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Mer 11 Oct - 23:37


Vado Mori
Feat Divinis

Sous l’eau tout à un sens. Du filtre et des mesures, de l’attente infinie. Les cheveux flottant comme des algues, caressant leurs propres racines dans le mouvement qu’ils font, et la peau enrobée de froid dans son intégralité. Sous l’eau, la peur s’efface, et la douleur, et les coups. On flotte là, plus léger que la chair, intermédiaire entre l’étreinte pesante de la glaise et l’évanescence du ciel.

Tu voudrais ne plus refaire surface. Rester là, rester encore. A écouter le sang battre à tes oreilles, et le monde tourner, et tes larmes se perdre. Sous l’eau, tu n’entends plus les voix, sous l’eau, il y a ce désir. Celui de ne plus jamais accepter de respirer.

Inspiration. L’air écartèle tes bronches, combat le liquide qui noie tes poumons. L’atmosphère se sature  soudainement du son mâle des injures et de la pestilence abjecte des déjections et de morts. Déjà on te tire de force en arrière et tu chancelles, pantelante sur la terre battue. Tu évacues une glaire épaisse sur les grôles poisseuse du gardien le plus proche. Charogne, il te dit. Traîne-misère. Crève-la-faim. Il te tisonne de coups et de questions pour que tu lâches la triste vérité. Pourquoi que t’as voulu embrocher la bougresse ? Est-ce que t’es une catin de traîtresse en plus d’une ribaude ? Merdre à la fin ! Il éructe, il se boursouffle, il rougeoie.

Tu ne pipes mots. Lèvres scellées par le secret. La Révérende mère t’as fait promettre alors tu rétorques avec la seule arme encore à ta disposition : le silence.

Ce châtiment, tu le fais tien. Il te mérite. Le prochain coup frappe comme un marteau ta tempe où une ecchymose violacée tente de tirer son avantage vers le jaune. Ton crâne vient âprement heurter l’infâme torchis.  Damasquinée de boue, tu sédimentes avec quiétude. Les dés sont jetés. Tu peux partir. L’homme t’invite à te confesser au Créateur, fait appel au Cantique : « Nombreux, ceux qui se vautrent dans le pêché. Persuadés d'être damnés de corps et d'âme. Mais qui se repent, qui garde sa foi entière Malgré les ténèbres du monde. Qui traite les faibles sans veulerie, ni dédain Mais respecte la loi et les œuvres du Créateur, Celle- là connaitra sa pureté bénite. Parle maintenant ma fille. Soulage ta conscience. »

Tu décolles tes lèvres du limon abject pour grimacer un sourire vicié. L’invite à s’approcher : « C’est à cause des cornes. J’ai jamais pu blairer les cocus. » Le second coup te cueille à l’estomac et ainsi de jaillir en un trait fulgurant les reliefs de ton dernier repas sur les brodequins croûteux de ton bourreau. Puis aussi soudainement qu’il a commencé, le déluge de violence s’arrête. La porte claque. L’huis grince. Tu es seule à nouveau. Jusqu’à la fin.  
Agenouillée que tu es dans la fange imbibée d’ichior souillé de bile, tu n’entends pas la compagnie fuir. Ton corps bourdonne sous l’attentat et seule tes lippes s’agitent faiblement.

« Frères humains, qui après nous vivez, n'ayez les cœurs contre nous endurcis car, si pitié de nous pauvres avez, le Créateur en aura plus tôt de vous mercis. Vous nous voyez ci attachés, cinq, six : quant à la chair, que trop avons nourrie, elle est piéça dévorée et pourrie, et nous, les os, devenons cendre et poudre.  De notre mal personne ne s'en rie ; Mais priez Andrasté que tous nous veuille absoudre ! »

Vado Mori. Ainsi, tu te prépares à la mort. La tradition voudrait que la Camarde se taise mais lorsqu'elle brave l'interdit plus rien ne t’étonne.

