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Lun 28 Aoû - 0:06


 BRANWEN CADELL & Baldric Steadfast

L’enfance a le mérite sublime
de rester seulement curieuse de la vie


 

 Le jour se faisait nuit. La nuit se faisait jours. Et ce cycle infini de simplicité imprégnait le temps d'une lenteur qui ne pouvait qu'impatienter ses ardeurs de l'enfance. Branwen comptait les jours comme autant de pétales qu'elle aurait égrené par amour. Mais rien n'y faisait. Le soleil n'osait accélérer ses ascensions et la lune poursuivre de fulgurance sa course. Seul s'enhardissait le flot de ses pensées. La magie élémentaire ne parvenait à la retenir. Les pages se tournait, sans absorber suffisamment son attention. Elles n'étaient que mélange de mots et de connaissances trop savamment rédigé pour l'apaiser. Aucune n'avait la douceur profonde des siens. Alors elle caressait de ses doigts, le velin fin de cette lettre emprunte de l'intimité qui était leurs. Murmurant ses mots qu'elle imaginait prononcer. Leur chaleur n'avait pas besoin de son pour chasser sa solitude profonde. Leur simplicité pas besoin de geste pour exprimer l'authenticité. Elle sentait dans le traçage empressé des caractères, la sincérité de son attachement pour elle. Si le destin ne les avait fait fraternels par le sang, leur cœur en avaient-ils impérieusement décidé autrement.

A la naissance de ses pouvoirs, 8 ans auparavant, Branwen avait découvert que la culpabilité pouvait aussi naître des farces injustes du destin. La volonté ne lui avait jamais manqué, pas plus que la foi en la justice ou la vocation. Elle s'entraînait avec ardeur. Étudiait avec sérieux. Priait avec ferveur. Depuis sa plus tendre enfance, elle ne rêvait que de rejoindre le bras armée de la Chantrie, pour honorer autant les convictions que l'engagement de ses ancêtres. Joindre son épée à celle des templiers qui l'avait précédé. Sa ferveur juvénile alimentait l'orgueil familial. Elle était une fierté pour les Cadells. Le sujet de conversation inlassablement répété. La source de nouvelle conjoncture sur un destin dont on ne pouvait douter de l'héroïsme à venir. Mais un accident avait eu lieu. La bibliothèque s'était alors enflammé durant ses rêvasseries guerrière d'enfant. Avec toute la fougue de la jeunesse, sa magie s'était exprimé, laissant son enfance désarçonné. Quel n'avait été la surprise parentale en sentant trembler l'immatériel au sein même de leur demeure. Sa nature de mage avait chassé irrémédiablement ses désirs vers le champ de l'inaccessible. Sa longue ligné d'aïeuls semblait avoir oublié de prendre avec elle, le corbeau qu'elle était.

L'enfant autrefois prodigue devenait la source même d'un profond déshoneur. Elle s'était sentit coupable d'ainsi détériorer son nom. Plus ce sentiment gagnait en force, plus sa colère croissait devant l'injustice, alimentant inlassablement le feu sauvage qui habitait son sang. Écartelé entre sa peine et ses rêves, elle était incapable de réprimer un pouvoir qui ne demandait qu'à s'exprimer. Bien au contraire. Elle avait besoin d'aide. Elle n'était qu'une enfant qui devait contenir entre ses doigts quelques choses de trop grand, de trop imposant, pour y parvenir seul. Mais plus sa perte de contrôle devenait évidence et plus  s'éloignait d'elle les siens. La rupture avait été aussi douloureuse qu'inévitable, pour qui connaissait l'étroitesse d'esprit des Cadells concernant la magie. C'est alors qu'elle avait rencontré Baldric...

L’enfance a le mérite sublime de rester seulement curieuse de la vie. D'être la guide passionnée des grandes épopées d'affection aveugle mais sincère. Elle tisse de liens fort et loyaux, les âmes entre elle. Redessine ce que le destin n'a su offrir. Fait frère et sœurs, ce qui n'y était destiné. Les tabous ne peuvent exister dans son monde de simplicité. Leur nature injuste les chasses irrémédiablement d'un univers qui ne peut les comprendre. Qu'elle soit mage. Qu'il soit templier. Leur nature et fonction, ont l'imperceptibilité de l’intangible. De l'impalpable. Car dans leur yeux ne se reflète que la sincérité d'un âme, dénué de tout apparat. Branwen ne voyait que Baldric. Baldric ne voyait que Branwen. Et c'était là toute la magie de leur enfance. Toute sa force. D'innocence elle protège et armes contre l’âpreté adulte. Elle avait ainsi préservé Branwen d'un acte irrémédiable.

