Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

Mar 19 Déc - 0:39

Iselad
&
Amaranthe
à Iselad Anfauglith



Cher Baron Anfauglith,


Ou peut-être puis-je vous appeler Iselad ? Je prends le risque, dans cette lettre que je me décide enfin à vous envoyer aujourd’hui, et j’ai longuement hésité à écrire. J’essaie, après tout, car l’on m’a un jour dit « qui ne tente rien n’a rien », et j’ai trouvé cela particulièrement pertinent. Peut-être ne me répondrez-vous pas ; et ce serait compréhensible, après tout : je ne suis qu’une inconnue qui vous adresse aujourd’hui quelques mots, dans l’espoir d’un retour sans pour autant en attendre. Peut-être me jugerez-vous effrontée et bien futile, mais pardonnez : la fougue de la jeunesse coule encore dans mes veines et l’on ne m’a pas encore trouvé de mari pour m’apprendre qu’il n’est peut-être pas bon d’envoyer des courriers ainsi à des personnes qui ne me connaissent certainement pas.


Il se trouve que j’ai eu l’occasion d’admirer votre œuvre à plusieurs reprises. Votre travail sur ces masques est si délicat, si parfait que je suis immédiatement tombée sous le charme de leur raffinement ! Je crois que mon père n’est pas de cet avis, mais je parierai que son avis est biaisé par la connaissance de vos origines : certaines personnes ne sont malheureusement que fort peu ouvertes d’esprits, et je déplore d’en avoir de tel dans mon entourage proche. Je dois avouer, avec tout le respect que je vous dois et sans une seule once de méchanceté ou autre sentiment impur de cette sorte-là, que vous me fasciner.


Un elfe baron, voilà en effet quelque chose dont on n’entend pas parler tous les jours ! Les temps changent, les mœurs évoluent, et soyez certain que j’en suis bien aise : je trouve même cela absolument fabuleux. Je m’interroge, tout de même ; n’est-ce pas parfois difficile d’évoluer ainsi dans une telle société ? J’ai l’impression qu’elle est, la plupart du temps, à l’image de mon géniteur : mais je peux me tromper. Après tout, je n’ai pas encore eu de réelles occasions de voir comment se portait la cour de Val Royeaux ; on me tient éloignée du Grand Jeu. Oh, mais que suis-je sotte ! Je laisse ma plume courir d’une traite sur le papier, et j’en oublie de me présenter. Si par un hasard heureux vous voudriez me répondre, il s’en serait fallu de peu pour que vous ne sachiez pas à qui vous vous adressez !


Veuillez excuser cet oublie que je vais réparer immédiatement : je suis Avalon de Valois. Vous avez certainement entendu parler de mes cousins plus que de moi ; il s’agit des de Lydes, chez lesquels je vis d’ailleurs actuellement. Mes parents ont jugé bon de m’y placer afin de parfaire mon éducation, et je compte également sur eux pour m’introduire à Val Royeaux... Qui sait ? Enfin ; je ne suis pas bien intéressante, je le crains, et je ne cache pas que l’objet de cette lettre réside en votre personne plutôt qu’en moi. On dit que votre beauté égale le raffinement de vos masques, et je veux bien le croire : pour vous avoir déjà aperçu, une fois, je ne pense pas pouvoir démentir cela. Mais il se dit que vous n’avez pas de femme et, cela, je ne peux le croire : comment cela pourrait-il être possible ?


Mais je m’égare ! Cette lettre, qui vous fait peut-être perdre votre temps, me semble déjà trop longue pour ce qu’elle est. J’aimerai énormément avoir le loisir d’apprendre à vous connaître, et je vous laisse seul juge pour cette décision. Sachez simplement que si vous ne désirez pas me répondre ; je ne vous embêterai pas plus, je vous le promets. Dans le cas contraire, écrivez au château de Lydes !



Un dernier mot : félicitation pour tout ce que vous avez accompli jusque-là !
Et mes amitiés,
Avalon de Valois



CODAGE PAR AMIANTE
avatar

Invité

Invité

Revenir en haut Aller en bas

Lun 25 Déc - 13:05





C
hère damoiselle de Valois,


Octroyez-moi tout d'abord de vous signifier mon agréable stupéfaction à la réception de votre épître, j'ignorais être la cible de pareille oeillade dans l'auguste strate de la noblesse orlésienne. Votre juvénile hardiesse est toute pardonnée considérant l'apparente bienveillance de votre écrit, je suis de ceux qui arguent qu'il est nécessaire de forcer le destin si l'on désire en obtenir quelque chose. Je m'interroge toutefois, me nommer si intrépidement par mon prénom dans votre prime approche justifie d'une curieuse familiarité. Serait-ce l'homme plus que le tailleur avec lequel vous souhaiteriez correspondre ? Puisque la franchise vous anime, permettez-moi de brûler du même feu.

