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Jeu 20 Juil - 16:32

Un pas après l’autre. Un pied devant l’autre. Trouver la force pour continuer à avancer, garder un rythme régulier, ne jamais s’arrêter. C’était une créature fantomatique, opalescente et presque décharnée qui cheminait sur la route pavée venant à Minrathie. Pâle figure à la main squelettique nouée autour d’un bâton tout aussi blafard dont le coup sec sur le sol donnait le ton de la marche. Le visage perdu sous une ample capuche d’un tissu à présent poussiéreux, sale, élimé, Valeria plaçait un pied après l’autre sur la route qu’elle s’était tracée, ignorant la fatigue qui lui tirait les muscles, la faim qui commençait à lui tenailler le ventre, la douleur contractée dans la plante des pieds par cette marche sans fin. La soirée tombait sur la capitale de l’empire tévintide de laquelle la jeune femme n’était plus loin et qu’elle pouvait observer de son regard glacé et perdu. Les murailles grandissaient à mesure qu’elle approchait, et les tours se découpaient dans le ciel avant de s’y perdre dans la noirceur céleste annonçant l’orage. Au loin, la fureur divine grondait, les nuages noirs s’illuminant parfois d’éclats lumineux.

La pluie s’abattit sans pitié sur la terre. Drue, glaciale, penchée par le vent mordant qui fouettait la voyageuse. Bientôt, Valeria ne fut plus qu’une loque trempée, sa cape alourdie par l’eau qui s’était infiltrée dans le tissu. Sa peau diaphane n’était plus qu’un mince voile translucide sur sa carcasse aux muscles secs qui peinaient à recouvrir son squelette qui lui donnait un aspect si anguleux. De ses longs doigts faméliques, nus, enroulés farouchement autour de son bâton qui l’aidait à ne pas glisser sur la route détrempée, dégoulinait la pluie qui courait ensuite le long de ses bras, malgré ses vêtements serrés sur sa peau. Voilà une chose bien pathétique qui entrait dans l’enceinte de Minrathie. Dix-sept ans s’étaient écoulés depuis qu’elle avait quitté la cité qui l’avait vue naitre, et la jeune femme ne ressentit absolument rien. Rien d’autre que l’angoisse de ne pas trouver la demeure qu’elle se faisait force de chercher, eut-elle à y arriver à genoux.

Enfin, elle parvint devant la maison des Pavus. C’était sur la route, en cherchant à obtenir des informations sur les dernières années passées à Tévinter, qu’elle avait appris que Jezabel, sa sœur ainée, avait épousé le fils Pavus. La jeune femme était d’ailleurs assez curieuse de savoir comment celle-ci avait réussi à obtenir un tel mariage, avait-elle convaincu leur père ? Dans ses souvenirs de petite fille, Valeria entendait déjà le monstre géniteur tempêter à qui voulait l’entendre que personne n’était digne de se lier à la maison Thorn. S’il avait pu, il aurait fait reproduire ses filles avec des fils Thorn, tant il avait été obsédé par la pureté de sa lignée. Valeria s’immobilisa un instant devant la large porte d’entrée qui lui parut si austère, si peu avenante. Et si Jezabel était devenue exactement ce que leur père avait voulu qu’elle soit ? A peine sa sœur la verrait-elle, elle la honte de la famille, l’exilée dont personne n’avait plus dû parler depuis si longtemps, qu’elle la renverrait tout aussi sèchement hors de Tévinter. Ou pire. La jeune femme inspira calmement, chassant ces doutes et retrouvant son inflexible volonté. Elles étaient sœurs ; enfants, elles se soutenaient et s’aimaient à défaut d’avoir des parents qui le faisaient.

