Imperfection~Ft Horace

Imperfection.

Anthelme se trouvait dans les écuries, plus précisément auprès de son cheval, il s’occupait de lui de manière un peu distraite…Mais intérieurement il était loin d’être calme. Il avait encore eu une petite dispute avec Ariel, encore et toujours sur le même sujet. Comme d’habitude les deux hommes s’étaient énervés et maintenant l’ambiance était froide, pour ça le chevalier avait décidé d’aller s’occuper de son cheval pour se calmer l’esprit.

Lorsqu’il en eut assez de s’occuper de Valtiom, le chevalier quitta le box et se contenta de s’asseoir face à sa monture. L’écurie était le plus souvent vide, il savait qu’ici personne ne viendrait le faire chier, Arthur étant avec l’une de ses nourrices il était tranquille de ce côté-là.

En y pensant, le lieu n’était pas censé être totalement vide…Quelqu’un devait y faire son travail et il n’était pas là…Anthelme fronça légèrement les sourcils, où était-il passé ? Le Chevalier se leva et commença à chercher le palefrenier, il n’y avait pas vraiment de raison pour être légèrement sur les nerfs à propos de ça mais tout était bon pour s’occuper l’esprit.
Il trouva Horace à l’extérieur de l’écurie, en train de faire autre chose que son travail.

-Tu n’as rien d’autre à faire peut-être ?

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Imperfection

Beauty isn't perfection

Les chevaux avaient été soignés depuis l'aube, Horace s'était occupé de les brosser et de nettoyer leur boxes : il estimait qu'il avait droit à une petite pause. De toute façon, il n'y avait personne à Lydes, chacun vaquait à ses occupations et lui tournait en rond comme un lion en cage. Il serait bien retourné à la rivière, mais il doutait d'en avoir vraiment le temps. Non, à la place, il se posa un peu en retrait de l'écurie, dans un coin où on ne le voyait pas tout de suite, et piquait tranquillement un roupillon.

Il fut réveillé en sursaut par la voix mécontente d'Anthelme qui lui demandait s'il avait pas autre chose à foutre. Bah techniquement non connard sinon je le ferais, hein ? Bon. Il n'allait pas le lui dire comme ça non plus. Se prenant la poitrine en attendant que son cœur retrouve un rythme normal (il lui avait fait peur ce con !), Horace se redressa et s'inclina le plus respectueusement possible face à un Anthelme passablement aussi agacé que lui.

— Actuellement, non. À moins que quelque chose de nouveau ne requière mon attention...

Quelque chose clochait dans l'attitude d'Anthelme. Horace était observateur, et il n'avait rien à voir avec le Monsieur de Lydes qu'il avait pu voir il y a quelques jours de cela.

— Vous allez bien, Monsieur ? On dirait que quelque chose vous tracasse.

Qu'il s'en prenne à Horace, ce dernier s'en battait les steaks : par contre, il était inquiet de savoir qu'Anthelme n'allait pas bien au point de gueuler sur ses domestiques. C'était généralement pas son style...

Imperfection.

Anthelme trouva le palefrenier en train de dormir, en soit ce n’était pas un souci du moment qu’il faisait ce qu’on lui avait demandé il pouvait faire ce qu’il voulait de sa journée. Malheureusement ce n’était pas un bon jour pour le chevalier, lorsqu’il s’adressa à Horace, ce dernier fut apparemment véritablement surpris. Anthelme le regarda s’incliner, chose qu’il n’avait pas fait la dernière fois qu’ils s’étaient vus à la rivière.

-Je suis certain qu’on peut te trouver quelque chose à faire.

A la question du palefrenier, Anthelme croisa les bras et fronça légèrement les sourcils tout en détournant légèrement le regard.

-Tout va bien, vraiment.

Non ça n’allait pas mais il n’allait pas dire à son palefrenier qu’il s’était disputé avec son frère à cause de l’amant de ce dernier. Anthelme ferma les yeux et se pinça l’arrête du nez entre le pouce et l’index tout en soupirant. Il réagissait n’importe comment, Horace n’avait rien à voir avec toute cette histoire, il ne faisait que poser une simple question.

