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Dim 23 Juil - 15:45

Allongée sur la pierre, le dos martelé par une pointe acérée, Jezabel ne bronche pas. C'est devenue une habitude, une nécessité. Elle laisse ses acolytes percer sa peau par accoue répétitif, gravant dans sa chair des brides d'ésotérisme mêlant nécromancie et magie du sang. C'est chaud sur sa peau pâle et glaciale, c'est douloureux et cela résonne jusqu'au plus profond de son être. Mais pas un mot n'est soufflé, pas la moindre douleur n'est gémie. La souffrance dans le silence, la pureté dans l’immobilité. Il ne lui reste plus que cela, à la prêtresse. Elle n'existe plus qu'au travers de cette magie sournoise. Car la mort se fiche de la beauté, se fiche de l'argent. La mort aime tout le monde et Jezabel le sait, il n'y aurait que sa maîtresse, son amie la Mort, pour l'aimer jusqu'à la lie.

◈ ◈ ◈

Lorsque la grande porte du hall s'ouvre, c'est sur la silhouette voûtée de l'épouse Pavus qui fait son entrée dans leur demeure. Comme elle haïssait cet endroit qui sous ses dorures et son marbre froid, cachait toute la souillure et la misère de sa vie. La simple vu de cet immense hall, des statues qui le décore, des peintures sur les murs, lui donne la nausée. Elle avait quitté une prison pour en rejoindre une autre.

« Madame! »

S'écrit Sarël en s'approchant de la maîtresse des lieux qui soupir longuement. À peine arrivée qu'on lui sautait déjà à la gorge. Pour une bonne nouvelle? Elle l'espérait mais n'y croyait que peu. Elle se fige, observant l'elfe aux cheveux sombres et courts qui s'arrête, le souffle court.

« Madame... Vous avez un visiteur. »
« Et de qui peut-il bien s'agir? Pitié, si tu dis le nom de mon père, je te jure que je te pends avec tes propres tripes. »

Susurre Jezabel, la voix éteinte par l'épuisement. Elle a pâle figure la Tévintide, la fatigue tire ses traits, loin des belles tenues de son rang, elle ne porte sur elle que le linceul des acolytes de la nécropole. Mais surtout il y la douleur vivace dans son dos qui l'empêche de se tenir droite alors que ses yeux vert et sombre toise son serviteur d'un air torve.

« Non ma dame... C'est euh... Un elfe. »
« Un elfe? Et depuis quand les esclaves viennent d'eux-mêmes se faire enrôler? »
« Mais... Madame, ce n'est pas un esclave. »
« Où est-il? »
« Dans le petit salon du rez-de-chaussée, madame. »

La perplexité assombrit le regard de la femme qui contourne son serviteur. Déjà, lui la suit comme son ombre, anxieux. Jezabel quant à elle accélère le pas et à peine quelques instants plus tard, s'engouffre dans ledit salon. Et il est là, somptueux et immaculé, semblant absorber le peu de lumière de la pièce pour s'en vêtir comme d'une aura princière. Subjuguée par la créature qui attend patiemment, la sorcière mortifère fait un pas sur le côté, puis un second. Oh elle se souvenait parfaitement de son invitation, cette obsession curieuse qu'elle avait eue pour ce noblelfe qui faisait tant parler de lui. Mais ce qu'elle avait sous les yeux, Jezabel ne s'y était nullement préparé. Par quelle magie ce mâle elfique avait-il pût devenir... Cela? Y avait-il seulement un mot pour décrire pareille pureté? Si lumineux, il envahit la pièce d'une aura incandescente là où la prêtresse se tasse dans l'ombre, gardant une bonne distance avec son invité. Quelle mauvaise hôte elle fait en cet instant, effrayée à l'idée de l'approcher, de se brûler à son contact.

« Iselad Anfauglith …? »

Elle se glisse derrière un fauteuil, ses mains posées sur le dossier alors qu'elle observe l'elfe avec une inquiétude toute particulière. Il y a très peu de chose que Jezabel craint dans sa minable vie, mais cet elfe-là, elle l'évite avec une attention toute particulière, pourtant incapable de détourner le regard de ce visage à la perfection redoutable. Et ses yeux clairs, si clair, la brûlent jusqu'aux tréfonds de son âme.

« Je ne vous attendais pas si tôt... »

Minaude Jezabel, peinant à garder sa dignité. Elle a bien piètre mine l'Altus et ne fait clairement pas honneur à son rang en cet instant. Et lui est là, d'une saisissante beauté, son parfum qui envahit l'espace alors même que son hôte elle, laisse sur son passage une note amère de mort, celle de la décomposition ourlée d'une touche d'encens funéraire et d'une touche florale morbide. Le jour et la nuit s'affronte du regard, sous l'oeil brillant et rieur d'un destin plus sournois et malicieux que jamais.
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Mer 26 Juil - 21:06


Plus claire est la lumière, plus sombre est l'obscuritél'apparat à nos rétines
***