Elle frappa plusieurs coups secs et brefs à la porte et rapidement, celle-ci s’entrouvrit sur un elfe. Un esclave, qui la regarda d’un œil morne et sans doutes un peu méfiant. Rien d’étonnant à cela, quand on voyait la tenue de la magicienne. Valeria ramena son bâton contre elle et redressa le menton, toisant le servant d’un œil hautain pour annoncer sa requête : « Je souhaite voir Jezabel Pavus. Dis-lui… qu’un fantôme disparu l’attend ici. » Malgré la fatigue qui transpirait dans sa voix, le ton inflexible qu’elle avait emprunté claqua dans l’air aussi sûrement qu’un fouet, contribuant sans doutes à empêcher toute question de la part de l’esclave, avec qui, à l’évidence, Valeria n’avait absolument pas envie de discuter. Il ne lui fit toutefois pas l’honneur ni la politesse de la laisser entrer et la porte se referma devant son nez. Un éclat agacé passa dans le regard de la jeune femme, qui prit son mal en patience, jusqu’au moment où l’entrée se rouvrit, sur une femme qui, elle n’en douta pas un instant dès le moment où elle croisa son regard, devait être Jezabel. Pendant plusieurs secondes, la déchue la contempla sans rien dire, avant de finalement porter ses mains vers son capuchon pour le repousser en arrière et révéler son visage blafard cintré de sa chevelure tout aussi pâle.
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Sam 22 Juil - 13:54

Assise au bord du lit, la sombre femme fixe sans ciller le visage poupin de son fils sagement endormit? C'est force de patience et de douceur  qu'elle avait fini par lui faire oublier l'orage en dehors. Un rôle fait sur mesure pour cette créature mortifère qui vivait dans la nuit incessante qui entourait son âme. Quant au père du petit, absent, comme toujours. Nero aimait son fils mais lorsqu'il était nécessaire qu'il soit là, étrangement, ce n'était jamais le cas. Oh Jezabel ne se voilait pas la face, si l'époux n'était pas dans leur couche à une heure si tardive, c'est qu'il avait trouvé une autre paire de cuisses où se nicher. Cette simple idée lui arrache un frisson de dégoût alors que la prêtresse se penche doucement au-dessus de son enfant, posant tendrement ses lèvres sur son front.

_ Ma dame... 

La voix suave mais base de l'esclave résonne dans son dos. Il est dans l'ouverture de la porte, a mit-chemin entre la chambre et le couloir. Il n'entre pas, il sait qu'il n'en a pas le droit. Aucun de ces créatures de basse -naissance ne doit fouler la chambre de son fils sauf en cas de nécessité. Alors il se tient là, main croisée devant le buste avant de souffler à nouveau.

_ Une... Jeune femme demande à vous voir. 
« A cette heure? Qui donc? »
_ Elle dit être... euh... Un fantôme disparu. 

Le silence retombe et l'esclave file aussi vite qu'il est apparu. Perplexe, la tévintide fronce les sourcils avant d'observer à nouveau son enfant qui soupir d'aise, là dans son petit lit princier puis elle se lève, ajustant les voiles de sa longue et sombre chemise de nuit. Sa tenue n'est pas faite pour recevoir des visiteurs mais c'est bien là, la dernière chose qui lui importe. Qui se targue d'être un fantôme, réclame d'être accueilli ici, si tard et quand Nero n'est pas là? L'agacement et l'anxiété commencent à tirailler la femme qui dévale les escaliers d'un pas rapide, ses pieds nus glissant sur le marbre du grand hall alors que son impressionnante chevelure ondule à chacun de ses pas hâtif. Lorsque enfin la grande porte est à portée de main, Jezabel l'ouvre rapidement avant de se figer. Devant elle sait une femme immaculée, tout l'inverse de son propre esthétisme. Cheveux pâles, oeil clair, teint de porcelaine- sans doute la seule chose qu'elles ont en commun- le tout moulé dans des vêtements détrempés par la pluie. Et comme les choses n'étaient pas déjà assez difficiles comme ça, l'orage qui gronde et les éclairs qui zèbrent le ciel ajouté à ces retrouvailles, une touche particulièrement dramatique.

« Val...? »

Jezabel prend appuyé sur la porte alors qu'elle sent ses jambes trembler. Le choc subit est incroyable. La dernière fois qu'elle avait vu le visage de sa cadette, c'était il y a presque vingt ans. Vingt ans où elle avait cru la jeune fille morte ua milieu d'on-ne sait où. Jezabel s'écarte doucement, invitant sa sœur à entrer puis claque la porte à sa suite.