-Tu sais quoi ? Retourne à ce que tu faisais, je…Je n’aurai pas dû réagir ainsi.

Il garda le silence quelques instants, sans bouger, il ne savait pas quoi faire, il était planté là devant quelqu’un qui devait plutôt s’en foutre royalement des disputes entre frères. Il ne regardait pas Horace dans les yeux, voulant conserver un minimum de fierté il ne voulait pas voir le regard de l’autre.

-J’ai juste encore agis comme un connard avec mon frère, c’est tout.

Anthelme savait pertinemment que sa réaction vis-à-vis d’Alois et Ariel était démesuré mais il n’arrivait pas à réagir autrement pour le moment. Peut-être qu’avec le temps il changerait d’avis mais pour l’instant il n’arrivait pas à faire totalement confiance aux autres.

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Oh bah quand il s'agissait de trimer, il y avait toujours un truc à faire, effectivement, Horace n'en doutait pas. Il s'attendait vraiment à ce que Monsieur de Lydes lui donne quelque tâche ingrate pour lui faire passer l'envie de dormir (plottwist, ça marchait pas), mais il ne le fit pas. À la place, il fronça les sourcils, puis soupira en revenant sur ce qu'il venait de dire. Il n'allait vraiment pas bien, donc ?

— C'est pas grave.

Il avait bien envie de dire qu'il avait l'habitude qu'il lui parle sur ce ton, mais Horace avait l'intuition que ça n'allait pas améliorer l'humeur d'Anthelme. Non, à la place, il garda son calme, et quand il sut que l'origine du malaise d'Anthelme venait d'une dispute avec son frère, il inclina la tête. Ce n'était pas étonnant.

N'empêche, Horace avait bien compris que son seigneur avait peut-être envie de se défouler ou de se détendre, ou juste de parler ? Il y avait quelque chose qu'ils pouvaient faire, et qui aurait le mérite de réunir ces trois activités.

— Monsieur, je pense que vous avez bien besoin d'une bonne grosse ballade à cheval.

Toute idée de se taper une sieste avait désormais quitter Horace : avant même qu'Anthelme ne put réagir, il passa devant lui avec un sourire, et alla chercher de quoi seller leurs montures. Valtiom pour Anthelme, bien sûr, et pour Horace, un jeune cheval destiné aux invités, au caractère placide et répondant au doux nom de Longévité d'Amaranthe, en hommage bien sûr, à la doyenne des de Lydes.

— On sera plus à l'aise pour discuter, et puis, au moins, je serais habillé.

La propre plaisanterie d'Horace lui arracha un sourire : il n'avait rien de mieux à faire que d'aider son seigneur à se sentir mieux, non ?

Imperfection.

Visiblement le fait de s’être fait engueuler par Anthelme ne dérangea pas plus que ça le palefrenier. N’avait-il aucun respect pour lui ou tout simplement savait-il qu’il n’était pas réellement sérieux mais juste un peu sur les nerfs ? Le chevalier préférait la deuxième hypothèse, la première l’obligerait à se passer des services surement.

Anthelme regarda Horace légèrement surpris quand il dit qu’il avait besoin d’une balade à cheval, le palefrenier ne lui laissa même pas le temps de répondre. Le sourire aux lèvres il passa devant avant de revenir avec deux chevaux, Anthelme le regarda puis s’approcha de son cheval avant de prendre les rênes.

-Ca ne peut pas faire de mal de toute façon.

Il monta ensuite en selle, caressant l’encolure de Valtiom…Le pauvre cheval avait peut-être préféré une journée de repos encore.

-C’est mieux d’être habillé pour monter à cheval. Mais sinon tu fais ce que tu veux je m’en fous, je n’ai pas envie que des gens se fassent des idées c’est tout.

Si Anthelme avait été totalement honnête il aurait avoué qu’il le trouvait bien mieux sans vêtements, il fallait bien avouer qu’Horace était loin d’être moche mais non, le chevalier ne serait pas honnête ni avec le palefrenier ni avec lui-même pour le moment.

-Je te suis.

