Keep your friends close and your enemies closer | ft. Draco

Le jeune homme doit avouer réellement apprécier l’intérêt que semble porter Draco aux spécialités orlésiennes dont il parle. Evidemment, Eliott ne peut s’empêcher de laisser un sourire amusé fleurir sur ses lèvres : s’il savait... Oh, en fait, il saurait bien assez tôt : car à présent, le plus jeune voulait voir quelle serait la réaction de son aîné face aux pâtisseries. S’il se tenait assez sur ses gardes lorsqu’il était aux côtés de son si « proche ami », il lui arrivait d’apprécier quelques instants parfois passé en sa compagnie, comme s’ils parvenaient à arracher ou voler parfois un peu de sincérité, par-ci, par-là. Eliott ne savait pas réellement s’il pouvait lui faire confiance, même en ce moment, mais le sujet était assez léger pour qu’il puisse se passer de se poser la question. Il aimerait pouvoir rester froid, détaché, insaisissable. Dans l’hyprocrisie sans aucune pause. Etait-ce sa jeunesse qui l’en empêchait, parfois, ou juste son humanité ? « Ah ! Alors, je ferai au plus vite pour satisfaire ta curiosité, n’ai crainte. » Un grand sourire coupe son visage en deux, pour une fois brillant de sincérité, simplement heureux de pouvoir exercer ses talents en pâtisseries... Surtout pour celles-là en particulier.

Un léger rire agite Eliott lorsque le Pentaghast rétorque à sa taquinerie. Le Barde s’installe face à Draco, croisant ses doigts sous son menton pour l’observer manger, détailler ses traits et, surtout, attendre une réponse. Maintenant qu’il s’est en parti livré, il s’attend à ce que son ami en face de même : ce qui ne tarde pas à venir, bien que l’ancien Templier affamé prenne d’abord le temps de manger. Avec un tel appétit qu’Eliott aurait presque pu regretter de ne pas avoir plus de preuve de sa culpabilité : il aurait aisément pu l’empoisonner et feindre une intoxication alimentaire. Mais il laisse tous ces plans diaboliques de côté pour se concentrer sur le sourire qui apparaît sur le visage de Draco, et pouffer à sa remarque : « Evidemment que je t’espionne. Je ne peux plus me passer de toi, je souffre dès que tu n’es pas dans les parages, si tu savais comme c’est pénible... Et tu oses revenir blessé, en plus ! » Le ton est volontairement dramatique et exagéré, même si – pour le coup – ce n’est pas totalement. Ni totalement faux. Disons plutôt qu’Eliott n’a, cette fois, pas réellement fait exprès d’espionner son aîné... Certain ragot n’ont pas besoin d’un espion pour être colporté et entendu.

Néanmoins, pour cette fois, le Barde doit se mordre la joue pour conserver un sourire attendrit. Réellement, Draco ? Cette expression aurait pu sembler adorable à tout le monde – Eliott lui-même avait dû l’arborer de nombreuses fois au cours de ces dernières semaines – mais il ne parvenait pas à y croire. L’éclat qui passa un instant dans son regard aurait pu ressembler en tous points à de la jalousie et, pour reprendre contenance, Eliott s’étira en regardant ailleurs, laissant ses pensées dériver vers son amant ; il y avait là une source inépuisable d’apaisement. « Eh bien, il en a, de la chance... » le ton est volontairement traînant, bas, comme s’il se parlait à lui-même, mais assez fort pour que Draco l’entende. Puis, à nouveau, il croise les bras sur la table : « Ne te dévalorise pas comme ça, Draco. » Eliott hésite un instant. Il devrait certainement le conforter dans l’idée que Gwenaël ne voudrait pas de lui, mais il passerait pour un bien piètre ami si tel était le cas – ou un bien mauvais espion et hypocrite : « Peut-être a-t-il beaucoup de personnes autour de lui, mais ça ne veut rien dire. Leur valeur est certainement égal à la tienne, et tes sacrifices aussi grand. Tu m’avoues toi-même connaître notre cher Inquisiteur dans le privé, qu’il est un homme différend : n’est-ce pas déjà un grand pas ? » Eliott hésite un instant, mais finit par rajouter : « Tu es bel homme, Draco. Intelligent, perspicace, intéressant... » pour une fois, il ne mentait pas, pas tout à fait du moins. « Et s’il n’est pas insensible à ton charme, et toi au sien, pourquoi hésiter ? »

Le jeune Barde finit par sauter sur ses pieds, et fit le tour de la table pour récupérer la vaisselle sale de Draco, déposant au passage un baiser sur sa tempe. Il lui ordonna ensuite de filer, de se reposer ou de faire ce qu’il avait à faire, car il ne le voulait pas en cuisine pendant qu’il préparerait sa « spécialité tant attendue ». Il voulait garder la surprise intacte.


