Chosen Ones ~ Nero

En cette période, Nero redouble de prudence quant à la protection de sa femme dans la demeure familiale ; loin d'être une marque d'amour ou d'affection c'est tout simplement pour préserver la progéniture dans son ventre. Elle est enceinte, il va être père à nouveau, même si son fils Aedan grince des dents à cette nouvelle contrariante qui éveille chez lui quelques craintes compréhensives. Le Pavus le rassure alors, aucune raison que son enfant, son principal héritier rappelons-le, soit mis de côté. Il l'a toujours gâté et ce n'est pas demain la veille que cela changera ; bien qu'une absence de pouvoirs pourrait lui mettre un coup sévère. Mais non, impossible, il est prédisposé à la magie, il ne deviendra pas une Rhéa numéro deux ; Nero est confiant quant à l'avenir de son fils. Un grand avenir qu'il prépare aidé de sa place très précieuse au Magisterium ainsi que de son nom de famille. Les portes s'ouvrent pour lui malgré les tensions qui subsistent avec certaines personnes, comme Marianis qui il en est certain, est la cause de quelques-uns de ses récents petits tracas. Le nécromancien doit également prendre garde au père de son épouse qui cherche à mettre la main sur Aedan. Ah, les complots, la manipulation, le pouvoir, quelle joie de vivre à Tévinter.

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Tout juste sorti d'une longue réunion au Magisterium, qui en aurait presque aspiré toute son énergie si elle s'était éternisée plus longtemps - surtout en l'absence de quelques-uns de ses pairs comme Sextus, Nero remarque une chevelure lisse et blonde qui s'évapore promptement. Oh il la connaît bien, nouvelle Magister promue, ancienne conquête qui ne l'avait pas laissé indifférent malgré le peu qu'il en sait sur elle. Le fait est qu'elle soit désormais sa collègue et qu'il espère parvenir à s'en faire une alliée avant que d'autres ne mettent le grappin dessus. Tous ses compères ne s'entendent pas avec lui, certains à contrario si bien qu'ils couchent régulièrement ensemble ; avec elle, il est confiant. Peut-être un peu trop. Il l'interpelle à temps avant qu'elle n'atteigne la sortie de la grande bâtisse, un rictus imprimé sur les lèvres. « Magister Nehalias. »

Automatiquement, face à elle, certains souvenirs plutôt plaisants lui reviennent en tête. Il ne s'égare pas dessus même si son expression ainsi que la lueur lubrique au sein de ses prunelles le trahissent volontairement ; allant droit au but. « Permettez-moi de vous féliciter une nouvelle fois pour votre place. J'aimerais converser de certaines affaires avec vous, je crois dans notre intérêt commun, et en privé serait l'idéal... » En privé, ce serait mieux, loin des oreilles indiscrètes de leurs collègues surtout, même si les sous-entendus sont évidents. Peu fidèle si ce n'est pas du tout, il n'a aucune honte, sa femme le sait depuis le temps ; celle-ci est même informée de sa relation trop intime avec sa propre sœur jumelle. Alors derrière son apparence d'époux respectable, une fois en privé, il n'a aucun scrupule. Ce qui se passe à l'arrière boutique reste à l'arrière boutique en somme... En ce qui concerne les flirts, souvent suggérés, c'est automatique, même si plus délicat avec la gente masculine en haute société.

Elle le remercie ; évidemment, il n'en attendait pas moins, il sait qu'il a les cartes en main et en use. Même chose pour la suite, derrière tant de politesse un refus n'aurait pas eu sa place pour une nouvelle tête au Magisterium. « J'en suis ravi, allons dans mon bureau. » Il ouvre la marche jusqu'à celui-ci en préservant son sourire, lançant des œillades intéressées en direction de la blonde, toujours perdu dans certaines pensées... Et pourtant le Pavus ne garde pas une telle mémoire en ce qui concerne toutes ses aventures, la liste serait trop longue ; visiblement la Nehalias est l'une de celles qui l'ont marqué. Parvenus à destination il remarque sa froideur peut-être plus marquée si ce n'est évidente alors qu'ils sont en privé, à l'abri des regards. Une réserve censée, sans nul doute.