Ses gemmes hyalines observent les broderies des rideaux, les meubles richement ouatés, et les précieuses fioritures qui ornementent la pièce toute entière. De l'allure – mais une allure trop usuelle, trop lambda dans ce fuligineux empire. A mille lieues de la versicolore nitescence d'Orlaïs, il constate une fois encore que les tévintides sont assurément plus superficiels que ne peuvent l'être les féreldiens, et autrement plus uniformes que ne le seront jamais les orlésiens. Un peu trop patibulaires à son humble – ou presque – saveur, trop ancrés dans la noirceur de leurs pratiques et de leur image aux calots du monde. Ses lippes accusent le rictus altier de l'esthète qui ne dit mot, mais qui n'en pense pas moins pour autant. Cultivateur de raffinement, astre, même, de cette préciosité inhérente aux dignitaires, du bon goût de ceux qui savent être chatoyants en société, le voilà bienheureux de ne pas être né en ces landes. Lui qui n'est que prisme de lumière se serait fané à coudoyer tant de ténèbres, aussi subjuguantes soient-elles – ou tout simplement, se serait-il trouvé du mauvais côté de la chaîne, avec de telles oreilles. A lustrer les sols aussi bien que les pattes de ses maîtres, implorant chaque jour que les déités font pour ne pas être la prochaine livre de chair de leurs sanguinolents sacrifices. Même dans les bas-fonds de Kirkwall, brasillent plus d'espérance et d'opportunités, lui semble t-il.

Les diligentes foulées font écho dans les corridors, il connaît cette effervescente du corps domestique lorsque le beau sire ou la belle dame des lieux rentre au bercail. Plus encore, certainement, lorsqu'ils savent que l'un de leurs homologues elfiques patiente à l'instar de n'importe quel seigneur de cette nation, arrogant et triomphant. Sachant l'heure du conciliabule approchant, il réajuste les amples manches de sa tenue au blanc nacré et argenté, effleure son cou de biche pour mieux réactiver sa fragrance. Tout est affaire de séduction, même lorsque la dimension charnelle n'est pas convive. Flagornerie toute affilée, il se fait sculpture de marbre jusqu'à l'arrivée de son hôte, feignant de ne rien voir si ce n'est le paysage à travers la fenêtre, qu'importe la pesanteur de l'oeillade qui le liche. Il ne présente l'entièreté de son faciès que lorsque les lèvres charnues de la terne apsara ne relèvent son identité, plongeant ses prunelles sibyllines et diaphanes jusqu'à harper les viscères de celle l'ayant invité en sa demeure. Il décèle tout de go : la contemplation coite d'un être à l'apparence chimérique. Elle se fait pusillanime, et il sait d'ores et déjà que s'il tient son rôle convenablement, la prêtresse figurera parmi ses douces féales.

« Une telle invitation se doit d'être honorée le plus promptement possible. Et à dire vrai, ma dame, je ne l'ai point vue venir. » Le phonème est onctueux, satiné d'une bienséance intrinsèque à la fine fleur orlésienne. La nimbe du sylphe est sciemment radieuse et magnétique, mais encore humble, car il n'est pas ici chez lui. Territoire inconnu exige circonspection, plus particulièrement avec une interlocutrice de ce rang, et de ce nom. Puisque ronde-bosse timorée elle reste, c'est lui qui s'approche, avalant sans crainte la distance qui les sépare pour faire halte devant elle. S'il l'observe un instant, ses phalanges ont tôt fait de saisir la paume de la donzelle, la pulpe en flattant très subtilement la surface tandis qu'il la porte proche de ses babines. « Baron Iselad Anfauglith, pour vous servir. » Il porte le dos de la main jusqu'à sa bouche et la frôle courtoisement, puis la libère. « Je vous rends grâce d'ainsi me convier au sein de votre foyer, le nom Pavus est de ceux à qui l'on voue crainte... et déférence pour les plus éveillés, de là d'où je viens. Veuillez pardonner mon impéritie, je suis encore trop peu familier avec les mœurs de votre nation, mais... par quelle appellation dois-je m'adresser à vous ? Compte tenu de votre fonction à la Nécropole, ai-je ouï-dire, j'ignore s'il est malgré tout d'usage de vous désigner par votre noblesse ? » Entre « prêtresse » et « dame », son encéphale vacille. Il saisit simultanément l'opportunité de lui faire montre des informations qu'il a déjà glanées à son sujet, et même, de la notoriété de son patronyme se répercutant jusque dans les murs de Val-Royeaux.

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Jeu 27 Juil - 21:52

La voix chaude et suave comme du miel la glace pourtant jusqu'au os. Il n'est pas seulement magnifique cet elfe, il suinte de charisme jusque dans le souffle qu'il exulte. Jezabel reste silencieuse, observant cet inconnu dans son salon qu'il souille par son horrible perfection, tout son espace vital. Un espace qu'il vient à briser pour venir s'emparer de sa main. La femme se crispe, tendue comme jamais alors que ses yeux se baissent sur sa propre main à la peau rugueuse. Voilà longtemps que ses doigts n'avaient plus la douceur d'une dame de son rang force de passer des journées entières – et parfois même des nuits- à laver des cadavres et les préparer pour les funérailles. Sa tenue d'ailleurs, lui donne l'air d'une souillon plus que d'une noble. C'est avec modestie que l'humaine ploie l'échine, pliant le buste avec respect mais pas sans méfiance. Alors qu'elle lève à nouveau ses yeux vers lui, c'est le souffle chaud qui glisse entre ses lèvres qui fait frissonner la prêtresse avant qu'elle n'arrache sa main à la sienne. Le geste pourrait être mal interprété et pourtant, elle ne cherche pas à le justifier, se contentant de ramener ses deux mains contre sa poitrine, comme si elle avait peur d'être souillé par une quelconque maladie.

