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Jeu 12 Oct - 14:49

Kobain
&
Séraphine
Les forêts le soir font du bruit en mangeant.
Juste après m’être apprêtée, avant de m’aventurer, je m’apprête à préparer mon beau sac d’aventurier… Quels objets dois-je emmener ? Ai-je assez pour m’équiper ? Au moment de tout lister, j’ai bien envie de pleurer…
Caaaaaar…


Tu n’as absolument aucune foutue idée de comment organiser un paquetage. Pour ta défense, il faut relever le fait que Dénérim n’offre guère de lieux de bivouac. Ainsi, une fois les méfaits accomplis, les diables rentrent dans leur boîte et chacun en reste à son quant à soi. Ici, l’arc d’un pont, là les égouts. D'ailleurs, si on omettait les cancrelats, punaises de lit et poux de corps, la vie citadine s’en sortait à bon compte. Nul besoin de s’embarrasser de cette tâche ingrate ou de composer avec les horreurs nocturnes. D’où le refrain fleuri qui franchit tes lippes lorsque tu étales tes maigres possessions sur ta paillasse.

J’ai une épée molle, des bottes qui rigolent, un bouclier rose et bleu, une armure qui craint le feu. J’ai un casque en tôle, une ceinture qui colle, un caillou défectueux, une arbalète pour les vieux.
Et la suite n’est pas mieux…


Et encore, si tu avais le quart de la moitié des objets cités, tu t’en tirerais à bon compte. Pour sûr. Le passage par les geôles de Fort Drakan a fini de réduire tes possessions à rien. Ta tunique, d’un vert douteux, est souillée çà et là de bile et de sang, tandis que la manche gauche pend misérablement au bout de ton bras. Tu as bien essayé de rafistoler le massacre avec la paille moisie qui te sert de couchage mais le résultat est somme toute navrant. Tant pis, pour l'honneur. Après tout, tu n’es rien de plus qu’un prisonnier de droit commun, du gibier de potence et il faudra que ton garde chiourme s’en contente. Oui,  c’est bien de cette espèce de falot psychorigide avec un balai coincé dans le fondement dont tu parles. Il aurait tout de même pu se fendre d’un bonjour avant d’épingler au-dessus de ta tête un message qui reprenait les mots suivants : « Gnagnagna. Paquetage de trois jours….gnagnagna canassons scellés gnagnagna huit heures devant les portes gnagnagna pas de retard permis. Kobain, Agent de la Garde. »

C’est donc avec l’entrain d’un condamné à mort que tu te charges des tâches suivantes : huiler les lames, vérifier les cuirs, rapter deux sacs de couchage,  apprendre à panser et harnacher les montures du démon que les frères et sœurs de l’Ordre nourrissaient, sans doute possible, avec le sang des conscrits. Une morsure et un vilain hématome plus tard, tu finis par dévaliser les cuisines sous l’œil approbateur de La Grôle. Nonobstant ton ardeur toute relative, tu arrives à l’heure dite. De l’histoire de la confrérie, on n'a jamais vu recrue si misérable sous son fatras de victuailles, de sacs et de lames qu'un improbable chapelet de saucisses vient couronner de ridicule.

Pourtant, tu te tiens droite et fière même lorsque l’horrible bourrique que l’on t’a attribuée vient sciemment t’écraser le pied.

« Recrue au rapport selon vos ordres. »

Grinces-tu en te forçant à fixer un point lointain.


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Lun 16 Oct - 3:59


feu de camp



Triste victime du recrutement majeur, on dévie tes fonctions, t’en donne plus à faire et surtout plus à gérer. On te crois polyvalent, et tu l’es mais à contre-coeur. Tu aimerais bien qu’on te fiche la paix, qu’on te laisse faire ta petite affaire, mais en tant que garde sénior, tes conseils et tes méthodes sont recherchées, appréciées par tes paires, et c’est pour cette raison que l’on s’adresse à toi dès qu’il y a récalcitrance. Tu es reconnu pour ta dureté, tu es vindicatif, sérieux, et tu ne pardonnes pas les erreurs. Cependant, jamais une recrue ne s’est perdu sous ton apprentissage. Tu étais peut-être l’un des seuls à pouvoir te vanter de n’avoir jamais perdu d’apprentis dans la mort et la souffrance. Ça y était passé de près, parfois, mais jamais l’ultime n’avait été commis, malgré les nombreux accidents. Ils pouvaient parfois y perdre un membre, mais certainement pas la vie. Pas avec toi.

