AU DÉTOUR D'UN ORAGE (RHEA)

au détour d'un orage

Melisende & Rhea

« So similar but so different. »

L'air n'a jamais été aussi pur depuis que la jeune rouquine s'est échappée du Cercle et de ses geôliers. Elle est bien mieux lotie à Kirkwall, même si à ses yeux, les deux ne sont pas comparables... Ce lieu est un espoir de liberté pour les siens. Personne n'est là pour épier leurs moindre faits et gestes, les empêchant de se déplacer comme bon leur semble. Si elle le souhaitait, elle pourrait très bien partir pour ne jamais revenir. Elle n'est pas enchaînée à cette ville qu'on nomme pourtant la cité des chaînes. Elle pourrait, mais pour l'heure, elle trouve sa place ici. Dans un coin de son esprit, elle garde Tévinter qui lui fait toujours autant de l’œil. Plus qu'une citée, un empire entier de liberté pour les mages qui dirigent même la totalité de celui-ci... C'est très alléchant, peu importe les tas de rumeurs circulant sur les Tévintides. Après tout, n'est-ce pas parfois pire en ce qui concerne les mages ?

Perdue dans ses pensées alors qu'elle vadrouille justement hors de Kirkwall, dans les Marches Libres, elle ne relâche pas sa garde pour autant mais ne remarque pas le temps qui décline progressivement. Son nez est plus tourné vers les paysages qui se dessinent devant elle que vers le ciel. Melisende observe aussi beaucoup où elle marche, la zone étant pleine de roches et chemins escarpés avec des graviers. Elle remarque également que beaucoup de cavernes s'y trouvent, probablement des nid à créatures ou brigands... Mais ce qui signifie une grande quantité de cachettes diverses. Elle note, cela pourra toujours lui servir ; même plus tôt qu'elle ne le pense.

Lorsque des gouttes commencent à tomber, elle lève enfin la tête, et c'est mauvais. Peu à peu ces dernières s'intensifient puis c'est le gros déluge. Chouette, un orage. Prise par surprise, elle s’engouffre dans la première grotte à sa portée avant d'être plus trempée qu'elle ne l'est déjà, inspectant immédiatement l'intérieur... Ou plutôt ce qu'elle est en mesure d'apercevoir, en raison du noir presque complet qui s'étend plus en avant. Très rassurant, n'est-ce pas ? Quelques secondes, même minutes, elle reste immobile afin de pouvoir entendre tout bruit suspect. Rien à proximité, mais elle ne préfère pas s'aventurer plus loin car visiblement, elle n'est pas la seule à être déjà passée par là ; comme en témoigne les restes d'un feu de camp. La jeune femme s'approche de celui-ci et en profite pour rallumer les braises avec sa magie, faisant d'une pierre deux coups en s'assurant une meilleure visibilité et en se réchauffant. C'est peu de temps après qu'un bruit sourd l'alerte - il semble provenir de l'entrée de la caverne. « Qui est là ?! » Elle se lève presque d'un bond, son bâton posé juste à côté d'elle mais à portée de main si besoin.

(c) DΛNDELION

Au détour d'un orage

Melisende & Rhea

In the winter it was so so cold, The fish all died, the fall of crows, There was nothing left for the crows to do but wait, And they said... They said being here is better than wishing we'd stayed! Yes being here is seeming to be the way...

Rhea Pavus était loin de chez elle.

Elle crapahutait dans les sentiers montagneux qui parcouraient les Marches Libres - une nouvelle étape sur le long chemin vers la cité d'Osterburg. Elle ne se sentait pas au mieux. Son cœur battait fortement dans sa poitrine, et sa respiration se faisait de plus en plus saccadée à chaque pas... Malgré l'amélioration de son état de santé, la jeune femme était peu habituée à ce genre d'activité physique. Même ses pieds la faisaient souffrir. Pourtant, quelque chose, peut-être la fierté, peut-être le sens du devoir, lui interdisait de prendre une pause.