« Viens. »

Pas un bonjour, pas un mot gentil, pas même une étreinte. La froideur de la prêtresse est étonnante alors qu'elle tourne déjà les talons, marchant vivement jusqu'au petit salon le plus proche. La pièce est plongée dans la pénombre, tout juste éclairé par les braises dans la cheminée.

« Sarël! »

Gronde Jezabel sans doucement avant qu'un elfe n'accourt et ne s'incline près de sa maîtresse qui déjà, jette une bûche dans l'âtre, ravivant ses flammes et déployant sa chaleur.

« Du thé, des tapisseries... Réveille Enawë et dit-lui de préparer un bain chaud ainsi qu'une chambre d'amis. Que ma sœur ne manque de rien, suis-je clair? »

L'elfe hoche la tête et disparaît à nouveau, filant aussi vite que possible. Jezabel se laisse soudainement choir – bien qu'avec une élégance digne de son rang- et pose ses yeux sombres sur la silhouette trempée et frigorifiée de sa jeune sœur avant que sa voix ne se brise.

« Je te croyais morte. Que fais-tu là? Si père apprend que tu es de retour à Minrathie, il te fera tuer, Valeria. »
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Sam 22 Juil - 17:07

C’était en silence que Valeria dévisageait sa sœur qui venait d’ouvrir la porte, aussi immobile qu’une statue gelée, les doigts si serrés sur son bâton que ses jointures prenaient une teinte bleutée. Incapable d’esquisser le moindre mouvement, la jeune femme luttait en même temps de toutes ses forces contre les élancements du froid qui tendaient à faire trembler ses muscles. La respiration coupée, ses grands yeux bleus croisèrent les billes sombres de Jezabel qui fut quelque peu trahie par son émotion et, lorsqu’elle s’écarta pour l’inviter à entrer, une première vague de soulagement monta en Valeria, sentant son cœur repartir à toute vitesse. Ses paupières se fermèrent un court instant, avant qu’elle ne pose le pied à l’intérieur de la demeure. La douce chaleur enveloppa d’abord son visage dont la peau devait être glacée et la mage sentit le sang affluer vers ses joues à mesure qu’elles se coloraient d’une très légère teinte rosée.

On l’avait peut-être invitée à entrer, ce qui était déjà une sorte de miracle en soi et qui équivalait à tous les trésors de ce monde au vu du temps extérieur, mais rien ne permettait de savoir si Valeria serait la bienvenue ou non. L’accueil froid que Jezabel lui offrit n’était sans doutes pas de bon augure. Mais comment pouvait-elle seulement lui reprocher la surprise qu’elle devait probablement ressentir, et qui l’empêchait peut-être d’exprimer la moindre émotion ? Elle-même ne parvenait à saisir ce qu’elle ressentait à cet instant. Le soulagement d’être enfin arrivé à la destination qu’elle s’était fixée, certes. Elle était heureuse malgré tout, de revoir Jezabel, une figure qu’elle avait longtemps cru ne jamais plus revoir. Toutefois, les années qui les avaient séparées lui donnaient l’impression qu’elles étaient à présent comme deux étrangères qui n’avaient plus rien en commun, que le sang qu’elles partageaient. Un sentiment étrange à porter et qui faisait aussi monter en elle une acide pointe de doute.

Arrivant dans un petit salon après avoir suivi les pas de sa sœur, Valeria ne put s’empêcher de se poster devant les flammes ravivées. Elle dégrafa sa cape et la suspendit à un crochet qui sortait sur le côté de la cheminée, avant de se frotter doucement les mains face à la chaleur rougeoyante de l’âtre. Les ordres que Jezabel lança à l’elfe provoqua une seconde vague de soulagement chez la jeune femme. « Merci. », souffla-t-elle d’une voix faible, sans être certaine que son ainée l’avait entendue. Restant ainsi, face aux flammes qui peu à peu, réchauffaient son pauvre corps, Valeria finit par tourner la tête vers sa sœur. Elle avait lourdement raison… Restait cependant à savoir si Jezabel serait capable de précipiter la funeste fin de Valeria ou non. « Il aurait mieux fait d’en avoir le courage il y a dix-sept ans, Jezabel. Et s’il sera capable d’en faire preuve cette fois-ci, alors soit… Mieux vaut la mort à l’humiliation du Cercle et des Templiers. » Sa voix avait emprunté un ton dur lorsqu’elle avait parlé de leur père. Toutes ces années loin de chez elle avaient contribué à nourrir une haine sourde, grondante et capable de la faire tenir même dans les pires moments.
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Sam 22 Juil - 19:57