En cette merveilleuse journée, à la dernière minute, alors que tu t’apprêtais à sortir de Fort Bastel pour l’une de tes habituelles partie de chasse, on t’avait rattraper, empêcher de faire le moindre pas de plus vers ta petite liberté personnelle, et sommé d’intervenir dans l’éducation d’une nouvelle recrue. Une nouvelle que tu avais connu dès son arrivée, malheureusement pour toi. Il semblait qu’on te l’avait attribué, parce que personne d’autre ne souhaitait s’occuper de la jeune revêche. Évidemment, on pensait à toi dès lors qu’une recrue se montrait un peu récalcitrante, un peu hésitante.

Kobain le rude, qui d’autre pouvait prétendre accomplir une telle tâche. Excédé, tu envois une missive à la gamine en question, donne des informations claires, et n’y pense plus jusqu’au lendemain matin. C’était une mission de base. Pas d’engeances comprises dans le voyage. Une petite tâche facile que dont tu aurais pu t’occuper seul en une demi-journée. Mais les recrues devaient être mise à l’épreuve, testées, et tu te demandais bien comme on pouvait échouer une mission aussi facile.

Tu n’as laissé aucun indice quant à la mission en question. C’était une simple requête de villageois, un appel au secours que vous n’auriez même pas traité en temps normal, vu les nouvelles venues des autres campements. Un enclin se préparait, alors les larmoiements des villageois, surtout lorsqu’il ne s’agissait pas d’engeances, était bien le dernier de tes soucis.

Au petit matin, très peu chargé - car tu lui avais laissé le soin de tout préparé- tu attends aux portes, ton arc et tes flèches prêtes à l’usage. Tu ne portes pas d’uniforme de la garde des ombres, mais ta cuirasse en porte quand même le blason, afin que l’on reconnaisse ton camps.


Impatient, tu la vois enfin poindre au bout du chemin, chargée comme dix, et peinant à te rejoindre. Si on doutait de ta capacité à sourire, tu venais de défier tout doute à ce sujet. Tes lippes se fendent afin de dévoiler tes dents, mais tu tentes quand même de le cacher lorsqu’elle se plante devant toi, canassons désobéissants à ses côtés.

‘’Tu peux te détendre, à force de te tenir aussi droite tu vas finir par te casser quelque chose.’’ Tu t’avances vers elle, regarde le chargement, puis la délestes d’une bonne partie des victuailles. ‘’Pas besoin de ça. Ni de ça. Et…’’ Tu fronces les sourcils, apostrophe une sentinelle qui passe par là et le charge des paquets en trop. ‘’Ramène ça en cuisine, on part trois jours, pas trois mois.’’ Cachant toujours ton amusement par un ton sérieux, tu regardes ensuite la pauvre recrue de haut en bas. ‘’Séraphine, c’est ça?’’ Son prénom t’échappes, elles ont toutes la même tête ou presque. ‘’Tu vas crever de froid avec ce que tu as sur le dos.’’ Tu te penches vers ton propre sac que tu as fait précédemment, seul bagage dont elle n’aura pas eu à s’occuper, et lui tend un haut, sans doute trop grand pour elle, mais suffisant pour lui éviter de se promener à moitié nue. ‘’Enfile ça.’’ Puis tu prends la bride de l’une des montures, sans préférences aucune, car comme les recrues, les chevaux ont tous la même tête pour toi. Sans attendre qu’elle ait fini de se changer, tu pars sur la route, elle n’aura qu’à te rattraper.






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Dim 22 Oct - 18:33

Kobain
&
Séraphine
Les forêts le soir font du bruit en mangeant.
De mauvaise grâce, tu enfiles la tunique, sans piper mot. Trois jours, trois mois, trois minutes, qu’est-ce que tu pouvais en savoir, toi ? C’est donc avec une mauvaise humeur certaine que tu regardes ta substantielle manne réduire comme peau de chagrin. A peine as-tu eu le temps d’arracher le chapelet de saucisses des griffes du garde intendant et de le jeter dans la gueule béante de La Grôle. L’arrière train frétillant, le mabari éructe, bouffi de contentement, toute dignité oubliée derrière l’humidité des claquements gourmands de sa mâchoire.