Je suis enchanté que mes œuvres puissent vous séduire, elles s'adressent à tout individu sensible à l'essence du textile, mais aussi au fait des subtils codes vestimentaires de la Cour. Une pléthore de détails à considérer pour la confection d'une seule tenue, car la moindre fioriture disgracieuse serait à même à révéler une faille, à trop en dire pour les yeux affilés des accoutumés du Grand Jeu – ou simplement à témoigner d'un goût inopportun. Le mariage de la compétence manuelle et de l'acuité intellectuelle, ainsi est ma définition de mon métier, et ainsi doit-elle être si j'aspire à conserver mon rang et ma gloire si ardemment gagnés.

Je ne peux réprouver cette fascination que vous exprimer – comment pourrait-il en être autrement, alors que je m'avère être les seules oreilles acuminées ceintes d'un titre et d'une estime dans le tout Orlaïs ? Je suis pleinement conscient de mes origines, de la défaveur qu'elles soulèvent, mais elles ne constituent un écueil que pour ceux qui ne voient qu'elles. Ne vous méprenez pas, mademoiselle, quant à mon fer de lance. Si vous avez eu quelques échos de ma personne, vous devez savoir que je suis opaque à ladite Cause des Elfes, qu'avec ceux-ci je ne partage qu'une distinction corporelle. Je n'ai cure du paupérisme elfique, je suis la preuve palpitante que vouloir, c'est pouvoir. Qu'importe les brimades et les complots ourdis par vos pairs, ensuite, je suis moi-même un fin Joueur, et ai accepté cette périlleuse coercition le jour de mon anoblissement.

J'ai effectivement bonne connaissance de vos cousins, ne serait-ce que de leur patronyme. Je suis par ailleurs, sachez-le, un proche collaborateur du seigneur Gabriel de Serault, qui prendra prochainement dame Aveline de Lydes pour épouse m'a t-il lui-même confié. Il m'a été offert d'être le confectionneur des tenues matrimoniales – un immensurable honneur en plus d'une joie considérable, vous aurez de ce fait l'opportunité de contempler mon travail. Peut-être même d'en profiter vous-même, si vous vient l'envie que je crée pour votre superbe. Je vous aurais bien suggéré d'accompagner votre introduction, mais vous risqueriez des lorgnades critiques et des racontars désobligeants à vous pavaner à mes côtés pour les prémices de votre Jeu. A quel grand événement allons-nous toutefois vous introduire ? J'en suis curieux, tout comme de savoir le lieu où vous m'avez aperçu ?

Chère Avalon, je n'ai point d'âme-soeur à mon bras pour avoir pleuré feue la mère de mes deux enfants il y a fort longtemps, et que tout baron soit-il, il est indiciblement difficile d'envisager offrir la main de sa fille à un homme tel que moi. Je ne vous apprends rien de ces poncifs, et ne peux décemment blâmer la hantise de ces sires compte tenu des circonstances. J'opine par ailleurs que votre père ignore cette correspondance ? Il serait d'extrêmement mauvais augure, pour vous, qu'il l'apprenne. Etes-vous à ce point entichée du péril pour poursuivre notre échange ?

Si tel est le cas, alors, narrez m'en plus. Vous avez l'avantage de me connaître, de m'avoir vu, je suis en peine de ne savoir que votre nom et cette jeunesse qui sied à votre plume. Parlez-moi de votre famille, de ce qui compose votre vie – et répondez, je vous prie, à ceci : quelle est votre couleur favorite ? Elle m'en dira beaucoup.


