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Dim 11 Juin - 19:08


sweet dreams are made of this

Les ruines s'étendaient  travers la semi-obscurité nocturne, éclairées uniquement par le reflet de la lune et des rares brasiers de Feu Voilé allumés, offrant une lueur verte et onirique aux lieux. Le reflet se faisait sur les quelques centimètres d'eau qui parcouraient tout le temple, rentrant par des failles, laissant tomber de petites cascade d'eau, seul bruit qui venait s'accorder à la tranquillité des lieux. Manipulant les flux magiques pour allumer un brasier vierge de flemmes, Fenara fit naitre le Feu Voilé en son sein, avant d'allumer deux torches destinées à le recevoir; elle tendit la seconde à la personne qui l'accompagnait, partageant ses traits et son respect pour ces lieux sacrés. Nyghann était l'une des rares personnes avec qui Fenara s'était directement entendue, le fait qu'elles soient deux mages dalatiennes n'y était probablement pas neutre. Aussi, malgré la distance, elles entretenaient correspondance, et Fenara avait voulu lui offrir cette visite en présent avant son départ prochain.

"C'est la première fois que tu viens ici, n'est-ce pas, Lethallan ?" dit-elle avec un doux sourire, approchant sa torche d'une mosaïque qui représentait Dirthamen. "Le temple perdu du dieu des secrets, comment pourrait-il en être autrement" ses pieds étaient plongés dans l'eau moite du temple et elle pouvait sentir sous eux la pierre moite de l'ancien chemin. "C'est un labyrinthe, redécouvert de temps à autre, offrant ses secrets à qui peut les entendre." Elle lui tend la main, saisissant doucement le bout de ses doigts des siens, pour la guider. Fenara est déjà venue un nombre certain de fois, d'abord avec Josifen, qui lui avait en ces lieux tout appris, puis seule, en rêves, pour y rencontrer les esprits qui y logeaient et parler avec eux des temps anciens où ce temple laissait encore entendre les échos des voix de ceux qui venaient s'y recueillir.

Elle guida sa consœur jusqu'à un endroit plus sec, suivant les souvenirs des pas de l'Inquisitrice Lavellan, il y a de ça plus de cent ans, où une partie du dôme du toit, détruit, laissait apercevoir le ciel lunaire éclairant de nombreuses mosaïques, Fenara en pointa une du doigt.
"Regarde, ici on peut voir l'histoire de Dirthamen et des corbeaux, Peur et Tromperie, qui, au coeur de l'Immateriel, essayèrent de l'empêcher de retrouver Falon'Din, son jumeau de coeur." Elle détailla un peu plus l'histoire, comment Falon'Din et Dirthamen s'étaient perdus de vu, puis comment Dirthamen avait refusé de croire les corbeaux, les faisant finalement ployer sous sa raison. Ils étaient depuis devenus compagnons et symboles du dieu.  Les mosaïques se détruisaient avec le temps et l'humidité, mais celles de ce plafond gardaient une splendeur certaine, souvenir d'une époque lointaine.

Fenara plongea ses yeux dans ceux de son amie avant de reprendre la parole; elle voulait essayer de lui faire découvrir quelque chose, une chose que l'autre elfe craignait, mais qui l'entourait déjà sans qu'elle le sache.
"Ferme les yeux, concentre-toi sur ce qui nous entoure, que ressens-tu Lethallan ?" Fenara fit l'exercice en même temps qu'elle le proposait. Nyghann était son aînée, mais son vécu faisait que sur certaines choses, c'était elle qui devait apprendre de la plus jeune. On pouvait ressentir la présence simple d'esprits au loin, mais si on tendait l'oreille, on pouvait également percevoir des murmures échangés entre des voix qui n'existaient plus, l'écho de mots perdus. En rouvrant les yeux on pouvait aussi parfois voir du coin de l'oeil des silhouettes qui disparaissaient dès qu'elles apparaissaient, et parfois les lieux semblaient reprendre une couleur nouvelle, comme si ils étaient à l'image de leur passé. "Les souvenirs sont forts ici, le voile les laisse passer, peux-tu le sentir ?"



