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Sam 10 Juin - 15:26

Le soleil plongeait droit vers l’horizon, revêtant alors son manteau de pourpre et de feu, enflammant le ciel d’une toison orangée qui se reflétait jusqu’aux étendues herbeuses qui tapissaient le sol ou même aux épaisses pèlerines de feuilles de la forêt qui s’annonçait face au cavalier qui arpentait, seul, au rythme régulier et singulier des sabots, le chemin de terre qui serpentait jusqu’à Ghislain. D’aucun aurait qualifié de dangereux le fait de traverser les plaines entrecoupées de quelques monts pierreux et épars sans la moindre escorte, surtout au vu du rang de Marius. Mais celui-ci n’avait que faire des convenances, surtout en matière de sécurité, se sentant tout à fait capable de subvenir à sa survie, notamment pour un voyage aussi court, en terrain connu qui plus était. Faire étape au vieux château familial lui semblait tout indiqué avant de s’en retourner à Val Royaux, sans doutes avec quelques chevaliers du Duc, pour faire plaisir à son ainé. Ou, à défaut de lui faire plaisir, pour au moins éviter qu’il ne lui casse les pieds des jours durant, le conjurant de faire attention sur les routes, que malgré les années de paix qui avaient fini par avachir même les plus précautionneux, de nos jours, on n’était jamais trop prudent.

Le retour des Cercles avait surtout réinstauré cette méfiance des mages qui avait presque plongé Thédas dans le chaos, un siècle plus tôt. Sans parler des habituels brigands qui trainaient sur toutes les routes, des bestioles qu’on préférait ne pas croiser et évidemment, les événements tragiques qu’on nommait accidents au Grand Jeu. Le duc avait sans doutes raison, songea le Seigneur-Chercheur en esquissant un sourire à moitié amusé, piquant légèrement les flancs de sa blanche monture dont le pas s’était quelque peu ralenti. Le jour venait à mourir et il devait lui rester une petite heure de voyage, tout au plus, pour enfin apercevoir les murailles effilées telles des cimes de la cité tutélaire de sa famille. La route le mena vers un vallon rocheux parsemé de parties forestières où la pénombre y était déjà plus présente. Un environnement qui forçait à plus de vigilance, il fallait en convenir. L’oreille aux aguets, Marius fit prendre à sa monture un pas plus ample, n’ayant pas l’intention de trainer dans les parages, mais plus silencieux qu’une allure plus rapide.

Ce fut au détour d’un endroit plus couvert, plus sombre, que par-delà les sifflements du vent dans les feuilles ou les plaintes lointaines de la faune alentour, le Chercheur sembla entendre des claquements métalliques, comme des pièces d’armures ou des armes nues qui s’entrechoquaient doucement, au rythme d’une marche. Un son qui se tut alors qu’il tendait l’oreille avec plus d’attention, comme pour se moquer de lui, comme pour lui faire croire qu’il avait rêvé. Méfiant, le noble orlésien fronça les sourcils, la main posée sur la poignée de son épée. Il ne fallut guère longtemps pour qu’un peu plus loin, apparaisse un petit groupe de créatures abominables et armées, ne s’exprimant en tout et pour tout que par des grognements sans signification pour une créature civilisée. Une mine de dégoût tordit les lèvres de Marius lorsqu’il reconnut là la souillure de la corruption, les enfants de l’engeance. Maudits Hurlocks… comment avaient-ils atterri ici ? Se pouvait-il que… Le Chercheur ne voulait même pas penser à ce mot. Non, parfois les engeances sortaient prendre l’air pour faire quelques raids à la surface. Mais ici ? Y avait-il un passage proche qui menait aux Tréfonds qu’ils avaient découvert ? Impossible à savoir.

Tandis que les trois créatures maudites se dirigeaient vers lui, les armes aux poings, le Ghislain dégaina son épée et observa la configuration du terrain. Difficile de taillader là-dedans à cheval, à moins de les charger. Mais la probabilité de blessure était élevée et, si contre des créatures d’ici-bas, il aurait pris la chose avec impassibilité, le fait d’être souillé par l’engeance, en revanche… Une telle perspective était loin de lui plaire. Mais quoi faire, alors ? Les attendre là aurait été plus stupide encore. Fuir ? Un Ghislain, ancien chevalier orlésien et Chercheur de la Vérité par-dessus le marché ne fuyait pas. Ce trop-plein de fierté lui causerait un jour un trop-plein d’ennuis fatal, mais qu’à cela ne tienne, il piqua les flancs de son cheval et chargea ces saletés d’engeances, l’épée levée. Mais, avant l’impact fatidique, quelque chose secoua les buissons alentours, alertant à la fois sa monture et les Hurlocks. Le destrier freina des quatre fers, stoppant net sa course en se cabrant, au moment où une araignée géante sortait des fourrés pour foncer droit sur les engeances. Marius, le regard perplexe, ou plutôt carrément ahuri, observa la créature se vautrer vers les Hurlocks pour les attaquer. Ce qu’il voyait était incompréhensible. Faisant reculer un peu sa monture, sa lame toujours pointée vers les engeances, ou l’araignée, selon qui l’attaquerait en premier, il observa la scène sans plus rien comprendre pendant un instant, de ce monde qui ne semblait plus tourner rond.
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Sam 10 Juin - 17:31

Cela cogne contre les parois, ça pousse des crissements strident.
Vif, agile, la créature se faufile à travers les tréfonds, passe sur les murs, se faufile de bas en haut et même dans les coins les plus escarpés malgré sa taille impressionnante. Atroce arachnide au corps agile, la pointe de ses pattes cliquetant sur la roche, elle court, elle trace sa route, dans les ombres ou sur les toiles qui marquent son territoire. Elle cherche quelque chose, une proie à se mettre sous la dent ? Probablement mais sa hâte et son agacement trahissent une chasse vitale qui va au-delà du besoin de contenter une faim. Non, elle les cherche eux... les Hurlocks. Malheureusement, alors qu'elle suit les galeries souterraines, elle est rapidement reconduit vers la surface.

Éblouie par la lumière du jour, l'araignée avance à reculons, crissant de mécontentement. Elle a passé trop de temps dans le noir des tréfonds et ses innombrables yeux ne sont pas les plus adéquats pour le grand jour. Mais alors qu'elle va pour faire demi-tour, fouiller plus loin encore dans les tréfonds, elle entend les grognements inhumains, le galop d'un cheval. Ils sont là, ivre de combat, de sang et si elle n'avait pas été cette ignoble créature, sans doute aurait-elle fait demi-tour, par excès de prudence. Au lieu de quoi, l'Araneae pousse un énième crissement avant de bondir soudainement hors de la sortie des tréfonds, s'extirpant aux sombres grottes qui circulent jusque loin sous la terre. Elle court, trottinant à vive allure, traînant son gros abdomen jusqu'à ses proies et sans réfléchir, elle agit. Sa vitesse augmente et comme une furie, vient faucher les créatures dans leur élan. Son gros corps invertébré les heurte de tout son poids, les fait rouler au sol et disparaître dans les fourrés. Le chevalier quant à lui, elle y a à peine porté attention, trop occupé déjà, à massacrer les Hurlocks.

À coup de patte, de mandibule, elle frappe et mord, laissant son terrifiant poison avoir raison de ses ennemis. Non sans mal, car de ces engeances-là ne sort que la fureur et la puissance de la guerre. C'est un mélange de cri, celui des Hurlocks et celui de l'araignée qui se mêlent au vent, au bruissement des végétaux dans lequel le combat acharné se fait entendre... Puis enfin, le silence. Durant un instant, le doute survient. Qui a tué qui ? La grande question. Pourtant au-delà des fourrés, c'est l'ignoble araignée géante qui se tient debout. Aussi grand qu'un cheval et bien plus large, ses pattes fouilles à travers les carcasses inertes et désarticulées des Hurlocks dans un dernier crissement victorieux.

Un craquement, un second, puis d'autres s’enchaînent dans un bruit peu ragoutant alors que ses pattes tremblent, se plient sous le changement et probablement sous la douleur. L'horreur rapetisse, sa carcasse robuste se colorise pour un teint rosâtre avant que ses mandibules et ses pattes ne disparaissent. En quelques secondes, l'animal a laissé place à une femme. Nue et accroupie au milieu des cadavres, elle s'ébroue doucement. Soupir exalté entre les lèvres, la longiligne jeune femme se redresse lentement, sa sombre chevelure en bataille désordonné et forme un rideau autour d'un faciès aux allures presque poupines. Elle s'étire, Nyghann, car il est bon de retrouver son corps, de pouvoir se mouvoir librement, loin de la noirceur des tréfonds. Loin de l'angoisse de la mort et de la douleur. Son regard en amande d'un azuré saisissant balaye le carnage puis rapidement, elle enjambe les cadavres putrides et s'enfonce dans la verdoyance qu'elle écarte pour s'y frayer un chemin. Et la voilà qui émerge, entière nue comme un nouveau-né, son derme imberbe exposé à la vue du premier venu. Un premier venu loin d'être inconnu. Alors qu'elle se fige, portant son regard elfique sur le preux chevalier à l'armure d'or et d'argent, Nyghann souffle un franc sourire, oubliant jusqu'à sa nudité.