Que le Créateur vous love dans son amour.
Baron Iselad Anfauglith



©️ sobade & pathos


avatar

Invité

Invité

Revenir en haut Aller en bas

Dim 28 Jan - 19:25

Iselad
&
Amaranthe
à Iselad Anfauglith



Cher Baron Anfauglith,


Oh, comme j’ai été heureuse en découvrant que vous m’aviez répondu ! Je crois que je ferais une bien piètre Joueuse si je me comporte toujours ainsi, laissant apparaître trop facilement chacune de mes émotions et restant si franche, mais je ne pense pas que l’on m’y introduise avant un moment. La vieille Amaranthe de Lydes me taperait certainement sur les doigts si elle venait à lire cette correspondance, elle si attachée aux traditions ; mais être la duchesse douairière d’une si grande famille joue peut-être un rôle dans cette austérité et cette rigueur qu’elle affiche. Quoi qu’il en soit, elle n’est pas le sujet de cette lettre, fort heureusement ; sinon quel ennuie ce serait pour moi qui doit déjà la supporter au quotidien. Laissez-moi donc à nouveau vous répondre franchement : mon emportement et mon excitation m’ont poussé à utiliser si précocement votre prénom, peut-être parce que ce qui semble interdit semble toujours si attrayant. Ai-je mal fait ? Si tel est le cas, je vous en conjure : pardonnez-moi à nouveau. L’Homme, ou le Tailleur, tous les deux sont un seul et même être réunis en vous, n’est-ce pas ? Voilà ma réponse.


Je suis certaine que votre regard et votre intelligence sont aussi acérés que vos œuvres sont travaillées avec perfection et minutie. Je pense comprendre votre point de vue et les efforts que vous avez à fournir pour rester à ce niveau de perfection : mais peut-être puis-je sembler hypocrite, moi qui suis née avec une cuillère en argent dans la bouche et qui n’ai pas grand-chose à faire pour conserver mon titre de noblesse – si ce n’est de ne pas mourir en participant au Jeu, si j’y participe pleinement un jour. Quoi que vous puissiez en penser, soyez assuré que ma sympathie et ces mots qui vous sont adressés ne sont pas feints. Je comprends et entends totalement votre point de vue : je déplore simplement qu’un certain nombre de personne ne doivent sans doute pas voir au-delà de ces caractéristiques physiques si particulières. Peut-être est-ce que je me trompe ; je ne sors après tout pas assez souvent pour pouvoir l’affirmer, mais si tel est le cas, alors je trouve ces personnes obtuses et votre mérite d’autant plus grand.


Vous me voyez ravi de savoir que je pourrais admirer vos œuvres sur des personnes que je connais aussi bien que cette cousine Aveline de Lydes, ou son futur époux. Comme j’aimerai pouvoir, moi aussi, être vêtu de l’une de vos œuvres pour cet évènement ! Mais nous avons également un couturier « à la maison », peut-être avez-vous entendu parler de ce jeune Martell qui est excessivement proche de l’aîné de Lydes, Ariel ? Je dois avouer que ses travaux, bien que d’un style assez différent des vôtres, valent également le coup d’œil. Il n’a de son côté aucun titre, et je ne pense pas qu’il en veuille un, un jour : il n’en a après tout pas besoin lorsqu’il a les faveurs d’Ariel, mais peut-être connaissez-vous mieux les Martell pour leur hydromel réputé : quoi qu’il en soit, je suis certaine que lui-même serait ravi d’échanger avec vous. Tout cela pour déplorer de ne pouvoir m’enorgueillir de porter l’une de vos robes à cet évènement ! Ah, mais le temps viendra, je suis certaine. Pour l’endroit où je vous ai vu, si je me souviens bien, était à cette soirée organisée par Monsieur de Maupas ! J’y avais accompagné cette chère Amaranthe qui y avait été invité et voulait me présenter en douceur les retors de la cour... Dans une certaine mesure, dirons-nous. Il me semble d’ailleurs y avoir également vu votre fille, mais je n’en suis pas certaine ; et la grande-tante n’a pas tenu à rentrer trop tard – ou trop tôt, cela dépend si l’on parle du soir ou du matin.


Je suis sincèrement désolée pour vous, je ne peux que me figurer la difficulté qui a été la perte de votre moitié. Pas que moi-même j’en sache malheureusement grand-chose, mais puisque vous désirez que je vous parle un peu de ma famille (bien qu’elle ne soit, à mon sens, guère intéressante) j’ai pu voir l’effet de ce même genre de perte sur mon père, lorsque ma mère lui a été arraché par le Grand Jeu. J’étais encore jeune, une dizaine d’années tout au plus, et il fut pendant longtemps effondré. Cela ne fait que peu de temps qu’il s’est remarié, mais je crois que même s’il y a un peu d’amour entre ces deux personnes, la flamme n’est pas la même. Je pense d’ailleurs qu’il m’a envoyé à Lydes pour que j’évite de me retrouver dans la même situation : plusieurs de mes cousins sont connus pour être ou pour avoir été d’excellents Joueurs, et vivre à leurs côtés ne peut que m’être bénéfique, je suppose. Evidemment, mon père ne sait rien de cette correspondance – personne, d’ailleurs. Je ne pense pas qu’ils approuveraient, mais je ne pense pas non plus avoir besoin de leur accord pour tout ce que je fais ou choisi de faire : ce serait si ennuyeux ! Ma couleur favorite est, je pense, un beau bleu céruléen. C’est en tout cas celle que j’affectionne le plus.