« Ne me remercie pas, tu es ma sœur, c'est normal. »

Et pourtant, les deux jeunes femmes s'en tenaient à la plus parfaite des politesses. Aucune tendresse à travers les gestes, les mots ou les regards. Deux inconnus, presque. Sagement installée dans son fauteuil, Jezabel observe ce fantôme surgit de son passé, regarde sa sœur avec méfiance et perplexité. Ce qui le choc en cet instant, c'est cette chevelure argentée trempée par la pluie. Comment? Pourquoi? La magie sans doute, elle savait mieux que personne à quel point cela pouvait altérer, pas seulement l'esprit, mais aussi le corps. Alors quand la belle Valeria parle de la faiblesse de leur père, Jezabel lâche un long soupir, ajustant son assise.

« Ne crois cela, père ne s'est pas assagi avec les années... C'est même de pire en pire, il est au bord du gouffre et cela le rend plus infâme chaque jour. »

Alors que l'elfe fait son entrée, déposant un plateau d'argent et des pâtisseries gourmandes, Jezabel le chasse d'un geste de la main sans même lui accorder le moindre regard. Elle se penche, saisissant la théière et déverse dans les tasses le liquide fumant à la douceur odeur florale.

« Les choses ont beaucoup changé depuis ton départ Valeria... J'ai tellement à te dire. Plus tôt sera le mieux, tu vas devoir te préparer maintenant que tu es de retour. »

Elle pousse la tasse vers sa sœur avant de prendre la sienne, s'enfonçant de nouveau dans son siège tout en soufflant sur la boisson chaude. Son regard sombre à la douce couleur verdâtre se darde à nouveau sur l'immaculée exilée.

« Par où commencer... Notre mère est morte. Père n'a plus jamais été le même après sa mort et j'ai fini par me dire qu'il devait l'aimer plus que de raison, aussi dur est son cœur... Notre sœur s'est marié aussi, malheureusement les choses ont mal tourné pour elle. Sa matrice ne semble pas vouloir fonctionner correctement... trois grossesses, trois fausses couches. Elle n s'en est jamais remis et père n'a rien trouvé de mieux que de lui faire vivre un calvaire pour la punir de son infertilité. Je tâche de lui rendre visite quand je le peux mais... Je crains que son chagrin ne la pousse plus loin dans la solitude quand notre père ne cherche pas à repousser quiconque tente de s'approcher d'elle. »

Souffle tristement Jezabel en secouant la tête. Finalement, elle était celle qui s'en sortait le mieux dans ce trio et en avait parfaitement conscience. La femme porte à ses lèvres sa tasse de thé pour en boire une longue gorgée avant de continuer son récit.

« Quant à moi, j'ai déçu notre père dès l'instant où j'ai décidé de ne pas être seulement une pondeuse. Tu sais comment je suis Val, je n'ai jamais supporté de rester à ne rien, c'est presque maladif chez moi... Mais j'ai trouvé ma voie et après de longues années d'acharnement et de dur labeur, j'ai fini par devenir la haute prêtresse de la nécropole. » soupir. « J'en ai toujours été très fière mais... La vie est une chienne, disons-le clairement. Je suis bloqué dans un mariage qui me ronge jusqu'au sang mais par chance... j'ai mon fils. » Sourire timide, elle relève le regard vers sa sœur. « Il s'appelle Aedan et... » Son faciès s'obscurcit. « Père fait tout ce qu'il peut pour se l'approprie... Toi tu as été bannis, notre sœur est stérile mais moi j'ai réussi à avoir un mâle... Je te laisse imaginer ce qui se passe dans la tête de notre... géniteur. »

Siffle durement le mage avant de reposer sa tasse doucement et de se lever de son assise. Elle fait quelques pas, se postant devant l'âtre et observe les flammes a en son cœur.