« Marius ...? Quel plaisir de te revoir ! Je vois que tu es toujours aussi... Rutilant. »
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Sam 10 Juin - 20:11

C’était avec ce regard déconcerté que Marius observa l’étrange combat qui s’engagea entre la gigantesque aragne et les engeances putréfiées. Elle les avait si bien fauchés dans son élan que les Hurlocks et la créature de cauchemar furent entrainés plus loin, hors de sa vue directe. Le Seigneur-Chercheur profita néanmoins de la symphonie de hurlements, grognements et crissements qui se dégagèrent avec dissonance de l’affrontement, observant parfois la silhouette de l’araignée ou celle, à présent terrifiée, d’un maudit des Tréfonds. En tous cas, le chevalier n’y comprenait plus rien et seul son cheval blanc, malgré sa frayeur, tentait parfois un mouvement, quelques pas, un retournement, sans doutes espérait-il par-là faire de quoi réveiller son cavalier pour l’emmener loin d’ici. Mais que nenni, Marius était bien trop absorbé par l’extraordinaire qui se déroulait à proximité. Une araignée géante qui pourchassait des engeances ? Qui avait bien pu se vanter d’avoir vu une chose pareille ?

Soudain, le silence étendit son voile pesant sur la zone d’où provenaient auparavant les plaintes et les clameurs du combat acharné. Un silence de mort qui ne laissait rien présager de bon, sans doutes. Les sourcils froncés, le noble orlésien mit prudemment pied à terre, brandissant sa lame à deux mains dans une posture défensive tout en avançant légèrement vers le lieu du massacre dont il ne pouvait rien distinguer à cause de la luxuriance de la végétation alentours. Qui de l’araignée ou des Hurlocks avait survécu ? Et si tous avaient péri à présent ? D’une certaine manière, cela l’arrangerait bien, mais il ne pouvait continuer son chemin sans s’en assurer de ses propres yeux : impossible de laisser la moindre engeance en vie fouler les terres de sa famille. Quant à l’araignée, il se demandait toujours pourquoi elle avait attaqué ces créatures seulement, et non pas lui avec. C’était curieux, après tout. Tout comme il était curieux d’en croiser de telles, il lui semblait pourtant qu’elles n’étaient que légendes dans les esprits, cauchemars pour les enfants ou émanations de terreur lors des Enclins.

Déjà, le silence fut chassé par des craquements étranges et inquiétants. Que se passait-il donc encore ? Son regard perçant ne quittait pas les broussailles et alors qu’elles s’agitaient, probablement en présence d’une chose qui avait survécu, il leva son arme, prêt à se battre chèrement. Mais au lieu de voir apparaître la silhouette d’une créature putréfiée des Tréfonds, ce fut une jeune femme qui s’extirpa des buissons, la peau claire qui contrastait terriblement avec la pénombre qui commençait à s’étendre sur les lieux, la pureté qui contrastait avec la pourriture des engeances. Complètement… nue. Les yeux du Ghislain s’arrondirent tant de surprise que d’embarras soudain, et plus encore lorsqu’il reconnut le visage arrondi de l’elfe. Son bras droit s’affaissa lentement, la pointe de l’épée rencontra le sol alors qu’il ferma un instant les yeux, en songeant qu’il rêvait. Cela ne pouvait être la réalité, et il allait se réveiller d’un moment à l’autre d’une petite sieste en selle. Mais lorsqu’il rouvrit les paupières, la jeune femme qu’il avait extirpé des griffes de son abomination de mère, bien des années plus tôt, était toujours là, face à lui, dans son plus simple appareil. Sans que cela semblait la troubler plus que ça, d’ailleurs.

Le Seigneur-Chercheur esquissa une moue mi amusée, mi hautaine, plutôt maussade en réalité, face à la boutade qu’elle lui lança. Pour la forme, il fit mine d’épousseter le pan de cape qui recouvrait son épaule. « Nyghann… », souffla-t-il comme on évoquait un vieux souvenir qui lui était cher. Il se forçait à ne fixer que son visage, et non pas ses courbes au derme pâle qui s’étendaient sous les dernières pointes de sa chevelure ténébreuse. « C’est dire que c’est une surprise, que fais-tu ici, si loin de l’Inébranlable ? » Il s’avérait réellement curieux de le savoir, après tout, les Gardes des Ombres ne patrouillaient-ils pas à plusieurs ? Quoiqu’il ne pouvait vraiment le savoir, lui qui était si loin des gardes. Il se racla la gorge en ajoutant : « Quant à toi, tu es… tu n’aurais rien pour te couvrir ? Non pas que ce soit une vision d'horreur comme cette araignée géante, bien au contraire... »
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Sam 10 Juin - 20:42

Nyghann…

Et le silence retombe, tout comme le bras qui porte l'épée dont la pointe touche à présent le sol terreux. L'elfe reste immobile, fixant d'un regard ardent, le templier qui s'empresse de fermer les yeux avec pudeur. Cette réaction de sa part force Nyghann à esquisser un rictus à peine voilé alors qu'elle reste là, les pieds enfoncé dans la terre, les bras ballants le long de ses hanches fines. Non clairement, elle n'avait jamais fait excès de pudeur, très à l'aise avec son corps, trop peut-être.

C’est dire que c’est une surprise, que fais-tu ici, si loin de l’Inébranlable ? 

Frappé d'une soudaine nonchalance, la jeune femme lève le bras et vient arracher à sa tignasse quelques feuilles avant de souffler d'agacement. Oui, que pouvait-elle bien faire ici, si loin des siens ? Et seul qui plus est...

« Initialement, j'étais parti chasser dans les tréfonds... Et ensuite... Je crois que j'ai perdu la notion du temps et j'ai perdu mes camarades quelques part dans les galeries. C'était il y a environ deux jours il me semble... » Haussement d'épaules, intense réflexion. « J'ai tendance à oublier le temps qui passe dans les tréfonds, force de ne pas voir le soleil, je suppose... J'en sais trop rien. Une chose est sûre, je me suis perdu. Cela te change la vie d'être une araignée, tu sais ? Ta perception des choses devient tellement différente...»

S'égare Nyghann dans ses explications, divaguant à demi-mot. Dans un long soupir, la Dalatienne s'approche enfin, pas à pas avec une lenteur exagérée alors que l'azuré piquant de ses yeux se darde sur Marius qui s'est enfin décidé à la regarder. Tout juste. Voilà dix longues années qu'ils se côtoyaient tous les deux et c'était bien la première fois qu'il la voyait ainsi. Il était un ami, à n'en pas douter et pourtant il y avait bien des choses que le templier ignorait sur son ancienne protégée. Pour leur propre bien à tous les deux.

Quant à toi, tu es… tu n’aurais rien pour te couvrir ? Non pas que ce soit une vision d'horreur comme cette araignée géante...

Un soupir passe les lèvres de la femme qui s'approche encore un peu plus. Si proche à présent que ses doigts viennent à glisser le long de la lame pointée vers le sol, remontant doucement le long du métal aiguisé. Et elle ne le quitte pas du regard.

« Tu détournes le regard... ? Je croyais les templiers courageux, me serais-je trompé ? »

À quelques centimètres de Marius, tout juste, Nyghann retire sa main de l'épée pour venir ajuster sa crinière d'ébène qui entoure son visage et lui donne cet air de sauvageonne mal dégrossi.

« Je viens de passer deux jours sous la forme d’une araignée à parcourir les tréfonds, Marius. Je n'ai pas fermé l'oeil depuis, je me suis nourris de rats qui traînaient dans les galeries et de restes humains... Ai-je l'air de quelqu'un qui a une jolie robe cacher quelque part pour se vêtir ? Mais je t'en prie, si tu as quelques choses pour moi, je te saurais gré de m'en faire part. »

Lâche l'elfe d'un ton cynique avant qu'un nouveau sourire étire ses lèvres charnues. Nyghann pivote doucement, observant les alentours avant de froncer les sourcils.

« Trêve de bouffonnerie, oublies la pudeur Marius... J'ai besoin d'un toit pour la nuit, d'un repas et... » elle grimace, levant le bras pour se renifler elle-même. «  D'un bain. Surtout d'un bain... » Elle glisse un regard en biais vers le templier, rictus au coin des lèvres. « Et je suis sûr qu'en preux chevalier que tu es, tu ne laisseras pas une vieille amie dans le besoin, n'est-ce pas ? »
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Dim 11 Juin - 1:00

Le Seigneur-Chercheur haussa un sourcil quelque peu perplexe à l’écoute de l’explication de la jeune mage. Deux jours à chasser dans les Tréfonds ? En araignée… ? Dit comme ça, l’existence de garde des ombres avait l’air bien moins trépidante et passionnante que racontée dans les livres ou les légendes. Oh, il ne fallait pas y voir par là le moindre dédain envers la Garde, l’organisation était à ses yeux nécessaire et prestigieuse, dans le sens où ces femmes et ces hommes sacrifiaient tout, et jusqu’à leur vie, pour combattre l’engeance et vaincre les Enclins qui pouvaient se présenter. Simplement, un tel résumé était à des lieues des récits qu’on pouvait faire à leur propos. « C’est un point de vue… intéressant. », lâcha-t-il tandis qu’elle commençait à s’approcher dangereusement de lui. Mais pourquoi une araignée ? Il supposait qu’elle ne lui donnerait pas la réponse. Pas tout de suite, en tout cas. Il soupira en plongeant son regard clair dans celui d’azur de la jeune elfe.

Penchant légèrement la tête sur le côté, les traits glacés en une expression légèrement agacée, il rétorqua avec un sourire sarcastique. « Pour la deux-cent-cinquante-troisième fois, je ne suis pas un templier. » Dire qu’il lui avait déjà expliqué cent fois la différence, et elle s’échinait toujours à l’embêter ainsi. Souvent, les gens pensaient que les Chercheurs étaient des templiers. C’était un raccourci facile et complètement à côté de la plaque. Mais qu’y pouvait-il, ô Créateur ? « Et ce n’est pas une question de courage, mais de bienséance. Chose qui, apparemment, ne t’a pas été inculquée. D’autant plus que si je te reluquais allègrement à cet instant, tu serais déjà en train de me le reprocher. » Parce qu’il n’était pas dupe, les femmes n’étaient de toute manière jamais contentes, quoi que les mâles puissent dire ou faire. Sauf les greluches qui se complaisaient dans leur idiotie, mais telle n’était pas Nyghann. Heureusement, en fait.