« Dame marraine, vous êtes en avance. On ne me pend qu’à l’aube, vous savez. »


Le cul dans l'humidité, le visage ravagé, tu essaies de te composer une sereine stature. A défaut de faucheuse, tu fixes ton échec d'un oeil mauvais.

"Comme je vous le disais, on me pend à l'aube. Respectez mon repos."
©️ FRIMELDA

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Ven 13 Oct - 15:43

Dans les geôles du diableun cor de rédemption
***

La valse ignée des torchères sur les parois suintantes. Le miasme des mânes que l'on a sciemment ou non omis dans leur geôle. Les couinements perçants des hideux rongeurs qui se battent et s'évaporent entre deux murs. L'humidité environnante fait poindre les réminiscences des cryptes putrescentes que les paladins viciés de son acabit ont marotte à arpenter. Simulacre des Tréfonds, c'est à s'y sentir comme à la maison. Les râles caverneux d'un bélître attirent l'attention de la dame d'ébène qui patiente dans l'axe principal des lieux, l'olibrius a les ratiches qui rayent le sol, une patte molle tendue entre les rubigineux barreaux de sa cellule. Il a la tronche en biais, une carnation cacochyme et souffre d'une étisie évidente. Ses gamelles sont sèches d'eau et de pitance, même les engeances n'en voudraient pas comme en-cas. L'estocade serait un acte de grâce.
Un huis piaule à proximité, le geôlier en sort humecté de sudation, il renâcle et glaviote par terre. Si le quidam a la musculature saillante de la besogne accomplie, son rictus accuse l'échec. Il avance jusqu'à la noire succube qui l'accueille d'une lorgnade inquisitrice. « Elle a pas mollardé réponse la puterelle, l'Créateur seul sait pourquoi elle vous a bondi sur l'râble comme un mabari enragé. » Il se gratte la joue, se noircissant les ongles en y ramassant la crasse. « Y a son cabot en cage d'ailleurs, il a enfin arrêté de clabauder comme un beau diable. S'il s'y remet, j'le dépèce et j'lui offrirai sa fourrure encore juteuse, à la greluche. » Il l'a mauvaise qu'elle n'ait pas battu sa coulpe, tandis que la veilleuse des ténèbres n'en est nullement pantoise. « N'en faites rien. » Occire la bête en revient à morceler l'âme déjà en tribulation de la chiarde, et il la lui faut entière.

Elle se meut, il la talonne au moins le temps de s'arc-bouter à deux coudées de la porte qu'elle ouvre et dépasse. Sa foulée est naturellement feutrée, son galbe épouse la pénombre de laquelle elle s'essouche pourtant, pour apparaître au devant de la créature meurtrie. Misérable chose contusionnée et maculée de sa propre ichor, elle a la gueule fendue et les viscères retournées, la pauvresse, n'avivant cependant aucun brandon de miséricorde dans le regard antagoniste. Les iris au jade mystique sont à pied d'oeuvre, toisent la carne saccagée pour tenter d'agricher l'essence taraudée et d'en faire un opuscule ouvert, lisible à sa curiosité. Elle est belle, susurre une voix douceâtre à son esgourde, belle dans sa calamité, mais elle est laide, ricane t-on dans sa tête, laide comme toi. Divinis lance une oeillade torve sur son côté dextre, comme si elle maudissait un interlocuteur tangible penché sur son épaule. Laide comme elle ? Elle se désintéresse de la démone, impunément loquace lorsqu'elle n'a pas besoin de son opinion, lorsque la ribaude s'adresse à elle.

« Te pendre à l'aube ? » Les épaisses lippes écarlate s'évasent et échappent un rire goguenard. « Admettons que l'on t'accorde de baller au bout du chanvre, crois-tu seulement que l'on t'offrira cette ultime rédemption au point du jour ? Petite sotte. » Nul ne se montrera aussi obligeant envers une chiure des bas-fonds, plus encore si celle-là refuse de délier sa langue à la confession. Combien de temps la laissera t-on croupir dans ses propres déjections, à s'en repaître pour avoir une sapidité d'existence, dans l'ignorance de la clarté solaire et de la délivrance. S'il avait été question de l'observer péricliter, la garde des ombres aurait elle-même demandé à ce qu'elle demeure dans sa putride alvéole jusqu'à effleurer la vésanie, juste suffisamment, avant que de désespoir, elle ne quémande qu'on l'achève.