« Mais assez parler de moi... Où étais-tu tout ce temps, Valeria? Nous t'avons imaginé morte si souvent que nous avons finis par nous convaincre que tu l'étais. » Triste sourire. « Mais tu es une Thorn, je suppose qu'il faut plus qu'un bannissement pour venir à bout de toi, mauvaise herbe. »
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Dim 23 Juil - 0:32

Se retournant vers Jezabel, la jeune tévintide laissait la chaleur l’envelopper d’un doux sentiment de protection, une chose qu’elle n’avait pas ressenti depuis longtemps. Le rayonnement des flammes commença à sécher ses vêtements tandis qu’elle écoutait la description de leur père à l’état actuel. Sans broncher, Valeria encaissa les nouvelles une à une, s’emparant seulement avec délicatesse de la tasse de thé brûlant qui lui était destinée avant de se trouver un tabouret sur lequel s’installer pour rester près de l’âtre. Ainsi assise si proche du sol, les genoux repliés contre sa poitrine et sa tasse posée sur ceux-ci, la mage prit la mort de sa mère avec un détachement étonnant. Ses souvenirs d’elles étaient si flous, à l’image de la personnalité de celle-ci, qui n’avait pas bronché d’un cil pour empêcher son époux d’éloigner son dernier enfant. Un comportement et une indifférence apparente que Valeria n’avait jamais réussi à pardonner. A vrai dire, elle n’avait jamais rien pu pardonner à ses parents, malgré toutes ces années, bien au contraire, l’image qu’elle avait gardée d’eux s’était déformée en pire.

« Comment est-ce arrivé ? », demanda-t-elle avec un certain détachement d’où pointait cependant une lueur de curiosité. De quoi avait donc péri leur mère ? D’un abus de magie ou bien s’était-elle finalement transformée en pierre, chose qu’elle avait toujours été malgré tout ? Un éclat de tristesse brilla toutefois dans son regard clair à l’évocation de son autre sœur. Elle aussi semblait avoir rejoint le banc des hontes de la famille… Pauvre créature. Ne valait-elle donc pas mieux qu’un vulgaire ventre à pondre sur pattes, aux yeux de leur géniteur ? A l’évidence non, et si Valeria s’en serait doutée, la vérité était toujours difficile à accepter. Leur famille était une véritable tragédie. A moins que ce ne fut une farce mais de très mauvais goût. Le nez dans sa tasse, la jeune femme releva un regard à la fois surpris, curieux et empreint d’une certaine admiration lorsque Jezabel lui annonça qu’elle était devenue la grande prêtresse de la nécropole. Un rôle qui nécessitait bien des compétences… Valeria n’était pas dégoûtée par les magies sombres qu’on utilisait et dont on abusait en Tévinter. Elle avait juste choisi une voie différente, pour se détacher de cette famille qui n’avait plus voulu d’elle.

A l’évocation du fils de Jezabel, la jeune femme sentit un début de sourire étirer ses lèvres et apaiser ses traits tirés. Au moins une bonne chose dans l’existence de sa sœur… une bonne chose qui allait se transformer en cauchemar, songea-t-elle avec amertume. Oh oui, leur père ne verrait en cet enfant que le moyen de transmettre toute la noirceur de son nom et de son âme. S’il en avait véritablement une. « Contente d’apprendre l’existence d’un neveu. J’espère qu’Aedan parvient à éclairer tes journées, à défaut du reste… Je… » Elle se tut, sirota une gorgée de thé et fronça légèrement les sourcils. « Ton époux ne laisserait tout de même pas une telle chose arriver… ? » Quoique sa sœur n’avait pas l’air terriblement enchantée de son mariage, elle l’avait fait entendre elle-même. Les filles Thorn étaient-elles donc à ce point condamnées par on ne savait quel mauvais sort ? Son regard de glace se perdit au fond de son thé, alors que malgré la fatigue, son dos restait droit, presque figé. Ses épaules cependant, se voutèrent quelques peu alors que c’était à son tour de raconter ce qui lui était arrivé pendant toutes ces années. Un récit qu’elle n’aurait jamais cru faire un jour, à sa sœur en tout cas.