De nouveaux détails sur le séjour de la jeune femme dans les Tréfonds arrachèrent une feinte grimace de dégoût au noble orlésien. Des rats ! « C’est écœurant. », répliqua-t-il d’un ton à la fois moqueur et sardonique. En réalité, oui, c’était franchement dégoûtant. Tout comme se transformer en araignée géante. Comment une jolie fille comme ça pouvait adorer se changer en araignée aussi moche… Le Seigneur-Chercheur leva les yeux au ciel et croisa les bras sur sa poitrine. « Trésor, ai-je seulement l’air de voyager avec une malle pleine de robes dans le cas où je tomberais sur une demoiselle en détresse à réchauffer ? » Etant donné qu’il voyageait là avec son seul cheval, dont les quelques sacoches n’hébergeaient que des rations et le strict minimum en matière de mode, il n’avait pas grand-chose pour la vêtir. Un instant durant, il laissa son regard braqué sur celui de Nyghann, avant de finalement secouer la tête et de dégrafer sa cape, dont il lui enveloppa les épaules. Son honneur de chevalier lui aurait de toute manière interdit de la laisser ainsi en plan. Et pire encore, son honneur d’ami ne pouvait laisser la petite elfe dans son plus simple appareil alors qu’elle lui avait demandé un petit rien.

« Un bain, j’allais le dire. », grinça-t-il de son habituel ton sarcastique. Deux jours de Tréfonds, la broussaille de la forêt, bonjour la puanteur qui allait empester. Un sourire sardonique naquit sur ses lèvres fines tandis qu’il se sépara de la proximité de la jeune femme, reprenant les rênes de son destrier qui était toujours là, à quelques pas d’eux. « Preux chevalier, preux chevalier… en es-tu si sûre ? Il est certain en tout cas, que je ne puis laisser une Garde des Ombres perdue et sans défense, mage qui plus est, dans la nature, sur les terres de ma famille. » Mais était-ce seulement sage de l’emmener dans la demeure des Ghislain pour l’y héberger une nuit ? La première auberge sur le bord de la route aurait dû faire l’affaire, cependant il savait que d’ici jusqu’à Ghislain, il n’y en avait pas. La déposer en ville… Oui, c’était la seule solution souhaitable, mais la petite impertinente penserait qu’il la traitait en paria en refusant de lui offrir le gîte dans sa demeure d’enfance. Par la lumière d’Andrasté, il voyait déjà la tête de son frère, le duc, en le voyant arriver à cheval avec une donzelle uniquement enveloppée d’une cape, la sienne évidemment.

« Ne tardons plus dans les parages, alors en selle. » Marius fit tourner sa monture de manière à ce que la jeune femme puisse se hisser en selle la première et il l’y aida, avant de mettre le pied à l’étrier et de s’installer derrière elle. Il y avait presque quelque chose d’intime à la tenir ainsi tout contre lui, pendant qu’il s’emparait des rênes et faisait prendre un bon pas au destrier. Un d’un peu gênant, aussi, finalement. Au fond, c’était assez avantageux d’avoir une armure métallique qui séparait leurs deux corps chauds. Le Seigneur-Chercheur chassa cette pensée inconvenante avec un coup de pied au derrière. « D’ailleurs, c’est plutôt étrange que des hurlocks aient pu débouler des Tréfonds jusqu’ici. Un passage a dû se créer avec des affaissements de terrain… il faudra que j’en alerte le Duc. » Avant que d’autres engeances ne parviennent à s’extirper d’en-bas et s’en donnent à cœur joie sur le territoire des Ghislain. Ils avaient d’autres chats à fouetter, à n’en pas douter. « Et donc, ma chère amie, pourquoi une araignée géante ? Je croyais d’ailleurs qu’il n’en existait plus. », reprit-il comme si toute cette histoire était parfaitement normale.
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Dim 11 Juin - 11:28

Pour la deux-cent-cinquante-troisième fois, je ne suis pas un templier. 

« Du pareil au même si tu veux mon avis... »

Et ce n’est pas une question de courage, mais de bienséance. Chose qui, apparemment, ne t’a pas été inculquée. D’autant plus que si je te reluquais allègrement à cet instant, tu serais déjà en train de me le reprocher.

« Blablabla... La bienséance, la pudeur... même chose. Et si tu crois vraiment que je te le reprocherais, alors c'est que tu ne me connais pas aussi bien que tu l'espérais. La décence n'a jamais fait partie de mes qualités. »

Souffle l'elfe non sans un énième sourire qui ourle ses lèvres généreuses. Ces petites joutes verbale lui avait manqué, car le plaisir était aussi là avec Marius, à travers les mots. Comme elle adorait venir titiller sa verve et ce, sans aucune mesure. Pauvre homme, il aurait dû se débarrasser d'elle il y a dix ans de cela, au lieu de quoi, il tenait et restait. Soit il aimait les jeux dangereux, soit il avait un véritable probablement psychologique qu'il était temps de régler. Qui sait, peut-être les deux ? Alors quand le cherche montre son écœurement suite au récit de son amie, celle-ci lâche un rire sardonique, croisant les bras sur sa poitrine pâle et légère avant de rétorquer.

« Écourant, oui, c'est le mot. Mais tout le monde n'a pas le luxe d'un gigot servit dans des plats en argent, mon seigneur. »

Insiste Nyghann avec ironie. Le vent se lève et dans sa nudité, la dalatienne frissonne tendit que son comparse se révolte à sa pique précédente.

Trésor, ai-je seulement l’air de voyager avec une malle pleine de robes dans le cas où je tomberais sur une demoiselle en détresse à réchauffer ?

« Qui a dit qu'il y avait besoin d'une robe, pour réchauffer une demoiselle ? La faute à la bienséance, je présume. La chasteté ne te sied pas, mon ami.»

Et cette fois, le sous-entendu était très clair. Alors quand il dégrafe sa cape pour s'approcher, Nyghann s'en serait presque lover contre lui, juste pour avoir le plaisir de profiter un tant soit peu, de chaleur, qu'elle soit humaine ou vestimentaire. La cape sagement enroulée sur les épaules, elle soupçonne Marius de chercher à cacher son corps nu plus qu'à le réchauffer, mais elle n'en dit rien, ses paroles ayant déjà été suffisamment acides comme ça.

 Un bain, j’allais le dire.

« Tu peux avoir le plaisir de jouer les esclaves et en profiter pour me laver le dos si tu veux. »

Preux chevalier, preux chevalier… en es-tu si sûre ? Il est certain en tout cas, que je ne puis laisser une Garde des Ombres perdue et sans défense, mage qui plus est, dans la nature, sur les terres de ma famille.

« Très attentionné de ta part. »

Ne tardons plus dans les parages, alors en selle.

Nyghann lâche un rire croisé entre l'amertume et l'amusement. La famille de Marius, inconnu au bataillon, il était le seul de son espèce qu'elle ait rencontré. Plutôt discret les Ghislain, ou alors était-ce elle qui portait pas assez son attention sur le reste du monde ? Sans doute un peu les deux. Elle grimpe rapidement sur la selle, laissant son comparse prendre place dans son dos. C'est qu'ils sont à l'étroit sur cette chose. Le souffle du chercheur chatouillant sa nuque, la Dalatienne reste silencieuse, tâchant de ne pas laisser transparaître sa décennie de frustration quant au lien qui les unissait.

D’ailleurs, c’est plutôt étrange que des hurlocks aient pu débouler des Tréfonds jusqu’ici. Un passage a dû se créer avec des affaissements de terrain… il faudra que j’en alerte le Duc.

« Je crains que ce soit moi qui les ai poussé à sortir au grand jour en les traquant dans les galeries... Je suppose qu'avoir une araignée géante aux trousses peut être un problème, même pour des Hurlocks. Navré cependant, cela aurait pu mal finir pour toi. »

Et donc, ma chère amie, pourquoi une araignée géante ? Je croyais d’ailleurs qu’il n’en existait plus. 

« Cela, c'est parce que tu n'es jamais descendu suffisamment loin dans les tréfonds... »

En réalité, ces créatures se faisaient rare, trop. À tel point que l'unique spécimen auquel elle fut confrontée fut celui qui avait engendré sa grandiose et inquiétante métamorphose. Remuant légèrement sur la selle, Nyghann soupire longuement, observant le paysage qui défilait tranquillement.

« Il y a quatre ans je suis tombé sur une araignée géante dans les tréfonds, par chance ce n'était plus qu'un cadavre... Mais un cadavre frais. Probablement tué par des engeances, j'en ai profité pour la remonter à la surface et l'étudier. »

Pivotant le visage, la jeune femme glisse ses orbes d’azurs sur son comparse, la pointe de son nez effleurant le sien alors que Nyghann souffle doucement.