Cornes sur le crâne, esthétisme de diablesse, une main griffue repose sur le manche du bâton enchanté tandis que la seconde est invisible sous la longue cape. Bourrelle de circonstances, elle a bien pire qu'une exécution en pénitence. « Ma chère enfant. » Entonne t-elle sans percevoir toute l'ironie du terme employé. « Pourquoi ne pas être restée ratte bohème des ordures ? Regarde-toi. Quelle mouche t'a piquée pour ainsi t'en prendre à moi. » Une blessure invisible se rappelle à son flanc, celle que l'impudente lui a infligée dans son fol accès de vengeance et que la magie a su panser. La cime du sceptre se met à luire, une luminescence émeraude envahit la pièce et les enrobe toutes deux. Mora s'accroupit lentement pour se mettre à la hauteur de la jeune fille. « Et si tu partageais tes griefs, que je puisse comprendre ? »

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Sam 14 Oct - 20:12


Vado Mori
Feat Divinis

Ainsi l’aube serait navrante, la lune atroce et le soleil amer. Poissée de venin, entartrée de cloaque et d’indécence, tu glaviotes en conjuration. Crachat pour parer le Mal, le Sort, la Malédiction. Pour te placer en faux de la pestilence et de la chute, de la déraison et du meurtre. Il glapit encore, ce loup rouge qui creuse en toi d’insondables abysses. Il t’énerve, racle de l’aiguë d’une dent l’intolérable ascendance, avant de déterrer le cordon faisandé de ta funeste parentèle.

La Camarde, quant à elle,  se poste en garce. Sans parole, sans pardon. Elle détruit tous tes desseins, tous tes serments. Ainsi, elle viendrait quand elle le voudrait te laissant entre les rets inhumains de ta perfide génitrice.  Esquisse de sable et de sinople tranchant sur les limoneuses mortaises, la bourrelle te toise comme l’on ferait du vermisseau. De l’ourle voluptueux de ses lippes se contorsionne l’ombre grasse de la corruption. Cherche-t-elle à t’épouvanter ? Dans la triste désolation de ton boudoir, tout humain pourrait se replier enfant et voir apparaître des ogres là où ne sévissent que des putains. Parce qu’elle appartient à cette sorte dernière, n’est-ce pas ? Des cuisses ouvertes qui sont autant d’abreuvoirs à mouches pour les hussards de passage. Peut-on leur en vouloir ? Car, elle est belle, la sorcière. Tu oses enfin lever sur la mire, ton visage malmené.  Tu considères les ténèbres olivâtres sous l’arc incliné de ses sourcils, la courbe racée de son cou avant de t’entraver dans la ramure indicible de l’Etrangère. Voici donc la Thaumaturge des fonds de bidet et des culs-de-basse-fosse, grande prêtresse de la fange et des Os putrescents.

Pourquoi ? te demande-t-elle.  L’odeur ferreuse du massacre emplit tes narines. Alors petite, pourquoi quitter ton statut de pâle foutriquet des venelles et te laisser tenter par la voie du couteau ? Un ricanement sourd en guise de réponse, originaire du creux de ta gorge s’épanouit dans ta poitrine. « Le plus difficile vous savez, c’est pas de planter la lame. C’est de la retirer. Tous les muscles se contractent et l’agrippent. Comme des griffes, vous voyez. Les muscles savent que la vie est là. Autour de la lame. Et je ne pourrais plus jamais l’aiguiser…Alors. Perdez pas votre temps. Partez.»