« Vous êtes mon invité, Baron... Vous pouvez m'appeler par mon prénom... Jezabel conviendra mais si vous jugez cela trop familier, Dame, fera amplement l'affaire. »

Souffle Jezabel avant de contourner l'elfe, le regard toujours plus fuyant. D'un geste discret et nerveux, la femme frotte le dos de sa main contre le linceul qui la couvre. Le reste est rapide, trahissant une angoisse dont elle n'arrive pas à se défaire malgré toute la bonne volonté dont elle fait preuve pour cela.

« Pardonnez ma tenue... Je ne suis pas décente pour vous recevoir, je... »
Elle glisse vers Iselad un regard en biais, le jaugeant de nouveau alors qu'elle pèse ses mots. « Je travaillais. »

Se justifie Jezabel. Elles n'étaient pas nombreuses les nobles épouses à avoir une activité hors de leur maisonnée. Mais c'était tout elle, incapable de s'en tenir à son rôle de compagne. Être vu et considérer comme la simple femme d'un Pavus ? Hors de question. Lentement elle s'assoit dans le fauteuil le plus proche, celui derrière elle s'était caché pour fuir la présence de l'elfe, en vain.

« Puis-je vous offrir une tasse de thé, Baron ? »

Et sans attendre la réponse, elle se penche, s'emparant de la théière d'un geste tremblant et remplit les deux tasses à leur disposition. Jezabel ne se reconnaît pas dans ce comportement mais quelque chose chez ce mâle elfe la pousse à la méfiance autant qu'il l'écrase par cette présence enivrante.

« Dans ma lettre je vous avais fait part de ma curiosité quant à vos activités comme esclavagiste... Oh bien sûr, je ne juge pas, entendez le bien mais... Qu'en est-il de la qualité de vos esclaves ? »

Jezabel repose doucement la théière avant de prendre sa tasse entre ses doigts. La porcelaine lui semble brûlant entre ses mains bien trop froides. Une froideur qui avait imprégné son corps il y a longtemps et qui accompagnait cette lividité qui faisait la pâleur de son teint. Avec le temps, elle avait fini par ressembler à ces macchabées dont elle s'occupait.

« Si je puis me permettre... C'est assez curieux de voir un elfe asservir... d'autres elfes. » Elle se racle la gorge, les yeux dardés sur sa tasse et non pas sur son interlocuteur. « Qu'est-ce qui vous a poussé dans cette voie ? Ne vous sentez pas obligé à répondre si vous vous sentez insulté par cette question, Baron. Loin de moi l'idée de vous offusquer d'une quelconque façon. »
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Lun 31 Juil - 16:41


Plus claire est la lumière, plus sombre est l'obscuritél'apparat à nos rétines
***

L'hôte est timorée, l'arcane sous laquelle la place la superbe du Baron n'est que trop aveuglante pour ses prunelles accoutumées à la pénombre, au terne de ces quidams enchanteurs qui ne voient que par le sang. A la cime d'une société élitiste, et pourtant, l'apsara d'obsidienne semble ne ressentir que mésaise en présence d'un quidam de son acabit. Curieuse contenance que voici, il s'interroge dans l'ombre de sa caboche et s'avère désappointé de si peu de style, mais peut-il seulement crier haro sur celle qui coudoie davantage de morts que de vivants ? A trop palabrer avec les trépassés, on en occulte qu'on ne l'est pas tant que l'on a pas cessé de respirer. Quelle saugrenue passion pour pareille nymphette, une activité à laquelle il ne pourrait se vouer, trop tributaire et familier à la luminescence du soleil pour se complaire six pied sous terre. Ils auraient tout loisir pour cela le jour où ils rejoindraient leurs ossuaires, en attendant, qu'ils puissent luire de mille feux.
L'épine dorsale convenablement redressée, c'est son chef et uniquement ceci qui fait révérence lorsqu'elle l'informe de la manière de s'adresser à elle. Trop cavalier à son humble opinion de l'apostropher par son prénom sans l'ornementer d'un préfixe quelconque, le décorum est sacro-saint enseignement en territoire orlésien, la moindre fêlure ; et c'est toute une réputation qui s'écroule sur ses fondements. Raison pour laquelle l'on se farde de masques, les affects et petites trahisons sont ainsi mieux camouflés. Inutile de porter pareille fioriture en cet Empire-ci, l'on n'y joue guère le Jeu de la même façon.