« Morphogenèse, Marius. La base de tout bon Métamorphe. Sans cela, pas de transformation. J'ai ouvert et décortiquer cette carcasse, je l'ai étudié dans les moindres détails jusqu'à en connaître sa morphologie sur le bout des doigts. Ces créatures ne sont pas justes mortelles, elles sont incroyables en tout point de vue. » Nyghann détourne le visage une fois encore, se concentrant sur le décor qui les entoure. « Rapide, puissante, difficile à tuer, féroce, rusée, sauvage... Ce n'est pas pour rien si elles sont si redoutées. Sans compter la peur qu'elles inspirent ce qui s'avère incroyable contre les ennemies. Et bien évidemment, dans les tréfonds, la vue et la discrétion des araignées sont un atout majeur... Et que dire de leur terrifiant venin... Pourquoi les araignées ? Parce que ce sont de merveilleuses prédatrices. »
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Dim 11 Juin - 17:45

Le visage de Marius restait autant impassible que ce peut, toutefois l’envie de lever les yeux au ciel d’un air excédé le titillait à mesure que la jeune femme joutait sur son absence totale de décence. « Oh si, juste par pur esprit de contradiction. », marmonna-t-il plus pour lui-même alors qu’elle lui assurait qu’elle ne lui aurait jamais reproché de profiter de sa nudité. Le Seigneur-Chercheur avait l’habitude des joutes verbales, non seulement parce que c’était chose courante lors de ses rencontres avec Nyghann, mais surtout parce qu’en tant que noble orlésien, il avait grandi dans le Grand Jeu et ses subtilités, où chaque mot pouvait à loisir être une flèche empoisonnée ou une caresse de miel. Et bien qu’avec la petite elfe, ces petits jeux n’avaient aucune incidence sur sa survie, son honneur ou sa réputation, il n’en était pas de même à Val Royaux, avec les dignitaires de l’empire orlésien, de la Chantrie ou des templiers. Sans doutes était-ce là une des nombreuses raisons de son accession au rang de Seigneur-Chercheur, quelques années plus tôt…

« Qui a dit que j’étais chaste ? », rétorqua aussitôt Marius tandis qu’il lui donnait sa cape, un sourcil levé. Il y avait juste certaines convenances qu’on lui avait inculquées et dont on ne pouvait se défaire aussi simplement, d’un claquement de doigts. Il avait connu Nyghann alors qu’elle devenait à peine une femme, complètement paumée et choquée par ce qu’était devenu sa mère. Une abomination qui aurait pu la tuer, elle, sa famille, le reste de son clan. Une chance qu’alors, il y a dix ans, le fringuant Chercheur chevaleresque qu’il était, avait été alerté en se trouvant à proximité de l’affaire. Un sourire cynique retroussa ses lèvres lorsqu’il l’aida à monter sur le cheval. Lui, un esclave ? Quel monde à l’envers ! Elle pouvait toujours rêver, pour qu’il lui gratte le dos. D’autant que dans la demeure familiale, nombre de serviteurs étaient des elfes citadins. Pire, ces pauvres créatures étaient de simples esclaves, toléré en Orlaïs, et sans doutes préféraient-il cette existence à la misère des bas-cloître.

Le Seigneur-Chercheur plissa légèrement les yeux au récit de la jeune femme. D’accord, ces Hurlocks avaient atterri là par un certain désespoir, mais cela voulait donc dire qu’il y avait un passage, qui ne devait pas exister. Et que si ces trois-là l’avaient trouvé par hasard, alors d’autres le pourraient également. Ce n’était peut-être pas son problème, initialement ; après tout, avec les mages et les templiers, il avait bien assez de chats à fouetter, toutefois la mission originelle des Chercheurs avait toujours été de rétablir l’ordre là où le chaos s’était installé. Un objectif que Marius ne pouvait qu’honorer le jour où cette nécessité se présenterait à nouveau, même s’il fallait faire fi des ordres de la Divine. Après tout, templiers et chercheurs s’étaient déjà séparés de la Chantrie par le passé, pas forcément pour de très bonnes raisons, mais ce précédent pouvait donc signifier que cela serait à nouveau possible. Cependant, cette occasion ne se présentait pas et Marius chassa cette pensée, espérant que cela n’aurait jamais à se produire.

Un regard hautain cueillit la remarque de la Garde. « Il en faudrait plus que ça pour se débarrasser de moi… Par ailleurs, je ne suis jamais descendu dans les Tréfonds tout court. Chacun son domaine, j’ai déjà bien assez à faire à la surface, à veiller sur tout ce beau monde. » Ou plutôt, à surveiller tout ce beau monde. Le regard perdu sur le paysage qui se profilait devant eux, il écoutait pourtant avec une attention dissimulée les explications de la jeune femme. Il n’y avait pas à dire, lui trouvait qu’il y avait bien assez d’horreurs comme ça en ce bas monde, sans qu’on vienne en plus se transformer en l’une de ces choses. Cependant, il devait concéder que c’était un choix intéressant. « Stratégique en tout point de vue. C’est clair, concis, mortel. », lâcha-t-il sur un ton pince-sans-rire, avant d’ajouter, une lueur moqueuse dans son regard glacé : « Il va sans dire que là où nous allons, il vaudrait mieux éviter la moindre démonstration de ce genre… En tant que Garde des Ombres, tu seras une invitée de marque, mais ils te verront aussi comme une elfe et une mage. Le Duc n’est pas connu pour avoir une franche amitié pour les uns comme pour les autres, même s’il ne montrera pas la moindre animosité à ton encontre, politesse oblige. » Même sans leurs masques, les orlésiens restaient des énigmes quant à leurs ambitions cachées, leurs véritables pensées et arrière-pensées.

Le reste du voyage se déroula sans encombre et bientôt, la silhouette effilée et raffinée du manoir de Ghislain se révéla dans la lumière mourante de la soirée. La pierre immaculée rehaussait les marbres polychromes et les dorures entouraient le château d’une aura presque irréelle. Traversant les premières arches qui séparaient la ville de la demeure, le Chercheur songea qu’il était sans doutes temps de donner quelques précisions à la jeune femme. « Bon, puisque nous arrivons, une petite leçon de bienséance ne te ferait pas de mal. Lorsque mon frère daignera te parler, tu t’adresseras à lui en l’appelant “Votre Grâce” ou “Monsieur le Duc”. De même en ce qui concerne son épouse, “Madame la Duchesse” ou “Madame” tout court, si elle te le permet. Il n’est pas aussi permissif que moi, j’en ai bien peur. De plus, il serait dommage que le duché de Ghislain, qui a une grande importance au sein du Conseil héraldique, retire son soutien à la fois politique et financier à la Garde des Ombres pour des mots de travers qui t’auraient échappé. Mais en respectant ces quelques détails, je pense que tout devrait bien se passer. Je te fais confiance… » Ou du moins, il espérait grandement pouvoir la lui accorder, sa confiance. Il n’avait aucunement envie de se froisser avec sa famille, qui, malgré ses liens avec la Chantrie, restaient son sang, son nom, son histoire.

Ils finirent donc par arriver au sein du domaine de Ghislain, avec ses jardins bien entretenus d’où aucune branche de trop ne dépassait, ses petites fontaines qui abritaient des poissons de toutes sortes, ses serviteurs qui officiaient dans l’ombre et qui, au passage du cavalier et de son étrange invitée, relevaient légèrement la tête avec curiosité. On les accueillit sur le parvis, quelqu’un alla annoncer l’arrivée de Marius de Ghislain au Duc, visite dont il l’avait prévenu avant son départ. Un palefrenier s’empara des rênes et le Chercheur posa pied à terre avant d’aider son amie à rejoindre le sol également. Et bientôt, le Duc, qui partageait une ressemblance assez frappante avec son jeune frère, mais plus âgé et aux cheveux déjà poivre et sel, apparut à l’entrée de la demeure, accompagné de son épouse et de leur fille cadette, dépassant à peine la vingtaine d’années. Que dire de leur réaction en apercevant Nyghann, uniquement drapée de la cape du Seigneur-Chercheur, sinon que leur masque habituellement impassible se morcela, se craquela en mille morceaux…
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Dim 11 Juin - 21:23

Stratégique en tout point de vue. C’est clair, concis, mortel.

« Il faut savoir être un monstre soi-même, pour venir à bout des monstres qui hantent les tréfonds. »

Susurre l'elfe non sans un sourire au coin des lèvres. Et puis surtout, elle avait toujours eu un goût prononcé pour les choses brisées et monstrueuses. Un goût douteux qu'il était facile de remettre en question mais le fait est qu'elle avait su rendre cela utile, Nyghann. On lui pardonnait ses déviances aisément tant qu'elle savait en faire une force contre les engeances.

Il va sans dire que là où nous allons, il vaudrait mieux éviter la moindre démonstration de ce genre… En tant que Garde des Ombres, tu seras une invitée de marque, mais ils te verront aussi comme une elfe et une mage. Le Duc n’est pas connu pour avoir une franche amitié pour les uns comme pour les autres, même s’il ne montrera pas la moindre animosité à ton encontre, politesse oblige.

L'elfe fronce les sourcils. Avait-elle bien entendu ? Elle ne serait donc pas seule avec son ami et pire que cela, il lui faudrait se rabaisser à un rang moindre pour éviter d'avoir à offusquer un Duc dans sa demeure. Sa bouche se tord en une grimace de dégoût alors qu'elle souffle, presque haineuse.

« À se demander à quoi peut bien servir le fait de risquer sa vie pour autrui si c'est pour être traité de la sorte. »

Foutu humain aristocrate. Par chance, Marius lui savait se montrer au-delà de cela. Se le rappelant, la jeune femme baissa les yeux, calant son dos con tre l'amure brillante du chercheur. Elle y cherche une forme de réconfort mais ne trouve que la froideur du métal alors discrètement, elle glisse sa main sur celle de son ami qui maintient les rennes de sa monture. Mais l'instant de douceur fut subitement démolis par les instructions de Marius qui ordonnait la bienséance en présence du Duc et de son épouse. La dalatienne lève les yeux au ciel, non sans un rictus accompagné d'un raclement de gorge écoeuré et rétorque dans un souffle.