Prenez soin de vous, cher Baron !
Avalon de Valois



CODAGE PAR AMIANTE
avatar

Invité

Invité

Revenir en haut Aller en bas

Sam 17 Fév - 15:37





C
hère damoiselle de Valois,


Je dois vous en faire confession : votre fougue m'amuse autant qu'il me charme. Jamais auparavant, me semble t-il, mes épîtres n'avaient enfanté tant de joie à leur lecture. S'il vous est préférable d'apprendre à masquer vos affects une fois que vous serez en présence de vos obséquieux ennemis, ne perdez rien de cette innocence juvénile. Ou à défaut, conservez-la la plus longtemps possible, je puis être sûr que vous êtes le rayon de soleil de maints proches. Une pléthore d'années vous séparent du rigorisme de dame Amaranthe – je ne peux d'ailleurs l'incriminer de faire exhibition d'un tel quant-à-soi. Lorsque l'on danse sur cet échiquier délétère depuis tant de décennies, l'on apprend à se farder en conséquence. Moi-même, croyez-bien que si je me montre abordable, suis le premier à faire preuve d'austérité lorsqu'il le faut. Malheureusement, Andrasté sait que nous ne vivons point dans un éden où l'intégrité est impératrice, et que pour survivre dans pareille jungle, il vous faut faire primer vos intérêts avant ceux de son prochain. Raison, une fois encore, pour laquelle vous m'êtes une bouffée d'oxygène très chère, car j'ose espérer que ne brûle aucune manœuvre entre nous. Ainsi, sentez-vous libre de me nommer comme bon vous semble, mon prénom vous est mis à disposition si vous souhaitez l'utiliser.

Vous me flattez par vos compliments, et ne vous blâmez pas ainsi d'être née dans une strate dorée. Au contraire, réjouissez-vous et profitez de ce dont votre genèse privilégiée vous offre. Une personne faisant parfait usage de ses capacités ainsi que des outils mis à sa disposition est aussi louable qu'une autre qui se construit toute entière, car il est bien plus aisé de dilapider et de gâcher ce que l'on possède déjà. Etre digne d'une puissante hoirie est un péril que tous ne parviennent à dompter, imaginez donc, une seule de vos frasques publiques pourrait apporter l'opprobre sur votre patronyme, les dommages pourraient en être incurables. Loin de moi l'idée de vous effaroucher, je ne faisais qu'illustrer mon propos.

Le nom des Martell m'est effectivement familier, j'ai ouï-dire des talents de ce jeune tailleur mais n'ai pas encore eu l'opportunité de le rencontrer. Pensez-vous que je le devrais ?
Je me souviens de cet événement chez le Sire de Maupas, et voici que je me maudis de ne pas vous avoir aperçue. La prochaine fois que j'apercevrai votre grande-tante, soyez certaine que j'ouvrirai l'oeil, et le bon. Ma fille y était présente, j'ignore si vous êtes à même de vous remémorer son délicieux minois, mais elle est ressemble à s'y méprendre à ma défunte adorée, là où mon fils s'apparente bien plus à son paternel. Maintenant que j'y pense, peut-être avez-vous même déjà vu Elbereth à la Grande Cathédrale, elle y officie sous le nom de Soeur Sibylline. Bien du courage l'auréole d'ainsi recueillir et panser les doléances des ouailles à longueur de journée, mais je suis fier qu'elle suive le sentier du Cantique et de sa Lumière.

Je suis également navré pour la tragique perte de votre mère, je ne peux que compatir à la douleur de votre père. Reprendre épouse est un écueil qu'il faut surpasser, lorsque le myocarde a réellement aimé. Toutefois, il n'est pas de ce milieu de se morfondre trop longtemps dans son deuil, moi-même, je devrais songer à convier une dame à mes côtés. Bien qu'une fois encore l'exercice soit autrement plus ardu me concernant. Vous qui êtes une oiselle, en revanche, n'y a t-il point quelques aspirants qui vous entourent ? Le Seigneur de Valois n'a t-il guère l'intention de vous trouver époux dans les prochains mois ?
Cela étant, je constate que vous êtes emplie de hardiesse, pour ainsi laisser libre court à vos propres envies sans l'aval de votre parent. J'opine que si un sieur vous faisait la cour de manière inopportune, vous sauriez l'éconduire avec maestria. C'est du moins ce que révèle ce que je sais déjà de vous, et cette couleur bleu que vous affectionnez. Les gens qui ont le céruléen au cœur sont, dit-on, imperméables aux bonimenteurs, ils voguent sur les flots qui sont les leurs sans pour autant être rétifs. Consciencieuse et surtout émotive, bien que vous cherchiez à camoufler ce dernier point ? Ce ne sont évidemment que des conjectures, le simple fruit de mes lectures et observations.