« Oh, un peu partout, et un peu nulle part. », commença Valeria en caressant sa tasse du bout des doigts. « La mauvaise herbe a bien failli se faire arracher à plusieurs reprises. », ajouta-t-elle avec une moue plutôt amusée, qui fondit toutefois dès qu’elle commença véritablement son récit. « J’ai eu la chance de me faire tirer d’un mauvais pas par un mage orlésien alors que je souhaitais me rendre au Cercle d’Orlaïs. A l’époque, c’étaient des lieux ouverts que l’on pouvait quitter comme on voulait… nourris, logés, blanchis, il n’y avait pas mieux pour une gamine de même pas quinze ans. Ce mage m’y a accompagnée et m’a prise sous son aile. J’ai alors passé des années à étudier, à explorer la magie et le reste du monde. Parfois, lors de mes voyages, je rendais service aux gens qui le demandaient. Mais ça ne suffisait pas pour que je puisse me trouver une véritable place. » Un silence, le temps de se désaltérer à nouveau. Puis, après un soupir las, Valeria termina d’un haussement d’épaules : « Mais il a fallu que les Cercles redeviennent des prisons chez ces barbares du sud, et que tous les mages libres soient à nouveau considérés comme des cibles à abattre. Je n’ai jamais imaginé mon existence derrière des barreaux, en étant mise plus bas que terre par des templiers. Alors j’ai fui. J’ai marché, vers la seule destination qui pouvait encore éventuellement m’accueillir. » Et la voilà, à présent.
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Mar 25 Juil - 12:25

Comment est-ce arrivé ?

Debout devant l'âtre, Jezabel garde le silence durant un instant. Elle n'aimait pas parler de leur mère, de sa faiblesse et la dernière chose qu'elle voulait évoquer c'était la mort lente qui l'avait fauché. L'épouse Pavus soupir longuement avant de pivoter doucement sur elle-même, dardant son regard sombre sur sa sœur et murmure.

« La maladie, le chagrin. Peu de temps après ton bannissement mère a commencé à se renfermer sur elle-même. Mais les choses ont réellement pris de l'ampleur quand notre sœur a perdu son premier enfant. Que dire de plus? Aussi sèche mère était-elle, elle n'en restait pas moins... Notre mère. Je peux que la comprendre, je vis chaque jour avec cette peur dévorante à l'idée qu'il puisse arriver quelque chose à Aedan... » Soupir lasse. « Tu n'as pas idée... Combien c'est difficile de vivre avec ce genre de peur. »

Jezabel se détourne du feu pour revenir poser son séant sur son siège. Elle semble avoir pris dix années d'un coup tant le poids du fardeau maternel pèse lourd sur ses épaules. Pourtant la Tévintide n'en démord pas, continue d'avancer tant bien que mal, faisant barrage pour protéger sa descendance. Mais plus seulement, car maintenant Valeria aura elle aussi besoin de protection. Un long soupir harassé passe les lèvres de la femme qui remplit à nouveau sa tasse de thé avant de la ramener contre sa poitrine, la serrant fermement entre ses doigts glacés.

Contente d’apprendre l’existence d’un neveu. J’espère qu’Aedan parvient à éclairer tes journées, à défaut du reste… Je…   Ton époux ne laisserait tout de même pas une telle chose arriver… ?

« Nero? Non évidemment, la seule chose dont il ses soucis à part sa petite personne c'est son fils. Mais il n'est qu'un père, il n'a pas porté cet enfant dans son ventre et il ne pourra jamais comprendre l'intensité de mon lien avec Aedan. Il veut protéger son fils mais il ne le fait pas de la bonne manière. Et le pire dans tout cela, c'est qu'il est mon seul allié alors je me retrouve forcé de le protéger lui aussi contre les attentions malveillantes de notre géniteur. »

Alors que Jezabel retrouve le silence, regard perdu sur sa tasse de thé fumante, elle écoute le récit de sa cadette. Longue vie sur les routes, dans un cercle où elle avait trouvé refuge avant de fuir lorsque cette maison protectrice devint une prison. Une vraie battante. La nécromancienne souffle doucement, portant sa tasse de thé à ses lèvres pour en boire une longue gorgée puis susurre.

