MÉPRISE GROSSIÈRE - HOT (SHANE)

Une éternelle fuite. Voilà ce à quoi l'elfe est visiblement condamné, peu importe le lieu dans lequel il met les pieds, il termine toujours par se dérober. Ses pas le mènent le plus loin possible hors de vue des cœurs brisés et des compagnons abandonnés de son propre chef. Un cercle sans fin qui le berce jusqu'à en avoir la nausée. Pourtant ses arrières sont protégés, et n'est-ce pas ce qui compte ? Non, c'est tout ce qui compte désormais. L'inscription déserteur se dessine presque sur son front et il s'enferme dans divers mensonges ou un mutisme sans fin lorsqu'il lui faut évoquer son passé. Sarren s'inquiète néanmoins ; il n'est pas resté en Ferelden tant de temps après sa désertion pour contempler le paysage. Mais il est bien incapable d'y séjourner plus longtemps.

Son nouveau voyage le mène à Gwaren avec l'intention de prendre un bateau en direction des marches libres. Prisonnier de ses songes, il arpente les ruelles de la ville et se demande s'il ne resterait pas ici une soirée de plus que prévu. Après tout, elle ne va pas le retrouver aussi rapidement. Il pense également à l'enclin très proche puis les obligations de ses anciens frères et sœurs de la Garde qui ont très certainement d'autres chats à fouetter que de courir après des déserteurs comme lui. Un soupire lui échappe en cours de route. La seconde qui suit, il remarque une échelle menant au toit d'une bâtisse, une opportunité d'être tranquille pour réfléchir quelques bonnes minutes ; ou plus. Mais à peine effleure-il la colonne de ses doigts qu'un vacarme assourdissant attire son attention. Un homme en fuite renverse des cagettes dans le chemin puis arrive rapidement à sa hauteur. Sarren observe la scène et se questionne surtout sur ce que fuit le bougre... quoi qu'avec ce qu'il transporte, l'elfe imagine sans difficultés un voleur pris la main dans le sac. Il ne souhaite pas s'interposer dans cette affaire, de toute façon.

Malheureusement le choix n'est pas sien. La poisse suit Sarren même jusqu'à Gwaren : le brigand laisse maladroitement son butin entre ses mains avant de se faire la belle. « ... Eh ! Attendez ! » Et le malchanceux n'a pas le temps de réaliser qu'un groupe de gardes arrive déjà à sa hauteur en l'empêchant de fuir. Ils l'entourent, le croient coupable, alors qu'il n'avait rien demandé. Peu importe de quelle manière il leur explique, ces derniers sont sourds à tout ce qui s'échappe hors de ses lèvres. C'est lui qui était en possession du butin volé et le reste n'est pas de leur ressort. Quand l'elfe est ensuite emmené dans la demeure du Tiern, son imagination s'agite un tantinet plus qu'auparavant. Est-ce un piège tendu ? Quelqu'un l'aurait-il reconnu et souhaite le livrer à la Garde ? Il serre les dents avec sa tête déconfite une fois face au dirigeant de Gwaren. L'un des gardes de la ville présente les faits devant celui-ci et explique les tords dont l'elfe est accusé. Automatiquement il tente une nouvelle fois de défendre sa peau, espérant que ce Tiern sera plus à l'écoute que les hommes à son service. « C'est un malentendu, je ne suis pas responsable. Le vrai voleur s'est enfuit en me laissant son butin entre les mains. »

C'est bien sa veine, aujourd'hui. Non seulement à l'heure actuelle, le voleur responsable de sa situation doit rire à gorge déployée mais de surcroît, ni les gardes ni même le Tiern ne semblent disposés à croire à sa mésaventure. L'un des protecteurs l'aurait effectivement taloché que ça n'aurait rien changé : il a l'impression d'être dans les emmerdes jusqu'au cou. Un point positif cependant, l'homme face à lui ne mentionne pour l'instant pas les Gardes des Ombres. Sa paranoïa reste ainsi présente mais moins insistante. Ce n'est pas un piège, c'est une simple méprise, n'est-ce pas ? Sarren se mordille légèrement le bas des lèvres avec les regards inquisiteurs posés sur sa personne. Avec sa question, le Tiern met très probablement à l'épreuve ce qu'il avance. Il est vrai qu'une histoire aussi tordue et inhabituelle ressemble plus à une belle excuse qu'à une vérité.