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Jeu 15 Juin - 11:54

Entre roches et végétations, c'est la lumière du feu voilé qui s'élève, crépite et rassure. L'eau des cascades rythmiques dans une musique mélodieuse et répétitive. Constante. Réalité, ou non ? Que dire de l’immatériel ? Et du rêve ? Nyghann est atrocement silencieuse, là, sagement voûtée aux côtés de sa comparse, tendu comme à arc. Son corps trahit une angoisse grandissante. S doute la dalatienne préfère être autre part qu'ici ? Ce n'est pas tant le lieux qui la gêne mais plutôt sa conception. Le rêve... Un don dit-on, mais pour elle qui possède un mal de mabari à concevoir cela, il est dur à appréhender. Par chance, l'elfe s'est déjà trouvé une comparse pour traverser cette dur épreuve. Là où elle se voûte comme un animal apeuré, cherchant à se tasser, Fenara est la grâce et la fierté incarnée.

C'est la première fois que tu viens ici, n'est-ce pas, Lethallan ?

« Oui... »

Le temple perdu du dieu des secrets, comment pourrait-il en être autrement

« Dirthamen... ? »

C'est un labyrinthe, redécouvert de temps à autre, offrant ses secrets à qui peut les entendre

« Je n'entends que le bruit de l'eau et celui du vent. »

Minaude l'elfe, visiblement en retrait, l'esprit fermé. La voilà dans l'antre de son Dieu favoris, celui de la connaissance et des secrets. Car outre le rôle de la garde des ombres, ce qui fait Nyghann c'est son éternel besoin de courir après la connaissance. Elle n'a que ça, l'étrange énergumène qui passe plus de temps sous forme animale qu'elfe. Alors quand son amie pointe du doigt les fresques, s'en approchant, Nyghann la suit en silence. Elle patauge dans l'eau sans la grâce que possède sa comparse, la démarche nonchalante, incertaine. Nyghann a toujours eu ce quelque chose de moins que les autres elfes, une grâce inexistante, une attitude trop sauvage. Farouche gamine qui a survécu comme elle le pouvait.

Regarde, ici on peut voir l'histoire de Dirthamen et des corbeaux, Peur et Tromperie, qui, au coeur de l'Immateriel, essayèrent de l'empêcher de retrouver Falon'Din, son jumeau de coeur

Ses yeux en amande d'une vive couleur azurée se lèvent, fixant le ciel étoilé et lunaire au-dessus de leur tête avant de se poser sur la fresque. La peur soudaine moins présente, elle observe les dessins, l'histoire des dieux est comptée mais Nyghann n'est pas une élève très attentive. Bouche entrouverte, elle lève le menton, observant l'étendue du lieu. Tout est paisible ici, tout est beau. Voilà qui la change clairement des tréfonds, de ses créatures et de l'odeur répugnantes des galeries.

« Pourquoi m'as-tu emmener ici, Fenara ? »


Une question pleine de méfiance malgré la confiance que Nyghann a pour son amie. Pivotant le visage, elle capte son regard, le soutient sans peine. Yeux dans les yeux, elle attend que Fenara réponde.

Ferme les yeux, concentre-toi sur ce qui nous entoure, que ressens-tu Lethallan ?

Nyghanna détourne le regard, observe une fois encore les alentours. Elle a les yeux de l'animal apeuré qui cherche une issue... Et sans doute n'est-ce pas là qu'une impression. Malgré son statut de mage, elle n'avait jamais été à l'aise avec tout cela, sans doute était-ce pour cela que la métamorphose fut une magie qui s'était révélée être une évidence. Plus terre à terre, inspiré de réel, du physique. Il était plus simple d'avoir à décortiquer des carcasses d'animaux qu'avoir à étudier l'immatériel. Et affronter jusqu'aux pires créatures de la faune était bien moins terrifiant que l'inconnu, que le rêve.