« C'est d'un chiant votre bienséance... »

Mais elle ne refuse pas, se contentant de se plonger dans un silence pesant. Intérieurement, elle médite sur la façon dont elle devra aborder ce fameux Duc. Peut-être angoisse-t-elle pour rien, après tout, il est sans doute plus proche de Marius qu'elle ne l'imagine. Oui, probablement... Elle n'ouvre pas la bouche du reste du voyage, se laissant guider par son comparse et sa monture jusqu'à ce que le domaine des Ghislain soit enfin en vue. L'endroit est beau avec sa végétation luxuriante, ses jardins et ses bassins. Émerveillé par le luxe sous ses yeux, l'elfe esquisse un vague sourire jusqu'à ce que le cheval s'arrête. Marius descend de sa monture le premier, suivit de son amie qui s'aide de sa main avant de poser son regard azuré sur le Duc qui s'est approché dès l'instant où il les a vu arriver. Au vu de la figure déconfite qu'il affiche, Nyghann est mal perçu. Mais Marius ne lui a-t-il pas dit qu'il avait confiance en elle pour que les chose se passent bien ? C'est pourquoi elle s'approche, lové dans la cape qui la recouvre et lâche soudainement, avec les meilleures intentions du monde.

« Ô sire le Duc, bien le bonsoir à vous ! »

Et oubliant une fois encore sa nudité, elle écarte les bras, la cape avec et s'expose sans pudeur pour effectuer une courbette grotesque avant de se redresser, refermant le tissus sur son corps élancé. La garde senior pivote le visage, affichant un sourire radieux à la jeune femme aux côtés du Duc et souffle joyeusement.

« Et je vois que votre femme est aussi jeune que belle ! Oyé ma gente dame, bonsoir à vous aussi ! »

Tonne-t-elle d'une façon aussi théâtrale que ridicule. Sauf que voilà, ce n'était pas l'épouse du Duc mais bien sa fille. Alors même qu'elle ne réalise l'énorme erreur qu'elle vient de commettre, Nyghann, persuadé d'avoir fait les choses bien, tourne le visage vers Marius et lui envoie un clin d'oeil, sourire de bonheur aux lèvres avant de lui adresser un signe de main. Fixant à nouveau l’aîné de Marius, l'elfe continue de sourire avant de lâcher, se penchant vers lui.

« J'ai ouï dire beaucoup de bien de vous mon Sire, votre frère ne tarit pas d'éloges à votre sujet...» mensonge, mais elle enchaîne.  « Mon nom est Nyghann et je suis garde senior de la garde des ombres, enchantée de faire votre connaissance. »

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Dim 11 Juin - 22:51

Marius ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel face à l’incompréhension notoire de la jeune femme concernant les mœurs orlésiennes. Eh bien oui, les choses étaient comme cela et les nobles étaient particulièrement ingrats envers ceux qui se sacrifiaient pour le bien commun. Il en avait toujours été ainsi, et il en serait toujours ainsi. La Garde des Ombres profitait à la fois d’un certain prestige pour avoir à de nombreuses reprises sauvé Thédas des Enclins, mais aussi d’une réputation un peu moins glorieuse : après tout, tout un chacun pouvait intégrer ses rangs, s’ils étaient acceptés, et parmi eux, même les pires bandits qui, d’après le premier Duc venu, auraient mérité d’être pendus haut et court. Le Seigneur-Chercheur lâcha un soupir passablement exaspéré en répliquant : « Ce n’est pas “chiant”, c’est comme ça, et c’est tout. » Il fallait croire que même maintenant, enfin sortie de son marais puant, Nyghann ne comprenait toujours pas les rapports humains d’Orlaïs, et encore moins les rapports hiérarchiques. Il craignait déjà comment elle pouvait bien s’adresser à son Commandeur-Garde…

Sans doutes aurait-il dû se montrer plus sincère et lui demander de se taire, tout simplement. Mais elle n’aurait jamais accepté pareille requête. En tout cas, à peine furent-ils arrivés devant la demeure des Ghislain, et qu’il aperçut la jeune elfe qui s’approchait du Duc qui, à n’en pas douter vu l’expression ahurie sur son visage, tentait de trouver quelque explication logique quant à la présence de cette gueuse, Marius ne put que regretter le fait de lui avoir accordé sa confiance. O grand jamais il ne referait cette erreur due à ce futile sentiment d’amitié. Le visage du Chercheur se figea dans la plus pure des stupéfactions, ses doigts se serrèrent à en faire grincer le cuir de ses gants. Misère et damnation… Le pire, c’était qu’elle ne le faisait même pas exprès pour l’énerver. Oh non… Et s’il avait cru avoir atteint le paroxysme du ridicule et de la honte, le noble orlésien se trompait lourdement. Il n’eut aucunement le temps de réagir lorsqu’elle s’exposa dans sa courbette burlesque ; seul son visage perdit toute couleur en observant la réaction de son frère ainé. Celui-ci, Laurent de Ghislain, semblait tomber des nues. Complètement interdit, le regard braqué pendant ces courtes mais trop longues secondes sur le corps nu de la Garde. La moustache qu’il s’échinait à garder et à lustrer malgré toutes les protestations de la famille frémissante.

C’était une véritable catastrophe. A cet instant, Marius n’avait qu’une envie, c’était d’assommer la jeune femme, la déposer sur son cheval et la renvoyer aussi sec d’où elle venait, avant de s’effondrer sur son épée pour en finir avec cette humiliation. L’unique chose qui l’en empêcha fut le regard pétillant de sa belle-sœur, dont il devinait le sourire qu’elle mordillait derrière l’éventail qu’elle agitait doucement devant son visage pâle. Au moins, elle n’avait pas eu l’air de se sentir outragée alors que l’elfe venait juste de confondre sa propre fille avec l’épouse de Laurent. Par le Créateur, quel enfer… songea le Chercheur en grinçant des dents. Mais qu’elle se taise, par pitié, qu’elle se taise ! Oh non, la voilà qui continuait sur sa lancée ! Le Duc lança un regard surpris à Marius, mais il ne sut si c’était pour le faux compliment que Nyghann lui avait lancé, ou le fait que cette greluche fut véritablement de la Garde des Ombres. Le cadet de Ghislain hocha lentement la tête à l’attention de son frère. Oh si, elle était bien de l’ordre du griffon…

Avant qu’elle ne prenne le temps de raconter d’autres âneries, Marius la dépassa en quelques pas et se posta devant elle pour s’adresser au Duc. « Bonsoir, mon frère. Cette jeune femme dit vrai, mais je crains qu’elle soit surtout dans un état de grande fatigue après plusieurs jours à combattre dans les Tréfonds. La connaissant personnellement et le Créateur l’ayant placée sur ma route, je ne pouvais l’abandonner à un triste sort et lui ai promis le gîte et le couvert. J’ose espérer que cette audace de ma part ne t’importune point, auquel cas je comprendrais tout à fait que… » Il comprendrait tout à fait que son frère la jetterait dehors après cette ignoble scène. Mais Laurent, qui se racla soudainement la gorge, semblait reprendre ses esprits et, de toute manière, il ne se séparait que rarement de son calme. « Voici une surprise de taille, Marius. Je fais confiance à ton jugement, et puisque voilà une… noble représentante de la Garde des Ombres, il serait fort malséant de lui refuser un peu de repos. » A ses mots, le Duc avait discrètement observé l’elfe de haut en bas. Quand il disait noble, il n’en pensait absolument rien.

Marius en profita donc pour inspirer une gorgée d’air et saluer les deux autres membres de sa famille, sa belle-sœur Hélène et sa nièce Calienne, aussi blonde et fraiche qu’il était possible. Toujours aussi ravissante en apparence, mais il ne pouvait s’empêcher de se rappeler ses élans parfois diablement capricieux. Et il eut peur lorsqu’elle ouvrit la bouche. « Une garde des Ombres ? Oh, père, je n’en avais jamais rencontrée de toute ma vie ! Ne pourrait-elle rester ici quelques temps ? Et, mon oncle, je suis si heu-reu-se de vous revoir, j’espère que vous aurez de nouvelles histoires trépidantes à nous conter ! » Et la petite aguicheuse battit des cils à qui voulait bien la regarder. Marius n’avait jamais vraiment compris, ou n’avait jamais voulu comprendre pourquoi sa nièce lui témoignait autant d’affection, comme si elle l’élevait sur un piédestal à chaque fois qu’il leur rendait visite à Ghislain. Sans se départir de son visage impassible qu’il avait enfin retrouvé, il esquissa un léger sourire à l’attention de sa nièce. « Assurément, Calienne, auquel cas je n’aurais osé venir me présenter à vous. » Avant de tourner son regard vers son frère, entendant le petit gloussement étouffé de joie de sa nièce. « Je pense qu’il serait de bon ton de mener notre invitée vers ses quartiers… » « Oh, père, il lui faudra de quoi apparaître au dîner, puis-je m’occuper de la Garde, s’il-vous-plait ? » Laurent pinça un sourire un peu forcé, jetant un œil vers la jeune femme. « Si celle-ci n’y voit pas d’inconvénient… Damoiselle Nyghann ? »
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Dim 11 Juin - 23:44

La surprise du Duc est sans équivoque. Pourtant, face au spectacle il reste silencieux et étrangement respectueux tandis que son épouse parvient difficilement à retenir son rire face à la situation. Quand Marius s'approche, Nyghann se retrouve rapidement mise à l'arrière, comme un objet de honte qu'il tenterait de cacher. Alors quand il prend la parole, de derrière son dos, l'elfe se penche pour observer le Duc et affronter son regard.