Fermée comme un poing, tu t’engourdies de froidure et de contemplation. Elle ne t’a pas reconnu et comme le marmot barbotant que tu étais jadis, elle te laissera dans des linges merdeux puis partira sans un regard. Tu aimerais pouvoir dire : « maintenant qu’on est ensemble, tout va mieux. » Mais il ne reste rien. Tout est rapté, enterré, calciné. Il n’y a plus de mots, juste la noirceur glauque qui vous entoure et vous recouvre enfin. Sur la balance, le dégoût vient d’égorger la fascination. Toutefois, tu lui offres, par crainte d'oblivion, la sentence suivante.

« Vous voulez une explication. j'vous en livre une. Pardonnez si je cite mal, on apprend foutre guère les classiques par chez moi. "Le chien qui n’a plus que la peau sur les os n’en a pas moins la rage en plus. Vous me croyez en guerre alors que je suis en manque. Vous me surveillez mais vous ne voyez rien. Vous m’écoutez mais vous n’entendez rien. Ni l’Alpha de ma peine, ni l’Omega de ma haine."   l’énigme, Madame. La solution tient dans un nom : Séraphine.  En attendant, que le chanvre branle dans le vent ! Vous n'avez plus besoin de moi !»

Qu'elle s'étouffe avec ! Qu'elle s'y enlise la stryge !

©️ FRIMELDA

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Mar 17 Oct - 16:04

Dans les geôles du diableun cor de rédemption
***

Les orbes oculaires sont fuligineuses nonobstant le cobalt qui enclave les pupilles, l'aranéide sait reconnaître lorsque l'existence est une tribulation dans son ensemble. Point les trivialités des gentillâtres qui se complaisent dans l'oisiveté, il est question des vicissitudes de ceux dont les ténèbres se sont entichées. La romance est anathème, et plus l'on coudoie les ombres, plus on en devient tributaire, consciemment ou non. Accro à leur mouise, voilà ce que sont tous ces loqueteux, ces clébards de la fange féreldienne et du reste. Pour autant, certains d'entre ceux-là ont encore suffisamment de clairvoyance pour ne pas frapper d'estoc et de taille le premier olibrius venu – plus particulièrement lorsqu'il est l'un des hérauts galvaudés de la Garde. Non pas que leur altération leur octroie quelque immunité que ce soit, accoutumés à ce que Thédas et ses fantoches leur conchient dessus sans égard pour le fléau dont ils sont les cerbères obligés, mais l'on réprime généralement l'idée de les assaillir de front. Motif pour lequel cette némésis impromptue est inéluctablement d'ordre personnelle, pourquoi lui aurait-elle lardé le flanc, autrement ? La genèse de cette inimitié est tant nébuleuse qu'en dilacérer le voile lui est incoercible, qu'une vendetta toute particulière se veut nécessaire.

Le lingual se fait matois et goguenard, l'aplomb est un fiel qui semble corroder les veinures de la putain – mais combien de condamnés, persuadés de ne plus avoir rien à perdre, préfère mollarder leur bile plutôt que renoncer à leur orgueil ? Nullement coite, et pourtant, elle déprécie la psaume qui suggère sans dire le feu de la motivation. Espère t-elle une victoire même cadavérique en trépassant avec son secret dans le goitre ? Satisfaite que la véracité n'illuminerait ainsi jamais sa proie. La frustration se fait bâfrer par l'impatience, c'est une meute de ressentiments qui s'entrebouffent et ne burinent qu'une contorsion échauffée sur le museau d'albâtre. La paluche, sitôt, s'élance telles des serres pour conglutiner sa paume algide contre la tempe de la gueuse et la saisir. Une nitescence aveuglante se miroite sur les rétines la dite Séraphine, assaillie intra-muros, directement dans son encéphale. Car à ses tympans et dans son esprit résonne un éclat térébrant, comme celui d'un gong tonitruant et suraigu dont l'écho s'installe et dure, faisant ainsi frémir chaque parcelle de son corps. La vue lui réapparaît ensuite, bizarrement cotonneuse, et ne flamboient plus qu'avec intérêt les orbes céladon de la sorcière.