Les souvenirs sont forts ici, le voile les laisse passer, peux-tu le sentir ?

Dans le silence, Nyghann finit par s’exécuter, fermant les yeux. Elle attend, elle écoute Mais la seule chose qui vient à son oreille, c'est l’acouphène créer par sa propre angoisse, celle de son palpitant draine son sang à travers ses veines. Cela tape dans son esprit, l'empêche de penser clairement et pire, de se concentrer sur les paroles de Fenara.

« Non. »

Agacé par sa propre inutilité, l'elfe ouvre les yeux, tournoie sur elle-même doucement avant de cracher, sifflement entre les dents.

« Je ne vois rien, je ne sens rien... Je ne suis pas à ma place ici, Fenara. »
Elle fixe son amie et souffle, la voix plaintive. « Rentrons à la maison... S'il, te plaît. »
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Sam 1 Juil - 14:44


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La tension présente en Nyghann était palpable, et Fenara posa une main sur son épaule, pour lui apporter un contact, un soutient, quelque chose de physique dans ce monde où le matériel n'était qu'une impression. Si la jeune elfe comprenait la méfiance envers les rêves, elle trouvait cela inutile. Il ne fallait certes pas s'y jeter complètement, garder une maîtrise de sa personne et de son esprit, mais on pouvait s'y amuser, s'y lâcher, se permettre d'observer, vagabonder, de se poser des questions et de prendre son temps. Nyghann elle ne pensait pas être à sa place. Fenara ne pouvait pas être moins d'accord. Elle connaissait les histoires, les mythes des rêveurs et des elfes, se doutait et la réalité de certains et de la folie d'autres; elle avait eut un bon maître. "Tu es à ta place Lethallan. Ne sais-tu pas qu'il y a longtemps, avant que les shems ne parcourent ce monde, avant la chute des dieux, les rêveurs étaient tous des elvhen ? et qu'il y en avait tant que les légendes disent que la magie parcourait chacun d'entre nous et que nos esprits appartenaient tous au monde des rêves ? Tu es ici plus à ta place que jamais; ce sont les ruines de notre royaume" Fenara parlait à la fois du monde onirique, désormais occupé par de rares personnes aux origines diverses que du temple où elles se trouvaient réellement. Sa voix était passionnée, convaincante peut-être, mais jamais elle ne se lassait de parler de l'ancien temps, de ce dont elle en savait, ce qu'elle avait apprit, de la gloire passée des siens. Mais Nyghann avait encore peur.


"Calme-toi, respire et il ne se passera rien de grave" la crainte de la possession était normale, surtout quand on en avait été la victime indirecte. Fenara n'avait pas peur, elle frôlait le danger dans les rêves et avait une idée assez claire de la puissance que l'on pouvait rencontrer en ces lieux; il n'y avait rien qui n'approche ce quelle connaissait en ces lieux. Au contraire, il y régnait un calme certain, une mélancolie et une atmosphère plus appréciable encore que dans l'Immatériel pur. Elle tourna la tête vers l'autel de Dirthamen à quelques mètres, elle sentait quelque chose, un souvenir l'effleurant, et elle voulait montrer à Nyghann ce qui n'était pas à craindre, ce qu'il y avait à apprendre. La jeune enseignant à l'ancienne, en quelque sorte. Si son amie s'y refusait, Fenara elle pouvait influencer le voile et elle le fit délicatement, laissant apparaître les silhouettes floues de deux jeunes elfes agenouillées devant l'autel. Les vêtements n'avaient pas de détails, les traits n'étaient pas déterminés, on distinguait les cheveux, les oreilles longues et ciselées, on devinait la posture humble.  Leurs voix susurrantes semblaient réelles, comme si elles naissaient dans le présent, et l'elfe qui coulait doucement était ancien, ayant changé avec les ans; en temps normal Fenara n'aurait comprit que quelques termes, devinés d'autres, mais le rêve et l'immatériel étant ce qu'ils sont, le chant des mots sonnaient à son oreille aussi transparent que si elle le prononçait elle-même. "Tu entends ça ? Elle veut fuir avec la soeur de son époux, elle espère l'aide et la discrétion du dieu." Fenara savait que chaque souvenirs avait plusieurs faces, que si on cherchait, on pouvait très bien comprendre qu'elle souhaitait tuer son époux plus que le fuir, mais cela n'a pas d'importance. "Le monde recèle tant de souvenirs, si forts et si chers qu'ils restent gravés dans le temps, ne trouve-tu pas ça incroyable ?" demanda-t-elle à Nyghann avec un grand sourire tandis que les silhouettes disparaissaient derrière elle, laissant à nouveau place au vide.