Mais enfin ils peuvent converser sans crainte d'être espionnés ; Nero se lance. « Inutile de dire, Magister Nehalias, qu'une place de Magister est très convoitée et que sans allié de choix, le risque de perdre son siège à chaque instant est renforcé. Je ne vais pas vous mentir, une collaboration nous serait profitable à tous les deux. En échange de votre soutien, je m'assure que vous ne soyez pas éjectée à peine arrivée, ce qui serait fort regrettable. » Des paroles mielleuses qui jonglent entre tentative de corruption, manipulation et chantage, mais également charme, sans réellement cacher ses intentions. Un marché équitable qui sera profitable aux deux s'il est accepté. Forcément il n'est pas le seul qui oeuvre ainsi, peut-être pas le premier, sûrement pas le dernier, peu importe ; ce qui l'intéresse est d'en sortir vainqueur. Et d'ailleurs, il ajoute une réflexion qui lui brûle les lèvres depuis tout à l'heure. « Cela dit je doute que vous fassiez le mauvais choix. Vous ne l'avez pas fait la dernière fois... » Rictus plus ample, expression évidente, il évoque l'aventure déroulée entre eux ; peu professionnel mais c'était prévisible de sa part. Il montre aussi que de ce fait, il n'a rien oublié et il espère qu'elle appréciera, qu'elle n'en sera qu'aidée dans sa décision finale. Après tout, Nero s'attend-il réellement à un refus ? Non. Pour tout dire il ne serait même pas contre prendre à nouveau du bon temps avec elle.

Nero se sent particulièrement fier lorsqu'il parvient enfin à étioler sa froideur apparente avec de la surprise puis de la gêne ; évidemment il ne loupe rien du spectacle et renforce son sourire. Pour lui c'est dans la poche, visiblement elle n'a rien oublié non plus. Enfin comment aurait-elle pu l'oublier, lui ? Nero si confiant déchante néanmoins très rapidement avec la répartie de la demoiselle. Elle n'est pas montée aussi haut pour rien après tout... Nouvelle certes, crétine sûrement pas. C'est le jeu. Si le Pavus pourrait se défendre et appuyer ses propos en clamant qu'il ne mêle pas privé avec le professionnel, ce serait clairement lui rire ouvertement au nez surtout avec ses derniers propos formulés. Alors il décide de tenter sa chance à ce niveau là, en la déstabilisant, mais pas trop. « Oh que si, vous vous souvenez, vos joues et vos yeux ne me trompent pas, ma chère. » Son doigt glisse sur ses propres lèvres tandis qu'il diminue l'espace entre deux ; il ne tentera rien si elle n'est pas consentante cela va soi néanmoins il s'arrange pour qu'elle soit encore en proie à la gêne. Il s'amuse également en jouant de ses charmes sous son nez, avec une œillade des plus significatives.

Mais il ne s'en fera pas une alliée s'il ne compte que là dessus, bien évidemment. Après ce petit jeu de regards il n'hésite pas à reprendre un ton plus sérieux, quoi que toujours mielleux. Qu'elle sache pour sa femme ne l'étonne pas, à vrai dire, ce n'est pas un secret même s'il ne l'annonce pas directement à ses conquêtes qui parfois sont informées ou le découvrent après. D'un autre côté elle marque un point, c'est qu'elle est maligne. « Pour tout vous dire, ma femme est informée de mes aventures depuis longtemps, mais elle n'est pas le sujet, et vous n'êtes pas elle. Mes alliés sont nombreux et divers, j'ai beau avoir mes défauts, cette infidélité n'est présente que dans ma vie privée. » Il se rattrape tant bien que mal et du mieux qu'il peut ; ceci dit il n'est pas forcé de lui donner tous les détails, juste ce qu'il faut qu'elle entende.

« Reconsidérez mon offre autrement : abordez-là comme un test, voyez par vous même quelques jours, quelques semaines. Rien ne vous empêche d'avoir plusieurs alliés si vous en faites bon usage, c'est ce que je dis toujours. » Finalement, il se rapproche encore plus, jusqu'à vouloir prendre les mains de la Magister entre les siennes ; elles sont si froides... Il s'en rappelle maintenant.