Depuis l'aube elle guettait son retour. Son agitation d'âme trouvait alors peu à peu un écho dans celle progressive du domaine. A l'ombre apaisante de l'Aulne, elle observait le fourmillement progressive de saisonniers, dont pudiquement les visage se détournait de sa mémoire, pour que se redessine celui du frère aimé. La chaleur de l'été s'effaçait doucement pour la fraîcheur automnale qui accompagnerait les vendanges. Les Cadells se préparait à cueillir leur raisin qui l'année durant serait brassé en vin. Mais ce bruissement incessant de vie et de paroles, ne pouvait lui faire oublier la candeur de sentiments qu'avait fait naître sa promesse. Baldric revenait. Baldric lui revenait. La joie intense qui en découlait avait l'ivresse mielleuse des vins d'ici.

Abandonnant ses livres et ses sorts, Branwen s'aventura bientôt à la bordure du domaine. Elle voulait être la première à le voir, la première à saisir un sourrir, la première à l'accueillir. Créateur, que les mois avait été long à le lui ramener.

C'est alors que dans le lointain, se dessina la silhouette solitaire d'un cavalier.

L’enfance a le mérite sublime de rester seulement curieuse de la vie [PV. Baldric Steadfast] 384fdb10

 
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Dim 3 Sep - 22:56

Branwen
&
BALDRIC
L’ENFANCE A LE MÉRITE SUBLIME DE RESTER SEULEMENT CURIEUSE DE LA VIE
Jamais Bonheur et Malaise ne se confondaient avec autant d’acuité que lorsqu’il se présentait humblement à la porte des Cadell. Une grande famille, dont le nom forçait le respect. Baldric leur donnait le sien sans s’obliger, et avec lui son admiration. Il n’avait pas terminé sa première semaine de formation qu’on lui contait déjà les services et exploits des membres de cette lignée, chacun de ses descendants surpassant l’autre en dévouement, abnégation et bravoure. Ces récits captivaient le jeune templier qu’il était, avide d’y trouver à son tour le courage d’accomplir son devoir – où d’aucun l’appellerait sa destinée. Baldric appréhendait cette dernière modestement. Il se réjouirait d’apporter un soupçon d’honneur à son nom sali, mais il n’osait pas en espérer davantage : il n’était pas indifférent aux soucis de sa maison, mais les Steadfast appartenaient à son passé.

Ce qui le préoccupait aujourd’hui, c’était d’accomplir son devoir et la volonté du Créateur : protéger la population. Protéger les mages d’eux-mêmes, et de la fureur des ignorants chantant le cantique sans le comprendre. La complexité de sa mission l’effrayait certains jours, et c’était d’autant plus vrai lorsqu’il n’avait été qu’un bambin de 15 ans empoignant pour la première fois son épée : gauchement. Vast, son templier instructeur, avait été des plus indulgents à son égard. Sachant qu’il avait devant lui un jeune homme trop vieux pour commencer une instruction complète au maniement du fer, et en même temps trop jeune pour saisir l’entièreté du poids de l’Ordre, il y était allé progressivement, avec une patience dont Baldric lui serait à jamais reconnaissant.

C’était pour cela, à l’origine, qu’il avait chevauché jusqu’à la demeure des Cadell. Passé de recrue à templier à part entière, il était logique de vouloir saluer et remercier son mentor. Or, celui-ci avait quitté le quartier des templiers pour servir, disait-on, la noble maison d’illustres serviteurs de la Chantrie. Autant dire que Baldric, bien que débordant d’impatience, s’était trouvé dans ses petits souliers la première fois qu’il avait franchi le seuil de la maison. L’excellent accueil qu’on lui avait réservé et les félicitations bourrues de Vast n’étaient pourtant pas ce qui l’avait le plus marqué. En revanche, il se souvenait avec clarté du petit minois timide de la fille Cadell : Branwen. Un bout de femme charmant, qui était la véritable raison de la présence de Vast. La jeune fille était une mage.

Il revint plusieurs fois : pour les récits des Cadell, pour l’amitié de Vast, mais aussi et surtout pour la compagnie de Branwen. Il éprouvait une affection sincère pour elle, et débordait d’empathie à son égard – attitude qui lui vaudrait les pires remontrances de la part de ses frères templiers les plus autoritaires. Car, voyez-vous, la jeune Branwen était dans la plus extraordinaire des familles, mais celle-ci n’était pas faite pour l’accueillir. Que vient faire une mage parmi les rois templiers ? Il ne pouvait qu’imaginer la détresse des parents quand leur fille chérie avait manifesté son lien particulier avec l’Immatériel. Quant à Branwen, il ressentait sa panique, et l’impression d’avoir failli comme si c’était la sienne. Comment leur en vouloir, aux uns comme aux autres ?