Elle se sentait sale. Sale, à cause du bateau d'esclavagiste à bord duquel elle avait du discrètement quitter Qarinus, comme une dernière insulte de son pays natal. Sale, en repensant à tous les gens qu'elle laissait derrière elle, les esclaves de sa mère morts sans qu'elle ai pu les aider, et qui auraient mérité mieux. Sale, au final, du simple fait d’être née Pavus... Mais malgré toutes ces pensées négatives, une chose lui permettait de continuer d’avancer de ce pas décidé : la certitude d’être sur le bon chemin. Oh, elle avait beaucoup erré, ces dernières années – et encore plus depuis les nuits de métamorphose qu’elle avait traversées. Elle avait changé d’avis de nombreuses fois. Quitter Tevinter pour égoïstement trouver sa propre paix n’importe où ailleurs à Thédas ? Rejoindre ses ennemis sur leur propre terrain et se joignant au magister Argento et en tentant de changer les choses comme cela ? Au final, aucune de ces solutions n’était réellement satisfaisante. Mais sa rencontre avec le templier Seneca lui avait montré une nouvelle option…

Elle ignorait ce qui l’attendait réellement. A 17 ans, elle était incapable de se battre, ne croyait même plus en ce Créateur que vénéraient les templiers qu’elle rejoignait, et n’avait rien d’autre à offrir que l’argent sanglant hérité de sa famille. Mais elle avançait… Advienne que pourra.

Et il se mit à pleuvoir. Quelques gouttes, d’abord, d’une fraîcheur inhabituelle pour la jeune femme peu habituée aux orages intenses que pouvaient connaître les Marches Libres. Elle rejeta la tête en arrière, savourant dans un premier temps la violence des gouttes tombant sur son visage. Que cette pluie la --, qu’elle noie l’ancienne Rhea pour n’en laisser qu’une nouvelle, plus forte et plus pure ! Elle avait décidé de quitter Tevinter – sa ville, ses habitudes, tout ce qu’elle avait jamais connu. Et peut-être que cette pluie symbolisait cela.

Mais l’averse se fit plus intense. Et dans un éclair de conscience, la jeune femme prit soudain conscience de la dangerosité de sa situation. Le tonnerre grondait à présent, et elle n’était aucunement proche de sa destination ; elle était seule, mal entraînée, et elle . Elle reprit ses esprits et redressa son capuchon sur sa tête, même si ses cheveux étaient d’ors et déjà trempés. Clignant des yeux comme pour y voir plus clair, elle se mit à marcher, et puis courir, le long de son chemin. Depuis son départ du port, elle avait croisé de nombreuses petites grottes naturelles tout le long de son chemin… Faute de mieux, elle pouvait toujours tenter d’y trouver refuge.

-"Qui est là ?” répondit-elle en écho. La voix venait de l’intérieur de la grotte, au fond de laquelle elle remarquait à présent une lueur, et une silhouette. Une personne… Une seule ? Elle ne voyait, n’entendait personne d’autre, mais il était difficile d’en être certain… Il faisait plutôt sombre. “J’ai été surprise par la pluie.” Un puissant frisson la parcourut, l’eau dégoulinant de ses cheveux et de ses vêtements formant déjà une petite flaque sous ses pieds. "Je veux juste m’installer ici le temps que l’orage cesse."

Une ouverture à la discussion, oui. Rhea ignorait ce que Felix Seneca aurait fait à sa place, mais elle savait qu’elle-même ne pouvait se permettre de chercher des ennuis avec quiconque se trouvait au fond de cette grotte. Et quel choix avait-elle ? Tourner les talons et retourner dans la tempête ? Si ses oreilles ne l’avait pas trompée, la personne qui lui faisait face était une femme – une jeune femme. C’était déjà quelque peu rassurant. Peut-être pourraient-elles cohabiter, le temps que les nuages ne passent.

▬ Gasmask