Elle ne se remémore absolument de rien, hein ? Ceci couplé à ses réactions corporelles la trahissent clairement et Nero s'en amuse forcément même si pour l'instant, il comprend que ce n'est pas la peine d'insister là dessus. Il préfère repartir sur leurs négociations qui seront bientôt réglées ; positivement il l'espère. D'ailleurs, il est incapable de retenir un faible rire quand elle lui demande comment il est certain qu'elle n'est pas celle qui va le trahir. Mais qui lui dit que c'est le cas ? Nero reste calme et confiant en continuant son approche ainsi que son marchandage. « Je n'en suis pas certain, au contraire, je m'attends encore à tout. Je préfère avoir un coup d'avance mais c'est le jeu. Pour l'instant, si vous l'acceptez, j'aimerais votre soutien en ce qui concerne certains débats aux réunions, ainsi que votre appui sur ma personne. » Il pense également à son fils Aedan qu'il souhaite mettre au devant de la scène en tant que nouvel apprenti de l'Archonte s'il parvient à détrôner Marianis de son piédestal, entre autre, néanmoins avant d'évoquer ses attentes plus personnelles il devra s'assurer de la loyauté de la blonde. Si il dévoile ses plans sans attendre alors qu'elle n'est pas encore son alliée, c'est lui qui perd.

Arrive le pas de trop. Le Pavus s'est approché jusqu'à lui prendre en douceur ses mains, le contraste du chaud avec le froid ne le dérangeant pas tellement ; en même temps ses prunelles cherchent à s'encrer dans celles de la Magister Nehalias. Seulement cette dernière ne semble pas du même avis et ses paumes terminent couvertes d'une faible couche de glace, de quoi refroidir un tantinet ses ardeurs. C'était bien joué même si c'est osé, cela pourrait s'apparenter à un affront envers lui. Si Nero ne l'appréciait pas, il l'aurait considéré ainsi, mais ce n'est pas le cas. Il est amusé, recule d'un pas en levant les mains en l'air devant lui avec un rictus en coin. « Je vois. Vous n'avez pas froid aux yeux. En tout cas, ma chère, je suis rassuré sur une chose ; vous ne savez pas mentir quand certains sujets sont mis sur le tapis... Comme une aventure passée, par exemple. Au moins vous ne niez plus qu'elle n'a jamais existé mais que vous ne vous en souvenez plus, même si j'en doute. » Voilà qu'il s'y intéresse à nouveau, pas vraiment défaitiste. Et puis il attend toujours sa réponse.

Victoire. Nero la savoure même si elle n'est pas complète, un oui reste un oui, peu importe si ce n'est qu'un début, un test. Il espère que leur collaboration portera ses fruits à long terme et hoche positivement la tête à ses propos. « Je le serais en temps et en heure, ma chère, si vous l'êtes également avec moi. » Il évoque l'honnêteté, évidemment ; en ce qui concerne ses plans il lui en fera précautionneusement part au fur et à mesure, tout comme il assurera ses arrières afin de remplir sa part du marché... et les surveillera.

En ce qui concerne l'aventure, toujours remise sur le tapis alors que visiblement la blonde n'a pas envie d'en parler, il insiste. Une dernière fois. Parce que d'une part il lui sied d'avoir le dernier mot, d'une autre le Pavus est réellement curieux. « Pourquoi ne pas commencer avec ce sujet que vous vous échinez à nier, est-ce la gêne qui parle à votre place ? C'est bien dommage... Je ne vous embête plus là dessus, pour le moment, mais sachez que pour ma part je n'ai pas oublié. C'est rare. » Lui arbore toujours un sourire qui ne s'efface pas, même à ses mains refroidies, et difficile de dire si ses paroles sont entièrement vraies ; mielleuses c'est certain. En l’occurrence il ne ment pas, c'est rare, mais ses conquêtes sont nombreuses.

« J'aimerais que nous partions sur de bons termes, pas vous ? » Dès demain il s'assurera qu'aucun de ses collègues ne complote dans son dos. Pour l'heure, les négociations sont vraisemblablement achevées et Nero ne va pas la retenir toute la soirée, il lui reste aussi des choses à faire ; comme voir comment sa future progéniture se porte dans le ventre de sa femme puis prendre du temps avec Aedan. « Revenez me voir demain, j'en aurais plus à vous dire. » Il lui aurait bien proposé une entrevue directement chez lui, avec des esclaves pour leur servir le thé et les petits biscuits, néanmoins il ne sait pas si elle aurait accepté toute suite. Et avec son épouse beaucoup plus présente à la maison ces derniers temps, ce ne serait clairement pas dans son intérêt que de ramener l'une de ses conquêtes sur le pas de la porte. Lui qui en ce moment, se montre volontairement plus doux avec celle-ci pour prévoir tout risque de fausse-couche... Oui, non, une prochaine fois. Son bureau reste le plus calme et moins fréquenté, il va sans dire.