La nuit est sombre et pleine de terreurs. [Pv Felix]

C’est avec la boule au ventre que je repoussai les draps de mon lit. Aujourd’hui était un jour particulier, un jour qui me faisait mal, comme au premier jour. C’était un anniversaire bien triste, celui du départ de ma mère. Voilà de nombreuses années qu’elle n’était plus qu’un lointain souvenir, un souvenir auquel j’essayais de m’accrocher, mais je n’y arrivais pas. Elle avait disparu, cette nuit-là et ce fut une nuit difficile, la première d'une longue série. À l’époque, ma mère était tout ce que j’avais, tout ce que je pouvais espérer. Elle était mon étoile, celle qui me berçait, celle qui m’élevait. Elle compensait un père absent, bien trop occupé à faire la chasse aux mages et à donner des ordres pour s’occuper de sa fille. Alors c’était ma mère qui s’était occupée de cela, je n’avais jamais manqué d’amour maternel. J’avais aimé ces moments passés en sa compagnie, les moments les plus heureux de ma vie, où je m’étais sentie en sécurité et où je n’avais rien à craindre de ce qui m’entourait.

Puis, du jour au lendemain, elle était partie. Sans dire un mot. Sans une lettre. Sans une piste. Elle était partie pour je ne sais quelle raison, me laissant seule face à moi-même. Seule avec ma récente découverte que j’étais une mage… Seule avec lui. Avec ce qui deviendrait mon cauchemar. Mon père avait certainement très mal vécu la disparition de ma mère, même si nous n’en avions jamais vraiment parlé. À quoi bon parler avec lui, d’ailleurs ? C’était lui qui devait m’élever, mais il n’y arrivait pas, préférant opter pour une méthode bien trop dure pour être efficace. J’avais donc décidé de fuguer avant d’être, plus tard, capturée et ramenée au cercle en découvrant que j’étais une mage. Une vie bien triste, qui aurait pu être bien différente sans la disparition de ma mère. Beaucoup de choses passaient dans ma tête à chaque fois que j’y pensais. Était-ce de ma faute ? Était-ce de la sienne ? Pourquoi était-elle donc partie de la sorte en laissant une fille et un mari ? Bien entendu, jamais je n’avais eu de réponses.

J’étais sortie du lit pour enfiler une robe et des chaussures. En ce jour noir, je savais que je devais faire profil bas et probablement ne pas croiser mon père qui connaissait cette date, comme moi. Il semblait transmettre la douleur de ce jour sur moi et c’est pourquoi je refusais de le croiser. Je ne voulais pas lui donner cette joie. J’étais sortie des dortoirs pour me diriger vers la salle principale afin de me prendre un fruit, histoire de me caler l’estomac pour le reste de la matinée. J’avais prévu de me rendre à la bibliothèque aujourd’hui afin de m’abreuver du savoir de quelques livres, conseillers par des amis plus expérimentés que moi.

Une fois la pomme en moi, je croquai une fois dedans, à pleine dent avant de tourner les talons et de quitter la salle, marchant dans les couloirs avant de me retrouver dehors, en extérieur, car il fallait traverser la Cour pour se rendre à la bibliothèque le plus rapidement possible. Il faisait beau ce matin, pas un nuage en cette journée maussade, mais bien vite, comme une tempête, le bruit de pas m’annoncèrent la venue de templiers, un bruit bien caractéristique, priant le Créateur, même si je n’étais pas croyante, que cela ne soit pas mon père, mais de simples soldats qui passaient dans le coin pour leur ronde.