« Oui. » Confirme tout d'abord l'elfe en inspirant profondément. Il se doute que ce n'est pas suffisant et que plus de détails sont nécessaires. Soit. « Je me rendais en direction du port quand j'ai entendu du vacarme derrière moi. J'ai à peine eu le temps de me retourner qu'un homme en fuite m'a laissé ce qu'il transportait dans les bras. Le temps que je réalise, vos gardes m'entouraient et m'accusaient déjà. C'est ce que je me tue à expliquer à ces derniers depuis tout à l'heure mais ils ne veulent rien entendre. » L'un des fameux garde n'hésite pas à lorgner d'un sale œil l'accusé qui remet ouvertement en cause la manière dont il fait son boulot. Serait-il utile que Sarren insiste également sur sa poisse apparue depuis un certain temps ? Quoi qu'il en soit, il s'exprime à nouveau en insistant sur sa condition actuelle ; omettant certes des détails comme le fait qu'il soit déserteur mais cette information n'est pas utile à ébruiter. Au contraire même, mieux vaut que le Tiern n'en soit pas informé. Sinon c'est face à d'autres problèmes plus importants qu'il serait confronté... « Je suis un simple voyageur, je ne veux pas de problèmes. »

Sa posture est mauvaise. Ses arguments paraissent incohérents et ne sont probablement pas pris au sérieux étant donné les conclusions du Tiern. Sarren serre les dents. Il n'a pas le temps de défendre encore un tantinet ses intérêts que la voix tonne. « Attendez ! Je- » Inutile. Il est emmené, évacué de la salle principale. Désormais il s'attend au pire, parce qu'il ne sait pas réellement à quoi s'attendre exactement. Est-il condamné à séjourner dans des geôles ? Probablement. Combien de temps ? C'est une autre question qui le travaille, presque autant que le jugement le concernant qui n'a pas encore été rendu.

Plusieurs heures défilent, dans l'attente. Elles semblent être une éternité. Pourtant l'elfe n'est pas si mal loti ; plutôt bien traité et nourri, à son grand étonnement. Ceci le rassure à moitié car son sort n'est pas décidé et il pourrait très bien déchanter rapidement si le Tiern décide que la parole de ses gardes est plus valable que la sienne. Après tout, il n'est qu'un inconnu à ses yeux, accusé de surcroît. Mais Sarren ne pense pas que l'homme soit un mauvais bougre. Sauf si son bon traitement n'est qu'une duperie pour mieux l'enfoncer après, bien entendu. Trêve de paranoïa, voilà qu'on vient le chercher. Il est de nouveau amené face au Tiern dans ses quartiers. Ce qui l'étonne légèrement, surtout en cette heure tardive.

Bientôt ils se retrouvent en privé, sans gardes pour les écouter ou se joindre à la conversation. Bien vite, aussi, les interrogations fusent en direction de l'elfe qui prétend être un voyageur. Ce n'est pas là un mensonge. Avec son clan, principalement, il bougeait beaucoup mais il était plus jeune. Vint ensuite la Garde de Ferelden qui le limitait dans ses déplacements puis son errance récente toujours en Ferelden. Alors des nouvelles fraîches d'ailleurs, c'est délicat. Mais c'est un échange de bon procédés, et Sarren ne peut se permettre de laisser filer cette chance. « Je m'appelle Sarren. J'ai moins voyagé cette dernière année, je crains donc que mes nouvelles soient pour la plupart dépassées ou qu'elles ne soient déjà parvenues à vos oreilles. » Si il est honnête là dessus, il n'est pas totalement sans informations. Elles valent juste ce qu'elles valent. Il en énonce alors quelques unes sans énorme intérêt : principalement des observations. Arrive finalement une brillante idée. « Je pourrais aussi vous apprendre, comme j'ai appris, une concoction spéciale provenant des Dalatiens... J'ai rencontré un clan lors de mes voyages. » Doux mensonge qui n'en est qu'à moitié un, puisque ce clan était en vérité le sien. Mais il connait en effet des concoctions que le Tiern ne soupçonne pas. « Mais avant, j'aimerais savoir. Qu'allez vous faire de moi ? »

Sarren est surpris. Agréablement surpris. Si il est plutôt courant pour lui de tomber sur des gardes avec de la bouse à la place du cerveau, il est rare qu'il rencontre un dirigeant avec un minimum de bon sens. Et une certaine sympathie, un naturel, comme ce Tiern en dégage. C'est en raison de cela que Sarren hésite encore suite à sa proposition. Elle est toujours d'actualité, certes, mais peut-être serait-il plus honnête de sa part de lui offrir une concoction digne de ce nom et pas une vulgaire sans grand intérêt. Une l'une vient en tête, des fois que l'humain rencontrerait des problèmes avec un rêveur. Heureusement que les membres de son clan ne sont pas là ; ils lui auraient formellement interdit d'ébruiter une telle formule. Mais pour une raison énoncée plus tôt, l'elfe arrive à faire suffisamment confiance au Tiern, peut-être aussi parce son sort est en jeu. Ses menottes sont encore accrochées à ses poignets. Et puis, il serait mal avisé d'essayer de le traîner dans la farine ; s'en faire un allié en revanche... « Merci. Vous avez l'air d'un type bien. »