Bonsoir, mon frère. Cette jeune femme dit vrai, mais je crains qu’elle soit surtout dans un état de grande fatigue après plusieurs jours à combattre dans les Tréfonds.


« Deux jours pour être exacte... »



La connaissant personnellement et le Créateur l’ayant placée sur ma route, je ne pouvais l’abandonner à un triste sort et lui ai promis le gîte et le couvert.

« … Et a manger des rats ! »

J’ose espérer que cette audace de ma part ne t’importune point, auquel cas je comprendrais tout à fait que…

L'art du détail, tout dans finesse. La dalatienne affiche un sourire fier face à son aventure dans les tréfonds. Si cela semble pourtant dérisoire voir même écoeurant, le fait est qu'elle n'est reste pas moins fière de son exploit.

Voici une surprise de taille, Marius. Je fais confiance à ton jugement, et puisque voilà une… noble représentante de la Garde des Ombres, il serait fort malséant de lui refuser un peu de repos.

Finalement, l'échange n'était pas si terrible et Nyghann s'en sortait plutôt bien. Toujours dans le dos du chercheur, elle vient toquer doucement ses jointures contre le métal de son armure, discrètement. Non pas qu'elle cherche à attirer son attention mais surtout, à passer le temps. Trop de parole, trop de bienséance... À quand la pitance et le repos promis ?

Une garde des Ombres ? Oh, père, je n’en avais jamais rencontrée de toute ma vie ! Ne pourrait-elle rester ici quelques temps ? Et, mon oncle, je suis si heu-reu-se de vous revoir, j’espère que vous aurez de nouvelles histoires trépidantes à nous conter !

« Hein ? »

Nyghann s'étouffe presque face à la remarque de la jeune blondinette de l’aristocratie Orlésienne. À l'entendre, la garde des ombres était une race à part. Comment osait-elle ? Comme si être un elfe et un mage ne lui portait déjà pas assez préjudice comme cela... Nyghann ravale sa fierté, non sans un froncement de sourcils. Oh elle dirait bien sa façon de penser à cette gamine mais Marius ne lui pardonnerait probablement pas ce geste. Alors elle se tait, ronchonne dans son dos pendant que son héro à l'armure rutilante échange quelques banalités avec sa nièce. Piètre spectacle une fois encore... mais que faisait-elle ici ? Elle aurait mieux fait de rester dans son trou noirâtre dans les tréfonds, à tisser sa toile.

_ Je pense qu’il serait de bon ton de mener notre invitée vers ses quartiers…
_ Oh, père, il lui faudra de quoi apparaître au dîner, puis-je m’occuper de la Garde, s’il-vous-plait ?
_ Si celle-ci n’y voit pas d’inconvénient… Damoiselle Nyghann ?


Interpellée, la sauvageonne s'extirpe de derrière la carcasse de son chevalier préféré, glissant vers lui un regard en biais et surtout inquiet. Ses grands yeux en amande passent de Marius à Laurent en une fraction de seconde avant qu'un pâle sourire qui se veut poli ne vienne ourler ses lèvres charnues.

« Merci, mon seigneur... Hm... je crois qu'il serait préférable pour vous que je ne reste pas nue, en effet. »


Pour sa part, elle s'en fichait. Elle pouvait rester entièrement nue et manger avec les pieds qu'elle n'en éprouverait aucun remords, pas la moindre gêne. À nouveau son regard croise celui de Marius puis se pose sur Calienne, lui offrant un sourire pincé alors qu'elle resserre la cape autour de sa nudité. Alors que la nièce de Marius ouvre la marche pour la guider vers l'intérieur de la demeure, Nyghann s'arrête au milieu des marches, s'adressant au Duc une fois encore.

« Oh et... Merci de votre hospitalité Sire, j'ignore ce qu'il vous en coûte de m'accueillir chez vous mais... Merci. Soyez assuré que la garde de l'ombre entendra parler de votre générosité et de votre respect. »

Finalement, elle avait les mots. Les bons, qui plus est. Alors qu'elle se remet à monter les marches, la voilà qui s'arrête pour la seconde fois, pivotant encore pour sourire à l'aîné des Ghislain.

« Monsieur le Duc ? Très belle moustache. Une merveille !»

Souffle Nyghann sur le ton doux de la confidence avant de disparaître à l'intérieur de la demeure, laissant Marius avec son frère et sa belle-soeur pour suivre la cadette des Ghislain dans un dédale de couloirs tous plus généreusement décoré les uns que les autres.
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Lun 12 Juin - 0:49

Marius avait dû se faire force pour ne pas étrangler Nyghann qui ne pouvait s’empêcher de rajouter des commentaires en plus de ses sommaires explications. Bon sang, mais qu’avait-il fait au Créateur pour mériter pareille injustice ? Lorsqu’il avait terminé, le Seigneur-Chercheur avait légèrement tourné la tête vers elle pour la foudroyer du regard, à défaut de pouvoir lui faire avaler sa langue. Et par la suite, bien qu’il fut agaçant de supporter sa manière de toquer à son armure comme on frappait à une porte, sans oublier ses grognements ronchons pendant sa conversation avec sa famille, le Ghislain fut au moins soulagé de constater qu’elle se taisait enfin. Ou du moins, qu’elle n’avait plus d’ânerie à ajouter. Calienne avait eu suffisamment l’air choqué comme ça en l’entendant parler de manger des rats. Et choquer Calienne était rarement une bonne idée. Parce qu’elle avait tendance à réagir bizarrement, non pas en prenant un air dégouté, oh non, elle demandait davantage de détails croustillants en général. Cette fille était une pipelette qui désirait tout savoir et qui raffolait d’histoires qui sortaient de l’ordinaire. Et là, avec Nyghann, tout, absolument tout, sortait de l’ordinaire.

Le Seigneur-Chercheur songea que son amie allait probablement regretter d’avoir suivi Calienne mais au moins il fut soulagé de constater qu’elle était aussi capable d’user d’une élocution intelligente à l’égard d’un Duc. Pendant une demi-minute… c’était sans doutes un miracle, puisqu’elle bascula à nouveau dans ses extravagances. Oh non, pas la moustache… pas cette satanée moustache ! Cela faisait des mois qu’il s’échinait avec sa belle-sœur à tenter de le convaincre de la couper une bonne fois pour toute ! Marius estimait que cela lui donnait un air… ridicule. Vieux, aussi. Concernant Hélène, elle invoquait officiellement la même raison. Mais vu parfois son regard étincelant, il aurait plutôt parié qu’elle trouvait que ça chatouillait. Ou quelque chose du genre. Il ne put s’empêcher d’échanger un regard avec sa belle-sœur, d’ailleurs. Celle-ci arbora un regard quelque peu désespéré, comme si elle lui demandait silencieusement d’où il sortait cette originale. Laurent, quant à lui, bien qu’à prime abord surpris, esquissa un sourire et bomba le torse sans même s’en rendre compte. « Hum… Je vous remercie. »

La jeune femme disparut en compagnie de Calienne qui l’assommait déjà de ses nombreuses questions, qui pouvaient s’avérer à la fois intéressantes, pleines de curiosité, et souvent très frivoles. Marius lui adressa, au cas où elle se retournerait une dernière fois pour lui prêter attention, un petit regard à la fois taquin et finalement un peu fier, le tout mêlé d’une lueur qui lui souhaitait bonne chance. Et surtout, bon courage. De ça, elle en aurait besoin si elle souhaitait ressortir indemne de l’interrogatoire de sa nièce. Et sans doutes aussi de la longue séance d’essayage de robes toutes plus farfelues les unes que les autres qu’elle lui ferait subir. Tout en parvenant jusqu’à l’entrée de la demeure, Laurent finit par lui poser des questions qui devait le turlupiner depuis un certain temps : « Dis-moi… où as-tu pu bien trouver cette… fille ? Comment l’as-tu connue ? Est-elle toujours ainsi ? » « Mon cher Laurent, cesse donc d’importuner ton pauvre frère, tu vois bien qu’il était d’âme charitable aujourd’hui… », répliqua Hélène avec un petit rire. Le Seigneur-Chercheur esquissa un frêle sourire : « C’est une longue histoire. Mais, rapidement dit, c’est une elfe que j’ai sauvé des griffes d’une abomination il y a dix ans et qui peut parfois avoir une conversation tout à fait saine et intéressante, une fois lancée sur le bon sujet. » Laurent se contenta de hausser un sourcil et le laissa volontiers rejoindre ses quartiers en attendant que le dîner fut servi.