Horace avait initié cette petite balade, à lui de conduire le chevalier. Anthelme pressa légèrement les flancs de sa monture pour la faire avancer, il n’avait qu’à se faire guider, au moins pendant un temps…Il verrait bien où ça le mènerait.

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Bon bah on va dire que c'était parce qu'Horace devinait aisément ce qui se tramait dans la tête d'Anthelme qu'il n'en avait strictement rien à foutre qu'il l'engueule ? Après, c'était pas tout à fait vrai. Il avait trouvé ça un peu nul d'être réveillé en pleine sieste parce que l'autre était juste de mauvais poil mais... Horace avait ses points faibles lui aussi. Il aimait pas voir quelqu'un aller mal, même si ce quelqu'un lui hurlait à la tronche.

La tournure des événements lui donna raison, de toute manière : Anthelme se rendit compte qu'il avait été dur et un peu injuste avec son palefrenier. Son ton changea, sa voix se fit plus douce, mais aussi plus lasse. Il avait besoin de souffler un peu, ce que Horace lui proposa sous la forme d'une petite randonnée équestre.

La plaisanterie ne passa pas inaperçue, et alors qu'il sellait les chevaux, Horace répondit à la pique d'Anthelme.

— Oh, je sais bien que vous avez honte de moi, Monsieur.

C'était une simple boutade : Horace prendrait le temps de creuser le sujet quand ils seraient un peu plus isolés. Après tout, Anthelme se préoccupait des gens, du qu'en-dira-t-on... S'ils étaient au beau milieu d'une forêt, il serait peut-être plus spontané et détendu.

Étrange chose pour un palefrenier que d'être le guide de son seigneur, mais Horace s'y habitua bien vite. Son cheval l'emmena lentement sur les chemins menant aux bois, presque la même route menant à la rivière. Pendant un long moment, il ne dit rien : il attendait que la civilisation leur paraisse lointaine pour oser reprendre la parole. Il avait bien conscience que ce qu'il allait dire n'allait pas plaire à Anthelme, mais il fallait bien que quelqu'un crève l'abcès un jour. Autant que ce soit lui.

— Vous avez peur de ce que les gens diront si jamais ils nous voyaient ensemble, n'est-ce pas ? Parce que ça ne vous rendrait pas bien différent de votre frère. Je comprends. N'y-a-t-il que cela qui vous tracasse ? Ou alors s'agit-il d'une prétendante un peu trop insistante et pas assez jolie ?

Horace sourit doucement. Il était sincèrement étonné qu'Anthelme ne se soit pas déjà remarié : il y avait Arthur bien sûr, mais il pouvait lui arriver quelque chose. Horace ne le lui souhaitait pas, il adorait le gamin, mais il avait adoré Blanche également... Espérer le meilleur ne suffisait pas : il fallait également se préparer au pire.

Imperfection.

Est-ce qu’il avait vraiment honte d’être vu avec le palefrenier ? Peut-être, il n’en savait rien en fait…Etre vu avec l’un des serviteurs n’avait rien de honteux, il était normal de discuter avec l’un d’eux. Il lui était déjà arrivé de passer la nuit avec un serviteur mais pas ceux des de Lydes, se rapprochait à ce point de l’un des serviteurs de sa maison risquait d’être problématique…Puis ce n’était pas convenable, son père lui aurait vite fait une leçon sur ça.

Anthelme laissa son cheval suivre la monture d’Horace, le voyage dans le bois se fit dans le silence, le chevalier en profita pour se détendre et essaya d’oublier les paroles dures échangées avec son frère. Le palefrenier décida cependant que le silence avait assez duré et ce qu’il avait à dire pris le chevalier par surprise. C’était si facile que ça de savoir ce à quoi il pensait ? Il se savait pas très doué pour le mensonge et tout le reste mais à ce point, il devait bien être ridicule.

Anthelme stoppa son cheval puis ouvrit la bouche pour répondre mais il ne savait pas réellement quoi dire. Il avait en partie parfaitement raison, le chevalier eut un petit rire forcé.

