the chains (w/nero)

Vêtements déchirés, genoux couverts de sang à force de trébucher. Elle court la svelte créature. Elle en perd le souffle. Elle ne veut pas y retourner. Elle n'y retournera pas. Chaque fois qu'elle fuit, les conséquences sont pires. Peut-être qu'ils en auront assez. Peut-être que cette fois, ils vont l'achever s'ils la retrouvent. Elle leur cause trop de soucis. Alors Dalaani, elle court comme si la Faucheuse elle-même était à ses trousses. Elle réfléchit du mieux qu'elle peut aux cartes qu'elle a étudié. Elle comprend qu'elle n'est pas loin de la frontière. Mais même si elle réussit à la traverser, elle devra vivre toute sa vie avec le risque planant au dessus de sa tête. On n'échappe pas aux Pavus, elle commence à le comprendre mais ça ne change pas les faits. Vivre sous leur joug ; ce n'est pas vivre. Quand elle sent les effets de leur magie sur elle, les tourments l'enrobent. Ce n'est pas une vie. Non. Alors elle court. Elle court et ne se retourne pas. Voilà deux jours qu'elle n'a pas mangé. Pas le temps, il lui faut mettre le plus de distance entre elle et les bourreaux. Elle s'engage dans une labyrinthe de crevasses. Un espèce de petit canyon. Il y a suffisamment d'endroits où se cacher mais elle ne s'arrête pas pour se dissimuler. Elle continue de courir. Mauvaise décision car dans son état, elle ne fait plus attention où elle met les pieds. L'elfe trébuche sur un rocher vacillant et sa cheville se tort. La douleur éclate dans son pied puis sa jambe entière. Elle lâche un cri de douleur et tombe par terre, dans la saleté, dans la boue sèche. Elle était si près... Elle voit l'issue du canyon à quelques mètres d'elle et plus loin la bordure d'une forêt. C'est la frontière, juste là au bout des doigts. Elle murmure un faible "non" et essaie de se relever mais son entorse l'élance beaucoup trop.

- Merde, merde, merde...

Dalaani sert les dents, rampe vers une ouverture dans la roche qui lui permettrait de se dissimuler. Se cacher. C'est son seul espoir à présent ; espérer qu'ils passent tout droit. Qu'ils ne la trouvent pas dans cette cachette improvisée. Elle espère qu'ils ne remarqueront pas les traces de son corps glissant sur le sol vers l'endroit où elle se cache. Quand le premier garde apparaît, elle retient son souffle, se collant le plus possible contre la pierre dans son dos, comme si elle allait réussir à se fondre à celle-ci. Elle souffre le martyr mais l'envie de ne pas être découverte est plus forte que son mal. Et quand le fils du patriarche apparaît, le coeur de l'esclave se met à battre à toute vitesse dans sa poitrine. Paniquée. Faites qu'ils ne la trouvent pas. Faites qu'ils passent leur chemin...

Elle a cessé de compter le nombre de fuites qu'elle a tenté d'orchestrer. Est-ce ça centième ? Sa millième ? Toutes vouées à l'échec. Peut-être que ce sera aussi le cas cette fois-ci. Tout semble l'indiquer en tout cas, sa cheville lui fait atrocement mal mais son coeur bat si vite, si intensément qu'elle en oublie son mal. Dissimulée dans la crevasse, elle espère en vain que les loups à ses trousses passeront leur chemin. Peut-être vont-ils croire qu'elle a atteint la frontière et qu'il serait inutile de continuer. Une petite voix dans sa tête finit toujours par lui rappeler que ce sont les Pavus... Ils n'abandonnent pas aussi facilement. Surtout quand cela concerne quelque chose qui leur appartient. Quand elle voit apparaître l'ombre de ses poursuiveurs, elle retient son souffle. Elle entend la voix de son maître tenter de la convaincre de se rendre, de se montrer en échange de sa clémence. Évidemment, elle n'avale pas ses mensonges. Les Pavus sont déterminés et elle ne les a jamais connu pour leur clémence. Non. Elle reste cachée, priant les dieux elfiques dont elle ignore même les noms de la sauver. Mais bientôt, une main l'attrape et l'oblige à sortir de sa cachette. Elle lève les yeux sur Nero, affolée. Elle est si près de la fontière... non... Ça ne peut pas finir ainsi. Elle doit se battre. Mais elle est bientôt entourée par les gardes qui ont l'ordre de l'enchaîner et de la ramener à Tévintide. Hors de question de retourner là-bas...

- Je n'y retournerai pas ! Pas sans me battre !

Un des gardes qui tentent d'attraper ses mains pour lui mettre les chaînes est surpris par la vitesse de l'elfe qui lui arrache les liens de métal des mains et entoure son cou avec. Elle se sert du garde comme bouclier, gardant les autres à distance.

- Laissez-moi partir, sinon je le tue.

Elle s'adresse à Nero, son regard planté dans le sien sans sourciller. Elle est sérieuse... elle n'a plus rien à perdre... Casser le cou de ce garde ne la dérange pas. Elle a presque oublié sa cheville sur laquelle elle évite de s'appuyer en utilisant le garde du garde comme béquille.