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Lun 3 Juil - 10:23

Nyghann était incapable de tenir face à cette pression, elle pourtant si courageuse, si optimiste. Mais lorsqu'il s'agissait du rêve ou de l'immatériel, là, c'était une toute autre histoire. L'incertitude la gagne mais bien vite, Fenara s'empresse de lui offrir un soutient aussi bien verbalement que physiquement par un geste doux. La pression sur son épaule ramène l'elfe à la réalité, si tant est que l'on puisse nommer la chose ainsi.

Tu es à ta place Lethallan. Ne sais-tu pas qu'il y a longtemps, avant que les shems ne parcourent ce monde, avant la chute des dieux, les rêveurs étaient tous des elvhen ? et qu'il y en avait tant que les légendes disent que la magie parcourait chacun d'entre nous et que nos esprits appartenaient tous au monde des rêves ? Tu es ici plus à ta place que jamais; ce sont les ruines de notre royaume

« Non, je l'ignorais... Comme beaucoup d'autre chose, visiblement. »

Il faut dire que son éducation n'avait pas prôné la vérité. Lentement, la dalatienne se détache de son ami, ses pieds nus glissant dans l'eau alors qu'elle se rapproche du mur. Elle observe les dessins, les reliefs avant que ses doigts n'effleurent les fissures dans la fresque.

« Ma mère... Elle ne m'expliquait rien. Jamais... Elle ne voyait que la magie, la puissance... Elle trouvait du réconfort dans la magie du sang. Tout n'était que mensonge, tromperie... Alors je me suis naturellement tourné vers Dirthamen, je savais que dans le savoir, résidait la vérité. Mais la seule vérité, c'est que je ne connais rien de mon peuple, de mon monde ni de ce dieu en qui je plaçais tout mes espoirs pour fuir ma mère. Au travers de mes yeux d'enfant, Dirthamen me semblait être le choix le plus judicieux... Je n'ai jamais aimé la facilité, pas comme ma mère... J'ai toujours sû qu'apprendre, comprendre, appréhender la magie, était un travail de chaque instant. Ce n'est pas juste une question de puissance, n'est-ce pas ? C'est un mode de vie, de penser... C'est comme respirer, comme vivre... »

Nyghann détourne son attention de la fresque. Lentement ses yeux en amande à la vive couleur azuré se dardent sur Fenara dont la magie s'impose avec une délicatesse inespérée. Les silhouette passe le voile, se dessine dans le flou le plus totale. On distingue à peine qui ils sont. Nyghann fronce les sourcils et s'avance d'un pas, observant le binôme qui s'agenouille, qui prie, semblerait-il. Et déjà c'est la voix de Fenara qui l'arrache à ses rêveries.

Tu entends ça ? Elle veut fuir avec la soeur de son époux, elle espère l'aide et la discrétion du dieu.

« Oui, je l'entends cette fois... »

Mais c'était indistinct. Elle entendait les son, comme des murmures lointain, un écho qui se perd à travers le rêve.

Le monde recèle tant de souvenirs, si forts et si chers qu'ils restent gravés dans le temps, ne trouve-tu pas ça incroyable ?