-Je dois avoir l’air bien misérable pour qu’un palefrenier me comprenne aussi facilement.Anthelme redemanda à sa monture de se remettre en marche.En effet je m’inquiète de ce que peuvent dire les gens, on est à Orlais pas à Férelden. Ici les ‘on dit’ ont énormément d’importance et sont presque plus importants que certaines vérités.

Pourquoi il lui disait tout ça ? Aucune idée, c’était quelque chose qui ne le concernait même pas, le noble jeu n’était véritablement dangereux que pour les nobles. Les serviteurs n’y avait que peu leur place et même si certains prenaient le risque, ils ne pouvaient pas y jouer totalement.

-Et non il n’y a que ça, aucune prétendante pour venir me prendre la tête.

Il n’avait jamais pensé à se remarier depuis le décès d’Alessia, tout simplement parce qu’il n’avait jamais vraiment voulu se marier à l’origine et l’envie n’était toujours pas présente.

-Dis, tu as destination particulière en tête ou tu veux juste nous perdre dans les bois ?

Il voulait juste changer de sujet, Horace semblait particulièrement curieux et il n’aimait pas trop ça. Surtout qu’il semblait bien trop perspicace à son gout.

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Le bois était un endroit idéal pour discuter à l'abri des oreilles indiscrètes. Horace avait beau ne pas prendre part au Jeu, il en connaissait les rudiments, et Anthelme enfonçait des portes ouvertes en lui rappelant que les rumeurs étaient parfois plus destructrices que les vérités. Il soupira.

— Vous avez raison. Manquerait plus que je sois un elfe, hein ? ajouta-t-il avec un petit sourire. Je vous rassure, vous n'avez pas l'air misérable, vous sous-estimez seulement les capacités d'observation d'un palefrenier qui a toujours travaillé pour vous, et a grandi en même temps que vous. Avec vous, ou presque, pourrait-on dire.

Ce serait l'insulter que de lui dire, mais Horace aimait bien Anthelme précisément parce qu'il n'était pas doué au Jeu, pas autant que le reste de sa fratrie. Il avait quelque chose de plus impulsif, sauvage, un côté naturel qui faisait du bien dans cette société d'artifices et de masques. D'une certaine manière, Anthelme était déjà sûrement plus proche d'Horace qu'il ne l'imaginait.

Quant à avoir une prétendante, ce n'était pas son cas. Horace n'était pas sûr de bien accueillir la nouvelle, mais qu'est-ce qu'un palefrenier pouvait dire ? Si son Seigneur désirait rester célibataire, soit. Il n'allait pas le faire changer d'avis, pas avec sa petite voix de gueux.

Par contre, il pouvait lui dire où il les emmenait, car il avait bien une destination en tête :

— Il y a un endroit près de la rivière où personne ne va jamais. Je me suis dit que ce n'était pas une mauvaise idée de vous perdre au milieu de nulle part. Je ne sais pas comment vous faites, vous les nobles, pour ne pas perdre votre identité. À force de jouer avec les masques, tout ça. J'vous envie pas.

Imperfection.

Il se demandait si suivre le palefrenier avait été une bonne idée au final, il aurait peut-être dû rester au château…Cela aurait rendu la discussion moins personnelle.

-Visiblement je t’ai sous-estimé, je me demande s’il y a d’autres domaines où je te sous-estime.

Horace lui dit ensuite où il le menait, au moins il n’y aurait pas de mauvaise surprise de ce côté-là. Il voulait l’emmener dans un endroit particulièrement calme et peu connu apparemment, tant mieux, Anthelme serait un peu plus détendu s’il n’avait pas à faire attention à chacune de ses paroles.

-Me perdre au milieu de nulle part ? Tu sais si tu voulais m’avoir juste en tête-à-tête il suffisait de le dire, il y a plus simple.Anthelme rigola légèrement, ce n’était qu’une plaisanterie, pour lui son palefrenier ne pouvait pas avoir envie de l’avoir juste pour lui quelques heures.Pour être franc j’ai jamais aimé les masques mais malheureusement on n’a pas vraiment le choix. Je suppose que ce n’est qu’une question d’habitude après, on nous l’apprend assez vite à porter les masques et à jouer à ce jeu…Bientôt Arthur devra y faire son entrée aussi.