C’est alors que tu te rends compte que  le bougre s’est déjà fait la malle. Sa bourrique lève déjà une queue méprisante dans l’atmosphère poudreuse et matinale. Tu t’empresses donc d’harnacher les vivres restants et d’éviter les redoutables dents de ta monture. Glaviot pourri, résidus de fausse couche, craches-tu, alors que la créature du démon te toise d’un œil fiévreux. Toute docilité évanouie, il ronfle en frappant du bout de l’antérieur le sol gelé. Tu approches ta main, tentant de l’amadouer avec des roucoulements dignes d’une orlésienne en rut quand il joue des incisives, tout en oreille aplatie. Dix souverains que cette tête de bronto avait contracté la rage ou quelques maladies du genre et que tu allais finir à bouffer des pissenlits par la racine bien avant ta présupposée fatale rencontre avec le couvain.

« Il vaut mieux être dessus que dessous… » Ce mantra, tu le répètes ad nauseam. La main gauche qui tient les rênes et qui se fixe sur le pommeau, l’autre qui se cloue au troussequin. Le pied dans l’étrier et … la fange. La boue glaciale imprègne déjà tes fripes. L’animal se paie allègrement ta tête et caracole joyeusement de l’arrière-train. Pauvre loque, tu geins l’hématome  et l’écorchure.

Le naseau fourbe, l’encolure sémillante, La Purge (puisque c’est le sobriquet que tu lui donnes), te toise de sa folle prunelle. Tes phalanges écharnée se crispent sur le cuir crissant alors que tu arrives enfin à te hisser sur la rétive monture qui part immédiatement au galop, bien décidée à rattraper son congénère et à se débarrasser de son inconfortable fardeau.

Ainsi, tu passes, lancée comme une chattemite sur un nain égaré, devant ton mentor, accrochée que tu es à la crinière. L’arrêt brutal de la jument te fait rejoindre la platitude minérale du plancher des vaches où tu manques de t’empaler sur ta propre lame. Tu craches quelques morceaux de navets pourris alors que tu roules sur le dos, la respiration coupée.

« Par la Sainte Culotte d’Andrasté, cette créature est démoniaque. Dois-je réellement me briser tous les os du corps pour que vous preniez en pitié ? »

Tu ne te relèves pas et reste obstinément figée dans l’auge à cochon qui a servi d’amorti. D’autant que le canasson maudit t’inspecte du bout des vibrisses.

« Vous l’avez fait exprès ! » Tu éructes en pointant un doigt accusateur sur Kobain. « Vous avez demandé à ce palefrenier de mes deux de me refourguer la pire bourrin de toute l’écurie ! Je n’ai jamais demandé à me faire botter le cul par un bidet !  Gaussez-vous ! Vos engeances, vous irez les rosser sans moi. Je ne ferais pas un pas de plus. »



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Lun 13 Nov - 20:13


feu de camp



Tu l’abandonnes déjà à son triste sort, sa première bataille semblant déjà venir à bout d’elle et pourtant, tu oses quand même te retourner, ayant visiblement l’animal le plus docile du duo. Tu entends au loin les sons de lutte, puis ton regard se pose sur la masse informe que représente l’animal et la recrue, l’une se fondant magnifiquement bien dans la boue, tandis que l’autre semble ricaner du son de ses sabots. Première leçon ; vaut mieux ne pas énerver les bêtes, car elles sont de précieux alliés en temps de guerre. Il fallait être rapide, montrer rapidement qui était le maître, mais même son mabari semblait des plus indiscipliné. L’animal semblait te regarder au loin d’un oeil torve comme si la saucisse ne lui avait pas suffis.

Avec surprise, tu la vois s’acharner, grimper, s’accrocher comme si sa vie en dépendait (et c’était presque le cas vu la difficulté opposante de sa monture), pour finir par te rejoindre, toi et ton cheval ayant entrepris les quelques herbes rosées en bordure du chemin. Tu penses enfin pour entamer la première partie du voyage qui vous prendrait sans doute la moitié de la journée, mais c’était sans compter le manque d’agilité de la pauvre recrue. Tu n’as pas le temps de te retourner envers le chemin que tu vois sa frêle figure voler près de toi, aussi rapide qu’une flèche, mais aussi lourde qu’un sac de patate. Tu hésites entre crever de rire et rester sérieux, et c’est ta deuxième émotion qui prend le dessus sur la situation. Tu ne voulais rien aggraver, ni la décourager de partir en ta compagnie, car si c’était chiant d’entraîner une recrue, ce l’était d’autant plus de devoir courir après, et d’émettre un avis de désertion.