Sarren le fixe encore quelques instants. « Je vais donc vous donner cette chose : une formule pour empêcher une personne de pénétrer vos rêves. C'est un mélange d'herbes permettant de bloquer l'accès à votre subconscient une fois endormi, dans l'immatériel. C'est utile pour vous protéger de certains mages mal intentionnés qui ont cette capacité. » Une poignée l'ont : les rêveurs. Lui-même mage - qu'il se garde autant d'annoncer n'en est pas capable mais en connaît un rayon là dessus, surtout lorsque son ancienne compagne en était une. Et désormais Sarren se protège, use de cette concoction avant d'aller se coucher pour éviter qu'elle ne pénètre ses rêves et ne retrouve sa trace. Ce qu'il garde bien de détailler au Tiern, lui ayant d'ores et déjà offert un gros morceau à se mettre sous la dent. Plus qu'il ne pensait le faire de base ; néanmoins l'humain semble suffisamment intelligent pour ne pas faire n'importe quoi. « J'espère que vous en ferez bon usage. En revanche, j'aurais besoin d'un parchemin, une plume et de mes mains libres pour vous l'écrire. » Si tout se déroule comme il faut, bientôt, il reprendra sa route vers les Marches Libres avec en prime des provisions et vivres. Sa mésaventure tourne éventuellement en chance. Doit-il s'en méfier ?

L'elfe reste un peu surpris lorsque sans prévenir, après un silence peu rassurant, le Tiern se poste juste devant lui. Mains dans les mains, yeux dans les yeux. C'est déstabilisant et il le sait probablement ; est-ce un test ? Sarren ravale discrètement sa salive en se confirmant qu'en effet, c'était probablement trop beau pour être vrai. Si l'humain n'a pas confiance en lui, ils en reviennent un peu au point de départ. Il hésite par ailleurs à couper court au silence ; c'est finalement le Tiern qui s'en charge pour lui et le... libère. Non, il ne rêve pas malgré la paranoïa qui s'était à nouveau faufilée dans un coin de son crâne. Il faut dire qu'avec sa condition de déserteur et désormais apostat, le mage préfère surveiller ses arrières. Les poignets enfin dégagés de ces chaînes inconfortables, il ne manque pas de les masser un tantinet avant de s'installer sur le fauteuil désigné. « Merci. »

Sarren n'arrive vraiment pas à savoir ce à quoi l'homme songe. Si c'est encore un test, une observation particulière, ou simplement une impression éloignée de la vérité. Il ne lui reste normalement qu'une ligne droite avant d'être complètement sorti d'affaire ; il l'espère. Soigneusement il attrape la plume à disposition qu'il trempe dans l'encre et commence à imprégner le parchemin de la formule évoquée. Il note les herbes nécessaires ainsi que leur emplacement, pour certaines moins connues, tout en réfléchissant. Encore. Est-il obligé de donner la recette exacte ? Le Tiern ne semble pas en connaître beaucoup sur le rayon et il ne remarquerait même pas la différence s'il la modifiait. L'air de rien, il modifie donc la formule exacte en une autre plus simple censée renforcer la qualité du sommeil. L'elfe est confiant ; même si l'humain le réalise lui sera déjà bien loin ainsi que hors d'atteinte. Au fond il s'en veut de le trahir, plus ou moins, mais il n'est pas à sa première fois. Et c'est un inconnu.