Rien que l’idée qu’un jour Arthur puisse participer au jeu l’effrayer en réalité, il essayait en permanence de l’éloigner mais un jour il ne le pourrait plus. Anthelme secoua légèrement la tête, il ne devait pas y penser maintenant, il avait encore le temps.
Après quelques minutes, les deux arrivèrent enfin à destination. Anthelme descendit de son cheval, puis regarda les lieux, il n’avait pas le souvenir d’être venue ici…Enfin peut-être une fois mais il ne s’en souvenait pas.

-Bien voilà je suis perdu au milieu de nulle part…Et maintenant ?

Il regarda le palefrenier, se demandant ce qui allait se passer maintenant qu’ils étaient tous les deux éloignés du château.

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D'autres domaines où Anthelme sous-estimait Horace ? C'était un peu sale, quand on y pensait, non ? Heureusement pour lui, le palefrenier n'avait pas l'esprit spécialement mal placé. Il sourit simplement, avant de répondre d'une voix douce :

— Il n'y a pas à m'estimer, je pense. Je sers les de Lydes depuis toujours, ce serait malheureux si j'étais incapable de savoir quand ça ne va pas.

Quant à le perdre au milieu de nulle part, Anthelme ne semblait pas spécialement enthousiaste à l'idée, mais c'était trop tard : ils étaient déjà presque arrivés, de toute façon. C'est vrai qu'il aurait simplement pu demander, mais ça n'aurait pas eu le même effet.

— Oh, je ne voudrais pas que vous vous fassiez des idées... Vous, ou quelqu'un d'autre. Anthelme de Lydes recevant son palefrenier en privé, ça n'aurait pas été beaucoup plus discret. Ouais, il était très premier degré. Chacun son fardeau. Peut-être qu'il y prendra plaisir après, qui sait ?

Horace ne pouvait s'empêcher de trouver qu'Arthur était encore trop jeune et trop choupi pour Jouer, mais il savait que tôt ou tard, ça arriverait. Et le Jeu, c'était un peu comme la musique ou certains métiers : pour être vraiment bon, il fallait être tombé dedans quand on était petit.

— Là on est bien.

Ils arrivèrent dans une clairière qui semblait être un bon endroit pour faire une pause : Horace descendit de cheval et laissa ce dernier brouter et se reposer tranquillement.

— Maintenant, c'est comme vous voulez. Vous pouvez hurler, vous rouler par terre, chanter, rire, dire n'importe quoi. Vous vous souvenez, quand je vous avais demandé quelle chose folle vous aimeriez faire ? Bah voilà.

Anthelme avait besoin de décompresser, et c'était exactement ce qu'Horace avait en tête. Il ne savait pas s'il y arriverait, mais il pouvait toujours essayer.

Imperfection.

-J’espère juste qu’il n’y prendra pas trop de plaisir. Le jeu peut être horrible.

Il pensait surtout à son frère et ses pertes, c’était depuis cet événement qu’il frôlait la paranoïa avec les étrangers et toutes les personnes s’approchant de son fils. Ils étaient arrivés à destination et tous les deux mirent pied-à-terre, Anthelme écouta Horace, il lui dit qu’il pouvait faire ce qu’il voulait, c’était aussi simple que ça ? Le chevalier le regarda, ne comprenant pas vraiment pourquoi il faisait ça, avec l’une de ses mains il se frotta la nuque, légèrement gêné.

-Je…Heu…Une chose folle hein.

Il ne savait pas quoi dire ou faire, le palefrenier l’avait un peu prit par surprise et maintenant il restait planter devant lui comme un crétin.

-Il y a bien quelque chose mais je ne sais pas si je peux le faire ou pas.

Il s’approcha d’Horace, laissant son regard erré sur le corps du palefrenier avant de le regarder dans les yeux. Il leva l’une de ses mains et du bout des doigts lui caressa doucement la joue, se penchant ensuite il posa ses lèvres sur celle de son palefrenier, le baiser n’était pas totalement chaste mais pas désespéré pour autant. Anthelme mit fin au baiser assez vite…Trop vite sûrement mais il ne pouvait pas le faire. Il recula légèrement en évitant le regard d’Horace.