Le cheval agit innocemment en ta présence, comme s'il n’avait rien fait, et tu hausses une épaule, contrarié de devoir te priver de cette bête en plus. Tandis que ta monture continue de dévorer des herbes, tu sautes de son dos, atterrit dans la boue, et déleste l’autre de ses bagages. Au pire, ça prendra une heure ou deux de plus, mais pas question d’endurer ses sautes d’humeur pendant trois jours. «Pour cette fois ça ira.» Mais la voilà qu’elle t’accuse de tous ses maux. L’exaspération gagne tes traits, les déformes en un visage très peu sympathique. Tu n’entends pas à rire de ses malheurs, malgré ses accusations.

Ton regard sombre regarde la silhouette allongée dans la boue tandis que tu charges le dernier paquet, puis tu lui tends une main, décidé à mettre les points sur les «i».

«Écoutes-moi bien. Ça me fait autant chier que toi d’être ici, coincé avec ta petite personne incapable de monter un simple cheval. Mais je dois le faire, et ça fait partie de ta formation. Alors sache que si j’ai le choix entre faciliter ce voyage ou te mettre des bâtons dans les roues pour le prolonger, je vais choisir la première option, histoire de ne pas passer un jour de plus à endurer tes jérémiades. Bon sang, on est encore au Fort, et tu ne fais que te plaindre.» Ton regard se dirige vers la porte à quelques mètres de vous. Vous n’êtes même pas parties encore à vrai dire, et le voyage s’annonce déjà catastrophique.

Ta main lâche la sienne tandis qu’elle semble être capable de se tenir sur ses deux jambes sans ton aide, puis tu indique ta monture du menton, afin qu’elle tente d’y monter sans se casser la gueule cette fois. Une chance pour elle, l’animal semble beaucoup trop occupé à bouffer pour lui donner la moindre attention.







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Sam 18 Nov - 17:20

Kobain
&
Séraphine
Les forêts le soir font du bruit en mangeant.
Damasquinée de boue, tu le toises d’une prunelle peu amène. Croit-il que tu te sois toi-même passé les fers ? Que tu as servilement plié l’échine devant les hérauts de la Garde ? Tu es forgée du même acier que ces lames barbares et vulgaires qui n’ont que leur résilience pour s’offrir au monde. Laide et sans intérêt  aux prunelles du néophyte mais pourtant résistante et fiable si tant est que l’on sait les manier.

Tu aurais aimé cracher sur la main tendue mais pour ronger la longe qui te contraint, il te faut être debout pour te fendre d'une méprisante révérence. «  Que Votre Altesse s’autorise à m’excuser. Je ne suis pas née avec une cuiller d’argent dans le cul. » Les mots de l'elfe étaient injustes et pédants. Ton animosité à son égard est, de fait, monté d’un cran. Ta vie n’a été qu’une longue route vers la catastrophe. Alors quoi ? Te reprocher de n’avoir pas pris des cours d’équitation ?  S’il ne te dégoûtait pas tant, tu te serais ébaubie d’hilarité. « A votre avis, j’aurai dû m’y consacrer entre le moment où j’ai échappé à la prostitution et celui où j’ai vu les trois quart de mes frères de misères succomber à la peste ? Est-ce que votre bel uniforme et votre esprit de corps a réduit votre compréhension du monde extérieur à néant ?  » En conséquence de quoi, tu craches à ses pieds comme une insulte, une conjuration.

« Je ne cherche pas la compassion. J’effectuerai la peine à laquelle mon incompétence m’a assignée. Toutefois, comme vous ne reprocheriez pas à un Bronto de ne savoir escalader un arbre, ne vous attendez pas à ce qu’une pauvre ribaude de Dénérim se soit essayée au cheval autrement que dans son assiette. Vous devez être un bien piètre formateur pour avoir oublié certaines vérités simples. Soyez juste et vous serez obéi car je ne suis la pas la plus fautive de nous deux.»

Ne demeure qu’un maigre filet de voix presque inaudible. « Et si vous avez des plaintes à émettre, tournez-vous vers la Garde Divinis. Elle est seule responsable de ma présence ici. Elle saura bien me trouver quelques châtiments à votre goût. » Ô la diablesse en est la garante. Tu lui dois autant ton aliénation, que ton goût prématuré pour le sang et le crime.

Sur ces derniers mots, tu l’ignores et vient te poster auprès La Purge. Si elle est de caractère difficile, tu l’es également. Et vous n’êtes pas des filles à vous laisser impressionner. Tes mains s’enfouissent dans la riche crinière de l’animal alors que tu murmures quelques paroles inintelligibles contre son encolure.