« Tu prends tout de même un très gros risque en prenant refuge ici, Valeria. Et t'accepter dans ma maison et dans ma vie, c'est me mettre en danger, c'est mettre en danger mon fils. »

Claque-t-elle, la voix doucereuse mais piquée de froideur. Jezabel lève les yeux vers sa cadette, l'observant un instant avant de poser à nouveau sa tasse pour reprendre la parole.

« Tu es ma sœur, c'est pourquoi je ne te mettrais pas à la rue et je ferais ce qu'il faut pour te protéger au mieux. Mais n'espère pas rester ici sans une contrepartie Valeria. Tu devras y mettre du tien... Plusieurs choix s'offre à toi, tu peux venir avec moi à la nécropole pour travailler, tu m'assisteras dans mes tâches. Ou bien tu peux travailler ici, dans la maison, tu te chargeras de la surveillance des domestiques et tu les aideras dans leurs tâches quotidiennes, tu seras aussi chargé de surveiller Aedan lorsque nous sommes absents. » Raclement de gorge. « Ou alors... Tu peux demander à Nero qu'il te confie un travail mais je te le déconseille vivement. Ce porc serait bien capable de te demander d'écarter les cuisses en échange de sa soi-disant protection. Et cela, il en est hors de question. »
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Dim 6 Aoû - 20:15

A mesure des paroles prononcées par sa sœur, Valeria reprenait la mesure de cette ombre gigantesque qui recouvrait Jezabel de cette influence paternelle si étouffante, si dangereuse, si mortelle. Ses soucis quotidiens provoqués par sa fuite et éviter à tout prix de devenir une prisonnière d’un système antique que ces rustres imbéciles du Sud avaient décidé de rouvrir lui avaient fait quelque peu oublier l’horrible personnage qui était leur géniteur, bien qu’elle craignit encore sa réaction s’il apprenait son retour ici, en Tévinter. Pouvait-elle seulement faire confiance aux gens de cette maisonnée pour garder le secret de sa présence ? Le père Thorn oserait-il une approche frontale en apprenant le retour de l’exilée ? Un masque de dureté figea ses traits déjà peu avenants et Valeria hocha doucement la tête, ressentant toute l’empathie du monde pour sa sœur, son sang, sa seule vraie famille. « J’en suis désolée, Jezabel. Ce n’était pas dans mon intention de te causer le moindre tort et je comprendrais tout à fait que tu préfères que je ne reste pas. »

Mais elle fut agréablement surprise que son ainée ne lui demande pas de partir sitôt sa robe séchée. Valeria haussa un sourcil, intriguée mais surtout reconnaissante. Elle ne comptait pas refuser la contrepartie, loin de là, ses voyages l’avaient forcée à devoir abandonner le confort douillet et fainéant des nobles. « Je ne suis pas venue en territoire dangereux dans l’optique de me prélasser. », la rassura-t-elle avec un sourire épuisé. « J’ignore si j’ai les capacités pour officier à la nécropole, et sans doutes cela serait-il un lieu aussi sûr que dangereux pour une exilée… Mais je suis tout à fait disposée à t’aider à la maison, si cela te décharge d’un poids, c’est le mieux à faire. Je souhaiterais juste avoir un peu de temps en dehors pour continuer à étudier plus avant, peut-être même, pourquoi pas, enseigner la magie si l’on m’accepte ? » Elle ne précisa pas ce qu’elle souhaitait étudier si activement, mais cela ne serait sans doutes pas difficile à deviner : un moyen de faire chuter leur père. Ses yeux s’arrondirent à l’évocation très peu avenante du mari de Jezabel. « Oh, c’est… charmant. Merci de m’avoir prévenue, au moins, je saurai à quoi m’en tenir. »