« Inutile de vous confondre en excuses, vous êtes ravissante. J'imagine qu'il serait vain d'arborer plus attrayant costume pour tenir compagnie aux morts. » Il la lorgne, enchevêtrant ses phalanges les une aux autres et les faisant reposer le long de son corps. Il ne se meut que lorsqu'elle profère l'invitation et prend place dans le douillet fauteuil situé en face du sien. « Volontiers. » Se contente t-il de miauler, avant de tendre l'oreille à sa tirade. Il relève une nouvelle fois ce qui apparaît manifeste : Jezabel est hyaline, les paroles franches et ne s'enrobant d'aucun artifice. Une expansion qui, derechef, serait erreur dans la Cour de l'Impératrice si chez lui ils avaient été. Iselad incline sensiblement la tête à l'instar d'un animal fureteur, conscient plus que jamais qu'il lui faut adapter ses codes s'il ne veut pas s'y prendre de la mauvaise façon. Son poitrail soubresaute d'un subtil ricanement quand échoue la question sur ses origines en prétendue contradiction avec sa besogne. Non pas sardonique, seulement amusé par l'ironie que tous pointent du doigt et qui délie si bien les langues. C'est bel et bien cette truculence qui conduit les bonnes gens dans sa boutique et ses filets, il constitue une attraction, et il le sait.

« Croyez bien que vous n'êtes que la mille-et-unième à la poser depuis que je me suis lancé dans cette... profession. Peu importe qu'il s'agisse de nuire à d'autres elfes, en être un et côtoyer notoriété et réussite suffit à rendre les plus incrédules dubitatifs. Les individus de haute noblesse se sentent irrésistiblement attirés par ce qui sort de l'ordinaire. » Un rictus enjolive la commissure de ses lèvres, son dire affiche une pléiade d'interprétations, d'autant plus équivoques par le mutisme qu'il laisse planer lors d'un instant. « Parmi les esclaves figurent aussi vos semblables, et nul ne s'étonne de voir un humain en asservir un autre et le vendre au marché noir. Les humains... vous songez à tort qu'avoir des oreilles en pointe signifie que l'on est solidaire à celui qui nous ressemble, sous prétexte que le peuple elfique a tant souffert qu'il ne lui reste plus que la cohésion. Vous vous fourvoyez, aussi bien que les elfes qui pensent ainsi se fourvoient. » Il appuie son échine contre le dossier de son siège. « L'Histoire n'est pas faite pour être immuablement déplorée, il faut en apprendre et avancer – s'adapter. Ce sont ceux qui ont compris cela qui tirent au mieux profit de leur époque, quelle que soit leur condition de départ. Je suis un homme d'affaires, je n'ai cure que des elfes soient les martyrs de ma prospérité, il pourrait être nains ou qunaris, je n'en agirais pas moins comme je le fais. Je suis un elfe pour qui désire me réduire à ceci, pour d'autres, je suis un gentilhomme de la cour d'Orlaïs, un créateur de belles matières, ou un simple père de famille. »

Sa palabre achevée, il la contemple intensément.
« Mon explication vous sied t-elle ? Et puisque nous faisons gage de transparence, à vous de me dire, à présent. Suis-je uniquement ici pour satisfaire votre curiosité ou êtes-vous réellement intéressée par mes produits ? »

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Jeu 3 Aoû - 12:25

Ravissante ? Jezabel se fige d’offuscation face à cette affirmation qu'elle juge aussi mensongère qu’inappropriée. La sinistre femme relève le visage, glissant un regard en biais sur son comparse qu'elle toise avec une froideur non dissimulée, ne cherchant même pas à cacher la rancoeur qu'elle éprouve alors que sa voix s'élève, sifflante comme celle d'un serpent.

« Je connais bien des hommes qui ne seraient pas d'accord avec vos dires, Baron, à commencer par mon mari. Quant aux morts, eux au moins eu la décence de ne pas juger ceux qui leur tiennent compagnie. »

Jezabel ne mâche pas ses mots et sa timidité semble s'être soudainement envolé. Retrouvant cette attitude austère qui la caractérise si bien et fait sa renommée auprès de ses paires, la prêtresse se plonge à nouveau dans le silence alors que ses yeux se baissent, lorgnant le linceul qui la couvre avant que ses pieds nus et sales ne frottent sur le tapis. Pas d'or, pas de pierres précieuses, juste la simplicité et la modestie. Car là était toute la subtilité de son rôle. Se dépouiller de toute richesse pour n'accepter que la vérité et les secrets qui résident dans la mort. On avait rarement vu une Tévintide si riche, se contenter de si peu. Mais tel était Jezabel, qui se fichait éperdument des richesses matérielles, préférant de très loin la richesse spirituelle qui sommeillait en chaque être. Et lui alors ? Ce noblelfe, qu'est-ce qui le caractérisait ? Si beau, si lumineux, un dieu parmi les hommes.

Les individus de haute noblesse se sentent irrésistiblement attirés par ce qui sort de l'ordinaire.