Tout en démontant une à une les pièces d’armure qui le recouvraient, il se rendit compte, à la voix stridente de Calienne, qu’on avait installé Nyghann juste dans la chambre d’à côté. Oh non, ce n’était pas le moment d’avoir la moindre arrière-pensée, songea-t-il en échangeant sa tenue de voyage pour une chemise et une veste de cuir propre et bien plus présentable. Il ne lui fallut guère de temps pour rejoindre son frère au rez-de-chaussée, avec qui il échangea quelques banalités ou des nouvelles concernant le restant de leur famille, prenant lentement place à la grande tablée qui les attendait sous les dorures. Bientôt, des pas et la voix infatigable de sa nièce les tirèrent de leur conversation et lorsque la porte s’ouvrit sur Calienne et Nyghann, Marius crut en rester sans voix. A vrai dire, il n’avait jamais vu la jeune femme dans une robe. Et encore moins coiffée. Voire propre. Le résultat était saisissant, au point où même Laurent et Hélène restèrent cois pendant une seconde, le regard agréablement surpris. Il haussa un sourcil en observant l’elfe, tandis que son ainé invitait Nyghann à prendre place à côté de Marius, pendant que Calienne lui ferait face. « Alors, ce bain ? », lui glissa-t-il en coin lorsqu’elle s’installait. Ironiquement, il pensait qu’elle n’avait jamais vu autant de sortes de savons ou de crèmes pour les soins du corps. Ni des baignoires aussi grandes. Dommage qu’il n’avait pu être là pour voir sa tête, d’ailleurs. Et pas que sa tête, en vérité.
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Lun 12 Juin - 21:46

Face au miroir, Nyghann esquisse une grimace de dégoût prononcée.
Ce qu'elle voit, elle ne le reconnaît pas. Elle n'a plus rien de l'elfe sauvage aux allures tribales qui chemine à travers les tréfonds... Ce qu'elle voit là, c'est une poupée orlésienne aux oreilles un peu trop longues et au regard trop azuré. Et son odeur ! Que dire de son odeur ?! Jamais elle n'avait sentit si bon, s'en était atroce pour ses sens trop développé force d'une vie de misère à travers la nature. Du parfum... Qui avait eu l'idée saugrenue d'inventer du parfum ? Nyghann priait déjà pour que cette soirée passe le plus vite possible, ainsi vêtu, dans cette immense demeure, elle perdait tout ses repaires. Sans un mot mais avec la mine boudeuse,  elle suit Calienne hors de la chambre, titubant difficilement du haut des souliers trop étroit qui entouraient qui enserrait ses pieds. Quelle misère...

L'arrivée dans la salle de repas se fit rapidement remarqué et surtout accueillir par un silence lourd de sens. Plus que jamais, la dalatienne se sentait ridicule loin de ses fripes et si richement vêtu. Elle ralentit l'allure, jouant nerveusement avec ses doigts alors que son regard passe du coup Ghislain à son ami Marius. Qu'avaient-ils donc à la fixer ainsi ? Sans doute la laideur de la vision qu'elle offrait, c'était forcément cela. Lentement Nyghann contourne l'immense table pour s'approcher de la chaise vide aux côtés de Marius et qui lui était dédier, elle lui jette un regard en biais, le souffle court.

Alors, ce bain ? 

« Un peu trop chaud. »

Siffle la jeune femme, le ton bas avant de voûter sa longiligne carcasse pour poser son séant sur la chaise. Elle remue d'inconfort, tâchant d'ajuster les noeuds de son corsage beaucoup trop serrer. Déjà qu'elle n'avait pas beaucoup de forme, mais voilà que Calienne écrasait le peu de féminité dont elle disposait, pour étreinte agaçante d'un corsage. Son regard se pose sur le Duc à qui elle offre un sourire poli et particulièrement gêné avant qu'elle ne glisse un nouveau regard vers Marius, sifflant entre ses dents.

« Je n'arrive pas à respirer avec ce corset... Bon sang, toutes les orlésiennes s'inflige cette souffrance ? »

Alors que l'elfe soutient le regard de son ami, elle y lit une expression différente de d'habitude. Quelque chose ne va pas et c'est sans doute le doute qu'elle voit dans son regard d'humain.

« Quoi ? Cesses donc de me fixer ainsi, je sais très bien que je suis ridicule, inutile d'en rajouter une couche en me fixant comme un une abomination. »


Sans la moindre once de grâce ou même de politesse, elle s'empare soudainement de son verre et le porte à ses lèvres, vidant cul-sec le vin qui lui avait été servit. Nyghann lâche un long soupir, reposant le verre sur la table dont le cul claque durement contre le bois. Une geste qui trahit une vieille habitude des ses aller et venu dans les tavernes, malgré tout, elle sourit au Duc et lâche.

« Monsieur le Duc, votre... fille... Euh... A été très... charmante. »
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Mer 14 Juin - 21:13

Un début de sourire amusé naquit au coin des lèvres de Marius cependant que malgré les fastes qui enveloppaient Nyghann de manière tout à fait surprenante, il la retrouvait en son caractère, pendant qu’elle se plaignait déjà. Un peu trop chaud par-ci, trop serré par là… Pour une fille née dans la boue, on aurait dit qu’avec elle, il y avait toujours un pet de travers. Jamais contente, surtout lorsqu’elle pouvait profiter de conforts dont elle n’aurait jamais rêvé, c’était tout de même un comble. Le Seigneur-Chercheur haussa un sourcil en sa direction, lorsqu’il souffla pour toute réponse : « A part les paysannes, oui. Et quand on assiste à des soirées, c’est à se demander s’il s’agit réellement d’une torture ou si les dames raffolent des souffrances qu’elles s’infligent. » Ou alors elles naissaient avec un buste taillé pour les corsets de plus en plus serrés, c’était à voir… A mesure qu’il observait son amie totalement transformée, en apparence tout du moins, les traits habituellement durs du cadet de Ghislain s’adoucirent et dans son regard glacé pétilla une lueur toujours surprise, certes, mais plus ambiguë, comme s’il ne parvenait pas à statuer si ce qu’il voyait là était véritablement plus que convenable.

La jeune femme surprit d’ailleurs son regard et prit tout de suite la mouche, à son grand désespoir. Les yeux de Marius s’agrandirent légèrement d’une perplexité feinte et d’une fausse allure outragée. « Ce n’est pas ainsi que je regarde les Abominations. Et tu es loin d’être ridicule, sauf quand tu t’adresses à mon frère. », répliqua-t-il tandis que ses lèvres se tordaient en une expression piquante de moquerie. La preuve par deux alors qu’à nouveau la jeune elfe tentait de faire bonne impression du mieux qu’elle pouvait. Ou du moins, c’était ainsi qu’il interprétait cette curieuse tendance à ne plus trouver les mots justes, mais sans doutes cela n’était-il dû qu’au fait qu’elle n’était douée à trouver les mots que pour des joutes sans importance, non pour des civilités de cet acabit. Il secoua vaguement la tête en constatant à nouveau ses formidables manières qui l’assimilaient à une gueuse des bas-cloîtres de Dénérim. Heureusement qu’il ne s’agissait pas d’un verre de vin en cristal… Pendant leur absence à l’étage, il était probable que Laurent ou Hélène aient décidé de protéger leur patrimoine de la moindre égratignure en se contentant de leur présenter de simples gobelets ouvragés.

Laurent afficha un sourire de circonstance avant de tourner son attention vers sa fille qu’il gratifia d’un signe de tête. Au vu de l’état de Nyghann, le Seigneur-Chercheur se demanda si elle n’en faisait pas un peu trop. Calienne était charmante, ça oui, d’un point de vue purement orlésien, vision dont n’était pas dotée la Garde des Ombres qui ne supportait déjà pas les principes les plus simples de la bienséance. « C’était un moment formidable, j’espère que vous comptez rester un peu, dame Nyghann, j’ai tant d’autres questions à vous poser. », ne put s’empêcher d’ajouter la jeune fille en minaudant, le sourire étincelant et en tout point irrésistible. A cet instant, les portes s’ouvrirent sur les plats portés par des serviteurs elfes. Ceux-ci servirent dans un silence cérémonieux et bientôt, les assiettes furent remplies, n’attendant que l’on pique dedans.

Un doux fumet s’en exhalait à souhait, et il y avait là plus que nécessaire pour rassasier les seuls êtres installés à table. L’instant de vérité. Les couverts s’étalaient en cascade autour des assiettes et Marius jeta une discrète œillade en direction de son amie. En principe, l’on commençait le repas lorsque le Duc s’emparait de sa fourchette et de son couteau, mais le Seigneur-Chercheur n’avait pas eu l’occasion de l’expliquer à la jeune elfe. Mais Laurent n’avait pas l’intention d’attendre le dégel, à peine tous ses invités servis qu’il se saisissait des ustensiles. D’un œil insistant, Marius posa ses doigts autour des couverts qu’il convenait de prendre. « A l’extérieur. », marmonna-t-il à l’attention de la Garde. Parce qu’il ne manquait plus qu’elle se jette sur la nourriture avec ses doigts tout propres.
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Jeu 15 Juin - 20:13

 Ce n’est pas ainsi que je regarde les Abominations. Et tu es loin d’être ridicule, sauf quand tu t’adresses à mon frère.

L'elfe croise le regard de son ami, soutient ses prunelles grisonnantes. C'est fou comme il avait changé en dix ans, là où elle prenait à peine de l'âge, Marius se voyait marqué par les aléas du temps. Pourtant, il restait le même, peut-être moins fougueux que par le passé, plus assagi aussi... Mais il était lui, juste lui.

« Je sais... Mais je n'ai pas l'habitude, tu le sais bien... mais j'aime bien ton frère, il est gentil avec moi malgré tout. Comme toi d'ailleurs, comme tu l'as toujours fait.»

Souffla discrètement Nyghann avec douceur dans la voix, la mélancolie dans le regard. C'est vrai que Laurent, malgré son rang et l'attitude qui l'accompagnait, c'était montré gentil et très respectueux. Sans doute était-ce là un trait de famille que les Ghislain partageaient, si seulement plus de hauts dignitaires leur ressemblait. Le silence retombe, Nyghann détourne le regard, portant une main à son estomac et palpe le corset qui lui serre l'abdomen. Vraiment, cette chose est désagréable et bien que la faim torture ses entrailles, la dalatienne doute de pouvoir savourer pleinement le repas qu'il lui avait été promis.

C’était un moment formidable, j’espère que vous comptez rester un peu, dame Nyghann, j’ai tant d’autres questions à vous poser.