« Oui, mais à quel fins ? Rien n'existe par hasard... Alors pourquoi ces... souvenirs, restent-ils en suspend hors du temps ainsi ? » Dans un soupir, Nyghann fixe Fenara et souffle. « Très bien, tu gagné... Apprends-moi . »

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Sam 15 Juil - 1:55


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Fenara l'avait écouté parler de sa mère avec une pointe de tristesse. Il y avait une sorte d'étrange connexion entre les deux génitrices; celle de Nyghann avait plongé dans la magie du sang comme on plonge dans l'alcool, s'y noyant jusqu'à offrir son âme, le pire de ce qu'un mage pouvait faire, se perdant dans une folie qui n'avait pas tant que ça à voir avec la magie. Celle de Fenara avait ouvert sa paume par désespoir, pour essayer de sauver les siens, sans y réussir, ne laissant que son époux en vie. Fenara ne l'avait jamais connue, elle n'en connaissait que des échos, l'histoire lointaine, le récit porté par les mots de son père; parfois elle regrettait, souvent elle n'y pensait pas. Trop ramener cela à sa mémoire lui donnerait une simple envie de tuer des hommes encore et encore alors qu'elle préférait les ignorer avec froideur et se concentrer sur ce qui comptait vraiment et sur ce qu'on lui demandait de faire.

La chance, ou la raison, avait fait que Nyghann enfin voyait ce que Fenara voulait lui montrer, la réalité de ce qu'elle pouvait vivre en acceptant qui elle était; les esprits avaient disparus, retournés à travers le voile mais l'âme de la Garde avait accepté de s'ouvrir.
"Nous rêvons déjà, c'est moi qui te guide, mais maintenant que tu l'accepte, tu pourras venir ici, partout, autant que tu le voudras. Il faut débarrasser ton coeur de sa peur, sinon ce que tu crains arrivera tôt ou tard." savoir vider son coeur était la clef pour éloigner les démons, même si on leur semblait être proie facile de par ses capacités. "Je te donnerais certaines herbes à ton réveil; des herbes pour rêver sans difficultés et des herbes pour te couper du rêve quand tu ne le désires pas. " c'était celle-là même que Fenara utilisait et la recette qu'elle tenait de celui dont elle avait tout apprit. "Quand tu sauras, tu pourras venir me voir, à travers les rêves !"

Fenara regarda le temple, réfléchissant à l'autre question posée par Nyghann. "Tu sais, je pense que si les esprits, si les souvenirs sont encore là, c'est car nous avons à apprendre d'eux, Lethallan. Que connais-tu des temps anciens ? Que connais-tu de nos dieux ?"  Fenara a une flamme dans le regard, elle qui a tant apprit peut désormais partager, et il y a des choses en son coeur qu'elle désire tant dire, mais pour autant, tous ne sont pas prêt à apprendre ce qu'elle sait; le savoir est partage, mais ceux qui peuvent le recevoir ne sont réellement légion.




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Mer 19 Juil - 12:56

Plus elle écoutait Fenara et plus Nyghann s'enfonçait de ses sombres pensées. Alors que son regard clair et irréel reste dardé sur les silhouettes fantomatiques de souvenirs déchu, elle pense. Elle pense au fait qu'elle aurait voulu que sa mère ait la patience et la sensibilité de sa comparse, qu'elle lui apprenne toutes ces choses plutôt que vouloir la corrompre. Nyghann recule doucement avant de venir se hisser sur les ruines d'un muret, posant son séant sur la pierre et agite doucement les jambes dans le vide.

« J'ai survécu à la corruption de ma Mère, à celle de l'Union... Mais l'idée de rêver me terrorise. »


Sans doute parce qu'elle avait vu cette dite corruption, qu'elle avait regardé le démon droit dans les yeux, qu'elle lui avait parlé et qu'elle avait, un tant soit peu, laisser ses sinistres paroles la toucher. Nyghann esquisse un sourire torve en écoutant Fenara qui parle des esprits, de la raison de leur présence. Elle n'avait pas tort, tout existait pour une raison. La nature, la vie et même la mort avait un but. Mais dans ce cas, la corruption aussi. Dans quel but, alors? L'équilibre? Le bien ne va pas sans le mal... L'explication semblait légère bien que plausible. Peut-être était-il là aussi, le souci de la dalatienne. Toujours à se prêter à l'introspection, à vouloir savoir le pourquoi du comment les choses existait. Trouver une raison à tout, surtout si cela pouvait justifier sa propre souffrance.