« Je suppose que vous êtes une merveilleuse distraction pour briser la monotonie de leur quotidien. »

Rétorque la femme tout en dardant son regard morne et fatigué sur l'elfe qui a prit place face à elle pour se délecter d'une tasse de thé. Son comportement a radicalement changé, loin des minauderies qui ont précédé cet échange, elle offre à présent une froideur à travers laquelle on distingue aisément comme un petit quelque chose de... boudeur. Vexée par le compliment auquel elle ne croit pas, Jezabel s'est retranché sur elle-même comme un animal qui se sent en danger, néanmoins elle écoute avec beaucoup d'attention. Le visage de la femme se déride à chaque nouvelle phrase de l'elfe qui lui tient compagnie, elle cesse même de boire son thé alors qu'elle le soutient son regard. Au-delà de cet apparat somptueux, elle découvre un esprit puissant, gangrené. Il est merveilleux, au-delà de toute limite. Noyé dans les mots de l'elfe, Jezabel reste sans voix, tasse en main, yeux ronds d'émerveillement, de stupéfaction. Et son regard retrouve cette lueur perdue depuis des lustres, quelque chose en elle se réveille face à l'intensité des paroles et pensées d'Iselad, face à cette noirceur latente. Et il ne se cache même pas de ses méfaits, les revendique même avec une fierté presque malsaine. Perfection a l'état pur. La nécromancienne ne détourne plus le regard, fascinée par l'orgueil de cet elfe qui réclame la transparence à son tour, qui l'incite à dire la raison de cette curiosité. Ses actes ou bien les rumeurs ? Un rictus ourle les lèvres de Jezabel, mère monstresse savoure l'instant.

« Pour être honnête, j'attendais de vous rencontrer pour voir combien vous étiez pitoyable, voir jusqu'où je pourrais vous le faire savoir. Mais je suis surprise, Baron. Extrêmement surprise, dans tous les bons sens du terme. » D'un mouvement lent, elle lève sa tasse, vide son contenu puis se penche doucement pour la reposer. « J'aurais pris tellement de plaisir à vous écraser, j'en avais... tellement l'envie. » L'odieuse femme ne se cache de rien. « Mais à présent, je me dis que vous avez probablement bien des choses à m'apporter. Mais je crains que cela ne soit à sens unique... Vous l'avez remarqué, je ne suis pas comme ses autres femmes qui se complaisent dans la richesse de leur époux, se parent de robes et de bijoux. Ma laideur est... Indéniable. Mais j'aime cette simplicité, Baron... Je n'aie rien à offrir si ce n'est de l'or pour vos services. Vous devez en être bien déçu, n'est-ce pas ? On me trouve fade et je le suis. » Alors que la sinistre femme se lève, le siège grince lorsqu'il se libère de son poids. « Je me fiche de vos atouts, je me fiche de vos richesses, de cette lumière qui émane de tout votre être... » Elle contourne la table basse, ses pieds glissent sur le tapis comme le velours sur du marbre. La voix mielleuse, elle s'approche, tournant autour du siège de son invité, le jaugeant sous toutes les coutures. « Il n'y a qu'une chose qui m'intéresse, Baron... C'est de savoir de quoi vous vous languissez, de quoi vous osez rêver, ce qui vous inspire. » La muse mortifère se penche doucement, approchant ses lèvres pâles de l'oreille de l'elfe, humant le parfum enivrant qui vient piquer ses narines. « Montrez moi qui vous êtes réellement. »
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Lun 7 Aoû - 22:41


Plus claire est la lumière, plus sombre est l'obscuritél'apparat à nos rétines
***

Il prend discrètement note du rictus venu ravauder le minois de la suave succube à son compliment, somme toute trivial et davantage fruit de bienséance qu'autre chose, mais les tévintides sont peut-être cupides en flatteries. Avares d'obséquiosité en compagnie de leurs pairs, caresser la carne pour ensuite mieux la larder une fois l'échine tournée, mais ravaler leurs jolies palabres lorsqu'ils sont face à leurs dames ? Raffinés de leur théologie antédiluvienne, mais rien de plus. Peut-être cette peuplade-ci ne vaut pas mieux que celle des féreldiens, grotesques protagonistes aux rustres manières qui s'embusquent sous une noblesse d'apparence. Il nielle également dans son esprit qu'elle semble nourrir quelque différend que ce soit avec l'olibrius qui partage sa vie – car diantre, l'époux qui suggère la laideur de sa femme plutôt que sa vénusté n'est pas une moitié digne de ce nom. Inaccoutumée à ce que la gente de son genre lui prête l'attention des attrayantes sylphides, s'il ose comprendre, et motif de sa réaction biscornue lorsqu'il a fait mention de son allure.

Puis, litanie étant énoncée, il patiente qu'elle daigne être aussi hyaline qu'il a su l'être. Il décèle séance tenante la nitescence contemplative dans ses mirettes, alouvie de gloriole et de superbe qu'elle apparaît être. Il conclut dès lors que sa marchandise n'est qu'une obscénité à leur promiscuité, et surtout, que leur ergotage s'est assurément trop excentré du sujet initial. S'il n'en fait aucunement montre, il déprécie le vocable qu'elle associe à l'individu qu'elle le pensait être, tristement habitué aux blasphèmes et à les ignorer avec tout autant de maestria. Lorsqu'elle se lève pour mieux louvoyer à l'instar d'une lionne en chasse, il ne s'en inquiète pas, au point tel que ses prunelles demeurent distraitement figées dans le néant. Il écoute la sinistre aubade et sculpte son opinion sur la chose, offrant dignement sa gorge en pâture si le fauve se prend de vouloir y plonger les crocs. Retirer sa corolle d'apparat, le dépiauter pour se renseigner dans ses viscères. A les écouter, ces shemlens, il n'est pas concevable pour un être tel que lui de sustenter de l'ambition, et ce, sans plus de raison qui ne les encourage à en avoir eux-mêmes. Nul n'a jamais lu sa quintessence, et ce n'est certainement pas l'hydre Pavus qui aura cet insigne honneur aujourd'hui.