« Je ne suis pas ici pour jouer. » L'ouïe est trop incommodée par les pulsations du myocarde agressé pour être fonctionnelle, la voix sensuelle tinte en réalité dans la caboche même de l'apsara, à l'instar de l'hymne d'un démon venu la posséder. « Les cabots apprennent à demeurer à leur place, bien dressés, ils se contentent avec émotion des restes que l'on daigne leur jeter. Toute subversion a ses lisières, il est facile de passer un carcan à la gorge d'une bête aussi fétide soit-elle. » La main échoue sur ledit gosier, s'y appose uniquement, et ce sont les muscles qui se chargent de se contracturer sous la tyrannie de la magie. « J'affûterai cette lame pour toi, quitte à me la prendre dans le râble. Mais tu n'en feras rien, vilaine chose, tu te contenteras de licher ma gamelle quand je te l'octroierai, tu baiseras mon ombre avant de te faire saillir par les ténèbres. Que la noirceur te régurgite, puisque de l'une de ses souillons tu t'es amourachée. » Les lippes charnues se joignent fugacement à leurs jumelles meurtries, le baiser est sceau maudit du sort ainsi cacheté.

Elle la lâche, et tous les maux cessent. Chançarde qui s'ignore, car un iota de magie du sang, et elle aurait pu être livre de chair aux fantasmagories dévoyées de la sombre mage. Sybarite ricane, sémillante face aux jeux des mortels qu'elle juge captivants. Divinis se redresse, présente son échine et s'éloigne de trois coudées. La foulée noble et la rancoeur ostentatoire, son phonème s'élève pour sonner le glas de cette mascarade. « La corde ne te bercera pas, ainsi tranche mon augure. Tu viens avec moi. »

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Sam 21 Oct - 14:07


Vado Mori
Feat Divinis

La sphinge a parlé. Avance, petite, et puisque tes jambes te refusent leur aide, saute, sautille…Il est bon au jeune héros de se montrer ridicule. Abandonne-toi, n’essaie pas de te crisper, de résister, tu ne lui rends la tâche que plus délicate. Ô comme elle risque de te faire mal, la dame Araignée. Et comme tu combats fort, enfant ! Genoux écorchés et tremblants d’horreur, phalange labourée par la contrainte,  œil chassié de crainte, morve caracolant le long de ta bouche, de ton menton. Comme tu te tords bien.  

« Lachez-moi ! » piaules-tu entre les lèvres closes du sortilège. Mais il est inutile de fermer les yeux, de détourner la tête car ce n’est ni par le chant, ni par le regard qu’elle opère. Plus adroite qu’un aveugle, plus rapide que le filet du rétiaire, plus subtile que la foudre, plus grée, plus voilée, plus ancrée qu’un navire, plus fourbe que le cœur, plus désinvolte qu’une main qui triche, plus fatal que les astres, plus attentive, enfin, que le serpent qui humecte sa proie, elle dévide, elle salive, elle t’attire à elle, de telle sorte qu’il ne lui suffira de vouloirs ces nœuds pour les faire et d’y penser pour les tendre et les détendre ; si minces qu’ils t’échappent, si dur qu’une maladresse de sa part t’amputerait.

Te voilà bouclée comme la mer d’écume, et ton sang comme celui des statues, vêtue, de la pointe des pieds à la racine de tes cheveux, de tous les anneaux d’un seul reptile dont la moindre respiration coupe la tienne et te rend pareil au bras mort du rêveur assoupi. « Laissez-moi ! Grâce ! » Crachote ton âme suppliciée. Tu demandes merci et tu n’as pas à avoir honte car tu n’es pas la première. Elle en a entendu des plus superbes appeler leur mère, de plus insolents fondre en larmes, et des moins démonstratifs, s’évanouir en cours de procédure. Alors, il fallait imiter les embaumeurs entre les mains desquels les morts sont des ivrognes qui ne savent plus se tenir debout.