Dans l'attente de vous lire, le Créateur vous garde.
Baron Iselad Anfauglith



©️ sobade & pathos


avatar

Invité

Invité

Revenir en haut Aller en bas

Lun 19 Mar - 23:10

Iselad
&
Amaranthe
à Iselad Anfauglith



Mon cher Baron,


Pardonnez-moi ce silence qui a pu paraître bien long. Vous n’êtes pas sans savoir que l’Enclin frappe nos terres, et que tous les malheurs du monde semblent s’abattre sur Thédas en même temps. Mon esprit était trop accaparé par ces choses terribles, et ma main trop tremblante pour parvenir à coucher ne serait-ce qu’un seul mot sur le papier. J’espère pour vous que l’Enclin, comme l’oblitération du Cercle, n’ont pas trop pesé sur vous et votre entourage ? Le fait est qu’ici, plusieurs membres de la famille sont partis affronter le feu des démons à Jader, et sont revenus bien penaud. Comme vous devez le savoir, ce fut un échec cuisant et la ville est malheureusement perdue, si j’en crois les funestes nouvelles. Tout le monde est rentré en un seul morceau, fort heureusement, mais pas forcément en très bon état. Mais ils se remettent, ils sont forts, et me permettent alors de ne plus avoir les pensées toutes tournées vers Andrastés pour leur venir en aide. A présent, mon seul souci, qui n’est pas des moindres, est de savoir si ma chère cousine Aria de Lydes a échappé aux Templiers ou... Je n’ose y penser, mais en l’absence de nouvelles de sa part, je ne peux me défaire de ce doute terrible.


Quel soulagement de pouvoir enfin me poser et vous écrire. On ne peut malheureusement pas s’arrêter de vivre, suspendu à un souffle, ni mettre en pause sa vie dans l’attente de savoir si celle des autres n’a pas cessé : il faut faire avec, avancer. J’espère donc sincèrement que vous allez bien, ou aussi bien que cela peut aller en cette période troublée. Il me faut vous remercier, en tout cas, cher Iselad, de me donner le loisir de vous nommer par votre prénom ! – ce que, comme vous pouvez le constater, je m’empresse de faire. Oh et, par pitié, ne remettez pas ma sincérité en cause ; j’en serais fort malheureuse. Je comprends cependant que le doute peut poindre, comme vous l’avez si bien dit, Orlaïs et son « Noble Jeu » sont une jungle terrible, mais je me rengorge de savoir être votre bouffée d’oxygène, et espère pouvoir l’être encore longtemps.


Je comprends bien et prend note de vos conseils vis-à-vis de mon héritage et du nom que je porte, même s’il n’est certes pas si prestigieux que ceux de mes chers cousins de Lydes. Cependant, cet Enclin et les membres de ma famille parties vaillamment tenter de le combattre me donne une terrible impression d’oisiveté et de passivité. J’aimerai pouvoir faire quelque chose, mais quoi ! On ne m’en laisse guère le loisir, bien que je tente alors de trouver comment me rendre utile, ne serait-ce qu’à l’échelle de cette demeure. Simplement jouir de ce qui m’est offert me semble à présent si inapproprié, en particulier lorsque des innocents souffrent ; comme souffre peut-être ma cousine. Ah, mais je m’égare ! Veuillez m’excusez, je ne veux pas m’apitoyer sur ces lettres, il y a un temps pour tout mais le temps des larmes ne doit pas rimer avec « toujours ».


Pour reprendre le fil de notre correspondance et vous répondre à propos du Martell : peut-être connaissez-vous mieux ce nom comme celui de l’Hydromel. Il me semble que c’est l’un des plus fameux du Pays – et je suis d’ailleurs extrêmement fier de dire qu’ils viennent de Lydes – et est souvent largement dispensé lorsque les soirées mondaines s’y prêtent. Le couturier est un charmant garçon, je suis certaine que vous pourriez discuter avec lui de cet art sans retenu et avec plaisir : je n’ai jamais vu plus bienveillant – et peut-être également un peu naïf. Mais il faudrait faire le déplacement a Lydes, car il est rentré blessé, et je gage que mon cousin héritier l’a persuadé de quitter les Templiers. On ne risque pas de le revoir à Val Royeaux avant un moment... Oh, viendrez-vous le voir ? Quelle occasion cela pourrait être !