La musculature lâche dans son fauteuil, il ferme les paupières et fait serpenter son habile paluche jusque dans la nuque de Jezabel, alors toute inclinée sur lui. Les doigts échouent sur la carnation exsangue sans la brusquer, ou la douce étreinte d'un cobra venimeux qu'il n'est pas de bon augure de trop faire danser.
« Un desiderata bien prosaïque si je ne m'abuse, et que vous partagez avec nombre de vos semblables. Je suis las, je dois avouer, de si peu de sagacité. » Il soupire, vraisemblablement désenchanté, et entrouvre les yeux. Il hume l'âcre fragrance de défunt s'étant déposée sur la prêtresse, ses fins naseaux fouillant le crin auburn pour en prendre le pollen. « Ma chère prêtresse. Devrais-je être mort pour vous seoir ? Est-ce ainsi que vous me préféreriez, afin que j'aie la décence de ne pas vous juger ? » Puisqu'elle s'est elle-même damnée dans ses serres, autant qu'elle goûte encore un peu à la cigüe de son verbe. « Votre hideur, bien que ce terme me semble un tantinet hyperbolique, n'est hideur qu'aux prunelles de ceux qui veulent vous voir ainsi. Et me fier aux avis d'autrui, comme je vous l'ai expliqué, est pour moi vain. Laissez-moi vous voir de plus près... » A son tour, il se lève et contourne le fauteuil. Avec l'oeil aiguisé de l'expert, il touche et observe le textile insipide qui l'orne, devine les diverses couches et examine le velouté de l'épiderme, la texture de sa crinière et le blême de ses lèvres. Ses mains s'apposent et prennent la mesure immatérielle de sa taille échancrée, elles remontent pour flirter avec les épaules... et redescendent en même temps que la rotule fléchit. Un genou au sol devant son hôte, il prend connaissance des jambes sans jamais mouvoir le vêtement, ébauche leur forme fuselée d'un simple toucher. « Pensez-vous que robes et parures ne sont faites que pour magnifier ? Je ne créais pas pour vêtir mes clients de cette lumière dont vous parlez, je créais, pour que les gens se sentent être eux, dans leur tissu. Et vous, ma dame, croyez-moi, ne ferez rien d'une tenue versicolore comme on a marotte à en porter en Orlaïs. » Les pattes glissent jusqu'aux chevilles, tandis qu'il lui adresse une oeillade depuis plus bas. « Il vous faut avant tout quelque chose de convenablement taillé, à la fois confortable et aéré, sombre pour mieux épouser l'obscurité qui vous est intrinsèque, puisque vous semblez adorer l'entretenir... et adorer que les gens l'entretiennent pour vous. » Il se redresse et happe ses rétines des siennes. « Vivante qui se complaît parmi les morts... ou déjà morte qui exècre sa place parmi les vivants ? »

La commissure de ses lippes mutines se ravine en un demi-sourire, puis il musarde de plusieurs foulées dans la pièce.
« Qui sommes nous, le savons nous nous-mêmes. Voilà un sujet sur lequel je me pencherai lors de mes nuits sans sommeil. » Il semble balayer cela d'un geste. « Et évitez d'aller fureter sous ma cataracte lactescente je vous prie, je n'apprécie la magie que lorsque je m'en tiens à bonne distance et j'aimerais que nul ne vienne flâner dans ma tête sans mon consentement. Ceci étant dit, Dame Jezabel, et si vous y êtes disposée, parlons affaires. Votre or est le bienvenue dans l'équation, si vous craignez que cela soit insuffisant, nous pouvons toujours nous accorder. Ma notoriété professionnelle repose sur les susurres de mes clients qui en attirent de nouveaux, et je suis persuadé que la maison Pavus a moult relations. »

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Mar 8 Aoû - 19:56

Le noblelfe n'est pas ravi des mots qui lui sont susurrés et durant un instant, Jezabel se questionne. Est-ce le fait qu'elle cherche à en savoir plus sur lui qui le dérange ? Qui la ramène au même niveau que tous ces nobles d'Orlaïs qui se complaisent dans cette aura de froide pureté ? Ce n'est pas de cela dont elle a envie, c'est... Plus. Aura-t-elle seulement les mots pour exprimer cela ? Probablement jamais et déjà la nécromancienne se contente du silence. Inutile d'avoir à envenimer les choses encore plus. Il serait dommage, après tout, d'avoir à passer à côté d'une affaire prometteuse. Les bons esclavagistes se faisaient rare.

 Ma chère prêtresse. Devrais-je être mort pour vous seoir ? Est-ce ainsi que vous me préféreriez, afin que j'aie la décence de ne pas vous juger ?

Jezabel fronce les sourcils, effectuant un léger mouvement de recul sous la surprise face au parole de l'elfe qui se lève à son tour. L'épouse Pavus lève le nez, suivant du regard son comparse alors qu'elle susurre, mielleuse et méfiante à la fois.