La voix enjouée de Calienne résonne dans la pièce, faisant écho à celle de l'elfe quelques instants plus tôt. Nyghann se fige soudainement, dardant sur la jeune fille à la blonde chevelure un regard alarmé qu'il lui est difficile de cacher.

« Que... Euh... En fait je ne compte pas m'éterniser. » Elle se racle la gorge. « J'ai aussi des obligations mademoiselle Ghislain, tout comme votre oncle dans sa propre branche... Et je ne cherche pas à imposer ma présence à votre famille. Je vous invite à poser vos questions maintenant, ce serait plus simple je pense.»

Un sourire polit bien que forcé vient ourler les lèvres de Nyghann qui tente de respirer au mieux. Elle ne saurait dire ce qui lui coupe le plus le souffle, la jeune Calienne ou bien le corset. Dans le doute, l'elfe se contente de glisser un regard en biais vers Marius alors qu'une ribambelle d'elfes débarquent soudainement avec les mets du repas. Perplexe, la jeune femme scrute un à un les elfes qui déposent les plats et malgré elle, la dalatienne déglutit. Cela aurait pu être elle ici et si ces elfes n'étaient pas des esclaves, leur sort n'était pas peu enviable. Un elfe restait un elfe et ici parmi les Hommes, il n'était jamais bon d'avoir les oreilles pointues. À moins évidemment d'être de la garde des ombres, dans quel cas il était encore possible de redorer son blason, comme l'avait fait Nyghann. L'idée déplaisante est rapidement refoulée au profit du repas. Dans son assiette, la volaille fumante lui ouvre l'appétit plus encore et alors que la Métamorphe s'empare de la cuisse de poulet et la porte à ses lèvres, c'est la voix de Marius qui la stop dans son élan.

A l’extérieur.

Nyghann pivote doucement le visage vers son ami, bouche ouverte, dent à quelques millimètres de la chair douce du poulet qu'elle tient à pleine main. Il lui fait bien quelques secondes avant de réaliser de quoi il parle.

« Oh ! »

S'exclame la jeune femme avant de soudainement reposer sa cuisse de poulet dans son assiette. Oui, les couverts, évidemment... Un pâle sourit vient se dessiner sur ses lèvres et la belle lâche un rire nerveux, essuyant ses mains graisseuses sur son corsage. Pur réflexe mais qui risquait de ne pas plaire à Calienne en voyant ainsi la soie servant de torchon.

« Désolé ! »

Souffle-t-elle à Marius sans réaliser que s'essuyer les mains sur une robe hors de prix était pire encore que de manger avec les doigts. Elle s'empare de ses couverts, commençant à couper et fourrer dans sa bouffe autant de nourriture qu'il était possible de stocker. Elle mâche, avale et recommence. Nyghannn mange vite, salement et son comportement trahit la faim après deux jours à se nourrir de rat et de cadavre sous la forme d'une arachnée. Triste sort... Comme une mendiante, elle engloutit la nourriture, ignorant les regards dardés sur elle et la bouche pleine, les joues gonflées, elle bafouille.

« Hmm... Gnnh... Ch'est bon... »


Non sans mal, elle avale le contenu de sa bouche, raclant sa fourchette dans le fond de son assiette pour ramener à elle les légumes, la sauce et repousse l'os de poulet qu'elle aurait été capable de ronger s'il n'avait pas fallu un minimum de bienséance.

« Je dois admettre Seigneur le Duc, vous faites pas semblant avec la pitance, ici! »


Un rire gras passe ses lèvres poisseuses de sauce alors qu'elle affiche un sourire médiocre. Son faciès poupin pivote pour fixer à nouveau Marius et son sourire fond aussi vite qu'il est apparu en voyant le regard de son comparse alors qu'elle souffle à voix basse.

« Bah quoi ? C'est un compliment hein... »

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Jeu 15 Juin - 23:14

Marius haussa discrètement un sourcil à la remarque de son amie. Oui, en effet, jusqu’ici Laurent s’était montré très tolérant, très… compatissant, peut-être, sans doutes grâce au fait que Nyghann était la protégée du Seigneur-Chercheur. Ils se trouvaient dans le cadre privé et de ce fait, le Duc pouvait se permettre un comportement plus souple, plus permissif. Comme s’il pouvait révéler une véritable facette de sa personnalité, qu’il ne montrait jamais en public, au cœur du Grand Jeu, parce qu’après tout, quel mal politique pourrait bien lui faire la jeune Garde des Ombres ? A vrai dire, en général, avec les étrangers, Laurent se montrait plus distant, plus froid, plus calculateur aussi. C’était comme s’il évaluait à chaque instant l’intérêt qu’une personne pouvait lui apporter, à lui et à sa famille, à son prestige, à sa fortune. Mais là, Nyghann n’était qu’une fille simple, presque naïve pensait sans doute le Duc, et bien loin des machinations machiavéliques des nobles, et à part son appartenance à la Garde des Ombres, qu’aurait-il bien pu trouver quoi que ce soit d’intéressant à en tirer ?

Le Seigneur-Chercheur esquissa néanmoins un sourire quelque peu touché. « Gentil, moi ? » Personne ne lui avait jamais dit qu’il se montrait gentil, d’ailleurs ce n’était pas vraiment par ce trait qu’il se distinguait. Austère, un peu sec ou au contraire mielleux, ça oui, ça c’était le Marius que tout le monde croisait à Val Royaux ou ailleurs sur ses missions. Mais il était vrai qu’au final, avec la jeune elfe, le masque du Chercheur autoritaire avait tendance à tomber. Après tout, il lui avait un peu sauvé la vie, il y a longtemps. Il fallait croire que cela avait marqué sa petite protégée plus qu’il ne l’aurait pensé. Marius retint le sourire amusé qui lui pendait aux lèvres alors que son amie répondait avec une certaine inquiétude. Il se demanda si les montagnes de questions de Calienne avaient été si horribles que ça. Mais la politesse que l’elfe tentait de rendre se retourna probablement contre elle, au vu de l’air enjoué de sa nièce. « Avec grand plaisir ! », répondait celle-ci, le regard pétillant déjà de la curiosité qui se tramait dans son esprit.

Marius put en tout cas observer dans toute sa splendeur le sourire de Calienne qui fondit comme neige au soleil lorsque Nyghann, forgée par les rudesses de ce monde, se ruait presque sur son assiette en attrapant la première cuisse de poulet à sa portée. Ça, à tous les coups, il s’y était attendu. Mais pas le reste de sa famille. En revanche, il s’était plutôt imaginé Nyghann essuyant ses doigts sales sur la nappe, pas directement sur la robe que lui avait prêté Calienne… dont le visage prenait une expression absolument horrifiée et se décomposait au point où il n’en ressortait que ses grands yeux épouvantés et choqués. Le cadet de Ghislain tourna doucement la tête vers Nyghann, le visage réprobateur à souhait, le regard sévère mais d’où transparaissait légèrement une lueur rieuse, seule manifestation du rire qui lui chatouillait horriblement la gorge. Il n’aurait jamais dû trouver cela drôle. Il aurait dû s’offusquer, comme était en train de le faire sa nièce et probablement le couple ducal bien qu’ils n’en montraient rien, mais non, voir la petite elfe ainsi et réduire à néant l’effort de beauté vers lequel la maisonnée l’avait poussée, c’était absolument incroyable.

Il secoua vaguement la tête quand elle se reprit, puis recentra son attention vers le repas qui, pour lui aussi, s’était fait désirer. Calienne, quant à elle, prit un certain temps avant de retrouver ses esprits et l’usage de sa parole, parole qui se manifesta par : « Mon oncle ! Vous ne dites rien ? Ma… robe… préférée… » Elle était au bord des larmes. Marius serra les lèvres pour ne pas éclater de rire. A la place, le Chercheur se racla la gorge après avoir reposé délicatement son verre sur la table. « Elle est désolée, ma nièce, ne lui en tient pas rigueur… Et je suis certain qu’on saura effacer ces vilaines taches comme si cela ne s’était jamais passé. Tu avais des questions à lui poser, il me semble… » Le preux chevalier n’aurait sans doute jamais dû rappeler cela à la jeune noble. Son envie de rire se dissipa bien plus facilement qu’il ne l’aurait imaginé, à l’aide de sa nièce qui, décidément, avait le don de mettre mal à l’aise même le plus grand des innocents. « Nyghann… évite les compliments. S'il te plait. », lâcha-t-il en levant les yeux au ciel. Elle devait surtout éviter de parler et de faire le moindre geste, oui ! La ramener ici avait vraiment été l’idée la plus ridicule du monde.

« Et donc… après que mon oncle vous a sauvée de l’Abomination… vous êtes devenus… proches ? », demandait Calienne, son visage poupin calé dans la coupe que formait ses paumes. La fourchette de Marius resta suspendue dans l’air et son visage se figea. Quoi ? Mais… ou voulait-elle en venir, cette maudite curieuse ? La jeune fille croisa le regard du Seigneur-Chercheur et se sentit obligée d’ajouter en minaudant : « C’est juste que votre amitié est tellement singulière. Une elfe dalatienne qui se lie à un Chercheur de la Vérité, on ne peut trouver cela que dans un livre. » Marius haussa un sourcil peu convaincu par cette justification qui ne faisait que saupoudrer la véritable interrogation de la jeune fille, se demandant où elle voulait bien en venir. « Allons, Calienne… », reprit doucement le Duc, l’œil amusé par la situation. « Mais père, oncle Marius ne ramène jamais personne à la maison, encore moins une femme… ni une elfe. »
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