Valeria sembla hésiter un instant, son visage si pâle figé dans une sculpture de réflexion. Pouvait-elle déjà parler librement de cette nécessité, à ses yeux, de se débarasser une bonne fois pour toute de leur père ? De les décharger à jamais de ce poids oppressant qui finirait sans doutes par les détruire toutes les trois si elles ne faisaient rien ? Même si Jezabel était sa sœur et qu’elle l’accueillait avec une apparente bienveillance – pour une Thorn – la jeune femme ne savait pas tout, loin de là et elle n’était pas dupe non plus. Cependant, elle finit par prononcer lentement, après avoir terminé sa tasse de thé : « Je trouverai un moyen de me protéger pour ne pas dépendre uniquement de toi. Et surtout, je ferai en sorte de t’aider à veiller sur la sécurité d’Aedan, peu importent les moyens. » Un jour, leur père devrait payer pour ce qu’il avait infligé à ses filles. Valeria se l’était promis.
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Mar 8 Aoû - 16:15

J’en suis désolée, Jezabel. Ce n’était pas dans mon intention de te causer le moindre tort et je comprendrais tout à fait que tu préfères que je ne reste pas.

Jezabel se fige face à l'expression de sa jeune sœur et la soumission dont elle fait preuve. La voilà qui cherche le réconfort et la protection de sa seule famille et que fait Jezabel ? Elle lui donne l'amère sensation d'être de trop. L'épouse Pavus soupir longuement, se rapprochant de Valeria avant de prendre place à ses côtés, passant un bras autour de ses frêles épaules.

« Pardon Valeria, je n'aurais pas dû dire cela... Je ne veux pas que tu te sentes de trop, tu es ma sœur et je t'aimerais toujours, qu'il arrive. Je n'ai pas pu te protéger à l'époque mais ce n'est plus le cas à présent. Je suis juste très anxieuse, notre est excessivement ingénieux quand il s'agit de faire le mal autour de lui... »

Un triste sourire vient ourler les lèvres de la sombre Pavus qui caresse tendrement les cheveux de sa cadette, soutenant ses grands yeux bleus. Elle peinait à reconnaître Valeria, la dernière fois qu'elle l'avait vu, sa petite sœur entrait à peine dans l'adolescence. Il y avait juste cette lueur dans son regard qui n'avait pas changé. La dureté des Thorn avec ce petit quelque chose de trop humain. Quelque chose qui avait toujours été dans le regard de leur mère aussi.

« Tout ira bien Valeria. Tu sais, à la nécropole tu pourras apprendre si tu te sens attirer par cette voie, je serais là pour garder un œil sur toi et t'apprendre le métier... Et crois-le, c'est l'un des endroits les plus sûrs que je connaisse.» Nouveau sourire. « Mais si tu te sens plus en sécurité ici, ce n'est pas un problème et cela te permettra de faire connaissance avec ton neveu. C'est un petit garçon excessivement intelligent et obéissant... La seule chose que l'on pourrait éventuellement lui reprocher c'est d'avoir hérité du sadisme de son père. »

Un rire bref s'extirpe de la bouche de Jezabel avant de mourir aussi vite qu'il s'est fait entendre. Lentement, elle prend les mains froides de Valeria dans les siennes, cherchant à partager sa chaleur autant que sa tendresse.

Je trouverai un moyen de me protéger pour ne pas dépendre uniquement de toi. Et surtout, je ferai en sorte de t’aider à veiller sur la sécurité d’Aedan, peu importent les moyens. 

« Il suffit Valeria... Tu as déjà été bien trop longtemps mise de côté. Il est temps pour nous de rattraper ce temps perdu... Tu n'es pas là pour servir d'esclave ou de nourrice. Tu es ici chez toi ma sœur, et si quelqu'un doit s'acquitter de quelque chose, c'est moi pour mon incapacité à te protéger il y a bien des années de cela. »

Sans un mot de plus, Jezabel vient enlacer sa sœur, ignorant le tissu mouillé qui la couvre pour venir lui offrir toute la douceur d'une étreinte sincère.

- FIN -
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