« La mort ? Non, je me contenterais de vous gratifier de mon ignorance, cher Baron. »


Si lui occupe à nouveau l'espace, Jezabel quant à elle est figé, immobile, atrocement tendue face à cet échange qu'elle ressent comme oppressant. Comme si elle n'avait déjà pas assez à faire avec son mari et son paternel, tous deux insupportable au possible. Pourtant Iselad attire bien vite la curiosité de son hôte quand il dément à nouveau la soi-disant laideur dont elle se croit affublée mais pire encore quand il réclame à la voir de plus près. Jezabel se tend avec force, acculé entre l'elfe et le siège qu'il occupait quelques instants avant.

« Je vous demande pardon ? Mais... baron, que faites-vous... ?! »

Geint-elle, la voix plus aiguë que jamais alors que ses mains baladeuses prennent les mesures du corps gracile et sagement caché sous les haillons modestes de la nécropole. Jezabel se tortille, cherchant à se défaire de ce rapprochement aussi surprenant qu'indésirable. Alors quand le Noblelfe ploie devant elle, c'est avec un regard rond comme des billes qu'elle le fixe, horrifié de le voir lui, s'agenouiller devant elle pour tâter ses jambes puis ses chevilles nues.

« Baron ! Je vous en prie, cessez cela ! »

S'exclame Jezabel en se dandinant, cherchant à reculer comme si le siège qui soutient sa croupe pouvait la protéger d'une quelconque menace. Quelle indécence tout de même ! N'avait-on pas idée de se permettre pareille gestuelle, même sans arrière-pensées ? Jezabel s'empourpre, plus mal à l'aise que jamais. Pourtant malgré ses jérémiades, elle n'en écoute pas moins les paroles de son comparse. Paroles sensées. Elle frémit la Pavus, c'est comme si cet homme lisait en elle. Dérangeant. Malsain. Quelque chose chez lui, lui fait froid dans le dos.

Il vous faut avant tout quelque chose de convenablement taillé, à la fois confortable et aéré, sombre pour mieux épouser l'obscurité qui vous est intrinsèque, puisque vous semblez adorer l'entretenir... et adorer que les gens l'entretiennent pour vous.

« Il est vrai que j'aime la noirceur, mais... »

 Vivante qui se complaît parmi les morts... ou déjà morte qui exècre sa place parmi les vivants ?

Jezabel blêmit avec une violence rare alors qu'elle soutient le regard d'Iselad qui s'est finalement redressé devant elle, la dépassant d'une tête et sans doute même deux. Elle semble minuscule l'Altus, là dans ses modestes apparats qui lui donne l'air d'une mendiante dépouillée de toute richesse.  Ses mots sont comme un coup de poignard qui martyrise son fragile palpitant. Chaque regard échangé est comme un millier d'épine dans son âme.

« Est-ce si évident que cela ? »

Lentement et surtout à bout de forces, Jezabel détourne le regard pour venir poser son séant sur le siège que son invité avait occupé. Le dos voûté, rien dans son attitude ne lui donne l'air d'une précieuse Dame de la grande et fière Minrathie.

« La magie ? Mais Baron, pourquoi imaginer que j'aurais fouillé vos pensées de la sorte ? Je sais que je peux être cruelle et sans scrupules mais... » Jezabel lève vers lui un regard contrit. « Je n'imaginais rien de plus que deux personnes civilisées faisant connaissance. »

La femme secoue la tête doucement, baissant à nouveau le regard. Le souffle court, la prêtresse évite soigneusement le regard perçant de la créature qui se tient à ses côtés et qui réclame enfin à parler affaires. Jezabel glisse vers lui un regard en biais, finissant par répondre simplement bien que le ton exprimant un élan curieusement défensif.

« Je parlerais volontiers de vos talents autour de moi, si je juge que vous méritez cela. De quelles affaires parlons-nous, Baron ? Je vos esclaves ou bien de vos talents cachés de tisserand ? »
Elle inspire longuement, tentant de calmer les battements effrénés de son cœur. « J'ai besoin d'esclaves mais je refuse la manœuvre de seconde main... Je les veux forts et en bonne santé pour entretenir la maison et surtout tenir face à la perfidie de mon époux. Nero a... » Raclement de gorge. « La main lourde, lorsqu'il s'agit de punir les domestiques. » Silence puis elle reprend, moins à l'aise encore. « Cependant... je dois admettre que... Vous avez attiré ma curiosité par vos paroles. J'ai toujours voulu faire bonne figure quant à mon rang, mon rôle et... briller aux yeux de mon mari... Mais je serais bien tenté de me faire plaisir, pour changer. »

Jezabel n'en reste pas moins crispée, cherchant à capter le regard de son invité, se demandant s'il est judicieux de le laisser juger de ce qu'elle est. Pire, de ce qu'elle mérite. Si tant est qu'Iselad soit disposé à s’octroyer ce droit.