C'est en approchant de la fin qu'il réalise la proximité de l'homme, sortant de son état de concentration. Le Tiern craint-il qu'il ne tente une fuite ? C'est ce à quoi pense l'elfe, n'y voyant aucun autre signe distinctif plutôt évident depuis de longues minutes. Même si enfin, avec la demande qui est formulée, il saisi un peu mieux ce qui se passait dans la tête de l'humain. Probablement. Nouveau test ou demande sincère, telle est la question ; et Sarren s'en pose clairement trop. Mais il termine tranquillement d'écrire puis relève son menton vers son vis-à-vis. Celui-ci n'est pas mal logé et possède sûrement quelques délices ainsi qu'un confort certain ; et puis mieux vaut éviter de le contrarier en étant à peine sorti d'affaire. Il s'enfonce un peu plus dans le fauteuil. « Ce n'est pas de refus... Même si après tout ça j'aurais bien besoin d'un remontant. » Qui ne tente rien n'a rien et ce qu'a Sarren en tête n'est pas bien compliqué à deviner : l'alcool. Surtout après de fortes émotions. « A propos, comment dois-je vous appeler ? Simplement Tiern ? » Ses pupilles se reposent sur le parchemin ; il vérifie ses écrits.

Sarren aurait très bien pu refuser, s'abstenir, faute de ne pas connaître toutes les intentions du Tiern en cette soirée... cette nuit. Néanmoins le voyage de Gwaren jusqu'aux Marches Libres risque d'être épuisant et sans détente digne de ce nom avant de l'entreprendre, l'elfe ne l'appréciera pas vraiment. Rien que le fait d'être piégé sur un bateau en pleine mer est peu rassurant mais passons. Pour l'instant, il est encore sur la terre ferme et visiblement l'humain veut être à ses petits soins pour une raison qui lui échappe. Ou presque ; il plait à celui-ci. Ça veut tout dire, même pour Sarren qui n'est pas particulièrement réceptif en raison de son cœur ne battant - quoi qu'il en dise que pour une seule personne.

En tout cas, l'accusé est plutôt satisfait d'avoir tenté le coup ; bientôt un verre d'alcool ambré se présente sous ses yeux et ses pupilles s'illuminent presque. Un bon remontant, sûrement de bonne qualité, que demander de plus ? D'ailleurs l'homme, Shane, l'accompagne et semble de plus en plus familier. Cela lui est égal. Tiern ou pas s'il est en mesure de l'être aussi sans se faire sanctionner, c'est plus simple. « Shane, alors ? Merci encore, pour le verre et le confort. Et si je peux oublier les politesses pour cette soirée je ne vais pas m'en plaindre. » Sa paume se colle immédiatement au verre plein, avec envie de l'engloutir au plus vite. D'autres paroles parviennent à ses oreilles mais au lieu de rétorquer à la suite, il égale le Tiern en buvant cul sec. Un faible soupire de contentement est échappé. Il est bon, cet alcool, pas comme ceux de piètre qualité dont il est forcé de se contenter en ce moment.

Enfin il songe à la dernière phrase prononcée ; Sarren accorde un sourire à Shane pour de tels propos. C'est agréable, et ça l'est sûrement encore plus maintenant que l'alcool commence à lui monter à la tête. Doucement son esprit est un peu plus embrumé qu'il y a quelques minutes. Il garde le contrôle de lui, certes, mais ses réflexions et inquiétudes l'entravent beaucoup moins. Le pèsent beaucoup moins, aussi. Toujours confortablement installé dans le fauteuil, l'elfe lève la tête vers l'humain en se mordillant légèrement les lèvres. Une chose qui reste même dans cet état, même assis : le complexe de la taille. Mais il essaye de l'ignorer car jusqu'à présent il avait fait avec. Il se lève tout de même. « Il y a une chose que j'aimerais bien faire avant de partir de Gwaren, je l'avoue. » Commence-il, le regard encore pétillant en y songeant. Rien à voir avec les désirs du Tiern mais les deux ne sont pas incompatibles, au fond. « Monter sur le toit de cette bâtisse, ou de l'une des plus grandes de Gwaren. » Enfin ce n'est peut-être pas en compagnie de Shane qu'il aura ce plaisir ? Au mieux ce dernier verra ça comme une plaisanterie, au pire, bon. Sarren est un amoureux des hauteurs et tout le monde ne partage pas sa vision. « Sinon un deuxième verre me conviendrait aussi. » Ajoute-il après avoir reposé son verre vide sur le bureau.