Il n’avait pas le droit de faire ça, il ne pouvait pas s’imposer à quelqu’un qui ne ressentait sûrement rien envers lui…Il n’avait pas le droit de faire ce qu’il reprochait à son frère, mais Horace lui avait dit qu’il pouvait faire ce qu’il voulait alors il pouvait se permettre cet écart non ? Personne ne le saurait sauf si l’autre en parlait mais il ne le ferait pas, il pouvait lui faire confiance, en tout cas il l’espérait.

Relevant le regard il fixa de nouveau l’autre dans les yeux, il n’arrivait pas à décrocher de ce regard, il ne le dirait sûrement jamais mais il adorait ses yeux, ils avaient une couleur particulière. Il n’y avait pas que son regard qu’il appréciait chez le palefrenier mais il n’avait pas le droit à plus. S’il allait plus loin avec son serviteur et si cela se savait, c’était prendre le risque de tâcher le nom de sa famille et il n’était pas prêt à prendre le risque…Et pourtant une part de lui en avait envie, il avait joué avec de nombreuses personnes et il était connu pour cela, alors pourquoi n’aurait-il pas le droit cette fois-ci ?

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Imperfection

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Le Jeu pouvait être mortel bien sûr, mais Horace était persuadé que quelqu'un qui s'y mettait tôt et y prenait même un certain plaisir serait plus à même d'y survivre. Quelqu'un comme Aveline de Lydes, par exemple, qui réussissait à faire entendre sa voix à la Cour de l'Impératrice. Peut-être qu'un jour, Arthur lui ressemblera, plutôt qu'à son père. Certains traits avaient tendance à sauter une génération, disait-on.

Horace était assez intelligent pour ne rien répondre. Il valait mieux conforter Anthelme plutôt que de lui dire frontalement qu'il pensait qu'il avait tort. Ça ne servirait à rien de le braquer, surtout avec tous les efforts qu'Horace avait déployé pour lui permettre de souffler un peu.

Ils ne tardèrent pas à arriver à une clairière où Horace laissa Longévité d'Amaranthe brouter à sa guise, tout en annonçant à Anthelme qu'il pouvait faire absolument ce qu'il voulait. Hurler, dire n'importe quoi... Personne ne serait là pour le voir, et Horace ne comptait pas ouvrir la bouche sur ce qu'il se passerait ici.

Le palefrenier avait bien dit "n'importe quoi", et c'est ce qu'Anthelme fit. Il s'approcha vers lui, le toucha et l'embrassa. Sur le coup, Horace se sentait trop con pour bouger, et dévisageait Monsieur de Lydes comme s'il venait de faire sa connaissance. Un gros panneau "qu'est-ce que putain de quoi ?" clignotait en fluo dans sa tête, et ça se voyait.

Pour autant, ça n'avait pas été désagréable. On ne pouvait pas dire ça. Les lèvres d'Horace lui brûlaient d'en vouloir davantage, et cette caresse l'avait fait frissonner, dans le bon sens du terme.

— Euh... Sa gorge sèche lui gratta et il toussa un peu avant de reprendre : Je... ne m'attendais pas à ça, j'dois bien avouer. Mais...

Hmpf. Comment dire ça de façon polie et courtoise ? Horace tenait à Anthelme, et il ne voulait pas le vexer, mais il y avait bien un truc qui le tracassait dans cette histoire. Oh, pas le fait qu'il était en train de faire exactement ce qu'il reprochait à son aîné, quoique plus discrètement pour sûr. Il y avait quelque chose qui gênait le palefrenier, sans qu'il sache exactement comment le formuler... ou ne serait-ce que mettre le doigt dessus. Avec un petit sourire nerveux, il réfléchit, avant de dire tout simplement :

— Je n'ai pas l'habitude de ce genre d'aventures, et je ne les recherche pas. Je vous présente mes excuses pour vous avoir sûrement conduit à penser le contraire... Je n'ai simplement pas envie de perdre quelqu'un que je considère comme un ami et que je connais depuis toujours, juste pour gagner un amant pendant quelques heures. Au mieux.