L’après-midi touche à sa fin, et la soirée est même bien avancée, lorsqu’Eliott avance d’un bon pas dans les couloirs, sifflotant un petit air de chez lui. Il a l’air bien heureux, peu importe ce qu’il vient de faire, ou s’apprête à faire. La pensée de révéler enfin aux yeux de sa némésis les pâtisseries faites avec amour le met en joie, il doit avouer. Il a hâte de voir l’effet que cette découverte aura sur lui : un bon dessert Orlésien, comme il aime à le dire, provoque toujours des réactions particulièrement délicieuses sur ceux qui le découvre. Le jeune homme toque à la porte de la chambre de Draco, avant d’ouvrir. « J’espère que tu n’es pas nu, parce que j’entre ! » lance-t-il avec un sourire en coin.

Déposant son plateau recouvert d’un drap sur la table, Eliott fait d’abord mine de s’inquiéter pour Draco, s’approchant de lui pour jeter un coup d’œil à son épaule, vérifiant qu’elle ne se soit pas remise à saigner. « J’espère ne pas t’avoir trop fait attendre. En tous cas, je trouve que ce que je t’apporte est une sorte de merveilleuse prolongation de notre échange de ce matin... » Avec un sourire en coin, Eliott sautille presque jusqu’à son œuvre, assez fier de son petit effet. Comment l’ancien Templier pourrait imaginer une seule seconde que sous le tissus se cache de gros choux à la crème... D’une forme toute particulière. « Et voilà les petites gâteries ! » lance-t-il d’un ton équivoque et volontairement ambiguë, dévoilant enfin la fameuse spécialité. « C’est le charme Orlésien, que veux-tu. » conclu-t-il avec un clin d’œil.

Eliott rit légèrement lorsque Draco lui répondit qu’heureusement, il n’était pas nu, et se retint de dire que ce n’était certainement rien qu’il n’ait pas déjà vue – en particulier avec ce qu’il lui apportait. Mais pour garder la surprise jusqu’au bout, et peut-être l’illusion d’une innocence qu’il avait pourtant bel et bien perdue, il se contenta de poser sur lui un regard rieur. Encore une fois aujourd’hui, il se retrouve dans la chambre de l’ex-Templier, torse-nu. Cela l’amuserait presque, s’il ne se réjouissait pas de l’impatience du bougre détendu sur le lit. « Tu as bien fait de prendre ce temps-là pour toi, et pour te reposer. On ne te le dira jamais assez, mais tu as besoin de te ménager. » Et puis, les moments où Draco dormaient étaient autant de moments de tranquillités et de sérénité. Pas besoin de surveiller ses arrières ou – pour certaines personnes comme l’espion – de craindre que l’ex-Templier ne profite de ce qu’il pourrait entendre pour servir le camp adverse. On n’est jamais trop prudent, surtout dans son métier...

Pourtant, même s’il pourrait le faire languir encore un peu plus et s’en délecter, Eliott retire enfin le linge qui cachait les pâtisseries : et il ne fut pas déçu par la réaction de son aîné, loin de là, et se joignit bien rapidement à son rire, laissant son camarade attraper l’une de ses pâtisseries pour l’observer sous toutes ses coutures. « Magnifique ? Merci. Il faut dire que j'avais un bon modèle... » avoue-t-il en pouffant légèrement, laissant le Pentaghast goûter et déguster le dessert. Eliott en profite pour s’asseoir, posant sans gêne ses fesses sur le bureau, l’observant faire. Cuisiner lui avait coupé l’appétit pour l’heure, mais peut-être se laisserait il tenter un peu plus tard... Qui sait ? En tous cas, le jeune brun note que Draco n’a pas hésité à mordre dedans. Loin d’avoir quelques pensé lubrique, c’est plutôt avec un certain amusement qu’il remarque qu’il aurait tout aussi bien pu empoisonner les pâtisseries, cette fois, l’ex-Templier ne semblait s’être douté de rien.

Il ne laisse cependant rien voir du fil de ses pensées, répondant rapidement et avec un air taquin : « En effet, les chefs dévoilent rarement leurs secrets, mais... Si tu es sage et si tu te montres méritant, je pourrais peut-être t’apprendre... » Un clin d’œil vient ponctuer sa phrase, tandis qu’il se laisse finalement tenter par l’une des pâtisseries. La gourmandise pouvait être un vilain défaut mais, parfois, elle ne faisait pas de mal. « Tu vas vraiment en apporter à l’Inquisiteur ? Je ne voudrais pas me faire ficher, tu comprends. Cela ne ferait que renforcer cette image des jeunes et de leurs hormones... » Ce qui, il devait avouer, ne serait pas forcément faux le concernant – mais il préférait éviter soigneusement ce sujet. « Et je ne voudrais pas non plus que tu l’effraies à cause de moi. Je ne sais pas si tout le monde est prédisposé à voir ce genre de chose sans qu’il n’y ai le moindre sous-entendus derrière... » Et le voilà faisant encore semblant de se soucier de la relation que pouvait et pourrait entretenir Draco avec Gwenaël. Mais il fallait bien continuer à préserver les apparences, quand bien même il préfèrerait de loin qu’ils ne se passent rien entre les deux... Pas parce qu’il était jaloux d’une manière quelconque : mais parce qu’il avait peur que cette histoire se termine en bain de sang.