« Venir te voir en rêve? Merde, je dois déjà te supporter durant tes entraînements à fort Bastel, tu pourrais au moins m'épargner ça? »

Humour, évidemment. Nyghann n'en pense pas un mot et déjà elle offre un regard amusé à Fenara, ourler d'un rire qui se veut plus détendu. La jeune femme soupir longuement et descend de son assise, marchant vers son ami et passe au travers des esprits, les chassant de leur position. Elle ignore ces brides de souvenirs perdus à travers le temps et l'espace, encore trop peu soucieuse de leur utilité ou leur raison d'exister, si tant est que l'on puisse nommer leur présence par les lois qui régissent l'existence.

« Ma mère... Elle a fini en abomination. C'est la seule fois de ma vie où j'ai croisé la route d'un démon. Son corps était souillé, tordu... Je n'ai jamais vu une chose aussi laide et effrayante. C'était réellement pire que les engeances. Chaque fois que cette horreur posait les yeux sur moi, j'avais l'impression de le sentir jusqu'aux tréfonds de mon âme. »

Nyghann hausse les épaules, reprenant sa marche aux côtés de la douce Fenara. Elle ne parlait jamais de sa mère ni même de cette journée terrible où elle avait fini par choir, brisé par sa propre puissance. Même avec Marius, le sujet était devenu presque tabou, tout juste mentionné  quand ils se remémoraient leur rencontre. Nyghann jette un regard en biais à Fenara avant de reprendre.

« Elle ne m'a jamais appris ce que je devrais savoir sur nos dieux. Je sais le minimum vital sur eux par l'intermédiaire de mon clan mais... C'est tout. J'ai toujours favorisé Dirthamen parce que j'aimais cette conception du pouvoir par le savoir. C'était tout l'inverse de ce qu'était ma mère, tu comprends? Elle baignait dans la magie du sang, entre autres et... C'était la solution de facilité, c'était la plus dangereuse. Je n'ai jamais voulu de cela. J'aime l'idée de pouvoir ouvrir des livres et apprendre des tas de choses, de pouvoir progresser lentement mais sûrement. J'aime l'idée que par le savoir, je puisse le forger une vraie personnalité, que je puisse mieux comprendre ma magie et ne pas me laisser ronger par celle-ci, comprend le monde qui m'entoure. Je... Je ne sais pas trop, Dirthamen s'est simplement imposé à moi, cela a été naturel, je n'ai jamais cherché à comprendre ce choix mais... je l'aime bien. J'aime la sagesse que représente ce Dieu et j'aimerais vraiment en savoir plus. Parle moi de lui, Fenara... Dis-moi tout ce que je dois savoir de mon maître. »
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Ven 28 Juil - 1:14


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Fenara avait écouté Nyghann parler de sa mère dans un silence respectueux; elle avait certe perdu la sienne, mais elle n'en gardait aucun souvenir; les descriptions de Nyghann sur l'abomination qu'était devenue celle qui lui avait donné vie était peut-être la seule chose qu'elle en savait. Fenara connaissait l'existence de ces créatures que l'on pouvait devenir par faiblesse de volonté, elle n'en avait pour autant jamais vues. Comme les engeances; elle prétendait tant savoir alors qu'elle n'avait au final si peu vécu. Mais elle apprenait en écoutant, partout où elle le pouvait, et où les paroles lui semblaient avoir intérêt. Et son imagination, les images entrevues pendant des rêves, tout lui semblait nourriture de l'esprit et de quoi remplir sa curiosité. Ainsi, était-elle heureuse de partager cela avec Nyghann. Fenara commença donc à lui conter ce qu'elle savait, trempant son doigt dans l'eau les entourant pour tracer, sur un mur, les courbes des vallaslin de Dirthamen, dictant les variations connues de sa relation avec Falon'din, évoquant ses symboles, les histoires qui l'entourait. Mais alors qu'elle allait aborder des thèmes peut-être plus controversés, elle fut interrompue par une sensation typique de ses voyages en ces lieux immatériels. "Un esprit approche, n'ait pas peur, c'est loin d'être un démon. Il ne nous voudra aucun mal."