« Pensez-vous réellement pouvoir faire quelque chose pour moi ? Que je puisse me plaire à nouveau ? Je vous en serais... Infiniment reconnaissante, Baron, cela va s'en dire.»
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Dim 27 Aoû - 16:27


Plus claire est la lumière, plus sombre est l'obscuritél'apparat à nos rétines
***

La poupée est prise dans ses subjuguants filets, autrement, ne se serait-elle point offusquée de tant de privauté ? Captive de son magnétisme, à jauger la lumière depuis son coin d'ombre d'un air pusillanime. Il ne sait encore de quelle victoire il peut jouir en l'ayant ainsi sous son joug insidieux, ni même s'il est déjà tant de la savourer. Au pire, un digne pécule à amasser en lui cédant ses miséreux enchaînés, au mieux, une influence à entretenir, un pion, contingent, à manipuler avec toute la subtilité de l'univers. Pour cela, son verbiage n'est pas tant une ondée de coutelas dans sa chair que de curatives caresses, ne tient qu'à elle de choisir la plus adéquate allégorie. Lui a l'échine droite, molletonné dans une ataraxie ostentatoire dont il fait son socle et sa tiare. Sa genèse est faite de ce dessein, séduire et ergoter, plutôt qu'à racler la fange d'un Bascloître qui n'en demeure pas moins son berceau. Depuis toujours, d'en bas ou d'en haut, il observe cette noblesse galvaudée et chamarrée, sûr au moins qu'elle se ressemble peu importe la nation que les élève. Est-ce si évident que cela ? La véracité est diaphane à ses yeux sibyllins, au moins autant que les affres qui font se voûter le râble de la prêtresse et taricheute de Minrathie.

Le faciès du Noblefle, masque de porcelaine agglutiné à son âme, pivote d'un quart comme pour tendre physiquement son oreille acuminée. L'usage de magie sur son encéphale n'a même jamais été hypothèse, semble t-il, mais mieux vaut hisser prudence avant d'en subir les fâcheuses conséquences. Quidam de contrées australes, malgré tout, et peu enclin à placer un iota de foi en quelque pouvoir inhumain que ce soit. Peu importe que le don soit offrande de leur sacro-saint Créateur et qu'il puisse enfanter de miracles, il donne un peu trop prédominance congénitale à ceux qui en sont gratifiés.
Vient ensuite le ton des affaires, les détails qu'il recueille et lancent tout de go sa réflexion sur les sujets qui correspondraient. Des infortunés robustes et surtout résignés, serviles et dociles tout en étant aptes à la dure besogne. Plus charpentés que ceux que l'on réclame pour les sacrifices de sang. Une grappe de visages point dans son esprit, qu'il se garde pour l'heure de suggérer puisque des carcans l'on en revient au textile. Cette fois, Iselad tourne son entier regard en direction de son hôte, à la fois songeur et tranquille.
« Vous les désirez de prime fraîcheur, je comprends. Ceux-là sont rares chez les dignitaires, on les préserve généralement pour les contre-maîtres qui ont besoin de travailleurs dans leurs mines, dans leurs carrières... J'en ai quelques-uns qui vous conviendraient, mais je vais également en informer mes associés et voir ce qu'ils ont à me proposer. » Il exécute une discrète révérence comme pour énoncer le crépuscule de cette conversation-ci. « Je reviendrai vous rendre visite dans les jours prochains et vous présenterai lesdits individus, si cela vous convient. »

Une accalmie dans ses paroles, le sylphe contemple la percée qu'il a lui-même créée chez la créature manifestement vulnérable. L'estime de soi est tout, fait tout, astre brûlant permettant de mettre fin à la solitude et à la faiblesse. Etre couronné d'un titre, à en observer Jezabel, et d'un patronyme, constitue une richesse imparfaite, et diablement insuffisante si l'on ignore quoi en faire. Alors il avance et se positionne auprès d'elle, pour mieux lui tendre une main bienveillante.
« S'il-vous-plaît. » Qu'il fait requête, patientant jusqu'à ce qu'elle daigne la lui empoigner. Il la conduit doucement devant une grande psyché qui fait ornementation dans la pièce, puis, il retire sa longue veste, qu'il dépose avec délicatesse sur les épaules de la nymphe qu'il habille. L'obscur s'évanouit sous l'étoffe irisé, avalant les ténèbres comme si elles n'avaient jamais eu leur place sur sa carcasse. « Veuillez garder votre calme, pour commencer. Inspirer, expirer. » Il reproduit lui-même les gestes évoqués pour faire montre de l'exemple. « Et détendez-moi ces épaules et ces trapèzes. » Ses pouces tracent chacun un arc de cercle sur les muscles nommés, les encourageant ainsi à être plus lâches. « Soulagez vos cervicales, relevez la tête. » Là encore la pulpe digitale flatte et appuie dans la nuque, effleure les maxillaires pour que le chef soit redressé. « Bien. A présent, ressentez cet habit. Sa texture, sa souplesse et son brodé. Sa teinte et ses reflets de lumière sur votre figure. Prenez le temps de vous contempler. » Il s'éloigne de deux coudées, lentement, et pour la première fois discret. La laisse faire connaissance avec le tissu et toutes ses propriétés, même, la fragrance de l'esthète déposée entre les mailles. Un instant hors du monde et des dimensions, jusqu'à ce que son clairon hyalin reprenne. « La mort est un vêtement que nous porterons tous un jour. En attendant, c'est un éventail de possibilités qui vous est offert pour exprimer votre corps, et bien plus avec lui. Si vous ignorez ce qui vous siérait ou n'osez l'imaginer, je peux vous conduire à le découvrir – et à vous redécouvrir par la même opportunité. Souvenez-vous toutefois que vous êtes seule à savoir, et que si je me fais fort de suggestions, ce sera à vous de me guider. »

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