Cela ne m’étonne guère que vous ne m’ayez pas vue ; je pense que j’étais toute intimidée, et bien trop éblouie parce tout ce que je pouvais voir pour penser à briller moi-même. Ce n’est pas une chose que j’ai réellement l’habitude de faire, et l’on me dirait même que je suis timide : quoi qu’il en soit, je me souviens bien du visage de votre ville. Elle est magnifique, je dois bien le dire ! Il serait difficile d’oublier un pareil éclat, ou bien il faudrait malade ou imbécile. Je ne me souviens pas, en revanche, l’avoir vu à la Grande Cathédrale... Mais je dois avouer ne pas m’y être rendue bien souvent. Peut-être l’ais-je raté, ou ais-je simplement été trop distraite : mais la prochaine fois qu’il m’y sera donné de m’y rendre, j’ouvrirai l’œil !


Je n’ai d’expérience dans le domaine de l’amour que part les lectures que j’ai pu faire, et je gage qu’elles sont souvent exagérées ou enjolivée. Mais je vous crois volontiers, tout comme je pense que vous avez intimement raison vis-à-vis de ne pas se morfondre. Je pense que si la personne perdue nous aime réellement, ou qu’elle soit, elle ne voudrait pas nous voir si abattu et désespéré. Sans l’oublier pour autant, il ne faut pas laisser le deuil s’éterniser et retrouver, dans une certaine mesure, une « joie » de vivre. Ou tout simplement la force de vivre sans plus être déprimé : n’est-ce pas là le plus beau cadeau que l’on puisse faire à leur mémoire ? Oh, je conçois totalement que cela est bien plus simple à dire qu’à faire, mais c’est ce que j’essaye et essaierai d’appliquer en toute circonstances. Quant à savoir si mon père prévoit de me marier... Je pense bien que c’est dans ses plans, mais cela m’a tout l’air d’être retardé par tout ce qu’il passe à travers Thédas. A moins qu’il n’ai du mal à voir son oisillon quitter totalement le nid ? Quoi qu’il en soit, je dois vous avouer que tout cela m’arrange fort bien. Je serais bien obligée de m’y plier quand mon tour viendra, mais je n’irais certes pas leur rappeler que je suis encore seule.


La vie est trop courte pour se retenir de faire ce que l’on désire, parfois ! Avec, certes, la retenue et la prudence qui accompagnent chaque nobliaux Orlésiens car, comme vous l’avez si bien dit, il suffit d’un faux pas pour basculer dans l’opprobre. Je suis sincèrement étonnée par ce que peut révéler cette couleur qui m’est chère ! Je dois vous avouez que vous n’avez pas tort, sur tout ce que vous avez pu penser. Je ne saurais faire la même chose que vous, mais puis-je vous demander de réitérer l’exercice sur vous-même ? Me voilà réellement curieuse ! Mais cette lettre s’éternise et, bien qu’elle ait pris trop de temps à s’écrire, je ne veux pas vous voler plus de votre temps.



Prenez soin de vous, surtout en ces temps troublés ! J’attends de vos nouvelles avec impatience, et pardonnez encore les miennes qui ont mis tant de temps à arriver,
Avalon de Valois



CODAGE PAR AMIANTE
avatar

Invité

Invité

Revenir en haut Aller en bas

Mer 4 Avr - 15:21





C
hère damoiselle de Valois,


Je pardonne bien évidemment votre mutisme comme, je l'espère, vous serez indulgente vis-à-vis du mien. Comme vous le soulevez si bien, les événements sont tels qu'ils nous prennent au dépourvu et occupent nos jours comme nos nuits, j'en suis un merveilleux exemple. Si mon fief est majoritairement épargné de la présence de ces miasmatiques engeances, le voyage duquel je viens tout juste de rentrer a bien failli me coûter le souffle. Ma tendre amie, je gage que vous n'avez jamais eu à plonger vos mirettes dans les calots lactescents et maudits de ces créatures, et le Créateur vous en préserve car ceci n'est guère une agréable expérience. La mésaventure aura coûté la vie de l'un de mes soldats, superficiellement meurtri, suffisamment néanmoins pour que cette vénéneuse maladie ne le contamine. La Souillure, me semble t-il, c'est ainsi que la Garde des Ombres nomme cette gangrène que nous offre l'enclin. Je n'ai bien entendu point eu le cœur à l'abandonner à ce funeste sort, la mort y est après tout préférable. Nous sommes grâce aux cieux rentrés sans davantage de dommages, je crains devoir raréfier mes déplacements professionnels tant que le pays ne sera pas purifié.