L'esprit apparaissant n'a pas de visage, pas de forme, ce n'est pas un souvenir comme elles ont pu le voir auparavant; Fenara ne sait réellement de quel type d'esprit il s'agit, pas encore; connaissance, foi ? elle ne peut le dire pour le moment; mais rien ne lui semble dangereux, et elle essaye de passer cette confiance à Nyghann. L'esprit les regarde un instant, même sans traits, on peut le sentir, puis coule sur sa langue, d'une voix impossible à placer, cette langue tant chérie par Fenara, mais elle est plus ancienne, inaccessible, elle ne comprend que quelques mots; rien à voir avec auparavant. C'est comme sur certains murs, sur certaines pierres, c'est la langue originelle, telle qu'elle lui échappe encore, frustration d'un passé qu'elle ne pourra jamais réellement attraper. Cela dit, quelques rares mots sonnent à ses oreilles comme connus. " Vir Dirthara...La voie de la connaissance ? Les chemins sont perdus..." elle écoute encore un peu puis se tourne vers Nyghann "Cet esprit, très ancien, il parle de choses que je ne connais pas, qui lui sont à lui-même égarées. Dirthamen, qui il est réellement, la connaissance de notre peuple, tout cela nous a été enlevé. " Fenara ferme le poing et baisse la tête; elle vit cela comme on vivrait un deuil, alors qu'elle est si loin de ceux qu'elle admire. "N'aimerais-tu pas parfois que le temps des elvhen ne soit jamais passé ?" Elle observe l'esprit et son regard s'illumine, elle lui demande quelque chose, prenant son temps pour trouver les bons mots, les plus anciens, la réponse semble positive. L'esprit s'illumine puis disparaît, dans une grande vague de lumière; au fur et à mesure qu'elle touche la pierre et les lieux, les couleurs revivent, les murs se réparent, les plantes régressent. En quelques secondes le temple semble être redevenu tel qu'il était à l'époque de sa splendeur. "C'était un esprit de mémoire, et il nous offre ce qu'il sait; regarde comme ces lieux étaient merveilleux!" Nulle splendeur n'égalait celle de l'instant pour Fenara, elle avait beau ne pas y être réellement, savoir que cela faisait partie du rêve, que c'était l'immatériel contorsionné par la volonté d'un esprit, elle adorait l'instant. Repérant une peinture qui avait disparue dans leurs temps réel, elle s'en approcha, effleurant le mur des doigts. Les couleurs étaient vives. "Regarde, ils sont tous là, Elgar'nan, Mythal, Falon'din, Dirthamen, Andruil, June, Sylaise, Ghilan'nain et Fen'Harel" dit-elle en montrant un part un les Evanuris peints, dans leur grandeur, sur la parodie.





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Jeu 3 Aoû - 20:03

Chez Fenara, il y a ce quelque chose de subtile lorsqu'elle conte ses récits. C'est une douceur toute particulière, une passion dévorante. Ses sujets sont maîtrisés à la perfection et la patience dont elle fait preuve est tout à son honneur. Nyghann reste muette, si d'ordinaire elle est une des premières à ouvrir la bouche, cette fois, c'est sous le joug du respect qu'elle s'enfonce dans un silence pesant. Elle s'en veut de son ignorance, s'en veut de voir Fenara forcé de lui faire son éducation. Au fond, sa peur n'est pas juste tournée vers le rêve mais sans doute vers sa comparse dont elle a peur de subir le rejet. Être inutile, être trop différente... L'idée broie sévèrement le cœur de la garde qui fixe la recrue avec un air aussi fasciné qu'anxieux. Alors quand l'esprit arrive, sans visage, sans forme distincte, l'angoisse la prend à la gorge mais bien vite, c'est Fenara qui s'interpose pour rassurer son amie.