L’Aragne clôt ce sinistre baptême d'un baiser. A-t-elle posée, jadis, ses lippes perfides sur l’innocente pelure nouvellement vomie ? Nulle souvenance pour convoquer le contact. Hideux venin, amère sérosité qui brûle les meurtrissures, qui lèchent tes plaies. Vierge à griffes, chienne qui chante, ainsi seront tes attributs. Rongeras-tu ta longe pour qu’elle y reconnaisse ses crocs ? Prendras-tu la clé des champs et saillir ta liberté avortée  ou t’enfonceras-tu silencieusement  dans les ténèbres serviles ?

Tu écumes  de terreur, d’avilissement, de lâcheté tel le pissat qu’exsudent tes braies. Abdiques de ta destinée, accroupie que tu es dans ta propre souillure mais pas sans lutte ni dommage. Poing serrés à t’en faire sauter les ligaments, tu grognes :

« Me faire racler vos fonds de gamelles ne changera rien. Vous pourrez me trancher les bras, les jambes, la tête et les jeter en pâture à mon propre mabari, je vous laisserais dans ma nuit comme vous me plongez dans la vôtre. Emmenez-moi, maintenant car c’est votre volonté et que vous avez gagné. Et quand vous vous serez lassée de mon silence, vous y mettrez fin. Puis, à votre tour, vous vous tairez. Ceci est ma promesse. »


©️ FRIMELDA

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Jeu 26 Oct - 13:26

Dans les geôles du diableun cor de rédemption
***

Le couperet choit sur la gueule mignarde de la putain, qui rampe, se courbe à la sentence péremptoire de sa bourrelle. Point de nécessité d'enchantement, quand bien même un soupçon de magie du sang aurait été les liens directionnels de cet esprit chétif, alors fantoche sous ses serres. Sybarite se gausse sous cape mais n'en pense pas moins, la proie est cacochyme, trop insignifiante pour lui être gouleyante. Elle n'est pour l'heure qu'un délassement opportun dans leur pèlerinage, un spécimen truculent à contempler de loin, quoi qu'à surveiller de près. Pour peu qu'elle ne prenne pas la poudre d'escampette ni ne trace une brèche sanguinolente sur ce joliet gosier avant que la Souillure ne la tringle pour cette vie, elle serait une camarade, plus encore qu'une condamnée aliénée à la cheville de la Succube. Une sœur. Et d'entre toutes, les différends de famille sont ceux qui s'achèvent de la moins bonne façon. D'ici là, toutefois, peut-être le susurre de la confession aurait trouvé la voie de son esgourde. Peut-être les choses deviendraient autres. Pour l'heure, Divinis se satisfait de l'âcreté olfactive du pissat et du sang, même plus, de ce miasme de perdition et d'abandon. La commissure écarlate se tord en un éclat carnassier, une première victoire sapide dans cette guerre tranquille qui se profile. A elle de gerber son augure comme l'on maudit le limier qui nous a attrapé, car cet avenir sirupeux de putréfaction ne peut lui seoir. Ainsi a clamé la Dame pour racheter le préjudice, ainsi en sera t-il. « Ton mutisme est une symphonie à laquelle je m'accoutumerai, il ne sera jamais pire que la clameur de l'Engeance. Si tu penses que ta contrition est le dessein de ce châtiment, grand bien te fasse, tu n'as fait qu'enfanter une opportunité. Celle d'être cette livre de chair que la Garde glaviote face au péril, c'est là un honneur plus grandissime que tu ne le comprendras peut-être jamais. » Aux enfers les origines de son inimitié, qu'elles demeurent une cabale scellée à jamais. Elle se contentera de la voir conchier dans ses braies à l'approche des créatures dont leur Ordre fait la purge, croupir dans la corruption à mille lieues de cette Dénérim trop quiète, dans les ténèbres tangibles des Anderfels. « Une livre de chair... » la voix suave de la démone fait écho dans l'encéphale de Mora, qui s'éloigne. « Estime-toi heureuse que j'octroie à ton sale clébard de nous accompagner, mais que tu le saches : à la moindre menace, je le damnerai jusqu'à ce que ses viscères lui sortent des naseaux. Nous viendrons vous glaner à l'aurore, que cette sorgue te soit paisible, elle sera la dernière. »

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