Je compatis de fait grandement à la perte de Jader et ne souhaite qu'une bonne convalescence à vos proches blessés qui en ont réchappé. Que leur courage n'en soit nullement éraflé, sans des hommes de cet acabit, nous n'aurions nul brave autre que les Gardes pour tenter de nous protéger.

Je suis navrée pour le tourment qu'enfante la disparition de votre cousine, quand bien même ne suis-je pas personnellement impacté par l'Oblitération, j'en suis fort pantois. Ce n'est hélas pas à moi d'y apposer une quelconque opinion, certaines de mes connaissances sont des templiers de la Flèche Blanche et je sais à quelle mesure ils sont pieux. J'espère qu'à votre prochaine missive, vous pourrez vous rassurer avoir eu des nouvelles de damoiselle Aria, qui j'en suis certain ne mérite pas la même infortune que les maléficiens. J'ai ouï-dire que l'Inquisition avait repris vie, dans l'Est de Férelden, ralliée par nombre de mages rescapés en quête d'un bienfaiteur. L'Inquisiteur semble être tout désigné pour ce rôle, pour peu que ceci puisse surprendre quiconque.

Vous me voyez ravi que mes conseils n'échouent pas dans l'oreille d'une sourde, bien que je n'en attendais pas moins d'une demoiselle telle que vous. Le temps vous apprendra la meilleure des façons pour en faire profit, je conçois que le Grand Jeu et ses règles soient alambiqués pour quelqu'un qui commence seulement à y valser.  Parlant de cela, avez-vous entendu cette rumeur, à notre sujet ? Notre, car si votre identité demeure secrète, il semble que quelqu'un ait d'une manière ou d'une autre réussi à prendre connaissance de notre correspondance. Voici un parfait exemple que nous ne sommes jamais suffisamment prudent. Je vous invite, pour votre bien davantage que pour le mien, à vous faire plus précautionneuse à l'avenir, et à ne plus signer de votre nom vos prochaines lettres. Ne voyez aucune offense à mes intentions ; je jetterai au feu nos derniers échanges pour soustraire votre hardiesse aux yeux de ces matois importuns et ainsi préserver votre intégrité. A mille lieues de moi l'envie que votre père nous découvre et vous châtie pour cette liberté.

Les compétences et oeuvres de votre tailleur m'intrigue, je dois l'admettre, mais si je suis amené à pérégriner vers les terres de Lydes, elles ne me serviront que d'alibi pour mieux vous rencontrer. Je ne peux m'en cacher, très chère, je brûle du désir que nos regards se croisent au lieu de nos plumes. Je n'en puis plus d'imaginer votre vénusté et le miel de votre voix, je me languis ainsi, de ce jour où nous pourrons revenir à égalité. Car si vous connaissez corporellement ma personne, je ne peux en dire autant, n'est-ce pas légitimité que la requête du gentilhomme que je suis d'enfin percer le voile ? Dites-moi, je vous en prie. Un mot de vous et je serai à votre porte, arborant tout prétexte auprès de votre gardienne pour vous atteindre, quitte à faire varappe à votre balcon. Songez-y.

Pour ce qui est de l'analyse des couleurs, je ne suis jamais rien qu'un prisme, ceci devrait vous en dire bien assez pour poser conjectures. Il n'est pas dans mon intérêt de tout vous dévoiler, à quoi bon, alors que j'aspire à vous surprendre ?
Vous trouverez au fond de l'enveloppe un bracelet aussi délicat que superbe, que j'ai acquis auprès d'un camarade antivan. Il est le gage de l'affection que je vous porte.


Dans l'espoir de vous lire prochainement, tous mes voeux vous accompagnent.
Baron Iselad Anfauglith