Les rumeurs sur les mœurs légères d'Anthelme, et surtout sur la façon dont il traitait ses anciennes conquêtes allaient bon train. Horace n'avait pas spécialement envie de finir comme elles.

— Et puis, je ne veux pas devenir une arme qu'on utiliserait contre vous pour défendre votre frère.

Peut-être allait-il trop loin ? Ça n'avait été qu'un baiser, mais... Il y avait quelque chose dans le fond des yeux d'Anthelme qui lui rappelait les héros de ses tragédies musicales. Horace n'aimait pas ça, même s'il devait bien avouer que ça ne le rendait que plus beau encore.

Imperfection.

L’absence de réaction d’Horace était mauvais signe, il le savait, le palefrenier n’avait jamais rien ressenti pour lui…Il venait d’agir sur un coup de tête et maintenant il se sentait mal pour cela, il avait franchi une limite qu’il s’était imposé et maintenant Horace devait surement le détester. Alors qu’il s’était écarté du palefrenier, il l’écouta sans l’interrompre, sans montrer de véritable réaction. Le chevalier ne voulait rien montrer, dans sa tête rien n’était véritablement clair et les paroles d’Horace ne l’aidaient pas. Il savait qu’il n’aurait pas dû l’embrasser, il se sentait bien con maintenant.

Evidemment il avait dû entendre parler de comment se comportait Anthelme avec ses différents compagnons d’une nuit…Il était le pire des salops, n’accordant tout juste un regard après avoir eu ce qu’il voulait, comment en vouloir a Horace ? Bien sûr il avait déjà eu des refus, il ne le prenait pas mal en général, il ne pouvait pas plaire à tout le monde, mais là, il avait plus de difficulté à l’accepter. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’Horace le connaissait d’une manière différente des autres, il restait le noble peu importe la situation mais avec le palefrenier il avait été différent.

Lorsqu’Horace eut finit de parler, le chevalier ne dit rien pendant plusieurs minutes, essayant de remettre ses pensées en ordre. Que devait-il faire maintenant ? Le plus simple serait de remonter sur son cheval et retourner au château puis ignorer Horace, en somme faire l’autruche, tellement facile. Cependant il revenait toujours au fait qu’il ne voulait pas s’en aller et qu’il voulait rester près d’Horace, il en avait envie mais le dire à haute voix il n’y arrivait pas. Avalant sa salive, il décida enfin de briser le silence pesant qui s’était installé entre les deux hommes.

-Tu ne serais utilisé comme ‘arme’ uniquement si tu en parles. J’espère que je peux te faire assez confiance pour que ce ne soit pas le cas.

Horace était pas idiot, il devait savoir que s’il prenait le risque de révéler quoi que ce soit sur Anthelme il le regretterait, le chevalier y veillerait personnellement. Il pourrait partir immédiatement, mais il préféra rester là, regardant toujours le palefrenier dans les yeux. Il s’approcha de nouveau d’Horace, une fois encore, une dernière fois et si jamais l’autre montré n’importe quel signe de refus il s’en irait tout simplement.
Posant simplement ses mains sur les hanches de son palefrenier il le poussa légèrement jusqu'à le bloquer jusqu'à un arbre. Il se pencha ensuite jusqu'à l’oreille de l’autre homme.

-Qui te parle de quelques heures Horace ?

Déposant un baiser sur la tempe d’Horace, il recula légèrement le visage ensuite, mais resta assez près pour que leur nez se touchent presque. C’était la dernière fois qu’Anthelme se montrait aussi envahissant avec le palefrenier, il n’insisterait pas plus. Cela tellement plus facile s’il l’autre refusait et l’envoyer balader, il n’aurait qu’à s’assurer qu’il ne parle pas…Il n’aurait pas eu à prendre la décision de tourner le dos.

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Imperfection

Kiss me hard before you go

Le silence s'étirait entre les deux hommes, devenant de plus en plus pesant. Horace ne s'était pas attendu à une chose aussi folle de la part d'Anthelme, ni aussi... sérieuse. Il y avait des choses que le palefrenier n'avait pas su voir, malgré sa perspicacité. Étrange comme on peut être aveugle à certaines choses...