« Tu es sûr qu'il ne fera rien ? »

Bien qu'elle eût foi en sa comparse, Nyghann, restait sur la défense, excessivement méfiante. Son regard azuré suit l'esprit, elle écoute. Il y a ces son, cette voix, quelque chose qu'elle ne comprend pas, qu'elle est même incapable de discerner. Mais ce n'est pas le cas de Fenara. Vir Dirthara ? Nyghann hausse un sourcil perplexe, n’allait-elle pas finir par passer pour une inculte force d'ignorer tout ce qui était mentionnée ? Bon sang, comme elle devait faire honte à Fenara.

N'aimerais-tu pas parfois que le temps des elvhen ne soit jamais passé ?

La question surprend Nyghann qui redresse le buste avant de souffler longuement. Une question qu'elle ne s'était jamais vraiment posé. Et si ? Car tout repose sur cela, à présent. Et si ce temps révolu avait continué de perdurer ? Gênée, Nyghann hausse les épaules avec nonchalance avant de répondre, le ton neutre bien qu'incertain.

« Je ne sais pas... Je ne l'ai pas connu, cela ne me manque pas... » L'elfe fait la moue, massant sa nuque tout en portant son regard sur l'esprit. « Je n'ai pas eu une enfance très facile mais... ma vie me convient, tu sais... je ne cherche pas à retrouver un monde et une gloire passée... Je préfère œuvrer pour que le monde soit meilleur, je préfère me tourner vers l'avenir. C'est sans doute naïf je sais, mais... Notre problème est sans doute là, Fenara... À force de vouloir mettre des barrières entre les peuples, on finit par tous s'éloigner les uns des autres, et c'est comme ça que naît la haine, à cause de l'incompréhension. Et de la haine naissent les guerres... On aurait pourtant plus à gagner à vivre tous ensemble et construire un monde parfait pour tous. Plus d'ère des elfes, plus d'ère des nains ou des hommes... Juste, tout le monde ensemble. »

Alors que sa voix se meurt, Nyghann vient se hisser sur une roche tout proche, assise, le dos voûté, elle fixe sa consoeur d'un air morne.

« Je crois que c'est l'aspect que j'aime le plus dans la garde... Les ethnies ne comptent plus, les croyances perdent leur sens... La seule chose qui compte c'est comment nous sauverons le monde et chaque vie qui le constitue... »

La dalatienne soupir, soupire fatigué aux lèvres. Elle parlait rarement de ces choses-là, sans doute parce qu'elle n'avait pas toujours d'oreille attentive pour partager ses ressentiments. Alors que Nyghann cogite, le décor change progressivement. Perplexe et émerveillée, la jeune femme se lève de son assise, laissant ses pieds nus jonchés dans l'eau qui les entoure et lâche un rire soufflé.

« Woah. D'accord, ça j’admets... C'est... C'est incroyable ! »

Gémis la garde en tournant sur elle-même, observant la vision chimérique des lieux avant leur état de ruine. De toute beauté. C'est sans doute ce dont elle avait besoin pour prendre conscience de ce tour ce que son peuple avait perdu. Le pas vif, elle s'approche de Fenara, observant la fresque peinte sur la roche, touts le panthéon des elfes y était représenté.

« Fenara, comment est-ce que tu as découvert tout ça, je veux dire... Quelqu'un tu as initié comme tu le fais avec moi ou bien ça t'est juste arrivé et tu t'es... adapté ? » Elle pivote le visage, observant sa sœur de la garde et murmure. « Je suis désolé Fenara... Mon ignorance doit te peser... Je n'ai pas envie d'être un poids pour toi. »
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