je suis une sauvage.. Tes Gardes des Ombres ils sont au service des Basses Terres et c'est bien tout. On nous a recrutés de force parce que quelqu'un a eu envie de faire une expérience. Mais si nous mourrons pendant votre rituel, il y a fort à parier que nos familles ne l'apprendront jamais." Elle tut ses angoisses. Ses cauchemars sur l'Union. Son hypothèse selon laquelle la mère de Wyl les avait laissés recruter parce qu'elle avait peur de ce que le petit groupe ferait comme dégâts s'il décidait de s'en prendre à la tribu. Caressant du bout des doigts l'un des nombreux talismans sur son armure, elle poussa un soupir. Résignée. "Je sais que je n'ai pas le choix. Je n'oublierai plus les entraînements. De toute façon, d'ici quelques temps, je ne serai plus un soucis. D'une façon ou d'une autre." Ses angoisses vis à vis de l'Union avaient enfin trouvé une expression autre que la tenir éveillée pendant des heures.

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Sam 12 Aoû - 11:26

Quand mes 'frères et sœurs' de la Garde auront fini de ricaner sous cape à chaque fois que je prie ou cesseront d'articuler lentement à chaque fois qu'ils me parlent j'aurais peut-être envie de faire quelque chose pour eux. Je ne les connais pas. Je ne TE connais pas.

« En effet, tu ne me connais pas, tu les connais pas... Mais parce que tu ne fais pas cet effort. N'attends pas que tout le monde vienne vers toi, il te faudra aussi aller vers les autres. Laisse les se moquer, ça ne durera pas bien longtemps, surtout quand ils verront de quoi tu es capable, contrairement à eux. »

Rétorque simplement Nyghann en s'enfonçant dans le fond de sa chaise. Que dire de plus ? Aeron avait tout ce qu'il faut pour s'imposer, c'était une femme forte, aussi bien physiquement que de caractère. Il ne tenait qu'à elle d'avoir la subtilité d'en user à son avantage. Mais était-elle prête à le faire ? Le doute persiste et l'elfe se contente d'écouter son histoire, le piège de la garde et la façon dont les deux chasind avaient fini dans leurs filets. Bien que la garde était pour ainsi dire, toute sa vie, certains points ne convenaient pas à la dalatienne. Cet enrôlement forcé en faisait partie. Cependant elle comprenait qu'on en fasse usage pour garder un minimum de gens dans la garde, par nécessité. Mais arraché des gens à leur famille ? Non, elle ne le cautionnait pas. Et ce n'est pas ainsi que l'on obtenait le meilleur de la garde, pas en détruisant la vie de ces gens. Une vague de compassion s'étend douloureusement dans la poitrine de Nyghann qui observe la guerrière en silence bien qu'elle n'en mentionne pas un mot. Aeron était butée et prendrait sans doute cela pour de la pitié mal placée.

Et si demain l'Enclin recommençait chez moi ? Est-ce que nous pourrions espérer voir les Gardes des Ombres débarquer sur leurs montures pour affronter les monstres ? […] Mais si nous mourrons pendant votre rituel, il y a fort à parier que nos familles ne l'apprendront jamais.

« Moi, j'irais à la rencontre de ta famille pour le leur dire. »

Tonne soudaine Nyghan, l'air sévère avant de se lever de son siège. Elle toise férocement la barbare qui l'asticote un peu plus, se perdant dans ses reproches, dans des plaintes à n'en plus finir. L'elfe détourne le visage, sifflant avec agacement alors que sa main s’abat sur le bois du bureau, trahissant la colère qui commence à pointer le bout de son nez.

Je sais que je n'ai pas le choix. Je n'oublierai plus les entraînements. De toute façon, d'ici quelques temps, je ne serai plus un soucis. D'une façon ou d'une autre.

« Cela suffit Aeron ! » S'écrie la dalatienne. « Cesse de croire que nous sommes tous tes ennemis, ici ! Certains sont disposés à t'aider et te soutenir, moi par exemple. Mais ce n'est pas avec ce comportement que tu rendras les choses meilleures. »

Nyghann soupir longuement, reposant son séant sur sa chaise. Bon sang, comment Law et Durard arrivaient-ils à gérer ce genre de situation au quotidien ? Et il était sans doute là le souci, Law aurait sans doute été le mieux placer pour tenir ce genre de discours envers sa recrue. Malgré tous ses efforts, la garde senior peinait durement à se comprendre.

« Écoute Aeron... Je ne peux pas effacer ce qui a été fait... Mais je parlerais au garde-commandeur Law de ta situation. Il reste le mieux placer pour adapter ta position en fonction de tes capacités et de tes besoins. Quant à l'Union... » elle marque une pause, prenant le temps d'une inspiration. « Je te souhaite de rester en vie, sincèrement. Mais si par malheur les choses ne se passaient pas en ta faveur... Je te fais la promesse ici et maintenant de partir à la rencontre des Chasind pour que ta famille sache ce qu'il est advenue de toi. Et j'en ferais de même pour ton ami qui t'accompagne. » Pincement de lèvre désolé, Nyghann désigne la porte d'un geste mouds. « Tu peux disposer à présent... Oh, une dernière chose. » Elle se lève doucement, dardant ses yeux clairs sur sa comparse. « N'oublies pas que je suis là pour toi Aeron... Je n'ai pas beaucoup de pouvoir de par mon rang mais... Je serais toujours là si tu en as besoin. N'hésite pas à envoyer un corbeau à l'Inébranlable, je répondrais toujours présente quand tu seras en difficulté. »
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