Il espérait seulement ne pas avoir trop blessé Monsieur de Lydes, et pas parce qu'il avait peur d'une éventuelle punition. Non, il se sentirait trop mal d'être la cause du mal-être d'Anthelme... Une des causes. Putain, il n'avait pas besoin de ça. Pas en ce moment. Horace s'en voulut en réalisant qu'en ayant été honnête avec Anthelme, il avait sûrement fait pire que mieux. Il aurait dû accepter en silence, se laisser faire, et être abandonné comme tous les autres quand le petit matin arrivait. Oh, le palefrenier l'aurait mal vécu, mais au moins son seigneur aurait été diverti, détendu. Après tout, Horace ne vivait que pour le servir.

Le noble reprit la parole pour souligner le fait que s'il devenait un arme, c'était parce qu'il avait parlé. Horace n'en était pas aussi certain.

— Bien sûr, mais... Tout finit par se savoir.

Anthelme se rapprocha de nouveau, et comme un peu plus tôt, Horace n'eut aucun mouvement de recul. Il avait confiance, il n'avait pas peur. Du moins, il n'avait pas peur de ce qu'Anthelme ferait; ce qu'il redoutait, c'était les conséquences pour lui, pour sa famille, pour sa place dans le Jeu. Il frissonna en sentant l'écorce lui piquer le dos, et encore plus en plongeant de nouveau son regard dans celui d'Anthelme. Pas étonnant qu'il ait déjà piégé autant de personnes... Et puis il y eut son murmure. Un sous-entendu, pas assez clair au goût d'Horace.

— Je vous connais, et je vous aime trop pour accepter de n'être qu'un jouet duquel on se lasse une fois le soleil levé.

C'était présomptueux, c'était bien trop insolent pour son rang : combien d'autres auraient voulu être à sa place, et lui se permettait de poser des conditions ? C'était totalement fou.

— Anthelme... Il encadra le visage du noble de ses mains calleuses et laissa son nez frotter doucement le sien. Il se détestait pour ce qu'il allait faire. Il commença déjà en pleurer. Je suis tellement désolé.

Le baiser qu'il lui donna ensuite n'avait plus rien de chaste.

Imperfection.

Oui tout finissait par se savoir mais moins on en parler mieux ça serait, il n’avait pas besoin que la moitié d’Orlais soit au courant de ce qui était en train de se passer entre lui et Horace…Enfin est-ce qu’il se passait vraiment quelque chose ? Il pouvait toujours justifier un simple écart mais plus, ça serait difficile.

Après l’avoir doucement poussé contre l’arbre, Horace lui parla…Et étrangement ce qu’entendit Anthelme lui fit un peu mal, il avait tellement une mauvaise réputation qu’apparemment Horace ne pensait pas qu’il pouvait être sincère et ne pas jouer.

-Tu n’es pas jouet et tu ne le seras jamais.

Est-ce qu’il allait le croire ? Peut être pas, c’est surement ça qui ferait le plus mal au chevalier, il voulait être sincère mais avec sa réputation et le fait qu’en Orlais tout n’était que mensonge, il était parfois difficile de savoir qui disait la vérité.

Horace fini par poser ses mains sur le visage du chevalier, en entendant le palefrenier l’appeler par son prénom lui sembla bizarre dans le bon sens. Il l’avait déjà appelé par son prénom mais là c’était différent, cependant en voyant les larmes aux yeux du palefrenier, Anthelme commença à se sentir mal. Mais le chevalier n’eut pas le temps de se poser des questions, Horace l’embrassa après s’être excusé. Anthelme ne comprenait pas pourquoi il s’excusait mais il ne chercha pas à comprendre non plus, répondant au baiser avec joie plutôt.

Anthelme réagit peut-être même un peu trop, ses mains quittant les hanches du palefrenier pour aller explorer d’autres endroits, ses lèvres délaissant aussi celle de l’autre homme pour aller déposer des baisers dans le cou. Maintenant qu’Horace avait plus ou moins accepté, Anthelme ne comptait pas laisser passer sa chance…Sauf si Horace ne le voulait pas totalement.

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