©️ sobade & pathos


avatar

Invité

Invité

Revenir en haut Aller en bas

Ven 13 Avr - 19:52

Iselad
&
Amaranthe
à Iselad Anfauglith



Mon cher Baron,


Comment pourrais-je ne pas vous pardonner, alors que vous vous montrez si indulgent envers moi ? D’autant plus que vos premières lignes ne sont pas faites pour me rassurer : il serait bien vilain de ma part de vous en vouloir pour quoi que ce soit, alors même que vous avez bien failli perdre la vie. En effet, je n’ai jamais eu le malheur de croiser la moindre petite Engeance, bien que les quelques gravures que j’ai pu en voir m’ont fait froid dans le dos. Alors en croiser une, bien vivante ? Voilà quelque chose qu’assurément, je ne vous envie pas. Je suis bien désolée pour votre pauvre homme, qui devait avoir une famille ou qui n’avait pas assez vécu : et je vous en conjure, en effet, soyez prudent. Je ne saurai supporter de savoir que vous avez vous-même été victime d’un sort similaire et funeste. Quant à ceux de mes proches qui sont vaillamment allés affronter l’Enclin à Jader, j’essaie de leur être la plus agréable possible : mais je crains qu’il ne leur faille quelques instants de calmes et de repos pour se remettre de ce qu’ils ont vu, que ce soit les monstruosités qu’ils ont eu à combattre, ou la mort de tant d’innocents...


Ah ! Je comprends totalement votre point de vue, et je serais à vrai dire moi-même bien mal avisé de porter un quelconque jugement sur l’ensemble des Templiers, puisque j’en connais deux intimement qui n’ont rien de monstres sanguinaires, et dont l’un est mon cousin Armand. Je crains que leur foi ne soit malheureusement utilisée à des fins beaucoup moins nobles que ce que l’aurai désiré le Créateur, engendré par la peur d’une Divine qui n’avait apparemment pas les épaules assez solides pour ce rôle : mais après tout, je me permets de juger dans réellement connaître. Qui suis-je donc pour porter un tel regard sur une chose qui m’échappe certainement ? Ce ne sont là que les mots d’une jeunesse un peu rebelle et outrée – et touchée plus qu’on ne le voudrait. Je n’ai point encore eu de nouvelles de ma cousine, mais j’ai encore bon espoir. Nous avons cette chance qu’elle soit une de Lydes, et sa mort ne passerait pas inaperçu : nous l’apprendrions assurément. Je plains les pauvres petits gens dont les proches doivent parfois être tué sans savoir à qui même s’adresser lorsque le pauvre hère est abattu...


Le Noble Jeu, je le maudis : voilà ce que j’en dis. Peut-être changerais-je d’avis quand, comme vous le dites si bien, j’en saisirai toutes les subtilités, mais en attendant... Je n’étais pas certaine que ce fut véridique, ou que cette chère grande-tante ne se doutât de quelque chose (elle a des yeux et des oreilles partout, cette Amaranthe) mais vous me le confirmez donc : des rumeurs ! Sur nous ! Voilà qui est aussi excitant qu’effrayant. Je ne m’offusque point des mesures que vous pouvez prendre pour préserver notre correspondance : cela me touche même plus qu’autre chose. Je serai moi-même fort désappointée de devoir cesser dès à présent ce rare plaisir, aussi suivrais-je scrupuleusement vos conseils.


Et comme je ne peux résister à cette idée ! Venez donc rencontrer ce Martell : il ne s'échappera pas avant longtemps, il est alité. Il fait partie de ces braves, et a à présent un poignet cassé : s'il ne peut pas vous faire de démonstration de ses talents, je suis certaine qu'il serait plus que ravi de s'entretenir avec vous... Et moi tout de même, si cela peut être un prétexte à notre rencontre ! Même si, je l'avoue, l'idée de vous voir grimper à ma fenêtre tel un chevalier servant nourrira certainement mes prochaines rêveries, je crains que cela soit beaucoup plus risqué que de prétendre venir pour toute autre raison. Entre la horde de domestiques qui vit ici, et la meute de chien de mon cher cousin, je craindrais bien plus pour vous que si vous retourniez dès ce soir affronter des Engeances sur les routes !


Je dois d'ailleurs vous remercier chaleureusement pour ce magnifique bracelet que je j'arbore à présent quotidiennement : quelle belle surprise que celle-là ! S'ils ne m'ont fait aucun commentaire à ce propos, je ne peux croire que ces adeptes du Jeu ne l'ait pas remarqué : sans doute auront-ils pensés que je venais de retrouver un bijou, ou que j'ai passé une commande, et s'ils ont eu vent de ces rumeurs, alors sans doute est-ce préférable. Oh mais venez donc, dès que vous en aurez l'occasion, que je puisse vous remercier de vive voix !



Ah, comme j’ai hâte ! Mais en attendant, portez-vous bien, mon cher Iselad. Et essayer de ne plus passer à quelques cheveux de la mort lors de vos pérégrinations ! A très bientôt, je l’espère,
Votre Dévouée Eugénie.



CODAGE PAR AMIANTE
avatar

Invité

Invité

Revenir en haut Aller en bas


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut

- Sujets similaires