Les Cercles ne manquaient pas de défauts, mais ils avaient le mérite d’apporter une solution à ce type de situation. Branwen aurait pu rejoindre un lieu de savoirs et de protection, développer ses pouvoirs en toute sérénité. Ses parents, déchargés de l’inquiétude quotidienne d’héberger un pouvoir qu’ils avaient passé leur existence entière à contrôler, pourraient lui rendre visite à l’occasion, et continuer à chérir leur fille. Elle monterait les échelons, contribuerait à la société, vivrait, épanouie, en accord avec la Chantrie et ses enseignements. Tout cela ne pouvait avoir lieu dans cette parodie de liberté, où l’on cloître la fille avec un gardien, en priant chaque jour qu’un démon ne l’enlève pas. Malheureux pour elle, Baldric saisissait la moindre occasion – ou la créait – pour vanter les mérites de Branwen aux Cadell. Ses tentatives, des plus subtiles aux plus grossières, lui valaient quelques sourires polis, et parfois même de l’attendrissement : Vous êtes trop bon, ser. Rien de ce qu’il pouvait dire ne remonter l’estime qu’ils avaient pour elle. En revanche, leur affection pour lui semblait croître avec les années. Cela ne manquait pas de le gêner. Qui était-il pour rejeter la bienveillance des Cadell ? Jusqu’à quel point pouvait-il la recevoir sans verser dans l’hypocrisie crasse quand il passait du temps avec Branwen ? Tout cela était complexe, et douloureux, et pas du tout ce qu’il désirait.

Cela dit, peu en chaut au Créateur ce qu’il désirait.

Sinon, il ne le pousserait pas à visiter Branwen. Sinon, il n’aurait pas fait d’Hélène une mage le jour où il s’était engagé auprès de l’Ordre. Le Créateur agissait de façon mystérieuse, il ne lui restait plus qu’à avancer en conséquence.

Le cœur un peu lourd, il chevauchait de nouveau jusqu’aux Cadell, jusqu’à Branwen, avec l’espoir fou et désespéré qu’elle lui annoncerait que sa magie avait disparu d’elle-même. Hérésie. Cela réglerait tellement de choses, mais cela serait-il pour autant souhaitable ? Pour Branwen comme pour Hélène, peu à peu la magie s’était installée dans leur vie. Elle faisait partie d’elle désormais, l’arracher reviendrait à les défaire d’une parcelle de leur être. Il songeait avec tristesse quand ses yeux embrassèrent l’horizon, et qu’il aperçut la silhouette fine de la jeune fille. Lâchant sa bride d’une main, il la salua au loin. Il écrivait toujours à Vast et aux Cadell pour annoncer sa visite, mais c’était bien elle qui recevait le plus de missives. Il n’était pas grand écrivain, ni beau parleur, ni même conteur, mais il se plaisait à lui raconter ses journées, à lui demander les siennes. C’était un moyen de garder pied dans un monde qui ne tournait plus rond. C’était sa manière de lui tenir compagnie.

Au petit trot il arriva à ses côtés et arrêta sa jument à la robe d’ébène. Une belle et vigoureuse bête qu’il adorait, il était bon cavalier principalement parce qu’il se liait avec sa monture. Sautant à terre, il plongea la main dans sa sacoche et offrit une pomme à l’animal qui la croqua goulument. À longues foulées, il rejoignit ensuite Branwen en écartant ses bras, un large sourire lui barrant le visage – ceux-là viendraient bien vite à se raréfier.

« Branwen, c’est bon de te voir. » Elle était dans un bel âge, et embellissait semaine après semaine. « Tu as encore grandi, n’est-ce pas ? » Elle avait beau avoir seulement trois ans de moins que lui, qui vivait sa vingt-et-unième année, il lui semblait qu’elle changeait encore. Adultes faits, leur vie respective les forgeait. Il gagnait en muscles et tonicité quand la magie, et peut-être une forme de sagesse, faisait perdre à Branwen les rondeurs d’un visage d’enfant.

« Tu m’as manqué, petit oiseau. » Il lui proposa son bras, afin de la conduire chez elle. « J’ai l’impression que cela fait des mois, combien de temps depuis la dernière fois ? »
CODAGE PAR AMIANTE
AVATAR PAR faust
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