En réponse, la bougresse ronfle, toutes oreilles en arrière mais cette fois, tu tiens les rênes d’une main ferme. Tes gestes sont souples. Et si tu partais maintenant, droit devant toi ? Tu sens la puissance nerveuse qui réchauffe des cuisses. Il suffirait juste d’une pression des mollets, de placer quelques aides simples et tu t’enfuirais le plus loin possible de la bouche amère de Kobain et de la servilité.

Contre toute attente, tu décides à demeurer. Pour ne pas te faire crever comme un chien sur le gibet du déserteur. Pour conserver ta dignité. Oui, tu aurais pu abandonner ton intégrité pour presque rien mais c’est tout ce que tu possèdes. Et dans ce petit espace, tu reste libre.




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Mer 29 Nov - 17:14


feu de camp



Au nom de ta ville natale, tu frissonnes, ton corps entier rejetant l’idée d’évoquer le moindre souvenir de cet endroit. Ta vie n’a pas été des plus malheureuse, non, c’est plutôt la façon dont vous la viviez que tu trouvais exécrable. Ensemancé dans la misère, la vie ne te donnait aucune chance d’en être autrement. Maladie, douleur physique, manque de moyen, tout était une excuse pour le manque d’ambition de tous et chacun. Ils se voyaient comme victimes de la vie, et tu avais toujours refusé de faire partie de cette vision.

Presque soulagé, tu la vois persévérer, s’approcher de la bête récalcitrante, et la soudaine communion entre les deux pourrait t'inquiéter si tu n’étais pas persuadé qu’elle te suivrait coute que coute. Les reproches qu’elle t’as adressé te trotte dans la tête, mais y répondre ne ferait que mettre de l’huile sur le feu. Au départ, même si tu étais contre l’idée de partir en mission avec elle, tu dois admettre que cette étape est nécessaire, même si tu doute de l’expérience que cela lui apportera au bout du compte. Un peu -beaucoup- grincheux, tu te rends compte que tu as peut-être été un peu trop raide avec elle pour commencer. Mais ça tu ne l’admettra jamais, enfin pas devant elle. Tu sais ce que tu vaux en tant que garde, en tant qu’enseignant aussi, et ce n’est pas une petite furie qui te convaincra du contraire.

Mais une trêve, ou au moins une bonne intention est de mise. Tu n’as pas nécessairement envie de te confier sur ton passé, surtout qu’elle en aura probablement autant à foutre que si elle te racontait son histoire, mais voilà. Les trois jours pouvaient passés soit très rapidement, soit très lentement. Et pour être sûr de ne pas péter un câble, tu préférais la première option.

Tu talonnes ta monture lorsque la jeune femme semble enfin en contrôle de ses moyens, puis vient te placer à ses côtés pour entretenir une conversation. Enfin, aussi courte devra-t-elle être, car tu n’es pas le plus grand bavard de la garde. « Ouvre grand tes oreilles, parce que je ne le dirai pas deux fois. Tu as raison. Je suis injuste. Mais je le serai toujours. Mon travail est de m'assurer que tu survives le plus longtemps possible parmi nous, parmi tout le monde.» Tu poses un regard sombre sur elle, tu n’es pas du genre discours, encouragement ou quoique ce soit, mais pour le moment, c’était peut-être nécessaire. «Je ne suis pas là pour te plaindre. Ton passé ne m’appartient pas, tout comme le mien ne t’appartiens pas. Aujourd’hui c’est le début de ta nouvelle vie. Même si tu n’en désirais pas, tu ne peux pas faire autrement. À moins de crever bêtement, t’es coincée avec nous, alors autant prendre ce qu’on te donne, aussi chiant cela soit-il pour toi, que de te retrouver au fond d’une cellule à ne rien pouvoir faire de tes dix doigts.» Ton ton est certes, beaucoup moins froid, et agressif, mais tu espères que les mots passent quand même sans l’agresser.

Pour toi, la conversation est terminée, elle ne doit pas avoir de suite, ou du moins, tu ne t’attends pas à une réponse de sa part. Tu la regarde une dernière fois avant de prendre les devants au galop. Le premier point de campement était à quelques heures, et vu le temps perdu, vous alliez sans doute devoir voyager de soir pendant une heure ou deux, si il y avait encore un contretemps.




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