Une fois encore, Sarren est agréablement surpris de la réaction du Tiern ; il en regretterait presque de ne pas lui avoir donné la recette exacte mais ce doit être l'alcool qui pense à sa place. Quand Shane remballe tout et lui propose de le suivre, il attrape immédiatement son verre puis marche dans ses pas. Un sourire dessiné sur les lèvres, il observe les environs plus que l'humain à ses devants, faute du complexe de taille. Même si avec les gardes, ce n'est pas mieux. Une bouffée d'air lui prend aux tripes une fois en extérieur du château, sur la plus haute tour de celui-ci. Le paysage qui s'étend devant lui est magnifique. Si beau que l'elfe ignore le garde congédié et se penche vers l'un des bords - pas trop quand même, satisfait de voir la ville sous un tout autre angle. Ce n'est pas identique à une vue qu'il aurait eu en grimpant simplement sur le toit d'une vulgaire habitation en bas. Et apparemment, il n'y a pas plus haut dans le coin. Que demander de plus ? Sarren s'éloigne un tantinet du bord mais continue de fixer l'horizon, tandis que Shane lui ressert un verre. D'un regard il le remercie, puis lui rétorque. « Pour le moment ça va, mais le vent est plutôt fort en effet. »

La brise est fraîche à cette heure-ci, ce n'est pas étonnant. L'elfe n'a pas menti là dessus : pour l'instant il n'a pas froid et l'alcool lui réchauffe les boyaux mais il aimerait ne pas tomber malade demain. Enfin, il a d'autres priorités comme celle de finir son verre avant de s'inquiéter de sa santé. « C'est magnifique. J'ai l'impression de redécouvrir Gwaren. » Bien qu'il ne soit que de passage, la sensation est très différente en hauteur qu'en parcourant les rues de la ville. Une fois son verre terminé, pour le moment laissé sur le rempart, Sarren fait le tour depuis le point de vue puis retourne aux côtés de Shane.

Il se hisse désormais sur le rebord malgré le danger, pour s'asseoir avec les pieds dans le vide... et se rate complètement. Un mélange de poisse et son état alcoolisé ou simplement sa bêtise ? Heureusement l'elfe se rattrape de justesse au bord après un cri étouffé. Ses deux mains le retiennent de justesse mais il lui faut l'aide du Tiern s'il ne veut pas finir en crêpe plus bas, étalé au sol. « Mince... encore. Shane ? » C'est moins dangereux lorsqu'il tombe d'un arbre, car même blessé il est en mesure de se soigner. Mort par contre, il ne risque pas de pouvoir faire grand chose.

La carcasse dans le vide, le malchanceux est promptement récupéré par le Tiern qui le sort de bien des situations délicates depuis l'histoire du vol. Et là, techniquement, il vient de lui sauver les fesses d'une chute indésirable. Ramené au sein de la Tour, il s'échoue salement contre son sauveur qui lui sert de coussin d’atterrissage. Confortable, en ce qui le concerne. La proximité est d'ailleurs beaucoup plus évidente et peut-être est-ce l'alcool, mais Sarren paraît plus réceptif aux avances qu'il y a quelques minutes ; surtout lorsque les mains de l'humain s'accrochent à ses hanches de manière significative. Impossible de dire qu'elles ont simplement glissées, hein. L'elfe reste tout autant muet jusqu'à ce que le silence ne soit rompu par des paroles suivis d'un geste tendre qui éveille des souvenirs. Ce n'est qu'un simple baiser sur le nez mais le corps se remémore. Fenara. Alors automatiquement, ses joues s'encrent d'une faible couleur carmine heureusement peu visible dans l'obscurité. Et instinctivement, un sourire se glisse sur ses lèvres en écho avec celui de Shane, malgré la vision de Fenara qui persiste.

Puis la réflexion arrive jusqu'à ses oreilles pointues, lui faisant automatiquement froncer les sourcils en raison de la taille ; sujet sensible avec lui. Bien que cette fois-ci, ce soit l'humain qui se targue de ne pas être très grand. Plus que lui en tout cas. « Tu veux vérifier ? Vas-y, portes moi sur ton dos. Je serais encore plus grand. » Défi relevé. Si c'est un défi... Plutôt une plaisanterie, un jeu amusant entre les deux hommes qui sont déjà bien alcoolisés mais savent encore faire suffisamment la différence. N'est-ce pas ? Et Sarren laisse de côté la petite grimace naturelle pour un énième sourire confiant. Maintenant, il a bien envie de monter sur son dos, oubliant son rang de Tiern. Il se faufile dans son dos puis pose ses deux mains sur ses épaules, comme un enfant qui joue avec une figure paternelle ou un mentor. Même si la situation est bien éloignée. Il patiente jusqu'à ce que Shane le hisse plus haut et ne remarque pas le toit de la tour de guet qu'il risque de heurter s'il reste droit comme un piquet. « Où est-ce que tu nous emmènes, alors ? » L'elfe admire encore la vue, de son piédestal, elle est splendide. Il pourrait l'observer pendant des heures et des heures. Mais là, il commence à avoir froid ; des frissons lui parcourent l'échine suite à un courant d'air plus fort que les précédents.